Le Haut-Saint-Laurent - Hélène Nadeau and Lisette Villemaire - Érudit
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Document generated on 07/14/2022 8:51 p.m. Continuité Chroniques - Un région Le Haut-Saint-Laurent Hélène Nadeau and Lisette Villemaire Number 84, Spring 2000 Élus municipaux et patrimoine : une question de vision URI: https://id.erudit.org/iderudit/16842ac See table of contents Publisher(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (print) 1923-2543 (digital) Explore this journal Cite this article Nadeau, H. & Villemaire, L. (2000). Le Haut-Saint-Laurent. Continuité, (84), 48–54. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 2000 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
U n e r é g i o n Le Haut-Saint-Laurent Terre culture, Richesses patrimoniales exceptionnelles, les sites archéologiques amérindiens et la réserve faunique de la MRC Le Haut-Saint-Laurent réaffirment le lien essentiel entre culture et nature. p a r Marie Barrette LE SITE DROULERS S/tuée dans la municipalité de Dundee, Kntreprises en 1993 dans le cadre de la la Réserve nationale de faune du lac i |a municipalité régionale de comté révision du schéma d'aménagement, les recherches archéologiques sur le territoire Saint-François est un lieu de découverte où l'on p e u t observer plus d'une trentaine de (MRC) Le Haut-Saint-Laurent est située plantes rares et un n o m b r e impressionnant au sud-ouest du Québec et partage ses de la MRC se poursuivent depuis. Mais d'oiseaux aquatiques. frontières avec l'Ontario, les États-Unis et l'intérêt archéologique de la région est reconnu depuis bien plus longtemps. Photo: René Derome la réserve amérindienne d'Akwesasne. À l'extrême sud-ouest, les municipalités de Au début du XIX e siècle, un colon Saint-Anicet et Dundee possèdent deux écossais, Angus McPherson, mettait au flèches découverts en binant son champ attraits patrimoniaux en plein développe- jour sur sa terre les premiers vestiges de maïs et de pommes de terre. Tout lais- ment: le site archéologique amérindien archéologiques amérindiens de Saint- sait croire que des Amérindiens y avaient Droulers et la Réserve nationale de faune Anicet. Il s'agissait de fragments de céra- déjà élu campement. Il y a environ 25 ans, du lac Saint-Krançois. mique, de coquillages et de pointes de c'était au tour de M. Prançois Droulers de J numéro qutilre-vrngt-quiitre
Une région faire la découverte d'une herminette divers). Kt c'est sans parler des vases en en pierre d'origine amérindienne préhisto- céramique (près de 2000), des fragments rique sur son terrain de Saint-Anicet. de pipes, des restes osseux de mammifère C'est à partir d'informations issues de (ours, chevreuil, castor et rat musqué) et la tradition orale et des découvertes plus de poissons (esturgeon, anguille, barbue, récentes de M. Droulers que l'actuelle etc.). équipe d'archéologues a orienté sa pre- Afin de mettre ce lieu en valeur, on est mière intervention dans le secteur de à y reproduire le plus fidèlement possible Saint-Anicet. La région s'est révélée un ancien village iroquoien. À ce jour, d'une richesse incomparable avec la quatre maisons longues ont été construi- découverte de 14 sites archéologiques tes et une palissade de perches de cèdres amérindiens. Le site McDonald constitue entoure le village. Toutes ces construc- le plus ancien établissement amérindien tions ont été réalisées dans le cadre de connu au Québec (datation radiocarbone projets jeunesse de la Direction des res- de 1320), tandis que le site Droulers sources humaines du Canada. Le site représente le plus important village amé- devrait être ouvert aux groupes scolaires à Pointes de flèche et fragments de p o t e r i e rindien en termes de superficie. Les der- compter d'août 2000 et au grand public témoignant de la présence des Iroquois nières fouilles ont permis de mettre au pour la saison touristique 2001. Les visi- vers 1450-1500 ont été trouvés en quantité jour le plus récent espace villageois