Le climat Intégrer à notre stratégie - SEPTEMBRE 2018 - Total
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INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 03 SOMMAIRE Éditorial de Patrick Pouyanné, Président-directeur général de Total 05 Un Conseil d’administration engagé et vigilant 10 _____________ MOBILISER LES ÉNERGIES Limiter les émissions de CO2 pour proposer un mix énergétique responsable 12 Pour une tarification du carbone efficace et juste 14 Interview de Erik Solheim, directeur exécutif, ONU Environnement 16 Détecter et soutenir les technologies qui vont changer la donne 17 3 questions à Pratima Rangarajan, CEO, OGCI Climate Investments19 3 questions à Jason Bordoff, professeur d’affaires publiques et internationales 20 _____________ TOTAL EN ACTIONS Un indicateur d’intensité carbone pour réduire les émissions associées à nos produits énergétiques 22 Émissions évitées : des actions complémentaires 24 - 30 % d’émissions de GES depuis 2010 26 Le gaz, énergie clé du futur mix énergétique 27 Privilégier le gaz dans la génération électrique 29 Mieux connaître les émissions de méthane pour agir efficacement 30 Accompagner la transition énergétique du transport maritime 32 L’électricité au cœur de notre stratégie bas carbone 33 Acquisitions : un développement durable dans les métiers bas carbone 34 La montée en puissance des énergies renouvelables 35 Fournir les biocarburants les plus performants 37 Northern Lights : un jalon important dans le développement du CCUS 38 Un portefeuille résilient 41 Efficacité énergétique 42 Demain, une énergie propre pour tous 43 _____________ FOCUS SUR LA MOBILITÉ Mobilité : un mix de solutions signé Total 45 ______________ NOS CHIFFRES49
04 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE Total en bref 98 277 8 millions de clients chaque jour collaborateurs dans le monde UN LEADER MONDIAL DE L’ÉNERGIE 4 e compagnie pétrolière et gazière Raffinage-Chimie : l’un des plus grands internationale industriels intégrés 2,6 Mbep/jour d’hydrocarbures produits au monde en 2017, dont environ 48 % de gaz Volumes Leader européen de GNL gérés : de la distribution 15,6 Mt de carburants. 2,4 Mt de biocarburants incorporés dans les essences et gazoles en 2017 Aval gaz : une présence croissante dans l’aval de la chaîne gazière y compris l’électricité et jusqu’au client final. UNE CROISSANCE RESPONSABLE - 30 % 912 M USD d’investissements d’émissions directes de gaz à effet de serre en R&D en 2017
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 05 PATRICK POUYANNÉ Président-directeur général de Total ÉDITORIAL Le siècle de l’électricité L’accès à l’énergie façonne l’évolution du monde. « C’est sur l’ensemble C’est une source de progrès qui conditionne le développement économique, social et l’amélioration du niveau de vie. de la chaîne, de la production Le charbon et le pétrole ont porté les transformations des xlxe et xxe siècles. Aujourd’hui, alors que les enjeux d’énergie primaire environnementaux sont cruciaux, l’électricité, énergie secondaire, à la consommation d’énergie monte en puissance pour répondre aux besoins d’une population mondiale toujours plus nombreuse ; entre 2000 finale, que nous souhaitons et 2016, la consommation électrique a crû de plus de 3 % intervenir pour lutter contre par an, contre moins de 2 % par an pour l’ensemble de la consommation d’énergie 1, et selon le scénario Développement le changement climatique. » durable de l’AIE, l’écart pourrait encore s’accentuer jusqu’en 1. 2010-2016 (AIE) : 3,1 %/an pour la consommation d’électricité vs 1,9 %/an pour la consommation globale d’énergie
06 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE 2040 avec une électricité qui continuerait à croître Pour y parvenir, nous nous appuierons sur cinq grands fortement alors que la consommation globale d’énergie leviers que vous retrouverez décrits en détail dans se stabiliserait 1. Mais cette consommation électrique ce rapport : l’amélioration de l’efficacité de nos opérations, ne peut être dissociée de ses modes de production, un développement intégré sur la chaîne du gaz, et c’est donc sur l’ensemble de la chaîne, de la production une présence renforcée dans l’électricité bas carbone, d’énergie primaire à la consommation d’énergie finale, la décarbonation des énergies fossiles et enfin le stockage que nous souhaitons intervenir pour lutter contre du carbone. le réchauffement climatique. Les décisions associées à cette stratégie doivent Dans ce contexte, Total réaffirme son ambition – devenir être expliquées avec transparence et rigueur. la major de l’énergie responsable – et s’engage à contribuer C’est dans cet esprit que Total a soutenu dès juillet 2017, à la réussite des Objectifs de développement durable dans le cadre du Financial Stability Board du G20, définis par l’ONU, plus particulièrement sur les thèmes les recommandations de la TCFD (Task Force on du changement climatique, de l’accès à l’énergie et de Climate-related Financial Disclosures). Plus récemment, la biodiversité. À ce titre, j’ai eu l’honneur d’être désigné, Total a participé activement à l’Oil & Gas Preparer Forum pour 2017, SDG Pioneer 2 par le Global Compact, au titre qui, en liaison avec le WBCSD (World Business Council des résolutions prises par le Groupe pour développer for Sustainable Development), a publié un rapport des partenariats et investir dans les énergies bas carbone. en juillet 2018 qui donne des exemples concrets de réponses aux recommandations de la TCFD. Comme vous le lirez dans ce rapport, la prise en compte des enjeux climatiques s’intègre pleinement dans