LE RECENSEMENT ADMINISTRATIF ET LE FICHIER ELECTORAL - Par Monsieur Clément MIERASSA Président du Parti Social Démocrate Congolais (PSDC)

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LE RECENSEMENT ADMINISTRATIF ET LE
         FICHIER ELECTORAL
           Par Monsieur
         Clément MIERASSA
 Président du Parti Social Démocrate
          Congolais (PSDC)

                              Novembre 2011
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INTRODUCTION
          L’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes est au centre du débat électoral de
la classe politique congolaise en général et particulièrement de l’opposition congolaise.

Un accent tout à fait particulier est mis sur la maitrise du corps électoral, l’élaboration des listes électorales et
dans la mise en place du fichier électoral.

          De ce point de vue, il sied de rappeler qu’un aspect régulièrement soulevé par les acteurs politiques
est celui de la mise en place d’une Commission Electorale Nationale Indépendante.

          A ce propos, il semble important de souligner avec force que tout le monde s’accorde à dire que les
élections de 1992 ont été libres, démocratiques et transparentes et qu’elles ont été organisées par un organe
indépendant. Aujourd’hui, le Ministère de l’Intérieur a lancé la réalisation du recensement administratif.
Pourtant plusieurs questions subsistent. Une grande partie de la population congolaise ne croit pas du tout à la
possibilité de tenir les élections libres, démocratiques et transparentes en 2012 à partir de cette opération.
Nous allons tenter dans la présente note de faire une analyse de cette situation.

I - LA REALISATION DU RECENSEMENT ADMINISTRATIF EST ELLE UNE
PREROGATIVE DU GOUVERNEMENT ?
         La réponse devrait pouvoir être oui. Mais dans la réalité on note comme dans la plupart des cas le non
respect des lois et règlements par le Gouvernement.

          En effet, les textes portant attributions du Ministère de l’Administration du Territoire ou de l’Intérieur
à l’instar du décret n° 2003/108 du 7 juillet 2003 et du décret 2009/394 du 13 octobre 2009 relatifs aux
attributions du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation chargent ce Département de préparer et
d’exécuter chaque année le Recensement Administratif. Nous disons chaque année.

         Dans la pratique, ces textes n’ont jamais été appliqués. Il y a réalisation du Recensement Administratif
en 2001 à l’approche des élections de 2002. Ensuite plus rein. A ce propos il n’est pas anodin de rappeler qu’à
cette période, il s’agissait de transformer la victoire militaire en victoire politique.

    Et maintenant en 2011, à l’approche des élections législatives de 2.012 et locales de 2013, le
Gouvernement ressort les textes et déclare haut et fort qu’il faut les appliquer. Pourquoi tout d’un coup ce
Gouvernement donne l’impression de découvrir l’existence de ces derniers. La raison est simple et toute
trouvée : Il y a les élections législatives en 2012 et locales en 2013. C’est pourquoi il est intéressant de
rechercher à comprendre cette situation préoccupante à plusieurs points de vue..

II - ANALYSE DE LA STRATEGIE MISE EN PLACE
         Quand on analyse les choses, on peut se rendre compte que la stratégie a été mise en place au sortir
de la guerre de juin 1997. Elle a consisté en :

Premier acte : invalidation des résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 1996. Ceci
par le Gouvernement. La raison évoquée semble être que l’on a gonflé les données dans les zones favorables
au Président LISSOUBA et sous-estimé ailleurs.

Deuxième acte : réalisation en 2001 du Recensement Administratif, opération qui se justifie d’une part par
l’invalidation des données du Recensement Général de la Population de 1996 et d’autre part par la volonté de
transformer la victoire militaire en victoire politique.
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Troisième acte : vote par le Conseil National de Transition de la loi n°9-2001 du 10 décembre 2001 portant loi
électorale. L’une des caractéristiques de celle ci est la remise en cause de l’indépendance de la Commission
Nationale d’Organisation des Elections.

