Les personnes séropositives ne souffrant d'aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace ne transmettent pas le VIH par voie ...

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CFS                                                                                           AUTRES GROUPEMENTS ET INSTITUTIONS

Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune
autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace
ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle

Pietro Vernazza a,                                                                                       prouvent pas qu’un TAR efficace empêche toute
                                          Après avoir pris connaissance des faits scienti-
Bernard Hirschel b,                                                                                      infection au VIH (en effet, il n’est pas possible de
                                          fiques, à la demande de la Commission d’ex-
Enos Bernasconi c,                                                                                       prouver la non-survenance d’un événement
                                          perts clinique et thérapie VIH et sida (CCT) de
Markus Flepp d                                                                                           certes improbable, mais théoriquement envisa-
                                          l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et
                                                                                                         geable). Reste que du point de vue de la CFS et des
Commission fédérale pour les pro-         après avoir longuement délibéré, la Commis-
                                                                                                         organisations concernées, les informations dis-
blèmes liés au sida (CFS), Commis-        sion fédérale pour les problèmes liés au sida
sion d’experts clinique et thérapie                                                                      ponibles à ce jour sont suffisantes pour justifier ce
                                          (CFS) arrive à la conclusion suivante:
VIH et sida de l’Office fédéral de la                                                                    message. La situation est comparable à celle de
santé publique (OFSP)                          Une personne séropositive ne souffrant
                                                                                                         1986, lorsqu’il a été communiqué publiquement
                                          d’aucune autre MST et suivant un traitement an-
a Prof. Dr méd., président de la                                                                         que le VIH ne se transmet pas par un baiser avec
                                          tirétroviral (TAR) avec une virémie entièrement
  Commission fédérale pour les                                                                           la langue. Si cette constatation n’a jamais pu être
  problèmes liés au sida (CFS) et res-    supprimée (condition désignée par «TAR effi-
                                                                                                         prouvée, plus de vingt années d’expérience du
  ponsable de la Division des mala-       cace» ci-après) ne transmet pas le VIH par voie
  dies infectieuses et de l’hygiène                                                                      VIH ont néanmoins permis d’étayer sa forte plau-
                                          sexuelle, c’est-à-dire qu’elle ne transmet pas le
  hospitalière de l’Hôpital cantonal                                                                     sibilité. Cependant, les faits et critères scienti-
  de St-Gall                              virus par le biais de contacts sexuels.
                                                                                                         fiques soutenant l’affirmation selon laquelle les
                                              Cette affirmation reste valable à condition
b Prof. Dr méd., membre de la                                                                            personnes séropositives ne souffrant d’aucune
  Commission d’experts clinique          que:
                                                                                                         autre MST et suivant un traitement antirétroviral
  et thérapie VIH et sida de l’OFSP et    – la personne séropositive applique le traite-
  responsable de l’unité VIH-SIDA                                                                        efficace ne transmettent pas le VIH par la voie
                                              ment antirétroviral à la lettre et soit suivie
  des Hôpitaux Universitaires de                                                                         sexuelle sont nettement plus favorables qu’en
  Genève                                      par un médecin traitant;
                                                                                                         1986. En conséquence, la CFS et les organisations
c Dr méd., membre de la Commis-           – la charge virale (CV) se situe en dessous du
                                                                                                         concernées sont d’avis que les informations dis-
  sion d’experts clinique et thérapie         seuil de détection depuis au moins six mois
  VIH et sida de l’OFSP et responsa-                                                                     ponibles actuellement sont suffisantes pour justi-
                                              (autrement dit: la virémie doit être suppri-
  ble de la Division des maladies in-                                                                    fier ce message.
  fectieuses de l’Ospedale Regionale          mée depuis au moins six mois);
                                                                                                              Il s’agit ici d’évaluer le risque de transmission
  Sede Civico à Lugano                    – la personne séropositive ne soit atteinte
                                                                                                         du virus lorsqu’une personne suivant un TAR ef-
d Dr méd., président de la Commis-            d’aucune autre infection sexuellement
                                                                                                         ficace a des rapports sexuels non protégés.
  sion d’experts clinique et thérapie         transmissible (MST).
  VIH et sida de l’OFSP et praticien
  spécialiste des maladies infec-                                                                        Données épidémiologiques
  tieuses et de la médecine interne
                                         Introduction                                                    Dans le cas de couples sérodifférents (une
                                         Une des tâches de la CFS consiste à rendre pu-                  personne VIH positive et une personne VIH
                                         blics les nouveaux éléments découverts sur le                   négative), le risque de transmission dépend de
                                         caractère infectieux des personnes séropositives                la charge virale de la personne séropositive [1]
                                         suivant un traitement antirétroviral à l’efficacité             (fig. 1).
                                         optimale. La CFS veut atténuer les craintes des                     Une étude longitudinale portant sur 393 cou-
                                         personnes séropositives et séronégatives afin de                ples hétérosexuels sérodifférents a montré qu’en
                                         permettre à une partie des quelque 17 000 per-                  quatorze années, aucun des partenaires n’a été
                                         sonnes séropositives vivant en Suisse d’avoir une               contaminé par une personne suivant un TAR,
                                         vie sexuelle quasi «normale».                                   alors que parmi les couples sans traitement,
                                                                                                         le taux cumulatif de transmission atteignait
                                         Bases scientifiques et évidences                                8,6% [2].
                                         Un «TAR efficace» désigne toujours un traitement                    Dans une autre étude longitudinale portant
                                         VIH qui rend indétectable et de manière stable la               sur 93 couples sérodifférents, parmi lesquels
                                         charge virale dans le sang (CV inférieure au seuil              41 partenaires séropositifs ont commencé un
Correspondance:                          de détection, moins de 40 copies/ml). Le TAR est                traitement, six personnes ont été infectées par le
CFS                                      réputé stable lorsque la CV se situe en dessous du              VIH; ces six partenaires étaient tous liés à une
Schwarztorstrasse 96
                                         seuil de détection depuis au moins six mois.                    personne ne suivant pas de traitement et dont la
CH-3007 Berne
Tél. 031 324 06 67                           La CFS est consciente que d’un point de vue                 charge virale dans le sang atteignait au moins
Fax 031 324 46 48                        strictement scientifique, les éléments médicaux                 1000 copies/ml [3].
sekretariat@ekaf.ch                      et biologiques disponibles à l’heure actuelle ne

