Les responsabilités du Conseil d'administration - Nouvelle édition, 2016 Le paysage fiscal en mutation : aperçu des principaux développements
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
www.pwc.ch Les responsabilités du Conseil d’administration Nouvelle édition, 2016 Le paysage fiscal en mutation : aperçu des principaux développements
Avant-propos 3 1. Planification fiscale des groupes dans les médias : champ de tension entre droit, éthique et réputation 4 2. Organisation de la fonction fiscale : stratégie fiscale et gestion des risques fiscaux 6 3. Réforme de l’imposition des entreprises III : le point de la situation 8 4. Développements internationaux clés : les aspects essentiels 10 5. Transparence : déclaration pays par pays et échange spontané d’informations fiscales 12 6. Charge fiscale et provisions pour impôts : présentation des comptes et taux d’imposition du groupe 14 7. Impôts indirects : la responsabilité du Conseil d’administration 16 8. Glossaire 18 Vos interlocuteurs 20 2 Der Verwaltungsrat in der Pflicht
Avant-propos Le paysage fiscal international connaît une période de turbulences sans précédent, Chère lectrice, qui va laisser des traces profondes et durables. Les retombées de la crise financière cher lecteur, ont généré une tension croissante entre, d’une part, les exigences du public en ma- tière de transparence et d’équité fiscale et, d’autre part, une concurrence fiscale tou- jours plus forte. La Suisse comme place économique et ses entreprises se trouvent ainsi confrontées à de nouveaux défis. Sachant que la charge fiscale et le taux effectif d’imposition des multinationales sont devenus des indicateurs influençant l’image publique d’une entreprise en tant que « bon citoyen », les entreprises doivent repenser et adapter leur stratégie fiscale. Par voie de conséquence, les départements fiscaux devront également se réorienter et se restructurer pour maîtriser efficacement ces nouveaux défis, en étroite collabora- tion avec la direction et le Conseil d’administration. Cette brochure vous donne un aperçu des principaux développements en Suisse et internationaux susceptibles d’être importants pour votre entreprise dans le contexte des changements globaux. Nous y traitons des thèmes suivants : • Planification fiscale des groupes dans les médias : champ de tension entre droit, éthique et réputation • Organisation de la fonction fiscale : stratégie fiscale et gestion des risques fiscaux • Réforme de l’imposition des entreprises III : le point de la situation • Développements internationaux clés : les aspects essentiels • Transparence : déclaration pays par pays et échange spontané d’informations fiscales • Charge fiscale et provisions pour impôts : présentation des comptes et taux d’im- position du groupe • Impôts indirects : la responsabilité du Conseil d’administration En tant que société leader dans le conseil fiscal en Suisse, PwC participe activement au débat sur les développements actuels de la fiscalité et s’engage en faveur d’un système fiscal suisse attractif et accepté au niveau international. Vous trouverez en annexe de plus amples explications quant aux termes spécifiques employés dans cette brochure. En cas de questions sur le contenu de cette brochure ou sur d’autres thèmes de la fiscalité, nous nous ferons un plaisir d’y répondre dans le cadre d’un entretien personnel. Nous vous souhaitons une lecture intéressante et vous présentons nos meilleures salutations. Andreas Staubli Responsable Tax & Legal Membre du Management Board de PwC Switzerland Der Verwaltungsrat in der Pflicht 3
1. Planification fiscale des groupes dans les médias : champ de tension entre droit, éthique et réputation « Impôts : comment échapper au De quoi s’agit-il ? En publiant des articles négatifs sur des structures légales présentées comme fisc. Ils minimisent leur charge Les médias exercent une influence condamnables d’un point de vue éthique, fiscale par des manœuvres : considérable sur l’opinion publique et les médias exercent une pression publique peuvent façonner l’image publique d’une sur les entreprises, quitte à compromettre Apple, Amazon, Glencore et entreprise. Au travers de la couverture l’un des biens les plus précieux d’une d’autres groupes multinatio- médiatique de cas comme Apple, Ama- société : sa réputation. Ceci peut avoir des naux. » Comment réagiriez-vous, zon, Starbucks, les « Panama Papers » et répercussions préjudiciables sur le chiffre autres, une opinion largement répandue d’affaires et sur la confiance des fournis- en tant que membre du Conseil s’est développée selon laquelle les grands seurs ou des clients, et ainsi mettre à mal d’administration, si le nom de groupes internationaux pratiquent une la prospérité de l’entreprise. La ques- votre entreprise apparaissait planification fiscale « agressive » en tion est donc de savoir à quel point un dans un tel gros titre ? Comment transférant leurs bénéfices, de telle sorte groupe peut, dans sa planification fiscale, qu’ils paient très peu d’impôts, voire pas utiliser les opportunités fiscales tout en réfuteriez-vous ces allégations, du tout, et qu’ainsi ils n’apporteraient pas se conformant aux attentes de l’opinion sachant que votre entreprise a une contribution appropriée à la collecti- publique en termes d’éthique fiscale, qui respecté toutes les lois fiscales en vité. La fiscalité étant dans le collimateur paraît être l’un des indicateurs à l’aune vigueur ? des médias et de l’opinion publique, les duquel la stratégie fiscale d’une entreprise médias continueront de s’y intéresser et est désormais mesurée. En matière de fis- de façonner l’opinion publique. En même calité, le Conseil d’administration a donc temps, des organisations non gouverne- la tâche essentielle de trouver un juste mentales (ONG) sont devenues un groupe équilibre dans le champ de tension entre influent dans le débat fiscal en cours, de droit, éthique et réputation. telle sorte que les multinationales doivent aussi justifier leur stratégie fiscale à leur égard. 1 «http://www.bilanz.ch/unternehmen/steuern-am-fiskus-vorbei» 4 Les responsabilités du Conseil d’administration
