Capitalisation de la démarche d'appui à l'intégration de l'égalité femmes-hommes - dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême ...

La page est créée Emmanuel Launay
 
CONTINUER À LIRE
Capitalisation de la démarche d'appui à l'intégration de l'égalité femmes-hommes - dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême ...
Capitalisation de la démarche d’appui à
l’intégration de l’égalité femmes-hommes
 dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême

              De septembre à décembre 2015
Capitalisation de la démarche d'appui à l'intégration de l'égalité femmes-hommes - dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême ...
Ce projet a été réalisé en partenariat avec Claudy Vouhé, cheffe de projet pour
l’association L’Être Égale.

Juin 2016

Auteures : Claudy Vouhé, experte en égalité femmes-hommes, cheffe de projet pour l’association L’Être égale —
Estelle Péricard, chargée de mission à Villes au Carré
Directrice de publication : Cécile Dublanche, directrice de Villes au Carré

Ce document est sous licence Creative Commons.
Vous êtes libres de partager (reproduire, distribuer et communiquer) cet ouvrage selon les conditions suivantes :
— Attribution – Vous devez attribuer l’œuvre à son auteur en citant son nom
— Pas d’utilisation commerciale – Vous n’avez pas le droit d’utiliser cette œuvre à des fins commerciales
— Pas de travaux dérivés – Vous n’avez pas le droit de modifier, de transformer ou d’adapter cette œuvre.

                                                                                                                    |2
Capitalisation de la démarche d'appui à l'intégration de l'égalité femmes-hommes - dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême ...
SOMMAIRE
Introduction ...................................................................................................... p. 5

La démarche appliquée dans les deux territoires .............................................. p. 7

         Démarche d’accompagnement du Grand Poitiers .............................................. p. 7
              A. Les séances d’appui ................................................................................ p. 8
              B. Opportunités et enjeux pour les acteurs de terrain ................................ p. 11
              C. Les perspectives .................................................................................... p. 13
              D. Les recommandations ........................................................................... p. 14

         Démarche d’accompagnement du Grand-Angoulême ...................................... p. 16
              E. Les séances d’appui .............................................................................. p. 16
              F. Opportunités et enjeux pour les acteurs de terrain ................................ p. 19
              G. Les perspectives .................................................................................... p. 21
              H. Les recommandations ........................................................................... p. 22

         Conférence-débat de clôture de projet ............................................................ p. 24

Les enseignements de l’expérimentation ........................................................ p. 27
         Points forts de la démarche ............................................................................. p. 27
         Limites et difficultés de la démarche ................................................................ p. 30

Recommandations pour dupliquer la démarche / points d’amélioration ......... p. 31

Annexes .......................................................................................................... p. 33

                                                                                                                        |3
Capitalisation de la démarche d'appui à l'intégration de l'égalité femmes-hommes - dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême ...
|4
Introduction
La loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 réaffirme l’égalité
femmes hommes comme enjeu incontournable pour les contrats de ville. L’instruction ministérielle
du 15 mai 2015 en fait l’une des trois priorités à intégrer au contrat et recommande de mettre en
place des plans égalité femmes-hommes pour tous les contrats de ville.

En juillet 2015, suite à une sollicitation de la Direction Régionale Jeunesse Sport et Cohésion
Sociale (DRJSCS) et de la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité (DRDFE) Poitou-
Charentes, un projet expérimental d’accompagnement en proximité de deux territoires en
politique de la ville sur la prise en compte de l’égalité dans les nouveaux contrats de ville a été mis
en œuvre. Après discussion dans le réseau des droits des femmes et avec quelques territoires de la
région, deux sites ont été retenus : Poitiers et Angoulême. Les partenaires ont décidé d’un projet
d’accompagnement dans le cadre du conventionnement entre la DRJSCS et Villes au Carré, qui fait
suite au projet Femmes et hommes égaux dans la vi(ll)e1 réalisé par Villes au Carré en 2012 et
2013.

Cette nouvelle expérimentation d’appui méthodologique sur la thématique de l’égalité femmes-
hommes ciblait spécifiquement les contrats de ville. Le but de la mission était de contribuer, sur les
deux sites, à l’élaboration d’une stratégie (identification des acteurs, ressources et publics visés,
repérage de méthodes d’intervention adaptées, définition d’un calendrier et d’une approche
d’évaluation) assortie d’actions.

Pour les deux territoires, les enjeux de l’accompagnement étaient sensiblement les mêmes : il
s’agissait d’appuyer les différents partenaires et porteurs de projets des contrats de ville afin de
leur permettre d’intégrer la question de l’égalité femmes-hommes dans les actions à développer
au sein des contrats de ville, entre 2016 et 2020. Cependant, les acteurs locaux de chaque
territoire (référents politique de la ville et égalité des collectivités et de l’État…) se sont accordés
sur les sujets et problématiques spécifiques à travailler et la méthodologie a été adaptée aux
besoins de chaque territoire.

Pour cette mission, Villes au Carré a mobilisé plus spécifiquement une équipe de deux personnes :
Claudy Vouhé, experte en égalité femmes-hommes, fondatrice de l’association L’Être égale et
Estelle Pericard, chargée de mission référente des questions de discriminations et des politiques de
la ville à Villes au Carré, sous la direction de Cécile Dublanche, directrice de Villes au Carré.