En effet :

    -     L’article 15 de cette loi stipule que :
                • La préparation des élections relève de la compétence du Ministère de l’Intérieur.
                • L’organisation et le suivi des différents scrutins incombent à la Commission Nationale
                     d’Organisation des Elections…
     - L’article 16 de la même loi est explicite. Selon celui-ci :
               • Les actes préparatoires des élections sont exécutés par l’administration, sous l’autorité du
   Ministère de l’Intérieur. Selon celui-ci l’administration est notamment chargée de l’établissement et
   l’affichage de listes électorales.
     - L’article 17 indique qu’il est crée une Commission Nationale d’Organisation des Elections qui a pour
          mission d’organiser les élections, d’en garantir la transparence et la régularité. A ce titre, elle est
          chargée notamment de vérifier les listes électorales.

        Tel qu’il apparait, la Commission Nationale d’Organisation des Elections ne devient qu’un simple
organe de supervision.

Il est important de signaler le contenu de l’article 7 de cette Loi qui dispose :

        ‘’ Les listes électorales sont établies par les autorités de chaque circonscription administrative ou de
chaque mission diplomatique à l’étranger. Elles sont permanentes et font l’objet d’une révision annuelle.
Toutefois, par arrêté du Ministre de l’Intérieur, il peut-être procédé à des révisions extraordinaires’’

Quatrième acte : sur la base des données issues du Recensement Administratif, réalisation des révisions
extraordinaires des listes électorales. Tenue des échéances électorales en 2002 : referendum constitutionnel,
élections présidentielle, législatives, locales et sénatoriales.

Cinquième acte : réalisation en 2007 du Recensement Général de la Population et de l’Habitat, opération qui
aurait du être réalisée logiquement avant 2007 pour la bonne tenue des échéances de cette année.

        Cette opération aurait dû d’ailleurs être réalisée en 2005. Ce qui aurait permis selon les
recommandations internationales de réaliser le prochain en 2015 c'est-à-dire un an avant l’échéance
présidentielle de 2016. Il semble que là, on est parti pour que le prochain recensement général de la
population et de l’habitat ait lieu en 2007 soit un an après l’élection présidentielle de 2016.

Sixième acte : tenue des élections législatives en 2007, locales et sénatoriales en 2008 et les présidentielles en
2009 avec le même constat : la non maitrise du corps électoral ;

Septième acte : 2010 : publication incomplète des résultats du Recensement Général de la Population et de
l’Habitat de 2007. Les résultats de cette importante opération par localités se font toujours attendre.

III - APPRECIATION DES RESULTATS DU RECENSEMENT ADMINISTRATIF DE
2001
    a) Analyse des données

   Pour mieux aborder cet aspect, il est intéressant de rapprocher les données issues du Recensement
Administratif de 2001 avec celles issues du Recensement Général de la Population de 2007.

Il suffit pour cela de se référer au tableau ci-dessous.
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Département                    Recensement Administratif      Recensement Général            Observations
                               de 2001                        de la Population de
                                                              2007

KOUILOU                                             79.578                      91.955

NIARI                                              186.705                     231.271

BOUENZA                                            247.282                     236.595       Chiffre 2001 supérieur à 2007

LEKOUMOU                                            73.832                      96.393

POOL                                               218.005                     231.271

PLATEAUX                                           229.817                     174.591
                                                                                             Chiffre 2001
CUVETTE                                            173.954                     156.044       supérieur à celui
CUVETTE OUEST                                       75.500                      72.999       de 2007
SANGHA                                              67.731                      85.738

LIKOUALA                                           134.922                     154.115

BRAZZAVILLE                                        961.281                   1.373.382

POINTE NOIRE                                       548.045                     715.334

TOTAL                                            3.026.826                   3.697.490

       Il apparait clairement que les départements des Plateaux, de la Cuvette Ouest et de la Cuvette Centrale
   sont plus peuplés en 2001 qu’en 2007 c’est à dire sept (7) ans auparavant.

