Capitalisation de la démarche d'appui à l'intégration de l'égalité femmes-hommes - dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême ...
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Capitalisation de la démarche d’appui à l’intégration de l’égalité femmes-hommes dans les contrats de ville de Grand Poitiers et GrandAngoulême De septembre à décembre 2015
Ce projet a été réalisé en partenariat avec Claudy Vouhé, cheffe de projet pour l’association L’Être Égale. Juin 2016 Auteures : Claudy Vouhé, experte en égalité femmes-hommes, cheffe de projet pour l’association L’Être égale — Estelle Péricard, chargée de mission à Villes au Carré Directrice de publication : Cécile Dublanche, directrice de Villes au Carré Ce document est sous licence Creative Commons. Vous êtes libres de partager (reproduire, distribuer et communiquer) cet ouvrage selon les conditions suivantes : — Attribution – Vous devez attribuer l’œuvre à son auteur en citant son nom — Pas d’utilisation commerciale – Vous n’avez pas le droit d’utiliser cette œuvre à des fins commerciales — Pas de travaux dérivés – Vous n’avez pas le droit de modifier, de transformer ou d’adapter cette œuvre. |2
SOMMAIRE Introduction ...................................................................................................... p. 5 La démarche appliquée dans les deux territoires .............................................. p. 7 Démarche d’accompagnement du Grand Poitiers .............................................. p. 7 A. Les séances d’appui ................................................................................ p. 8 B. Opportunités et enjeux pour les acteurs de terrain ................................ p. 11 C. Les perspectives .................................................................................... p. 13 D. Les recommandations ........................................................................... p. 14 Démarche d’accompagnement du Grand-Angoulême ...................................... p. 16 E. Les séances d’appui .............................................................................. p. 16 F. Opportunités et enjeux pour les acteurs de terrain ................................ p. 19 G. Les perspectives .................................................................................... p. 21 H. Les recommandations ........................................................................... p. 22 Conférence-débat de clôture de projet ............................................................ p. 24 Les enseignements de l’expérimentation ........................................................ p. 27 Points forts de la démarche ............................................................................. p. 27 Limites et difficultés de la démarche ................................................................ p. 30 Recommandations pour dupliquer la démarche / points d’amélioration ......... p. 31 Annexes .......................................................................................................... p. 33 |3
Introduction La loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 réaffirme l’égalité femmes hommes comme enjeu incontournable pour les contrats de ville. L’instruction ministérielle du 15 mai 2015 en fait l’une des trois priorités à intégrer au contrat et recommande de mettre en place des plans égalité femmes-hommes pour tous les contrats de ville. En juillet 2015, suite à une sollicitation de la Direction Régionale Jeunesse Sport et Cohésion Sociale (DRJSCS) et de la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité (DRDFE) Poitou- Charentes, un projet expérimental d’accompagnement en proximité de deux territoires en politique de la ville sur la prise en compte de l’égalité dans les nouveaux contrats de ville a été mis en œuvre. Après discussion dans le réseau des droits des femmes et avec quelques territoires de la région, deux sites ont été retenus : Poitiers et Angoulême. Les partenaires ont décidé d’un projet d’accompagnement dans le cadre du conventionnement entre la DRJSCS et Villes au Carré, qui fait suite au projet Femmes et hommes égaux dans la vi(ll)e1 réalisé par Villes au Carré en 2012 et 2013. Cette nouvelle expérimentation d’appui méthodologique sur la thématique de l’égalité femmes- hommes ciblait spécifiquement les contrats de ville. Le but de la mission était de contribuer, sur les deux sites, à l’élaboration d’une stratégie (identification des acteurs, ressources et publics visés, repérage de méthodes d’intervention adaptées, définition d’un calendrier et d’une approche d’évaluation) assortie d’actions. Pour les deux territoires, les enjeux de l’accompagnement étaient sensiblement les mêmes : il s’agissait d’appuyer les différents partenaires et porteurs de projets des contrats de ville afin de leur permettre d’intégrer la question de l’égalité femmes-hommes dans les actions à développer au sein des contrats de ville, entre 2016 et 2020. Cependant, les acteurs locaux de chaque territoire (référents politique de la ville et égalité des collectivités et de l’État…) se sont accordés sur les sujets et problématiques spécifiques à travailler et la méthodologie a été adaptée aux besoins de chaque territoire. Pour cette mission, Villes au Carré a mobilisé plus spécifiquement une équipe de deux personnes : Claudy Vouhé, experte en égalité femmes-hommes, fondatrice de l’association L’Être égale et Estelle Pericard, chargée de mission référente des questions de discriminations et des politiques de la ville à Villes au Carré, sous la direction de Cécile Dublanche, directrice de Villes au Carré. 1 Ce projet contenait deux volets : d’une part, une expérimentation d’appui méthodologique de collectivités de la région Centre et, d’autre part, la capitalisation d’outils supports (fiches repères et méthodologie) pour accompagner les collectivités dans la mise en œuvre, réunis dans une mallette pédagogique numérique. Pour en savoir plus, consultez le site dédié du projet http://www.villesaucarre.fr/spip.php?page=themes_mot&id_groupe=18&id_mot=74 et la mallette en ligne https://sites.google.com/site/femmesvilles/https://sites.google.com/site/femmesvilles/ |5