    1
      Ce projet contenait deux volets : d’une part, une expérimentation d’appui méthodologique de collectivités de la
    région Centre et, d’autre part, la capitalisation d’outils supports (fiches repères et méthodologie) pour
    accompagner les collectivités dans la mise en œuvre, réunis dans une mallette pédagogique numérique.
    Pour en savoir plus, consultez le site dédié du projet
    http://www.villesaucarre.fr/spip.php?page=themes_mot&id_groupe=18&id_mot=74 et la mallette en ligne
    https://sites.google.com/site/femmesvilles/https://sites.google.com/site/femmesvilles/

                                                                                                                    |5
Leur cahier des charges était le suivant :
    -   Participer à la mise en place dans chaque territoire d’un groupe de travail constitué
        d’élu·e·s et de professionnel·le·s (État, collectivité, associations) ;
    -   Animer cinq ou six séances par territoire pour accompagner les équipes dans la démarche :
        affiner un diagnostic partagé et des objectifs spécifiques, sensibiliser et outiller les équipes,
        identifier quelques pistes d’actions ;
    -   Organiser une séance commune en fin de cycle pour se qualifier collectivement sur un
        même sujet de préoccupation (la place des jeunes filles dans l’espace public, l’école et les
        loisirs) et partager les enseignements de la démarche d’appui ;
    -   Fournir des préconisations pour poursuivre le travail engagé ;
    -   Capitaliser la démarche menée dans les deux territoires.

Les équipes de chaque site ont directement bénéficié de :
    -   Cinq à six séances d’une demi-journée d’accompagnement ;
    -   Un séminaire de clôture (0,5 jour) commun aux deux territoires sur la thématique de la
        mixité dans les loisirs, la culture et l’école ;
    -   Un atelier de clôture commun aux deux territoires (0,5 jour).

En plus, 5 jours ont été utilisés pour la préparation et la restitution des contenus (outils
notamment), des préconisations et de la capitalisation.

L’objectif de ce document est de récapituler la stratégie suivie et de mettre en avant les points
forts et les points faibles de la démarche afin d’en tirer des conclusions pouvant être utiles pour la
suite du travail dans ces deux territoires, mais pouvant aussi intéresser d’autres territoires
soucieux d’intégrer l’égalité femmes-hommes dans leurs contrats de ville.
Ce document de capitalisation n’est pas une évaluation. Les éléments d’analyse sont issus des
échanges qui ont eu lieu pendant la mission et lors de l’atelier de clôture, entre les équipes des
deux territoires et l’équipe d’accompagnement.

Ce que contient le document :
    -   Il retrace la démarche suivie dans les deux territoires, étape par étape, les différents points
        d’entrée, acteurs et outils impliqués ;
    -   Il présente les principaux résultats des travaux de groupe, restituant ainsi la richesse des
        échanges, l’évolution des réflexions et la complexité de la thématique ;
    -   Il synthétise les perspectives émises à la fin de projet par les équipes ;
    -   Il rassemble les principaux outils utilisés et créés pendant la mission, afin de mieux les
        partager avec les équipes, mais aussi d’autres collectivités intéressées par la démarche ;
    -   Il identifie les points faibles et les points forts des approches suivies dans les deux
        territoires, dans une perspective d’apprentissage pour toutes et tous ;
    -   Il fait des recommandations pour la réplication de la démarche dans d’autres territoires

                                                                                                      |6
La démarche appliquée dans les
deux territoires
Les territoires de Grand Poitiers et du GrandAngoulême entrent dans une nouvelle génération de
contrats de ville, déployés pour la période 2015-2020, et sont soumis aux nouvelles orientations
légales qui préconisent la prise en compte de l’égalité femmes-hommes. Malgré un objectif
identique d’amélioration de la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans les contrats de
ville, les deux territoires n’ont pas opté pour la même démarche d’accompagnement, bien qu’il y ait
quelques points communs.
     - Grand Poitiers a principalement réuni un groupe de technicien·ne·s des collectivités alors que
          GrandAngoulême a associé plus de porteurs de projets et associations dans la mission ;
    -   Grand Poitiers a privilégié une entrée de réflexion par thématique (espace public/sport) alors
        que le GrandAngoulême a axé ses attentes autour de la mobilisation et de la qualification
        des équipes et des porteurs de projets dans l’optique d’influencer les projets déposés pour le
        financement auprès du contrat de ville ;
    -   Dans les deux territoires, la mission de Villes au Carré visait le renforcement des
        compétences et la mise à disposition d’outils/méthodes, avec une demande plus précise du
        GrandAngoulême pour des apports théoriques et outils de base pour l’analyse des projets ;
    -   Dans les deux cas, il était convenu que l’approche pouvait évoluer au fil de la mission pour
        tenir compte des enjeux émergents et des demandes des participant·e·s.

Les démarches finalement mises en place sont récapitulées ci-dessous pour chacun des deux
territoires.

Démarche d’accompagnement du Grand Poitiers
  Rappel sur l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville de Grand Poitiers
Pour rappel, le contrat de ville de Grand Poitiers identifie comme enjeux la réappropriation de
l’espace public par les femmes des quartiers et la réduction du repli sur soi des femmes. Il se
donne comme objectif de soutenir un investissement accru des femmes dans la vie publique et la
vie de la cité. Il propose d’identifier les freins et les moteurs de la participation des femmes y
compris par des « marches exploratoires » et de s’appuyer sur les femmes des conseils citoyens.
Parce qu’il vise aussi la diminution des violences sexistes dans l’espace public, le contrat de ville
propose de mettre en place une offre d’accompagnement des équipes éducatives dans les
établissements et structures accueillant des jeunes pour prévenir les violences sexistes. Il propose
également de développer des projets adaptés et, enfin, de former des professionnels et élu·e·s sur
le sujet des violences faites aux femmes, dans le cadre conjugal, professionnel et dans l’espace
public.
Dans le domaine du sport, le contrat de ville vise à garantir un meilleur accès des femmes et des
jeunes filles des quartiers aux activités physiques et sportives.