Armin Marti, Leader, Corporate Tax Services, PwC Switzerland, armin.marti@ch.pwc.com Pascal Bühler, Partner, Tax & Legal Services, pascal.buehler@ch.pwc.com Quelles mesures votre entreprise doit-elle prendre ? Il n’existe pas de recette miracle pour relever ce défi. Nous formulons toutefois quelques suggestions susceptibles d’aider les managers et les responsables dans En résumé leur prise de décisions : La demande de transparence • Par le biais de sa stratégie fiscale, l’entreprise devrait définir dans quelle me- accrue met les entreprises sous sure elle entend tenir compte de l’éthique fiscale. Les sociétés opérant dans des pression de se remettre en ques- secteurs qui jouissent d’un fort intérêt du public, comme par exemple l’indus- tion quant à la justification de la trie des biens de consommation, devront mettre la légitimité de leur struc- légitimité et de l’éthique de leur ture fiscale au centre de leur stratégie. Par ailleurs, quelles que soient leurs activités, les structures fiscales sans substance ni justification économique stratégie et de leur contribution appartiennent au passé. fiscales. Il est ainsi indispensable • Une entreprise internationale peut influencer positivement l’opinion publique de définir la stratégie fiscale et sur son éthique fiscale si elle rend activement compte de ses pratiques fiscales. de communication appropriées à Il pourrait dès lors être approprié de publier les détails de la stratégie fiscale l’entreprise. ou le montant et la répartition des impôts payés dans le rapport de gestion ou sur le site internet. Ce faisant, il convient de noter que la contribution de l’entreprise à la collectivité ne se limite pas à l’impôt sur le bénéfice. Il est aussi envisageable de publier la « Total Tax Contribution », c’est-à-dire l’ensemble des impôts2 payés par une entreprise (impôt sur le capital, impôt anticipé, taxe sur la valeur ajoutée, droits de timbre, impôt sur les gains immobiliers, droits de mutation, impôt sur les véhicules à moteur, charges sociales, impôts à la source sur les salaires, etc.). • Eu égard à la transparence fiscale accrue, nous conseillons de définir une stratégie de communication dédiée à la fiscalité, avec la participation du Conseil d’administration, de la haute direction et des départements fiscal et de communication de l’entreprise, ce dans le but d’uniformiser la communication et de l’aligner sur la stratégie globale et fiscale de l’entreprise. • Il incombe aux entreprises internationales perçues comme pratiquant une planification fiscale agressive de rééquilibrer l’image parfois négative créée dans le grand public. Tandis que les ONG poursuivent une stratégie claire et discréditent souvent les entreprises internationales, ces dernières ne disposent pas d’une stratégie de communication appropriée pour leur répondre. Les entreprises devraient donc communiquer de manière plus proactive sur l’im- portance de leur contribution aux recettes fiscales, p. ex. au travers de leurs associations professionnelles ou économiques. 2 Voir définition dans le glossaire (chapitre 8) sous « Total Tax Contribution » Les responsabilités du Conseil d’administration 5
2. Organisation de la fonction fiscale : stratégie fiscale et gestion des risques fiscaux De quoi s’agit-il ? Le Forum sur l’administration fiscale Possibles conséquences de l’Organisation de coopération et de À l’avenir, les échanges transfrontaliers développement économiques (OCDE) À l’avenir, le département fiscal ne devra et la divulgation d’informations fiscales a élaboré une directive prévoyant que plus seulement communiquer les mon- détaillées vont s’intensifier entre les au- les autorités fiscales devront à l’avenir tants précis des impôts pour le reporting torités fiscales des différents États, avec, évaluer la solidité et l’efficacité des financier. Il devra aussi démontrer aux par exemple, la déclaration pays par pays systèmes de contrôle des entreprises autorités fiscales et aux autres parties pre- d’informations fiscales et d’autres don- dans le domaine fiscal (« Tax Control nantes que son organisation, ses proces- nées financières, ou le développement de Framework » ou « TCF »). Les entreprises sus et ses compétences dans le domaine l’assistance administrative internationale multinationales devront aussi tenir fiscal sont adaptés à la taille et à la com- en matière fiscale (cf. chapitre 5). Ces compte de cette directive lorsqu’elles plexité de l’entreprise. Il devra en outre nouveautés réglementaires influencent aménageront leur organisation fiscale. fonctionner pour permettre une gestion considérablement les tâches, les priorités L’approche se fonde sur les principes fiscale efficace. À l’avenir, la manière dont et le profil d’emplois du département définis par le « Committee of Sponsoring le département fiscal effectue son travail fiscal. Dans un environnement marqué Organizations of the Treadway Commis- – c’est-à-dire comment les processus de par une forte demande de transparence, sion » (COSO) pour la gestion des risques. gestion