HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 4 - JEAN-BASTIEN URFELS
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CURRICULUM MIXTE BATXIBAC HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE MANUEL – VOLUME 4 (1º et 2º Batxibac) JEAN-BASTIEN URFELS Septembre 2014
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 Sommaire CONTEXTUALISATION : le monde depuis 1945 PAGE 3 CHAPITRE 10 : la vie politique en France depuis 1945 PAGE 4 I. L’échec de la IVº République (1946-58) PAGE 5 Vers l’épreuve externe PAGE 9 II. La Vº République (1958- ?) PAGE 11 Vers l’épreuve externe PAGE 16 CHAPITRE 11 : la vie politique en Espagne depuis 1939 PAGE 18 I. Le Franquisme (1939-1975) PAGE 19 Vers l’épreuve externe PAGE 28 II. La Transition démocratique (1975-1982) PAGE 20 Vers l’épreuve externe PAGE 35 III. L’Espagne en démocratie (1982-2008) PAGE 37 Vers l’épreuve externe PAGE 39 CHAPITRE 12 : économie, société et culture depuis l’après-guerre PAGE 41 I. Les transformations économiques, sociales et culturelles en France PAGE 42 II. Les transformations économiques, sociales et culturelles en Espagne PAGE 46 Vers l’épreuve externe PAGE 52 CHAPITRE 13 : la France et l’Espagne, en Europe et dans le monde PAGE 54 I. La France et l’Espagne en Europe PAGE 55 II. La France et Espagne dans le monde PAGE 58 Vers l’épreuve externe PAGE 61 Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 2
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 CONTEXTUALISATION : le monde depuis 1945 I. La guerre froide (1947-1991). Dès 1945, la tension entre les E.U.A. et l’U.R.S.S. amène à leur rupture en 1947 (doctrines Truman et Jdanov) ; Le monde est divisé en deux blocs (Occidental/communiste) qui s’affrontent : succession de crises aggravées par la menace nucléaire: Berlin (1948 et 1961), Corée (1950-1953), Cuba (1962) ; l’Europe, l’Allemagne (R.F.A./R.D.A.) et Berlin sont coupés en deux. Après une phase de Détente, la reprise des tensions accélère la fin de la Guerre froide : la chute du mur de Berlin (1989) et des dictatures communistes entraîne l’éclatement de l’URSS épuisée par une grave crise interne (1991). II. La décolonisation et ses conséquences. Après 1945, les peuples colonisés profitent de l’affaiblissement des puissances coloniales pour s’émanciper. Le processus débute en Asie et gagne l’Afrique ; Les indépendances sont négociées (Inde) ou arrachés (Algérie) ; Les pays du Tiers-Monde récemment indépendants cherchent une troisième voie (Bandung en 1955) qui débouche sur le mouvement des non-alignés (1961). III. La construction européenne. Après 1945, les pays d’Europe occidentale se rapprochent par l’économie : création de la C.E.C.A. (1951) devenue C.E.E. après le traité de Rome (1957). La Communauté européenne renforce sa dynamique politique : traité de Maastricht créant l’Union Européenne en 1992 (12 membres) ; élargissement (28 États en 2013) et adoption de l’Euro (2002). IV. L’organisation du monde actuel. La fin du bloc communiste renforce l’hyperpuissance américaine : militaire (Irak en 1990 et 2003, Afghanistan) ; économico-culturelle (Wall Street, F.M.N., cinéma et agrobusiness). De nouveaux États sont formés et surgissent de nouvelles menaces : conflits inter et surtout intra étatiques (Rwanda en 1994) ; terrorisme islamiste contre les intérêts occidentaux (New-York, 2001). La mondialisation fait apparaître un monde multipolaire : essor des flux de marchandises, capitaux, informations et de personnes ; interdépendance internationale (OMC) ou régionale (UE, ASEAN, APEC, MERCOSUR, ALENA) croissante ; émergence de puissances régionales et mondiales : Triade, Dragons asiatiques, BRICS. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 3
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 CHAPITRE 10 : LA VIE POLITIQUE EN FRANCE DEPUIS 1945 Problématique : comment la vie politique française s’est-elle réorganisée et a-t-elle évolué depuis 1945? Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 4