                                         Bulletin des médecins suisses | Schweizerische Ärztezeitung | Bollettino dei medici svizzeri | 2008;89: 5        165
Editores Medicorum Helveticorum
CFS                                                                                                   AUTRES GROUPEMENTS ET INSTITUTIONS

                                                     Sur 62 couples sérodifférents ayant eu des re-              tion (primo-infection VIH). Plusieurs études dé-
                                                 lations sexuelles non protégées parce qu’ils dési-              montrent qu’un pourcentage élevé des infec-
                                                 raient un enfant (homme séropositif suivant un                  tions au VIH récentes est dû à un partenaire chez
                                                 TAR), aucune des femmes n’a été contaminée [4].                 qui la séropositivité a également été diagnosti-
                                                     La transmission du VIH de la mère à l’enfant                quée depuis peu [10–12].
                                                 dépend elle aussi de la charge virale maternelle et                 Les maladies sexuellement transmissibles
                                                 peut être évitée par le biais d’un TAR [5–8].                   aggravent le risque de transmission du VIH (en
                                                     Selon la San Francisco Men’s Health Study, l’in-            l’absence de TAR). Certains modèles mathé-
                                                 cidence du VIH dans les milieux homosexuels                     matiques démontrent que dans ce contexte, la
                                                 (HSH) entre 1994 et 1996 était de 0,12 (infec-                  syphilis notamment joue un rôle important sur
                                                 tions par couple). Le TAR est disponible depuis                 le plan épidémiologique [13].
                                                 1996. De 1996 à 1999, l’incidence du VIH a                          Quelques jours ou quelques semaines seule-
                                                 baissé à 0,048, bien que les hommes séropositifs                ment après l’interruption d’un traitement, la
                                                 n’aient de loin pas tous suivi de traitement [9].               charge virale augmente rapidement. Au moins
                                                     Le taux de transmission est nettement plus                  un cas de transmission durant cette période a été
                                                 important durant la première phase de l’infec-                  établi et publié [14].