Leur cahier des charges était le suivant : - Participer à la mise en place dans chaque territoire d’un groupe de travail constitué d’élu·e·s et de professionnel·le·s (État, collectivité, associations) ; - Animer cinq ou six séances par territoire pour accompagner les équipes dans la démarche : affiner un diagnostic partagé et des objectifs spécifiques, sensibiliser et outiller les équipes, identifier quelques pistes d’actions ; - Organiser une séance commune en fin de cycle pour se qualifier collectivement sur un même sujet de préoccupation (la place des jeunes filles dans l’espace public, l’école et les loisirs) et partager les enseignements de la démarche d’appui ; - Fournir des préconisations pour poursuivre le travail engagé ; - Capitaliser la démarche menée dans les deux territoires. Les équipes de chaque site ont directement bénéficié de : - Cinq à six séances d’une demi-journée d’accompagnement ; - Un séminaire de clôture (0,5 jour) commun aux deux territoires sur la thématique de la mixité dans les loisirs, la culture et l’école ; - Un atelier de clôture commun aux deux territoires (0,5 jour). En plus, 5 jours ont été utilisés pour la préparation et la restitution des contenus (outils notamment), des préconisations et de la capitalisation. L’objectif de ce document est de récapituler la stratégie suivie et de mettre en avant les points forts et les points faibles de la démarche afin d’en tirer des conclusions pouvant être utiles pour la suite du travail dans ces deux territoires, mais pouvant aussi intéresser d’autres territoires soucieux d’intégrer l’égalité femmes-hommes dans leurs contrats de ville. Ce document de capitalisation n’est pas une évaluation. Les éléments d’analyse sont issus des échanges qui ont eu lieu pendant la mission et lors de l’atelier de clôture, entre les équipes des deux territoires et l’équipe d’accompagnement. Ce que contient le document : - Il retrace la démarche suivie dans les deux territoires, étape par étape, les différents points d’entrée, acteurs et outils impliqués ; - Il présente les principaux résultats des travaux de groupe, restituant ainsi la richesse des échanges, l’évolution des réflexions et la complexité de la thématique ; - Il synthétise les perspectives émises à la fin de projet par les équipes ; - Il rassemble les principaux outils utilisés et créés pendant la mission, afin de mieux les partager avec les équipes, mais aussi d’autres collectivités intéressées par la démarche ; - Il identifie les points faibles et les points forts des approches suivies dans les deux territoires, dans une perspective d’apprentissage pour toutes et tous ; - Il fait des recommandations pour la réplication de la démarche dans d’autres territoires |6
La démarche appliquée dans les deux territoires Les territoires de Grand Poitiers et du GrandAngoulême entrent dans une nouvelle génération de contrats de ville, déployés pour la période 2015-2020, et sont soumis aux nouvelles orientations légales qui préconisent la prise en compte de l’égalité femmes-hommes. Malgré un objectif identique d’amélioration de la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans les contrats de ville, les deux territoires n’ont pas opté pour la même démarche d’accompagnement, bien qu’il y ait quelques points communs. - Grand Poitiers a principalement réuni un groupe de technicien·ne·s des collectivités alors que GrandAngoulême a associé plus de porteurs de projets et associations dans la mission ; - Grand Poitiers a privilégié une entrée de réflexion par thématique (espace public/sport) alors que le GrandAngoulême a axé ses attentes autour de la mobilisation et de la qualification des équipes et des porteurs de projets dans l’optique d’influencer les projets déposés pour le financement auprès du contrat de ville ; - Dans les deux territoires, la mission de Villes au Carré visait le renforcement des compétences et la mise à disposition d’outils/méthodes, avec une demande plus précise du GrandAngoulême pour des apports théoriques et outils de base pour l’analyse des projets ; - Dans les deux cas, il était convenu que l’approche pouvait évoluer au fil de la mission pour tenir compte des enjeux émergents et des demandes des participant·e·s. Les démarches finalement mises en place sont récapitulées ci-dessous pour chacun des deux territoires. Démarche d’accompagnement du Grand Poitiers Rappel sur l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville de Grand Poitiers Pour rappel, le contrat de ville de Grand Poitiers identifie comme enjeux la réappropriation de l’espace public par les femmes des quartiers et la réduction du repli sur soi des femmes. Il se donne comme objectif de soutenir un investissement accru des femmes dans la vie publique et la vie de la cité. Il propose d’identifier les freins et les moteurs de la participation des femmes y compris par des « marches exploratoires » et de s’appuyer sur les femmes des conseils citoyens. Parce qu’il vise aussi la diminution des violences sexistes dans l’espace public, le contrat de ville propose de mettre en place une offre d’accompagnement des équipes éducatives dans les établissements et structures accueillant des jeunes pour prévenir les violences sexistes. Il propose également de développer des projets adaptés et, enfin, de former des professionnels et élu·e·s sur le sujet des violences faites aux femmes, dans le cadre conjugal, professionnel et dans l’espace public. Dans le domaine du sport, le contrat de ville vise à garantir un meilleur accès des femmes et des jeunes filles des quartiers aux activités physiques et sportives. |7