fiscale seront traités – sera au le défi pour le département fiscal sera de Elle repose sur six piliers qui recouvrent, minimum aussi importante que la qualité communiquer d’une manière conforme entre autres, les domaines de la stratégie des informations fiscales présentées. aux règlementations et compréhensible fiscale, de la gestion du risque fiscal et des les indicateurs fiscaux clés à un grand compétences et responsabilités dans tous Les entreprises sont donc obligées de mo- nombre de parties prenantes internes et les domaines fiscaux, ce qui va donc bien derniser leur « Tax Control Framework » externes. au-delà de l’impôt sur le bénéfice. Diffé- et l’aligner sur les principes du COSO. rents degrés de maturité du « Tax Control Dans le domaine fiscal, elles doivent aussi L’accès transfrontalier aux informations Framework » y sont définis, lesquels sont intégrer ou renforcer dans leurs proces- fiscales et leur échange automatique se- notamment déterminants pour le profil sus de gestion des risques des éléments ront de plus en plus facilités en faveur des de risque de l’entreprise en vue de futurs tels que l’identification et la gestion des autorités fiscales. De même, des contrôles contrôles fiscaux. Certains pays, comme risques, la gouvernance, les contrôles et la fiscaux coordonnés à l’échelle internatio- la Grande-Bretagne, exigent déjà que les communication. En outre, les entreprises nale, avec accès direct aux systèmes infor- entreprises communiquent les détails de doivent être en mesure de communiquer matiques des contribuables, deviendront leur « Tax Control Framework ». des informations fiscales aux autorités, monnaie courante. Il est donc essentiel aux investisseurs et au public, ce dans de d’axer la stratégie fiscale sur le reporting brefs délais et de manière compréhensible fiscal, la divulgation des données fiscales, et structurée, faute de quoi elles risquent la documentation adéquate de la gestion d’être imposées à double et de se voir du risque fiscal et la compliance dans son reprocher de ne pas contribuer équitable- ensemble, y compris la documentation en ment au financement du budget de l’État. matière de prix de transfert, et ce d’une manière claire et compréhensible. C’est la seule manière pour une entreprise de pouvoir maîtriser aussi bien l’intérêt crois- sant en matière d’informations fiscales que les conflits d’imposition résultant du flux d’information transfrontalier et les écueils y afférents en termes de réputa- tion. 6 Les responsabilités du Conseil d’administration
Urs Brügger, Leader, Taxation of Swiss Groups, PwC Switzerland, urs.bruegger@ch.pwc.com Laurenz Schneider, Director Tax & Legal Services, laurenz.schneider@ch.pwc.com Quelles mesures votre entreprise doit-elle prendre ? Quels que soient le concept de gestion des risques finalement appliqué et le degré de propension au risque en matière fiscale, l’entreprise doit être à même de cou- En résumé vrir les besoins suivants pour disposer d’un « Tax Control Framework » moderne : Toute stratégie fiscale efficace • Gouvernance claire dans le domaine fiscal : elle doit reposer sur une stratégie doit commencer par un état des fiscale conforme à la stratégie globale de l’entreprise ; lieux et une évaluation permet- • Inventaire détaillé des risques fiscaux (y compris ceux hors impôts sur le béné- tant d’établir si et dans quelle fice), permettant une gestion active de ces risques et leur documentation ; mesure le département fiscal • Stratégie de communication qui s’engage clairement en faveur d’une commu- actuel répond aux exigences nication active et transparente dans le domaine fiscal ; d’un « Tax Control Framework » • Détermination et documentation des rôles, compétences et processus dans le moderne. Selon le degré de ma- domaine fiscal ; turité ainsi déterminé du dépar- • Utilisation de technologies permettant une traçabilité efficace et sûre du calcul tement fiscal et le but poursuivi des impôts et du traitement et de l’analyse des informations fiscales ; par le « Tax Control Framework », • Surveillance continue et contrôles standardisés visant à assurer l’efficience du l’entreprise doit définir les ac- département fiscal. tions à entreprendre et le modèle À l’avenir, le personnel du département fiscal devra couvrir un spectre de connais- d’affaires adapté pour les mettre sances spécialisées bien plus étendu qu’actuellement. En plus du pur savoir tech- en œuvre. Au final, une trans- nique en matière fiscale, il lui sera également demandé des connaissances dans des formation du département fiscal domaines tels que l’évaluation et l’analyse des données, les statistiques, les techno- logies informatiques et la gestion des processus et du changement. pourra être nécessaire pour en faire un instrument moderne, permettant de satisfaire aux exigences actuelles et futures en matière d’efficience, de transpa- rence et d’auditabilité. Les responsabilités du Conseil d’administration 7