teurs pourront parcourir le site archéologi- sur le site archéologique Droulers. découvert, soit le site Mailhot-Curran. que et participer aux fouilles avec les Photo : Michel Gagné Tous ces villages sont associés à l'occupa- archéologues, découvrir le village recons- tion des Iroquois du Saint-Laurent pen- titué, ses jardins et l'exposition des objets dant la période préhistorique, soit avant retrouvés sur le site. Les Aventuriers de 1534. Les autres éléments archéologiques l'archéologie dans le Haut-Saint-Laurent, découverts dans la région de Saint-Anicet un organisme sans but lucratif, assure la témoignent d'activités de chasse, de pêche mise en valeur du site. OU agricoles et font partie intégrante du ter- ritoire d'exploitation des occupants des LA RÉSERVE NATIONALE DE FAUNE villages amérindiens. La Réserve nationale de faune du lac Exceptionnellement étendu, le site Saint-François, située dans la municipalité Droulers couvre un territoire de 12 500 m'. de Dundee, est délimitée par la route 132, Fait inusité, il se situe à plus de 7 km le lac Saint-François, la réserve amérin- à l'intérieur des terres, perché sur une ter- dienne Akwesasne et par la frontière rasse qui domine la plaine adjacente. Vers américaine. 1450-1500 de notre ère, près de 600 indivi- F]n 1971, le Service canadien de la dus y habitaient une dizaine de maisons faune (SCF) entreprend d'acquérir pour longues. On retrouve sur le site les vestiges des fins de protection des terres dans le de plusieurs structures d'habitation en bon Broken Front Range (canton de Dundee), état de conservation. Kn quatre ans de dans le comté de Huntingdon. Pour les fouilles, plus de 150 000 artefacts ont été extraits du sol sur une superficie couvrant à peine 250 m-'. On estime que le sol de ce L E S .AMIS DE LA RÉSERVE site archéologique contiendrait plus de Kn 1992, la MRC Le Haut-Saint-Laurent proposait à des citoyens de la région de 7 millions d'artefacts. créer un organisme sans but lucratif afin de «faire bénéficier le grand public des A la grandeur du gisement, on a mis au richesses contenues dans la Réserve nationale de faune du lac Saint-François». Les jour plusieurs espèces de plantes alimen- Amis de la Réserve assument depuis cette date la gestion complète des activités sur taires qui entraient dans la diète quoti- le site de la Réserve. On peut ainsi faire des randonnées en canot Rabaska, sillonner dienne à cette époque. Grains et épis de les sentiers, louer des canots, se sensibiliser à la faune et aux habitats de la Réserve. maïs anciens, fèves, graines de citrouille, Pour devenir membre ou obtenir la liste des activités, téléphoner au (450) 370-6954. prunier américain figurent parmi la plus LE CIRCUIT DU PAYSAN importante collection de plantes Pour ceux qui veulent découvrir la région, Le Haut-Saint-Laurent propose le Circuit recueillies sur un site archéologique au du paysan : quatre excursions d'un jour pour une balade de plus de 400 km au cœur Québec. de la campagne. Ces trajets sont tracés sur une carte touristique indiquant les princi- Le sol, exceptionnellement alcalin à cet paux attraits touristiques et agrotouristiques de la région. Une expérience pleine de endroit, permet aussi de retrouver dans un bon sens. Pour information, faire le 1 800 378-7648. état remarquable de conservation une La troisième édition du Cyclopomme du Haut-Saint-Laurent aura lieu le 27 août quantité d'objets en os (perles, harpons à 2000. Information: 1 877 264-5411 ou www.cyclopomme.qc.ca. barbelures, pointes de flèche et poinçons numéro quatre-vingt-quatre ;;
