MAROC RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ECONOMIQUE - Le Maroc face aux chocs d'offre
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Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized SITUATION SUIVI DE LA MAROC RAPPORT DE Hiver 2022/23 Le Maroc face aux chocs d'offre ECONOMIQUE
Rapport de suivi de la situation économique au Maroc Le Maroc face aux chocs d´offre Hiver 2022/23 Maroc Rapport économiq Région Moyen-Orient et Afrique du Nord Créer un
© 2023 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/La Banque mondiale 1818 H Street NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et autorisations Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourageant la diffusion de ses connaissances, ce rapport peut être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée. Pour tous renseignements sur les droits et licences, s’adresser au Service des publications de la Banque mondiale : World Bank Publications, The World Bank Group, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; courriel : pubrights@ worldbank.org. Photos de couverture utilisées avec la permission de Zakariyaa Allaoui/ShutterStock.com (haut), jaboo2foto/ShutterStock. com (centre gauche), Hoel/Banque mondiale (Drapeau marocain), et posztos/ShutterStock.com (bas). Conception de la mise en page : The Word Express, Inc
TABLE OF CONTENTS Liste des acronymes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii Résumé analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix Executive Summary . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xi ملخص تنفيذي. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiii 1. Évolutions économiques récentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 L’économie marocaine a nettement ralenti en 2022 après un fort rebond (technique) en 2021… . . . . . . . . . .1 … en raison de la chute de la production agricole provoquée par la sécheresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 La poussée inflationniste a contraint la banque centrale à relever le taux directeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 La flambée des prix internationaux des matières premières a accentué le déficit du compte courant. . . . . . 6 La politique budgétaire s’est concentrée sur la préservation du pouvoir d’achat des ménages contre les impacts des chocs ainsi que sur la mise en œuvre de réformes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Les différents chocs ont eu des répercussions importantes sur le bien-être et le marché du travail. . . . . . . .9 2. Perspectives et risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Risques pour les perspectives macroéconomiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 3. Inégalité de l’inflation au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Sélection de publications récentes de la Banque Mondiale sur le Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Synthèse des derniers rapports de suivi économique du Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 iii
Liste des figures Figure 1 Le Maroc était parmi les économies les plus performantes du monde en 2021… . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Figure 2 …mais les chocs actuels ont entraîné une décélération abrupte en 2022 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2 Figure 3 La consommation privée et l’investissement ont été particulièrement impactés … . . . . . . . . . . . . . .2 Figure 4 .…tandis que secteur du tourisme a permis de redynamiser le secteur des services . . . . . . . . . . . 2 Figure 5 Les précipitations ont été faibles tout au long de 2022 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Figure 6 Et les réserves d’eau du Maroc sont extrêmement faibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Figure 7 Les pressions sur les prix se sont progressivement intensifiées et se sont propagées bien au-delà des produits énergétiques et alimentaires... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Figure 8 L’inflation a pris plus de temps à décoller au Maroc, mais a progressivement convergé vers les niveaux observés dans les autres pays de la région . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Figure 9 Le taux directeur actuel demeure relativement bas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Figure 10 Le taux directeur est toujours négatif en termes réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 Figure 11 Le dirham a oscillé autour de la limite supérieure de la bande de fluctuation du dollar américain, même après la hausse du taux directeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6 Figure 12 Le taux de change effectif (nominal et réel) s’est déprécié modérément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6 Figure 13 Les importations de marchandises ont grimpé en 2022... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 Figure 14 …entraînant une détérioration de la balance des paiements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Figure 15 Les recettes non fiscales et l’impôt sur les sociétés ont fortement augmenté en 2022... . . . . . . . . 9 Figure 16 …contribuant à financer les dépenses en subventions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Figure 17 Le risque souverain s’est amelioré à fin 2022 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Figure 18 Les conditions de financement du marché domestique se sont resserrées . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Figure 19 Le taux de chômage est resté stable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 Figure 20 ...mais le taux d’activité est en baisse, surtout dans le milieu rurale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Figure 21 La dispersion des prix a également augmenté de manière significative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Figure 22 Les prix des carburants et produits alimentaires ont connu les hausses les plus fortes . . . . . . . . 