       Ce qui constitue là un premier indice du gonflement des données par le Recensement d’Administratif de
   2001.

        b) Situation lors des élections législatives de 2007 et locales de 2008
                    Les données sur la population et le corps électoral se présentent de la manière suivante.

              Rubrique                      Referendum             Election Présidentielle        Elections Locales 2008
                                       Constitutionnel (janvier          mars 2002
                                                2002)

Population                                            2.974.413                 2.996.721                       3.784.670

Population théorique en âge de                        1.437.237                 1.448.016                       1.828.525
voter
                                                      (48,32 %)                  (48,32 %)                       (48,32 %)

Corps électoral donné par les                         1.701.415                 1.733.943                       2.277.144
5

organisateurs
                                                              (57 %)                       (58 %)                      (60%)

Ecart                                                        264.178                     285.927                     448.351

              Ce tableau permet de relever que :
        -     L’écart entre les données théoriques de la population en âge de voter et le corps électoral donné par
              les organisateurs s’accroit au fil des années et atteint 448.351 électeurs en juin 2008. Ce chiffre nous
              permettra (de savoir à quoi il a servi) de démontrer et de déduire le nombre réel de votants à
              l’Election Présidentielle.
        -     Le corps électoral aux élections locales de juin 2008 de 2.277.144 électeurs correspond plutôt à une
              population de 4.712.632 habitants environ, chiffre de projection de la population du Congo vers 2015.
        -     Le ratio corps électoral/population est pour toutes les élections supérieur à 55%, ce qui aurait
              tendance à remettre en cause la structure démographique de notre pays dans laquelle la population
              jeune est majoritaire et représente près de 52%.

        c)    Analyse de la situation de quelques Départements et communes à partir des données du
              Recensement Général de la Population de 2007

 N° d’ordre        Département ou             Population              Corps Electoral   Corps Electoral     Corps Electoral
                     Commune                                            Théorique       selon la DGAE      DGAE/ Population
                                                                                          juin 2008

1                Sangha                                  57.623                27.848             61.262               106 %

                 (hors Ouesso)

2                Plateaux                            174.617                   84.375         160. 601                   92 %

3                Likouala                            154.154                   74.488          103.994                   67 %

4                Cuvette                             156.136                   75.445          137.503                   88 %

5                Kouilou                                 90.006                44.458             61.480                 67 %

6                Ouesso                                  28.202                13.628             24.811                 88 %

7                Pointe Noire                        711.128                  343.638          465.128                   65 %

8                Brazzaville                       1.375.241             664.517        750.278                          52 %

        Il apparait clairement que le corps électoral est gonflé.

        Les cas les plus frappants sont ceux de la Sangha, des Plateaux, de la Cuvette Centrale, de Ouesso, de la
    Likouala et du Kouilou.

        d) Analyse de la situation des districts

    On peut scinder les districts en trois catégories.
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          -      La première comprend les districts dans lesquels le corps électoral en juin 2008 est supérieur à la
                 population selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2007.
                 La situation se présente ainsi que suit :

    N° d’ordre                Entité            Population selon le           Corps électoral selon les   Ratio corps électoral
                                                   RGPH 2007                    DGAE en juin 2008            population %

Département de la Sangha

1                   Mokeko                                      30.241                           31.062                  103 %

2                   Ngbala                                         4.614                          5.863                  106 %

3                   Pikounda                                       3.513                          5.415                  154 %

4                   Souanké                                        9.712                         11.573                  119 %

Département des Plateaux

5                   Abala                                       11.296                           19.484                 172,19

6                   Mbon                                           3.163                          3.320                 104,96

7                   Ollombo                                     21.277                           25.755                 121,05

8                   Ongogni                                     12.184                           15.222                 124,93

Département de la cuvette

9                   Boundji                                     16.033                           16.075                    100,3

10                  Ngoko                                          2.867                          3.881                     135

11                  Tchikapika                                     5.970                          8.423                     141

                 Il apparait clairement que le recensement administratif a gonflé les données de la population dans
                 cette catégorie de districts.
          -      La deuxième catégorie concerne les districts dans lesquels le corps électoral avoisine l’effectif de la
                 population. Le cas le plus frappant est celui de Mpouya où le corps électoral représente 99 % de la
                 population. Il suffit de se référer au tableau ci-dessous.