A. Les séances d’appui Réunion de préparation de la mission (7 juillet) Cette réunion était ouverte aux 2 équipes projet des territoires de Grand Poitiers et GrandAngoulême. Organisée à Poitiers, les participants étaient majoritairement ceux de Grand Poitiers. L’objectif était pour Villes au Carré de présenter le type d’appui possible pour les territoires, de s’accorder sur des modalités de travail et de faire émerger les besoins. L’équipe projet politique de la ville a émis le souhait de travailler l’égalité femmes-hommes avec les acteurs et actrices concerné·e·s par la mise en place des actions et de cibler deux thématiques du contrat de ville 2015 – 2021 : l’espace public et le sport. Le groupe de travail a défini deux grandes questions pour la mission d’appui : - Comment travailler entre services de la collectivité, bailleurs, associations locales (conseils de quartiers, association parents d’élèves…), membres des conseils citoyens, équipes de prévention, professionnels des transports, etc. pour intégrer la question de l’égalité femmes-hommes dans l’espace public, notamment dans les aménagements à venir (ex. Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain - NPNRU) ? - Comment travailler avec l’appui des services sports et acteurs locaux (écoles, clubs, associations...) pour augmenter la participation des jeunes filles aux activités sportives ? Séance 1 (24 septembre 2015, 3 h) : Lecture « égalité femmes- hommes » du contrat de ville et affinement des attentes Après un rappel du contexte et des objectifs de la mission d’appui, les intervenantes de Villes au Carré ont partagé une première lecture du contrat de ville de Grand Poitiers au prisme de l’égalité femmes-hommes, au moyen d’une grille (annexe 1). L’application de la grille a montré que le diagnostic est incomplet. L’analyse de la population et des besoins ne fournit pas systématiquement d’informations et d’indicateurs sexo-spécifiques renseignant sur les caractéristiques et les difficultés particulières vécues par les femmes et les filles des quartiers. Quand les problématiques touchant plus spécialement les femmes sont abordées (santé, violence, parentalité, emploi, mobilité), elles ne précisent pas quelles femmes sont particulièrement touchées (en termes d’âge, d’origine, statut social, niveau d’éducation ou statut migratoire, etc.). Le diagnostic ne précise pas les atouts, acquis, compétences ou souhaits des femmes. Les hommes et jeunes garçons ne sont pas considérés dans des problématiques identifiées « femmes » alors qu’ils font à la fois partie du problème… et de la solution (parentalité, violences conjugales, partage de l’espace public, accès aux loisirs et aux sports). Les normes de genre définissant les rôles et rapports de pouvoir inégaux entre femmes et hommes sont peu évoquées. Dans des thématiques clés telles que l’emploi, le logement, les aménagements urbains, l’accès à l’information ou les transports, les contraintes vécues par les femmes et les hommes (en vertu des rapports sociaux femmes-hommes) ne sont pas abordées. La participation des femmes et le traitement de l’égalité femmes-hommes dans la gouvernance des quartiers ne sont pas non plus clairement évoqués. |8
Le contrat de ville fait bien le repérage d’actions pour lutter contre les stéréotypes, faire respecter les droits des femmes et/ou favoriser la transformation des rapports femmes-hommes (filles- garçons). Il identifie la nécessité d’élaborer une stratégie globale sur l’égalité, assortie d’objectifs opérationnels précis, de plans d’action et d’indicateurs de suivi, et soutenue par des recherches, des outils, du renforcement de compétences, etc. La cohérence entre le diagnostic et les axes d’intervention proposés n’est toutefois pas évidente : les actions ne sont pas toutes justifiées et objectivées par le diagnostic, alors que certains enjeux relevés dans le diagnostic ne sont pas assortis d’actions. Les objectifs sont opérationnels (court terme) et ne relaient pas d’objectifs politiques de changement social sur le long ou moyen terme. Cette lecture critique a été discutée avec le groupe. Le but général de la mission a été réaffirmé et affiné, le groupe de participants à cette séance étant élargi. Il s’agissait d’enclencher une dynamique dont le groupe de travail serait porteur auprès d’autres élu·e·s et professionnel·le·s de la collectivité et du territoire. Plus spécifiquement, les membres du groupe souhaitaient : - Bénéficier d’apports théoriques – sensibilisation pour mieux cerner le sujet de l’égalité femmes-hommes (pour les membres du groupe de travail, et si possible partagés avec les professionnel·le·s d’autres services et les porteurs de projets) ; - Connaître des bonnes pratiques sur les thèmes « égalité et espace public » et « égalité et sports » ; - Aider à élaborer un argumentaire - un message politique fort pour mobiliser plus largement les autres élu·e·s et responsables de la collectivité sur le sujet - Acquérir de la méthode sur l’égalité femmes hommes dans l’appui aux porteurs de projets : comment les mobiliser à mener des actions