LES CANCERS EN FRANCE EN 2016 L'ESSENTIEL DES FAITS ET CHIFFRES
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LES CANCERS EN FRANCE EN 2016 L’ESSENTIEL DES FAITS ET CHIFFRES
Ce document a pour objectif de préciser les principaux faits et chiffres issus du rapport « Les cancers en France – Édition 2016 ». Au-delà des données générales sur les cancers, il offre une synthèse sur la généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus et sur la cigarette électronique, et retrace les faits marquants de l’année. 2
LES CANCERS EN FRANCE 1/ DONNÉES GÉNÉRALES DISPONIBLES 3
UN TAUX D’INCIDENCE QUI BAISSE OU QUI TEND À SE STABILISER DEPUIS 2005 Chez les hommes Chez les femmes Baisse de 1,3 % par an Ralentissement de la entre 2005 et 2012, liée à la baisse progression : + 0,2 % par an de l’incidence du cancer de la prostate [1] entre 2005 et 2012 au lieu de + 1,6 % entre 1980 et 2005, lié à la baisse de l’incidence du cancer du sein [1] PRÉCISIONS Taux d’incidence : nombre de cas pour 100 000 personnes/an standardisé sur la structure d’âge de la population mondiale (TSM). Ces chiffres permettent des comparaisons entre pays ou dans le temps en s’affranchissant des particularités des populations nationales, notamment leur augmentation et leur vieillissement. Entre 2005 et 2012, la proportion (TSM) d’hommes qui développent un cancer a diminué ; celle des femmes s’est stabilisée. 385 000 NOUVEAUX CAS DE CANCERS ESTIMÉS EN 2015 EN FRANCE MÉTROPOLITAINE Chez les hommes Chez les femmes 211 000 nouveaux cas* 174 000 nouveaux cas* Majoritairement représentés par Le cancer du sein reste de loin le plus les cancers de la prostate, du poumon fréquent devant les cancers du côlon- et du côlon-rectum rectum et du poumon. TSM : 362,4 pour 100 000 [2] TSM : 272,6 pour 100 0000 [2] Âge médian au diagnostic : 68 ans Âge médian au diagnostic : 67 ans PRÉCISIONS Les cancers de la peau, autres que mélanomes, sont exclus. Seules les tumeurs invasives sont considérées. 4
LES CANCERS EN FRANCE UN TAUX DE MORTALITÉ PAR CANCER QUI BAISSE Chez les hommes Chez les femmes Baisse de 1,5 % par an Baisse de 1 % par an entre 1980 et 2012 entre 1980 et 2012 (-2,9 % entre 2005 et 2012) [1] (-1,4 % entre 2005 et 2012) [1] PRÉCISIONS Taux de mortalité : nombre de cas pour 100 000 personnes/an standardisé sur la structure d’âge de la population mondiale (TSM). Ces chiffres permettent des comparaisons entre pays ou dans le temps en s’affranchissant des particularités des populations nationales, notamment leur augmentation et leur vieillissement. Entre 1980 et 2012, la proportion (TSM) des personnes qui décèdent d’un cancer a diminué chez l’homme et la femme. 149 500 DÉCÈS PAR CANCERS ESTIMÉS EN 2015 EN FRANCE MÉTROPOLITAINE Chez les hommes Chez les femmes 84 000 décès* 65 000 décès* Le cancer du poumon est toujours Le cancer du sein est toujours en tête au 1er rang, devant les cancers du suivi de près par le cancer du poumon, côlon-rectum et de la prostate. devant le cancer du côlon-rectum. TSM : 124,0 pour 100 000 [2] TSM : 72,9 pour 100 000 [2] Âge médian au décès : 73 ans Âge médian au décès : 77 ans *L es hypothèses de projection adoptées pour chaque cancer conduisent à prédire, entre 2011 et 2015, et tous cancers confondus, une stabilisation du taux d’incidence standardisé chez l’homme, une augmentation de ce taux chez la femme, et une diminution du taux de mortalité standardisé pour les deux sexes. Compte tenu des évolutions démographiques de la population française 1 (accroissement et vieillissement), ceci se traduit par une hausse du nombre de nouveaux cas de cancers pour chaque sexe et une stabilisation du nombre de décès par cancer. 1. Sur la période 2011-2015, la population de France métropolitaine a augmenté de 1,8 % (+ 1,8 % chez l’homme et + 1,7 % chez la femme), la part des 60 ans et plus de 8,3 % (+ 7,4 % chez la femme et + 9,4 % chez l’homme), et celle des 65 ans et plus de 12 % (+ 10 % chez la femme et + 14,7 % chez l’homme). 5
LES CANCERS EN FRANCE LA PRÉVALENCE TOTALE LE DÉPISTAGE DES CANCERS EN FRANCE Le dépistage organisé du cancer du sein MÉTROPOLITAINE ◗ Population éligible au programme de dépistage organisé : près de 10 millions de femmes âgées de 50 à 74 ans, Le nombre de personnes de 15 ans et plus en vie en 2008 soit 4 914 726 invitées en 2015. et ayant eu un cancer au cours de leur vie est de l’ordre ◗ Taux de participation : 51,5 % en 2015. de 3millions : 1 570 000 hommes, ◗ Taux de cancers détectés par le programme : 7,4 %0 femmes 1 412 000 femmes [3]. dépistées (soit 36 889 cas de cancers détectés) en 2013-2014. ◗ Part des cancers in situ détectés : 11,4 % chez les femmes ayant eu un dépistage initial et 15,2 % chez les femmes ayant eu un dépistage postérieur en 2013-2014. Le dépistage organisé du cancer colorectal ◗ Population éligible au programme de dépistage organisé : NOMBRE DE PERSONNES plus de 18 millions d’hommes et de femmes âgés de 50 à 74 ans tous les 2 ans. AYANT EU UN CANCER ◗ Taux de participation : 29,8 % en 2013-2014. La participation 3 MILLIONS : 1 570 000 HOMMES, est plus élevée chez les femmes que chez les hommes 1 412 000 FEMMES (31,5 % vs 27,9 %). ◗ Taux de cancers colorectaux détectés par le programme : 1,3%0 personnes dépistées (soit 6 211 cas de cancers détectés) en 2012-2013. LA RECHERCHE ◗ Taux d’adénomes avancés détectés par le programme : 3,3 %0 personnes dépistées (soit 16 059 cas d’adénomes avancés) en 2012-2013. ◗P rès de 48 000 patients ont été inclus dans les essais cliniques en cancérologie en 2015 (+ 122 % par rapport à 2008) dont 82 % dans des essais académiques. Le dépistage du cancer du col de l’utérus ◗ 158 millions d’euros ont été alloués à la recherche contre ◗ Population éligible au dépistage : 17 000 000 de femmes âgées les cancers en 2015 : de 25 à 65 ans tous les 3 ans. n 95,5 millions d’euros par les organismes institutionnels ◗ Taux de participation au dépistage : 61 % sur la période (INCa, ITMO Cancer-Aviesan) ; 2010-2013. n 37,8 millions d’euros par la Ligue nationale contre le cancer ; n 24,5 millions d’euros par la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. 48 000 PATIENTS SONT INCLUS DANS LES ESSAIS CLINIQUES 6