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 I. L’échec de la IV° République (1946-1958) Pourquoi la IVº République n’a-t-elle pas réussi à durer ? 1. La France à rebâtir. L’état de la France : économique : en 1945, une France exsangue (635 000 morts, 2/3 du réseau ferré détruits, rationnement jusqu’en 1948) ; politique : unité derrière la Résistance et De Gaulle, mais risques d’une dérive anarchique, de luttes fratricides et influence des communistes. Une série de mesures pour reconstruire le pays : mesures politiques pour refonder l’État : • formation (juin 1944) par De Gaulle du gouvernement provisoire de la République française avec les partis et la Résistance (2 PCF, 4 SFIO, 3 démocrates-chrétiens, 3 radicaux, 1 modéré, 9 membres de la Résistance) ; • envoi de commissaires de la République dans tout le territoire pour assurer l’autorité du GPRF ; • résultats : désarmement des mouvements de résistance, le parti communiste reste légaliste, l’autorité de l’Etat est reconnue ; mesures économiques et sociales : • nationalisations : banques, énergie (EDF-GDF), transports aériens (création d’Air France) ou collaborateurs (Renault) ; • Commissariat au Plan : planification incitative de l’économie ; • réforme du statut du salarié : création des comités d’entreprises, restauration de la liberté syndicale ; • Sécurité sociale : remboursement des frais de santé + versement des retraites. La vie politique et la question des institutions : les forces politiques se reconstituent et se renouvellent : SFIO, Parti radical (affaibli), modérés (discrédités par Vichy), PCF (image de Parti résistant), Mouvement républicain populaire (démocrate-chrétien) ; la difficile question des institutions et la rupture avec De Gaulle : • 1ère assemblée constituante (octobre 1945) : SFIO, PCF et MRP la dominent, De Gaulle est chef du gouvernement, mais il démissionne, face à l’opposition croissante des partis coalisés ; • premier projet de constitution rejeté par référendum en mai 1946 ; la naissance de la Quatrième République : • nouveau projet élaboré après élection d’une nouvelle constituante : régime parlementaire déséquilibré (Assemblée nationale : rôle prédominant) ; • De Gaulle manifeste son opposition et propose une alternative dans son discours de Bayeux (16 juin 1946) ; • le peuple approuve à 53% les nouvelles institutions par référendum (13 octobre 1946). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 5
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 2. Les débuts difficiles de la IV° République (1946-1954). 2.1. Des atouts… Une constitution qui offre des avancées : en matière de droits économiques et sociaux : droit au travail, comités d’entreprises, égalité homme/femme ; en matière de gestion des territoires coloniaux : Union française. Un contexte économique favorable : débuts des Trente Glorieuses avec une croissance soutenue : • 6% de croissance industrielle par an (chimie, automobile, aéronautique) ; • modernisation de l’agriculture et des services ; facteurs explicatifs : • forte consommation intérieure, fondée sur un optimisme général et sur le dynamisme démographique : «baby-boom » ; • action de l’Etat : politique nataliste (allocations familiales) ; • plan Marshall ; • productivité élevée grâce aux travailleurs et à la mécanisation. Une relative stabilité politique : après De Gaulle, PCF-SFIO-MRP signent une charte de collaboration ; ce tripartisme permet de stabiliser les effets du parlementarisme. 2.2. …vite masqués par l’accumulation des difficultés. La montée des oppositions : le tripartisme explose avec l’entrée du PCF dans l’opposition : • à cause de la politique internationale de la France, dans le contexte de guerre froide : acceptation du plan Marshall, adhésion à l’OTAN, guerre d’Indochine ; • à cause de l’agitation sociale et des grèves insurrectionnelles de 1947-1948 : 3 millions de grévistes, assaut de bâtiments publics, émeutes, sabotage d’outils de travail ou de voies de chemin de fer ; la menace d’une force d’opposition gaulliste : • en avril 1947, De Gaulle crée le RPF ; • d’abord un triomphe (municipales de 1947), puis essoufflement (législatives de 1951) et dissolution (1953). L’instabilité gouvernementale chronique : formation d’une nouvelle coalition, laTroisième force, regroupant : • SFIO (Mollet) ; • Union démocratique et socialiste de la Résistance (Mitterrand) ; • radicaux : • MRP (Bidault) ; • modérés de droite (Pinay) ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 6