spécifiques et/ou à intégrer la question de l’égalité femmes-hommes dans leurs actions ? (Objectif : 2016 et après). De processus en cours ont été identifiés comme possibles points d’entrée : l’appel à projets politique de la ville 2016, la convention pluriannuelle d’objectif avec les Centres Sociaux Culturels et Maisons de Quartier (alors en cours de révision), une étude sur le rôle des centres sociaux culturels et maisons de quartier. L’évaluation à mi-parcours du contrat de ville (2018) a aussi été évoquée. Séance 2 (2 novembre 2015, 3 h) : Le diagnostic femmes-hommes des quartiers par les équipes De nouveaux acteurs (responsables techniques et associatifs) ont rejoint le groupe. La deuxième séance a débuté avec un rappel des cadres normatifs et légaux (internationaux, européens, nationaux) rendant obligatoire la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans les politiques publiques (à retrouver dans la bibliographie/sitographie élaborée en annexe 7 dans le cadre du projet). Puis, la séance a abordé le diagnostic de l’égalité femmes-hommes. En plénière, un outil de diagnostic « La Toile de l’Institutionnalisation de l’égalité femmes hommes » a été présenté (voir en annexe 2A). Les participant·e·s ont ensuite appliqué cet outil pour analyser les deux thématiques ciblées : espace public et sport. Deux sous-groupes ont travaillé en parallèle, en s’appuyant sur deux listes de questions thématiques élaborées par l’équipe d’appui sur la base des |9
échanges de la première séance (voir en annexe 3A et 3B). La séance n’a pas suffi pour terminer le travail. Il a été convenu que les participant·e·s pouvait profiter du laps de temps avant la prochaine séance pour identifier des informations manquantes. Séance 3 (13 novembre, 3 h) : Restitution du diagnostic et identification de pistes d’action La séance a été consacrée à la finalisation puis à la restitution du diagnostic avec la « Toile de l’institutionnalisation ». L’essentiel est repris dans la partie B ci-après. Puis, sur la base des problématiques, enjeux et opportunités repérés, les groupes ont identifié des actions à mettre en place : - Sensibiliser et former des acteurs (habitant·e·s, élu·e·s, équipes…) ; - Repérer et capitaliser des pratiques et expériences sur l’égalité femmes-hommes (le vécu des habitant·e·s) ; - Intégrer la dimension femmes-hommes dans les diagnostics des projets ; - Communiquer et rendre visibles les enjeux et pratiques de l’égalité dans le contrat de ville ; - Coordonner et concerter les partenaires, créer des synergies ; - Revoir les procédures et les budgets du contrat de ville (introduire un critère égalité). À la fin de cette séance, les membres du groupe ont exprimé une certaine frustration sur le temps passé aux questions de diagnostic, au détriment d’une approche plus pragmatique du « comment agir ». Il a été convenu de centrer la dernière séance de l’appui sur l’exploration de bonnes pratiques. Séance 4 (3 décembre, 3 h) : Partage de bonnes pratiques Les intervenantes de Villes au Carré ont préparé et partagé un diaporama répertoriant des bonnes pratiques d’intégration de l’égalité femmes-hommes dans les politiques de la ville, en privilégiant les deux entrées « Sport » et « Espaces publics ». L’exercice a illustré l’importance de : - Combiner la transversalité et les projets spécifiques pour l’égalité ; - Coordonner les acteurs de l’égalité femmes-hommes sur un territoire ; - Ancrer la démarche de l’égalité dans les procédures (appels à projets, conventions…) ; - Former les acteurs et actrices de différentes « familles » ; - Veiller à une communication (interne/externe) sensible à l’égalité ; - Croiser l’égalité femmes-hommes avec la gouvernance et la participation ; - Dégager des données pour la base de départ en faisant appel à différentes méthodologies (ex. recherche-action) et structures ; - Identifier et « suivre » les budgets alloués à l’égalité (budgétisation sensible au genre) ; - Mobiliser et mutualiser des ressources humaines compétentes via des partenariats avec des structures de formation, des universités ; - Motiver des initiatives « politiques » (ex. la Charte européenne de l’égalité femmes- hommes) pour mobiliser les décideurs et élu·e·s. | 10
Les groupes ont discuté la pertinence de ces bonnes pratiques pour le plan d’action du Grand Poitiers. Les idées proposées ont été discutées selon deux critères : - Faut-il un budget spécial (en plus) pour cette action ? - Faut-il des ressources humaines en plus ? L’objectif était de montrer que l’intégration de l’égalité n’induit pas forcément un coût supplémentaire, et que, souvent, il s’agit avant tout de penser et faire les mêmes choses, mais « différemment ». B. Opportunités et enjeux pour les acteurs de terrain Le diagnostic et les réflexions développés pendant les séances de travail ont fait émerger une série d’opportunités et d’enjeux autour de l’occupation de l’espace public et de l’accès aux sports par les femmes et les hommes (filles et garçons) dans les quartiers, mais aussi autour de l’engagement politique et des modes d’intervention des organisations impliquées dans les quartiers. Ces opportunités et enjeux sont résumés ci-dessous. Approfondir la connaissance des enjeux de terrain Dans les quartiers, des difficultés et enjeux autour de l’égalité entre les sexes sont connus, perçus, voire rapportés par des habitant·e·s. Par exemple, l’occupation différenciée des espaces publics en lien avec les rapports sociaux est constatée. Certains espaces sont largement dominés par la présence des hommes (les bars) et des garçons (les City Stades). D’autres espaces sont occupés selon