LES CANCERS EN FRANCE L’ORGANISATION DE L’OFFRE DE SOINS EN CANCÉROLOGIE Le dispositif d’autorisation ◗ Fin 2015, on compte 3 045 autorisations délivrées par les Agences régionales de santé (ARS) pour 928 établissements de santé autorisés à prendre en charge des patients atteints de cancers. Les effectifs des professionnels de la cancérologie en progression LES MÉTIERS DE LA Au 4 mars 2016, le Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) fait CANCÉROLOGIE EN apparaître des effectifs de : PROGRESSION ◗ 973 oncologues médicaux, en progression de 23 % par rapport à 2013 ; ◗ 860 radiothérapeutes, en progression de 10 % par rapport à 2013 ; 973 ONCOLOGUES ◗ 1 633 anatomopathologistes, en progression de 9 % par rapport à 2013. MÉDICAUX, PROGRESSION DE 23 % Les plateformes de génétique moléculaire DEPUIS 2013 ◗ 28 plateformes hospitalières sont réparties sur l’ensemble du territoire. ◗ 121 000 tests de génétique moléculaire ont été réalisés en 2015 pour 76 000 patients. 860 ◗ Cancers pour lesquels des biomarqueurs sont identifiés : sein, poumon, côlon, RADIOTHÉRAPEUTES, mélanome, leucémies. PROGRESSION DE 10 % L’oncogénétique DEPUIS 2013 ◗ Depuis 2003, le dispositif national d’oncogénétique (consultations et laboratoires) 1 633 ANATOMO- a permis d’identifier 56 670 personnes porteuses d’une mutation PATHOLOGISTES les prédisposant héréditairement à un risque très élevé de cancer. ◗ 139 sites de consultation sont répartis dans 94 villes. PROGRESSION DE 9 % ◗E ntre 2003 et 2015, le nombre de consultations a été multiplié par 5, passant DEPUIS 2013 de 12 696 à 63 618. ◗L e nombre de consultations liées aux cancers du sein et/ou de l’ovaire a progressé de 16 % entre 2014 et 2015, pour atteindre 45 430 consultations. Les outils du parcours de soins ◗8 85 739 dossiers sont enregistrés en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) par les réseaux régionaux de cancérologie (RRC) en 2015, soit trois fois plus qu’en 2005. ◗ 199 361 programmes personnalisés de soins (PPS) ont été remis aux patients en 2015 (deux fois plus qu’en 2011). 7
LES CANCERS EN FRANCE LES SOINS EN CANCÉROLOGIE L’activité globale hospitalière dans les établissements de Médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) ◗1 ,2 million de personnes ont été hospitalisées en lien avec le diagnostic, le traitement ou la surveillance d’un cancer en 2015, soit une augmentation de 7,3 % par rapport à 2010 (hors activité de radiothérapie dans le secteur privé libéral). 1,2 MILLION ◗ L’âge médian des personnes traitées pour cancer est de 68 ans chez les hommes et DE PERSONNES 65 ans chez les femmes. ◗ Près de 6,8 millions d’hospitalisations (séances et séjours) en lien avec le ONT ÉTÉ HOSPITALISÉES diagnostic, le traitement ou la surveillance d’un cancer (hors activité de EN LIEN AVEC radiothérapie en secteur privé libéral) ont été réalisées en 2015. LE DIAGNOSTIC, ◗ L’activité de cancérologie représente près d’un quart de l’activité hospitalière LE TRAITEMENT OU globale : 48,6 % des séances, 10,0 % des hospitalisations LA SURVEILLANCE ambulatoires et 13,4 % des hospitalisations complètes. D’UN CANCER EN 2015 La chirurgie pour cancer dans les établissements MCO ◗4 47 391 hospitalisations pour chirurgie de cancer ont été réalisées en 2015 (+8,5 % par rapport à 2010), soit 8,3 % de l’activité hospitalière totale en cancérologie (hors activité de radiothérapie dans le secteur privé libéral). ◗ 25,1 % de cette activité sont réalisés en ambulatoire (contre 16,6 % en 2010) majoritairement pour les tumeurs de la peau hors mélanome (60,0 %), suivies de loin par les cancers du sein (16,1 %) et du col de l’utérus (7,1 %). ◗E n chirurgie du cancer du sein, la chirurgie partielle (tumorectomie ou quadrantectomie) est plus de deux fois plus fréquente que les mastectomies totales : 52 700 hospitalisations pour mastectomie partielle en 2015 dont 30,4 % en ambulatoire (contre 21,8 % en 2014 et 15,0 % en 2013). Les traitements des cancers par chimiothérapie dans les établissements MCO L’ACTIVITÉ DE ◗2 405 252 séances et 253 815 séjours de chimiothérapie ont été CANCÉROLOGIE réalisés en 2015. REPRÉSENTE PRÈS ◗L ’activité de chimiothérapie (en termes de séances et de séjours) représente 39,0 % de l’activité hospitalière totale en cancérologie (hors activité de D’UN QUART radiothérapie du secteur privé libéral). DE L’ACTIVITÉ ’activité de chimiothérapie pour traitement de cancer est assurée à plus de 50 ◗L % HOSPITALIÈRE GLOBALE par les centres hospitaliers (28,9 % pour les CH et 22,5 % par les CHU-R), 28,3 % EN COURT SÉJOUR par des établissements privés commerciaux et 14,4 % par les Centres de lutte contre le cancer (CLCC). 8
LES CANCERS EN FRANCE Les traitements des cancers par radiothérapie dans le secteur public et le secteur libéral ◗ 204 471 personnes atteintes de cancer ont été traitées par radiothérapie en 2015 : 113 384 dans le secteur public (dont les CLCC et le secteur privé non commercial) et 91 087 dans le secteur libéral. ◗2 023 591 séances et séjours de traitement de cancer par radiothérapie ont été réalisés dans les établissements de santé du secteur public (dont 97,8 % sous forme de séances). 204 471 PERSONNES ATTEINTES DE CANCER Les dépenses des hospitalisations liées au cancer ONT ÉTÉ TRAITÉES PAR dans les établissements MCO sont en progression RADIOTHÉRAPIE ◗ 5,8 milliards d’euros de dépenses (hors séances de radiothérapie réalisées EN 2015 dans le secteur libéral et hors dépenses des anticancéreux facturés en sus des groupes homogènes de séjours (GHS) liées au diagnostic, au traitement ou au suivi des personnes atteintes de cancer). ◗ Près de 1,7 milliard d’euros (+ 6,2 % par rapport à 2014) de dépenses relatives aux molécules anticancéreuses facturées en sus des prestations d’hospitalisation de court séjour (dont 25,5 % pour le secteur privé commercial). ◗ Ces dépenses d’anticancéreux représentent 50,8 le secteur privé commercial. es thérapies ciblées représentent 48,0 ◗L % du coût total des molécules onéreuses remboursées en sus des GHS toutes pathologies confondues dans le secteur public (dont les CLCC et le secteur privé non commercial) et 83,1 % dans % des dépenses d’anticancéreux (inscrits € LES HOSPITALISATIONS sur la liste en sus) pour le secteur public et 73,3 % pour le secteur privé EN LIEN AVEC LE CANCER commercial. REPRÉSENTENT PRÈS DE 5,8 MILLIARDS D’EUROS DES DÉPENSES 9
