Luces distantes marc lathuillière - Soutien à la photographie documentaire contemporaine et dispositif Suite, Cnap

 
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Luces distantes marc lathuillière - Soutien à la photographie documentaire contemporaine et dispositif Suite, Cnap
marc lathuillière
luces distantes

Soutien à la photographie documentaire contemporaine
et dispositif Suite, Cnap
Luces distantes marc lathuillière - Soutien à la photographie documentaire contemporaine et dispositif Suite, Cnap
« Au fond, il faut que ce soit toute la terre, tous les visages et tous les vivants qui protestent contre la violence, il faut que l’insurrec-
tion elle-même se fasse monde pour que les minorités hantent l’oppresseur, pour qu’elles soient partout et nulle part, dans le pois
doux, les bambous, l’eau, les mains, les bouches et les bras. Dans son agencement, Lathuillière arrive ainsi à produire un corps col-
lectif qui se compose de forces humaines, voix de justice et de poésie, de présences végétales, puissance de la terre, et de forces
animales. En cela l’artiste lui-même n’est plus qu’un intercesseur, porte-parole au sens littéral du terme. »

Fares Chalabi
« Des cristaux et des masques - sur la photographie cristalline et fabulatoire de Marc Lathuillière »
TK21, novembre 2021
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luces distantes / lumières distantes
Associant étroitement création et résistance, Luces Distances est
une alliance développée depuis 2020 entre Marc Lathuillière et
des paysans afro-descendants de l’Uraba, au nord de la Colom-
bie, aire de déforestation et de conflit armé portant sur le contrôle
des terres. Pensé dans le cadre de cette contrainte, le processus
artistique est construit sur trois demandes vitales de ces commu-
nautés : désir de rendre visible leur lutte non-violente, nécessité
de protéger la vie des leaders, « capacitation » afin de renforcer
leurs structures de résistance. C’est particulièrement le cas à la
Madre Unión, une « Zone de biodiversité » où depuis 2022, l’artiste
accompagne la naissance d’un groupe de gardiens de l’environne-
ment, les Guardianes Madre Árbol. Le projet, pour sa partie filmée,
est lauréat du prix Earth Photo / Forest Ecosystem 2024.

« Lumières lointaines »,
entretien Marc Lathuillière – Julien Petit,
curateur au MAMU Bogota, 2021
https://www.boumbang.com/marc-lathuilliere/

Interview vidéo, Sorbonne ArtGallery, 2020
https://www.youtube.com/watch?v=sbk_2964jhc
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/ le projet
Les trois communautés avec lesquelles le projet a débuté en 2020
appartiennent à une constellation d’une cinquantaine de « Zones
humanitaires » ou « de biodiversité » de l’Urabá, région frontalière
du Panama. Enclaves réservées aux civils, interdites à tout porteur
d’armes, elles sont la forme d’organisation pacifiste par laquelle ces
descendants de marrons tentent de résister aux groupes - agroin-
dustriels et narco-paramilitaires – qui leur arrachent leurs terres par
la force, abattant la jungle et asséchant les zones humides. Plusieurs
protocoles associant photographies, vidéos et écrits participatifs ont
été menés de manière étroitement collaborative. Ils présentent les
villageois en lutte, non comme des individus isolés et reconnais-
sables, mais comme membres de collectifs humains et non hu-
mains, reliés à leurs environnements. Une partie de ces « portraits
environnementaux » a été exposée la même année à la Sorbonne Art          Mensajes
                                                                          dix-sept textes manuscrits
Gallery.                                                                  de villageois en résistance
                                                                          sur tissus 50x75 cm