des temporalités différentes par les femmes et les hommes. La mixité des sexes est souvent un défi. À travers certaines initiatives (par exemple les « Cafés des parents » auxquels participent presque exclusivement des femmes), il est manifeste que de nombreux stéréotypes restent à aborder dans la famille et la société plus largement. Des groupes de femmes ont des demandes, par exemple l’installation d’équipement sportif en pratique libre. Cependant, les informations disponibles sont éparses et/ou éparpillées. Il semble nécessaire de mettre en place des moyens de systématiser et organiser la collecte de données afin d’observer les demandes, dynamiques positives et négatives sur le thème. S’appuyer sur des réflexions et actions existantes portées par différents acteurs Des réflexions existent, mais ne s’inscrivent pas dans une démarche stratégique et collective. Par exemple, certains acteurs réfléchissent à la mise en place de temps non mixtes à la piscine, sans que cela soit raccroché à une démarche collective et un objectif global qui permettraient d’analyser si ces temps non mixtes constituent une régression ou une stratégie vers l’égalité. Des associations mènent des actions concrètes, comme l’association Sanza qui organise des groupes de paroles de femmes, et interpellent aussi les hommes et les responsables politiques sur la mise en place d’équipements favorisant la pratique sportive en accès libre pour les femmes par exemple. Des groupes de pères ont été mis en place dans certains quartiers (ex. Les Couronneries) et représentent aussi des points d’ancrage. Des initiatives, comme le « Pass parasol », ont | 11
contribué à faire venir les femmes avec leurs enfants à la piscine. Leur expérience mérite d’être capitalisée. Les Conseils de quartier représentent également des points d’entrée. Les femmes y sont nombreuses, même si leurs profils en termes d’âge ou d’origine ne sont pas toujours représentatifs des habitantes. Cependant, la thématique de l’égalité femmes-hommes n’est pas abordée en tant que telle, notamment en ce qui concerne la pertinence des aménagements urbains (espace public) et la gouvernance. Des dynamiques institutionnelles peuvent aussi être des leviers et pourraient s’emparer de la thématique, par exemple la Coordination Éducative Territoriale. Engager les responsables politiques Le contrat de ville et le nouveau programme de renouvellement urbain présentent un axe égalité, ce qui constitue une double opportunité à saisir. Pourtant, cet axe n’est pas reflété de manière éloquente dans l’appel à projets et l’allocation budgétaire ne flèche pas de ressources particulières sur le sujet. Il serait opportun de réfléchir à un fléchage budgétaire pour inclure l’égalité femmes- hommes dans le programme de renouvellement urbain (PRU) au niveau des infrastructures (études, investissement) et de l’animation des aménagements (culturel, participation…). Les appels à projets nationaux « jeunesse » et « environnementaux » pourraient également servir de levier pour faire avancer l’égalité des sexes. Il nous semble, au vu de l’expérimentation que l’intérêt des élu·e·s pour la question de l’égalité femmes-hommes est incertain et les responsabilités politiques sont mal identifiées. Le portage politique a besoin d’être clarifié, de même que la responsabilité mieux partagée entre les acteurs pour engager une ambition plus forte. Rendre les organisations et partenaires sensibles à la thématique de l’égalité femmes-hommes Malgré l’augmentation de la mixité femmes-hommes dans les équipes (ex. dans les maisons de quartiers), peu de données (qualitatives et quantitatives) sont rassemblées sur la place des femmes et des hommes dans les organigrammes et instances décisionnelles des organisations qui animent les quartiers. Le niveau de formation sur l’égalité femmes-hommes des encadrant·e·s comme des professionnel·le·s n’est pas connu. Il faut améliorer l’identification des personnes et organisations engagées et qualifiées sur ce thème afin de savoir à qui s’adresser pour avancer. La demande d’interventions sur ce sujet (par l’éducation nationale notamment) est en hausse. Les organisations/institutions gagneraient à recruter des personnes expertes, voire des étudiant·e·s spécialisé·e·s en stage pour les aider à affiner leurs diagnostics en interne, mais aussi en externe (publics cibles). Enfin, les opérateurs et les actions autour du contrat de ville sont nombreux et représentent autant de leviers d’action. Mais les subventions ne sont aucunement conditionnées par le respect de la prise en compte de l’égalité femmes-hommes et la communication des opérateurs rend cet enjeu quasiment invisible et a-politique. Le fait que les consignes et grilles d’évaluation des appels à projets des contrats de ville ne sont pas à ce jour explicites sur l’égalité femmes-hommes n’incite | 12