notre Cette approche ouverte et transparente s’accompagne stratégie. Nous nous positionnons sur des marchés aussi d’un véritable esprit de partenariat. Total est actif bas carbone en forte croissance, ce qui nous conduit dans plusieurs projets communs avec d’autres majors à proposer à nos clients un mix d’énergies dont l’intensité de l’énergie comme l’OGCI (Oil and Gas Climate Initiative) ; carbone diminuera régulièrement. le Groupe dialogue avec les différents acteurs publics et soutient des start-up via Total Energy Ventures. Pour accompagner cette évolution, nous avons mis Seule une dynamique collective peut en effet répondre en place un indicateur de l’intensité carbone des produits à l’ampleur des enjeux climatiques. énergétiques que nous mettons à disposition de nos clients. Cet indicateur mesure les émissions moyennes de GES de ces produits, de leur production dans nos installations à leur utilisation finale par nos clients. « Le Groupe se fixe comme ambition Le Groupe se fixe comme ambition de réduire cette intensité carbone de 15 % entre 2015, date de l’accord de Paris, de réduire l’intensité carbone et 2030. des produits énergétiques À plus long terme, au-delà de 2030, notre ambition est mis à disposition de ses clients de poursuivre ces efforts, voire de les accélérer en fonction des évolutions technologiques et des politiques publiques de 15 % entre 2015, date de l’accord incitatives, ce qui permettrait d’atteindre une baisse de l’ordre de 25 à 35 % en 2040. de Paris, et 2030. » Cette trajectoire représente une contribution responsable de Total sur la voie des objectifs fixés par l’accord de Paris, Convaincus que les hydrocarbures auront un rôle primordial tout en lui permettant de remplir sa mission consistant à jouer dans les décennies à venir, comme le montre à fournir au plus grand nombre une énergie abordable, l’ensemble des scénarios de l’AIE 3, nous maintenons dans disponible et propre. nos métiers traditionnels une politique d’investissement sélectif, facteur clé d’une performance durable. Le rachat de Maersk Oil en 2017, la plus importante opération dans l’histoire du Groupe depuis le rapprochement avec Elf, 1. 2016-2040 (AIE SDS) : 1,8 %/an pour la consommation d’électricité vs 0,3 %/an pour la consommation globale d’énergie s’inscrit dans cette stratégie. Cette acquisition apporte 2. SDG : Sustainable Development Goal (Objectifs de développement durable) à Total un portefeuille d’actifs d’exploration-production 3. Dans le scénario SDS de l’AIE en particulier, les hydrocarbures représentent 48 % de la demande d’énergie en 2040 vs 54 % en 2016. Cette part à faibles coûts techniques qui permettra au Groupe des hydrocarbures en 2040 est plus importante dans les autres scénarios. d’améliorer encore la compétitivité et la valeur de ses
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 07 Le méthanier Christophe de Margerie sur le site du projet Yamal LNG. opérations. Elle consolide en particulier notre présence LA FORCE DU MODÈLE INTÉGRÉ en mer du Nord, région clé pour le Groupe, et fait de nous POUR PRIVILÉGIER LE GAZ le deuxième opérateur dans cette zone. Enfin, les actifs pétroliers acquis présentent un profil de production Pour répondre de manière responsable à la forte progression à plus court terme que nos projets gaziers, en particulier des besoins en électricité, nous poursuivons notre GNL, ou d’électricité bas carbone (éolien, solaire…). engagement dans le secteur du gaz, deux fois moins émissif en CO2 dans la génération électrique que le charbon. L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE, UN LEVIER Le marché du GNL en particulier a connu une croissance ESSENTIEL POUR RÉDUIRE LES ÉMISSIONS de 10 % en 2017 et offre des perspectives de progression de plus de 5 % par an, notamment en Asie. Nous assurer que nous optimisons la consommation d’énergie de nos installations constitue le premier Nous souhaitons être présents tout au long de la chaîne des leviers pour réduire nos émissions. L’efficacité gazière, de la production au client final. Nous avons pour énergétique de nos installations s’affirme ainsi comme cela réalisé d’importantes opérations : dans l’amont tout l’un des axes fondateurs de notre action et le Groupe d’abord, avec notre participation au projet GNL géant s’est fixé comme objectif de l’améliorer de 1 % par an de Yamal, au nord de la Russie, ainsi que l’acquisition en moyenne sur la période 2010-2020, dans un contexte des actifs GNL d’Engie. Complémentaires, les deux d’exploitation toujours plus complexe ; avec une baisse portefeuilles nous permettront de gérer un volume de GNL de plus de 10 %, l’objectif est atteint et même dépassé de près de 40 MT dès 2020 et de devenir ainsi le deuxième sur la période 2010-2017. Il va de soi que cet effort acteur mondial du secteur, avec 10 % du marché. sera poursuivi au-delà de 2020 sur le même rythme. Dans l’aval, le Groupe a effectué des acquisitions Au-delà de nos installations, nous offrons aussi à nos stratégiques comme celle de Direct Energie, fournisseur clients un service de conseil d’efficacité énergétique de gaz et d’électricité sur les marchés français et belge, afin qu’ils puissent optimiser leur propre consommation ainsi que la prise de participation de 25 % dans d’énergie et réduire leurs émissions de GES. L’acquisition Clean Energy, premier distributeur de gaz carburant récente de GreenFlex s’inscrit dans cette dynamique. pour poids lourds aux États-Unis. Cette dernière montre