20 Figure 23 Les ménages les plus pauvres dépensent plus en alimentation, tandis que les ménages les plus riches dépensent plus en transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 Figure 24 L’inflation annuelle est plus élevée pour les ménages les plus pauvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 Figure 25 L’écart d’inflation se creuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 Figure 26 L’inflation varie également selon les villes... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Figure 27 ...et pourrait être plus élevé dans les zones rurales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Figure 28 L’inflation a augmenté la pauvreté... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Figure 29 …et la vulnérabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .24 Figure 30 Moroccan price subsidies are regressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Liste des tableaux Tableau 1 Maroc, indicateurs économiques sélectionnés, 2019–2025 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Liste des encadrés Encadré 1 L’impact des chocs de la demande de la zone euro sur l’économie marocaine . . . . . . . . . . . . . . 12 Encadré 2 Tendances structurelles des finances publiques du Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 iv RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LE MAROC FACE AUX CHOCS D´OFFRE
LISTE DES ACRONYMES ANGSPE Agence nationale de gestion stratégique IDE Investissement étranger direct des participations de l’État IMF Fond monétaire international BAM Bank Al-Maghrib IPC Indice des prix à la consommation BCE Banque centrale européenne IS Impôt sur les sociétés BM Banque mondiale IS, IR Impôt sur les sociétés, impôt sur les CCDR Rapport sur le climat et le développe- revenus ment du pays MEED Marchés émergents et économies CDS Credit Default Swap en développement CESE Conseil économique, social et environne- MEF Ministère de l’Economie et des Finances mental MENA Moyen-Orient Afrique du Nord COVID Maladie du Coronavirus MRE Marocain Résident à l’étranger DEPF Département des études et des prévi- MTI Macro Commerce et investissement sions financières NMD Nouveau modèle de développement EMBI Emerging Market Bond Index ONEE Office National de l’Electricité et de l’Eau ENCDM Enquête Nationale sur la Consommation Potable et les Dépenses des Ménages POV Pauvreté IRF Fonctions de réaction impulsionnelle SDR Droits de tirage spéciaux GDP Produit intérieur brut TVA Taxe sur la Valeur ajoutée GEP Perspectives économiques mondiales WEO Perspectives de l’économie mondiale de la banque mondiale du FMI HCP Haut-Commissariat au Plan v
REMERCIEMENTS L e Rapport de suivi de la situation économique Les auteurs souhaitent exprimer leur recon- au Maroc est un rapport semestriel préparé naissance à Jesko Hentschel (Directeur pays pour le par l’équipe de la Banque mondiale sur les Maghreb), Eric Le Borgne (Chef de la division Macroé- dernières évolutions, politiques et perspectives conomie, Commerce et Investissement pour l’Afrique économiques au Maroc. Les sujets traités vont des du Nord et le Moyen-Orient) et Abdoulaye Sy (Econo- indicateurs macro-économiques à l’environnement miste-pays en Chef) pour leurs précieux commentaires des affaires jusqu’au développement du secteur lors de l’a révision de ce rapport, ainsi qu’à l’équipe du privé. Le rapport s’adresse à un large public, FMI, Ministère des Finances, Bank al Maghrib et HCP notamment les décideurs, chefs d’entreprise, pour leur relecture avant la parution du rapport. acteurs des marchés financiers, et à la communauté Les constatations, interprétations et conclusions d’analystes et de professionnels travaillant sur le exprimées dans ce rapport sont celles du personnel de Maroc. la Banque mondiale et ne reflètent pas nécessairement Le Rapport de suivi de la situation économique l’opinion des directeurs exécutifs de la Banque mon- au Maroc est produit par le département Macroé- diale ou des gouvernements qu’ils représentent. Pour conomie, Commerce et Investissement (MTI) de la de plus amples informations sur la Banque Mondiale et région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) du ses activités au Maroc, consulter www.banquemondiale. Groupe de la Banque mondiale. Il a été préparé par org/fr/country/morocco (français), www.worldbank. Javier Diaz-Cassou (Economiste principal, Macroé- org/en/country/morocco (anglais), ou www.worldbank. conomie, Commerce et Investissement), Amina Iraqi org/ar/country/morocco (arabe). Pour toute question (Economiste, Macroéconomie, Commerce et Investis- ou commentaire sur le contenu de cette publication, sement), Federica Marzo (Economiste principal, POV) veuillez contacter Javier Diaz Cassou (jdiazcassou@ et Marco Fregoni (Consultant, POV). worldbank.org). vii
RÉSUMÉ ANALYTIQUE A près un fort rebond post-COVID, l’écono- tombant en dessous des niveaux observés même mie marocaine subit l’impact d’une série pendant les mois les plus difficiles de la pandémie de de chocs d’offre, d’origine domestique et COVID-19. En outre, et principalement en raison de la importé. Tout d’abord, la campagne agricole a été sécheresse, plus de deux cent mille emplois ont été extraordinairement sèche, entraînant une forte baisse perdus dans le milieu rural, où réside la plupart des des cultures pluviales et un volume inquiétant des ménages pauvres marocains. En revanche, le marché réserves d’eau qui menace l’agriculture irriguée, et du travail a mieux résisté dans le milieu urbain. potentiellement d’autres secteurs de l’économie. Deu- Les ménages pauvres, vulnérables et xièmement, comme dans une grande partie du monde, ruraux souffrent de manière disproportionnée la guerre en Ukraine, la montée des tensions géopoli- de l’impact de la poussée inflationniste. Parallèle- tiques et la reconfiguration des chaînes de valeur mon- ment au