LE GUIDE des réseaux d'affaires francophones - (non offi ciel) - Rencontres d'Affaires ...
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DOSSIER SPÉCIAL Guide (non officiel) des réseaux d’affaires francophones La francophonie économique n’a pas d’existence juridique ou institutionnelle : aucun traité commercial préférentiel ne lie les pays francophones entre eux. C’est avant tout une nébuleuse de relations bilatérales, mais aussi d’associations, clubs, réseaux, qui ont le français, parfois même la culture des affaires inspirée du droit écrit, en partage. Ce qui en fait un incontestable atout à l’international. À condition d’avoir un guide… Depuis le rapport Attali de 2014 sur la fran- (Algérie…), et ceux disposant d’une forte « deux pays partageant des liens linguis- cophonie*, considéré en France comme communauté francophone (Israël…) tiques tendent à échanger environ 65 % une bible incontournable sur les perspec- ou francophiles (Nigeria…), cet espace plus que s’ils n’en avaient pas ». Tout est tives du « soft power » à la française, nul géolinguistique « francophilophone » re- dit dans cette phrase. ne doute plus que la langue française est groupe 230 millions de personnes qui ont Attention toutefois à une vision trop fran- un atout pour se développer à l’internatio- cette langue en partage. Avec le boom co-française. « La francophonie est une nal : entre les 54 pays de l’Organisation démographique en Afrique, il pourrait être diversité culturelle » avertit ainsi Jean-Do- internationale de la francophonie (OIF), les triplé pour atteindre 770 millions en 2050. minique Assié, qui dirige l’Université pays non-membres mais francophones Or, selon des études citées par ce rapport, Senghor d’Alexandrie. « C’est aidant de www.lemoci.com LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 3
DOSSIER SPÉCIAL Réseaux francophones d’affaires s’exprimer en français pour travailler avec les entreprises francophones mais il ne « La francophonie suffit pas de parler français, il faut aussi s’adapter à la culture (de son interlocuteur est une diversité culturelle » dans les affaires) et il faut aussi mieux se connaître pour mieux s’apprécier et tra- vailler ensemble » estime Isabelle Quen- forum économique censé servir de cadre tin, responsable du Carrefour Femmes au lancement d’un réseau des ministres d’affaires francophones et membre du francophones en charge du numérique et Réseau des femmes d’affaires du Québec d’un réseau des entrepreneurs et des or- (RFAQ). « Le fait de parler français vous ganisations patronales francophones. permet de vous connecter plus ‘person- En France, le Medef, Medef International nellement’ avec des businessmen qui sont et les conseillers du commerce extérieur ‘french educated’ comme les Libanais très (CCE) planchent sur des propositions présents dans la région, mais aussi les dans le cadre d’un groupe de travail in- Maghrébins, certains ressortissants de formel : « nous essayons de réfléchir de pays d’Afrique francophone, des Belges, façon pragmatique à une doctrine comme des Suisses, des Québécois, et certains à une offre structurée dans ce domaine », Émiratis » souligne de son côté Yves-Mi- indique Charles-Henry Chenut, avocat chel Gabay, directeur général de la société français et CCEF. « Il y a un désir fort des iRevolution Middle East et ambassadeur milieux d’affaires français et francophones du Club FrenchFounders de Dubaï. de s’organiser dans le cadre de la franco- Attention aussi à un tropisme trop afri- phonie », confirme-t-il, citant, parmi les cain de la francophonie vue de France, pays les plus actifs dans cette réflexion, qui peut faire ressurgir les vieux démons outre la France, la Belgique, le Canada de la « françafrique », cette nébuleuse de et le Maroc. Mais pour lui, une certitude : réseaux politico-économiques affairistes pour que ça marche, il faudra une volonté franco-africains qui plombe encore au- politique appuyée et que la solution soit jourd’hui la perception des relations éco- fortement inspirée des besoins exprimés nomiques entre l’Hexagone et le continent : par les entreprises elles-mêmes. « la francophonie doit être dissociée de la En attendant, il existe bel est bien une fran- France, même si celle-ci en est un pilier », cophonie économique et internationale, di- considère ainsi Mounir Rochdi, consultant verse culturellement, mais c’est une vaste international en intelligence compétitive nébuleuse d’associations, clubs, réseaux et fondateur du cercle de réflexion Think- d’affaires francophones, qui témoigne d’un Tankers. dynamisme incontestable. Les prochaines Si le rapport Attali, prônait une stratégie Rencontres d’affaires francophones, orga- ambitieuse de la France pour dévelop- nisées le 8 novembre 2018 à l’initiative d’un per la francophonie comme outil de soft acteur privé, la société française de conseil power – jusqu’à favoriser une Union écono- Mission International, en sont un exemple. mique –, force est de constater qu’il n’a pas La richesse du premier annuaire non offi- été suivi d’effet. L’OIF elle-même peine à ciel des réseaux d’affaires francophones sortir de son rôle politico-diplomatique et que nous proposons dans les pages qui à susciter une structuration des milieux suivent le confirme. d’affaires francophones depuis l’adoption Dossier réalisé par Christine Gilguy d’une stratégie économique pour la fran- avec Venice Affre. cophonie en 2014, à l’occasion du Sommet * « La francophonie et la francophilie, mo- de Dakar. Le prochain Sommet de la fran- teurs de croissance durable », J. Attali- Rap- cophonie à Erevan (11-12 octobre) sera à port à François Hollande, président de la Ré- cet égard un test : il doit être précédé d’un publique française, août 2014. « Il y a un désir fort des milieux d’affaires français et francophones de s’organiser dans le cadre de la francophonie » 4 LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 www.lemoci.com