08 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE notre détermination à contribuer au développement le capital d’Eren Renewable Energy, devenu Total Eren, des nouveaux usages du gaz, de la même manière le Groupe consolide cette stratégie sur les énergies que le contrat que nous avons signé avec CMA CGM, renouvelables (notamment vis-à-vis des pays émergents) premier armateur à équiper ses porte-conteneurs et prend également position sur le marché de l’éolien. transcontinentaux de moteurs fonctionnant au GNL. L’acquisition de Direct Energie 1 permet d’atteindre Le gaz carburant dans les transports, c’est un avenir une taille critique en France et en Belgique, principalement dans lequel Total croit et investit, et nous contribuerons dans la distribution d’électricité, mais aussi dans la ainsi à une mobilité plus propre. génération d’électricité à partir de gaz et de renouvelables. Ce sera également l’occasion de créer des synergies UNE PRÉSENCE RENFORCÉE avec plusieurs de nos offres existantes comme Lampiris DANS L’ÉLECTRICITÉ BAS CARBONE (n° 3 de la vente de gaz naturel, d’électricité et de services énergétiques en Belgique) ou encore Total Spring Nous développons aussi nos positions sur l’ensemble qui propose du gaz naturel et de l’électricité verte. de la chaîne de valeur de l’électricité bas carbone, depuis L’électricité, au côté du gaz, joue un rôle croissant la génération d’électricité jusqu’à la vente au client final, dans les nouvelles mobilités, avec le développement en passant par le stockage. des véhicules légers mais aussi pour les flottes Notre acquisition en cours de deux centrales à cycle de véhicules des collectivités ou les transports collectifs. combiné au gaz naturel en France, d’une capacité Outre son investissement dans le développement d’environ 825 MW, en est une illustration pour l’amont de batteries à travers Saft, Total développe ainsi plusieurs de la chaîne, ici à partir de gaz, flexible et complémentaire offres de solutions de recharge électriques à destination par rapport aux énergies renouvelables. des collectivités, des professionnels et des particuliers Nous confirmons d’autre part notre position de producteur ainsi que dans les stations-service. d’énergie solaire, grâce aux technologies de pointe Enfin, avec sa filiale Saft, Total complète son offre développées par SunPower, sans oublier notre filiale avec le stockage d’énergie, complément indispensable Total Solar avec ses projets de centrales solaires au sol au développement des énergies renouvelables. et de solarisation de sites industriels. Avec l’entrée dans 1. Total a finalisé l’acquisition de 73 % du capital le 6 juillet 2018 et une offre publique obligatoire est en cours sur le reste du capital.
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 09 LA DÉCARBONATION jusqu’à 10 % de son budget R&D. Plusieurs projets ont DES ÉNERGIES FOSSILES représenté des avancées significatives ces derniers mois, notamment Northern Lights en Norvège, auquel le Groupe Total participe à l’avenir de la filière des bioénergies participe aux côtés d’Equinor et de Shell. Ce projet et au développement de toutes les voies de valorisation développera des solutions techniques qui pourront de la biomasse. Ressource renouvelable et faiblement se transposer ensuite à d’autres sites, ainsi que émettrice en CO2, les bioénergies sont essentielles des modèles financiers et contractuels, notamment pour baisser les émissions dues à l’utilisation via la participation des gouvernements, indispensables des hydrocarbures, en particulier dans les transports. pour garantir la pérennité de ce type de projet. Pionniers dans les biocarburants depuis plus de 20 ans, Dans le cadre de Total Foundation, nous avons initié Total en est aujourd’hui le leader européen avec 2,4 Mt un programme mondial d’envergure comprenant tout incorporées dans les essences et gazoles en 2017. d’abord des projets de préservation et de restauration Avec le démarrage en 2018 de La Mède, première de forêts, de mangroves et de zones humides, qui stockent bioraffinerie de taille mondiale en France, le Groupe naturellement du carbone ; mais aussi des initiatives confirme son ambition en prenant une part de marché de restauration des sols dégradés, ce qui répond significative de plus de 10 % en Europe dans à un enjeu de disponibilité de terres productives pour la production d’huile végétale hydrotraitée (HVO). l’agriculture afin de faire face aux besoins alimentaires, Les bioénergies disponibles aujourd’hui sont principalement sans accroître la pression sur le couvert forestier, et pour produites à partir d’huiles végétales et de sucres. faire reculer la déforestation. Enfin, Total Foundation Depuis plus de 10 ans, nos équipes de R&D préparent soutient des actions de sensibilisation et de formation l’avenir en développant les technologies permettant d’élargir de jeunes à la préservation de ces écosystèmes face la palette des ressources utilisables, tout en relevant le défi aux enjeux climatiques. de la durabilité et de la compétitivité. Le consortium Au-delà de nos propres initiatives, un élément clé BioTfuel travaille par exemple, à la valorisation de succès demeure la mise en place d’un mécanisme de la lignocellulose (déchets végétaux). de tarification du carbone afin que le prix des énergies Enfin, Total se positionne sur le biogaz, avec par exemple reflète clairement leur contenu en CO2 et permette son incorporation dans le GNV pour camion via notre ainsi un rééquilibrage en faveur des sources les moins filiale Clean Energy aux États-Unis, et sur l’hydrogène, émissives. avec notamment le déploiement de stations en Allemagne Donner un prix au CO2 est le signal économique dans le cadre de la joint-venture