pas les organisations professionnelles et les associations à renforcer leur diagnostic, compétences, outils et budgets pour aborder ce thème. C’est un levier à exploiter. Développer des méthodologies d’intervention sensibles à l’égalité femmes-hommes Le principal défi est celui de la capitalisation et de l’évaluation d’impact des actions. Des associations telles que le CIDFF (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) ou Sanza expérimentent des approches vers la mixité et l’égalité femmes-hommes (réflexion avec des groupes de pères, marches exploratoires et promenades genrées, mise en place d’un label égalité, des cafés avec l’association Sanza, etc.). Des événements comme le Festival d’Égale à Égal (association HF Poitou-Charentes) abordent aussi la thématique. Dans ce contexte, il faut faciliter l’émergence des bonnes pratiques et l’apprentissage collectif et créer des dispositifs permettant de tirer de ces actions des bilans collectifs et des enseignements pouvant guider la mise en œuvre de la thématique de l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville. C. Perspectives du Grand Poitiers De nombreuses pistes ont été évoquées au fil des séances. Les perspectives suivantes ont été retenues pour le contrat de ville 2015-2020 en lien avec les deux thématiques de départ, à savoir l’espace public et le sport. Sur le terrain 1. Recueillir des données sur la thématique femmes-hommes dans le sport (gouvernance des associations, licences, équipes d’animation), afin d‘objectiver les enjeux et d’orienter la stratégie. Ce travail demande une concertation entre acteurs — institutionnels et autres — dans ce domaine et la mobilisation des associations sportives. Le recueil des données pourrait être fait de manière participative, mais pourrait aussi mobiliser des compétences universitaires (faire appel à des doctorant·e·s, stagiaires) ; 2. Mettre la thématique de l’égalité à l’agenda dans le monde associatif, en « utilisant » la journée des Associations (septembre 2016) pour recueillir des données sur la place des femmes et des hommes dans la gouvernance associative, mais aussi pour ouvrir un débat public et collectif sur les enjeux de l’égalité ; 3. Décliner l’égalité femmes-hommes dans la mise en place des conseils citoyens, à la fois en termes de parité, mais aussi de thématiques à aborder. Au niveau politique et organisationnel 1. Créer des espaces de concertation et d’action regroupant les différents protagonistes de l’égalité femmes-hommes (par exemple autour du 8 mars, d’octobre rose, du 25 novembre) pour dynamiser les actions, éviter le morcellement et la duplication et favoriser un passage à l’échelle en termes de visibilité, lisibilité, impact ; | 13
2. Dédier des ressources — y compris du temps de travail — à la thématique, afin de mettre en place des stratégies pour responsabiliser les responsables politiques, former les élu·e·s et trouver des moyens d’action — y compris financiers ; 3. Rendre l’exigence de l’égalité plus visible dans l’appel à projets du contrat de ville et dans la sélection des projets — utiliser la grille (annexe 4) avec les porteurs de projet ; 4. Travailler la fiche bilan des projets (indicateurs) pour intégrer la dimension égalité femmes- hommes dans l’évaluation, y compris en termes de gouvernance ; 5. Mieux communiquer sur l’égalité femmes-hommes ; 6. Instaurer une « veille » égalité femmes-hommes dans les différents comités ; 7. Faire évoluer la stratégie pour permettre d’impliquer de nouveaux acteurs, par exemple les scolaires ; 8. Faire une évaluation à mi-parcours, ce qui implique d’avoir des indicateurs de résultats, mais aussi des données de départ permettant d’objectiver les inégalités, de les rendre « palpables », et de mesurer les effets des actions ; 9. Lancer un appel à projets spécifique sur les questions d’égalité femmes-hommes (évoqué) ; 10. Convoquer les élu·e·s. D. Recommandations Élaborer une stratégie territoriale pour favoriser l’égalité femmes hommes Le contrat de ville mentionne l’élaboration d’une stratégie pour orienter la prise en compte de l’« égalité femmes-hommes » dans le contrat de ville (2015-2020). La mission a confirmé que c’est effectivement la priorité. Cette stratégie doit clairement identifier des objectifs (en termes de changements sociaux et organisationnels), des moyens d’action, y compris financiers, et des indicateurs d’effets (à moyen terme) et d’impact (à long terme). À travers la stratégie, les responsables du contrat de ville doivent apporter de la cohésion, de la cohérence, de la pertinence et de la méthode aux actions pour l’égalité. Démarche spécifique et démarche intégrée La stratégie doit intégrer la double approche de l’égalité femmes-hommes — la transversalité d’une part et les actions spécifiques d’autre part — ainsi que le recommandent les textes encadrant les contrats de ville. Il est important que la stratégie permette d’aborder la thématique autrement que par des microprojets associatifs axés sur les femmes, dont l’impact sur l’égalité réelle femmes-hommes et la construction des rapports sociaux de genre peut être anecdotique voire nul, notamment quand ces projets ne remettent pas en cause les stéréotypes et ne s’adressent pas aux « racines » des problèmes. Une stratégie qui engage politiquement : la charte européenne de l’égalité, un outil pertinent ? La stratégie devrait être pilotée par un groupe multiacteurs comprenant des responsables techniques, politiques et associatifs. Elle doit cependant être portée politiquement — en | 14
impliquant les élu·e·s de manière visible — et s’inscrire durablement dans un projet plus politique (par exemple l’adhésion active à la Charte Européenne de l’Égalité des femmes et des hommes dans la vie locale2 dont la ville de Poitiers n’est pas à ce jour signataire). S’appuyer sur les acteurs·trices et favoriser les échanges Des atouts existent déjà pour construire cette stratégie, à commencer par la présence d’acteurs qui agissent sur l’égalité dans le Grand Poitiers, et ont des expériences à partager et capitaliser. Pour cela, les acteurs et partenaires locaux doivent être réuni·e·s au sein d’un dispositif durable qui favoriserait les échanges, la visibilité des enjeux et l’émergence des bonnes pratiques, et donc des solutions. Dans la nouvelle grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, des échanges interdépartementaux entre équipes des