LES CANCERS EN FRANCE L’IMPACT DE LA MALADIE SUR LA SITUATION PERSONNELLE ◗3 personnes sur 5 déclarent avoir conservé des séquelles deux ans après un 3 PERSONNES diagnostic de cancer. ◗ 8,5 % des personnes interrogées rapportent que, dans leur entourage, il leur est SUR 5 DÉCLARENT déjà arrivé d’être l’objet d’attitudes de rejet ou de discrimination liées directement AVOIR CONSERVÉ à leur maladie. DES SÉQUELLES ◗ La proportion des personnes atteintes de cancer considérées comme vivant en DEUX ANS APRÈS dessous du seuil de pauvreté passe de 20,9 % au moment du diagnostic en 2010 à UN DIAGNOSTIC 25,1 % deux ans après le diagnostic. DE CANCER ◗ La situation professionnelle des personnes avec un cancer se dégrade considéra- blement deux ans après le diagnostic : le taux d’emploi passe ainsi de 82 %à 61,3 % et le taux de chômage de 7 % à 11,1 % [4]. 8,5 % DES PERSONNES INTERROGÉES DISENT ÊTRE L’OBJET D’ATTITUDES DE REJET OU DE DISCRIMINATION LIÉES DIRECTEMENT À LEUR MALADIE Références bibliographiques [1] Binder-Foucard F, Belot A, Delafosse P, et al. Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012 - Partie 1 - Tumeurs solides. Programme partenarial Francim/HCL/InVS/INCa. Juillet 2013. [2] Leone N, Voirin N, Roche L, et al. Projection de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine en 2015. Programme partenarial Francim/HCL/InVS/INCa. Novembre 2015. [3] Colonna M, Mitton N, Grosclaude P. Estimation de la prévalence (partielle et totale) du cancer en France métropolitaine chez les 15 ans et plus en 2008. Programme partenarial Francim/HCL/InVS/INCa. Juillet 2014. [4] INCa. La vie deux ans après un diagnostic de cancer - De l’annonce à l’après-cancer. Collection Etat des lieux et des connaissances / Recherche mai 2014. 10
LES CANCERS EN FRANCE 2/ FOCUS SUR… La généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus L e cancer du col de l’utérus Pourtant, le CCU est le seul cancer pour PRÈS DE 3 000 CAS (CCU) est lié à l’infection per- lequel il existe : DE CANCER DU COL sistante par certains papillo- mavirus humains (HPV) dits l un examen de dépistage, le frottis cer- vico-utérin (FCU) - ou à l’avenir une DE L’UTÉRUS SONT oncogènes. Près de 3 000 cas de recherche directe de certains HPV - DIAGNOSTIQUÉS CCU sont diagnostiqués chaque année, qui permet à la fois de dépister les CHAQUE ANNÉE qui font suite à des lésions précancé- lésions précancéreuses et les cancers reuses beaucoup plus répandues, par- à un stade permettant plus facilement fois sources de traitement invasif. Ces la guérison ; lésions précancéreuses sont identifiées l et un vaccin contre le principal fac- chez plus de 30 000 femmes chaque teur de risque, le papillomavirus. année, mais beaucoup échappent actuellement à tout dépistage, principa- Le Plan cancer 2014-2019 porte un pro- lement dans les populations les plus gramme de santé publique dont l’objec- PLAN CANCER vulnérables. tif est de lutter contre les inégalités d’accès et de recours au dépistage du 2014-2019, Plus de 1 100 femmes meurent chaque cancer du col utérin en s’appuyant sur SON OBJECTIF EST année de ce cancer, l’un des seuls pour un programme national de dépistage DE RÉDUIRE L’INCIDENCE lequel le pronostic se dégrade en organisé (action 1.1). Son objectif est de ET LE NOMBRE France, avec un taux de survie à 5 ans après le diagnostic en diminution, et un réduire l’incidence et le nombre de décès par CCU de 30 % à 10 ans [1]. DE DÉCÈS PAR CANCER impact démontré du niveau socioéco- DU COL DE L’UTÉRUS nomique sur la mortalité. DE 30 % À 10 ANS 11
LES CANCERS EN FRANCE LES DONNÉES LES ÉPIDÉMIOLOGIQUES EXPÉRIMENTATIONS Incidence FRANÇAISES DE L’incidence du cancer invasif du col de formes évoluées, chez des patientes qui DÉPISTAGE ORGANISÉ l’utérus est en baisse régulière depuis le n’ont pas bénéficié au cours de leur vie début des années 1980 et est estimée à d’un suivi gynécologique [3]. En France, depuis le début des années 1990, 2 797 nouveaux cas pour l’année 2015, ce 3 sites correspondant à quatre départe- qui correspond à un taux d’incidence stan- La survie nette à 5 ans standardisée ments (Bas-Rhin, Haut-Rhin, Isère et Mar- dardisé à la population mondiale de 5,9 sur l’âge tend à se dégrader passant de tinique) ont mis en place des programmes cas pour 100 000 femmes [2]. L’incidence 68 % pour les cas diagnostiqués en 1989- pilotes de dépistage organisé (DO) des can- varie en fonction de l’âge au diagnostic, le 1993 à 62 % pour ceux diagnostiqués en cers du col utérin par FCU. En 2010, 6 nou- pic se situant autour de 40 ans [3]. 