niveau général de l’inflation, la dispersion de diales ont entraîné une poussée inflationniste tirée par l’évolution des prix qui composent le panier de l’IPC l’offre, avec une croissance annuelle de l’indice des a considérablement augmenté ces derniers mois, prix à la consommation (IPC) atteignant son pic de 8,3 ce qui signifie que la poussée inflationniste a des % vers la fin de 2022. Enfin, malgré la résilience des effets hétérogènes sur le bien-être des ménages en recettes des Marocains résidents à l’étranger (MRE), fonction des biens et services qu’ils consomment. En des exportations de biens et l’amélioration rapide des effet, les calculs présentés dans ce rapport montrent recettes touristiques, le choc des prix des matières pre- que l’inflation annuelle peut être 30 % plus élevée mières a affecté la balance des paiements. pour le décile le plus pauvre que pour le décile le Dans l’ensemble, cela a entraîné une plus riche. En outre, les pressions inflationnistes pour- décélération rapide de l’activité économique, raient être plus intenses dans le milieu rural, où les avec d’importantes répercussions sur le bien- niveaux de pauvreté sont également plus élevés. Ces être. La croissance du PIB réel a chuté de 7,9 % en écarts d’inflation sont principalement dus à l’impact 2021 à environ 1,2 % en 2022, tandis que le déficit de la hausse des prix des produits alimentaires, qui du compte courant s’est creusé de 2,3 à 4,1 % du représentent la part la plus importante du panier de PIB. L’extrême volatilité de la production agricole due consommation des ménages les plus pauvres. à des chocs climatiques de plus en plus fréquents Le gouvernement a répondu aux chocs explique environ la moitié de cette décélération. Les d’offre actuels par un ensemble de mesures enquêtes de confiance du HCP montrent que le bien- visant à préserver le pouvoir d’achat des être subjectif de la population a nettement diminué, ménages par le biais des subventions de prix ix
qui ont été coûteuses. La réponse contracyclique reste négatif en termes réels et se situe toujours en du Maroc s’est articulée principalement autour du dessous de son niveau neutre estimé. En d’autres maintien des prix réglementés préexistants et, dans termes, la politique monétaire reste accommodante. une moindre mesure, par un appui financier ad Comme de nombreuses autres banques centrales, hoc à divers secteurs de l’économie, notamment BAM est actuellement confrontée à un arbitrage com- le transport, le tourisme, l’agriculture et l’élevage. plexe. D’une part, les chocs récents trouvant leur ori- De manière générale, cet ensemble de mesures a gine principalement du côté de l’offre, pourraient être contribué à préserver près d’un quart du panier de temporaires et sont survenus dans le contexte d’un consommation de la poussée inflationniste, ce qui écart de production négatif, affaiblissant la logique a nécessité la mobilisation de dépenses publiques de la politique monétaire en tant qu’outil anti-inflation- supplémentaires pour un montant de près de 2 % du niste. D’autre part, les pressions sur les prix se sont PIB, principalement sous la forme de subventions. progressivement élargies et vont désormais bien Cette approche a permis d’éviter une augmentation au-delà des produits les plus touchés par les chocs plus prononcée de la pauvreté et de la vulnérabilité. d’offre. Il y a donc un risque que les anticipations A l’avenir, cependant, des instruments de d’inflation se désancrent, ce qui pourrait justifier protection sociale mieux ciblés (tels que des un resserrement plus fort de la politique monétaire. transferts en espèces) constitueraient un outil À l’avenir, la réponse optimale du Maroc en matière efficient pour atténuer les effets de ces chocs de politique monétaire dépendra de la persistance de d’offre. Une part disproportionnée des ressources l’inflation et de la probabilité que les effets de second publiques nécessaires pour soutenir les subventions tour s’accentuent à mesure que les pressions sur des prix non ciblés du Maroc profite aux ménages les prix continuent de se propager dans l’économie. les plus riches, qui, en termes absolus, consomment Dans ce contexte complexe, les autorités pourraient davantage de biens subventionnés. Du point de vue envisager de compléter l’effort anti-inflationniste par de l’équité, cela justifie pleinement le remplacement des politiques structurelles visant à assouplir les des subventions actuelles par des allocations contraintes d’offre, en particulier pour les produits familiales, dans le cadre de la réforme en cours alimentaires, où l’écart important entre les prix à la de la santé et de la protection sociale. En effet, un production et les prix de détail est en partie due à des tel système ciblé permettra au gouvernement de dysfonctionnements du marché. protéger les ménages les plus pauvres de manière La croissance économique devrait s’accé- plus efficace et efficiente contre les effets de la lérer à 3,1 % en 2023, mais les risques restent détérioration de l’environnement économique. Il élevés. En 2023, l’économie marocaine continuera de permettra également d’éviter une autre conséquence faire face à un environnement international défavorable, potentielle de la gestion des chocs d’offre par des notamment la décélération de la croissance attendue subventions de prix : l’atténuation du signal de prix, de ses principaux partenaires commerciaux de la zone qui peut ralentir l’ajustement des consommateurs au euro, voire une récession dans les premiers mois de choc, nuire à l’efficacité de l’allocation des ressources l’année. Cela devrait réduire la croissance non-agricole et éventuellement accroître la pression sur la balance qui devrait être plus que compensée par le rebond du des paiements. secteur primaire qui se matérialiserait si les principales Calibrer la réponse de la politique moné- récoltes du Maroc rebondissent à des niveaux moyens. taire aux chocs actuels n’est pas facile, et la Cependant, bien que le début de la campagne agri- Banque central (Bank-Al-Maghrib, ou BAM) a cole ait été relativement humide, l’occurrence d’une jusqu’à présent opté pour la prudence, en rele- nouvelle année de sécheresse n’est pas à exclure, et vant les taux directeurs tout en maintenant une le Maroc pourrait revivre le même scénario que l’année politique accommodante. Depuis septembre, BAM dernière avec un niveau de récoltes faible, réduisant a relevé ses taux d’intérêt à deux reprises, de 100 la croissance économique que nous prévoyons pour points de base au total. Toutefois, le taux directeur 2023 de près d’un point de pourcentage. x RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LE MAROC FACE AUX CHOCS D´OFFRE