N°                     Entité                           Population selon       Corps      électoral   Ratio corps     électoral
                                                        le RGPH 2007           selon les DGAE juin    population %
d’ordre                                                                        2008

Département des Plateaux

1                      Allembe                                        4 640                    3940                        85 %

2                      Mpouya                                         9284                     9178                        99 %
7

3                  Makotipoko                                     18758                  16208              86,41 %

4                  Lékana                                         16762                  14406                86 %

Département du Kouilou

5                  Hinda                                          33023                  24428                74 %

6                  Mvouti                                         18105                  13816                76 %

            Département de la Cuvette

7                  Loukolela                                      21444                  15488                72 %

8                  Makoua                                         21930                  19596                89 %

9                  Mossaka                                        25644                  20458                80 %

10                 Ntokou                                          4075                   3465                85 %

11                 Owando                                         40207                  35541                88 %

12                 Oyo                                            17958                  14475                81 %

      Département de la Cuvette Ouest

                   Mbomo                                           7164                   4508                63 %

                   Okoyo                                          10010                   8047                80 %

           Département de Brazzaville

                   Ouenzé                                        182175                 128457                70 %

                   Talangaï                                      338470                 239006                 70%

           Département de Pointe Noire

                   Lumumba                                       108 972                 71190                65 %

                   Tié - tié                                    255 6232                192488                75 %

       -     La troisième catégorie comprend le reste des districts dans lesquels on relève des situations
             préoccupantes principalement dans le Kouilou, les Plateaux, la Cuvette Ouest et la Sangha.
       -
       e) Election présidentielle : Corps Electoral.

             L’on s’est rendu compte en juillet 2009 que l’on n’avait pas la maitrise du corps électoral.
             Celui-ci a été évalué tour à tour à :
8

              •    2.000.120 électeurs le 25 mai 2009, chiffre communiqué par le Ministre en charge des
                   élections au Corps Diplomatique ;
              •    2.228.558 électeurs, selon le fichier de juin 2009 ;
              •    2.200.000 électeurs, selon le chiffre communiqué par le Ministre en charge des élections le 9
                   juillet 2009.
              •    1.800.000 électeurs, selon le Président de la CONEL le 9 juillet 2009 ;
              •    2.078.802 électeurs, selon le Ministre en charge des élections lors de la publication des
                   résultats provisoires, le 15 juillet.

     Les divergences dans les chiffres communiqués en l’espace de deux jours par le responsable de la structure
chargée de l’exécution des actes préparatoires notamment l’établissement et l’affichage des listes électorales
et la structure chargée de vérifier les liste électorales, illustrent clairement qu’il y eu un problème. Celui-ci
ramène d’ailleurs à l’épineux problème de l’indépendance de la Commission Nationale Electorale.

    f)   Les résultats de l’Election Présidentielle.
                  La vérité par les chiffres vient mettre à nu et renforce ce qui a été évoqué plus haut sur le
         gonflement des données
                  .
         L’analyse de ces résultats fait ressortir que :
              • Le corps électoral de 2.078.802 électeurs correspond théoriquement selon la structure
                  démographique de notre pays à une population d’environ 4.330.838 habitants que le Congo
                  est censé atteindre en 2013
              • Les Plateaux et la Cuvette ont sensiblement le même corps électoral alors que leurs
                  populations sont respectivement de 174.617 et 156.136 habitants ;
              • Les corps électoraux des Plateaux et de la Cuvette sont nettement supérieurs à celui du Niari
                  (89.526 électeurs) pour une population de 231.297habitants ;
              • Le corps électoral de la Likouala (86.461) qui a une population de 154.154 habitants est très
                  proche de celui du Niari qui a une population de 231.297 habitants
              • Le Kouilou avec une population de 92.006 habitants à un corps électoral de 63.232 électeurs
                  largement supérieur à celui de la Lékoumou (34.164 électeurs) qui a une population de
                  96.424 habitants.