Depuis 2022, le projet s’est focalisé sur La Madre Unión, dont les
leaders, confrontés à de nouvelles menaces, ont invité Marc Lathuil-
lière à les aider à organiser leur résistance. En réponse, celui-ci a
entrepris une démarche de capacitation de leur groupe de défense
                                                                                                                       Crecer, Resistir
de l’environnement, renommé Guardianes Madre Árbol (Gardiens                                             Exposition, Sorbonne ArtGallery,
de mère arbre), les accompagnant dans leur structuration juridique,                                     Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2020
leur financement, leur identité visuelle ainsi que dans leur visibilité
artistique et médiatique. La naissance de cette association est mise
en fiction dans un court métrage, Ser Guardianes Madre Árbol, co-
signé avec les Guardianes, prix Forest Ecosystem/ Earth Photo 2024,
qui a bénéficié de financements de AM Art Films et du Cnap. Ce
dernier a également soutenu l’exposition du projet aux Rencontres
d’Arles 2023 (Fondation MRO).Enfin, depuis 2023, ont été lancés
deux processus de création résistance centrés sur l’échange de
texte poétiques écrits à la main – sur des oreillers pour premier, sur
des cerfs-volants pour le second - entre Guardianes et auteur•trices
basés en Europe, dont l’anthropologue du vivant Tim Ingold.
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/ une diversité en résistance
                                                                                             Située entre le Pacifique et l’Atlantique, à la racine de l’isthme de
                                                                                             Panama, l’Urabà est l’une des contrées les plus pluvieuses et biodi-
                                                                                             verses de la planète. Le bassin du Bas Atrato est ainsi un dédale de
                                                                                             forêts et de zones humides, ayant servi de longue date de refuge aux
                                                                                             Noirs marrons comme aux indigènes. En réparation de l’esclavage
                                                                                             passé. l’Etat colombien leur a accordé un droit inaliénable sur des
Conférence de presse des                                                                     terres dites « territoires collectifs ». Le front de la déforestation, et
Autodefensas Gaitanistas de Colombia
(AGC, ou Clan del Golfo)                                                                     les conflits qu’il entraîne, tend pourtant à les en chasser. A la fin des
Source : ancien site web des AGC, 2019                                                       années 1990, la plupart de ces communautés ont été déplacées par
                                                                                             la force, lors de massacres organisés, sous couvert de lutte antigué-
                                                                                             rilla, par l’armée et des paramilitaires d’extrême droite. Depuis, elles
                                         Alias Resistencia #1                                tentent de se réimplanter sur leurs terres, appropriées en leur ab-
                                         Série Cuerpos Y Plantas
                                         2020                                                sence par des agro-industriels de l’élevage, de la banane et du pal-
                                                                                             mier à huile. En lien avec ces dernier, un contrôle social relevant de
                                                                                 Reunión
                                                                                             la terreur est maintenu dans la région par les AGC, premier groupe
                                                                   Photographie infrarouge   narco-paramilitaire de Colombie et principal responsable des assas-
                                                                   Série Apariciones, 2020   sinats de leaders villageois.

                                                                                             C’est à cette stratégie conjointe, appelée despojo (« dépouille »), que
                                                                                             l’organisation des villageois en zones neutres et non-violentes tente
                                                                                             de répondre. Ces «zones humanitaires» repésentent un archipel de
                                                                                             résistance dans un bassin du Bas Atrato entièrement contrôlé par
                                                                                             les AGC. Reliées par des liens de solidarité, de plus en plus rebap-
                                                                                             tisées « zones de biodiversité », elles s’engagent, comme La Madre
                                                                                             Unión, à protéger un environnement de zones sauvages et de petite
                                                                                             agriculture diversifiée contre l’agro-industrie. Une lutte peu connue,
                                                                                             et ce malgré l’aide de l’organisation de défense des droits humains
                                                                                             Comisión de Justicia Y Paz. Dans les zones où le projet a pu être
                                                                                             mené, l’accueil d’un artiste étranger a donc été pensé comme partie
                                                                                             d’une réponse par la « visiblisation » : assurer la survie des commu-
                                                                                             nautés en les maintenant sous l’œil international.
Luces distantes marc lathuillière - Soutien à la photographie documentaire contemporaine et dispositif Suite, Cnap
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/ Mascaras
Zone de biodiversité de La Madre Unión, Zone humanitaire de Pueblo Nuevo · 2020

Portraits de villageois en résistance portant des masques fabriqués à partir de plantes. Ils forment diptyque avec des textes sur toile, écrits de leurs
mains. Signés sous des alias, ces derniers libèrent une parole directe sur le lien qu’ils entretiennent avec leur environnement territorial, la nécessité
et le danger qu’il y a à défendre celui-ci.