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 après sa victoire de 1951, la Troisième force glisse vers la droite : • la SFIO ne participe plus au gouvernement ; • Pinay est nommé pendant sept mois Président du Conseil ; la multiplication des partis et la volatilité de leurs alliances provoque : • les changements de majorité et l’instabilité des gouvernements : 21 en 12 ans ; • une crise de confiance, profitant à l’extrême-droite : Union des commerçants et artisans de Pierre Poujade. Le poids du contexte international fragilise le régime : les débuts chaotiques de la construction européenne ; • création de la C.E.C.A. (1951) qui aboutira à la signature du traité de Rome instituant la C.E.E. (1957) ; • mais grave crise provoquée par le projet de Communauté européenne de Défense (C.E.D.) entre 1952 et 1954 ; la gestion catastrophique de la décolonisation et la guerre d’Indochine ; • enlisement du corps expéditionnaire français envoyé dès 1945 ; • défaite de Diên Biên Phu (7/05/1954) qui provoque l’arrivée de Pierre Mendès France au pouvoir. 3. La crise et la chute de la Quatrième République (1954-1958). 3.1. L’expérience Mendès-France : un redressement éphémère. Le mendésisme, un espoir dans la vie politique française : en juin 1954, Mendès-France forme un gouvernement d’union : • formé de radicaux, de gaullistes, d’UDSR et de MRP ; • Mendés agit comme véritable chef de gouvernement : émissions hebdomadaires à la radio destinées aux Français ; un programme ambitieux : • redressement et modernisation économique ; • règlement de la question coloniale : accords de Genève (fin de la guerre d’Indochine le 20/07/1954), négociations avec le Maroc et la Tunisie, mais position ferme sur l’Algérie (réponse de Mitterrand aux indépendantistes : « l’Algérie, c’est la France ! ») ; • projet de réforme : pouvoirs législatifs au Conseil de la République, renforcement de l’exécutif. La chute, après sept mois de gouvernement : Mendès est critiqué pour son style, ses projets et sa politique coloniale ; la coalition qui le soutenait éclate et l’assemblée le renverse en 1955. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 7
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 3.2. La crise algérienne : un coup fatal au régime. L’éclatement d’une guerre qui nuit à l’image de la France : le 1/11/1954 le F.L.N. lance l’insurrection et pousse la France à s’enliser dans une guerre féroce ; la brutalité du conflit (attentats, exactions, torture) place la France dans une situation difficile à l’ONU. Une guerre qui détériore les rapports entre l’Etat, la nation et l’armée : Guy Mollet accentue l’escalade du conflit : pouvoirs spéciaux à l’armée et envoi du contingent (jusqu’à 400000 hommes). la guerre provoque une crise politique et morale : • l’armée (en partie), les Pieds-Noirs défendent l’Algérie française ; • la torture et l’envoi d’appelés rendent la guerre très impopulaire ; • malgré des succès (3ème semaine de congés payés, autonomie aux territoires d’Afrique noire, signature du Traité de Rome), Mollet est renversé en 1957 à cause de l’échec de sa politique algérienne. La crise finale du 13 mai 1958 : la nomination de Pfimlin comme président du Conseil provoque une insurrection en Algérie : • les partisans de l’Algérie française et les militaires professionnels proclament le 13/05/1958 à Alger un Comité de Salut Public ; • les insurgés d’Algérie réclament le retour de De Gaulle ; la menace de guerre civile permet à De Gaulle de revenir : • il est investi Président du Conseil le 1er juin 1958 ; • il obtient les pleins pouvoirs pour rédiger une Constitution. La Quatrième République s’effondre légalement, malgré les pressions des milieux Algérie française et des gaullistes pour le retour du Général au pouvoir. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 8
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 Vers l’épreuve externe Exercice 1. Commentaire de documents. Option A. Discours du général De Gaulle à Bayeux, 16 juin 1946. […] Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, […] le pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de délégations. […] C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis, élu par un collège qui englobe le Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le président de l'Union française en même temps que celui de la République, que doit procéder le pouvoir exécutif. Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général quant au choix des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement. À lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui devra diriger la politique et le travail du Gouvernement. Au chef de l'État la fonction de promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que ceux-ci et celles-là engagent les citoyens. À lui la tâche de présider les Conseils du Gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se passe pas. À lui l'attribution de servir d'arbitre […] soit normalement par le conseil, soit, dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître par des élections sa décision souveraine. À lui, s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le devoir d'être le garant de l'indépendance nationale et des traités conclus par la France. Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant la naissance de la Quatrième République (1944-1946). Option B. Affiche du PCF contre le référendum de 1958 en France. Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise et la chute de la Quatrième République (mai-octobre 1958). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 9