2005-2010. La diminution de la survie, veaux sites expérimentaux correspondant observée dans des pays où l’offre de à 9 départements (Allier, Cantal, Haute- Les données des séjours hospitaliers soins est satisfaisante, est paradoxale- Loire, Puy-de-Dôme, Cher, Indre-et-Loire, issues du PMSI indiquent que 32 179 ment attribuée à un recours plus impor- Maine-et-Loire, La Réunion, Val-de-Marne) femmes ont été hospitalisées pour le trai- tant au dépistage par un mécanisme de se sont inscrits dans une approche intégrée tement d’une pathologie précancéreuse sélection des cancers les moins agressifs. de lutte contre le CCU et ont mis en place du col utérin en 2011. Une part impor- Le dépistage permet non seulement des expérimentations de DO du CCU ainsi tante de ces lésions pouvant être traitées d’identifier et de reséquer les lésions que des actions innovantes en direction des en ambulatoire, le nombre total de dia- précancéreuses, mais également de femmes non suivies, des actions de préven- gnostics de lésions cervicales précancé- détecter des cancers à un stade précoce. tion et des actions d’éducation à la santé. reuses serait probablement supérieur [3]. Les cancers invasifs du col diagnostiqués Ces expérimentations ont été cofinancées bien que moins nombreux, comportent par l’Institut national du cancer, la Direc- Mortalité une proportion plus importante de can- tion générale de la santé (DGS) et la Caisse Le nombre de décès par CCU est égale- cers agressifs au développement rapide, nationale de l’assurance maladie des tra- ment en baisse régulière depuis les de cancers ayant échappé au dépistage vailleurs salariés (Cnamts). Elles cou- années 1980 et est estimé à 1 092 pour et de cancers avancés chez des femmes vraient 13,4 % de la population cible des l’année 2015, ce qui correspond à un non dépistées. Ces types de cancers dia- femmes de 25-65 ans. taux de mortalité, standardisé à la popu- gnostiqués sont de mauvais pronostic, ce lation mondiale de 1,7 décès pour qui explique la baisse de la survie [4]. L’organisation de ces expérimentations 100 000 femmes [2]. Les données de reposait sur l’invitation des femmes qui mortalité par âge montrent un premier Disparités géographiques et sociales ne se font pas spontanément dépister et pic à 51 ans [3]. On observe des disparités géogra- sur un recueil exhaustif des résultats de phiques marquées en termes d’inci- toutes les femmes de 25-65 ans ayant réa- Survie dence et de mortalité selon les régions ; lisé un dépistage par FCU (spontané ou Le CCU est un cancer de relativement les incidences observées et la mortalité après invitation). bon pronostic avec une survie nette stan- dans les départements d’outre-mer sont dardisée à 5 et 10 ans, respectivement de nettement supérieures à celles des Sur la période 2010-2012, 1,33 million de 65 % et 58 % pour les cas diagnostiqués départements de métropole, par femmes ont reçu une invitation à se faire en 1989-2010, avec cependant une forte exemple. Il existe également des dispa- dépister. À la suite des invitations et disparité selon l’âge de la patiente au rités importantes liées à des critères relances, Santé publique France a estimé diagnostic : la survie nette à 5 ans varie économiques ou sociaux. Ces disparités que le taux de couverture de dépistage de 82 % chez les femmes de 15-44 ans à sont partiellement à rattacher à l’insuf- sur trois ans (2010-2012) avait augmenté 35 % chez les femmes de plus de 75 ans fisance des pratiques de dépistage au de 13,2 points. Douze mois après avoir [4]. Les femmes les plus âgées ont une sein des populations défavorisées [3]. reçu une invitation ou une relance, près survie nette plus faible, ce qui peut être de 280 000 femmes ont réalisé un dépis- le résultat d’un diagnostic tardif, de tage qu’elles n’auraient probablement 12
LES CANCERS EN FRANCE Figure 1 : Nombre de femmes non participantes, taux de participation au dépistage spontané et poids dans la population cible du DO par sous-populations concernées par les stratégies de ciblage supplémentaire 8 000 000 Nombre total de femmes 80% 76,0% Nombre de femmes non participantes au dépistage CCU Taux de participation au dépistage individuel 7 000 000 70% 6 705 253 64,4% 6 000 000 60% 55,2% 52,3% 53,0% 5 000 000 51,0% 51,0% 50% 51,9% 41,4% 4 000 000 40% 3 198 406 3 000 000 30% 2 000 000 20% 1 557 092 1 221 394 1 000 000 775 938 748 961 10% 598 483 441 969 431 770 186 225 258 994 193 433 71 395 232 885 60 200 34 984 82 907 28 294 0% +50ans Femmes CMU-C ALD Diabète ALD ALD Sur-risque ALD Cancer Autres ALD Handicap enceintes Dépression institution % de la population cible 2,8% 9,0% 2,9% 1,3% 11,3% 48,2% 3,9% 0,5% 0,4% du DO (non participantes DI) Source : Généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus : étude médico-économique - Phase 1. Institut national du cancer [6] pas fait spontanément. Ces premiers résultats témoignent d’un impact positif LES FEMMES NON âgées entre 25 et 65 ans incluses) [6]. Les taux de non-participation au dépis- des expérimentations de DO, avec PARTICIPANTES ET tage augmentaient à partir de l’âge de notamment un gain significatif de cou- verture de dépistage grâce à la sollicita- LES POPULATIONS 50 ans, chez les femmes ayant un moindre recours au système de santé, tion de femmes peu ou pas dépistées [5]. VULNÉRABLES en affection longue durée (ALD), en invalidité et présentant des caractéris- L’Institut national du cancer a réalisé un Le Plan cancer 2014-2019 précise que le tiques socio-économiques défavorables. point d’étape des expérimentations sur programme national de DO du CCU Près de 60 % des femmes non partici- les premiers éléments d’activité des sites. devra surtout cibler les femmes ne réa- pantes résidaient dans un lieu identifié Cette analyse a permis de rendre compte lisant pas de dépistage du CCU et les comme défavorisé et 15 % étaient béné- des modalités mises en place par les sites, populations les plus vulnérables. ficiaires de la CMU-C. des actions initiées visant la réduction des inégalités, des actions d’information D’après une étude de l’Institut national Les données permettent d’estimer et de formation auprès de professionnels du cancer, près de 40 % des femmes quantitativement le nombre total de de santé et des difficultés/freins rencon- n’avaient réalisé aucun dépistage du femmes non participantes que le pro- trés. L’Institut national du cancer a for- CCU en 4 ans, sur la période 2010-2013 gramme organisé devra cibler et au sein mulé des premières propositions dans la (volet quantitatif de l’étude, réalisé à de cette population, d’apprécier le poids perspective de la généralisation au plan partir de l’échantillon généralisé des de chacun des sous-groupes. national du DO CCU [6]. bénéficiaires (EGB) ; 125 519 femmes 13