H2 Mobility Germany. le plus efficace pour faire bouger les lignes rapidement et accentuer le basculement vers une génération LE STOCKAGE DU CARBONE – FORÊTS ET CCUS d’électricité bas carbone. La séquestration du carbone est enfin un élément À l’instar de l’expression « mix énergétique », Total élabore indispensable pour que la société puisse atteindre un mix de solutions. En améliorant l’efficacité énergétique la neutralité carbone dans la seconde partie de ce siècle ; de nos installations, en développant notre présence notre ambition est de la mettre en œuvre sous deux formes : sur les chaînes intégrées du gaz et de l’électricité bas d’une part le développement du CCUS 1 et, d’autre part, carbone – de la production à la distribution au client la préservation et la restauration de la capacité final – et en développant enfin le stockage du carbone, des écosystèmes (forêts en particulier) dans leur rôle nous construisons une réponse globale, diversifiée de puits de carbone. et porteuse de croissance. Le Groupe mobilise d’importantes ressources pour développer le CCUS. Cette technologie est primordiale pour de nombreuses industries, comme la production de ciment ou d’acier, qui entraînent des émissions massives de CO2. Dans son scénario Développement durable, l’AIE prévoit un volume de plus de 2 milliards de tonnes de CO2 captées et stockées en 2040. Total mobilise d’importantes ressources dans ce domaine en y consacrant 1. Captage, stockage et valorisation du CO2
10 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE Un Conseil d’administration engagé et vigilant du PDG en fonction notamment d’objectifs ambitieux en matière de sécurité (HSE) et de responsabilité sociale (CSR) ; ainsi, en 2018, près de 20 % du bonus du mandataire social sera basé sur la performance en matière HSE et CSR. En 2017, l’objectif HSE a été pleinement atteint compte tenu notamment du niveau du TRIR (nombre d’accidents déclarés par million d’heures travaillées) et de celui de l’indicateur Tier 1 + 2 relatif aux pertes de confinement sur les installations pétrolières. L’objectif CSR a également été jugé pleinement atteint, eu égard à la réalisation PATRICIA BARBIZET de plusieurs investissements permettant d’améliorer Administrateur référent de Total l’empreinte environnementale du Groupe et de mettre un mix de produits moins carbonés à la disposition Total a pour ambition d’être la major de l’énergie de ses clients. Cette performance CSR a enfin été responsable ; le Groupe intègre pour cela les enjeux appréciée au regard de la réputation de Total en matière climatiques au cœur de sa stratégie, en prenant en compte de responsabilité sociale, illustrée en particulier les perspectives du scénario Développement durable de par le bon positionnement du Groupe dans les indices l’AIE. Le Conseil d’administration, dont j’ai l’honneur d’être et notations extra-financières. l’administrateur référent, accompagne cette vision depuis Cette exigence, dans la vision stratégique comme plusieurs années et veille à ce que Total soit également dans l’action concrète, est primordiale pour le Conseil leader en matière de transparence sur ces questions d’administration de Total. climatiques. Le Conseil contribue ainsi – depuis sa création en 2016 – à chaque édition du « Rapport Climat », véritable feuille de route sur l’action concrète du Groupe dans ce domaine. En outre, le Conseil approuve chaque année LE POIDS DU CLIMAT ENCORE RENFORCÉ son rapport de gestion, incorporant des informations DANS LA RÉMUNÉRATION DU PDG environnementales et sociales, et l’édition 2017 de ce En 2015, les critères liés à la performance rapport intègre en particulier la façon dont Total compte HSE/CSR et intégrés au calcul de la part variable répondre aux recommandations de la Task Force on du président-directeur général du Groupe pouvaient Climate-related Financial Disclosures. représenter jusqu’à 16 % de sa rémunération fixe. Au titre des exercices 2016 et 2017, le Conseil En 2017, le Conseil a examiné plusieurs opérations d’administration a souhaité renforcer l’importance majeures qui illustrent l’intégration des enjeux climatiques de ces critères HSE/CSR en portant leur poids dans la stratégie de Total. Ce fut notamment le cas à 30 % maximum de sa rémunération fixe, dont du projet d’acquisition d’une participation dans la société 20 % liés à l’évolution de la performance sécurité EREN RE, qui renforce le développement de Total dans et 10 % à celle de la performance CSR. Pour l’exercice la production d’électricité d’origine renouvelable, solaire 2018, l’importance donnée à ces critères continue à augmenter, la performance CSR passant de 10 à 15 %, et éolienne. Un autre temps fort a été la présentation celle-ci étant évaluée à travers la prise en compte du de l’acquisition des activités GNL d’Engie qui marque, climat dans la stratégie du Groupe, la réputation du pour le Groupe, un cap important dans la maîtrise Groupe dans le domaine de la responsabilité sociétale de la chaîne de valeur du gaz. des entreprises, ainsi que la politique de diversité Afin de garantir une performance durable sur ces enjeux, dans toutes ses dimensions. le Conseil d’administration détermine la rémunération
Mobiliser les énergies L’énergie est au cœur des défis à relever pour s’orienter vers un monde limitant le réchauffement climatique en deçà de 2 °C. Quels sont les leviers à activer et les conditions favorables pour réussir ? Total est l’un des acteurs de cette évolution et s’implique activement auprès de l’industrie et de la communauté internationale pour contribuer à mobiliser les énergies.