3. Réforme de l’imposition des entreprises III : le point de la situation De quoi s’agit-il ? Les mesures les plus La situation des cantons étant très variable, le Conseil fédéral et l’Assem- La réforme de l’imposition des entreprises importantes de la réforme blée fédérale ont choisi une approche III (RIE III) est sur toutes les lèvres. À Conformément au vote final du Parlement modulaire pour la RIE III. Les cantons juste titre, car il s’agit de la plus impor- fédéral, la RIE III contient les mesures bénéficient ainsi d’une grande marge de tante réforme du droit fiscal suisse depuis suivantes : manœuvre dans l’agencement et l’intro- des décennies. Compte tenu de l’interna- duction des mesures. Ils peuvent ainsi et tionalisation de la concurrence fiscale, la • Introduction d’une « Patent box » au ni- pour l’essentiel aménager les nouveaux Suisse doit harmoniser son imposition des veau cantonal. Elle permet d’exonérer instruments en fonction de leurs circons- entreprises aux normes internationales et de l’impôt sur le bénéfice les produits tances spécifiques. Dans ce contexte, il supprimer ses statuts fiscaux, comme l’im- provenant de brevets et de droits com- faut noter que la mesure-clé de l’impôt sur position cantonale des sociétés holdings parables (à hauteur de 90 % au plus) ; le bénéfice corrigé des intérêts notion- ou des sociétés auxiliaires ou de base. nels a été réintégrée dans le paquet de la • Introduction au niveau cantonal d’une réforme lors des débats parlementaires. La RIE III a pour objectif de faire en sorte déduction spéciale sur les dépenses de En raison d’un compromis politique, ceci que les entreprises bénéficiant actuel- recherche et de développement suisses n’a été possible qu’à la condition que les lement de statuts fiscaux resteront en (déduction jusqu’à 150 % des dépenses cantons prévoient pour les personnes phy- Suisse et continueront d’y investir. Dans effectivement encourues) ; siques une imposition partielle à raison cette mesure, la réforme constitue le fon- • Introduction d’une déduction d’inté- d’au moins 60% des dividendes de partici- dement d’un environnement fiscalement rêts notionnels sur le capital propre pations qualifiées détenues dans leur attractif en Suisse et pour l’avenir. Étant de sécurité pour toutes les entreprises fortune privée. Les cantons doivent donc donné le contenu de la réforme, toutes les au niveau fédéral, et optionnelle dans également tenir compte du lien entre entreprises seront concernées, des PME les cantons qui prévoient, pour les l’impôt sur le bénéfice corrigé des intérêts locales aux groupes internationaux. personnes physiques, une imposition notionnels et l’imposition partielle de per- partielle à hauteur d’au moins 60 % sonnes physiques lors des délibérations au Par son vote final sur la RIE III le 17 des dividendes provenant de parti- sujet des modifications à apporter aux lois juin 2016, l’Assemblée fédérale a clos cipations qualifiées détenues dans la fiscales cantonales. un processus long de plusieurs années. fortune privée ; Toutefois, la réforme est toujours sujette Dans le contexte de la RIE III, quelques à un référendum, avant que les nouvelles • Déclaration des réserves latentes dans cantons ont d’ores et déjà annoncé vouloir normes de l’impôt fédéral et les mises le bilan fiscal au début de l’assujettisse- réduire leur taux ordinaire d’impôt sur en œuvre légales nécessaires dans les ment fiscal et imposition spéciale des le bénéfice. Ainsi, le Canton de Vaud cantons ne puissent entrer en vigueur, réserves latentes réalisées à l’occasion a même déjà décidé de réduire le taux probablement au 1er janvier 2019. de la suppression d’un statut fiscal effectif d’impôt3 sur le bénéfice des cantonal ; sociétés à 13,8 %, alors que le Canton de Une nouvelle ère fiscale va donc bientôt • Limitation de l’exonération totale, afin Genève vient de communiquer un taux commencer et il est temps de s’y préparer. que l’application des nouvelles règles prévu de 13,5 %. De leur côté, le canton n’aboutisse qu’à une exonération par- de Fribourg a indiqué un taux de 13,7 % tielle de l’impôt cantonal, par exemple et les Cantons de Zoug et de Schaffhouse à hauteur de 80 % (au maximum) ; ont annoncé respectivement 12 % et 12 %-12,5 %. D’autres cantons devraient • Possibilités de réduction de l’impôt sur les suivre. Cependant, certains cantons le capital cantonal. comme Zurich ou Argovie ne peuvent L’introduction d’une taxe au tonnage, un pas réduire d’autant leurs taux. Ainsi, modèle d’imposition pour les entreprises le canton de Zurich n’a annoncé qu’une de navigation, ainsi que l’abolition du modeste réduction de son taux actuel droit de timbre d’émission seront traitées de 20,1 % à un taux cible de 18,2 %. La dans des projets séparés. concurrence intercantonale pour attirer les entreprises risque donc de se durcir. 3 Comprenant l’impôt fédéral direct ainsi que l’impôt cantonal et communal 8 Les responsabilités du Conseil d’administration
Remo Küttel, Partner, Tax & Legal Services, remo.kuettel@ch.pwc.com Armin Marti, Leader, Corporate Tax Services, PwC Switzerland, armin.marti@ch.pwc.com Benjamin Koch, Leader, Transfer Pricing PwC Switzerland, benjamin.koch@ch.pwc.com Quelles mesures votre entreprise doit-elle prendre ? Votre entreprise bénéficie-t-elle de statuts fiscaux ? Quelles conséquences auront les prochains changements sur votre charge fiscale ? Comment les cantons les En résumé plus importants pour vous mettront-ils en œuvre la RIE III ? La perte de l’un des Nous recommandons d’effectuer statuts fiscaux mentionnés peut entraîner une forte augmentation de la charge fiscale en Suisse. Cependant, la RIE III n’impacte pas seulement la charge fiscale une analyse approfondie de la et les bénéfices après impôts, mais elle peut aussi influencer la planification des situation et d’élaborer des scé- liquidités et des investissements. narios de planification. De cette manière, une entreprise pourra Les entreprises qui bénéficient actuellement de statuts fiscaux peuvent en prin- cipe profiter de dispositions transitoires spécifiques. De plus, la réforme offre se préparer au mieux à la nou- de nouvelles opportunités aussi bien aux entreprises ayant un statut fiscal qu’à