                                                                                                                 Données biologiques
                        Figure 1                                                                                 Le traitement entraîne une diminution de la
                        Charge virale et risque de transmission.                                                 concentration de RNA VIH dans les sécrétions
                                                                                                                 génitales jusqu’à des valeurs non mesurables
                                                                                                                 [15–17].
                                                                                                                     En règle générale, la concentration de RNA
                                                                                                                 VIH détectée dans les sécrétions vaginales est in-
                                                                                                                 férieure à la charge constatée dans le sang; de
                                                                                                                 plus, elle n’est plus détectable dès lors que le TAR
                                                                                                                 produit son effet. La charge virale génitale aug-
                                                                                                                 mente en principe après celle de la charge virale
                                                                                                                 dans le sang [18].
                                                                                                                     Par contre, les génomes viraux associés aux
                                                                                                                 cellules peuvent encore être détectés dans les sé-
                                                                                                                 crétions génitales malgré l’application d’un TAR
                                                                                                                 [15, 19–21]. Cependant, il ne s’agit pas de virus
                                                                                                                 infectieux en soi. Les cellules séminales contami-
                                                                                                                 nées par le VIH ne renferment pas d’ADN circu-
                                                                                                                 laire à longue répétition terminale (LTR) signa-
                                                                                                                 lant que le virus s’y propage activement [22].
                                                                                                                     Le risque de transmission est lié à la concen-
                        Figure 2                                                                                 tration de RNA VIH dans le sperme: lorsque la
                        Charge RNA VIH dans le sperme et risque de transmission.                                 présence de RNA VIH n’est pas détectable, le
                                                                                                                 risque de transmission est quasiment nul [23]
                                                                                                                 (fig. 2). Si l’on se réfère à ces données biolo-
                                                                                                                 giques, un TAR efficace permet de diminuer le
                                                                                                                 risque de manière considérable.
                                                                                                                     Durant la phase de primo-infection au VIH,
                                                                                                                 la charge virale contenue dans les sécrétions
                                                                                                                 génitales augmente massivement [24], ce qui
                                                                                                                 explique le taux de transmission accru durant
                                                                                                                 cette phase précoce.
                                                                                                                     Une MST (urétrites, ulcères génitaux) accroît
                                                                                                                 la charge virale VIH dans les sécrétions génitales
                                                                                                                 (mais pas dans le sang) durant plusieurs se-
                                                                                                                 maines; par la suite, lorsque l’MST est traitée effi-
                                                                                                                 cacement, la virémie diminue [25]. La charge
                                                                                                                 virale dans le sperme peut néanmoins légère-
                                                                                                                 ment progresser même si la personne atteinte
                                                                                                                 d’une MST (urétrite) suit un TAR efficace. Cette

                                                 Bulletin des médecins suisses | Schweizerische Ärztezeitung | Bollettino dei medici svizzeri | 2008;89: 5       166
Editores Medicorum Helveticorum
CFS                                                                                    AUTRES GROUPEMENTS ET INSTITUTIONS