Une r é g i o n marais et de marécages, les étangs naturels et aménagés, les cours d'eau, le lac et leurs rives accueillent un nombre impression- nant d'oiseaux aquatiques en période de migration, de nidification et de mue. Au fort de la migration, plusieurs milliers de canards barboteurs s'y arrêtent de quelques jours à quelques semaines. L'oie des neiges, la bernache cravant, le harle huppé, la macreuse brune, le harelde kawapi, l'érismature rousse sont des visi- teurs particulièrement intéressants. Les canards pilet, colvert, noir et la bernache du Canada comptent parmi les visiteurs les plus familiers. Nichant à proximité, la grande aigrette s'alimente dans les marais de la Réserve. Au moins 127 espèces d'oiseaux des quelque 220 observées nichent ou ont déjà niché sur la Réserve. Le petit blon- gios, la bernache du Canada, le fuligule à gens de la communauté locale, le territoire À Saint-Anicet, quatre maisons longues tête rouge et le passerin indigo sont parmi de 1350 hectares représentait surtout un et une palissade ont été reconstituées les oiseaux nicheurs les plus spectaculai- espace de liberté où le braconnage, la sur le site archéologique Droulers p o u r res. Le troglodyte à bec court forme à cet chasse et la pêche allaient de soi. présenter l'habitat typique des populations endroit une des colonies les plus impor- amérindiennes. Kn 1978, la Réserve est créée afin tantes du Q u é b e c , et son habitat, le d'assurer la protection d'habitats humides Photo : Philippe Decloître marais carex, tout comme l'habitat de exceptionnels en raison de leur situation nombreuses autres espèces d'oiseaux, méridionale en bordure du lac Saint- abritant des mélèzes, des érables rouges, doit sa pérennité à la protection assurée François. La richesse de la Réserve des érables argentés, de l'aulne et des par le statut de Réserve dont jouit le site. tient d'abord à sa flore et à sa faune. Le saules. On peut également y observer certaines 27 mai 1987, la Réserve de la faune du lac Kn plus d'une trentaine de plantes espèces d'oiseaux classées vulnérables, Saint-François était reconnue en vertu de rares, on trouve sur le territoire de la menacées ou en danger de disparition. Ce la convention internationale Ramsar réserve probablement la plus grande sont entre autres, l'épervier de Cooper, le comme un écosystème d'importance population de sumac à vernis (Toxico- dindon sauvage, le râle jaune et le faucon mondiale. dendron vernix) du Québec. Aussi appelé pèlerin. Autrefois, pour éviter l'envahissement bois d'enfer (en français) et poison sumac des arbustes dans le marais et pouvoir y (en anglais), cet arbuste ou petit arbre MAMMIFÈRES chasser aisément, les Amérindiens met- peut atteindre 6 mètres de hauteur et Chez les petits mammifères, le campa- taient le feu aux tiges aériennes des plan- 10 cm de diamètre. Il pousse dans les bois gnol à dos roux est de loin l'espèce domi- tes herbacées le printemps venu, alors marécageux comme l'érablière rouge nante. La belette à longue queue, l'her- que le niveau de l'eau était élevé. Ils pro- ouverte. On le rencontre généralement mine, le castor, le rat musqué, le vison fitaient d'un vent d'ouest pour allumer le avec le saule, le frêne noir, l'érable argenté, d'Amérique, le lièvre d'Amérique et une feu à l'embouchure de la rivière aux l'orme d'Amérique ainsi que le thuya occi- forte population de lapins à queue blan- Saumons, rive est. Ainsi « nettoyé », le dental (cèdre). Au Canada, on le trouve che représentent des mammifères de plus marais demeurait un lieu de circulation seulement dans le sud de l'Ontario et du grande taille. On y retrouve aussi une facile favorable à la croissance des herba- Québec. Plus toxique que l'herbe à puce, population de cerfs de Virginie, de cées, à la présence des rats musqués et de cette plante rare qui croît dans les maré- coyotes et de renards roux. la sauvagine. cages pourra être observée en toute sécu- Fière de son patrimoine archéologique rité en 2000, grâce aux Amis de la Réserve et naturel, la MRC Le Haut-Saint- VÉGÉTATION qui ont fait installer une passerelle sur Laurent met tout en œuvre pour en assu- La Réserve est comprise dans l'aire pilotis dans le sentier Piasetski. rer la protection et la mise en valeur. Ce climatique de l'érablière à Caryers. On y sont là les richesses sur lesquelles elle trouve entre autres espèces l'érable à OISEAUX-VEDETTES entend bien construire son avenir. sucre, les caryers, le hêtre à grandes Les influences du climat de la plaine feuilles, le frêne d'Amérique, la pruche de Montréal permettent des associations Marie Barrette est agente de communication à de l'Kst, le frêne noir, le rare orme de végétales très favorables à une faune la MRC Le Haut-Saint-Laurent. Thomas, les peupliers et des marécages variée et abondante. Les grands espaces de - numéro quatre-vingt-quatre