EXECUTIVE SUMMARY A fter a strong post-COVID rebound, the drought, more than two hundred thousand jobs have Moroccan economy is undergoing the been lost in rural areas, where most of Moroccan impact of a string of overlapping supply poor households reside. By contrast, labor markets shocks, both domestic and imported. First, the have been more resilient in urban centers. agricultural campaign was extraordinarily dry, leading Poor, vulnerable, and rural households are to the collapse of rainfed crops and to a worrisomely disproportionately suffering from the impact of low volume of water stored in reservoirs that poses a the inflationary surge. Together with the general threat to irrigated agriculture, and potentially to other inflation level, the dispersion in the evolution of the sectors of the economy. Second, as in much of the prices that compose the CPI basket has increased world, the war in Ukraine, rising geopolitical tensions markedly in recent months, implying that the and the reordering of global supply chains have inflationary surge is having heterogenous welfare triggered a supply-side driven inflationary surge, with impacts on households depending on the goods and CPI annual growth peaking at 8.3 percent towards services that they consume. Indeed, the calculations the end of 2022. Lastly, despite the resilience of presented in this report show that annual inflation remittances and merchandise exports, and a rapid may be 30 percent higher for the poorer decile of improvement in tourism receipts, the commodity price the income distribution than for the wealthier one. shock has affected external balances. Moreover, inflationary pressures may be more intense Overall, this has led to a rapid decelera- in rural environments, where poverty levels are also tion of economic activity, with important welfare higher. These inflation differentials are mostly due to impacts. Real GDP growth dropped from 7.9 percent the impact of food price increases, which represent in 2021 to an estimated 1.2 percent in 2022, while the a higher share of poorer households’ consumption current account deficit increased from 2.3 to 4.1 per- baskets. cent of GDP. The extreme volatility of agricultural The government has responded to ongo- output due to increasingly frequent climate shocks ing supply shocks with a costly policy package explains about half of that deceleration. HCP confi- focused on preserving households’ purchasing dence surveys show that the subjective well-being of power through price subsidies. Morocco’s coun- the population has dropped markedly, falling below tercyclical response has been articulated primarily the levels observed even during the worst months of around the maintenance of pre-existing regulated the pandemic crisis. In addition, and mostly due to the prices and, to a lesser extent, through the provision Executive Summary xi
of ad hoc financial support to various sectors of the estimated neutral level. In other words, monetary policy economy including transport, tourism, agriculture, remains accommodative. As many other central banks, and livestock rearing. Overall, this policy package BAM currently confronts a complex trade-off. On the has shielded almost one quarter of the consumption one hand, recent shocks have their origin primarily on basket from the inflationary surge, requiring the mobi- the supply side, could be temporary, and have unfolded lization of additional public spending for an amount in the context of a negative output gap, undermining of almost 2 percent of GDP, mostly in the form of the logic of monetary policy as an anti-inflationary tool. price subsidies. This approach cushioned what would On the other hand, price pressures have gradually have otherwise been a more pronounced increase in widened and now go well beyond the products that poverty and vulnerability. were most affected the supply shocks. Hence, there In the future, though, better targeted social is a risk that inflation expectations could become de- protection instruments (such as cash transfers) anchored, which could justify a more forceful monetary will constitute a more cost-effective tool to miti- policy tightening. Going forward, Morocco’s optimal gate the impacts of these supply shocks. A dispro- monetary policy response will depend on the persis- portionate share of the public resources needed to tence of inflation and on whether second round effects sustain Morocco’s untargeted price subsidy schemes become more likely as prices pressures continue to end up flowing to wealthier households, which in propagate across the economy. In this complex setting, absolute terms consume more of the subsidized the authorities could consider complementing the anti- goods. From an equity perspective, this provides a inflationary effort with structural policies to ease supply solid justification for the substitution of current price constraints, particularly for food items, where the large subsidies by family allowances as part of the ongoing divergence between farmgate and retail prices are health and social protection reform. Indeed, such