velle réglementation fiscale en celles soumises à une imposition ordinaire. Votre entreprise est-elle innovante ? Suisse et ainsi tirer le meilleur Avez-vous déjà déposé des demandes de brevets ou d’autres droits brevetables parti des mesures de la RIE III. ou pourriez-vous faire enregistrer de tels droits ? Exercez-vous des activités de recherche et de développement en Suisse ? Les diverses mesures de la RIE III ouvrent de nouvelles perspectives aux entreprises innovantes, quelle que soit leur taille, par exemple dans le domaine de la Patent box et de la déduction spéciale pour les dépenses de recherche et de développement. La nouvelle déduction de l’intérêt sur le capital de sécurité vise à favoriser les entreprises disposant d’une solide base de fonds propres et exerçant d’impor- tantes activités de financement. À ce propos, votre entreprise présente peut-être déjà une forte capitalisation ou vos activités de financement de groupe s’exercent actuellement, par exemple, dans une PME holding. Désormais, il vous faudra également réfléchir au moyen de structurer les activités de financement de votre entreprise d’une manière optimale. Les responsabilités du Conseil d’administration 9
4. Développements internationaux clés : les aspects essentiels Le plan d’action BEPS Prix de transfert Durcissement des règles de Le plan d’action élaboré par l’OCDE Il n’est pas surprenant que les prix de l’UE concernant l’érosion de la base d’imposi- transfert jouent un rôle majeur dans le En s’appuyant sur le plan d’action BEPS tion et le transfert de bénéfices (« BEPS ») plan d’action BEPS – plus particulière- de l’OCDE, la Commission européenne contient des mesures détaillées visant à ment pour assurer le paiement des impôts a présenté en 2016 une première pro- contrer l’évasion fiscale légale. Ce plan à l’endroit réel de la substance écono- position de directive pour lutter contre trouve son origine dans l’augmentation mique et de la création de valeur. Le lieu les pratiques concrètes d’évasion fiscale des déficits budgétaires de nombreux où sont exercées les « significant people d’entreprises de l’UE (directive sur la États industrialisés suite à la crise finan- functions » est l’un des critères pour impo- lutte contre l’évasion fiscale − « Anti Tax cière et dans le traitement médiatique de ser la substance. Les bénéfices découlant Avoidance Directive » ou « ATAD »). Sur modèles de planification fiscale particu- de l’exploitation de droits de la propriété certains points, cette directive va plus loin lièrement agressifs adoptés par certains intellectuelle doivent être imposés là où que les recommandations de l’OCDE. grands groupes. Publié fin 2015, le plan les fonctions « DEMPE » (Development, d’action BEPS poursuit trois objectifs Enhancement, Maintenance, Protection, L’ATAD vise essentiellement à limiter la principaux : Exploitation) sont exercées. Grâce aux déductibilité fiscale des intérêts passifs, à nouvelles règles sur la documentation et introduire une imposition à la sortie pour • éviter la double non-imposition, res- la déclaration pays par pays, les autorités les entreprises, à mettre en place une pectivement l’imposition à un taux très fiscales auront accès à la chaîne de valeur règle sur les sociétés étrangères contrô- réduit des revenus (suppression des de l’entreprise et elles pourront dès lors lées (SEC) visant à contrer le transfert de structures dites hybrides) ; évaluer si la répartition du substrat fiscal profits vers des filiales établies dans des respecte les règles en matière de prix de pays à fiscalité très basse ou nulle, et à • imposer les bénéfices du groupe au lieu transfert. L’OCDE demande désormais empêcher les structures dites hybrides. où la valeur a réellement été créée ; que la documentation soit structurée sous Qui plus est, chaque État de l’UE doit pré- • renforcer la transparence avec la forme de « fichier principal » (« Master- voir une clause générale anti-abus. déclaration pays par pays (« Country- file »), dans lequel les sujets concernés by-Country Reporting ») et l’échange seront traités de la même manière pour Par ailleurs, la Commission européenne spontané d’informations fiscales, y toutes les sociétés du groupe. Les thèmes examine de très près les actuels régimes compris les rulings fiscaux. spécifiques à chaque société seront quant et rulings fiscaux européens afin de s’as- à eux documentés dans un « fichier local » surer qu’aucun de ses États membres n’ait Afin d’accélérer la mise en œuvre des (« Local File »). Bon nombre de pays octroyé des aides publiques non autori- mesures BEPS, l’OCDE élabore actuel- exigent déjà pour 2016 une documenta- sées. Si la Cour de justice de l’Union euro- lement une convention multilatérale, tion des prix de transfert en conformité péenne devait confirmer la conclusion de dont l’objectif est une révision concertée avec les règles détaillées de l’OCDE. la Commission européenne selon laquelle des conventions de double imposition Selon notre expérience, la manière la des aides publiques non autorisées (« ille- existantes. Toutes les mesures BEPS perti- plus efficace d’établir une documentation gal State aid ») ont été accordées dans les nentes pour les conventions de double im- cohérente pour toutes les sociétés du cas examinés (p. ex. Apple4, McDonald’s, position pourraient ainsi être rapidement groupe consiste à procéder de manière Starbucks, Amazon, Fiat), les entreprises introduites, sans qu’il ne soit nécessaire centralisée. concernées devraient rembourser les de renégocier chaque convention sépa- rément. Si cette convention multilatérale économies d’impôt injustifiées sur une est signée comme prévu fin 2016 ou début période allant jusqu’à dix ans. 2017, les mesures BEPS pourraient être appliquées déjà dès 2019, ce qui semblait irréaliste jusqu’à tout récemment. 4 La Commission européenne vient tout récemment de réclamer à Apple le remboursement rétroactif de EUR 13 milliards d’impôts en faveur de l’Irlande, au titre d’« illegal State aid ». 10 Les responsabilités du Conseil d’administration