                                  progression reste très discrète et est nettement                tuent une menace pour la santé publique et dété-
                                  plus faible qu’en l’absence de traitement [26].                 riorent les perspectives de santé du patient. En
                                                                                                  conséquence, un TAR prescrit à titre préventif
                                  Conclusion                                                      n’est indiqué que dans des cas exceptionnels de
                                  Lorsque le TAR est efficace, aucun virus libre                  patients séropositifs très motivés. Il n’est donc
                                  n’est détectable ni dans le sang ni dans les sécré-             pas recommandé de convaincre un patient à sui-
                                  tions génitales. Toutes les données épidémiolo-                 vre une thérapie à titre «préventif».
                                  giques et biologiques indiquent que l’applica-
                                  tion conséquente d’un TAR permet d’exclure                      Signification pour les personnes séropositives
                                  tout risque important de transmission.                          ne souffrant d’aucune autre MST et suivant
                                      En cas de suppression totale de la charge vi-               un traitement antirétroviral efficace
                                  rale, le risque résiduel de transmettre le VIH lors             Les personnes séropositives ne souffrant d’au-
                                  de rapports sexuels sans préservatifs est nette-                cune autre MST et suivant un TAR efficace qui
                                  ment inférieur à 1:100 000.                                     vivent une relation stable et durable avec une
                                      Si le risque résiduel ne peut être exclu du                 personne VIH négative doivent savoir qu’elles ne
                                  point de vue scientifique, la CFS et les organisa-              mettent pas leur partenaire en danger tant
                                  tions concernées estiment néanmoins qu’il est                   qu’elles appliquent le TAR à la lettre et de ma-
                                  négligeable.                                                    nière conséquente, qu’elles sont régulièrement
                                                                                                  suivies par un médecin et qu’elles ne souffrent
                                  Importance et champ d’application                               pas d’autres infections sexuellement transmissi-
                                  du message selon lequel «les personnes                          bles (MST). Après avoir été informé et conseillé
                                  séropositives suivant un TAR efficace ne                        dans les détails, il appartient au partenaire séro-
                                  transmettent pas le VIH par voie sexuelle»                      négatif de décider si le couple sérodifférent doit
                                                                                                  renoncer ou non à toute autre mesure de protec-
                                  Signification pour les médecins                                 tion.
                                  Cette information vise à communiquer aux
                                  médecins traitants les critères permettant d’éta-               Signification pour les personnes
                                  blir si le patient séropositif est à risque de trans-           séropositives sans relation stable
                                  mettre ou non le virus par voie sexuelle. Le pa-                Les personnes séropositives qui suivent un TAR
                                  tient ne transmet pas le VIH par voie sexuelle à                efficace doivent savoir qu’elles ne transmettent
                                  condition que:                                                  pas le VIH par voie sexuelle tant qu’elles suivent
                                  – la personne séropositive suive le traitement                  le TAR à la lettre et de manière conséquente,
                                      antirétroviral (TAR) de manière conséquente                 qu’elles sont régulièrement suivies par un méde-
                                      et soit suivie régulièrement par son médecin                cin et qu’elles ne souffrent pas d’autres infec-
                                      traitant;                                                   tions sexuellement transmissibles (MST).
                                  – la charge virale (CV) se situe en dessous du
                                      seuil de détection depuis au moins six mois                 Importance pour la prévention du sida
                                      (autrement dit: la virémie doit être suppri-                Le message selon lequel «les personnes séroposi-
                                      mée depuis au moins six mois);                              tives suivant un TAR efficace ne transmettent pas
                                  – la personne séropositive ne soit atteinte d’au-               le VIH par voie sexuelle» ne modifie en rien la
                                      cune autre infection sexuellement transmis-                 stratégie de prévention appliquée en Suisse. En
                                      sible (MST).                                                effet, à l’exception des couples fidèles pour les-
                                                                                                  quels la séropositivité et l’efficacité du traite-
                                  Les indications médicales restent toujours absolu-              ment sont établies, les mesures de protection
                                  ment prioritaires pour prescrire un TAR selon les               usuelles sont à respecter en tout temps. Les per-
                                  recommandations thérapeutiques en vigueur. Il                   sonnes qui ne vivent pas une relation stable
                                  n’est pour l’heure pas souhaitable d’anticiper                  doivent avant tout se protéger elles-mêmes: une
                                  le début du traitement pour des «raisons pré-                   personne non infectée par le virus ne doit jamais
                                  ventives»: outre les coûts supplémentaires                      renoncer à se protéger lors d’une rencontre
                                  qu’engendrerait une telle anticipation, il n’est                sexuelle. Si elle se fie à ce que dit son partenaire
                                  pas certain que les personnes séropositives                     («je ne suis pas séropositif» ou «je suis un TAR
                                  soient suffisamment motivées pour suivre et                     efficace»), elle court le risque d’être infectée par
                                  appliquer à la lettre un traitement à long terme                le VIH, car elle n’a aucun moyen de vérifier cette
                                  sans indications médicales établies.                            affirmation. Dans ce genre de situation précisé-
                                      Les traitements interrompus et mal appliqués                ment, la responsabilité de sa propre santé ne
                                  risquent fort d’entraîner le développement de                   peut pas être déléguée à autrui.
                                  souches virales résistantes. En ce sens, ils consti-

                                  Bulletin des médecins suisses | Schweizerische Ärztezeitung | Bollettino dei medici svizzeri | 2008;89: 5      167
Editores Medicorum Helveticorum
CFS                                                                                    AUTRES GROUPEMENTS ET INSTITUTIONS