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Alias La Mamasota - Série Mascaras, 2020
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Alias Luchador de Troya #1
Série Mascaras, tirage lambda, 60x90 cm
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« Je suis du territoire de
                                                                                La Madre Union.
                                                                                Mon pseudonyme est
                                                                                Combattant de Troie.

                                                                                Je ne peux parler, bien que j’ai une voix,
                                                                                Et si je peux penser,
                                                                                c’est sans pouvoir agir.
                                                                                Ils m’ont blessé à mort,
                                                                                condamné au silence,
                                                                                bien que je sois en vie.

                                                                                Je demande au calebassier
                                                                                de me donner son fruit
                                                                                pour qu’il me représente
                                                                                au travers de mon masque.
                                                                                En notre zone de biodiversité. »

Alias Luchador de Troya
Diptyque, tirage lambda, 60x90 cm, et écriture manuscrite sur tissu, 50x75 cm
Série Mascaras, 2020
Exposition Luces Distantes, Fondation MRO, Rencontres d’Arles 2023
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Alias Amor #1
Série Mascaras, tirage lambda, 60x90 cm
« Je suis née et vis
dans la zone humanitaire de Pueblo Nuevo.
Mon nom est «Amour».

Je porte ce masque pour protéger mon identité et ma vie.
Avec cette feuille de bois trompette,
je m’identifie comme partie de mon territoire.

Et je veux envoyer ce message à l’Etat, parce que :
- Il ne nous soutient pas
- Ne nous assure pas de sécurité
- Ne nous protège pas ni ne nous assure de protection
- Il n’y a pas de centre de santé
- Peu d’éducation et d’opportunités en général. »

Alias Amor #2
Ecriture manuscrite sur tissu 50x75 cm
L’artiste et Amor
Alias El Chicharro #1
Série Mascaras, tirage lambda, 60x90 cm
« Je suis de la Madre Union, communauté du Bajo Atrato,
Chocó. Je me surnomme «Le chinchard».

Je me trouve ici avec mes compagnons de travail
et ma famille.

Nos dirigeants, qui connaissent le problème du
déplacement forcé, et restent aveugles à nos souffrances,
nous ont abandonnés. Nous avons peur, nous sommes
effrayés parce que, en tant que paysans, nous ne pouvons
dire la vérité. Du fait des groupes subversifs : en premier lieu
notre gouvernement, en second les paramilitaires.

Ma famille et moi devons donc porter des masques
de paille de riz. »

Alias El Chicharro #1
Ecriture manuscrite sur tissu 50x75 cm
L’artiste et El Chicharro
/ Cuerpos y Plantas
Zone de biodiversité de La Madre Unión, Zone humanitaire de Pueblo Nuevo · 2020

Figuration des villageois par des photographies d’une partie de leur corps et d’une plante de leur biotope à laquelle ils demandent de les repré-
senter. Composés de une à trois images, ces dix-huit portraits environnementaux forment des polyptiques avec leurs textes manuscrits sur tissu.
« Je suis du territoire
                                                                   de la zone de biodiversité
                                                                   de la Madre Unión.
                                                                   Je me surnomme Pastrana.

                                                                   De même que la force de ma main
                                                                   a soutenu pendant
                                                                   plus de cinq ans la lutte pour
                                                                   notre territoire, et planté ici
                                                                   comme ce kapokier, je me tiens
                                                                   ferme pour continuer à me battre.

                                                                   Et j’espère qu’avec l’aide
                                                                   internationale nous
                                                                   nous obtiendrons rapidement
                                                                   du gouvernement
                                                                   qu’il nous rende nos terres.
                                                                   Pour que, dans notre zone de
                                                                   biodiversité, nous puissions
                                                                   vivre en paix. »

Alias Pastrana
Triptyque, 2 tirages lambda 60x90 cm, 1 texte manuscrit 50x75 cm
Série Cuerpos y Plantas, 2020
« Je suis du territoire de la Madre Unión.
                                      Je me surnomme E.

                                      Mes cheveux, que j’aime tant,
                                      me poussent au désespoir.
                                      Du gouvernement j’exige d’abord
                                      qu’il me rende ma terre, que j’aime tant.