Trois questions à David Kassar « Pouvoir développer ses premiers marchés à l’export dans des pays francophones est une force » Le Moci. Vous êtes à la tête d’une société spé- pays francophones. Mais il n’y a peut-être pas de cialisée dans l’accompagnement de sociétés regroupement, d’association ou de club qui puisse © DR sur les marchés étrangers : le français comme les rendre visibles et montrer aux patrons de PME David Kassar, langue d’affaires, n’est-ce pas un combat perdu et PMI qu’il y a des opportunités économiques fondateur aujourd’hui face à l’anglais ? dans ces pays. et dirigeant David Kassar. Non au contraire. Mission Inter- Côté français, il y a différentes entités comme par de Mission nationale a vocation à accompagner des PME et exemple les chambres de commerce françaises à Internationale, ETI de tous secteurs dans la francophonie. Plus l’international, les bureaux de Business France, les organisateur des premières précisément, nous les accompagnons dans diffé- Conseillers du commerce extérieur de la France, Rencontres rents pays et provinces francophones qui consti- qui sont présentes dans les pays francophones et d’affaires tuent des tremplins pour accéder à l’ensemble permettent aux dirigeants de PME et PMI de trou- francophones. d’une zone : le Québec, porte d’entrée vers l’Amé- ver des contacts et du lien. On peut également ci- rique du Nord ; le Maroc, pour le Maghreb ; la Côte ter les délégations organisées par des organismes d’Ivoire pour l’Afrique de l’Ouest ; Djibouti, pour comme Medef international. Il y a par ailleurs plé- la Corne de l’Afrique ; le Liban, pour le Proche et thore d’associations, clubs et autres organisations Moyen-Orient ; le Vietnam pour l’Asie du sud-est ; le privés ou publics, français, bilatéraux ou d’autres bloc Belgique-Suisse-France pour l’Europe. pays francophones. Pourquoi ? À chaque fois que nous rencontrons un Mais il n’y a pas de cluster, de regroupement as- chef d’entreprise, nous faisons un diagnostic stra- sociatif économique, de catalyseur de tous ces tégique export. À cette occasion, nous découvrons réseaux qui permettre de créer du lien de façon très souvent que le dirigeant ne parle pas ou très transversale. C’est l’une des raisons qui nous ont moyennement anglais et que les équipes ne maî- poussés à organiser les Rencontres d’affaires fran- trisent pas cette langue. D’où de fortes réticences. cophones et je suis ravi que des partenaires histo- C’est un frein à l’internationalisation qui amplifie riques de nos événements comme CCI France In- d’autres blocages : manque de confiance, manque ternational ou Business France nous aient rejoints d’adhésion de l’équipe au projet, contrats inadap- dans la démarche. tés sur le plan juridique, méconnaissance des us et coutumes locaux, etc. Dans ce contexte, il ne s’agit Le Moci. Quel est l’objectif de ces Rencontres pas d’éviter les pays anglophones, au contraire, d’affaires francophones ? mais nous sommes convaincus que pouvoir déve- D. K. Depuis plus de dix ans nous organisons des lopper ses premiers marchés à l’export dans des rencontres ou des conférences sur des pays fran- pays francophones est une force et qu’il faut capi- cophones – comme notre Forum Québec à Arca- taliser sur cette première expérience. Un exemple : chon –, ainsi que des délégations. Pourquoi ne pas décrocher une première référence client sur le faire des Rencontres plus larges et y inviter des pa- marché nord-américain sera plus aisé à réaliser en trons de PME, PMI, ETI de France et d’autres pays français, au Québec. Parallèlement, cela permettra francophones avec l’objectif de créer une sorte à l’entreprise de commencer à acquérir une culture d’agora qui permette de créer des échanges et du de l’internationalisation, avec plus de confiance et lien entre eux ? En latin, le mot commerce signifie d’envie. échanger, il est important d’échanger pour être à un moment donné force de proposition. Le Moci. Existe-t-il une francophonie des Les thèmes à l’honneur seront la transformation affaires ? digitale de l’entreprise et l’intelligence artificielle D. K. Oui il existe une francophonie des affaires, (IA), avec des exemples concrets de coopération mais qui n’a peut-être pas été jusqu’à mainte- entre des pays francophones dans ces domaines. nant balisée, avec un réseau global constitué. Un Il y aura aussi des focus et ateliers pays et métiers. exemple : il y a à peu près 250 entreprises fran- L’idée est de monter aux dirigeants de PME que si çaises, groupes, ETI et PME, installées au Québec, entreprendre à l’international est risqué, commen- il y en a certainement autant voire plus en Bel- cer dans un marché francophone est une opportu- gique ou au Maroc, et elles sont très nombreuses nité de le faire dans de meilleures conditions. en Côte d’Ivoire, au Cameroun, dans de nombreux Propos recueillis par Christine Gilguy www.lemoci.com LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 5
DOSSIER SPÉCIAL Réseaux francophones d’affaires Cartographie des « marchés » francophones FRANCE FÉDÉRATION 67 42 000 WALLONIE- BRUXELLES* MONACO 4,5 0,037 N.C. BELGIQUE ANDORRE 11,3 46 720 0,073 N.C QUÉBEC TUNISIE 8,2 11,4 11 150 NOUVEAU- MAROC BRUNSWICK 34,2 7 710 0,747 CANADA MALI 36,6 44 020 17,4 2 050 NIGER 18,8 970 MAURITANIE 3,9 3 760 CAP-VERT 0,538 6 220 SÉNÉGAL 15,9 2 480 HAÏTI 11 1 790 GUINÉE-BISSAU 1,9 1 550 DOMINIQUE Guadeloupe 0,071 10 620 Martinique SAINTE-LUCIE Guyane 0,176 12 030 française GUINÉE 13 1 840 Polynésie française BURKINA FASO 18,9 1 730 TOGO 7,7 1 370 GABON CÔTE D’IVOIRE 1,9 16 720 25 3 590 BÉNIN 11,4 2 170 CAMEROUN 24,3 3 540 Sources des données de la SÃO TOMÉ- cartographie : Liste des 54 États ET-PRINCIPE RÉPUBLIQUE et gouvernements membres de plein 0,213 3 250 DU CONGO droit de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). 4,5 5 380 Population, pays d’Europe : Eurostat. GUINÉE- Population, pays hors Europe : ÉQUATORIALE BURUNDI Fond monétaire international (FMI). Revenu national brut/hab. en parité de 0,8 18 290 9,9 690 pouvoir d’achat (PPA) : Banque mondiale. 6 LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 www.lemoci.com