a partly due to market disfunctions. targeted scheme will allow the government to protect Economic growth is expected to acceler- poorer households more effectively and efficiently ate to 3.1 percent in 2023, but risks are tilted to from the impacts of the deteriorating economic envi- the downside. In 2023 the Moroccan economy will ronment. It will also avoid another potentially adverse continue to confront an adverse international environ- consequence of coping with supply shocks through ment as its main trading partners in the Eurozone price subsidies: muting the price signal, which can undergo a deceleration, potentially a recession in the slow consumers’ adjustment to the shock, undermine first months of the year. This is expected to reduce allocative efficiency, and possibly add pressure on the non-agricultural growth which should be more than balance of payments. compensated by the rebound of the primary sec- Calibrating the monetary policy response tor that would materialize if Morocco’s main crops to current shocks is far from easy, and BAM has bounce back to average levels. However, although so far opted for prudence, raising policy rates the beginning of the agricultural campaign has been while maintaining an accommodative stance. BAM relatively humid, nothing guarantees that the drought has raised interest rates twice since September by a has come to an end, and a repetition of last year’s cumulative 100 basis points. However, the policy rate poor crops could lower our overall growth projections remains negative in real terms and is still below its by almost one percentage point. xii RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LE MAROC FACE AUX CHOCS D´OFFRE
ملخص تنفيذي يف الواقع ،تظهر الحسابات الواردة يف هذا التقرير أن التضخم السنوي قد يكون أعىل بنسبة 30يف املائة للرشيحة العرشية األفقر من توزيع الدخل مقارنة بالفئة األكرث ثرا ًء .عالوة عىل ذلك ،قد تكون الضغوط التضخمية عد انتعاش قوي بعد جائحة كورونا ،مير االقتصاد املغريب بتأثري سلسلة من صدمات العرض املتداخلة ،املحلية واملستوردة عىل حد سواء .أوالً ،كانت الحملة الزراعية جافة بشكل غري ب أكرث حدة يف املناطق الريفية ،حيث تكون مستويات الفقر أعىل أيضً ا. عادي ،مام أدى إىل انهيار املحاصيل البعلية وإىل انخفاض مقلق يف حجم ترجع فروق التضخم هذه يف الغالب إىل تأثري ارتفاع أسعار املواد الغذائية احتياطيات املياه التي تشكل تهدي ًدا للزراعة املروية ،ورمبا لقطاعات ،والتي متثل حصة أكرب من سلة استهالك األرس الفقرية. أخرى من االقتصاد .ثان ًيا ،كام هو الحال يف معظم أنحاء العامل ،أدت استجابت الحكومة لصدمات العرض الحالية مبجموعة من اإلجراءات الحرب يف أوكرانيا ،والتوترات الجيوسياسية املتزايدة ،وإعادة تنظيم املكلفة التي تهدف إىل الحفاظ عىل القوة الرشائية لألرس من خالل دعم سالسل القيمة العاملية إىل زيادة تضخمية مدفوعة من جانب العرض ، األسعار .متحورت التدابري املضادة للتقلبات الدورية التي اتخذها املغرب حيث بلغ النمو السنوي ملؤرش أسعار املستهلكني ذروته عند 8.3يف املائة بشكل رئييس حول الحفاظ عىل املواد ذات األمثان املحددة املوجودة يف نهاية عام .2022أخ ًريا ،عىل الرغم من مرونة التحويالت وصادرات مسبقًا ،وبدرجة أقل ،من خالل توفري الدعم املايل املخصص ملختلف البضائع ،والتحسن الرسيع يف إيرادات السياحة ،فقد أثرت صدمة أسعار قطاعات االقتصاد مبا يف ذلك النقل والسياحة والزراعة وتربية املوايش. السلع األساسية عىل ا التوازنات الخارجية. بشكل عام ،ساعدت هذه املجموعة من اإلجراءات عىل حامية ما يقرب بشكل عام ،أدى ذلك إىل تباطؤ رسيع يف النشاط االقتصادي ،مع تأثريات من ربع سلة االستهالك من االرتفاع التضخمي ،األمر الذي تطلب تعبئة مهمة عىل الرفاهية .انخفض منو إجاميل الناتج املحيل الحقيقي من 7.9 إنفاق عام إضايف مبا يقرب من 2يف املائة من الناتج املحيل اإلجاميل ، يف املائة يف عام 2021إىل ما يقدر بنحو 1.2يف املائة يف عام ، 2022يف معظمها يف شكل دعم لألسعار .وخفف هذا النهج ما كان ميكن أن يكون حني زاد عجز الحساب الجاري من 2.3إىل 4.1يف املائة من إجاميل الناتج لوال ذلك زيادة أكرث حدة يف الفقر والهشاشة االجتامعية. املحيل .إن التقلب الشديد يف اإلنتاج الزراعي بسبب الصدمات املناخية ومع ذلك ،يف املستقبل ،ميكن أن تكون أدوات الحامية االجتامعية املتكررة يفرس حوايل نصف هذا التباطؤ .تظهر استطالعات الثقة أن الرفاه املوجهة بشكل أفضل (مثل التحويالت النقدية) أداة أكرث فعالية الشخيص للسكان قد انخفض بشكل ملحوظ ،حيث انخفض إىل ما دون من حيث التكلفة للتخفيف من آثار صدمات العرض هذه .حصة املستويات التي لوحظت حتى خالل أسوأ شهور أزمة الوباء .باإلضافة إىل غري متكافئة من املوارد العامة الالزمة لدعم ب رامج دعم األسعار ذلك ،وبسبب الجفاف يف الغالب ،فقد أكرث من مائتي ألف وظيفة يف غري املستهدفة يف املغرب تعود بالفائدة عىل األرس األكرث ث را ًء ، املناطق الريفية ،حيث تعيش معظم األرس املغربية الفقرية .عىل النقيض الذين يستهلكون ،باألرقام املطلقة ،الكثري من السلع املدعومة. من ذلك ،استقر سوق العمل بشكل أفضل يف املناطق الحرضية. ومن منظور اإلنصاف ،فإن هذا يربر متا ًم ا استبدال اإلعانات تعاين األرس الريفية ،الفقرية واملستضعفة بشكل غري متناسب من تأثري الحالية بعالوات األرسة كجزء من اإلصالح الجاري للصحة والحامية االرتفاع التضخمي .إىل جانب مستوى التضخم العام ،زاد التشتت يف االجتامعية .يف الواقع ،مثل هذا املخطط املستهدف سيسمح تطور األسعار التي تتكون منها سلة مؤرش أسعار املستهلكني بشكل للحكومة بحامية األرس الفقرية بشكل أكرث فعالية وكفاءة من آثار ملحوظ يف األشهر األخرية ،مام يعني أن االرتفاع التضخمي له آثار غري تدهور البيئة االقتصادية .وسيسمح أيضً ا أ بتجنب عواقب سلبية متجانسة عىل رفاهية األرس التي حسب السلع والخدمات التي تستهلكها. xiii