                                                                                                   |7
A. Les séances d’appui

                Réunion de préparation de la mission (7 juillet)
Cette réunion était ouverte aux 2 équipes projet des territoires de Grand Poitiers et
GrandAngoulême. Organisée à Poitiers, les participants étaient majoritairement ceux de Grand
Poitiers. L’objectif était pour Villes au Carré de présenter le type d’appui possible pour les
territoires, de s’accorder sur des modalités de travail et de faire émerger les besoins.

L’équipe projet politique de la ville a émis le souhait de travailler l’égalité femmes-hommes avec
les acteurs et actrices concerné·e·s par la mise en place des actions et de cibler deux thématiques
du contrat de ville 2015 – 2021 : l’espace public et le sport. Le groupe de travail a défini deux
grandes questions pour la mission d’appui :
    - Comment travailler entre services de la collectivité, bailleurs, associations locales (conseils
        de quartiers, association parents d’élèves…), membres des conseils citoyens, équipes de
        prévention, professionnels des transports, etc. pour intégrer la question de l’égalité
        femmes-hommes dans l’espace public, notamment dans les aménagements à venir (ex.
        Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain - NPNRU) ?
    - Comment travailler avec l’appui des services sports et acteurs locaux (écoles, clubs,
        associations...) pour augmenter la participation des jeunes filles aux activités sportives ?

                Séance 1 (24 septembre 2015, 3 h) : Lecture « égalité femmes-
                hommes » du contrat de ville et affinement des attentes
Après un rappel du contexte et des objectifs de la mission d’appui, les intervenantes de Villes au
Carré ont partagé une première lecture du contrat de ville de Grand Poitiers au prisme de l’égalité
femmes-hommes, au moyen d’une grille (annexe 1).

L’application de la grille a montré que le diagnostic est incomplet. L’analyse de la population et
des besoins ne fournit pas systématiquement d’informations et d’indicateurs sexo-spécifiques
renseignant sur les caractéristiques et les difficultés particulières vécues par les femmes et les filles
des quartiers. Quand les problématiques touchant plus spécialement les femmes sont abordées
(santé, violence, parentalité, emploi, mobilité), elles ne précisent pas quelles femmes sont
particulièrement touchées (en termes d’âge, d’origine, statut social, niveau d’éducation ou statut
migratoire, etc.). Le diagnostic ne précise pas les atouts, acquis, compétences ou souhaits des
femmes. Les hommes et jeunes garçons ne sont pas considérés dans des problématiques
identifiées « femmes » alors qu’ils font à la fois partie du problème… et de la solution (parentalité,
violences conjugales, partage de l’espace public, accès aux loisirs et aux sports). Les normes de
genre définissant les rôles et rapports de pouvoir inégaux entre femmes et hommes sont peu
évoquées. Dans des thématiques clés telles que l’emploi, le logement, les aménagements urbains,
l’accès à l’information ou les transports, les contraintes vécues par les femmes et les hommes (en
vertu des rapports sociaux femmes-hommes) ne sont pas abordées. La participation des femmes
et le traitement de l’égalité femmes-hommes dans la gouvernance des quartiers ne sont pas non
plus clairement évoqués.

                                                                                                      |8
Le contrat de ville fait bien le repérage d’actions pour lutter contre les stéréotypes, faire respecter
les droits des femmes et/ou favoriser la transformation des rapports femmes-hommes (filles-
garçons). Il identifie la nécessité d’élaborer une stratégie globale sur l’égalité, assortie d’objectifs
opérationnels précis, de plans d’action et d’indicateurs de suivi, et soutenue par des recherches,
des outils, du renforcement de compétences, etc. La cohérence entre le diagnostic et les axes
d’intervention proposés n’est toutefois pas évidente : les actions ne sont pas toutes justifiées et
objectivées par le diagnostic, alors que certains enjeux relevés dans le diagnostic ne sont pas
assortis d’actions. Les objectifs sont opérationnels (court terme) et ne relaient pas d’objectifs
politiques de changement social sur le long ou moyen terme.

Cette lecture critique a été discutée avec le groupe. Le but général de la mission a été réaffirmé et
affiné, le groupe de participants à cette séance étant élargi. Il s’agissait d’enclencher une
dynamique dont le groupe de travail serait porteur auprès d’autres élu·e·s et professionnel·le·s de
la collectivité et du territoire. Plus spécifiquement, les membres du groupe souhaitaient :
     - Bénéficier d’apports théoriques – sensibilisation pour mieux cerner le sujet de l’égalité
         femmes-hommes (pour les membres du groupe de travail, et si possible partagés avec les
         professionnel·le·s d’autres services et les porteurs de projets) ;
    -   Connaître des bonnes pratiques sur les thèmes « égalité et espace public » et « égalité et
        sports » ;
    -   Aider à élaborer un argumentaire - un message politique fort pour mobiliser plus
        largement les autres élu·e·s et responsables de la collectivité sur le sujet
    -   Acquérir de la méthode sur l’égalité femmes hommes dans l’appui aux porteurs de
        projets : comment les mobiliser à mener des actions spécifiques et/ou à intégrer la
        question de l’égalité femmes-hommes dans leurs actions ? (Objectif : 2016 et après).