                                       Dans le cas d’une relation durable dont les                Au cours de l’entretien, le couple doit prendre
                                  partenaires sont sérodifférents (l’un est séroposi-             conscience qu’à partir du moment où il décide
                                  tif, l’autre séronégatif), la décision de renoncer              de renoncer à toute autre mesure de protection,
                                  ou non à toute mesure de protection incombe                     l’adhérence à la thérapie devient un sujet omni-
                                  au partenaire séronégatif. Car si, contre toute                 présent dans leur relation. De même, le couple
                                  attente, il devait y avoir transmission du VIH,                 doit comprendre qu’en raison de l’importance
                                  c’est lui qui subirait les conséquences d’une in-               des autres infections sexuellement transmissi-
                                  fection.                                                        bles, il doit définir des règles applicables aux
                                                                                                  contacts sexuels en dehors de la relation.
                                  Importance pour la jurisprudence                                    Les couples hétérosexuels qui décident de
                                  Les tribunaux devront tenir compte du fait que                  renoncer au préservatif doivent par ailleurs réflé-
                                  «les personnes séropositives ne souffrant d’au-                 chir aux moyens contraceptifs qu’ils veulent
                                  cune autre MST et suivant un TAR efficace ne                    appliquer ou au désir d’avoir un enfant. Ils de-
                                  transmettent pas le VIH par voie sexuelle»                      vront alors évaluer:
                                  lorsqu’elles évalueront le caractère répréhensible              – les éventuelles interactions entre les contra-
                                  d’une contamination au VIH. Du point de vue de                      ceptifs hormonaux et le TAR qui risquent
                                  la CFS, un contact sexuel non protégé entre une                     d’atténuer l’efficacité du contraceptif;
                                  personne séropositive ne souffrant d’aucune                     – la tératogénicité potentielle des substances
                                  autre MST et suivant un TAR efficace et une per-                    utilisées; concrètement, éviter l’agent Efavi-
                                  sonne séronégative ne répond aucunement aux                         renz s’ils désirent avoir un enfant.
                                  critères d’une tentative de propagation d’une
                                  maladie dangereuse au sens de l’art. 231 du Code                L’insémination avec lavage de sperme n’est
                                  pénal suisse (CP), ni à ceux d’une tentative de lé-             plus indiquée en présence d’un TAR efficace,
                                  sion corporelle grave selon les art. 122, 123 ou                lorsqu’elle a pour seul but d’éviter une transmis-
                                  125 CP.                                                         sion du VIH.
                                                                                                       L’entretien avec le médecin offre au couple
                                  Encadrement médical                                             sérodifférent la possibilité de poser ses questions.
                                  des patients suivant un TAR                                     Il doit également faire comprendre qu’il appar-
                                  Lors de la prochaine consultation, le médecin                   tient au partenaire non contaminé (et non au
                                  traitant abordera avec les patients suivant un                  partenaire séropositif!) de décider s’il veut re-
                                  TAR les conditions de l’«absence de caractère in-               noncer ou non au préservatif; l’entretien doit
                                  fectieux en cas de TAR efficace», et les conseillera            amener le couple à définir conjointement com-
                                  selon l’état actuel de leur relation. Le partenaire             ment il entend gérer l’adhérence, les contacts
                                  du patient doit être présent lors de cet entretien,             sexuels en dehors de la relation (risque d’MST)
                                  qui doit également porter sur la situation juri-                et, le cas échéant, le désir d’enfant. Le médecin
                                  dique actuelle.                                                 interrogera le patient sur le respect des règles
                                                                                                  définies à chaque fois qu’il vérifiera l’efficacité
                                  Contenu de l’entretien médical                                  du TAR.
                                  L’entretien avec le couple sérodifférent stable (les                 Les personnes séropositives ne souffrant
                                  deux partenaires doivent y participer) doit expli-              d’aucune autre MST et suivant un TAR efficace
                                  quer dans les détails à quelles conditions une                  qui n’ont pas de partenaire fixe sont informées
                                  personne séropositive n’est plus infectieuse:                   par leur médecin traitant qu’elles «ne transmet-
                                  – la personne séropositive doit suivre l’ART de                 tent pas le VIH tant qu’elles suivent un TAR effi-
                                      manière conséquente et l’efficacité du traite-              cace». Cette information peut signifier un soula-
                                      ment doit être contrôlée à intervalles régu-                gement pour elles. De nombreuses études dé-
                                      liers par un médecin traitant (selon le proto-              montrent en effet que la peur de contaminer leur
                                      cole officiel de thérapie);                                 partenaire rend la vie sexuelle des personnes sé-
                                  – la charge virale (CV) doit se situer en dessous               ropositives difficile. Dans l’intérêt des personnes
                                      du seuil de détection depuis au moins six                   concernées, les médecins continueront néan-
                                      mois (autrement dit: la virémie doit être                   moins de leur recommander de se protéger (safer
                                      supprimée depuis au moins six mois);                        sex) lors des contacts sexuels anonymes et occa-
                                  – la personne séropositive ne doit être atteinte                sionnels afin de diminuer le risque d’autres MST.
                                      d’aucune autre infection sexuellement trans-                Selon la fréquence de ces contacts, il convient
                                      missible (MST).                                             d’effectuer régulièrement des contrôles et des