بشكل أكرث قوة .للميض قدما ،سوف تتوقف استجابة السياسة النقدية أخرى محتملة للتعامل مع صدمات العرض من خالل دعم األسعار: املثىل للمغرب عىل استمرار التضخم وما إذا كانت آثار الجولة الثانية كتم إشارة السعر ،الذي ميكن أن يبطئ من تكيف املستهلكني مع ستصبح أكرث احتامال مع استمرار ضغوط األسعار يف االنتشار عرب االقتصاد. الصدمة ،و يرض بالكفاءة التخصيصية ورمبا يزيد الضغط عىل ميزان يف هذا الوضع املعقد ،ميكن للسلطات النظر يف استكامل جهود مكافحة املدفوعات. . التضخم بسياسات هيكلية لتخفيف قيود العرض ،ال سيام بالنسبة للمواد ليس من السهل معايرة استجابة السياسة النقدية للصدمات الحالية، الغذائية ،حيث يرجع االختالف الكبري بني أسعار املزرعة والتجزئة جزئيًا وقد اختار بنك املغرب حتى اآلن توخي الحذر ،ورفع أسعار الفائدة إىل اختالالت السوق. الرئيسية مع الحفاظ عىل سياسة تيسريية .قام بنك املغرب برفع أسعار من املتوقع أن يتسارع النمو االقتصادي إىل 3.1يف املائة يف عام ، 2023 الفائدة مرتني منذ سبتمرب مبعدل تراكمي قدره 100نقطة أساس .ومع لكن املخاطر متيل نحو توقعات متدهورة .يف عام ، 2023سيستمر االقتصاد ذلك ،ال يزال معدل السياسة سلب ًيا بالقيمة الحقيقية وال يزال أقل من املغريب يف مواجهة بيئة دولية معاكسة حيث يعاين رشكاؤه التجاريون مستواه املحايد املقدر .بعبارة أخرى ،تظل السياسة النقدية متيرسة .مثل الرئيسيون يف منطقة اليورو من التباطؤ ،ورمبا الركود يف األشهر األوىل من العديد من البنوك املركزية األخرى ،يواجه بنك املغرب حال ًيا مقايضة العام .ومن املتوقع أن يؤدي ذلك إىل خفض النمو غري الزراعي الذي ينبغي معقدة .فمن ناحية ،يعود أصل الصدمات األخرية يف املقام األول إىل تعويضه أكرث من خالل انتعاش القطاع األويل الذي سيتحقق إذا انتعشت جانب العرض ،وميكن أن تكون مؤقتة وتحدث يف سياق فجوة إنتاجية املحاصيل الرئيسية يف املغرب إىل املستويات املتوسطة .ومع ذلك ،عىل سلبية ،مام يضعف منطق السياسة النقدية كأداة ملكافحة التضخم .من الرغم من أن بداية املوسم الزراعي كانت رطبة نسب ًيا ،فال يشء يضمن أن ناحية أخرى ،اتسعت ضغوط األسعار تدريجياً وتتجاوز اآلن املنتجات الجفاف قد وصل إىل نهايته ،وتكرارمحاصيل العام املايض الضعيفة ميكن أن األكرث تأثرا ً بصدمات العرض .وبالتايل ،هناك خطر من أن التوقعات يخفض توقعات النمو اإلجاملية لدينا بنحو نقطة مئوية واحدة. التضخمية ميكن أن تصبح غري ثابتة ،مام قد يربر تشديد السياسة النقدية xiv RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LE MAROC FACE AUX CHOCS D´OFFRE
1 ÉVOLUTIONS ÉCONOMIQUES RÉCENTES L’économie marocaine a nettement Mais le rebond post-COVID s’est inter- ralenti en 2022 après un fort rebond rompu en raison d’une succession de chocs (technique) en 2021… d’offre internationaux et climatiques. En 2022, l’économie mondiale a commencé à décélérer en Le Maroc a été parmi les économies à la croissance raison des répercussions de la guerre en Ukraine (en la plus élevée au monde en 2021. Le PIB réel a particulier sur les matières premières, y compris les augmenté à un taux exceptionnel de 7,9 pour cent, denrées alimentaires, le pétrole et le gaz), du resser- bien au-dessus du reste de la région MENA (3,7 pour rement synchronisé de la politique monétaire dans cent) et de l’économie mondiale (6 pour cent), et les économies avancées et des nouvelles perturba- dépassant même les économies émergentes les plus tions des chaînes de valeur mondiales. Au Maroc, dynamiques d’Asie de l’Est et du Pacifique (7,2 pour ce scénario international défavorable a été aggravé cent) et d’Amérique latine (6,9 pour cent). Cela a par une sécheresse, expliquant pourquoi la baisse permis au Maroc de récupérer la perte de production de la croissance économique a été comparativement subie au cours de la première année de la pandémie, abrupte (Figure 2). Ce ralentissement économique le PIB ayant retrouvé son niveau d’avant la pandémie. s’est déroulé de manière asymétrique tant du côté Comme discuté dans les éditions précédentes de notre de la demande que du côté de l’offre. Alors que la « rapport de suivi de la situation économique », ce consommation intérieure a mieux résisté, progressant rebond a été en partie technique (en raison d’un très de 3 pour cent entre janvier et septembre (ménages faible niveau d’activité économique en 2020 pendant : +2,2 pour cent ; administration publique : +5,4 pour le pic de la phase de confinement du Covid-19) ; il a cent), la formation brute de capital s’est contractée de également été soutenu par des facteurs exogènes liés 1,6 pour cent (Figure 3). Du côté de l’offre, la sèche- au climat (une année relativement pluvieuse après deux resse a entraîné une contraction de 15,3 pour cent années sèches consécutives) et par la mise en place de la valeur ajoutée du secteur primaire, tandis que le d’une réponse efficace au COVID-19 tant sur le plan secteur secondaire s’est accru de 0,3 pour cent et les sanitaire que macroéconomique. services de 5,4 pour cent, profitant de la forte reprise 1
FIGURE 1 • Le Maroc était parmi les économies les FIGURE 2 • …mais les chocs actuels ont entraîné plus performantes du monde en 2021… une décélération abrupte en 2022 Croissance du PIB réel en 2021 Différence entre la croissance estimée pour 2022 et les prévisions (glissement annuel) d'avant le choc (points de pourcentage) Maroc Maroc Asie de l'Est Pacifique Asie de l'Est Pacifique Amérique latine et Caraïbes Amérique latine et Caraïbes MEED MEED Monde Monde Economies avancées Economies avancées Tunisie Tunisie Afrique sub-saharienne Afrique sub-saharienne MENA Algérie MENA Egypte Algérie Jordan Egypte –3 –2 –1 0 1 2 3 Jordanie 0 2 4 6 8 10 Source : Perspectives économiques mondiales, BM, Janvier 2023. Source : Perspectives économiques mondiales, BM, Janvier 2023. FIGURE 3 • La consommation privée FIGURE 4 • …tandis que secteur du tourisme a et l’investissement ont été permis de redynamiser le secteur particulièrement impactés… des services Contribution de la demande à la croissance du PIB réel Contribution de l'offre à la croissance du PIB réel (variation en pourcentage, corrigés des variations saisonnières) (variation en pourcentage, corrigé des variations saisonnières) 20 20 10 10 0 0 –10 –10 –20 T1-2019 T2-2019 T3-2019 T4-2019 T1-2020 T2-2020 T3-2020 T4-2020 T1-2021 T2-2021 T3-2021 T4-2021 T1-2022 T2-2022 T3-2022 –20 T1-2019 T2-2019 T3-2019 T4-2019 T1-2020 T2-2020 T3-2020 T4-2020 T1-2021 T2-2021 T3-2021 T4-2021 T1-2022 T2-2022 T3-2022 Consommation des menages Consommation des Investissement administrations publiques PIB réel Les exportations nettes Primaire Secondaire Tertiaire PIB réel Source : HCP et calcul BM. Source : HCP et calcul BM. du tourisme, qui représente près de 7 pour cent du de 2022, en particulier en plus pour les principales PIB selon le HCP (Figure 4). cultures pluviales du pays (Figure 5). Cette crise a obligé les autorités à restreindre l’utilisation de l’eau à des fins d’irrigation, ce qui implique que la …en raison de la chute de la sécheresse a eu un impact non seulement sur les production agricole provoquée par cultures pluviales mais aussi sur d’autres produits la sécheresse à plus forte valeur ajoutée. Autour des mois d’été et d’automne, les autorités ont également été contraintes Le Maroc a connu son année la plus sèche depuis de restreindre l’approvisionnement en eau destiné à plus de trois décennies. Le niveau des précipitations d’autres usages dans certaines régions, illustrant les a été extrêmement faible pendant la majeure partie risques qui pourraient se matérialiser si les niveaux 2 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LE MAROC FACE AUX CHOCS D´OFFRE