Répartition mondiale de la population francophone Source : Rapport de l’OIF 2014, La langue française dans le monde. par zones géographiques p g en 2015 LUXEMBOURG 0,59 69 640 En pourcentage Asie et Océanie SUISSE Europe 8,4 64 680 ALBANIE 2,9 11 350 47 7 1 ANCIENNE RÉPUBLIQUE BULGARIE 12 7,1 19 190 YOUGOSLAVE DE MACÉDOINE 33 Afrique du Nord 2 14 310 ROUMANIE Amérique et Moyen- et Caraïbes Orient 19,6 22 370 Afrique subsaharienne MOLDAVIE et océan Indien 3,5 5 670 GRÈCE 10,8 26 920 ARMÉNIE 3 9 020 Population, en million d’habitants LIBAN RNB par habitant, en PPA (en dollars) 4,6 14 070 LAOS 7,3 6 270 *La Fédération Wallonie-Bruxelles ÉGYPTE est une institution au service 92,3 10 980 VIETNAM des francophones de Bruxelles et de Wallonie TCHAD 93,6 6 040 12,2 1 950 CAMBODGE DJIBOUTI 16,2 3 510 1 N.C. CENTRAFRIQUE VANUATU 4,98 700 0,281 N.C. CONGO-RDC 86,7 780 Mayotte RWANDA 11,9 1 860 Polynésie Réunion française MAURICE Nouvelle-Calédonie 1,3 20 990 SEYCHELLES 0,093 28 380 Le français 5e langue mondiale MADAGASCAR 274 millions 1er 2e 3e 4e 5e 25,6 1 440 de locuteurs dans le monde, COMORES répartis sur les © Chantrieux 0,874 1 540 cinq continents Mandarin Anglais Espagnol Arabe Français www.lemoci.com LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 7
DOSSIER SPÉCIAL Réseaux francophones d’affaires Réseaux d’affaires L’annuaire non officiel Un univers francophone des affaires existe sans avoir toujours conscience de lui-même, il est même très vivant à travers de multiples associations, clubs, réseaux, souvent hors des sentiers battus institutionnels et pas forcément connectés entre eux. C’est une véritable nébuleuse, sans véritable centre, dont nous voulons ici proposer un annuaire non officiel et non exhaustif, une invitation à un voyage découverte. 1. Associations d’entrepreneurs (réseaux, clubs…) Association progrès du management (Apm) Fondée en 1987, l’Association progrès du management ou Apm est un réseau actif à l’international dans le domaine de la formation managériale qui fédère des dirigeants francophones du monde entier. Le français est leur langue de tra- vail. Au sein de son réseau, dans tous ses clubs présents en Europe, Afrique, Asie © S.Decoret-Fotolia.com ou en Amérique du Nord, les échanges et réunions autour des experts se font en français. Objectif : animer des clubs de réflexion, d’échanges et de formation à destination Forum francophone des affaires favoriser le développement international des chefs d’entreprise qui souhaitent se (FFA) des start-up françaises. perfectionner dans le but de faire pro- Créé en 1987 lors du « Sommet des chefs Membres : 300 entrepreneurs-mentors gresser durablement leur structure. d’États et de gouvernements franco- et 1 000 start-up réunis au sein d’un ré- Animation du réseau : une fois par mois, phones », le Forum francophone des af- seau mondial de 22 French Tech Hubs le dirigeant adhérent rejoint son Club faires (FFA) est une structure institution- labellisés. Apm local pour une journée de forma- nelle qui se présente comme le réseau Réseau mondial : Abidjan, Barcelone, Ber- tion et de rencontres. Les dirigeants par- international qui fédère les entreprises lin, Dubaï, Hong Kong, Israël (Tel Aviv), Le tagent leurs expériences, débattent sur des pays francophones. Cap, Londres, Los Angeles, Milan, Montréal, des problématiques managériales. Mission : faciliter les échanges entre les Moscou, New York, Pékin, San Francisco, Membres : 7 800 dirigeants d’entreprise. entreprises et accroître l’influence du São Paulo, Séoul, Shanghai, Shenzhen, Réseau : 390 clubs répartis dans 32 pays. secteur privé dans l’économie des pays. Taïwan (Taipei), Tokyo, Vietnam (Hanoï, Hô- Site web : https://www.apm.fr Site web : http://www.ffa-int.org Chi-Minh-Ville, Da Nang, Hai Phong). Site web : http://www.lafrenchtech.com French Tech Hubs Pour accélérer la dynamique des start- up françaises à l’international, l’initiative « French Tech », lancée en 2013, a mis FOCUS en place le programme international des Un réseau mondial de connexion des communautés « Tech » « French Tech Hubs » dont l’ambition est Les French Tech Hubs permettent de connecter à l’international l’écosystème fran- de structurer les communautés French çais de start-up. Inversement, la communauté des French Tech Hubs vise à faire Tech dans les grandes métropoles d’in- découvrir l’écosystème français de la Tech aux acteurs locaux (investisseurs, entre- novation dans le monde. prises, entrepreneurs, cadres, incubateurs, accélérateurs, média et les aider à saisir Objectifs : créer et structurer à l’interna- les opportunités qu’offre la France (recrutement de talents, opportunités d’investis- tional des communautés ‘Tech’ françaises sement…). Chaque « French Tech Hub » dispose d’un portail web qui cartographie et francophiles (entrepreneurs, dirigeants, l’ensemble des acteurs de l’écosystème (incubateurs, espace de co-working, inves- investisseurs, structures d’accompagne- tisseurs, start-up françaises… implantés localement). ment, acteurs institutionnels…) afin de 8 LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 www.lemoci.com
critiques pour les PME. Il organise éga- FOCUS lement des rencontres entre pairs lors de rendez-vous annuels et nationaux. Un club de managers discret, mais en pleine expansion internationale Objectif : accélérer la croissance et la L’Apm, que préside Christian Barqui, n’est pas un réseau d’affaires mais un réseau performance des entreprises membres d’idées, de savoirs et d’expériences sur le progrès de l’entreprise. En tant que club de et favoriser les échanges entre elles. réflexion, il incite ses dirigeants à s’interroger sur la meilleure manière d’entreprendre. Site web : http://clubentrepreneurs.africa Concrètement, au sein de chaque club, en France et à l’étranger, les adhérents se réunissent une fois par mois pour mieux identifier les pratiques managériales qui Réseau international des chaires fonctionnent ou ne fonctionnent pas, celles qui peuvent être copiées, adaptées ou Senghor de la francophonie complètement révisées. Dans un club Apm, les membres ne parlent pas seulement Créé en 2003, le réseau international d’économie ou de management, mais ils repensent la culture, la société, les diffé- des chaires Senghor de la francophonie rences, les relations humaines. D’abord né en France, puis en Belgique, le réseau a pour vocation de mailler les territoires des clubs Apm connaît depuis quelques années une forte expansion internationale. francophones afin de former à la franco- Après Madrid, Londres, Lisbonne, Bucarest, Budapest, Prague..., des