De processus en cours ont été identifiés comme possibles points d’entrée : l’appel à projets
politique de la ville 2016, la convention pluriannuelle d’objectif avec les Centres Sociaux Culturels
et Maisons de Quartier (alors en cours de révision), une étude sur le rôle des centres sociaux
culturels et maisons de quartier. L’évaluation à mi-parcours du contrat de ville (2018) a aussi été
évoquée.

                Séance 2 (2 novembre 2015, 3 h) : Le diagnostic femmes-hommes
                des quartiers par les équipes
De nouveaux acteurs (responsables techniques et associatifs) ont rejoint le groupe. La deuxième
séance a débuté avec un rappel des cadres normatifs et légaux (internationaux, européens,
nationaux) rendant obligatoire la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans les politiques
publiques (à retrouver dans la bibliographie/sitographie élaborée en annexe 7 dans le cadre du
projet).

Puis, la séance a abordé le diagnostic de l’égalité femmes-hommes. En plénière, un outil de
diagnostic « La Toile de l’Institutionnalisation de l’égalité femmes hommes » a été présenté (voir
en annexe 2A). Les participant·e·s ont ensuite appliqué cet outil pour analyser les deux
thématiques ciblées : espace public et sport. Deux sous-groupes ont travaillé en parallèle, en
s’appuyant sur deux listes de questions thématiques élaborées par l’équipe d’appui sur la base des

                                                                                                     |9
échanges de la première séance (voir en annexe 3A et 3B). La séance n’a pas suffi pour terminer le
travail. Il a été convenu que les participant·e·s pouvait profiter du laps de temps avant la prochaine
séance pour identifier des informations manquantes.

                Séance 3 (13 novembre, 3 h) :                  Restitution     du    diagnostic      et
                identification de pistes d’action
La séance a été consacrée à la finalisation puis à la restitution du diagnostic avec la « Toile de
l’institutionnalisation ». L’essentiel est repris dans la partie B ci-après.

Puis, sur la base des problématiques, enjeux et opportunités repérés, les groupes ont identifié des
actions à mettre en place :
    -   Sensibiliser et former des acteurs (habitant·e·s, élu·e·s, équipes…) ;
    -   Repérer et capitaliser des pratiques et expériences sur l’égalité femmes-hommes (le vécu
        des habitant·e·s) ;
    -   Intégrer la dimension femmes-hommes dans les diagnostics des projets ;
    -   Communiquer et rendre visibles les enjeux et pratiques de l’égalité dans le contrat de ville ;
    -   Coordonner et concerter les partenaires, créer des synergies ;
    -   Revoir les procédures et les budgets du contrat de ville (introduire un critère égalité).

À la fin de cette séance, les membres du groupe ont exprimé une certaine frustration sur le temps
passé aux questions de diagnostic, au détriment d’une approche plus pragmatique du « comment
agir ». Il a été convenu de centrer la dernière séance de l’appui sur l’exploration de bonnes
pratiques.

                Séance 4 (3 décembre, 3 h) : Partage de bonnes pratiques
Les intervenantes de Villes au Carré ont préparé et partagé un diaporama répertoriant des bonnes
pratiques d’intégration de l’égalité femmes-hommes dans les politiques de la ville, en privilégiant
les deux entrées « Sport » et « Espaces publics ». L’exercice a illustré l’importance de :
    - Combiner la transversalité et les projets spécifiques pour l’égalité ;
    -   Coordonner les acteurs de l’égalité femmes-hommes sur un territoire ;
    -   Ancrer la démarche de l’égalité dans les procédures (appels à projets, conventions…) ;
    -   Former les acteurs et actrices de différentes « familles » ;
    -   Veiller à une communication (interne/externe) sensible à l’égalité ;
    -   Croiser l’égalité femmes-hommes avec la gouvernance et la participation ;
    -   Dégager des données pour la base de départ en faisant appel à différentes méthodologies
        (ex. recherche-action) et structures ;
    -   Identifier et « suivre » les budgets alloués à l’égalité (budgétisation sensible au genre) ;
    -   Mobiliser et mutualiser des ressources humaines compétentes via des partenariats avec
        des structures de formation, des universités ;
    -   Motiver des initiatives « politiques » (ex. la Charte européenne de l’égalité femmes-
        hommes) pour mobiliser les décideurs et élu·e·s.

                                                                                                    | 10
Les groupes ont discuté la pertinence de ces bonnes pratiques pour le plan d’action du Grand
Poitiers. Les idées proposées ont été discutées selon deux critères :
    - Faut-il un budget spécial (en plus) pour cette action ?
    -   Faut-il des ressources humaines en plus ?

L’objectif était de montrer que l’intégration de l’égalité n’induit pas forcément un coût
supplémentaire, et que, souvent, il s’agit avant tout de penser et faire les mêmes choses,
mais « différemment ».

    B. Opportunités et enjeux pour les acteurs de terrain
Le diagnostic et les réflexions développés pendant les séances de travail ont fait émerger une série
d’opportunités et d’enjeux autour de l’occupation de l’espace public et de l’accès aux sports par
les femmes et les hommes (filles et garçons) dans les quartiers, mais aussi autour de l’engagement
politique et des modes d’intervention des organisations impliquées dans les quartiers. Ces
opportunités et enjeux sont résumés ci-dessous.