        Cette remarque est aussi valable pour la Cuvette Ouest qui a une population de 73.011 habitants et un
corps électoral de 42.284 électeurs et pour la Sangha qui a un corps électoral de 58.461 électeurs et une
population de 85.434 habitants.

Par ailleurs, il faut signaler que :

               • Le corps électoral de Pointe Noire est de 495.146 électeurs correspond à une population
                 d’environ 1.031.554 habitants qui est loin d’être celle de cette ville qui en 2007 ne comptait
                 que 711.128 habitants.
               • Cette remarque demeure valable pour l’ensemble des départements du pays
                 particulièrement Brazzaville, le Kouilou, les Plateaux, la Cuvette Centrale, la Cuvette Ouest et
                 la Likouala.

IV - LE DECOUPAGE ELECTORAL
         Le découpage électoral s’est fait en 1992 sur des critères clairs, justes et équitables pour l’ensemble de
structures administratives de notre pays.

La loi n° 9-2001 du 10 décembre 2001 portant loi électorale a radicalement changé les choses. L’article 54 de ce
texte dispose ce qui suit :
9

   "Le nombre de sièges à l’Assemblée Nationale est fixé à 137. Un décret pris en Conseil des Ministres détermine
   les différentes circonscriptions électorales".

   Ce texte a introduit dans la réalité beaucoup d’injustice.

              Le constat fait est que beaucoup de circonscriptions vont disparaitre dans la partie sud du pays.

              Il va avoir une augmentation de celles-ci dans la partie nord du pays.

       L’on se rend compte que l’on a choisi d’ignorer le poids démographique universellement reconnu dans
   tout découpage électoral.

       •      Ainsi pour exemple, dans le département de la Likouala, Epena qui a 17.499 habitants a deux
              circonscriptions, Dongou avec 19.365 habitants, Enyelle avec 21.193 habitants et Bétou 29.736
              habitants n’en compte qu’une chacun.
       •      Comment expliquer que d’une part Mvouti avec 18.084 habitants, Ollombo avec 21.272 habitants,
              Ewo avec 20.195 habitants aient chacun 2 circonscriptions comme Mindouli qui a 53.984 habitants et
              d’autre part que Kinkala avec 34.815 habitants, Ngabé avec 30.091 habitants, Mouyondzi avec 36.815
              habitant, Madingou avec 62.800 habitants, Nkayi avec 71.620 habitants, Loudima avec 32.775
              habitants n’aient qu’une seule circonscription chacun.
              Le tableau ci-dessous, illustre cette situation.

              Découpage électoral de certaines localités (1992 et 2002)

Département et              Population RPGH       Nombre circonscriptions       Nombre circonscriptions            Observation
circonscription                                     de coupage 1992               de coupage 2002
                                  2007

   KOUILOU

    Hinda                        32.995                       3                             2                A perdu en 2002
                                                                                                             une circonscription
    Mvouti                       18.094                       2                             2

POINTE NOIRE

    Tié Tié                        P.M                        4                             3

     Niari

    Dolisie                      83.793                       3                             2

   Louvakou                      13.408                       3                             1

  BOUENZA

    Nkayi                        71.620                       2                             1                      Commune avec
                                                                                                                       deux
  Madingou                       62.800                       3                             1                     arrondissements

   Mfouati                       29.931                       2                             1                         A perdu 2
                                                                                                                  circonscriptions
   Loudima                       32.775                       2                             1
10