clubs Apm se phonie institutionnelle, mais aussi d’ob- sont constitués hors Europe à Shanghai, Bangkok, Montréal, Québec, Douala... L’Apm server et de travailler de manière indé- a inauguré en juin 2018 à Abidjan son premier club d’Afrique de l’Ouest. pendante sur la francophonie. Missions : diffuser un enseignement de Mission Internationale Chine, à Madagascar, à l’Ile Maurice, en base sur l’histoire, la géopolitique, et Société d’accompagnement à l’interna- Guinée et au Burkina Faso. les institutions et les coopérations de la tional d’origine française, Mission Inter- Site web : www.cjdinternational.org Francophonie ; produire de la recherche nationale est une société d’accompa- sur l’objet « francophonie » ; animer un gnement des entreprises à l’international Club africain des entrepreneurs débat d’idées sur le monde francophone utilisant le levier de la francophonie. Elle Pour soutenir la cause entrepreneuriale et son évolution ; favoriser la coopération est notamment à l’origine des premières en Afrique et principalement celle des entre partenaires francophones. Rencontres d’affaires francophones, pré- TPE/PME, le Club africain des entrepre- Réseau : aujourd’hui fort de 18 chaires vues le 8 novembre prochain à Paris. neurs permet des échanges entre entre- et de deux observateurs, le réseau est Objectifs : offrir un accompagnement sur prises du même secteur. présent en Afrique, Amérique, Asie et Eu- mesure sur les territoires francophones Animation du réseau : le Club propose rope et concourt à faire progresser notre comme le Canada, le Québec, la France à ses adhérents une formation annuelle connaissance de la francophonie. et l’Afrique avec la possibilité de bénéficier de trois jours sur des enjeux actuels et Site web : www.chaires-senghor.org d’un réseau dans un milieu professionnel favorisant les échanges et la coopération. Site web : www.mission-internationale.com FOCUS L’université Senghor d’Alexandrie essaime ses campus décentralisés Centre des jeunes dirigeants Peu connue en France, l’université Senghor (www.usenghor-francophonie.org/), (CDJ) International fondée il y a 25 ans à Alexandrie, en Égypte, est un opérateur de l’Organisation Créé en 1938, le Centre des jeunes diri- internationale de la francophonie (OIF) qui aide au renforcement des capacités geants (CJD) International s’est d’abord dans les États africains via des formations dans diverses disciplines pour cadres développé dans des pays francophones des secteurs publics et privés de niveau master 1 et master 2. Elle essaime dis- (Tunisie, Maroc…) avant d’élargir son ré- crètement depuis cinq à six ans ses campus décentralisés sur le continent. « Il a seau à l’international. été décidé en 2012-2013 de renforcer l’infrastructure et d’aller sur le terrain, relate Mission : créer des alliances entre les en- Jean-Dominique Assié, un Français qui dirige l’institution. L’objectif est de former trepreneurs du monde francophone par- à la carte, à la demande, selon les besoins des pays, voire des entreprises, dans tageant les valeurs d’une économie plus le cadre de partenariats avec des institutions locales ». Pour lui, c’est un plus par respectueuse des parties prenantes de rapport à de grandes écoles « du nord » qui arrivent en Afrique avec des formations l’entreprise et de son environnement so- sur catalogue : « Il faut se méfier des standards internationaux qui se fracassent au ciétal et environnemental ; mise en réseau contact des réalités locales » ironise-t-il. Exemples de formations : transports et entre chefs d’entreprise pour favoriser le mobilités urbaines au Maroc, avec le Codatu et l’Institut d’aménagement et d’urba- partage et les échanges d’expérience. nisme de Rabat, financement démocratique au Bénin, pour l’Assemblée nationale Membres : 5 000 dirigeants d’entreprises locale. Ces « campus » légers sont aujourd’hui actifs dans huit pays africains* ainsi dans 20 pays francophones et non fran- qu’en France et en Hongrie (mise en place à l’université de Szeged d’un Master en cophones. français pour former des cadres africains aux relations Europe / Afrique). Et son Réseau : des délégations internationales réseau commence à être conséquent : 400 à 450 formateurs experts francophones, en Tunisie, au Maroc, au Québec, en Ré- 3 000 alumni, dont certains dirigent ministères ou grandes entreprises… « Ils nous publique tchèque, à Monaco, au Bénin, ouvrent des portes » conclut Jean-Dominique Assié. C. G. en Mauritanie, au Sénégal, en Belgique, *Bénin, Burkina Faso, Guinée, Côte d’Ivoire, Djibouti, Maroc, Sénégal, Togo en Côte d’Ivoire, au Royaume-Uni, en www.lemoci.com LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 9
DOSSIER SPÉCIAL Réseaux francophones d’affaires 2. Think Tank/Associations thématiques Association internationale francophone d’intelligence FOCUS économique (AIFIE) L’AIEF ou l’intelligence économique à la manière francophone L’AIFIE a été créée en janvier 2008. Elle Si le mot réseau fait penser à un ensemble de fils entrelacés, alors Philippe Clerc, réunit un réseau d’experts francophones président de l’Association internationale francophone d’intelligence économique publics-privé pluridisciplinaires qui (AIFIE, www.aief.org), en est sans doute un maître : en une quarantaine de minutes échangent des savoir-faire en matière de conversation, lui qui tient le blog du Forum francophone des affaires (FFA) dé- d’intelligence économique et territoriale roule une pelote de francophonie dont le fil mène à de multiples autres pelotes, sur dans le cadre de coopérations bilatérales divers continents, organisations, associations et clubs divers. Cette structure légère ou multilatérales. de quelques dizaines de membres, créée en 2008 avec le soutien officiel de l’OIF Missions : promouvoir le concept et les (Organisation internationale de la francophonie), compte une Canadienne, un Viet- pratiques de l’intelligence économique namien, un Indonésien et un Chilien à son conseil d’administration. Son objectif est francophone, notamment par la re- de promouvoir une approche de l’intelligence économique plus culturelle et socié- cherche, la formation et la prospective ; tale que celle du monde anglo-saxon, très