12 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE DÉCRYPTAGE Limiter les émissions de CO2 pour proposer un mix énergétique responsable Pour limiter l’augmentation de la température en deçà de 2 °C en 2100, la consommation d’énergie, qui représente près de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (le reste étant dû notamment à l’agriculture et l’industrie) constitue une variable clé de l’équation climatique. LIMITER LES ÉMISSIONS DE CO2 Émissions mondiales de GES Le scénario Développement durable liées à l’activité humaine en 2010 de l’AIE propose une approche intégrée pour atteindre plusieurs objectifs liés à l’énergie, comme l’atténuation de l’impact sur le climat, une meilleure 14 % 14 % qualité de l’air et l’accès universel à des services énergétiques modernes. La réduction rapide des émissions de CO2, conformément à l’Accord de Paris, 11 % constitue un facteur crucial. 49 Les émissions mondiales de gaz à effet Gt CO2e 23 % de serre s’élevaient à 49 Gt CO2e en 2010. 7% (2010) D’après le cinquième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Pétrole en prolongeant la tendance actuelle, le monde émettrait environ 75 Gt CO2e Gaz 31 % en 2035, tandis que les scénarios compatibles avec 2 °C supposent des émissions n’excédant pas 35 Gt CO2e Énergie Industrie en 2035. (base gaz) Énergie Agriculture (base pétrole) Autres Énergie (base charbon) Source : adapté du rapport CO2 Emissions from fuel combustion 2016 de l’AIE
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 13 Dans son scénario Développement durable, l’AIE envisage des actions que l’on peut répartir autour des leviers suivants pour infléchir la trajectoire de CO2 liée à l’énergie : Gt CO2 36 Scénario « Nouvelles politiques »* 32 44 % : Efficacité énergétique 28 36 % : Énergies renouvelables 20 % : Adaptation du mix 24 énergétique actuel Scénario « Développement durable » (ou « SDS ») 20 *L e scénario Nouvelles Politiques (New Policies) prend en compte les politiques déjà mises en œuvre ou officiellement annoncées. 16 2010 2020 2030 2040 (Source : AIE WEO 2017) UN MIX ÉNERGÉTIQUE À LA HAUTEUR DES ENJEUX Les premiers enjeux sont d’explorer toutes les possibilités Demande d’énergie primaire mondiale d’efficacité énergétique et de baisser la part du charbon. Mbep/j Dans le scénario Développement durable de l’AIE, la part 2016 2035 de charbon devrait décroître de 27 % à 15 % entre 2016 300 et 2035, pendant que le pétrole et le gaz contribueraient, 275 278 2% quant à eux, à hauteur de 51 % au mix 2 °C « cible », 5% 11 % 250 5% à comparer à 54 % aujourd’hui. Digitalisation de l’économie, 3% 9% 5% révolution de la mobilité, production décentralisée… 4% 1% de nombreux produits et services « s’électrifient ». 200 27 % 9% Conséquence : la croissance de la demande d’électricité 15 % s’accélère et dépasse celle de la demande d’autres 150 énergies finales. Dans ce contexte particulier, toutes les énergies fossiles ne se valent pas : à contenu 100 32 % 26 % énergétique équivalent, le gaz émet environ deux fois moins de CO2 que le charbon dans la génération électrique. 50 La part du gaz devrait donc continuer à progresser 25 % 22 % et garderait une part de l’ordre de 25 %, quel que soit le scénario. La part du pétrole commencerait à baisser 0 2016e SDS progressivement (26 % en 2035 contre 32 % aujourd’hui), car il serait à cet horizon essentiellement réservé Solaire, éolien Nucléaire à la mobilité et à la pétrochimie. En parallèle, la part des renouvelables augmenterait fortement sur la même Biomasse moderne Charbon période, de 10 à 24 % (hors biomasse traditionnelle). Biomasse traditionnelle Pétrole Hydro Gaz (Source : AIE WEO 2017)
14 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE Pour une tarification du carbone efficace et juste En envoyant un signal économique, la tarification du carbone crée les bonnes incitations pour la nécessaire évolution du mix énergétique. Total partage cette conviction dans ses échanges avec les pouvoirs publics, les industriels et les associations. Donner une valeur ou un prix aux émissions de carbone Depuis 2015, Total s’engage ainsi dans diverses permet de combattre à sa source le changement climatique. initiatives internationales – telles que la Carbon Pricing Une tarification située entre 25 et 40 USD/t CO2 Leadership Coalition de la Banque mondiale à laquelle favoriserait, par exemple, le basculement de la génération Total contribue depuis 2016 – qui renforcent la portée électrique vers le gaz, moitié moins émetteur de CO2 de ses messages. que le charbon, et orienterait l’investissement Plus récemment encore, Total a rejoint, comme membre vers la recherche de technologies bas carbone. fondateur, le Climate Leadership Council et son projet Total incorpore déjà un prix du CO2 dans les évaluations de dividende carbone. économiques de ses propres investissements pour s’assurer de la viabilité de ses projets et de sa stratégie long terme au regard des enjeux du changement climatique. Ces évaluations prennent un prix entre 30 et 40 $/t (selon les scénarios de prix du brut), REDISTRIBUER UN « DIVIDENDE CARBONE » ou le prix du CO2 en vigueur dans les pays où celui-ci est supérieur à ces 30-40 $/t. L’idée lancée aux États-Unis par le Climate Leadership Council en 2017 est d’instaurer une taxe carbone Total plaide pour la mise en place rapide de mécanismes croissante sur les carburants fossiles qui commencerait de tarification adaptés au contexte (zone géographique, à 40 $/t et augmenterait ensuite régulièrement. secteur économique…) pouvant progressivement être Elle serait appliquée à l’entrée de ces énergies dans interconnectés entre eux, la priorité restant actuellement l’économie américaine (raffinerie, ports) et les produits de faire progresser l’idée même d’une tarification, de cette taxe seraient intégralement redistribués aux quelle qu’en soit la forme. À titre d’exemple, Total est citoyens américains de manière égalitaire sous forme favorable à l’application immédiate d’un prix plancher de dividendes. Ce montant suivrait l’augmentation de l’ordre de 20 €/tonne de CO2, qui viendrait renforcer du taux de la taxe, incitant ainsi entreprises et particuliers à avoir recours à des énergies moins le marché européen des émissions, et notamment carbonées. Le système a enfin une dimension accélérer la bascule de la génération électrique du charbon redistributive en taxant les plus gros consommateurs vers le gaz. d’énergies fossiles (les franges les plus aisées de la population) pour redistribuer un dividende à l’ensemble de la population.
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 15 La tarification du carbone en chiffres DES COMPAGNIES PÉTROLIÈRES 67 ET GAZIÈRES APPELLENT À DONNER UN PRIX AU CARBONE Le nombre de pays (42) et collectivités territoriales (25) qui donnent un prix au carbone. En mai 2015, six compagnies pétrolières et gazières mondiales (BG, BP, Eni, 52 Md USD Equinor, Shell et Total) ont adressé un courrier commun à la Convention-cadre La valeur des émissions couvertes par ces systèmes des Nations unies sur les changements (Emission Trading Scheme, ETS, et taxes confondus), en hausse de 7 % entre 2016 et 2017. climatiques (CCNUCC) et à la présidence de la COP21, appelant à l’instauration de mécanismes de tarification du carbone. Près de 1 400 L’objectif : réduire les incertitudes et promouvoir les mécanismes les plus Le nombre d’entreprises qui disent pratiquer en interne une tarification du carbone. Source : http://www.banquemondiale.org/fr/results/2017/12/01/carbon-pricing efficaces économiquement pour réduire les émissions de carbone, partout à travers le monde. Principaux jalons : 2008 2015 2016 2016 2017 Total applique Paying for Carbon : Total contribue Total réévalue Total rejoint, un prix de 25 €/t CO2 Total et cinq autres leaders au déploiement son prix interne comme membre dans ses décisions de l’industrie pétrolière de la Carbon Pricing du carbone entre fondateur, d’investissement. et gazière appellent Leadership Coalition 30 et 40 USD/t CO2 le Climate Leadership la communauté internationale de la Banque mondiale. selon le prix Council aux USA. à mettre en œuvre du pétrole. des mécanismes de tarification du carbone.