   Mouyondzi                    36.816                      3                            1

     POOL

     Kinkala                    34.608                      2                             1                     A perdu 1
                                                                                                             circonscription
    Mindouli                    53.584                      3                             2
                                                                                                                A perdu 2
  Goma tsé tsé                  15.615                      3                             1                 circonscriptions

   PLATEAUX

   Gamboma                      43.221                      1                            2

    Ollombo                     21.272                      1                            2

CUVETTE CENTRALE

    Mossaka                     25.636                      1                            2

 CUVETTE OUEST

      Ewo                       20.195                      1                            1

   LIKOUALA

     Epena                      17.499                      1                            2

  BRAZZAVILLE                 1.375.241                     5                             6                     A gagné 1
                                                                                                             circonscription

               LECONS A TIRER DU RECENSEMENT ADMINISTRATIF DE 2001

    Tout ce qui précède permet de relever un certain nombre de choses extrêmement importantes.
        • La première : C’est qu’il y a la volonté de gonfler les données de cette opération. Ce qui permet de
             dire avec le recul dans le temps que depuis 2002 aucune élection n’a été ni libre, ni transparente, ni
             régulière. Il faut cesser avec cette façon de faire.
        • La deuxième : C’est que l’on a voulu faire croire que tout cela était transparent. Lorsque des voix se
             sont élevées à un moment donné pour dire qu’il y avait constitution d’une réserve d’environ 500.000
             voix, on a crié au scandale et on a demandé de le démontrer. La démonstration a été faite de façon
             magistrale et on y a été fortement aidé par les résultats du recensement général de la population et
             de l’habitat de 2007 dans lequel nous trouvons par les calculs le chiffre de 448.351 électeurs en plus.
        • La troisième malgré cela, le Gouvernement est resté muet visiblement le dos au mur sans avoir le
             moindre argument pour justifier cette fraude massive et cette tricherie.
        • Quatrième : Est ce qu’il pouvait en être autrement lorsque l’on sait que le système est tenu de bout en
             bout par les membres du Parti au pouvoir à tous les niveaux, qui sont en réalité en mission du Parti.
             L’une des composantes de cette mission est de veiller et de tout mettre en œuvre pour conserver le
             pouvoir et y demeurer éternellement.
        • Cinquième : Le précédent de l’invalidation des résultats du Recensement Général de la Population et
             de l’Habitat de 1996 tout en faisant jurisprudence gêne le pouvoir actuel après l’apport et la
             démonstration du caractère scandaleux du Recensement Administratif de 2001.
11

        Le Gouvernement actuel devrait :
    -   invalider les résultats de cette opération qui porte atteinte à la crédibilité de ce pouvoir ;
    -   établir les responsabilités comme l’avait d’ailleurs envisagé le Président de la CONEL lorsqu’il avançait
        le 11 juillet 2009 que le corps électoral était de 1.800.000 électeurs ;
    -   sortir du laxisme et prendre des sanctions exemplaires à l’encontre des responsables de cette
        préoccupante situation.

    •   Sixième: il faut se rendre à l’évidence que la CONEL n’est pas indépendante, et que le Ministère de
        l’Intérieur n’est pas neutre.
        D’où la nécessité de mettre en place une Commission Nationale Electorale véritablement
        Indépendante chargée de la réalisation de toutes les opérations préélectorales et électorales ;
    •   Septième: il est plus qu’urgent et nécessaire de faire l’audit du fichier électoral, d’avoir un site
        contenant toutes les données relatives aux différentes élections depuis 1992 ;
    •   Huitième: cette situation entraîne la perte de crédibilité du Gouvernement. Plus grave, elle crée une
        crise de confiance, la méfiance entre les acteurs politiques, situation qui avait amené dans les années
        1996 et1997 la réalisation d’un Recensement Administratif spécial pour permettre aux acteurs
        politiques de régler de façon consensuelle des questions telle que la détermination du corps électoral
    •   Neuvième: le découpage électoral de 2002 fait sur la base des résultats du Recensement Administratif
        de 2001 crée beaucoup de frustrations et d’injustices. Il devrait constituer un point de l’ordre d du jour
        d’une rencontre entre pouvoir et opposition
    •   Dixième: le Gouvernement porte atteinte à l’indépendance de la statistique. Ce qui est une dérive très
        grave qu’il arrêter très rapidement.