                Approfondir la connaissance des enjeux de terrain
Dans les quartiers, des difficultés et enjeux autour de l’égalité entre les sexes sont connus, perçus,
voire rapportés par des habitant·e·s. Par exemple, l’occupation différenciée des espaces publics en
lien avec les rapports sociaux est constatée. Certains espaces sont largement dominés par la
présence des hommes (les bars) et des garçons (les City Stades). D’autres espaces sont occupés
selon des temporalités différentes par les femmes et les hommes. La mixité des sexes est souvent
un défi. À travers certaines initiatives (par exemple les « Cafés des parents » auxquels participent
presque exclusivement des femmes), il est manifeste que de nombreux stéréotypes restent à
aborder dans la famille et la société plus largement. Des groupes de femmes ont des demandes,
par exemple l’installation d’équipement sportif en pratique libre. Cependant, les informations
disponibles sont éparses et/ou éparpillées. Il semble nécessaire de mettre en place des moyens de
systématiser et organiser la collecte de données afin d’observer les demandes, dynamiques
positives et négatives sur le thème.

                S’appuyer sur des réflexions et actions existantes portées par
                différents acteurs
Des réflexions existent, mais ne s’inscrivent pas dans une démarche stratégique et collective. Par
exemple, certains acteurs réfléchissent à la mise en place de temps non mixtes à la piscine, sans
que cela soit raccroché à une démarche collective et un objectif global qui permettraient
d’analyser si ces temps non mixtes constituent une régression ou une stratégie vers l’égalité.

Des associations mènent des actions concrètes, comme l’association Sanza qui organise des
groupes de paroles de femmes, et interpellent aussi les hommes et les responsables politiques sur
la mise en place d’équipements favorisant la pratique sportive en accès libre pour les femmes par
exemple. Des groupes de pères ont été mis en place dans certains quartiers (ex. Les Couronneries)
et représentent aussi des points d’ancrage. Des initiatives, comme le « Pass parasol », ont

                                                                                                  | 11
contribué à faire venir les femmes avec leurs enfants à la piscine. Leur expérience mérite d’être
capitalisée.

Les Conseils de quartier représentent également des points d’entrée. Les femmes y sont
nombreuses, même si leurs profils en termes d’âge ou d’origine ne sont pas toujours
représentatifs des habitantes. Cependant, la thématique de l’égalité femmes-hommes n’est pas
abordée en tant que telle, notamment en ce qui concerne la pertinence des aménagements
urbains (espace public) et la gouvernance. Des dynamiques institutionnelles peuvent aussi être des
leviers et pourraient s’emparer de la thématique, par exemple la Coordination Éducative
Territoriale.

                Engager les responsables politiques
Le contrat de ville et le nouveau programme de renouvellement urbain présentent un axe égalité,
ce qui constitue une double opportunité à saisir. Pourtant, cet axe n’est pas reflété de manière
éloquente dans l’appel à projets et l’allocation budgétaire ne flèche pas de ressources particulières
sur le sujet. Il serait opportun de réfléchir à un fléchage budgétaire pour inclure l’égalité femmes-
hommes dans le programme de renouvellement urbain (PRU) au niveau des infrastructures
(études, investissement) et de l’animation des aménagements (culturel, participation…). Les appels
à projets nationaux « jeunesse » et « environnementaux » pourraient également servir de levier
pour faire avancer l’égalité des sexes.
Il nous semble, au vu de l’expérimentation que l’intérêt des élu·e·s pour la question de l’égalité
femmes-hommes est incertain et les responsabilités politiques sont mal identifiées. Le portage
politique a besoin d’être clarifié, de même que la responsabilité mieux partagée entre les acteurs
pour engager une ambition plus forte.

                Rendre les organisations et partenaires sensibles à la thématique de
                l’égalité femmes-hommes
Malgré l’augmentation de la mixité femmes-hommes dans les équipes (ex. dans les maisons de
quartiers), peu de données (qualitatives et quantitatives) sont rassemblées sur la place des femmes
et des hommes dans les organigrammes et instances décisionnelles des organisations qui animent
les quartiers. Le niveau de formation sur l’égalité femmes-hommes des encadrant·e·s comme des
professionnel·le·s n’est pas connu. Il faut améliorer l’identification des personnes et organisations
engagées et qualifiées sur ce thème afin de savoir à qui s’adresser pour avancer.

La demande d’interventions sur ce sujet (par l’éducation nationale notamment) est en hausse. Les
organisations/institutions gagneraient à recruter des personnes expertes, voire des étudiant·e·s
spécialisé·e·s en stage pour les aider à affiner leurs diagnostics en interne, mais aussi en externe
(publics cibles).

Enfin, les opérateurs et les actions autour du contrat de ville sont nombreux et représentent
autant de leviers d’action. Mais les subventions ne sont aucunement conditionnées par le respect
de la prise en compte de l’égalité femmes-hommes et la communication des opérateurs rend cet
enjeu quasiment invisible et a-politique. Le fait que les consignes et grilles d’évaluation des appels
à projets des contrats de ville ne sont pas à ce jour explicites sur l’égalité femmes-hommes n’incite

                                                                                                  | 12
pas les organisations professionnelles et les associations à renforcer leur diagnostic, compétences,
outils et budgets pour aborder ce thème. C’est un levier à exploiter.

               Développer des méthodologies d’intervention sensibles à l’égalité
               femmes-hommes
Le principal défi est celui de la capitalisation et de l’évaluation d’impact des actions. Des
associations telles que le CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) ou
Sanza expérimentent des approches vers la mixité et l’égalité femmes-hommes (réflexion avec des
groupes de pères, marches exploratoires et promenades genrées, mise en place d’un label égalité,
des cafés avec l’association Sanza, etc.). Des événements comme le Festival d’Égale à Égal
(association HF Poitou-Charentes) abordent aussi la thématique. Dans ce contexte, il faut faciliter
l’émergence des bonnes pratiques et l’apprentissage collectif et créer des dispositifs permettant de
tirer de ces actions des bilans collectifs et des enseignements pouvant guider la mise en œuvre de
la thématique de l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville.