Stefan Schmid, Leader, International Tax Law, PwC Switzerland, stefan.schmid@ch.pwc.com Urs Brügger, Leader, Taxation of Swiss Groups, PwC Switzerland, urs.bruegger@ch.pwc.com Activisme local : baisse du ment les possibilités d’endettement fiscal Développements en Suisse des entreprises américaines. Ce projet de taux d’imposition versus loi n’est que l’une des nombreuses me- La Suisse a déjà tenu compte de certaines lutte contre les abus sures conduisant à un durcissement des mesures du projet BEPS ou s’y emploie règles fiscales américaines en vigueur en actuellement dans le cadre de la RIE III En mars 2016, le Gouvernement britan- matière internationale. En outre, avec le en cours. Ainsi, seront supprimés, comme nique a publié ses plans visant à réduire le nouveau modèle de convention américain statuts incompatibles avec les normes taux d’imposition du bénéfice des sociétés adopté au printemps 2016, il sera à l’ave- internationales, les sociétés holding, les à 17 %, d’ici à 2020. Ce pays entend ainsi nir beaucoup plus difficile de remplir les sociétés de domicile, les sociétés auxi- occuper une place de leader au sein des conditions pour bénéficier des avantages liaires ou de base, ainsi que la réparti- États du G20 et instaurer un climat plus conventionnels. tion fiscale des sociétés principales (cf. favorable aux investissements. En même chapitre 3). La ratification, également par temps, la Grande-Bretagne s’empresse Une tendance mondiale se profile actuel- la Suisse, de la Convention du Conseil de de transposer les mesures BEPS dans son lement : de nombreux États adoptent des l’Europe et de l’OCDE concernant l’assis- propre droit fiscal et les complète par des règles complexes, bien souvent pas ou tance administrative mutuelle en matière dispositions anti-abus supplémentaires. peu en harmonie avec celles prévalant fiscale a créé la base juridique pour plus Par exemple, la « diverted profits tax » à l’échelle internationale, afin d’en- de transparence et pour l’échange spon- (appelé aussi « impôt Google ») intro- rayer l’évasion fiscale et d’élargir ainsi tané d’informations. La Suisse (comme duite en avril 2015 vise à garantir que leur assiette fiscale. En même temps, d’autres États d’ailleurs) doit introduire les bénéfices artificiellement détournés ils réduisent leurs taux d’imposition et d’autres standards minimums, notam- soient redressés en Grande-Bretagne et favorisent certaines industries ou certains ment l’échange automatique des déclara- imposés à hauteur de 25 %. La décision secteurs par des solutions fiscalement at- tions pays par pays (Country-by-Country de la Grande-Bretagne de sortir de l’UE tractives comme la Patent box. Ce faisant, Reporting, cf. chapitre 5) et l’intégration ne devrait rien changer à cet égard. En ils souhaitent garder les entreprises déjà de clauses anti-abus dans les conventions outre, après le vote sur le BREXIT, George installées dans le pays, tout en attirant les de double imposition. Osborne a annoncé que taux de l’impôt entreprises étrangères. sur le bénéfice devrait même descendre au-dessous de 15 %. Comme autre exemple, le Luxembourg a réduit en l’espace de deux ans le taux d’imposition de base du bénéfice des en- treprises de 21 % à 18 % (avant surtaxes) afin de rester fiscalement compétitif malgré la perte des possibilités d’octroyer des rulings. Dans le même temps, le pays introduit de nouvelles règles anti-abus et des mesures BEPS pour élargir sa base d’imposition et générer davantage de recettes fiscales. La frontière est ténue entre la lutte contre Quelles mesures votre entreprise doit-elle prendre ? les abus et le positionnement en tant que site d’investissement attractif. L’exemple Le paysage fiscal connaît des changements rapides et d’une portée considérable des États-Unis l’illustre aussi : afin de qui affectent au premier chef les sociétés actives à l’échelle internationale. Aussi, relancer l’économie, les États-Unis envi- le seul moyen d’éviter une double ou multiple imposition est de contrôler en sagent de réduire leurs taux d’impôt sur le permanence les structures existantes et de les ajuster en temps utile en fonction bénéfice et de réformer entièrement leur des nouvelles règles fiscales. Nous recommandons de définir une stratégie fiscale système fiscal compliqué et peu attractif, claire et d’opter pour une structure de groupe simple et aisée à gérer et à expli- ce qui constituerait la plus importante quer. Les mesures BEPS étant très focalisées sur la substance, l’entreprise doit en mutation fiscale dans l’histoire de ce pays. outre s’assurer que sa structure fiscale et les bénéfices attribués localement sont D’un autre côté, un projet de loi a été conformes à la création de valeur correspondante. publié récemment, restreignant radicale- Les responsabilités du Conseil d’administration 11