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 Exercice 2. Rédaction. Option A. L’échec de la Quatrième République (1946-1958). Chronologie indicative : Octobre 1946 : adoption de la constitution de la Quatrième République 1948 : grèves insurrectionnelles 1954 : défaite de Diên Biên Phu et début de la Guerre d’Algérie 1955 : chute de Pierre Mendès-France 13/05/1958 : coup de force militaire à Alger Option B. La Quatrième République face à la décolonisation. Chronologie indicative : 1945 : déclaration d’indépendance du Vietnam par le Vietminh 7/05/1954 : défaite de Diên Biên Phu 1/11/1954 : insurrection du FLN en Algérie 1956 : indépendance de la Tunisie et du Maroc Juin 1958 : visite du Général De Gaulle en Algérie Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 10
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 II. La V° République (1958- ?) Comment la Vº République a-t-elle évolué jusqu’à nos jours ? 1. La République gaullienne (1958-1969). 1.1. La mise en place et la consolidation du nouveau régime (1958-1965). Un régime mixte : la nouvelle constitution adoptée par référendum (à 83%) et promulguée le 4/10/1958 instaure un régime semi-présidentiel selon les vues de De Gaulle élu en décembre 1958 avec 78,5% des voix des grands électeurs : • exécutif renforcé et bicéphale : 1er ministre dépendant du Président et conduisant la politique du gouvernement, Président élu pour 7 ans au SUI et Chef de l’Etat et des armées, signant les traités et promulguant les lois, présidant le Conseil des ministres, pouvant convoquer un référendum, dissoudre l’AN et obtenir les pleins pouvoirs ; • les pouvoirs du parlement sont encadrés : bicaméralisme (Assemblée élue au SUD et Sénat au SUI), vote des lois et du budget, pouvoir de renverser le gouvernement (AN), mais des limites (ordre du jour fixé par le gouvernement, pas monopole de l’initiative des lois, scrutin majoritaire). La résolution de la crise algérienne : De Gaulle gagne du temps et négocie avec les indépendantistes : • 06/1958 : visite en Algérie et discours du Forum ; • 10/1958 : propose la Paix des Braves au FLN qui refuse et fonde le GPRA ; • annonce de réformes politiques, économiques et sociales ; le choix progressif de l’indépendance : • septembre 1959 : annonce de la politique d’autodétermination ; • radicalisation des partisans de l’Algérie française : Putsch des généraux à Alger (22/04/1961), fondation de l’OAS et climat de guerre civile : attentat du Petit Clamart contre De Gaulle (1962), répression de la manifestation pro-FLN à Paris (17 octobre 1961). l’accession à l’indépendance : • les Accords d’Evian le 18 mars 1962 permet de lancer l’autodétermination de l’Algérie ; • après un référendum en France et un autre en Algérie, celle-ci devient indépendante le 5/07/1962. Le renforcement de l’autorité présidentielle : profitant de la crise algérienne, De Gaulle réforme les institutions en renforçant la légitimité du Président de la République : référendum de 1962 permettant l’élection au SUD du Chef de l’Etat ; lancement de réformes économiques et sociales visant à la modernisation du pays : projets Concorde et TGV ; pratique du pouvoir renforçant l’image du président : voyages, allocutions télévisées, référendums ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 11
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 majorité stable grâce au scrutin majoritaire et au parti gaulliste (UNR puis UDR). Une politique d’indépendance : gestion de la décolonisation : remplacement de l’Union française par la Communauté pour négocier l’indépendance des colonies africaines (1958-1960 et une politique de coopération ; politique de défense nationale avec le Commissariat à l’Energie Atomique (1945) mettant la France sur la voie de la dissuasion nucléaire : bombe A (1960), bombe H (1968) et premier sous-marin nucléaire (1968) ; construction d’une Europe « européenne » à partir du moteur franco- allemand : Traité de l’Elysée (1963) entre De Gaulle et Adenauer ; politique de non-alignement : • distanciation vis-à-vis des américains : sortie du commandement intégré de l’OTAN (1966), critique de la politique US au Vietnam (1967), tournées en Amérique du Sud ou au Québec ; • rapprochement prudent avec l’URSS et le bloc communiste : visite en URSS (1966) et reconnaissance de la RPC (1964) ; • ouverture au Tiers-Monde : politique arabe qui conduit à critiquer la politique israélienne au Proche-Orient. 