    C. Perspectives du Grand Poitiers
De nombreuses pistes ont été évoquées au fil des séances. Les perspectives suivantes ont été
retenues pour le contrat de ville 2015-2020 en lien avec les deux thématiques de départ, à savoir
l’espace public et le sport.

               Sur le terrain
    1. Recueillir des données sur la thématique femmes-hommes dans le sport (gouvernance des
       associations, licences, équipes d’animation), afin d‘objectiver les enjeux et d’orienter la
       stratégie. Ce travail demande une concertation entre acteurs — institutionnels et autres —
       dans ce domaine et la mobilisation des associations sportives. Le recueil des données
       pourrait être fait de manière participative, mais pourrait aussi mobiliser des compétences
       universitaires (faire appel à des doctorant·e·s, stagiaires) ;
    2. Mettre la thématique de l’égalité à l’agenda dans le monde associatif, en « utilisant » la
       journée des Associations (septembre 2016) pour recueillir des données sur la place des
       femmes et des hommes dans la gouvernance associative, mais aussi pour ouvrir un débat
       public et collectif sur les enjeux de l’égalité ;
    3. Décliner l’égalité femmes-hommes dans la mise en place des conseils citoyens, à la fois en
       termes de parité, mais aussi de thématiques à aborder.

               Au niveau politique et organisationnel
    1. Créer des espaces de concertation et d’action regroupant les différents protagonistes de
       l’égalité femmes-hommes (par exemple autour du 8 mars, d’octobre rose, du 25
       novembre) pour dynamiser les actions, éviter le morcellement et la duplication et favoriser
       un passage à l’échelle en termes de visibilité, lisibilité, impact ;

                                                                                                | 13
2. Dédier des ressources — y compris du temps de travail — à la thématique, afin de mettre
       en place des stratégies pour responsabiliser les responsables politiques, former les
       élu·e·s et trouver des moyens d’action — y compris financiers ;
   3. Rendre l’exigence de l’égalité plus visible dans l’appel à projets du contrat de ville et dans
       la sélection des projets — utiliser la grille (annexe 4) avec les porteurs de projet ;
   4. Travailler la fiche bilan des projets (indicateurs) pour intégrer la dimension égalité femmes-
       hommes dans l’évaluation, y compris en termes de gouvernance ;
   5. Mieux communiquer sur l’égalité femmes-hommes ;
   6. Instaurer une « veille » égalité femmes-hommes dans les différents comités ;
   7. Faire évoluer la stratégie pour permettre d’impliquer de nouveaux acteurs, par exemple les
       scolaires ;
   8. Faire une évaluation à mi-parcours, ce qui implique d’avoir des indicateurs de résultats,
       mais aussi des données de départ permettant d’objectiver les inégalités, de les rendre
       « palpables », et de mesurer les effets des actions ;
   9. Lancer un appel à projets spécifique sur les questions d’égalité femmes-hommes (évoqué) ;
   10. Convoquer les élu·e·s.

   D. Recommandations

               Élaborer une stratégie territoriale pour favoriser l’égalité femmes
               hommes
Le contrat de ville mentionne l’élaboration d’une stratégie pour orienter la prise en compte de
l’« égalité femmes-hommes » dans le contrat de ville (2015-2020). La mission a confirmé que c’est
effectivement la priorité. Cette stratégie doit clairement identifier des objectifs (en termes de
changements sociaux et organisationnels), des moyens d’action, y compris financiers, et des
indicateurs d’effets (à moyen terme) et d’impact (à long terme). À travers la stratégie, les
responsables du contrat de ville doivent apporter de la cohésion, de la cohérence, de la pertinence
et de la méthode aux actions pour l’égalité.

               Démarche spécifique et démarche intégrée
La stratégie doit intégrer la double approche de l’égalité femmes-hommes — la transversalité
d’une part et les actions spécifiques d’autre part — ainsi que le recommandent les textes
encadrant les contrats de ville. Il est important que la stratégie permette d’aborder la thématique
autrement que par des microprojets associatifs axés sur les femmes, dont l’impact sur l’égalité
réelle femmes-hommes et la construction des rapports sociaux de genre peut être anecdotique
voire nul, notamment quand ces projets ne remettent pas en cause les stéréotypes et ne
s’adressent pas aux « racines » des problèmes.

               Une stratégie qui engage politiquement : la charte européenne de
               l’égalité, un outil pertinent ?
La stratégie devrait être pilotée par un groupe multiacteurs comprenant des responsables
techniques, politiques et associatifs. Elle doit cependant être portée politiquement — en

                                                                                                | 14
impliquant les élu·e·s de manière visible — et s’inscrire durablement dans un projet plus politique
(par exemple l’adhésion active à la Charte Européenne de l’Égalité des femmes et des hommes
dans la vie locale2 dont la ville de Poitiers n’est pas à ce jour signataire).

                   S’appuyer sur les acteurs·trices et favoriser les échanges
Des atouts existent déjà pour construire cette stratégie, à commencer par la présence d’acteurs
qui agissent sur l’égalité dans le Grand Poitiers, et ont des expériences à partager et capitaliser.
Pour cela, les acteurs et partenaires locaux doivent être réuni·e·s au sein d’un dispositif durable qui
favoriserait les échanges, la visibilité des enjeux et l’émergence des bonnes pratiques, et donc des
solutions. Dans la nouvelle grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, des échanges
interdépartementaux entre équipes des contrats de ville sur ce sujet pourraient aussi permettre
d’élargir des pistes de réflexions et d’actions.