économique. « Nous travaillons sur le dé- animer le réseau des experts et de pra- veloppement endogène des territoires » précise celui qui est aussi conseiller expert ticiens pour mieux coopérer en matière en intelligence économique internationale à CCI France, l’assemblée permanente d’intelligence économique dans les des chambres de commerce et d’industrie (CCI) en France. « On pousse les idées champs économique, culturel, universi- sur une francophonie ouverte et facilitatrice dans le domaine des affaires » ajoute- taire ; échanger, détecter les meilleures t-il. L’AIEF est notamment à l’origine de la création d’une université ouverte dans la pratiques, stimuler l’innovation par la re- ville de Dakhla, au sud du Maroc, avec le soutien actif des Marocains. Elle réunit cherche de nouvelles efficacités écono- tous les deux ans des experts, francophones surtout, mais aussi anglophones à miques et culturelles etc. l’occasion. En 2017, les 5e Rencontres de Dakhla avaient pour thème la « nouvelle Site web : http://aifie.org économie mondiale », tout un programme. Elles ont aussi accueilli le lancement d’un nouveau think tank africain dédié à la réflexion sur le développement écono- Association réseau normalisation mique, le Forum africain de Dakhla… La pelote n’a pas fini de se dérouler… et francophonie (RNF) L’Association RNF œuvre au développe- ment de la francophonie économique en constitué par les associations nationales forcer les capacités dans le domaine favorisant l’utilisation des normes comme de normalisation comme le CRIQ québé- de la normalisation pour faciliter leur outils de développement économique cois ou l’Afnor française. intégration à la chaîne de valeur inter- durable dans les pays francophones. Mission : mener des actions concrètes nationale. Ce faisant, pour les pays du Présidé actuellement par le Canadien à double incidence. Pour les pays du Nord, elle participe à l’amélioration du Denis Hardy, le socle de ses membres est Sud, l’Association RNF travaille à ren- climat des affaires pour les entreprises FOCUS Thinktankers « prépare le terrain pour faire des affaires » « L’objectif n’est pas de faire des affaires, mais nos activités ciation : accepter de consacrer au moins une semaine par an, peuvent y aboutir, d’une certaine façon, on prépare le terrain gratuitement, au développement en Afrique. L’approche est pour faire des affaires ». Mounir Rochdi, expert en in- pragmatique, la francophonie un choix réfléchi : « nous avons telligence compétitive et consultant international choisi la francophonie pour nous rapprocher, mais on travaille auprès du Centre de commerce international sur l’intelligence culturelle et le soft power, explique-t-il. On (CCI) de l’OMC à Genève, préside Think- noue des liens sur la base de projets concrets ». C’est par tankers (www.thinktankers.org), le premier exemple une session de formation d’une semaine à l’IE pour think tank africain dédié à l’intelligence le patronat ivoirien ou, en Tanzanie, la création d’une cellule de économique (IE). Il réunit 43 membres, tous veille pour une association d’entrepreneurs. L’association re- des experts de l’IE africains, dispersés entre vendique son approche différenciée de l’IE, inspirée de l’école l’Afrique du Nord et au sud du Sahara, l’Amé- française : « la culture anglo-saxonne, c’est le partage de l’in- © D.R. rique du Nord et la France. « On a beaucoup de formation ; l’IE à la française privilégie l’analyse de l’informa- demandes mais il faut que le candidat soit africain et tion, résume Mounir Rochdi, qui intervient, dans le cadre de que son adhésion soit acceptée par tous » explique celui qui ses activités pour le CCI, dans de nombreux pays en dévelop- a aussi créé en 2016 les Assises africaines de l’IE et le portail pement. On parle d’influence positive, de déstabilisation. On a marocain Veille.ma. Autre condition pour entrer dans l’asso- une approche globale qui dépasse les nationalités et les CV ». 10 LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 www.lemoci.com
FOCUS Club Francorisk : une langue et une culture des risques en partage Les gestionnaires des risques d’entreprises francophones ont président du club. Conseiller du commerce désormais leur club. Créé formellement en 2016 par l’Associa- extérieur de la france (CCEF) et ancien pré- tion pour le management des risques et des assurances de sident de l’Amrae, il a œuvré dès 2014 pour © D.R. l’entreprise (Amrae) française et l’Association des gestion- l’émergence de ce réseau. « Quatre associa- naires de risques et d’assurances du Québec (Agraq), le Club tions ont déjà vu le jour au Maroc, en Côte d’Ivoire, francorisk (www.clubfrancorisk.com) a pour objectif de déve- au Burkina Faso et au Togo » se félicite Gilbert Canaméras, lopper le réseau international des gestionnaires de risques qui signale toutefois qu’un projet existe aussi au Vietnam. Les francophones, de favoriser la formation à ces métiers, d’aider assureurs et courtiers en assurances, qui sont intéressés par à l’émergence d’associations nationales dans les pays qui en ces marchés émergents, soutiennent ce développement, en sont dépourvus et de diffuser les bonnes pratiques. La de- sponsorisant volontiers les événements du club et de ses af- mande est d’abord venue d’Afrique, où le boom économique filiés. « Dans le monde des assurances, au-delà de la langue, et l’émergence d’entreprises africaines de premier plan ont fait c’est la pratique commune du droit continental, par opposition croître le besoin de monter en compétences : « Il y a incontes- à la common law britannique, qui favorise les synergies et la tablement un tropisme africain » admet Gilbert Canaméras, le coopération » conclut Gilbert Canaméras. qui souhaitent investir dans les pays en des grandes priorités de l’espace franco- risques dans le monde francophone, émergence ou en développement. Deux phone. donnant naissance à un nouveau réseau enjeux importants pour le développe- Objectif : favoriser l’échange d’infor- à l’échelle internationale, le « Club Fran- ment de la francophonie économique. mations et le cas échéant la mise en coRisk », cofondé par l’Agraq québécoise. Site web : http://associationrnf.org relation des acteurs