                                      Je demande au pois doux de me représenter. »

Alias E
Diptyque, un tirage lambda 60x90cm,
un texte manuscrit 50x75 cm
Série Cuerpos y Plantas, 2020
Alias Agua
Quadriptyque, trois tirages lambda, un texte manuscrit 50x75 cm
Haut, Alias Agua #1 (Pecho), droite, Alias Agua #2 (Riachuelo)
Série Cuerpos y Plantas, 2020
Alias Agua #3 (Beber)

« Je suis de cette zone de biodiversité
de la Larga Y Tumaradó.

Mon alias est « Eau ».

J’ai eu peur de venir ici, et d’y habiter.
Par la grâce divine de Dieu qui est pure
et cristalline comme l’eau qui me donne vie,
en voyant l’absence de l’Etat,
je souffre de ce que j’ai vécu ici.

Et ma poitrine, que j’ai mise en péril,
m’a donné de la force, et je suis encore entier. »

Alias Agua #4
Ecriture manuscrite sur tissu 50x75 cm
« Je suis de la zone humanitaire de Pueblo Nuevo.
                      Mon alias est «Tant de choses».
                      Je demande à l’aloe vera de me représenter.
                      Mon oreille écoute beaucoup de choses.
                      J’ai peur des massacres.
                      Je ne veux plus entendre de nouvelles de personnes
                      tuées ou maltraitées pour la défense de nos territoires.
                      J’aimerais entendre des rires dans mon village. »

Alias Tantas Cosas
Triptyque, deux tirages lambda, un texte manuscrit 50x75 cm
Série Cuerpos y Plantas, 2020
« Je me surnomme Pedro.
                              Je suis de la zone humanitaire de Pueblo Nuevo, dans le Bas Atrato.
                              Je m’identifie à mon dos et à mes bras, car sous le fléau de la violence,
                              de la violation des droits et devoirs de nos communautés, ni nos vies ni nos territoires ne sont respectés.
                              Les violents, ils veulent nous les prendre par la force.
                              Mon dos et mes bras sont néanmoins restés fermes pour lutter, résister et survivre.
                              Je ne veux plus de guerre. Nous voulons vivre dans un environnement libre et empli d’amour.
                              Je demande au bananier plantain de continuer à me donner l’énergie de son fruit. »

Alias Pedro
Triptyque,
deux tirages lambda,
un texte manuscrit 50x75 cm
2020
Alias Alicia #1 (boca)
tirage lambda, 60x90 cm
Alias Alicia
                                                                          Quadriptyque, trois
                                                                          tirages lambda 60x90 cm
                                                                          un texte manuscrit 50x75 cm
                                                                          Série Cuerpos y Plantas
                                                                          2020

« Je suis du territoire de la Madre Unión, zone de biodiversité.
Mon nom est : Alicia.
Je m’identifie au jambosier.
Je ne peux être photographiée en une image
permettant de reconnaître mon visage ou mon identité.
Cela fait plus de cinq ans que nous exigeons du gouvernement qu’il nous
rende nos terres, pour que nous puissions vivre mieux.
Je suis une bouche, et je veux sourire libre et en paix. »
Luces Distantes
Marc Lathuillière et Guardianes Madre Arbol
« Grow Up », Fondation MRO, Rencontres d’Arles 2023,
Commissaire Pascal Beausse, production Cnap et AM Art Films

Droite : Alias Alicia, polyptyque, 3 photographies 60x90 cm, 1 texte manuscrit 50x75 cm
Shaping: Refracted Times
           POUSH, Aubervilliers,
curatrice Zohreh Deldadeh, 2024
/ Apariciones
Zone de biodiversité de La Madre Unión, Zones humanitaires de Camelias et Pueblo Nuevo · 2020

Prises de vue nocturnes réalisées avec une caméra de chasse infrarouge. En surexposant les yeux et la peau, la technique rend les traits du visage
méconnaissables. En ayant recours au « réalisme magique », la série permet de médier la peur que vivent les villageois au quotidien. Les photo-
graphies sont destinées à des impressions UV sur verre ou en papier peint grand format.