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Editores Medicorum Helveticorum
CFS                                                                                            AUTRES GROUPEMENTS ET INSTITUTIONS

                                          tests de dépistage pour d’autres MST. Les per-                  12 Brenner BG, Roger M, Routy JP, et al. High rates of
                                          sonnes concernées seront sensibilisées aux                         forward transmission events after acute/early HIV-1
                                                                                                             infection. J Infect Dis. 2007;195:951-9.
                                          symptômes que présentent les différentes MST.
                                                                                                          13 Chesson HW, Pinkerton SD. Sexually transmitted
                                              Des brochures* et des sites** internet sont à la               diseases and the increased risk for HIV transmis-
                                          disposition des médecins traitants, qui peuvent                    sion: implications for cost-effectiveness analyses of
                                          par ailleurs demander conseil aux services des                     sexually transmitted disease prevention interven-
                                          organisations de lutte contre le sida***. La CFS                   tions. J Acquir Immune Defic Syndr. 2000;24:48-56.

                                          leur recommande de recourir activement à ces                    14 Bernasconi E, Vernazza PL, Bernasconi A, Hirschel B.
                                                                                                             HIV transmission after suspension of highly active
                                          ressources.                                                        antiretroviral therapy. J Acquir Immune Defic
                                                                                                             Syndr. 2001;27:209.
                                          Références                                                      15 Vernazza PL, Troiani L, Flepp MJ, Cone RW,
                                                                                                             Schock J, Roth F, et al., and the Swiss HIV Cohort
                                           1 Quinn TC, Wawer MJ, Sewankambo N, et al. Viral
                                                                                                             Study. Potent antiretroviral treatment of HIV-infec-
                                             load and heterosexual transmission of human im-
                                                                                                             tion results in suppression of the seminal shedding
                                             munodeficiency virus type 1. Rakai Project Study
                                                                                                             of HIV. AIDS. 2000;14(2):117-21.
                                             Group [see comments]. N Engl J Med. 2000;342:
                                             921-9.                                                       16 Cu-Uvin S, Caliendo AM, Reinert S, et al. Effect of
                                                                                                             highly active antiretroviral therapy on cervico-
                                           2 Castilla J, del Romero J, Hernando V, Marincovich B,
                                                                                                             vaginal HIV-1 RNA. AIDS. 2000;14:415-21.
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                                             active antiretroviral therapy in reducing hetero-            17 Vettore MV, Schechter M, Melo MF, Boechat LJ,
                                             sexual transmission of HIV. J Acquir Immune Defic               Barroso PF. Genital HIV-1 viral load is correlated
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                                                                                                             women and is reduced by antiretroviral therapy.
                                           3 Melo M, Varella I, Nielsen K, Turella L, Santos B.
                                                                                                             J Infect. 2006;52:290-3.
                                             Demographic characteristics, sexual transmission
                                             and CD4 progression among heterosexual HIV-1                 18 Cu-Uvin S, Snyder B, Harwell JI, et al. Association
                                             serodiscordant couples followed in Porto Alegre,                between paired plasma and cervicovaginal lavage
                                             Brazil. 16th International AIDS Conference,                     fluid HIV-1 RNA levels during 36 months. J Acquir