Une r é g i o n Le Haut-Saint-Laurent Un pays sous influences p a r Hélène Nadeau H e s hameaux et lieux-dits de la région du Haut-Saint-Laurent recèlent de nom- breuses richesses architecturales et paysa- gères, souvent connues uniquement des natifs du canton. Petites fermes, étables et granges, puits, silos en bois ou en pierre, écoles de rang, cimetières familiaux, mou- lins à farine, clôtures de pierre, ponts sont autant d'éléments modestes qui consti- tuent des repères de l'histoire locale et régionale. NAISSANCE D ' U N PAYSAGE En 1729, un vaste territoire de six lieues de front sur six lieues de profon- deur, en bordure du fleuve Saint-Laurent à l'ouest de la seigneurie de Châteauguay, est concédé par le roi de France aux frères Charles et Claude Beauharnois de Beaumont; une partie de l'actuel territoire de la MRC Le H a u t - S a i n t - L a u r e n t devient la Seigneurie de Beauharnois. En raison de la lenteur de son développement et de sa mise en valeur, la seigneurie changera de propriétaire à plusieurs repri- ses: de Charles Beauharnois en 1750 à Michel Chartier de Lotbinière en 1763 Résultat de la rencontre des cultures française, écossaise, à Alexander Kllice en 1795. C'est sous la gouverne du seigneur Ellice qu'on voit apparaître les premières occupations du irlandaise et américaine, le paysage du Haut-Saint-Laurent territoire. On occupe en premier lieu les rives du fleuve et les berges de la rivière exprime l'art multiple d'être au monde. Encore aujourd'hui, Châteauguay qui traverse la région d'est en ouest. Si le patron de colonisation du territoire est classique, en revanche, la les influences poursuivent le dialogue. région se distingue par la diversité cultu- relle de ses nouveaux venus. Après la conquête britannique de la Nouvelle- tants canadiens-français avait débuté dès France, le territoire est découpé en can- 1789. tons et ouvert à la colonisation. L'arrivée d'Écossais et d'Irlandais débute vers 1800, L'ATTRAIT DU BOIS parallèle à l'installation d'émigrés améri- Entre les années 1760 et 1830, la cains qui, à la recherche de terres cultiva- coupe forestière a transformé les paysages bles, traversent la frontière de l'État du Haut-Saint-Laurent. Les grandes de New York pour s'installer au pied de la À la fin du XIX' siècle, le village étendues de forêts composées de majes- Covey Hill. Ce peuplement anglophone d ' O r m s t o w n était reconnu comme tueux pins et chênes étaient convoitées s'est répandu sur l'ensemble du territoire, un centre de l'industrie de la brique. par la marine anglaise pour la construction Ce matériau servait même à la construction sauf le long du littoral du fleuve Saint- navale. Le hameau abandonné de Laurent où la colonisation par des habi- des silos- Godmanchester, situé dans la municipalité Photo: Hélène Nadeau numéro quatre-vrngt-quatre 0
Une r é g i o n de Saint-Anicet, témoigne de l'activité Haut-Saint-Laurent. Parmi ces témoins, survécu parce que la famille Muir, venue forestière du début du XIXe siècle. Aussi on retrouve l'ancien manoir McDonald d'Kcosse, possédait un intérêt peu com- appelé La Guerre, ce hameau évoque le construit en 1837 dans le style néoclas- mun pour la conservation. Les plus vieux nom de François Benoît dit LaGuerre sique. On remarque aussi, juchés sur une arbres ont de 150 à 300 ans. Kn la dési- qui, au tournant du XIXe siècle, y faisait butte au milieu d'un pâturage, les ruines gnant Réserve écologique du Boisé-des- chantier. de l'église Unie La Guerre ainsi que le Muirs en 1995, le g o u v e r n e m e n t du Kn 1823, l ' e n t r e p r e n e u r écossais cimetière, dont les pierres étrangement Québec a reconnu le rôle déterminant Alexander McBain et le commerçant dispersées au pourtour du bâtiment de cette famille dans la préservation de ce Alexander Ogilvie implantent dans le témoignent de l'origine écossaise des site exceptionnel. hameau deux magasins généraux. Le fidèles. village se développe rapidement et Au fil du temps, l'agriculture et l'exploi- LE PAYSAGE ARCHITECTURAL devient le centre régional du commerce tation agroforestière ont eu raison de la La puissance hydraulique générée par du bois et de services divers. Au cours des forêt précoloniale. Dernier témoin à nous les eaux des rivières Châteauguay, Trout années 1840, à la suite du déclin être parvenu, le boisé des Muir, dans la et des Anglais a motivé l'établissement de de l'industrie du bois, le village est aban- municipalité de Hinchinbrooke, constitue moulins et, par la suite, la formation de donné, laissant derrière un ensemble bâti la seule forêt précoloniale recensée et petites agglomérations tels Athelstan, qui évoque cette tranche de l'histoire du protégée. Cette forêt de 11 hectares a Kensington, Huntingdon, Dewittville, Ormstown, Howick et Saint-Chrysostome. Parmi ces noyaux, Huntingdon et Ormstown ont connu un développement L E PONT TURCOT industriel au début du XXe siècle et sont Portant le nom de la famille propriétaire du lot situé sur la rive nord de la rivière, le devenus les centres de commerce et de ser- pont Turcot a été érigé en 1889 pour la colossale somme de 25 000$. Les Turcot vices de la région. À la fin du XIXe siècle, le avaient obtenu en 1845 la concession pour exploiter un pont à péage (sur chevalets, village d'Ormstown était reconnu comme saisonnier) qui devait fournir aux fermiers du sud-est de la rivière un accès perma- le centre de l'industrie québécoise de la nent à la ville de Beauharnois. brique. Kntre 1874 et 1925, on comptait Tant pour l'histoire de l'agriculture que pour celle de l'ingénierie, le pont Turcot sept briqueteries dans ce village. constitue un témoin de premier ordre. C'est l'un des derniers et le deuxième plus ancien de la trentaine de ponts érigés dans le cadre de la politique des ponts métalli- L'architecture des rues Lambton, ques mise de l'avant par le gouvernement d'Honoré Mercier, entre 1887 et 1892. Church et Bridge à Ormstown et des rues Cette politique s'inscri- Châteauguay, King et Prince à Huntingdon vait dans un vaste pro- évoque l'aisance de ce début de siècle. gramme pour moderni- Bordées d'arbres matures, elles accueillent ser l'agriculture, ouvrir des maisons d'esprit vernaculaire améri- des zones inhabitées cain et Four Squares où la brique rouge et à la colonisation et le clin de bois dominent. Les toits développer l'industrie en pavillon présentent généralement laitière en même temps une lucarne en façade et les détails archi- qu'une agriculture mixte orientée vers les marchés tecturaux témoignent de l'influence urbains. anglo-saxonne. De la trentaine de ponts Parmi les nombreux bâtiments du ter- rivetés d'acier renforcé ritoire qui présentent un intérêt patrimo- érigés à cette époque, il n'en reste plus que six, dont trois seulement présentent la nial, on note à Ormstown l'ancien poste silhouette d'arche parabolique rivetée caractéristique du pont Turcot. De plus, de tous d'incendie (maintenant l'hôtel de ville), les ponts rivetés du Canada qui nous viennent du XIXe siècle, le pont Turcot est celui érigé en 1901 dans le style boom town. Ce qui a la plus longue portée. bâtiment se distingue par sa large corniche, Il n'existerait aucun autre pont de ce type en Amérique du Nord. Le pont Turcot a son campanile en façade et surtout été dessiné par l'ingénieur belge Gérard Macquet, qui avait été embauché par les l'ancienne tour à boyaux qui fait référence Travaux publics provinciaux pour diriger la construction des ponts métalliques. à la fonction d'origine de l'édifice. A Fabriqué en Belgique par la Société