FIGURE 5 • Les précipitations ont été faibles FIGURE 6 • Et les réserves d’eau du Maroc sont tout au long de 2022 extrêmement faibles Cumul de precipitations Taux de remplissage des barrages (mm) 100 200 90 180 160 80 140 120 70 100 80 2021–2022 60 60 40 50 20 0 40 –20 01-sept.-21 15-sept.-21 29-sept.-21 13-oct.-21 27-oct.-21 10-nov.-21 24-nov.-21 08-déc.-21 22-déc.-21 05-janv.-22 19-janv.-22 02-févr.-22 16-févr.-22 02-mars-22 16-mars-22 30-mars-22 13-avr.-22 27-avr.-22 11-mai-22 25-mai-22 08-juin-22 22-juin-22 06-juil.-22 20-juil.-22 03-août-22 17-août-22 31-août-22 30 20 1980–2010 2018–2019 10 Jan-12 Jul-12 Jan-13 Jul-13 Jan-14 Jul-14 Jan-15 Jul-15 Jan-16 Jul-16 Jan-17 Jul-17 Jan-18 Jul-18 Jan-19 Jul-19 Jan-20 Jul-20 Jan-21 Jul-21 Jan-22 Jul-22 Jan-23 2019–2020 2020–2021 Source : Ministère de l’équipement et de l’eau. Source : Ministère de l’équipement et de l’eau. de remplissage des barrages ne reviennent à des les impacts sur les producteurs et par un nouvel niveaux plus gérables. En novembre 2022, le taux effort pour déployer des infrastructures hydrau- de remplissage des barrages au Maroc a atteint 23,7 liques. Au début de l’année 2022, les autorités ont pour cent, son niveau le plus bas depuis 1995, se adopté diverses mesures d’urgence pour soutenir redressant ensuite à 31,5 pour cent (au 10 janvier les producteurs, notamment la distribution de l’orge 2023) grâce aux précipitations intenses qui ont eu subventionnée, l’accélération de la mise en oeuvre de lieu en décembre (Figure 6). l’assurance sécheresse et une réduction des charges Près de la moitié du ralentissement éco- financières pour les agriculteurs. Plus récemment, le nomique en 2022 est imputable à la chute de gouvernement marocain a adopté une approche plus la production agricole. La production agricole a structurelle pour faire face à la crise de l’eau, dont un fortement baissé de 67 pour cent pour les céréales, premier pilier sera le déploiement accéléré de nou- de 14 pour cent pour les agrumes et de 21 pour cent veaux projets d’infrastructures hydrauliques avec un pour les olives. La contraction de la valeur ajoutée recours accru aux technologies non conventionnelles du secteur agricole qui en a résulté (15 pour cent) telles que le dessalement et la réutilisation des eaux a contribué à 47,6 pour cent de la réduction de la usées.2 Le deuxième pilier de l’approche qui émerge croissance globale du PIB qui s’est produite entre progressivement pour le secteur est la rationalisation janvier et septembre 2022 et la même période de de la demande, qui pourrait nécessiter un contrôle l’année précédente, ce qui constitue le facteur le plus plus strict sur la surexploitation des sources d’eau important de l’affaiblissement des performances de souterraines, et potentiellement une augmentation l’économie marocaine.1 Une fois de plus, cela reflète le rôle clé que jouent les aléas climatiques en tant que source de volatilité macroéconomique au Maroc, 1 En effet, alors que la croissance en glissement annuel comme le souligne le rapport sur le climat et le du PIB est passée de 8 % (janvier–septembre 2021) à 1,3 % (janvier–septembre 2022), la croissance du PIB développement du pays récemment publié (Banque non agricole vient de baisser de 6,9 % à 3,4 %. mondiale, 2022). 2 Cela apparaît clairement dans la loi de finances 2023, Le gouvernement a répondu à la crise de qui prévoit une augmentation de 49 % de la dotation l’eau par plusieurs mesures visant à atténuer budgétaire du ministère de l’Eau et de l’Equipement. Évolutions économiques récentes 3
FIGURE 7 • Les pressions sur les prix se sont FIGURE 8 • L’inflation a pris plus de temps progressivement intensifiées et à décoller au Maroc, mais a se sont propagées bien au-delà progressivement convergé vers les des produits énergétiques et niveaux observés dans les autres alimentaires pays de la région Inflation globale et sous-jacente Inflation dans les économies de l'Afrique du Nord (glissement annuel) (glissement annuel) 9 10 20 8 8 7 15 6 6 5 4 10 4 3 2 2 5 0 1 0 –2 0 Apr-20 Jun-20 Aug-20 Oct-20 Dec-20 Feb-21 Apr-21 Jun-21 Aug-21 Oct-21 Dec-21 Feb-22 Apr-22 Jun-22 Aug-22 Oct-22 Dec-22 –5 janv.-20 mars-20 mai-20 juil.-20 sept-20 nov-20 janv.-21 mars-21 mai-21 juil.-21 sept-21 nov-21 janv.-22 mars-22 mai-22 juil.-22 sept-22 nov-22 Inflation sous jacente (IPCX-BAM) Inflation sous jacente (ISJ-HCP) Inflation (axe de droite) Algérie Maroc Tunisie Egypte Source : HCP, BAM and calcul BM. Source : HCP, BAM and calcul BM. Note : La figure 7 montre l’évolution des deux différentes mesures de l’inflation sous- Note : La figure 7 montre l’évolution des deux différentes mesures de l’inflation sous- jacente produites par BAM (IPCX) et HCP (ISJ).a jacente produites par BAM (IPCX) et HCP (ISJ).a a L’inflation sous-jacente est calculée à l’aide de la méthode d’exclusion qui vise à donner a L’inflation sous-jacente est calculée à l’aide de la méthode d’exclusion qui vise à donner un poids nul aux produits dont l’évolution des prix est erratique et aux produits à prix un poids nul aux produits dont l’évolution des prix est erratique et aux produits à prix administrés. Leur sélection est basée sur le critère d’écart type avec un seuil d’exclusion. administrés. Leur