                   Être en veille sur l’égalité : collecter des informations pour agir au
                   plus près des besoins
La stratégie devrait inclure la collecte d’informations en vue de constituer une base de départ. Les
données devraient éclairer les besoins différenciés des femmes et des hommes (filles/garçons) et
les enjeux de l’égalité des sexes, y compris dans la gouvernance des quartiers. Elles devraient aussi
renseigner la mixité/parité et la prise en compte stratégique de l’égalité entre les sexes par et dans
les organisations, associations, institutions impliquées — y compris d’un point de vue budgétaire.
La création d’une « base » d’indicateurs de départ autour de ces éléments est indispensable pour
la mesure des progrès qui seront accomplis pendant le contrat de ville.

                   L’appel à projets contrat de ville, un levier pour la mobilisation des
                   acteurs de terrain
L’appel à projets 2016 devrait servir de levier. L’appel lui-même devrait contenir des mentions plus
lisibles sur la nécessaire intégration de l’égalité et des outils d’aide à la planification sensible au
genre (certains outils ont été développés pendant le projet). Les équipes d’évaluation des projets
pourraient intégrer l’utilisation de la grille « marqueurs du genre » lors de la sélection des projets,
au moins la tester sur un pourcentage de projets, dans des domaines ciblés (espace public,
sport ?). Une approche pédagogique devrait permettre la préparation/accompagnement des
acteurs. La stratégie devrait prévoir des dispositifs de renforcement, valorisation et capitalisation
des compétences, connaissances et expériences sur la thématique de l’égalité femmes-hommes.
Des moyens conséquents devraient être prévus.

2
    http://www.afccre.org/mailing/Charte-%C3%A9galit%C3%A9-FR.pdf

                                                                                                   | 15
Démarche d’accompagnement du GrandAngoulême
Pour rappel, le contrat de ville 2015 – 2021 réaffirme l’engagement du GrandAngoulême sur la
thématique de l’égalité femmes-hommes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville :
c’est un de ses quatre axes transversaux. Il contient 10 fiches « objectifs » qui déclinent les
priorités et axes transversaux. La fiche 10 « Égalité entre les femmes et les hommes et prévention
de toutes les discriminations » donne l’objectif général qui est de « définir une stratégie
d’intervention concertée et territorialisée en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes
et en faveur de la prévention des discriminations », à travers trois champs opérationnels, à savoir
1. assurer l’accès à une information qualifiée sur les droits pour toutes et tous, 2. formaliser
l’engagement des partenaires publics et 3. définir un plan d’actions.

Le contrat de ville cerne des objectifs en faveur de l’égalité dans différents domaines. Sur l’emploi,
l’objectif est d’assurer l’égalité d’accès à l’activité économique des femmes et des hommes, de
porter attention à l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’accès aux activités d’insertion et
à l’emploi et de mettre en place des dispositifs en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Autour des
violences, il s’agit de lutter contre les discriminations et inégalités hommes/femmes, de développer
la lutte contre les violences faites aux femmes et l’accompagnement des victimes de violences et
de délinquance (dispositifs d’accueil, de prise en charge et de protection des victimes et de leurs
enfants). Sur ce thème, un objectif concerne aussi l’éducation au respect entre les filles et les
garçons. Le contrat de ville a également un objectif dans le domaine du social, des droits et de
l’information. Il s’agit de soutenir les initiatives de prévention des risques en santé et plus
particulièrement la nutrition, la santé mère-enfant et d’assurer des accueils qualifiés d’informations
et d’accès aux droits sociaux et juridiques notamment pour les personnes fragiles (monoparents,
jeunes, personnes isolées...). Enfin, dans le domaine de l’espace public, le contrat de ville veut
réduire les disparités femmes-hommes dans la participation aux activités dans l’école, les centres
sociaux, le sport et les loisirs.

    A. Les séances d’appui
Des échanges préliminaires avaient établi la priorité de l’équipe en charge du contrat de ville. Il
s’agissait d’outiller les acteurs de terrain pour intégrer le « filtre de l’égalité » dans leurs actions.
Deux pistes de travail avaient été choisies :
    - Analyse de 4 à 5 actions déposées au titre de l’appel à projets 2015 pour le contrat de ville
        de Grand-Angoulême afin de repérer des points d’entrée et travail avec les porteurs de
        projets pour qu’ils préparent leurs projets 2016 en intégrant l’axe égalité femmes-hommes ;
    -   Travail sur la question de la mixité filles-garçons avec les centres socioculturels et les
        maisons de quartier, en lien avec un projet inter-centres socioculturel prévu en 2016 (avec
        la mobilisation de référent·e·s famille, voire d’habitant·e·s).

                                                                                                    | 16
Séance 1 (29 septembre, 3 h) : Lecture « égalité femmes-hommes »
                du contrat de ville
Après un rappel du contexte et des objectifs de la mission d’appui, Villes au Carré a partagé une
première lecture du contrat de ville du Grand-Angoulême au prisme de l’égalité femmes-hommes
(cf. grille annexe 1).