LES CANCERS EN FRANCE Préconisations de l’Institut national du cancer pour la généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus [7] Du fait des contraintes fortes de calendrier, des risques identifiés et des prérequis non satisfaits à ce jour pour le passage au test HPV en dépistage primaire en France (situation cible), l’Institut national du cancer préconise que le programme national de dépistage organisé (DO) du CCU se mette en place : LES PRÉCONISATIONS l en créant les conditions du passage à terme au test HPV en dépistage primaire, au travers : ln de son cahier des charges et des circuits d’information entre les professionnels de santé et DE L’INSTITUT NATIONAL ln acteurs impliqués ; du système d’information du programme (en cours d’élaboration) ; DU CANCER POUR ln des indicateurs d’impact et d’évaluation et des données à collecter ; de la généralisation du prélèvement en milieu liquide ; LA GÉNÉRALISATION DU DO ln ln de la mise en place du système d’assurance qualité intégrant le suivi des pratiques (dépistage, suivi, traitement) et de la qualité des prélèvements ; ln d’une amplification des actions de diversification des préleveurs (incitations, coopérations, etc.) ; ln du renforcement de l’implication du réseau des anatomocytopathologistes (y compris En 2016, l’Institut national du cancer a harmonisation des tarifications) ; évalué l’efficience de différentes moda- l en tenant compte à court terme de la hiérarchisation des stratégies de DO fondée sur le FCU : lités de DO en tenant compte des évolu- ln en cas de ressources limitées, invitations et relances en direction des femmes bénéficiaires de la tions attendues de la population cible en CMUc ne participant pas spontanément au dépistage dans l’intervalle recommandé ; ln puis extension rapide des invitations/relances à l’ensemble des femmes non spontanément termes d’âge et statut vaccinal anti-HPV participantes ; et de la démographie médicale, des alter- ln enfin, envoi lors de la relance de kits d’autoprélèvement vaginal permettant la recherche d’ADN natives possibles de prélèvement (auto- HPV afin d’identifier, parmi les femmes les plus réfractaires au dépistage, celles plus à risque de prélèvement) et d’analyse des tests [7]. CCU et de concentrer les moyens dans leur direction ; l en mettant en place les évaluations nécessaires afin : ln d’intégrer progressivement et efficacement les innovations technologiques attendues en L’histoire naturelle du CCU a été repro- dépistage du CCU dans un cadre organisé stabilisé ; duite par un modèle mathématique de ln de disposer d’une visibilité plus importante sur des problématiques peu explorées en population microsimulation et plusieurs stratégies générale ou en conditions réelles (qualité et performance des tests, reproductibilité, fourniture à une échelle industrielle, etc.) ainsi que sur leurs coûts de production, de façon à autoriser possibles de DO avec invitation des une négociation tarifaire qui permette de replacer leur niveau d’efficience en deçà des seuils femmes non participantes au dépistage généralement admis au plan international et qui les rende acceptables dans un contexte de ont été testées incluant différents tests ressources limitées et budgétaire contraint. (frottis cervico-utérin, test HPV, double marquage immuno-histochimique p16/ Ki67) et différents intervalles de dépis- Ainsi, d’après l’étude menée par l’Institut L’enjeu de la généralisation du DO CCU tage (3, 5 et 10 ans). national du cancer, les femmes de plus sera, pour atteindre les objectifs de de 50 ans non participantes au dépistage réduction des inégalités de santé portés Toutes les stratégies de DO permettent représentent moins de 40 % de la popu- par le Plan cancer, de proposer un d’améliorer la couverture du dépistage, lation cible du dépistage mais près de la dépistage à toutes les femmes avec des de diminuer l’incidence et la mortalité moitié des femmes non participantes modalités variant selon les besoins, et liée au CCU. Les réductions d’incidence (3,2 millions de femmes sur un total de de réduire les barrières du recours au et de mortalité étaient comprises entre 6,6 millions de femmes de 25 à 65 ans dépistage. 13 % et 26 % et les gains d’espérance de non participantes, figure 1). Parmi les vie de 35 à plus de 60 ans. La limitation 1,2 million de femmes bénéficiant de la du surdépistage, le DO par FCU triennal CMU-C, 598 483 n’ont pas participé au avec autoprélèvement HPV et le DO par dépistage, ce qui représente 9 % des test HPV tous les 5 ans étaient les stra- femmes non participantes. tégies les plus efficientes. L’étude a confirmé l’intérêt de déployer en France un programme de DO du CCU par FCU triennal puis à terme par test HPV tous les 5 ans et a conduit l’Institut national du cancer à formuler des pré- conisations de déploiement du pro- gramme (voir ci-dessus) [7]. 14