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Rio de Luz - Série Apariciones, 2020
Encuentro
                                                         Impression UV sur verre, 33x44 cm
                                                         2020

Camino
Photographie infrarouge, impression UV sur verre, 2020
Machete
Photographie infrarouge, impression UV sur verre, 33x44 cm, 2020
Riachuelo
Photographie infrarouge, impression UV sur verre, 33x44 cm, 2020
Colegio
Photographie infrarouge, impression UV sur verre, 33x44 cm, 2020
Apariciones
Gauche : Hoja, impression UV sur verre 4 mm, 33x44 cm, étagère chêne 3x6,5x44 cm
Exposition Luces Distantes, Rencontres d’Arles 2023
Droite : simulation avec quatre pièces sur verre 4 mm (33x44 cm et 16,5x22 cm),
étagère chêne 3x6,5x150 cm
/ Depix
Zone humanitaires de Pueblo Nuevo, Zone de biodiversité de La Madre Unión· 2020

Quatre portraits composites par superposition de visages. La composition est réalisée à partir de calques reprenant les motifs des uniformes à
camouflage pixelisé des paramilitaires. Ils évoquent le caractère collectif mais aussi numérique de la résistance.
Cinco Mujeres de Pueblo Nuevo
Cinq portraits de femmes superposés en suivant des motifs de camouflage pixelisé
2020
Quatro Hombres de Pueblo Nuevo
Quatre portraits d’hommes superposés en suivant des motifs de camouflage pixelisé
2020
Depix
Présentation sur deux tablettes
Exposition Shaping: Refracted Times
Poush, Aubervilliers, 2024
/ Ser Guardianes Madre Árbol (Devenir Gardiens de mère arbre)
Zone de biodiversité de La Madre Unión· 2022-2023

Photographies, vidéos, court métrage, processus de capacitation

En 2022, les leaders de la Madre Unión ont invité Marc Lathuillière à les assister, au travers de processus artistiques, dans la conceptualisation et
la mise en lumière d’une garde environnementale. Une réponse à des dangers sur leur forêt devenus plus pressants, nécessitant un accompagne-
ment dans la prise de parole à visage découvert, localement comme sur les réseaux sociaux. Grâce au Soutien à la photographie documentaire du
Cnap, l’artiste a répondu à cette demande en développant avec eux une fiction documentaire. Convoquant le réalisme magique, celle-ci les voit
porter des masques de calebasse avant de s’en séparer pour affronter l’objectif, acte de renaissance traduit par des photographies, des vidéos, et
un court-métrage co-signé, soutenu par AM Art Films et lauréat du prix Forest Ecosystem / Earth Photo 2024. Cette alliance créative avec l’asso-
ciation, rebaptisée Guardianes Madre Árbol, s’est aussi manifestée par la conception de leur logo avec le graphiste Nicolas Balaine, et l’apport de
tenues vestimentaires, nécessaire à la visibilité et à la sécurité des membres, un mécène finançant par ailleurs leur antenne internet.

Film « Ser Guardianes Madre Árbol », version courte :
https://www.youtube.com/watch?v=YwaJ8PnQ1AM

Pages précédentes : Ser Guardianes Madre Árbol – masked/unmasked
2022
Gauche : tournage de Ser Guardianes Madre Arbol
Droite : logo des Guardianes Madre Árbol, graphisme Nicolas Balaine
2022
La muerte de la ceiba bonga
Photographie infrarouge tirée sur papier baryté
2022
Soy El Árbol Sande
Photographie infrarouge tirée sur papier baryté
2022
Somos Guardianes - semillas
Photographie infrarouge tirée sur papier baryté
2022
La Rana y La Tortuga
Photographie infrarouge tirée sur papier baryté
2023
Somos Guardianes - en el bosque
Photographie infrarouge tirée sur papier baryté
2022
Ser Guardianes Madre Árbol
court-métrage, 8 mn 15
https://vimeo.com/852958800                                                        Projection dans l’exposition
Cosigné avec les Guardianes Madre Árbol, coproduction Cnap et AM Art Films, 2023   Shaping: Refracted Times, Poush, Aubervilliers, 2024
Prix Forest Ecosystem / Earth Photo 2024
Groupe Whatsapp
                                                                                       des Guardianes Madre Arbol
                                                                                       consultable par le public pendant
                                                                                       l’exposition Luces Distantes, Fondation MRO,
Document · Hector Perez après une réunion de capacitation stratégique des Guardianes   Rencontres d’Arles 2023,
Mars 2022                                                                              commissaire Pascal Beausse
/ Sueños
Zone de biodiversité de La Madre Unión · 2023