1.2. L’usure du pouvoir (1965-1969). L’avertissement de 1965 : lors des présidentielles de 1965, la gauche est unie derrière Mitterrand ; De Gaulle est mis en ballotage, même s’il l’emporte au second. La crise de 1968 : mai : mouvement de protestation étudiant touchant le monde du travail ; malgré la signature des accords de Grenelle (27 mai 1968) et la victoire de la droite aux législatives de juin, la crise révèle un profond malaise social et affaiblit durablement De Gaulle. Le départ de De Gaulle : en avril 1969, De Gaulle décide d’organiser un référendum sur la réforme des institutions et la décentralisation ; le non l’emporte (53%) et De Gaulle démissionne le 28 avril (il meurt le 9 novembre 1970). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 12
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 2. La gestion de l’héritage gaullien (1969-1981). 2.1. Pompidou : l’héritier. Pompidou succède à De Gaulle dont il a été premier ministre pendant six ans : choix de Chaban-Delmas comme premier ministre qui tente de construire une « nouvelle société » : création du SMIC ; après l’arrêt de cette politique, Pompidou s’inscrit dans la continuité de De Gaulle. L’opposition de gauche s’organise : Mitterrand crée le Parti socialiste en 1971 lors du Congrès d’Epinay ; signature du programme commun entre socialistes, communistes et les radicaux de gauche en 1972. La France dans la crise : montée du chômage sous l’effet de la crise économique après le 1er choc pétrolier de 1973 les mutations du monde du travail bouleversent le paysage social : progression du tertiaire au détriment de l’industrie et de l’agriculture + robotisation de l’industrie les mouvements sociaux se multiplient : grèves. Pompidou meurt brutalement le 2 avril 1974 avant le terme de son mandat. 2.2. Giscard, la volonté de modernisation à droite (1974-1981). Giscard est élu président en 1974, battant de justesse Mitterrand (51%) : soutenu par une coalition droite modérée-gaullistes de l’UDR : le gaulliste Chirac est nommé Premier ministre ; mais la volonté du Président de gérer directement les affaires renforce la présidentialisation du régime et provoque un conflit avec Chirac qui démissionne en 1976. Volonté de moderniser l’économie et la société française : style présidentiel novateur, « à l’américaine » : repas chez les Français, portrait officiel modernisé ; série de réformes libérales et modernisatrices : IVG, majorité à 18 ans, collège unique. Mais la crise se poursuit (450000 chômeurs en 1974 – 1 650000 en 1981) sous les effets des chocs pétroliers et favorise l’opposition de gauche : malgré la fin de l’union de la gauche, Mitterrand prend la tête de l’opposition au président ; la droite est déchirée par le conflit Chirac (fonde le RPR)/Giscard ; Ébranlé par les scandales, Giscard est battu en 1981 par Mitterrand (51.76%). Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 13
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 3. L’alternance au pouvoir depuis 1981. 3.1. Les années Mitterrand (1981-1995). La gauche au pouvoir : Mitterrand mène une politique de changement selon le programme socialiste « changer la vie » : • politique intérieure à gauche : abolition de la peine de mort, 39 heures de travail hebdomadaire, nationalisations, retraite à 60 ans ; • politique extérieure pro-européenne : poursuite du rapprochement franco-allemand (poignée de mains Mitterrand – Kohl en 1984) ; mais changement d’orientation politique en 1982-1983 : • virage vers une politique de rigueur (contrôle des dépenses) ; • ce tournant n’empêche pas les difficultés économiques : chômage de masse, crise de l’industrie et des secteurs traditionnels (mines). La première cohabitation (1986-1988) : la gauche est affaiblie par : • ses changements de politiques perçus comme une trahison par une partie de l’électorat ; • les effets politiques de la crise comme le mécontentement croissant et la montée du Front National de Jean-Marie Le Pen ; elle perd les élections législatives de 1986 : • Chirac (RPR-droite gaulliste) devient 1er ministre et mène une politique libérale (65 entreprises privatisées) ; • cohabitation entre le Président de la République (Mitterrand – socialiste) et son 1er