LES CANCERS EN FRANCE LES ÉTAPES DE Figure 2 : Calendrier et étapes de déploiement du Programme national de dépistage organisé du CCU PRÉFIGURATION ET DE TRANSITION VERS 2016 ■ ■ Lancement de l’étape préfiguration Désignation par les ARS d’un site régional préfigurateur LA GÉNÉRALISATION DU DO 2017 ■ ■ Étape de transition, montée en charge progressive du dispositif en régions Publication du cahier des charges national du programme (fin 2017) Le cahier des charges national du pro- gramme de DO sera publié fin 2017 pour une généralisation effective en 2018 2018 ■ Généralisation du programme au plan national (Figure 2) [8]. D’ici là, une étape de préfiguration de la généralisation a été lancée en 2016. Elle s’appuie sur des structures régionales de préfiguration désignée par les Agences L’année 2017 sera une étape de transi- l ettre en place des séances d’infor- m régionales de santé dans chaque région. tion entre la préfiguration et la généra- mation et de formation des profes- Les missions de ces structures régionales lisation du programme. Cette étape de sionnels de santé, en particulier les ont été précisées sur la base d’un cahier transition consistera à : professionnels de santé préleveurs ; des charges d’étape vers la généralisa- l poursuivre les missions de préfigura- l soutenir des projets d’intervention en tion préparé dans le cadre des travaux tion initiées en 2016 et relatives à la santé publique concernant la lutte du comité technique et de prospective mise en place du programme ; contre les inégalités sociales de santé du dépistage du CCU de l’Institut national l lancer des invitations en direction des et des stratégies intégrées de lutte du cancer [8]. femmes non participantes de la popu- contre le CCU (incluant la vaccination lation cible au niveau infrarégional ou anti-HPV). En 2016, les missions de préfiguration régional en suivant le schéma d’invi- à l’échelle régionale couvrent : tation progressif proposé ; l les prises de contact, la mise en place d’un réseau des cabinets d’anatomo- cytopathologie ainsi que la mise en place d’un réseau des professionnels de santé (gynécologues-obstétriciens, médecins généralistes, sages-femmes) ; Références bibliographiques l les prises de contacts avec les régimes [1] INCa. Plan Cancer 2014-2019. Collection Documents institutionnels / Plan cancer. Février 2015. [2] Leone N, Voirin N, Roche L, et al. Projection de l’incidence et de la mortalité par cancer en France et caisses d’assurance maladie en vue métropolitaine en 2015. Programme partenarial Francim/HCL/InVS/INCa. Novembre 2015. de conventions relatives aux échanges [3] INCa. Prévention et dépistage du cancer du col de l’utérus. Collection Fiches repère / Prévention. de fichiers ; Octobre 2013. l la définition de modalités de constitu- [4] Cowppli-Bony A, Uhry Z, Remontet L, et al. Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2013 - Partie 1 - Tumeurs solides. Programme partenarial Francim/HCL/ tion de la base de données population- InVS/INCa. Février 2016. nelle pour les invitations et les suivis [5] Duport N, Salines E, Grémy I. Premiers résultats de l’évaluation du programme expérimental de des personnes concernées (accords dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, France, 2010-2012. BEH. 2014 20/05/2014;13-14- CNIL, extraction et stockage des don- 15:228-33. [6] INCa. Généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus / étude médico-économique / nées en vue d’une utilisation ulté- Phase 1. Collection Appui à la décision / Dépistage et détection précoce. Janvier 2016. rieure, etc.). [7] INCa. Généralisation du dépistage du cancer du col de l’utérus / étude médico-économique / Phase 2. Collection Appui à la décision / Dépistage et détection précoce. Octobre 2016. [8] Instruction DGS/SP5/2016/166 du 25 mai 2016 relative aux modalités de désignation de structures régionales de préfiguration de la généralisation du dépistage organisé du cancer du col de l’utérus. 15
LES CANCERS EN FRANCE La cigarette électronique: une opportunité de réduire le nombre de cancers liés au tabac? L a cigarette électronique (e-ci- Figure 3 : Usage de cigarettes électroniques (expérimentation et usage occasionnel garette) est un dispositif per- et quotidien) selon le sexe et l’année parmi les 15-75 ans mettant d’inhaler de la vapeur Expérimentateur seulement 30% obtenue par chauffage d’une Utilisateur occassionnel solution liquide composée Utilisateur quotdien 3,5% principalement de propylène glycol, de 25% glycérol, d’arômes et le plus souvent de 4,0% 2,9% Proportion d'expérimentateurs et d'utilisateurs 3,2% nicotine. 1,2% 2,3% 3,0% 3,1% 20% 1,0% À la différence des cigarettes, elles ne 2,9% 2,0% contiennent pas de tabac, ne créent ni de 0,9% fumée ni de combustion. Bien que la nico- 15% tine soit addictive et, à très haute dose, néfaste pour la santé, la cigarette électro- nique ne contient pas le vaste cocktail de 21,9% 21,2% 10% 19,6% 19,3% produits chimiques cancérigènes trouvés 17,5% 17,5% dans le tabac combustible. Public Health England a estimé, dans un rapport publié 5% en 2015, qu’utiliser la cigarette électronique serait 95 % moins nocif que le tabac [1]. 0% L’utilisation exclusive de la cigarette élec- Hommes Hommes Femmes Femmes Ensemble Ensemble tronique en tant qu’alternative au tabac et 2014 2015 2014 2015 15-75 ans 15-75 ans 2014 2015 à l’acte de fumer pourrait représenter une Source : Baromètre cancer 2015 et baromètre santé 2014 [4, 5]. Traitement : INCa 2016. opportunité de réduire la consommation de tabac et ainsi le nombre de décès par cancers liés au tabac, estimé aujourd’hui en France à près de 45 000 cas [2]. LA PRÉVALENCE sateur occasionnel et quotidien) Au niveau européen, l’Euro-baromètre 2014 - enquête menée auprès de 27 460 DES UTILISATEURS concerne 4,0 % des 15-75 ans (5,2 % des hommes et 2,9 % des femmes, p < 0,01), personnes de plus de quinze ans et repar- DE CIGARETTES et la prévalence de l’usage quotidien est ties dans les 28 pays de l’Union euro- péenne - montre que 6 millions de ÉLECTRONIQUES de 3,0 % (4,0 % des hommes et 2,0 % des femmes, p < 0,05). fumeurs dans l’Union européenne ont EN FRANCE arrêté de fumer, et plus de 9 millions ont Par rapport aux résultats du baromètre réduit leur consommation de tabac fumé L’analyse des données du baromètre santé 2014, les niveaux d’expérimenta- avec la cigarette électronique. Parmi les cancer 2015 - enquête menée par télé- tion (25,6 % en 2014, p < 0,05) et