Tout en reconnaissant une volonté nette d’inclure l’égalité dans le contrat de ville, elles ont noté
que les axes d’intervention prévus ne sont pas suffisamment épaulés par le diagnostic qui
n‘objective pas assez (avec des chiffres, des statistiques) les enjeux et écarts femmes-
hommes/filles-garçons face à la parentalité, l’emploi, l’éducation, les loisirs, les services et l’espace
public, les violences ou dans la gouvernance locale. Sans indicateurs de départ, la mesure de
l’impact sera difficile à faire. Les rapports et stéréotypes de genre ne sont pas assez visibles et
lisibles en tant que causes des différences, problèmes et inégalités rencontrés par et entre les deux
sexes. Ils sont évoqués en lien avec l’espace public et les violences, mais pas pour l’emploi ou la
gouvernance, l’accès aux services publics ou aux infrastructures des quartiers. Il y a aussi assez peu
d’informations sur les dynamiques et les acteurs qui luttent contre les inégalités femmes-hommes.
Les compétences et expérimentations existantes dans ce domaine sont peu mises en valeur (elles
étaient pourtant bien présentes sur les territoires, notamment valorisées dans le plan égalité
réalisé par la ville d’Angoulême en 2013). Enfin, le cadrage et le portage politique ne sont pas pris
en compte comme leviers ou freins à la démarche de l’égalité femmes-hommes.

Les accompagnatrices ont ensuite partagé quelques réflexions inspirées par cette première lecture.
Le diagnostic nécessite des données sexuées fines dans tous les domaines. Il conviendrait aussi de
ventiler les groupes « femmes » et « hommes » et de croiser le paramètre « sexe » avec l’âge, le
milieu social et les origines, et de ne pas associer systématiquement les « femmes » avec les
« groupes vulnérables » ou « fragiles ». La stratégie gagnerait à viser les causes profondes des
besoins et difficultés vécues par les filles et les femmes dans les sphères privée et publique. Les
objectifs couvrent des domaines clés, mais gagneraient à être plus explicites sur les questions
politiques et institutionnelles et à plus clairement définir les axes transversaux et spécifiques
autour de l‘égalité.
Suite à ces premiers échanges, l’équipe projet a affiné les attentes de la mission :
    -   Bénéficier d’apports théoriques ;
    -   Sensibiliser et accompagner les acteurs de terrain ;
    -   Acquérir des méthodes et outils simples ;
    -   Connaître des bonnes pratiques ;
    -   Réfléchir à une expérimentation innovante.

                Séance 2 (3 novembre, 3 h) : Outils et concepts de base de l’analyse
                « égalité femmes-hommes/genre »
Cette séance a mis l’accent sur les apports théoriques pour la sensibilisation des équipes à la
notion d’égalité femmes-hommes, mais aussi de « genre ». Dans un premier temps, les
participant·e·s ont dû définir les concepts clés de l’égalité et du genre, établir un langage
commun, différencier des termes souvent utilisés l’un pour l’autre (par exemple équité et égalité,
sexe et genre), etc.

                                                                                                    | 17
Dans un second temps, Claudy Vouhé a introduit une liste récapitulative des questions-clés pour
diagnostiquer l’égalité femmes-hommes dans les contrats de ville (annexe 1). Les outils de base de
l’analyse de genre (autour de la division sexuelle du travail) ont ensuite été appliqués sur quatre
des thématiques du contrat de ville à l’aide d’une grille (annexe 5), à savoir :
    - Sécurité et prévention de la délinquance ;
    -   Renforcer le parcours éducatif des enfants et le lien avec les familles ;
    -   Développer l’attractivité économique des quartiers ;
    -   Lutter contre la précarité.

Les participant·e·s ont travaillé en petit groupe et conclu que l’analyse de l’égalité femmes-
hommes est pertinente pour toutes les thématiques. Ignorer ou minorer cette dimension joue au
final en défaveur des projets qui perdent ainsi en pertinence et en efficacité, et peuvent renforcer
les stéréotypes et inégalités. Par exemple, la construction de la masculinité doit être prise en
compte dans la lutte contre la délinquance. De même, le renforcement du parcours éducatif des
enfants passe par une interrogation sur le rôle des pères et des mères dans l’éducation.

                Séance 3 (6 novembre, 3 h) : Des outils de base au diagnostic du
                contexte
Le but de la session était d’approfondir les outils de diagnostic et de préparer la séance 4 avec les
porteurs de projets. « La toile de l’institutionnalisation » (annexes 2 A et B), un outil de diagnostic
et de planification transversale du genre, a été présentée et appliquée. À travers un travail
collectif, le groupe a identifié des points forts/points faibles pour l’intégration de la dimension
femmes-hommes dans le contexte des quartiers du GrandAngoulême (enjeux de terrain,
institutionnels, méthodologiques et politiques) (cf. section B ci-après).

Le groupe a également préparé les grandes lignes de l’atelier (séance 4) avec les porteurs de
projets. Il a été convenu d’interroger les personnes sur leurs vécus et perceptions personnelles, et
pas uniquement sur leurs actions et projets en tant que professionnel·le·s et de réutiliser les
concepts et outils vus avec le groupe. Enfin, les membres du groupe allaient jouer un rôle
d’observateurs « actifs » pendant l’atelier.

                Session 4 (1er décembre, 3 h) : Sensibilisation des porteurs de
                projets
Cette séance de travail sous forme d‘atelier participatif a regroupé plus d’une vingtaine d’acteurs
locaux (14 organisations, dont 4 centres sociaux) du GrandAngoulême. L’objectif était de
sensibiliser les porteurs de projets à la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans le
contrat de ville.

La Déléguée Départementale aux Droits des femmes et à l’Égalité a présenté les objectifs de la
prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville et a fait un rappel des
obligations légales (Loi et circulaires ministérielles). Elle a également fait un bref bilan de l’égalité
dans les projets proposés aux subventions du contrat de ville de l’année passée 2014, notant

                                                                                                     | 18
Vous pouvez aussi lire