contrats de ville sur ce sujet pourraient aussi permettre d’élargir des pistes de réflexions et d’actions. Être en veille sur l’égalité : collecter des informations pour agir au plus près des besoins La stratégie devrait inclure la collecte d’informations en vue de constituer une base de départ. Les données devraient éclairer les besoins différenciés des femmes et des hommes (filles/garçons) et les enjeux de l’égalité des sexes, y compris dans la gouvernance des quartiers. Elles devraient aussi renseigner la mixité/parité et la prise en compte stratégique de l’égalité entre les sexes par et dans les organisations, associations, institutions impliquées — y compris d’un point de vue budgétaire. La création d’une « base » d’indicateurs de départ autour de ces éléments est indispensable pour la mesure des progrès qui seront accomplis pendant le contrat de ville. L’appel à projets contrat de ville, un levier pour la mobilisation des acteurs de terrain L’appel à projets 2016 devrait servir de levier. L’appel lui-même devrait contenir des mentions plus lisibles sur la nécessaire intégration de l’égalité et des outils d’aide à la planification sensible au genre (certains outils ont été développés pendant le projet). Les équipes d’évaluation des projets pourraient intégrer l’utilisation de la grille « marqueurs du genre » lors de la sélection des projets, au moins la tester sur un pourcentage de projets, dans des domaines ciblés (espace public, sport ?). Une approche pédagogique devrait permettre la préparation/accompagnement des acteurs. La stratégie devrait prévoir des dispositifs de renforcement, valorisation et capitalisation des compétences, connaissances et expériences sur la thématique de l’égalité femmes-hommes. Des moyens conséquents devraient être prévus. 2 http://www.afccre.org/mailing/Charte-%C3%A9galit%C3%A9-FR.pdf | 15
Démarche d’accompagnement du GrandAngoulême Pour rappel, le contrat de ville 2015 – 2021 réaffirme l’engagement du GrandAngoulême sur la thématique de l’égalité femmes-hommes dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville : c’est un de ses quatre axes transversaux. Il contient 10 fiches « objectifs » qui déclinent les priorités et axes transversaux. La fiche 10 « Égalité entre les femmes et les hommes et prévention de toutes les discriminations » donne l’objectif général qui est de « définir une stratégie d’intervention concertée et territorialisée en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et en faveur de la prévention des discriminations », à travers trois champs opérationnels, à savoir 1. assurer l’accès à une information qualifiée sur les droits pour toutes et tous, 2. formaliser l’engagement des partenaires publics et 3. définir un plan d’actions. Le contrat de ville cerne des objectifs en faveur de l’égalité dans différents domaines. Sur l’emploi, l’objectif est d’assurer l’égalité d’accès à l’activité économique des femmes et des hommes, de porter attention à l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’accès aux activités d’insertion et à l’emploi et de mettre en place des dispositifs en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Autour des violences, il s’agit de lutter contre les discriminations et inégalités hommes/femmes, de développer la lutte contre les violences faites aux femmes et l’accompagnement des victimes de violences et de délinquance (dispositifs d’accueil, de prise en charge et de protection des victimes et de leurs enfants). Sur ce thème, un objectif concerne aussi l’éducation au respect entre les filles et les garçons. Le contrat de ville a également un objectif dans le domaine du social, des droits et de l’information. Il s’agit de soutenir les initiatives de prévention des risques en santé et plus particulièrement la nutrition, la santé mère-enfant et d’assurer des accueils qualifiés d’informations et d’accès aux droits sociaux et juridiques notamment pour les personnes fragiles (monoparents, jeunes, personnes isolées...). Enfin, dans le domaine de l’espace public, le contrat de ville veut réduire les disparités femmes-hommes dans la participation aux activités dans l’école, les centres sociaux, le sport et les loisirs. A. Les séances d’appui Des échanges préliminaires avaient établi la priorité de l’équipe en charge du contrat de ville. Il s’agissait d’outiller les acteurs de terrain pour intégrer le « filtre de l’égalité » dans leurs actions. Deux pistes de travail avaient été choisies : - Analyse de 4 à 5 actions déposées au titre de l’appel à projets 2015 pour le contrat de ville de Grand-Angoulême afin de repérer des points d’entrée et travail avec les porteurs de projets pour qu’ils préparent leurs projets 2016 en intégrant l’axe égalité femmes-hommes ; - Travail sur la question de la mixité filles-garçons avec les centres socioculturels et les maisons de quartier, en lien avec un projet inter-centres socioculturel prévu en 2016 (avec la mobilisation de référent·e·s famille, voire d’habitant·e·s). | 16