francophones im- Missions : promouvoir la gestion des pliqués dans le domaine de l’innovation risques et des assurances dans l’univers Réseau francophone (numérique et économie du savoir, tech- francophone parmi les professionnels de de l’innovation nologies et économies vertes, industries ce domaine, qui ont en partage culture Créé à l’initiative de l’Organisation inter- culturelles et économie de la culture…) francophone et langue française ; favori- nationale de la francophonie (OIF), le Ré- en leur offrant des services de veille et ser et diffuser la culture du risk manage- seau francophone de l’innovation a pour des espaces collaboratifs sur sa plate- ment dans les pays francophones. objectif de renforcer la capacité des pays forme en ligne. Membres : professionnels du manage- et des régions de l’espace francophone Site web : https://www.francophoniein- ment des risques (risk managers, en ac- dans la mise en œuvre de stratégies novation.org tivité ou à la retraite, assureurs, courtiers, d’innovation. Le réseau accompagne la conseils). réflexion en matière d’innovation, donne Club francophone Animation du réseau : une ‘conven- l’accès à l’information en français et iden- du management des risques tion francophone’ à l’occasion des Ren- tifie les compétences et initiatives dans En 2014, l’Amrae (Association pour le ma- contres annuelles de l’Amrae et des évé- l’espace francophone. nagement des risques et des assurances nements dans les pays. Mission : encourager la mise en réseau de l’entreprise) a lancé une initiative de Site web : www.clubfrancorisk.com des acteurs de l’innovation comme une diffusion de la culture de la gestion des 3. Réseaux métiers Réseau des juristes d’entreprises francophones FOCUS Le Réseau des juristes d’entreprises fran- Un réseau qui s’agrandit cophones a été lancé officiellement en À fin avril 2018, le réseau piloté par l’AFJE a été rejoint par l’Association camerou- février 2018 par l’Association française naise des juristes d’entreprise (ACJE), l’Association congolaise pour la promo- des juristes d’entreprise (AFJE) pour dé- tion des juristes d’entreprises (ACPJE), l’Association des juristes d’entreprises du velopper ou participer à l’émergence du Congo-Brazzaville (AJEC), l’Association des juristes d’entreprises de Côte d’Ivoire métier de juriste d’entreprise dans les (AJECI), le Cercle marocain des directions juridiques (CMDJ) et l’Institut belge des pays francophones. juristes d’entreprises. Le réseau s’agrandit et pourrait bientôt être rejoint par des Objectifs : permettre un partage des juristes de Suisse et du Québec. meilleures pratiques « bests practices » Le réseau a également pour objectifs de participer au développement d’un climat et du savoir-faire entre les juristes exer- des affaires propice à la compétitivité des entreprises et participer à l’influence du çant dans un pays ayant le français droit français à l’international. pour langue officielle et partageant une www.lemoci.com LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 11
DOSSIER SPÉCIAL Réseaux francophones d’affaires culture juridique semblable ; participer à Association francophone Le Club des dirigeants l’amélioration de la formation initiale et de comptabilité (AFC) de banques et établissements continue des juristes d’entreprise. Créée en 1979, l’Association française de de crédit d’Afrique Site web : www.afje.org comptabilité (AFC) est devenue en 2002 Le Club des dirigeants de banques et l’Association francophone de comptabi- établissements de crédit d’Afrique est Association du notariat lité. Aujourd’hui, l’AFC regroupe plus de une association sans but lucratif, créée francophone (ANF) 400 membres, principalement des ensei- en janvier 1989 à Lomé au Togo, réunis- L’Association du notariat francophone a été gnants et chercheurs, issus des écoles sant l’État-major des banques africaines. créée sur l’initiative de la profession nota- de commerce et des universités, dans les Mission : satisfaire les besoins d’infor- riale, avec le soutien du ministère français disciplines de la comptabilité, du contrôle mation et de formation de ses membres, de la Francophonie, le 17 mars 1992 à Paris. de gestion et de l’audit. susciter et faciliter la réflexion des ban- Objectifs : développer les liens entre les Objectifs : contribuer au développement quiers africains sur les objectifs à at- notaires francophones et les divers nota- et à la diffusion des connaissances dans teindre et sur les moyens à mettre en riats d’expression française, afin de facili- ces domaines ; créer et entretenir des œuvre. ter la coopération transfrontalière ; mettre réseaux d’échanges nationaux et interna- Activité du club : forum d’été, journées en commun les moyens matériels et hu- tionaux entre les personnes concernées annuelles, voyages d’études, colloques. mains à travers la réalisation de projets par l’enseignement et la recherche en Site web : www.club-banque.net d’intérêt commun et échanger les expé- comptabilité, contrôle et audit ; favoriser riences ; susciter la tenue, à intervalles ré- les liaisons entre les praticiens et les en- guliers, d’assises du notariat francophone. seignants-chercheurs. Site web : www.notariat-francophone.org Site web : www.afc-cca.com FOCUS L’Ohada à fait émerger un espace international d’affaires africain et francophone Créée en octobre 1993, l’Organisation pour l’harmonisation la diffusion de ce droit via Internet. « Il y a des initiatives fran- du droit des affaires (Ohada, www.ohada.org/), dont les bases co-africaines, mais également purement africaines », observe s’inspirent du droit écrit français, regroupe aujourd’hui Jean-Jacques Lecat. 