5. Transparence : déclaration pays par pays et échange spontané d’informations fiscales Avec le projet BEPS, l’OCDE vise à amélio- informations sur la répartition pays par Certains pays exigent une déclaration rer la transparence internationale. L’idée pays du chiffre d’affaires, sur les impôts pays par pays déjà à partir de 2016. C’est est que les autorités fiscales devraient acquittés et sur d’autres chiffres-clés du pourquoi le projet de loi prévoit que les avoir accès à des informations supplé- groupe pour chaque État, ainsi que des in- sociétés mères de groupes suisses (de mentaires afin d’être mieux à même dications sur les principales activités éco- même que les filiales suisses d’un groupe d’évaluer les risques liés aux prix de trans- nomiques de toutes les entités juridiques étranger si elles ont été désignées pour fert ainsi qu’à l’érosion de la base d’impo- du groupe. Le CbC-Reporting permet aux cette fonction) puissent transmettre sition et au transfert de bénéfices. Ainsi, autorités fiscales de comparer à l’échelle volontairement une déclaration pays par à côté de l’établissement d’une documen- mondiale les principaux indicateurs pays à l’AFC pour les années 2016 et 2017. tation sur les prix de transfert pratiqués, financiers et les ratios propres à chaque les mesures BEPS obligent les multinatio- pays. Par exemple, le ratio EBIT/chiffre nales à fournir des informations locales d’affaires par pays pourrait susciter des Publication dans l’UE spécifiques et détaillées, par le biais de questions de la part des autorités fiscales L’Union européenne souhaite aller encore la déclaration pays par pays (« Country- dans les pays où ce ratio est compara- plus loin en ne soumettant pas le CbC-Re- by-Country Reporting » ou « CbC-Repor- tivement bas alors que les transactions port au secret fiscal et en exigeant sa ting » ; BEPS, action 13). BEPS permet en intragroupe sont importantes. publication. En ce sens, il existe actuelle- outre l’échange transfrontalier spontané ment une proposition de directive de la d’informations fiscales, y compris les Commission européenne, qui s’appliquera rulings fiscaux (BEPS, action 5). Mise en œuvre en Suisse également aux plus grands sous-groupes La Suisse introduira la déclaration pays européens d’entreprises d’États tiers, y Déclaration pays par pays au 1er janvier 2018. Fin 2019, les groupes suisses devront donc aus- compris la Suisse. Si cette proposition est adoptée, des groupes dont le siège est si- par pays si transmettre cette déclaration pour tué en dehors de l’UE pourraient être mis l’exercice 2018 à l’Administration fédé- sous pression de publier eux aussi leur De quoi s’agit-il ? rale des contributions (AFC), afin que déclaration pays par pays. cette dernière puisse l’échanger avec les Tous les États membres de l’OCDE et du juridictions fiscales d’autres États. En G20 se sont engagés à introduire une Suisse, cette nouvelle règle s’applique aux déclaration pays par pays ou « CbC-Repor- groupes multinationaux ayant un chiffre ting ». Aussi, les groupes multinationaux d’affaires annuel consolidé de plus de doivent-ils non seulement préparer la CHF 900 millions. D’après le Conseil fédé- documentation sur les prix de transfert ral, environ 200 multinationales seraient telle que requise dans certains pays, mais concernées en Suisse. Le projet de loi désormais aussi une déclaration pays actuel prévoit des amendes pouvant aller par pays. Cette déclaration contient des jusqu’à CHF 250 000.– en cas de non-sou- mission de la déclaration ou si celle-ci est fausse ou incomplète. Quelles mesures votre entreprise doit-elle prendre ? La déclaration pays par pays va instaurer une transparence totalement inédite pour les groupes qui opèrent au niveau international. En effet, les autorités fiscales autour du globe auront une vue d’ensemble sur la répartition du chiffre d’affaires, des bénéfices et de la substance des groupes, en fonction des pays concernés. Les administrations fiscales pourront donc davantage effectuer des contrôles fiscaux à l’encontre des groupes multinationaux, dans les cas où elles s’estimeraient désavantagées par rapport à d’autres pays. Les groupes suisses seraient donc bien avisés, dès à présent, d’établir une déclaration pays par pays, afin d’anticiper d’éventuelles incohérences ou des questions de la part des autori- tés fiscales, et de prendre, le cas échéant, les mesures préventives adéquates. 12 Les responsabilités du Conseil d’administration
Joachim Twigt, Director, Transfer Pricing, joachim.twigt@ch.pwc.com Laurenz Schneider, Director Tax & Legal Services, laurenz.schneider@ch.pwc.com spontané ; ils incluent entre autres les décisions relatives aux statuts ou régimes Échange spontané fiscaux (en Suisse, par exemple, le statut de société holding, de société auxiliaire d’informations ou de base ou de société principale), les fiscales décisions unilatérales concernant les prix de transfert ou encore celles relatives aux établissements stables. De quoi s’agit-il ? Lors d’un échange spontané d’infor- mations, une autorité fiscale transmet Mise en œuvre en Suisse spontanément les informations dont elle Pour la Suisse, la Convention sur l’assis- dispose (p. ex. sur des rulings fiscaux) tance administrative mutuelle en matière à un autre État, car elle assume que ces fiscale, la loi révisée sur l’assistance admi- informations sont susceptibles de l’inté- nistrative fiscale et l’ordonnance révisée resser, et non pas parce que ces données sur l’assistance administrative internatio- lui ont été demandées explicitement. Cet nale en matière fiscale constituent les fon- intérêt est présumé si les informations en dements juridiques de l’échange spontané question pourraient probablement s’avé- des rulings au sens de l’action 5 BEPS. rer pertinentes afin d’appliquer et de faire En Suisse, l’échange spontané entrera