Le colossal Manta sillonnera les mers pour ramasser les déchets plastiques - Terre & Nature

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Le colossal Manta sillonnera les mers pour ramasser les déchets plastiques - Terre & Nature
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          Le colossal Manta sillonnera les
          mers pour ramasser les déchets
          plastiques – Terre & Nature
          5-7 minutes

          Nature

          Le colossal Manta sillonnera les mers pour ramasser les
          déchets plastiques

          Imaginé par le navigateur Yvan Bourgnon, un bateau
          alimenté grâce à des énergies renouvelables sera mis à flot
          en 2022. Cette expédition révolutionnaire vise à assainir
          l’océan et à changer les mentalités.

          Pour l’instant, ce n’est encore qu’une maquette. Difficile

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d’imaginer que ce navire de 61 mètres de haut, soit la taille
          du Palais fédéral, voguera sur l’océan en 2022. C’est
          pourtant ce qu’a annoncé le navigateur franco-suisse Yvan
          Bourgnon, lors de la présentation de son projet au Salon des
          inventions de Genève, en avril dernier. Son bateau, nommé
          le Manta en référence à sa forme semblable à celle d’une
          raie, collectera les déchets plastiques en mer afin de les
          recycler. Un programme ambitieux combiné à une
          technologie de pointe, qui germent dans l’esprit de
          l’aventurier depuis de nombreuses années.

          «J’ai commencé à naviguer avec mes parents à l’âge de 8
          ans. Depuis, je n’ai plus quitté l’océan et je l’ai vu se
          dégrader d’année en année», raconte celui qui a gagné la
          Transat Jacques-Vabre en 1997. De retour depuis quelques
          mois d’un périple en catamaran de sport sans habitacle ni
          assistance, le marin est un témoin direct de la pollution.
          «Quand on dort des mois à la belle étoile, on ne peut ignorer
          les nombreux débris qui s’écrasent sur la coque. Durant ma
          carrière, j’ai même heurté plusieurs fois des conteneurs de
          douze mètres abandonnés en mer. Ça été le déclic. Je me
          suis dit qu’il fallait agir sans perdre de temps.»

          Chose dite, chose faite. En dix-huit mois, Yvan Bourgnon a
          créé l’association The SeaCleaners, récolté des fonds via un
          financement participatif, 7000 donateurs privés et 25
          mécènes, puis rassemblé six bureaux d’études, dont un
          basé à Lausanne. Au bout de 3000 heures de travail, l’utopie
          est devenue une réalité. Le chantier naval débutera l’année
          prochaine. Une étape significative, car il s’agit du premier
          système de récupération du plastique en mer, mis à part les
          quelques collectes sur les plages et dans les ports.

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Alimenté par plusieurs sources d’énergie renouvelable, le
          navire est une prouesse technique sans précédent. Doté de
          moteurs électriques, de panneaux solaires, d’éoliennes et de
          voiles, le quadrimaran a une autonomie de deux mois. Une
          première pour un bateau de 2500 tonnes. En effet, le Manta
          est une véritable usine. Trois collecteurs seront installés
          entre les coques afin de récolter les déchets sur la surface
          de l’eau grâce à des tapis roulants. Des opérateurs
          sépareront ensuite algues, déchets organiques et plastiques.
          Ces derniers seront compactés en balles de 1 m3, stockés à
          bord puis emmenés dans des unités de recyclage sur les
          côtes. Deux grues permettront également de récolter les
          débris plus volumineux tels que les amas de filets de pêche
          et les conteneurs. Ainsi, 3000 tonnes de plastique seront
          ramassées chaque année, tout en protégeant les poissons
          de la capture accidentelle grâce à un système d’émission
          sonore.

          Croisade contre la pollution

          «L’idée est de collecter les macrodéchets avant qu’ils ne
          coulent et se transforment en nanodéchets assimilés par les
          organismes marins, explique le Chaux-de-Fonnier de 46 ans.
          Il en va de notre santé ainsi que de celles des animaux et
          des coraux.» L’embarcation, dont le prix de fabrication est
          estimé à 30 millions d’euros, sera également dotée d’un
          système d’incinération employant la pyrolyse pour
          transformer certains plastiques en carburant. Ce gasoil sera
          directement réutilisé pour faire tourner la machine. «Ce
          procédé typique d’économie circulaire prouve que cette
          matière a une valeur ajoutée», souligne le skipper.

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Inde, Philippines, Indonésie, Nigeria, Brésil: cet éboueur
          géant circulera essentiellement le long des côtes les plus
          polluées et dans les estuaires de fleuves, d’où provient 90%
          de la pollution plastique. «Ces régions du monde sont très
          peu sensibilisées aux problèmes écologiques, contrairement
          aux pays européens. C’est donc elles que nous allons cibler
          en premier», explique-t-il. Au-delà de sa mission
          d’assainissement, Yvan Bourgnon compte mettre en place
          un réel pôle d’éducation en organisant des escales dans les
          villages. «Nous allons construire des systèmes mobiles de
          recyclage et d’incinération qui seront mis à la disposition des
          habitants. Ainsi, le Manta deviendra un symbole puissant qui
          attirera l’attention des médias et des politiciens.»

          Le quadragénaire va même plus loin en prévoyant des
          opérations coups de poing. «L’équipage exposera sur les
          rives les déchets récoltés afin de montrer l’impact que nous
          avons sur notre environnement. Ce sera spectaculaire. Je
          veux mettre la pression et faire évoluer les mentalités.»
          Plus motivé que jamais, le navigateur espère qu’une flotte de
          cent quadrimarans se développera d’ici vingt-cinq ans. Pour
          y parvenir, les plans du bateau et les données de
          géolocalisation des déchets seront mis à la disposition de
          tous, gratuitement, dès les premières collectes. «Je veux
          que les associations, les ONG, les entreprises et les États
          s’emparent du projet. C’est une solution concrète pour
          nettoyer notre planète.»Lila Erard n

          Texte(s): Lila Erard

          Photo(s): Keystone

          9 millions de tonnes de plastiques sont déversées chaque

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année dans les océans.
          450 ans minimum sont nécessaires pour qu’une bouteille
          en plastique se dégrade.
          70% des déchets flottants finissent par couler dans les fonds
          marins au bout d’un an.
          Seuls 14% des emballages plastiques produits dans le
          monde sont recyclés.
          100 000 mammifères sont tués chaque année par les débris
          plastiques.

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