17 État-membres* dont l’environnement juridique Mais pour ce spécialiste de l’Afrique, « l’Ohada favorise le des affaires a été progressivement harmonisé développement des affaires d’abord au bénéfice des pays par les Actes uniformes de l’Organisation et membres » en abolissant les barrières du droit et des régle- leur mise en œuvre. De nombreux réseaux mentations. « Cet espace va plus loin que les Unions écono- de professionnels se sont constitués dans miques régionales comme l’Uemoa ou la Cemac qui, à l’instar les pays mais aussi à l’international, autour de l’Union européenne, visent à harmoniser les règles concer- de cet espace. « La plupart des professions nant la libre circulation des biens, des personnes, des capitaux juridiques se sont dotées d’organisations in- et des services : l’Ohada ne s’arrête pas là, elle établit un droit ternationales regroupant leurs membres fran- uniforme dans des domaines tels que le droit des sociétés © Fotolia.com cophones » observe Jean-Jacques Lecat, avocat commerciales, les procédures collectives, le recouvrement associé de l’équipe Afrique CMS Bureau Francis Lefebvre des créances, les suretés, l’arbitrage dont les dispositions et président de la Commission juridique et fiscale du Conseil viennent d’être révisées, la médiation, objet du plus récent et des investisseurs français en Afrique (CIAN). Mais l’Ohada a dixième Acte Uniforme » souligne l’avocat français. Cerise sur particulièrement motivé « la coopération entre les profession- le gâteau : il existe aussi une Cours de justice commune, la nels des États-membres ». Cour Commune de Justice et d’arbitrage (CCJA), qui siège à C’est ainsi que s’est constituée fin 2015 une Conférence des Abidjan mais peut se déplacer dans les Etats-membres. Elle a barreaux des États-membres de l’Ohada dont l’objectif est de rendu son premier jugement en 2001. susciter entre ses membres coopération et échanges sur les Si les entreprises françaises bénéficient de cette simplification pratiques communes (http://conferencebarreauxohada.org/). de l’environnement des affaires, les autres entreprises étran- Des notaires travaillent sur le statut des terres (Association du gères aussi, et bien sûr les sociétés africaines : « On l’oublie notariat francophone/ANF - www.notariat-francophone.org) souvent mais dans cet espace, c’est aussi devenu plus facile et des huissiers sur les voies d’exécution (l’Union internatio- pour les entreprises africaines de s’internationaliser pour de- nale des huissiers de justice / UIHJ - www.uihj.com/fr/- est venir panafricaines et certaines d’entre elles concurrencent en contact étroit avec l’Ohada et organise régulièrement dans aujourd’hui les grands comptes ». les pays membres des formations, via l’Unité de formation des huissiers de justice africains/Ufohja). *Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Autre initiative : un projet franco-africain d’école numérique Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, du droit Ohada en cours de gestation, qui visera à accroître Mali, Niger, RDC, Sénégal, Tchad, Togo 12 LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 www.lemoci.com
Union bancaire francophone FOCUS (UBF) Objectif : développer l’échange et le par- Un discret club de banquiers africains au tropisme francophone tage d’informations et de connaissances, Le Club des dirigeants de banques et d’établissements de crédit d’Afrique (www. ainsi que la construction d’un réseau club-banque.net), dont le siège est à Lomé (Togo) est une vieille histoire : il fêtera entre les associations bancaires des ses 30 ans l’an prochain. Sa création remonte à 1989 après une rencontre d’une pays francophones sur des sujets d’inté- trentaine de dirigeants de banques africains organisée par le Centre de formation à rêt commun. la profession bancaire (CFPB, www.cfpb.fr/) qui les avait formés. « Au-delà des rela- Membres : associations professionnelles tions professionnelles et du partage d’informations, c’est plutôt un réseau d’amis » de banques ou fédérations d’associations souligne Alain Le Noir, fondateur et toujours conseiller du président du Club, an- professionnelles de banques, au niveau cien dirigeant de l’Observatoire de la finance durable (Skema). « Nous travaillons national ou régional. toujours de façon informelle, en réseau, et c’est peut-être pour cela que nous exis- Activité du réseau : l’UBF organise régu- tons toujours ». Le Club compte une cinquantaine de membres, tous présidents lièrement des événements internationaux ou directeurs de banques adhérant à titre personnel, avec une majorité opérant en (conférences et ateliers) sur des sujets Afrique francophone. Il est actuellement présidé par Aissata Sidibé/Koné, directrice d’intérêt commun pour ses membres, générale de Coris Bank Mali. Les membres se retrouvent chaque année pour leur pour faire progresser les systèmes ban- assemblée générale et lors d’une université d’été, chaque fois dans un pays diffé- caires au service de tous les publics. rent. Le poids de la culture bancaire française, réel au départ, s’est atténué avec le Site web : www.ubf-banques.org temps : les grands réseaux bancaires français se sont en effet progressivement reti- rés d’Afrique francophone au profit des banques marocaines – à l’exception notable Club médical numérique de la Société Générale – et des acteurs africains comme Coris Bank ou Orabank francophone & innovation santé ont émergé. En outre, la mondialisation des règles prudentielles a fait son œuvre. (CMNFIS) « La culture bancaire française reste et nous avons la langue Né en février 2016, le CMNFIS a pour am- française en partage. Mais avec Bâle, la réglementa- bition de créer un écosystème qui accé- tion est devenue mondiale ». Le tropisme lère l’émergence de solutions innovantes francophone demeure toutefois pour répondre aux nouveaux besoins des car la volonté d’ouverture aux professionnels de santé. banquiers d’Afrique Objectif : offrir une formation médicale anglophone n’a pas aux professionnels de santé attirés par eu jusqu’à présent le les nouvelles technologies médicales. m lia.co succès escompté. Mission : sur le continent africain, le club - Foto met en place des axes de coopération vana nord-sud principalement dans les pays il ero S francophones et facilite le transfert de sa- mugn voirs, savoir-faire pour le développement © Co d’une santé numérique adaptée aux be- soins locaux. Site web : http://www.clubmedicalnu- merique.org FOCUS Un réseau d’avocats francophones en Amérique latine Début juillet, est né le premier réseau d’avocats franco- s’arrête pas à la seule pratique de la langue phones en Amérique latine. Créé notamment à l’initiative de française, mais va jusqu’à la connaissance Charles-Henry Chenut, avocat français et Conseiller