16 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE Ces deux dernières années, À l’ONU Environnement, d’importants efforts ont été déployés nous estimons qu’il faudrait réduire pour réduire les émissions de sensiblement les émissions en méthane tout au long de la chaîne limitant le recours aux énergies de valeur du gaz, en particulier fossiles, en instaurant des mesures grâce à l’Oil and Gas Climate pour optimiser les ressources Initiative (OGCI) et aux Principes directeurs relatifs au méthane et la production et en adoptant (Methane Guiding Principles). de bonnes pratiques durant cette Quelle devrait être, selon vous, transition. Aujourd’hui, les énergies la priorité numéro 1 ? renouvelables peuvent concurrencer Nous devons bien sûr continuer les carburants fossiles. Accélérer à lutter contre les émissions de la transition vers une énergie propre méthane en nous attaquant aux neuf doit donc être la priorité. sources principales1 d’émissions Y a-t-il aujourd’hui un leadership INTERVIEW identifiées par l’Oil & Gas Methane suffisant pour lutter contre Partnership (OGMP), et en veillant le changement climatique ? à ce que les bonnes pratiques ERIK SOLHEIM, Malheureusement non et c’est plus Directeur exécutif, soient appliquées dans l’ensemble qu’évident. On peut le constater ONU Environnement des installations concernées au travers de l’écart des émissions : à travers le monde. Erik Solheim a été ministre même si tous les engagements pris de l’Environnement et du Développement L’une des difficultés majeures sur dans le cadre de l’Accord de Paris international en Norvège. laquelle nous devons nous pencher sont respectés – y compris ceux en même temps est le manque des États-Unis (avant la décision de données fiables. La Coalition de retrait du président Trump) – pour le climat et l’air pur, l’ONU nous nous dirigeons vers un Environnement et l’ONG américaine réchauffement climatique compris « Aujourd’hui, Environmental Defense Fund travaillent entre + 2,9 et + 3,4 °C pour ce avec les 10 entreprises membres xxl e siècle. C’est bien trop élevé par les énergies de l’OGCI afin de trouver une solution. rapport à l’objectif minimum visé, renouvelables Parallèlement à nos efforts de qui consiste à le limiter à + 1,5 °C. réduction des émissions connues, Parallèlement, la Chine et l’Inde peuvent nous devons impérativement ont pris un virage remarquable continuer à progresser en matière concurrencer de mesure et de reporting. en passant rapidement aux énergies renouvelables et, bien entendu, les carburants Le captage, stockage et valorisation l’Europe continue de montrer fossiles. » du CO2 (CCUS) semble de plus en la voie en matière d’innovation plus indispensable pour atteindre et de déploiement. Même les l’objectif « zéro émissions nettes » investisseurs américains ont bien d’ici à 2050. Comment instaurer compris qu’il vaut mieux parier une meilleure collaboration entre sur les énergies renouvelables le secteur privé, les pouvoirs 1. Les neuf sources « principales » des émissions que sur le charbon. de méthane selon l’Oil & Gas Methane Partnership publics, les investisseurs et (OGMP) : la société civile pour démontrer Je suis convaincu que nous allons 1. Commandes et pompes pneumatiques fonctionnant au gaz naturel la valeur et l’urgence du CCUS ? continuer à progresser de façon 2. Matériel vétuste et fuites Nous avons encore d’énormes exponentielle. Nous sommes 3. Joints humides sur les compresseurs centrifuges 4. Joint/garniture de tige de ventilation progrès à faire, en termes de preuves à un tournant et, de manière pour compresseurs alternatifs de concept (proof of concept) et générale, nous avançons dans 5. Déshydrateurs au glycol 6. Réservoirs de stockage d’hydrocarbures liquides d’intégrité du stockage. Nous devons la bonne direction. Tout ce qu’il 7. Dégagements en provenance du puits également trouver des applications nous faut désormais, c’est donner lors du déchargement de produits liquides 8. Dégagements en provenance du puits/torchage qui réduisent véritablement les un grand coup d’accélérateur ! lors de l’achèvement de puits de gaz fracturés hydrauliquement émissions de CO2 dans l’atmosphère, 9. Dégagements de gaz de pétrole en rupture avec le système habituel.