Ecriture participative et processuelle, documentation photographique, réseaux sociaux, capacitation
https://www.instagram.com/lathuillieremarc/

Sueños est un échange de textes sur oreillers entre Guardianes Madre Árbol et amis distants du projet. Sur le thème proposé par l’artiste – expri-
mer par un texte de soutien ce qu’est le songe, ou désir, de l’autre, lorsque la langue, la distance et l’absence d’internet nous en séparent - cinq
personnes basées à Paris ont écrit chacune, à la main, un texte sur tissu. En février 2023, Marc Lathuillière a emporté ces tissus à la Madre Unión,
où ils ont été transformés en oreillers par Diana Mestra, une couturière de la communauté, et exposés sous la forme d’une installation in situ, La
Tienda de Los Sueños. Cinq Guardianes ont choisi l’oreiller potreur de rêve qu’ils souhaitaient recevoir, et ont écrit chacun une réponse à son auteur
parisien. Lesdits textes sur tissus ont fait le voyage retour avec l’artiste, afin d’être offerts à ces derniers, également sous forme d’oreiller. Le pro-
cessus a été documenté par des photographies, et fait l’objet d’un groupe WhatsApp des écrivants.

La source d’inspiration est un premier oreiller fabriqué par l’actuelle présidente de la communauté, Digna Castaño, à partir d’un brouillon de texte
participatif datant du premier séjour de l’artiste en 2020. Elle l’a montré à celui-ci lors de son retour dans la communauté en 2022, afin d’exprimer
le souhait qu’elle avait eu de son retour pendant les deux ans de séparation occasionnées par la pandémie (photo page précédente). Dormir avec
cet oreiller était selon elle un moyen de rappeler sa présence, alors que la Madre Unión était sans Internet ni réseau téléphonique.

Ecrivants
Joël Savary, fonctionnaire, collectionneur – Digna Castaño, limonadière, présidente de La Madre Unión
Emmanuelle Hascoët, curatrice – Hector Perez, arboriculteur, président des Guardianes
Christophe Manon, poète, romancier – Cindi Yanet Nolasco, agricultrice
Ioana Mello, curatrice – Maria Isabel Cavadia, agricultrice
Marc Lathuillière, artiste – Argenida Montiel, éleveuse

Page précédente : Digna - premier oreiller
2022
Portraits en écrivants
Christophe Manon, poète - Digna Castaño, présidente de La Madre Unión
2023
Sueños
Emmanuelle Hascoët - Hector Pérez
Ioana Mello - Cindi Nolasco
Christophe Manon - Maria Isabel Cavadia
Joël Savary - Digna Castaño
Marc Lathuillière - Argenida Montiel
Photographies du processus, 2023
Mon esprit rêveur, tressé à ton esprit. Dans mon esprit rêveur,
                                                                                  je peux rêver que tu es là dans mon pays. Je peux rêver de pas à pas
                                                                                  te découvrir. Je peux t’entourer de mes grands arbres,
                                                                                  te rassasier de mes récoltes et de mes fruits.
                                                                                  Tu peux laissez tes empreintes dans l’herbe douce
                                                                                  entourée de ses eaux cristallines.
                                                                                  Pour vivre une nouvelle aube plus douce que le songe même.

                                                                                  De Digna - pour Joël

Sueño de Joël Savary et réponse de Digna Castaño - textes au marqueur sur coton drill, 2023
Toi et moi nous rêvons et nos rêves s’entrelacent et toi et moi ne faisons plus qu’un
seul rêve et ce rêve est un arbre dont les branches s’étendent au-dessus des mers
et des continents et les racines de mon arbre s’enfoncent dans le sol de ton rêve et
l’ombre de ton rêve est un havre de paix où mes mains caressent ton visage avec
nos yeux et dans les rêves de nos arbres nous sommes désormais loin des larmes
à l’abri des armes enlacés toi et moi

Christophe

Sueño de Christophe Manon
texte au marqueur sur coton drill, 2023
C’était un après-midi gris,
désolée et pieds nus,
avec l’espoir d’un meilleur lendemain,
avec des larmes dans mes petits yeux,
et une immense tristesse de voir
mon foyer détruit,
mon paysage désolé et les oiseaux
dispersés dans le ciel.
Mais comme oiseaux, nous nous sommes rassemblés
pour livrer ensemble notre bataille
avec le passage lent du temps rapide
qui nous apporte de l’espoir.