d’usage utilisateurs de cigarettes électroniques, phone sur un échantillon représentatif actuel (5,9 % en 2014, p < 0,001) se 35 % ont arrêté de fumer du tabac, et 32 % de la population des 15-85 ans (n = 4 139) révèlent en baisse, tandis que l’usage en ont réduit leur consommation. De plus, résidant en France métropolitaine - quotidien apparaît stable [4, 5]. Par l’utilisation de la cigarette électronique montre qu’en 2015, 23,3 % des 15-75 ans conséquent, au sein des utilisateurs de au sein de l’Union européenne est large- déclarent avoir expérimenté la cigarette cigarette électronique, la part d’usagers ment confinée à la population de fumeurs électronique (26,3 % des hommes et quotidiens apparaît en forte hausse, (actuels et anciens), et est minimale chez 20,4 % des femmes, p < 0,001) (Figure 3) passant de 48,6 % en 2014 à 74,2 % en les non-fumeurs [3]. [4]. Son usage actuel (regroupant utili- 2015 (p < 0,001). 16
LES CANCERS EN FRANCE Figure 4 : Usage quotidien de cigarettes électroniques par tranche d’âge en 2014 et 2015 5% 2014 2015 4,3% 4,0% 4% 3,8% 3,7% Pourcentage d'utilisateurs quotidiens L’usage actuel a particulièrement baissé 3,1% parmi les femmes, passant de 5,2 % à 3% 2,9% 2,8% 2,7% 2,9 % (Figure 3). L’usage quotidien est stable quels que soient le sexe (Figure 3) 2,2% 2,1% et la tranche d’âge (Figure 4) en dehors 2% 1,8% des 65-75 ans pour lesquels on observe une augmentation significative (p < 0,05). Comme cela avait été observé en 2014, 1% 0,9% l’expérimentation de la cigarette électro- nique est beaucoup plus fréquente parmi les fumeurs (52,3 %) que parmi les non-fu- meurs (8,0 %, p < 0,001). Les utilisateurs de 0% 15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65-75 ans cigarettes électroniques actuels sont par Classes d'âge ailleurs 71 % à également fumer du tabac, Source : Baromètre cancer 2015 et baromètre santé 2014 [4, 5]. Traitement : INCa 2016. cette proportion se révélant en baisse significative relativement à 2014 (83 %, p < 0,05), la proportion d’ex-fumeurs au sein des utilisateurs de cigarettes électroniques telles que la revue Cochrane [7] et deux Figure 5 : Statut tabagique des ayant augmenté, passant de 15 % à 26 % essais comparatifs randomisés [8, 9]. Ces utilisateurs de cigarettes (p
LES CANCERS EN FRANCE UNE RÉDUCTION SIGNIFICATIVE DU de cigarettes électroniques et de tabac sélection des projets par un comité NOMBRE DE CIGARETTES dans la cohorte CONSTANCES, projet scientifique indépendant aura lieu en FUMÉES EST TOUTEFOIS coordonné par Marie Zins – Inserm ; février 2017. OBSERVÉE EN FAVEUR l le projet YEMI – Marketing et e-ciga- DE LA CIGARETTE rette : état des lieux et influences sur les jeunes. Projet coordonné par Véro- CONCLUSION ÉLECTRONIQUE AVEC nique Resgnier-Denois de l’institut de NICOTINE CONTRE LES Cancérologie Lucien Neuwirth - En France, l’utilisation de la cigarette élec- tronique enregistrée depuis 2012 ralentit, PATCHS. Centre Hygée. avec un marché moins dynamique en Le ministère de la Santé finance en 2016 2015 que les années précédentes [13]. dans le cadre du programme hospitalier L’expérimentation et l’usage actuel de la de recherche clinique (PHRC) un essai signalés à court et à moyen terme [11]. cigarette électronique sont en baisse randomisé en double aveugle, destiné à D’autres études sur l’efficacité et l’inno- entre 2014 et 2015, tandis que l’usage évaluer l’efficacité de la cigarette élec- cuité sont encore nécessaires pour ins- quotidien est stable à 3,0 %. Ces résultats tronique avec nicotine dans l’arrêt du crire la cigarette électronique dans semblent ainsi montrer d’une part que la tabac. l’arsenal médical pour l’arrêt du tabac, diffusion de la cigarette électronique a a indiqué la Haute Autorité de santé dans nettement ralenti, et d’autre part que son Les résultats de ces projets de recherche un avis paru en novembre 2015 [12]. Les utilisation est désormais majoritairement permettront de répondre aux questions recommandations en vigueur de la HAS quotidienne [4]. et de suivre les tendances relatives à sur le sevrage tabagique invitent les pro- l’usage de la cigarette électronique. fessionnels de santé à ne pas dissuader Il faut noter que la prévalence d’expé- De nombreux projets sur la cigarette les patients de son utilisation lorsque rimentation de la cigarette électronique électronique ont été déposés dans l’édi- celle-ci s’inscrit dans le cadre d’une diminue entre 2014 et 2015. Bien qu’il tion 2017 de l’appel à projet Priorité démarche d’arrêt complet du tabac. faille rester prudent concernant l’ana- Tabac, confirmant que la recherche en lyse de ces données, l’engouement pour France sur le sujet se développe. La LE FINANCEMENT DE LA RECHERCHE SUR LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE EN FRANCE Pour répondre aux nombreuses ques- tions en suspens sur les cigarettes électro- niques, l’Institut national du cancer par- ticipe au financement, avec les ministères de la Santé et de la Recherche dans ce domaine. Il s’agit notamment de répondre aux questions sur l’impact à long terme de l’usage de la cigarette électronique, les conséquences plus larges de la cigarette électronique en particulier sur les jeunes, et de mieux appréhender l’efficacité et de mieux comprendre les trajectoires d’arrêt du tabac des consommateurs de cigarette électronique. Deux projets ont été finan- L’EXPÉRIMENTATION ET L’USAGE ACTUEL cés dans le cadre de l’appel à projet prio- rité Tabac lancé en 2016 : DE LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE SONT l le projet cig-electra : étude longitudi- EN BAISSE ENTRE 2014 ET 2015, nale des trajectoires de consommation TANDIS QUE L’USAGE QUOTIDIEN EST STABLE À 3 % 18