V - LE   RECENSEMENT ADMINSTRATIF DE 2011 AU CENTRE DES
PREOCCUPATIONS DE LA SOCIETE CONGOLAISE
Tout ce qui vient d’être dit plus haut fait apparaitre que le Gouvernement a perdu sa crédibilité.

        1- il se refuse à reconnaître ce qui est évident pour tout le monde maintenant ; à savoir qu’il y a eu
volonté manifeste de fraude et de tricherie du Gouvernement depuis 2002 et qu’aucune élection organisée
depuis cette année n’a été ni libre, ni démocratique, ni transparente ;

        2- le Gouvernement veut se cacher pour ce problème derrière le fait que c’est l’une de ses
prérogatives et qu’il est tenu de respecter les lois et règlements de la République.

          Il faut être heureux de voir le Gouvernement évoquer ces aspects parce que tout simplement il passe
le clair de son temps à violer la Constitution sur laquelle son Chef a prêté serment.

        Comment comprendre et expliquer que le Gouvernement n’ait pas respecté ses propres textes qui
prévoient la réalisation d’un Recensement Administratif chaque année.

         La réalité est qu’il ne se préoccupe de l’exécution de cette opération qu’à l’approche des échéances
électorales comme en 2001 et maintenant.

          Nous savons été surpris des déclarations du Ministre de l’Intérieur qui essayait maladroitement de
justifier cela avec sa venue au Ministère. Malheureusement, cela ne tient par parce qu’il y a la notion de la
continuité de l’Etat.

         Il faut le dire clairement. Avec la crise de confiance qui règne actuellement ; très peu de Congolais
croient en la capacité de ce gouvernement d’organiser une opération neutre, qui puisse permettre l’extraction
d’un corps électoral qui garantira la tenue d’une élection libre démocratique et transparente.

         Il faut clairement souligner que le Recensement Administratif dont l’objectif classique est de mettre à
jour les monographies, est une opération que doivent chaque année effectuer les autorités sous-préfectorales
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sans nécessiter ni donner lieu à la mise en place par le Gouvernement d’une Commission Nationale, et des
centres de traitement des données spéciaux souvent budgétivores.

        Pour une bonne partie de l’opinion congolaise, il s’agit d’un Recensement Administratif Spécial
déguisé en vue d’en extraire comme à l’accoutumée, un corps électoral à l’avantage du pouvoir et de procéder
aux mêmes fins, à un nouveau découpage électoral.

Ce qui signifie bien sûr, que selon cette vision, les élections de 2012 ne seront ni libres, ni démocratiques, ni
transparentes.

VI – CONCLUSION
        Le refus par le pouvoir d’organiser un dialogue politique entre tous les acteurs de la vie politique
nationale crée un climat de méfiance entre ceux-ci qui n’est pas de nature à convaincre les Congolais sur la
volonté politique des Gouvernants actuels d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes.

         Le passé récent a fait perdre toute crédibilité à ce Gouvernement.

         La position clairement affichée de ne pas mettre place une Commission Electorale Nationale
véritablement Indépendante aggrave le malaise.

         Le peuple congolais n’est pas dupe et il connaît les véritables intentions du pouvoir en place.

C’est pour cela qu’il est plus qu’urgent de :

        1- tenir une Concertation Nationale qui aurait pour entre autre objectif de créer un climat de
confiance entre les Congolais ;

         2- mettre en place une Commission Electorale Nationale véritablement Indépendante.
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