ministre (Chirac – droite gaulliste). Face à l’impopularité de ces réformes et à la persistance de la crise, Mitterrand est réélu président de la République en 1988 (battant Chirac). Le second septennat de Mitterrand (1988-1995) : les difficultés intérieures s’accumulent : • poursuite de la hausse du chômage (3 millions en 1993) ; • scandales politico-financiers : suicide du 1er ministre Pierre Bérégovoy accusé d’être impliqué dans une affaire ; • maladie de F. Mitterrand : atteint d’un cancer depuis 1981 ; Mitterrand s’investit en politique étrangère et européenne : traité de Maastricht (Union Européenne, 1992) adopté de justesse après référendum ; après une lourde défaite aux législatives de 1993, nouvelle cohabitation : Balladur (RPR) 1er ministre reprend la politique libérale de 1986-1988. Mitterrand quitte le pouvoir en 1995 (il meurt en 1996) et Chirac lui succède à la présidence de la République. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 14
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 3.2. Les années Chirac (1995-2007). Un premier mandat difficile (1995-2002) : dès son élection, Chirac mène une politique internationale active : • en Bosnie-Herzégovine et dans le processus de paix en ex- Yougoslavie (accords de Dayton) ; • sur le plan militaire : réintégration progressive des institutions de l’O.T.A.N., professionnalisation achèvement des essais nucléaires ; • implication dans le processus de paix au Proche-Orient très populaire dans le monde arabe ; sa politique intérieure échoue : • réformes économiques et sociales (privatisations, réformes des retraites et de la sécurité sociale) impopulaires : grèves massives (1995-1996) ; • la décision de dissoudre l’Assemblée nationale provoque la victoire de la gauche plurielle aux législatives de 1997 ; la troisième cohabitation : • la gauche contrôle l’Assemblée nationale et le gouvernement sous la direction de Lionel Jospin (P.S.) ; • la conjoncture économique favorable (reprise mondiale) et l’optimisme de l’opinion (victoire à la coupe du monde de football en 1998) s’accompagnent de nouvelles réformes : 35 heures et réduction du mandat présidentiel à 5 ans (2000) ; Même si Chirac est affaibli par les scandales, il remporte le second tour de l’élection présidentielle de 2002 devant Jean-Marie Le Pen et Jospin (éliminé au 1er tour) et son nouveau parti, l’U.M.P., remporte les législatives. Les dernières années au pouvoir (2002-2007) : sur le plan international, la politique de Chirac rencontre des résultats variables : • opposition à l’intervention américaine en Irak (2003), même si soutien global à la lutte contre le terrorisme après le 11/09/2001 ; • échec de la politique européenne : victoire du « non » au référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005 ; reprise d’une politique libérale (assouplissement des 35 heures, réforme des retraites, privatisation des autoroutes) et de réforme de l’État (seconde vague de décentralisation) ; Chirac est affaibli par des problèmes de santé et le malaise social : mouvement contre le C.P.E. (2006), émeutes des banlieues (2005). L’élection présidentielle de 2007 est remportée par Nicolas Sarkozy (U.M.P.) devant Ségolène Royal (P.S.) Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 15
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 Vers l’épreuve externe Exercice 1. Commentaire de documents. Option A. Document 1. De Gaulle à Phnom Penh. Document 2. Extrait du discours prononcé par De Gaulle le 1er septembre 1966. [….] La France considère que les combats qui ravagent l'Indochine n'apportent, par eux-mêmes et eux non plus, aucune issue. Suivant elle, s'il est invraisemblable que l'appareil guerrier américain vienne à être anéanti sur place, il n'y a, d'autre part, aucune chance pour que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi de l'étranger venu de l'autre Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient ses armes. Bref, pour longue et dure que doive être l'épreuve, la France tient pour certain qu'elle n'aura pas de solution militaire. A moins que l'univers ne roule vers la catastrophe, seul un accord politique pourrait donc rétablir la paix. […] Questions : a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale. b) Expliquer le contexte historique des deux documents. c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la politique étrangère de De Gaulle est une politique d’indépendance (1958-1969). Option B. Discours de Robert Badinter, Ministre de la Justice, en faveur de l’abolition de la peine de mort le 17 septembre 1981. Demain, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. A cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de "service". Demain, vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateurs français, de tout mon cœur, je vous en remercie. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 16