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                                           4 Barreiro P, del Romero J, Leal M, et al. Natural preg-       19 Vernazza PL, Kashuba DM, Cohen MS. Biological
                                             nancies in HIV-serodiscordant couples receiving                 correlates of sexual transmission of HIV: practical
                                             successful antiretroviral therapy. J Acquir Immune              consequences and potential targets for public
                                             Defic Syndr. 2006;43:324-6.                                     health. Rev Med Microbiol. 2001;12:131-42.
                                           5 Garcia PM, Kalish LA, Pitt J, et al. Maternal levels of      20 Neely MN, Benning L, Xu J, et al. Cervical shedding
                                             plasma human immunodeficiency virus type 1                      of HIV-1 RNA among women with low levels of
                                             RNA and the risk of perinatal transmission. N Engl J            viremia while receiving highly active antiretroviral
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                                                                                                             44:38-42.
                                           6 Rousseau C, Nduati R, Richardson B, et al. Longitu-
                                             dinal analysis of human immunodeficiency virus               21 Kovacs A, Wasserman SS, Burns D, et al. Deter-
                                             type 1 RNA in breast milk and of its relationship to            minants of HIV-1 shedding in the genital tract of
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                                           7 Kilewo C, Karlsson K, Massawe A, et al. Prevention              HIV-1 disease in seminal cells of HIV-1-infected
                                             of mother-to-child transmission of HIV-1 through                men on suppressive HAART: latency without on-
                                             breastfeeding by treating mothers prophylactically              going cellular infections. AIDS. 2002;16:39-45.
                                             with triple antiretroviral therapy in Dar es Salaam,         23 Chakraborty H, Sen P, Pranab K, et al. Viral burden
                                             Tanzania – the MITRA PLUS study. 4th IAS Con-                   in genital secretions determines male-to-female
                                             ference, Sydney, July 2007. TUAX 101. 2007.                     sexual transmission of HIV-1: a probabilistic em-
                                           8 Arendt V. AMATA study: effectiveness of antiretro-              piric model. AIDS. 2001;15:621-7.
                                             viral therapy in breastfeeding mothers to prevent            24 Pilcher CD, Tien HC, Eron JJ, Jr., et al. Brief but effi-
                                             post-natal vertical transmission in Rwanda. 4th IAS             cient: acute HIV infection and the sexual transmis-
                                             Conference, Sydney, July 2007. TUAX 102. 2007.                  sion of HIV. J Infect Dis. 2004;189:1785-92.
                                           9 Porco TC, Martin JN, Page-Shafer KA, et al. Decline          25 Cohen MS, Hoffman IF, Royce RA, et al. Reduction
* «Séropositif – et maintenant?              in HIV infectivity following the introduction of                of concentration of HIV-1 in semen after treatment
  Pour les personnes qui viennent            highly active antiretroviral therapy. AIDS. 2004;               of urethritis: implications for prevention of sexual
  d’apprendre qu’elles sont infectées        18:81-8.                                                        transmission of HIV-1. Lancet. 1997;349:1868-73.
  par le VIH». Pour commander la
                                          10 Yerly S, Vora S, Rizzardi P, et al. Acute HIV infec-         26 Sadiq ST, Taylor S, Kaye S, et al. The effects of anti-
  brochure: Aide suisse contre le sida,
                                             tion: impact on the spread of HIV and transmission              retroviral therapy on HIV-1 RNA loads in seminal
  Konradstrasse 20, 8005 Zurich, tél.
                                             of drug resistance. AIDS. 2001;15:2287-92.                      plasma in HIV-positive patients with and without
  044 447 11 11. Téléchargement:
  www.aids.ch/shop/produkte/              11 Yerly S, Race E, Vora S, et al. HIV drug resistance             urethritis. AIDS. 2002;16:219-25.
  infomaterial/pdf/1048-02.pdf.              and molecular epidemiology in patients with
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** www.aids.ch.
                                             viruses and Opportunistic Infections, Chicago,
*** www.aids.ch/f/index.php.                 4–8 February 2001. Abstract 754.

                                          Bulletin des médecins suisses | Schweizerische Ärztezeitung | Bollettino dei medici svizzeri | 2008;89: 5              169
Editores Medicorum Helveticorum
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