du com- de la culture locale des affaires : « Je ne veux © D.R. merce extérieur de la France, fondateur et associé-gérant pas du bilinguisme, mais du biculturalisme » ré- du cabinet Chenut Oliveira Santiago, fortement implanté au sume C-H Chenut, dont le cabinet emploie près de Brésil mais aussi en France et au Portugal, il rassemble dans 120 Brésiliens au Brésil, lui-même étant le seul avocat fran- un premier temps des avocats de cinq pays d’Amérique la- çais. Aujourd’hui, pour un cabinet d’avocat d’affaires comme le tine (Brésil, Colombie, Argentine, Mexique, Costa Rica). Cette sien, il ne s’agit plus de se contenter de fournir seulement du initiative répond d’abord à un désir des intéressés de trouver conseil juridique : « on offre un conseil stratégique à l’export, un cadre qui favorise la mise en contact et les échanges. Le une structuration d’implantation allant bien au-delà des seules besoin est né également du marché : « On se structure aussi questions de droit et on fait travailler de nombreux autres ré- pour répondre à une demande de nos clients », et le besoin ne seaux comme les experts-comptables francophones ». C. G. www.lemoci.com LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 13
DOSSIER SPÉCIAL Réseaux francophones d’affaires 4. Plateformes business opérationnelles ◗ Mise en contact/réseautage/mise en réseau FrenchFounders Fondé en 2014 par deux Français basés à FOCUS New York, Benoît Buridant, cofondateur Un club féminin pour l’accès aux marchés et CEO, et Vincent Deruelle, cofondateur, « Nous sommes un peu plus de 2 000 membres, principale- © D.R. le réseau FrenchFounders est un « club ment basés au Québec, mais aussi ailleurs au Canada franco- business » qui réunit une communauté phone », indique au Moci Isabelle Quentin, maître-éditeur et membre du RFAQ de CEOs, entrepreneurs, start-up, grands (www.rfaq.ca/) depuis cinq ans. L’une des activités principales du réseau est de groupes et investisseurs francophones faciliter l’accès aux marchés, aux donneurs d’ordres. Actif au Canada et aux États- pour faciliter les échanges d’affaires en Unis depuis plus de trente ans, le RFAQ se tourne à présent vers la francophonie à connectant ses membres aux bons inter- travers le ‘Carrefour Femmes d’affaires francophones (FAF)’ dont Isabelle Quentin locuteurs pour accélérer leur business. est membre-responsable. Créé à l’initiative du RFAQ, le Carrefour FAF a été lancé Objectif : connecter de manière per- début juin. Cette plateforme permettra de mettre en commun des recherches spé- sonnalisée et ciblée ses membres avec cifiques de partenariat, d’échange d’expertise professionnelle, d’appels d’offres d’autres CEOs, top-exécutifs, entrepre- et d’opportunités d’affaires pour ses membres respectifs. Le Carrefour FAF ambi- neurs ou investisseurs francophones. tionne de croître et cible en priorité les associations de femmes d’affaires de l’Eu- Membres : 3 000 membres actifs (di- rope francophone et du Maghreb. Il se dotera prochainement d’un site Internet. rigeants de start-up/scale-up, PME, grands groupes). Animation du réseau : une vingtaine Réseau des femmes d’affaires trepreneures font des missions commer- « d’ambassadeurs », des bénévoles qui du Québec (RFAQ) ciales, de multiples activités de forma- représentent FrenchFounders sur une Fort de 35 ans d’expérience, le RFAQ est tions, de réseautage, de rencontre avec zone géographique donnée animent la un réseau d’affaires dont la mission est des donneurs d’ordre chaque mois, etc. communauté de membres dans leur ré- de contribuer activement au développe- Réseau : 2 000 membres gion. ment économique et à l’épanouissement Site web : www.rfaq.ca Réseau : 10 bureaux en propre dans le professionnel de ses membres, en met- monde : New York, San Francisco, Miami, tant en évidence leurs compétences, leur Réseau des femmes entrepreneurs Singapour, Hong Kong, Paris, Shanghai, créativité et leur engagement. de la francophonie (RéFEF) Montréal, Los Angeles, Londres. Mission : identifier, accompagner et Lancée en mars 2018 par l’Organisation Dans chaque bureau, des managers (sa- promouvoir le leadership des femmes internationale de la francophonie (OIF), la lariés de FrenchFounders) s’occupent au sein des milieux d’affaires, social, po- plateforme numérique « RéFEF » permet des mises en relation de leurs membres litique et économique ; permettre aux la mise en contact des femmes entrepre- dans le monde entier. femmes de réseauter efficacement. neures francophones du monde entier. Site web : www.frenchfounders.com Animation du réseau : les femmes en- Objectif : répondre aux besoins expri- FOCUS Un club business sélectif « Aujourd’hui, nous avons 3 000 membres actifs dans 40 plus vite pour nouer des contacts, et va surtout créer de la pays », indique au Moci Vincent Deruelle, cofonda- confiance pour générer des collaborations ». teur du club d’affaires FrenchFounders (www. Pour conserver ce qui fait sa valeur-ajoutée, à savoir de la frenchfounders.com). Un club très sélec- mise en relation qualitative avec des top-exécutifs, le club tif dont l’adhésion annuelle de 790 dollars n’ambitionne pas de se développer à tout va. « Nous sommes permet à ses membres d’avoir accès à une en train de grossir, mais nous n’avons pas d’objectifs chiffrés, communauté d’investisseurs et de parti- on devrait atteindre les 3 500 / 4 000 membres d’ici la fin de ciper à des événements (ateliers théma- l’année », estime le cofondateur. Mais il compte bien se ren- tiques, conférences). « Le club est fermé à la forcer en Europe. « On souhaite renforcer la communauté de prospection car il se veut un lieu d’échanges membres dans les villes européennes telles que Madrid, Mos- © D.R. d’idées, de networking, de retours d’expériences cou et Genève », développe le cofondateur. Dans ces villes, concrets sur des opportunités d’affaires pour se développer FrenchFounders ambitionne d’atteindre la cinquantaine de à l’international », renseigne Vincent Deruelle. « La mise en membres contre une vingtaine actuellement. relation entre les membres, souligne-t-il, va permettre d’aller 14 LE MOCI - N° 2056-2057 - Juillet-Août 2018 www.lemoci.com
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