anonyme internationale de construction et d'entreprises de travaux publics de Braine-le-Compte, le pont avait été envoyé en Huntingdon, on remarque le premier palais sections par bateau puis par train, pour être monté et riveté sur place. de justice qui servait également de bureau Le pont perdra d'ici quelques mois la vocation routière qu'il a assurée de façon fiable d'enregistrement, classé monument histo- depuis 110 ans, le ministère des Transports lui substituant un nouveau pont conforme rique en 1984. Dessiné par l'architecte aux standards modernes. Depuis 1991 et de façon plus intensive depuis un an, le montréalais John James Browne, l'édifice milieu se mobilise pour la sauvegarde de cet ouvrage de génie civil. Mais sa démoli- de style néo-classique en pierre de taille tion est à craindre si l'on ne trouve pas un nouveau propriétaire et les quelque a été construit en 1859-1860. Il se caracté- 250 000$ nécessaires à sa restauration. rise par une façade principale tripartite, Lisette Villemaire est porte-parole des Amis du pont Turcot. des fenêtres à guillotine, quatre chemi- nées d'angle et un lanternon central. 2 numéro quatre-vingt-quatre
Au XIX e siècle, les colons britanniques T a i l l é e , la pierre a servi de matériau ont érigé leurs maisons de ferme en brique, pour la construction des murs des édifices en bois ou en pierre. Klles sont générale- p u b l i c s , d e s m a i s o n s et d e s b â t i m e n t s m e n t é l o i g n é e s d u c h e m i n et e n t o u r é e s agricoles. Parmi les bâtiments d e ferme ou d ' a r b r e s m a t u r e s . La maison à l u c a r n e - d'habitation qui t é m o i g n e n t d'un savoir- pignon domine le paysage architectural. La faire et de pratiques locales, on note des lucarne-pignon est habituellement percée laiteries en pierre construites a u - d e s s u s d ' u n e fenêtre en plein cintre et généreu- d ' u n e source d'eau naturelle a l i m e n t a n t s e m e n t d é c o r é e d e boiseries. La b r i q u e un système d e canaux qui servait à refroi- est également présente dans la construc- dir le lait. Dans la région de Rockburn et tion d e s b â t i m e n t s d e f e r m e . E l l e e s t Franklin, on retrouve de petits bâtiments Près d u hameau de Bridgetown, sur la route utilisée pour la construction du premier appelés ash house. Construits en pierre, ils 202, les murets de pierre structurent la é t a g e du b â t i m e n t qui p r e n d a p p u i sur sont historiquement associés à la produc- trame agricole. une fondation d e pierre. tion de la potasse et servaient à l'entrepo- Photo: Hélène Nadeau sage des c e n d r e s d o m e s t i q u e s d u r a n t la p é r i o d e h i v e r n a l e . La potasse, o b t e n u e D u n d e e sont pour leur part e n t o u r é s par le lessivage des cendres de bois, était d ' i m m e n s e s pins rappelant les conifères utilisée dans la fabrication de détergents d e l'Ecosse natale d e s colons. Par leurs et d e savon. À l ' é p o q u e où l'Angleterre gestes et leur m o d e de vie, Écossais, produit à elle seule près de la moitié de Irlandais et Français ont façonné et mode- tous les tissus d e coton v e n d u s d a n s le lé les paysages du H a u t - S a i n t - L a u r e n t . monde, il lui faut de grandes quantités de Ces échanges culturels ont permis l'essor p o t a s s e p o u r n e t t o y e r e t b l a n c h i r les de styles architecturaux variés. fibres. Pour les colons, c'était là un com- Fière de son patrimoine, la M R C L e merce lucratif: entre 1810 et 1825, le baril Haut-Saint-Laurent a adhéré à l'automne d e p o t a s s e , qui r e p r é s e n t e le travail d e 1998 au réseau Villes et villages d'art et deux hommes en un mois, se vend entre d e p a t r i m o i n e . E l l e p r é v o i t a d o p t e r sa 3 5 $ et 6 0 $ . politique c u l t u r e l l e au p r i n t e m p s 2000, Dans le hameau de Rockburn, une église un levier important pour la conservation LE PAYSAGE RELIGIEUX et la mise en valeur des éléments qui