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 17 Détecter et soutenir les technologies qui vont changer la donne Le climat est un enjeu planétaire et la réponse aux défis du scénario Développement durable (2 °C) de l’AIE doit aussi être collective. Au sein de l’Oil and Gas Climate Initiative (OGCI) ou d’autres organisations et initiatives internationales, Total partage son engagement et son expertise technique et soutient le développement de nouvelles technologies qui peuvent faire la différence. Total est l’un des membres fondateurs de l’OGCI qui réunit, depuis l’arrivée de Petrobras en janvier, AU CŒUR DES INITIATIVES 10 compagnies pétrolières et gazières. Créée en 2014 INTERNATIONALES autour de thématiques prioritaires pour le secteur 1, l’OGCI est entrée dans une phase plus opérationnelle En plus d’actions collectives au sein de sa participation depuis juin 2017. à l’OGCI, le Groupe est actuellement engagé en son nom dans différentes initiatives internationales impliquant secteurs privé et public. PREMIERS INVESTISSEMENTS • Pour l’établissement d’une tarification du carbone au sein de la Carbon Pricing Leadership Coalition Le fonds climat de l’OGCI (OGCI Climate Investments), de la Banque mondiale, de Caring for Climate qui mobilise 1 milliard de dollars pour le financement du Pacte mondial des Nations unies ou de l’appel de technologies limitant significativement les émissions Paying for Carbon. liées à la production et à la consommation d’énergie, • Pour l’arrêt du brûlage de routine des gaz associés a présenté ses premiers investissements : au sein de l’initiative Zero Routine Flaring by 2030 • un projet de captage et de séquestration de CO2 de la Banque mondiale. industriel à grande échelle (Clean Gas Project) ; • Pour une transparence renforcée, en prenant en •u ne solution permettant de réduire l’empreinte compte les recommandations du Financial Stability carbone du ciment en y incorporant du CO2 (à la place Board du G20 sur le climat, et de la Task Force de l’eau) pour durcir le béton (Solidia Technologies) ; on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) •u n moteur à pistons opposés de haute • Pour le développement de nouvelles entreprises efficacité permettant de réduire les émissions de pointe en matière d’énergie, depuis 2017 de gaz à effet de serre (Achates Power) ; au sein de la Breakthrough Energy Coalition (BEC), un groupement d’investisseurs créé par Bill Gates •u ne technologie incorporant le CO2 comme matière en 2015, et depuis 2016 au sein du fonds première dans la fabrication des polyols, utilisés dans Breakthrough Energy Ventures, crée en 2016 les polyuréthanes qui sont des matières plastiques par la BEC et doté d’1 milliard USD. aux multiples applications (Econic Technologies). 1. L’accélération du déploiement du captage et stockage du CO2, la réduction des émissions de méthane, l’amélioration de l’efficacité énergétique dans l’industrie, l’efficacité énergétique dans les transports.
18 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE FAVORISER LES SAUTS TECHNOLOGIQUES Ce soutien à l’émergence de technologies capables de faire réussir le scénario Développement durable Total a investi en R&D plus de 900 millions de dollars en (2 °C) de l’AIE prend d’autres formes. L’OGCI participe, 2017 sur des projets de développement de technologies en effet, également à la Breakthrough Energy Coalition bas carbone dans les énergies renouvelables, l’efficacité (BEC) qui met en relation recherche publique innovante énergétique, les bioénergies et le CCUS. Sur ce dernier, et investisseurs pour que les innovations long terme en le centre de recherche de Lacq construit actuellement matière d’énergie propre puissent arriver sur le marché. une unité de démonstration de capture du CO2 La recherche se poursuit. En juin dernier, l’OGCI Climate dans les fumées avec la technologie VeloxoTherm TM Investments a organisé à Washington un Venture Day de la start-up canadienne Inventys en complément consacré aux solutions dans le domaine de la détection, de l’investissement récent de 11 millions de dollars mesure et limitation des émissions de méthane. dans cette start-up par l’OGCI Climate Investments. Avec l’engagement d’investir 20 millions de dollars dans Notre recherche accélère ainsi la mise sur le marché les plus prometteuses, et de déployer les plus abouties. de ces technologies innovantes. Principaux jalons : 2014 2016 2017 2018 Création de l’Oil and Gas Climate Initiative Création du fonds L’OGCI Climate Petrobras par Total et neuf autres compagnies : OGCI Climate Investments annonce rejoint l’OGCI. BP, CNPC, Eni, Equinor, Pemex, Reliance Investments. ses premiers Industries, Repsol, Saudi Aramco et Shell. investissements.
INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE • 19 La création de l’OGCI CI a été 3. A ccélération du déploiement annoncée fin 2016. Quelles sont via des pilotes ou un soutien les principales étapes que vous de la part des compagnies avez franchies à ce jour ? membres de l’OGCI. L’OGCI CI est opérationnel depuis 4. C ollaboration avec des juin 2017. Tout est allé très vite co-investisseurs et d’autres pour nos premiers investissements industriels pour obtenir un effet comme pour la constitution de multiplicateur. notre équipe et de nos processus ! Pour avoir un impact sur le climat, Nous nous sommes fixé quatre il est important de passer rapidement axes de travail : réduction des à grande échelle. Convaincus que émissions de méthane, amélioration la coopération et la collaboration de l’efficacité énergétique dans sont essentielles, nous invitons l’industrie, efficacité énergétique d’autres acteurs partageant les 3 QUESTIONS À... dans les transports, captage, mêmes aspirations à nous rejoindre. stockage et valorisation du CO2. En 10 mois d’existence, nous avons À quoi ressemblera le succès ? PRATIMA RANGARAJAN, annoncé des investissements dans Qu’aura accompli l’OGCI CI CEO, OGCI Climate Investments dans 10 ans ? trois start-up : deux qui travaillent En 2016, les 10 dirigeants des compagnies sur la valorisation du CO2 dans la Nous aurons réussi lorsque nous membres de l’Oil and Gas Climate Initiative fabrication de produits et une qui verrons que les technologies et les (OGCI) ont annoncé un partenariat conçoit un moteur à haut rendement. solutions dans lesquelles nous avons d’un milliard de dollars pour financer Nous avons également investi investi auront un impact significatif, les technologies permettant de réduire dans une équipe qui développe nous permettant ainsi d’atteindre sensiblement les émissions de GES issues de la production et de la des concepts pour un projet notre objectif d’éviter l’émission consommation d’énergie. L’OGCI de CCUS industriel et de production de plus d’une gigatonne de GES. Climate Investments (OGCI CI) apporte d’électricité commercialement viable. Au fil de notre mission, nous aimerions son soutien aux start-up et aux projets voir émerger bien d’autres fonds qui présentent un tel potentiel. Comment l’OGCI CI peut-il avoir du même type, et voir des centaines un impact direct dans la lutte d’entreprises et d’innovateurs contre le changement climatique ? plancher sur ce problème jusqu’à Notre plan prévoit d’éviter l’émission ce qu’un jour, l’impact GES devienne de plus d’une gigatonne de gaz un facteur clé dans le développement à effet de serre (GES) par an au terme « Notre plan prévoit des 10 ans d’existence du fonds. des produits. Du côté de l’offre, les fournisseurs d’énergie et de produits d’éviter l’émission Cela représente un impact significatif devront constamment réduire en un laps de temps très court, de plus d’une si l’on tient compte des types leur impact GES, car la population – qui représente la demande – gigatonne de gaz de solutions industrielles vers lesquelles augmente à un rythme soutenu. nous nous tournons. Nous avons Pour répondre à cette demande à effet de serre prévu de concrétiser cet objectif croissante en fournissant une énergie à travers quatre domaines d’action : (GES) par an au 1. Investissement dans des et des produits durables, le secteur aura besoin de davantage terme des 10 ans technologies qui diminuent d’investissements et d’innovateurs, l’impact GES de l’énergie ou des d’existence produits/processus industriels. qui chercheront sans cesse à développer des technologies du fonds. » 2. Développement de projets et des solutions meilleures et plus commerciaux dans l’optique efficaces. J’ai l’espoir que des fonds de co-investissements et d’un d’investissement comme le nôtre effet d’échelle, dans les cas deviendront un modèle économique où les technologies existent, florissant. mais où les modèles économiques ne sont pas clairs.