De Cindi - pour Ioana

Sueño de Cindi Nolasco
texte au marqueur sur coton drill, 2023
La Tienda de los Soñadores
Structure en bois recyclé, affiches, deux diaporamas sur tablette
Luces Distantes, Fondation MRO, Rencontres d’Arles 2023
Commissariat Pascal Beausse
/ Cometas
Zone de biodiversité de La Madre Unión · 2024

Ecriture participative, fabrication et vol de cerfs-volants, capacitation, documentation photographique et vidéo
Avec la collaboration de Tim Ingold

https://www.lathuilliere.com/p/COMETAS_Lathuilliere_Fr.pdf

Cometas (Cerfs-volants) est un processus d’apprentissage et de visibilité mutuelle, conviant dans la création un élément climatique : le vent. Il est
centré sur l’éco-conception et le vol de Tierracielo, un cerf-volant porteur d’écrits croisés. Découpée à l’atelier parisien de Marc Lathuillière, dans
de la toile de récupération, sa voile a voyagé à Aberdeen, où l’anthropologue Tim Ingold y a écrit un poème, I am a Kite (Je suis un cerf-volant), com-
posé spécialement pour le projet. Pour Ingold, penseur des lignes et du vivant, la pratique du cerf-volant relie la terre au ciel : elle est une relation
vivante entre un objet, un humain et un environnement.

En février, la voile a accompagné l’artiste à La Madre Unión. Les Guardianes Madre Árbol, avant de finaliser la structure du cerf-volant, y ont ré-
pondu au poème de Ingold en y entrelaçant le leur, Somos el Polvo y la Lluvia (Nous sommes la poussière et la pluie). Formant comme un chant en
contrepoint, ce double texte évoque l’importance du sol, des arbres, comme du mouvement du vent et des hommes. A l’heure où La Madre Unión
est menacée par le développement des cultures illégales, il invitait à réaliser des vols performatifs de Tierracielo en vue de sa forêt sous tension.
Photographies et vidéos documentent et poétisent cette expérience fédératrice. En exposition, elle prendre une forme d’installation multimédia
associant images, sons, au cerf-volant suspendu en mobile.

Page précédente :
Flying with Hector and Tim
Photographie, 2024
Tim Ingold
Dessin tiré de Being Alive
Routledge, 2011
                                                                          Le vol de Diomede
                                                                          La Madre Unión, 2024
                             Ecritures sur le cerf-volant TIerracielo
                             Tim Ingold, Aberdeen, 01.2024
                             Hector Perez et les Guardianes Madre Arbol
                             La Madre Unión 02.2024
Tierracielo
Traduction des textes du cerf-volant,
respectivement de l’anglais (Tim Ingold) et de l’espagnol (Guardianes Madre Árbol)

Je suis un cerf-volant.
Nous sommes la poussière et le vent,
Par ma voile, je chante le déchant des vents ;
Nous sommes l’arbre secoué par le vent,
Vents de liberté, insufllant la vie dans les peuples du monde,
Nos tourbillons sont la danse du conflit,
Afin qu’ils puissent rêver et, dans leurs rêves,
Qui nous a déposé sur cette fertilité
Devenir plantes, étendant leurs racines,
Devenant plantes, étendant nos racines,
Á travers la terre, et dans le ciel leurs feuilles,
Souffle, soleil sur notre écorce, averses dans notre bouche,
Qui, secouées par le vent comme les vagues de l’océan,
Nous croissons.
Sur terre comme en mer, promettent une récolte abondante.
Nous sommes l’eau vive de la colline,
Le paysage, un temps désolé, reprend vie,
Nous sommes lianes, tatou, manioc, plantain,
Les oiseaux éparpillés s’envolent, les arbres rient dans la brise,
Le ara répandant les graines
Et les gens chantent de joie, et de réconfort,
Vole, cerf-volant, chante-nous !
Le peuple est mon chœur,
Gonflé de notre lutte,
et sa chanson mon refrain.                                                                                                                Tierracielo
                                                                                                   structure principale : armature bambou, brides,
Nous sommes du pollen                                                                                        voile riptstop d’occasion 1,3 m x 1,2 m,
Je suis un cerf-volant.                                                              poèmes manuscrit de Tim Ingold et des Guardianes Madre Arbol
De paix.
Devenir vent
                             Photogramme
                                de la vidéo