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 Questions : a) Présenter le document et indiquer l’idée principale. b) Expliquer le contexte historique du document. c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : les années Mitterrand (1981-1995). Exercice 2. Rédaction. Option A. La vie politique sous la Cinquième République (1958-2007). Chronologie indicative : 1958 : adoption de la constitution de la Cinquième République Mai 1968 : révolte étudiante et ouvrière 1981 : élection de François Mitterrand 1986 : première cohabitation 2007 : Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac Option B. La crise de 1968 et ses conséquences. Chronologie indicative : Mai 1968 : mouvement étudiant et ouvrier Juin 1968 : victoire gaulliste aux élections législatives 1969 : victoire du non au référendum et départ de De Gaulle Septembre 1969 : discours de Chaban-Delmas sur la « nouvelle société » 1975 : loi autorisant l’IVG Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 17
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 CHAPITRE 11 : LA VIE POLITIQUE EN ESPAGNE DEPUIS 1939 Problématique : comment l’Espagne est-elle passée de la dictature à la démocratie? Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 18
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 I. Le Franquisme (1939-1975) Quelles sont les caractéristiques de la dictature et comment a-t-elle évolué ? 1. L’établissement de la dictature (1939-1959). 1.1. Les fondements de la dictature. Un Etat totalitaire et centralisé sur le modèle fasciste : garanties démocratiques suspendues : constitution de 1931, Cortés, partis et syndicats (parti et syndicats uniques) ; esprits contrôlés : censure, propagande et culte de la personnalité ; le caudillisme : • légitimité de Franco : sa victoire lors de la Guerre civile ; • titre de Caudillo permettant de cumuler honneurs, pouvoirs et responsabilités : Chef de l’Etat et (longtemps) du gouvernement, Généralissime de toutes les armées, Chef national du parti unique (FET-JONS) ; la répression : • planifiée pour écraser toute opposition et assurer l’unité en instaurant un climat de terreur et de dépolitisation ; • cibles : républicains, socialistes, communistes, anarchistes, francs-maçons, nationalistes locaux ; • instruments : mesures légales (Loi de Responsabilités Politiques de 1938 ou Loi de répression du communisme et de la maçonnerie de 1940), exécutées par l’Armée via les Conseils de guerre, prisons, camps et travaux forcés où les conditions provoquent une surmortalité (prison Modelo de Barcelone de 1000 détenus à 13000 en 1939 ; • bilan : 150000 exécutions (50000 après-guerre) et 280000 détenus en 1940 : Companys exécuté le 15/10/1940 ; la centralisation : • statuts d’autonomie supprimés : le 5/04/1938, décret abolissant le Statut catalan ; • hispanisation de tous les territoires à forte identité : interdiction de l’usage public et officiel du catalan. Les soutiens du régime : les trois piliers institutionnels : • l’armée : participation au pouvoir et à l’administration ; • le parti unique FET-JONS et le Mouvement National (1958) : soutien idéologique, contrôle des médias et de l’accès aux carrières publiques, organisations de masse (Front des Jeunesses, Section Féminine, Syndicat Espagnol Universitaire et Centrale Nationale Syndicaliste ; • l’Eglise : légitimation d’une dictature se présentant comme un Etat confessionnel (caractère de croisade accordé au combat nationaliste) en contrepartie d’un financement généreux, du contrôle de l’enseignement, de la promotion des valeurs catholiques dans la société ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 19