Séance 1 (29 septembre, 3 h) : Lecture « égalité femmes-hommes » du contrat de ville Après un rappel du contexte et des objectifs de la mission d’appui, Villes au Carré a partagé une première lecture du contrat de ville du Grand-Angoulême au prisme de l’égalité femmes-hommes (cf. grille annexe 1). Tout en reconnaissant une volonté nette d’inclure l’égalité dans le contrat de ville, elles ont noté que les axes d’intervention prévus ne sont pas suffisamment épaulés par le diagnostic qui n‘objective pas assez (avec des chiffres, des statistiques) les enjeux et écarts femmes- hommes/filles-garçons face à la parentalité, l’emploi, l’éducation, les loisirs, les services et l’espace public, les violences ou dans la gouvernance locale. Sans indicateurs de départ, la mesure de l’impact sera difficile à faire. Les rapports et stéréotypes de genre ne sont pas assez visibles et lisibles en tant que causes des différences, problèmes et inégalités rencontrés par et entre les deux sexes. Ils sont évoqués en lien avec l’espace public et les violences, mais pas pour l’emploi ou la gouvernance, l’accès aux services publics ou aux infrastructures des quartiers. Il y a aussi assez peu d’informations sur les dynamiques et les acteurs qui luttent contre les inégalités femmes-hommes. Les compétences et expérimentations existantes dans ce domaine sont peu mises en valeur (elles étaient pourtant bien présentes sur les territoires, notamment valorisées dans le plan égalité réalisé par la ville d’Angoulême en 2013). Enfin, le cadrage et le portage politique ne sont pas pris en compte comme leviers ou freins à la démarche de l’égalité femmes-hommes. Les accompagnatrices ont ensuite partagé quelques réflexions inspirées par cette première lecture. Le diagnostic nécessite des données sexuées fines dans tous les domaines. Il conviendrait aussi de ventiler les groupes « femmes » et « hommes » et de croiser le paramètre « sexe » avec l’âge, le milieu social et les origines, et de ne pas associer systématiquement les « femmes » avec les « groupes vulnérables » ou « fragiles ». La stratégie gagnerait à viser les causes profondes des besoins et difficultés vécues par les filles et les femmes dans les sphères privée et publique. Les objectifs couvrent des domaines clés, mais gagneraient à être plus explicites sur les questions politiques et institutionnelles et à plus clairement définir les axes transversaux et spécifiques autour de l‘égalité. Suite à ces premiers échanges, l’équipe projet a affiné les attentes de la mission : - Bénéficier d’apports théoriques ; - Sensibiliser et accompagner les acteurs de terrain ; - Acquérir des méthodes et outils simples ; - Connaître des bonnes pratiques ; - Réfléchir à une expérimentation innovante. Séance 2 (3 novembre, 3 h) : Outils et concepts de base de l’analyse « égalité femmes-hommes/genre » Cette séance a mis l’accent sur les apports théoriques pour la sensibilisation des équipes à la notion d’égalité femmes-hommes, mais aussi de « genre ». Dans un premier temps, les participant·e·s ont dû définir les concepts clés de l’égalité et du genre, établir un langage commun, différencier des termes souvent utilisés l’un pour l’autre (par exemple équité et égalité, sexe et genre), etc. | 17
Dans un second temps, Claudy Vouhé a introduit une liste récapitulative des questions-clés pour diagnostiquer l’égalité femmes-hommes dans les contrats de ville (annexe 1). Les outils de base de l’analyse de genre (autour de la division sexuelle du travail) ont ensuite été appliqués sur quatre des thématiques du contrat de ville à l’aide d’une grille (annexe 5), à savoir : - Sécurité et prévention de la délinquance ; - Renforcer le parcours éducatif des enfants et le lien avec les familles ; - Développer l’attractivité économique des quartiers ; - Lutter contre la précarité. Les participant·e·s ont travaillé en petit groupe et conclu que l’analyse de l’égalité femmes- hommes est pertinente pour toutes les thématiques. Ignorer ou minorer cette dimension joue au final en défaveur des projets qui perdent ainsi en pertinence et en efficacité, et peuvent renforcer les stéréotypes et inégalités. Par exemple, la construction de la masculinité doit être prise en compte dans la lutte contre la délinquance. De même, le renforcement du parcours éducatif des enfants passe par une interrogation sur le rôle des pères et des mères dans l’éducation. Séance 3 (6 novembre, 3 h) : Des outils de base au diagnostic du contexte Le but de la session était d’approfondir les outils de diagnostic et de préparer la séance 4 avec les porteurs de projets. « La toile de l’institutionnalisation » (annexes 2 A et B), un outil de diagnostic et de planification transversale du genre, a été présentée et appliquée. À travers un travail collectif, le groupe a identifié des points forts/points faibles pour l’intégration de la dimension femmes-hommes dans le contexte des quartiers du GrandAngoulême (enjeux de terrain, institutionnels, méthodologiques et politiques) (cf. section B ci-après). Le groupe a également préparé les grandes lignes de l’atelier (séance 4) avec les porteurs de projets. Il a été convenu d’interroger les personnes sur leurs vécus et perceptions personnelles, et pas uniquement sur leurs actions et projets en tant que professionnel·le·s et de réutiliser les concepts et outils vus avec le groupe. Enfin, les membres du groupe allaient jouer un rôle d’observateurs « actifs » pendant l’atelier. Session 4 (1er décembre, 3 h) : Sensibilisation des porteurs de projets Cette séance de travail sous forme d‘atelier participatif a regroupé plus d’une vingtaine d’acteurs locaux (14 organisations, dont 4 centres sociaux) du GrandAngoulême. L’objectif était de sensibiliser les porteurs de projets à la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville. La Déléguée Départementale aux Droits des femmes et à l’Égalité a présenté les objectifs de la prise en compte de l’égalité femmes-hommes dans le contrat de ville et a fait un rappel des obligations légales (Loi et circulaires ministérielles). Elle a également fait un bref bilan de l’égalité dans les projets proposés aux subventions du contrat de ville de l’année passée 2014, notant | 18
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