sélection est basée sur le critère d’écart type avec un seuil d’exclusion. Le choix de ce seuil résulte d’un arbitrage entre le souci de minimiser la volatilité de Le choix de ce seuil résulte d’un arbitrage entre le souci de minimiser la volatilité de l’inflation sous-jacente et le critère de représentativité. Ceci explique la différence entre les l’inflation sous-jacente et le critère de représentativité. Ceci explique la différence entre les deux indices sous-jacents de BAM et HCP, qui réside dans le choix des produits à exclure. deux indices sous-jacents de BAM et HCP, qui réside dans le choix des produits à exclure. ciblée des tarifs pour refléter le coût réel de ce qui Cependant, ce qui est préoccupe davantage est devient une ressource de plus en plus rare. que, l’inflation sous-jacente a également augmenté à 7,6 pour cent (contre une moyenne de 5,5 pour cent au deuxième trimestre et de 3,5 pour cent au La poussée inflationniste a contraint premier), reflétant l’élargissement progressif des la banque centrale à relever le taux pressions sur le panier de biens et services inclus directeur. dans l’IPC. Bank-al-Maghrib (BAM) a relevé son taux L’inflation au Maroc est à son plus haut niveau directeur à deux reprises depuis septembre, depuis trois décennies. Les pressions sur les mais la politique monétaire reste accommo- prix qui sont apparues vers la fin de 2021 se sont dante. Au cours des deux dernières décennies, accélérées en 2022 et l’inflation a atteint un pic à BAM a réussi à contrôler l’inflation tout en réduisant 8,3 pour cent en décembre (Figure 7). Cette hausse progressivement les taux d’intérêt. Mettant fin à ce de l’inflation a été entraînée par des facteurs liés cycle, le Conseil de la banque centrale a relevé le à l’offre exogènes, notamment la flambée des taux directeur de 50 points de base en septembre, cours des matières premières et la baisse de la avec un resserrement supplémentaire de même production agricole nationale. En effet, les prix ampleur en décembre. Toutefois, le taux directeur du carburant ont augmenté de 45,3 pour cent en demeure bas d’un point de vue historique et bien novembre (en glissement annuel) et les produits inférieur à celui des autres pays de la région alimentaires aux prix volatils de 16,1 pour cent. (Figure 9). De plus, même après le resserrement, le 4 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE AU MAROC – LE MAROC FACE AUX CHOCS D´OFFRE
FIGURE 9 • Le taux directeur actuel demeure FIGURE 10 • Le taux directeur est toujours relativement bas négatif en termes réels Taux directeur dans la région MENA et les principales économies avancées Taux directeur réel (pour cent) (Décembre 2022, pourcentage) 20 6 18 16 4 14 12 2 10 0 8 6 –2 4 2 –4 0 –6 janv.-2019 mars-2019 mai-2019 juil.-2019 sept-2019 nov-2019 janv.-2020 mars-2020 mai-2020 juil.-2020 sept-2020 nov-2020 janv.-2021 mars-2021 mai-2021 juil.-2021 sept-2021 nov-2021 janv.-2022 mars-2022 mai-2022 juil.-2022 sept-2022 nov-2022 –8 –10 Algérie Egypte Jordanie Kuwait Maroc Tunisie Réserve BCE Algérie Egypte Jordanie Koweit fédérale Maroc Tunisie Réserve fédérale BCE Ex post Ex ante Source : FMI. Note : taux ex post calculé avec la dernière inflation annuelle disponible ; taux ex ante calculé avec l’inflation projetée pour 2023 (FMI-WEO). taux d’intérêt réel (ex ante et ex post) reste négatif resserrement, il existe diverses raisons d’affirmer et n’a pas encore atteint son niveau neutre estimé que la répercussion des taux d’intérêt pourrait (Figure 10).3 Cela suggère que BAM a opté pour être limitée au Maroc (voir chapitre 2), car le taux une approche prudente, choisissant de ne pas d’inflation du pays est principalement déterminé par surréagir à la poussée inflationniste, une décision ses niveaux passés (persistance) et par des facteurs justifiée par la nature des chocs subis actuellement externes (Lahlou et Bennouna, 2022). Selon les par l’économie marocaine. En effet, ces chocs enquêtes de BAM, les anticipations d’inflation ont ont été déclenchés principalement du côté de continué d’augmenter, passant de 3,6 pour cent l’offre, et l’écart de production est devenu négatif, au troisième trimestre à 4,8 pour cent au quatrième ce qui signifie que les facteurs de demande ne trimestre.4 Ces derniers mois, l’affaiblissement du jouent probablement pas un rôle dominant dans dollar américain a entraîné une appréciation du la poussée inflationniste. À l’avenir, cependant, la dirham vis-à-vis du dollar (Figure 11). Cependant, réponse de politique monétaire optimale aux chocs il est resté proche de la limite supérieure de la pourrait être un nouveau resserrement si l’inflation bande de fluctuation. Au cours des trois premiers élevée s’avère persistante et si les pressions sur trimestres de 2022, le taux de change effectif nomi- les prix continuent de se diffuser dans l’ensemble nal s’est déprécié de 1,9 pour cent cumulé, tandis de l’économie, menaçant ainsi l’ancrage solide que le taux de change effectif réel s’est déprécié de des anticipations d’inflation obtenu ces dernières 4,2 pour cent (figure 12). années. Le resserrement de la politique monétaire n’a (naturellement) pas encore eu d’impact évident sur l’inflation et le taux de change. Le 3 On estime que la fourchette du taux d’intérêt réel neutre taux de croissance annuel de l’IPC est passé de 8,3 du Maroc se situent entre 0,9 et 4 % (Queyranne et al., 2021). à 8,1 pour cent entre septembre et octobre (juste 4 Fait référence à l’inflation moyenne attendue par les après la première hausse des taux d’intérêt), mais est experts financiers interrogés au cours des huit prochains remonté à 8,3 pour cent en novembre et décembre. trimestres (source : différentes éditions du rapport Bien qu’il soit encore tôt pour évaluer l’impact du trimestriel sur la politique monétaire de BAM). Évolutions économiques récentes 5
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