par- presbytérienne construite en 1856. Églises et cimetières hérités de la colo- ticipent à la b e a u t é et à la mémoire des Photo: Hélène Nadeau nisation écossaise et irlandaise protestante paysages. p o n c t u e n t le paysage rural. L e s églises L A C O V E Y HILL, FRONTIÈRE CULTURELLE protestantes, éparpillées dans le paysage Hélène Nadeau est animatrice de Villes et La Covey Hill constitue le piémont des agricole, e n r i c h i s s e n t par leur e m p l a c e - villages d'art et de patrimoine p o u r la MRC Adirondacks; elle surplombe la vallée de la ment et leur style architectural le paysage Le Haut-Saint-Laurent. Châteauguay à une altitude de 342 mètres. culturel. La région compte 25 églises pro- Son n o m fait r é f é r e n c e à l ' A m é r i c a i n testantes. Parmi les plus remarquables, on S a m u e l C o v e y , l'un d e s p r e m i e r s à s'y n o t e l ' é g l i s e a n g l i c a n e St. P a u l (1848) établir. I m p l a n t é s le long du tracé d e la située dans le hameau de Herdman. T o u t e p r e m i è r e concession, d e la route 202 et h u m b l e à l'extérieur, elle se révèle u n e du c h e m i n C o v e y Hill, des h a m e a u x œuvre d'art et métier à l'intérieur. L'église se d i s p e r s e n t r é g u l i è r e m e n t . Q u e l q u e s - presbytérienne St. Andrew (1904), située uns de ces h a m e a u x , tels H e r d m a n , dans la ville de H u n t i n g d o n , est u n i q u e Rockburn, Bridgetown et Franklin, abri- par son s t y l e p i t t o r e s q u e r o m a n t i q u e . tent de véritables joyaux architecturaux. C o n s t r u i t e en pierre, elle est a b o n d a m - 'Ferre d'accueil d'immigrants irlandais m e n t éclairée à l'intérieur grâce à de et écossais et d e q u e l q u e s Américains, la m a g n i f i q u e s vitraux à motifs g é o m é t r i - région a hérité d'un patrimoine architectu- q u e s ou q u i i l l u s t r e n t d e n o m b r e u s e s ral distinctif. L e s paysages d e la colline scènes liturgiques. traduisent la nature du sol, très rocailleux, L e s c i m e t i è r e s familiaux associés au qui a motivé l'utilisation de la pierre. Dès p r o t e s t a n t i s m e c o n s t i t u e n t d e touchants la seconde moitié du XIX e siècle, les culti- jardins spirituels. Souvent entourés de vateurs de cette région ont établi de m u r e t s d e p i e r r e , ils sont n o m b r e u x le superbes vergers. Les pierres retirées des l o n g d e s r o u t e s 202 et d e la p r e m i è r e c h a m p s ont é t é e m p i l é e s en m u r e t s qui c o n c e s s i o n , d a n s les m u n i c i p a l i t é s d e Un alignement de maisons rue Prince à structurent la trame agricole et témoignent Hinchinbrooke, Franklin et Havelock. Huntingdon. d'un long processus de conquête du sol. Fait à n o t e r , les c i m e t i è r e s écossais d e Photo : René Derome numéro quatre-vingt-quatre u.
Salaberry -de- Valleyfield / Saint-Étienne- de-Beauhamois Lac Saint-Louis- Saint-François de-Gonzague ^^^Saint-Anicet ainl-Chry 2 f *«HEVY _§»u^|nè»ujfl.Dunuuiu NEW YORK (E-U) 0 Réserve nationale de faune du lac Saint-François £ Église St. Paul de Ormstown, église presbytérienne de 3£ Site archéologique Droulers Ormstown, église anglicane St. James 3 Église de Saint-Anicet, parc Jules et Paul-Émile Léger 12 Site de la Bataille de la Châteauguay £ Ancien village LaGuerre £ Pont Turcot, église presbytérienne Georgetown S Édifice de comté et Bureau de la publicité des droits, 14 Église Unie de Howick, école modèle de Howick église presbytérienne St-Andrew, église anglicane 15 Édifice municipal de Saint-Chrysostome St. John, église Unie de Huntingdon 18 Édifice municipal de Havelock £ Hameau Athelstan £ Franklin Centre 0 Pont couvert Percy de Powerscourt £ Hameau de Bridgetown 8 Grange ronde 1 f Hameau de Rockburn I Reserve écologique du Boisé-des-Muirs 20 Hameau de Herdman 10 Hameau de Dewittville H ht > B i.a GitHxdthutiH/nonicL MRC Mœ acuity Salnt-yïuu+en
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