20 • INTÉGRER LE CLIMAT À NOTRE STRATÉGIE Ce sont des structures indépendantes, au gaz baisserait, mais de nouveaux non partisanes, orientées vers le long investissements resteraient nécessaires terme, objectives, ancrées dans pour compenser le taux de déclin les preuves, les faits et la connaissance, déjà amorcé. Les compagnies et mues par l’intérêt commun. pétrolières et gazières peuvent miser Les prestigieuses universités sur leur vision à long terme, leur bilan de recherche comme l’université financier et leurs capacités de de Columbia rassemblent de façon recherche pour faire progresser les unique toute une série de disciplines énergies propres, de l’éolien offshore – ingénierie, sciences, droit, commerce, au captage du CO2 en passant par affaires internationales, économie, etc. – le solaire et les batteries. Elles peuvent nécessaires à la compréhension du également avoir un fort impact à très monde complexe et multidimensionnel court terme en prenant des mesures de l’énergie. La mission du Centre pour réduire leurs émissions 3 QUESTIONS À... sur la politique énergétique mondiale, de méthane par exemple. SIPA, est de rendre utiles et accessibles à celles et ceux qui modèlent Quelles sont les implications JASON BORDOFF, notre futur énergétique – des décideurs d’une éventuelle taxe américaine Professeur d’affaires publiques sur le carbone ? politiques aux capitaines d’industrie – et internationales, School les constats qui ressortent Une taxe américaine sur le carbone of International and Public Affairs (SIPA), Université de Columbia des meilleurs travaux de recherche semble peu probable aujourd’hui, académiques, afin d’aider ces acteurs mais la situation pourrait évoluer Jason Bordoff est directeur-fondateur du Centre sur la politique énergétique à mieux comprendre la transformation rapidement si Washington accordait mondiale de l’université de Columbia. rapide du paysage de l’énergie une plus grande priorité au changement et de leur permettre de prendre climatique. En fonction de la forme des décisions plus éclairées. qu’elle prendrait, cette taxe pourrait « Les sources d’énergie impacter sensiblement les émissions Selon vous, quel rôle jouera demain de gaz à effet de serre (GES), renouvelables seront le secteur pétrolier et gazier dans l’économie et le marché de loin les formes les marchés de l’énergie, compte du travail américains, les prix tenu de l’agenda mondial actuel d’énergie qui connaîtront sur le climat ? de l’énergie, les investissements financiers, la balance commerciale la croissance la plus Les sources d’énergie renouvelables et le déficit budgétaire des États-Unis, rapide dans les seront de loin les formes d’énergie la rentabilité des entreprises et les décennies à venir. » qui connaîtront la croissance la plus inégalités de revenus. Une question rapide dans les décennies à venir. clé réside dans l’utilisation qui De nouvelles avancées sur le plan serait faite des recettes fiscales. Quel est le rôle du monde technologique, comme le stockage Elles pourraient servir à réduire académique pour servir par batterie, pourraient bien accélérer encore davantage les émissions et éclairer les décideurs politiques cette croissance. Et pourtant, de GES à travers toute une série et le secteur de l’énergie ? l’ambition actuelle en matière de politiques, ou à compenser Peu de problématiques sont aussi de politique climatique n’est pas d’autres taxes sur les entreprises, cruciales que l’énergie pour l’économie à la hauteur des objectifs de long être reversées aux contribuables mondiale, la sécurité nationale terme fixés dans l’Accord de Paris pour leur permettre de faire face et l’environnement. Et pourtant, sur le climat, et le pétrole et le gaz à l’augmentation des coûts de rares sont celles qui sont autant continueront de dominer le mix l’énergie, ou être utilisées à d’autres dominées dans le dialogue public énergétique mondial pendant encore fins. Le Centre sur la politique par les hyperboles, la rhétorique, des dizaines d’années. énergétique, SIPA, mène de vastes les incompréhensions et la polarisation. Si nous réussissions à réaliser travaux de recherche pour examiner Les universités apportent plus au l’objectif mondial de contenir ces questions liées à l’élaboration débat public qu’aucune autre institution, le réchauffement climatique en deçà d’une taxe carbone. aucun organisme ou groupement. de 2 °C, le recours au pétrole et
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