en respecter le droit fiscal de l’État concerné. vigueur au 1er janvier 2018.5 Les informa- tions seront échangées avec les autorités L’action 5 BEPS définit la norme pour fiscales des pays de(s) la contrepartie(s) l’échange spontané d’informations se aux transactions couvertes par le ruling, rapportant aux rulings fiscaux. Ainsi, on ainsi qu’avec les autorités fiscales des entend par ruling fiscal « tout avis, ren- pays de la société mère étrangère et de la seignement ou engagement pris par une holding faîtière étrangère du groupe. De- autorité fiscale envers un contribuable vront être échangés les nouveaux rulings spécifique ou un groupe de contribuables ainsi que ceux convenus depuis 2010 mais concernant leur situation fiscale, et sur toujours en vigueur en 2018. lesquels ils sont en droit de se fonder ». Cette action mentionne différentes caté- gories de rulings fiscaux à portée inter- nationale qui sont sujets à un échange Quelles mesures votre entreprise doit-elle prendre ? L’échange spontané d’informations ouvre aux autorités fiscales étrangères l’accès à des renseignements dont elles n’avaient pas connaissance jusqu’à présent. Cela pourrait conduire à des prétentions fiscales à l’étranger, avec un risque accru de 5 Théoriquement, la Suisse pourrait négocier séparé- possible double imposition. ment avec chaque État l’application de la Convention sur l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale, ce qui aurait pour effet de rendre applicable, De nouvelles questions se posent pour les entreprises : quels rulings susceptibles dès 2017, l’échange spontané d’informations avec d’être échangés ont été octroyés et sont encore en vigueur, non seulement en les États concernés. Toutefois, aucune mesure en ce sens n’est entreprise actuellement. Suisse, mais aussi dans le reste du monde ? Comment les informations transmises 6 Bien que la Convention sur l’assistance adminis- à l’étranger peuvent-elles se répercuter sur l’imposition du groupe ? Le groupe trative mutuelle n’entre en vigueur qu’en 2018, des doit donc examiner quelles sont les alternatives dont il dispose, parmi lesquelles rulings pourront être transmis plus tôt à l’étranger, la reconsidération d’ici à fin 2016 de la continuation des rulings6. conformément aux dispositions relatives à la docu- mentation en matière de prix de transfert. Les responsabilités du Conseil d’administration 13
6. Charge fiscale et provisions pour impôts : présentation des comptes et taux d’imposition du groupe Au vu des développements inter- Détermination et Conséquences des nationaux décrits et leur trans- composition du taux effectif modifications de la position dans le droit national d’imposition du groupe législation fiscale sur le taux se pose encore la question des Le taux effectif d’imposition du groupe d’imposition du groupe conséquences sur la présentation représente en substance le rapport en Dans le cadre du projet BEPS, l’OCDE a des comptes et sur le taux d’im- pourcent entre, d’un côté, la charge totale estimé que les pertes d’impôts actuelles position du groupe. Les action- des impôts sur le bénéfice, qui elle-même représentent environ 4 % à 10 % des naires et analystes suivent avec le dépend de la composition et de l’alloca- recettes fiscales mondiales. Les mesures tion géographique du bénéfice et du taux BEPS ont donc pour but d’éliminer de plus grand intérêt l’évolution de d’imposition dans les pays concernés, et, telles pertes. Si elles y parviennent et dans la charge fiscale des groupes. En de l’autre côté, le bénéfice net total du une perspective purement statistique, effet, un taux d’imposition plus groupe avant impôts. La charge totale une augmentation du taux d’imposition d’impôts se compose, d’une part, des im- élevé ou plus bas se répercute moyen des groupes devrait s’ensuivre. Il pôts courants et, d’autre part, des impôts faut donc s’attendre à une augmentation directement sur le bénéfice par différés. de la charge fiscale sur le bénéfice pour action. les entreprises internationales. Les impôts courants sont les impôts an- nuels sur le bénéfice calculés sur la base Pour de nombreux groupes en Suisse, du résultat actuel. Les impôts différés cor- l’abolition des statuts fiscaux dans le respondent en revanche à la future charge cadre de la RIE III devrait entraîner à fiscale, respectivement futur produit moyen terme une augmentation de la d’impôt, qui résulte des différences d’éva- charge fiscale suisse et par là même du luation d’actifs ou de passifs entre le bilan taux d’imposition du groupe. Il faudra fiscal et le bilan consolidé (par exemple examiner au cas par cas si les mesures en cas d’évaluation plus élevée des instal- compensatoires de la RIE III pourront lations dans le bilan consolidé que dans le atténuer cette hausse. bilan fiscal). Pour le calcul des impôts dif- férés, on applique le taux d’imposition qui La question fondamentale est de savoir devrait en principe être utilisé au moment à quel moment la RIE III impactera la de la réalisation et donc de l’imposition de présentation des comptes et le taux d’im- ces différences dans le futur, du point de position du groupe. Dans ce contexte, il vue du groupe. convient de relever les points suivants : • Les statuts fiscaux actuels seront vrai- semblablement abolis au 1er janvier 2019. La plupart des mesures compen- satoires entreront en vigueur au même moment. Une modification du taux d’imposition ne se répercutera sur les impôts courants qu’après la mise en application des nouvelles règles. 14 Les responsabilités du Conseil d’administration
Vous pouvez aussi lire