Atelier et vol de
cerfs-volants
La Madre Unión
2024

Page suivante :
Flying with Hector and Tim
Photographie, 2024
Astra Cometa
#N322, #N327, #MU366, #N339
photographies infrarouge de vols
       dans le champs du soleil,
   pour tirages sur papier baryté
                 ou UV sur verre
                            2024
Croquis de l’installation TierraSky
Cerf-volant 120 x 130 cm plus trois queues de 10 m suspendus en mobile,
photographie en papier peint vinyl adhésif 235 x 350 cm, neuf tirages Astra Cometa 33,30 x 50 cm,
barytés ou UV sur verre, deux vidéos projetées, composition sonore
/ biographie
Artiste multiforme, Marc Lathuillière développe depuis 2004 une ap-         par la Galerie Binome (Paris), figure dans plusieurs collections pu-
proche déconstructive et participative de la photographie. Sa forma-        bliques et privées : FRAC Auvergne, Neuflize OBC, BnF, Musée français
tion en sciences politiques l’oriente vers des projets à dimension an-      de la photographie, CRP Hauts-de-France, collection Vera Michalski.
thropologique explorant en immersion la représentation des sociétés
contemporaines dans leur rapport à l’histoire et à l’environnement.         / Liens
Interventions dans les images et dans leur lecture, installations, per-
formances et textes lui servent à mettre en jeu les frontières cultu-       CV et portfolio
relles tout comme les limites du documentaire. Sa principale série,         https://www.lathuilliere.com/a-propos/
Musée national, l’a ainsi vu photographier, pendant quinze ans, près
d’un millier de Français portant un même masque.                            « Border Dancer », portrait vidéo, Amaury Voslion
                                                                            https://www.amartfilms.com/fr/films/tandem/border-dancer-1542.html
Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions en France et à
l’étranger : Rencontres d’Arles (2023), Sorbonne ArtGallery à Paris         instagram lathuillieremarc
(2021), Creux de l’enfer à Thiers en Résonance de la Biennale de Lyon,
Friche La Belle de Mai en dialogue avec Marc Augé à Marseille (2017),
                                                                            Ce document utilise le caractère Faune créé par Alice Savoie dans le cadre d’une commande
Gare d’Austerlitz (2015), parcours Ithaque dans quatre musées de La         du Cnap en partenariat avec le Groupe Imprimerie Nationale
Rochelle (2012), Museum Siam à Bangkok (2011), Fringe Club à Hong
Kong (2004). Parmi ses expositions collectives, La France dans leurs
yeux à la BnF, Paris Photo et FRAC Auvergne (2024), Fondation Iberê
Camargo de Porto Alegre (2023), Photoszene à Cologne (2018), Mu-
sée d’art moderne et contemporain de Strasbourg (2017), Biennale
de la Photographie de Mulhouse et Kolga Tbilisi en Géorgie (2016).
Marc Lathuillière est lauréat de la Grande commande Radioscopie
de la France de la BnF du Forest Ecosystem / Earth Photo.

 Développant en parallèle une pratique d’écriture, il collabore réguliè-
rement avec des auteur·trices et chercheurses. En 2014, il a ainsi piloté
pour le Mois de la Photo à Paris Le produit France, une double exposition
contradictoire avec Michel Houellebecq, qui a écrit la préface de son
second livre, Musée national (La Martinière). Son travail, représenté
marc lathuillière
189 rue Ordener
75018 Paris - France
Tél +33 (0)6 26 91 32 03
marc@lathuilliere.com
www.lathuilliere.com
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