LES CANCERS EN FRANCE 73 000 DÉCÈS PAR AN, EN FRANCE, SONT ATTRIBUABLES AU TABAC, DONT PLUS DE 60 % PAR CANCER la cigarette électronique devient moins prononcé auprès des personnes souhai- tant essayer d’arrêter de fumer du tabac. La multitude d’études et d’infor- mations sur la cigarette électronique, souvent contradictoires et de qualité scientifique variable [1, 6], et les nom- breuses questions auxquelles il faut par cancer) [2], l’effort engagé dans la lutte effet. L’augmentation récente de 15 % du encore répondre, pourraient conduire contre le tabagisme a été accru avec le prix du tabac à rouler, voie d’entrée des les fumeurs à être plus hésitants à l’uti- Programme national de réduction du taba- jeunes dans le tabagisme, va dans ce sens. liser comme moyen de substitution. gisme dont les objectifs sont très ambi- tieux, et qui comporte des mesures fortes Dans cet ensemble de mesures, la ciga- Sachant que la prévalence du tabagisme comme la mise en place du paquet neutre. rette électronique pourrait représenter, en 2015, parmi les 15-75 ans est de 34,6 % Cet effort doit être approfondi. Parmi les à terme, un moyen de sevrage supplé- et celle du tabagisme quotidien de 28,8 %, leviers pour réduire la consommation de mentaire pour aider les fumeurs qui et que 73 000 décès par an, en France, sont tabac, les augmentations de prix, rappro- décident d’arrêter ou de réduire leur attribuables au tabac (dont plus de 60 % chées et importantes ont démontré leur consommation. Références bibliographiques [1] P ublic Health England. E-cigarettes: an evidence update. Août 2015. [2] B onaldi C, Andriantafika F, Chyderiotis S, et al. Les décès attribuables au tabagisme en France. Dernières estimations et tendance, années 2000 à 2013. BEH. 2016;30-31:528-540. [3] Farsalinos KE, Poulas K, Voudris V, et al. Electronic cigarette use in the European Union: analysis of a representative sample of 27 460 Europeans from 28 countries. Addiction. 2016;111(11):2032-2040. [4] Andler R, Richard J, Guignard R, et al. Consommation de tabac et utilisation d’e-cigarette en France en 2015 : premiers résultats du Baromètre cancer 2015. BEH. 2016. [5] Guignard R, Beck F, Wilquin J-L, et al. La consommation de tabac en France et son évolution : résultats du Baromètre santé 2014. BEH. 2015;17-18:281-8. [6] HCSP. Avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique ou e-cigarette étendus en population générale. 22/02/2016 [7] McRobbie H, Bullen C, Hartmann-Boyce L, et al. Electronic cigarettes for smoking cessation and reduction. Cochrane Database of Systematic Reviews. 2014. [8] Bullen C, Howe C, Laugesen M, et al. Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial. The Lancet.382(9905):1629-1637. [9] Caponnetto P, Campagna D, Cibella F, et al. EffiCiency and Safety of an eLectronic cigAreTte (ECLAT) as Tobacco Cigarettes Substitute: A Prospective 12-Month Randomized Control Design Study. PLoS One. 2013;8(6):e66317. [10] Beard E, West R, Michie S, et al. Association between electronic cigarette use and changes in quit attempts, success of quit attempts, use of smoking cessation pharmacotherapy, and use of stop smoking services in England: time series analysis of population trends. BMJ. 2016;354. [11] Hartmann-Boyce J, McRobbie H, Bullen C, et al. Electronic cigarettes for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews. 2016. [12] Collège de la HAS. Avis N° 2015.0100/AC/SBPP du 4 novembre 2015 du collège de la Haute Autorité de santé sur la nécessité d’actualiser la recommandation de bonne pratique : « Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence en premier recours » (octobre 2014), suite au rapport sur la cigarette électronique du Public Health England. [13] Lermenier-Jeannet A. Tabagisme et arrêt du tabac en 2015. OFDT. Février 2016. 19
LES CANCERS EN FRANCE 3/ LES FAITS MARQUANTS Dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé de jan- L’ÉPIDÉMIOLOGIE vier 2016, la lutte contre le tabagisme est renforcée par l’instauration, à partir DES CANCERS de mai 2016, de paquets de cigarettes neutres, ayant tous la même forme, la La production et la publication de ces même taille, la même couleur et la données sont le résultat des actions du même typographie, sans aucun logo. programme de travail partenarial entre le réseau français des registres des can- Alcool cers Francim, le Service de biostatis- Deuxième cause de mortalité évitable tique des Hospices civils de Lyon (HCL), par cancer (15 000 décès par an ou 9,5 % Santé publique France et l’Institut natio- de la mortalité par cancer), la consom- nal du cancer (INCa) sur la durée du mation d’alcool en France reste en 2014 troisième Plan cancer 2014-2019. parmi les plus élevées d’Europe, avec 12 litres d’alcool pur par habitant de 15 L’édition 2016 est marquée par la publi- LES FACTEURS ans et plus (équivalent de 2,6 verres cation, pour la première fois en France, des données de survie nette à 15 ans des DE RISQUE standard par jour). personnes de moins de 75 ans diagnos- COMPORTEMENTAUX La Cour des comptes a conduit, en 2016, tiquées entre 1989 et 1998, ainsi que la une évaluation des politiques de lutte mise à disposition des données de mor- Tabac contre les consommations nocives d’al- talité par départements sur la période Le tabagisme tue près de 6 millions de cool. Ce rapport préconise d’agir plus 2011-2013. Cette édition présente égale- personnes chaque année dans le monde, efficacement sur la publicité, d’enca- ment la position de la France par rap- soit près de 10 % de la mortalité mon- drer davantage l’information sur les port aux autres pays en termes d’inci- diale, dont 600 000 par tabagisme passif. produits alcoolisés et le lobbying des dence, de mortalité et de survie nette En France, on estime que le tabac est milieux économiques, d’agir sur la fis- avec les dernières données récemment responsable de 73 000 décès en 2013, calité, et de rénover la législation sur les publiées. dont 45 000 par cancer. débits de boissons. 20
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