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 les appuis sociaux : • soutien de la majorité des élites économiques et des petits et moyens propriétaires terriens du nord et du centre ; • refuge des classes moyennes dans l’apolitisme : peu d’affinités idéologiques avec le franquisme et expérience traumatisante de révolution sociale pendant la Guerre civile ; • même attitude des classes populaires se considérant souvent comme vaincues de la Guerre civile ; les différentes familles du franquisme : • représentées au sein des gouvernements mais à des degrés variables et avec une constante présence militaire ; • d’abord : alphonsins, carlistes, phalangistes ; • avec la défaite de l’Axe (1945), évolution : influence de groupes d’inspiration national-catholique : Association Catholique Nationale de Propagandistes prétendant fonder une « démocratie organique » puis au milieu des années 1950 et début des années 1960 : emprise croissante de l’Opus Dei. L’opposition, entre exil et résistance : l’exil : • la plupart des 450000 républicains se réfugient en France (Catalogne : 50000 personnes), Amérique latine, URSS ; • en France beaucoup sont internés dans des camps : certains tentent de retourner en Espagne, 200000 restent en exil, les plus politisés étant persécutés durant la 2ème guerre mondiale (Mauthausen) et rejoignant la résistance ; • l’exil des institutions politiques républicaines : les Cortés siègent au Mexique de 1945 à 1977 et la Generalitat se reforme (d’abord autour d’Irla puis de Tarradellas en 1954) ; l’opposition et son évolution : • de 1939 à 1944, difficile reconstitution : tentatives de reformer clandestinement les principaux partis (PSOE, PSUC, POUM, ERC) et syndicats (CNT et UGT), création à Paris du Front National de Catalogne et du Mouvement Socialiste de Catalogne, foyers de guérilla anarchiste et communiste dans les Pyrénées, jusqu’en 1952 (invasion du Vall d’Aran le 18 octobre 1944) ; • de 1945 à 1947, tentatives d’unification face à l’espoir d’une intervention alliée : plateformes unitaires (Alliance Nationale de Forces Démocratiques, 1944), mais divergences sur la nature du régime et la manière de s’opposer au franquisme ; • de 1948 à 1951, démoralisation : non-intervention occidentale, insurrection impossible (répression et absence de mobilisation populaire), affaiblissement, division et parfois disparition en Espagne des forces antifranquistes (plus de cellules du POUM, de l’UGT, de la CNT, scissions au PSOE), option de la lutte armée abandonnée (PCE-PSUC choisissant les luttes sociales) ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 20
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 la montée des tensions sociales : • première vague à la fin des années 1940 des ouvriers face aux conditions de vie et de travail : dès 1945, conflits dans le textile et la métallurgie catalans, grèves générales à Manresa et au Pays Basque en 1946-7, conflit des tramways de Barcelone aboutissant à une grève générale en 1951 ; • mobilisations étudiantes (1956-57) à Madrid et Barcelone. 1.2. Les étapes de la vie politique. La seconde guerre mondiale et ses conséquences (1945-1947) : le franquisme pendant la guerre (1939-1945). • domination de la FET-JONS : essai devant l’hégémonie des fascismes de créer un Etat national-syndicaliste, prépondérance au gouvernement grâce à Serrano Suñer, (chef de la Phalange, beau-frère de Franco et ministre des Affaires étrangères) ; • de la neutralité à la non-belligérance : Franco se déclare neutre, puis se rapproche de l’Allemagne et de l’Italie qui cherchent à le faire entrer en guerre (à Hendaye en 1940 et Bordighera en 1941) et finalement choix de la non belligérance marqué par un soutien économique (tungstène) ou symbolique (División Azul), mais pas militaire ; • le retour à la neutralité à partir de 1943 : retrait de la División Azul (1943), discours insistant sur le catholicisme et l’anticommunisme et atténuation des analogies avec le fascisme (fin du bras tendu), phalangistes marginalisés (Serrano Suñer) ; l’isolement international (1945-1947) : • l’Espagne sous pression de la communauté internationale : l’ONU recommande le retrait des ambassadeurs (1946), rétorsions de la France (fermeture de la frontière) ; • Franco ne cède pas et mène une politique d’autarcie visant l’autosuffisance économique : restriction du commerce extérieur (autorisations administratives) et importations réduites, politique de l’Institut National d’Industrie (INI) qui crée des entreprises publiques dans la défense, les infrastructures, les biens d’équipements (Iberia, Endesa, Enher, Ensidesa, Seat, RENFE, CTNE) et politique agricole de contrôle de la production, de la commercialisation, des prix et de la consommation ; • conséquences : économiquement et politiquement l’Espagne est à l’écart de l’aide internationale (plan Marshall) et des alliances géostratégiques (l’OTAN) ; Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 21
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 évolution idéologique et sortie progressive de l’isolement (1947-53) : • reconnaissance internationale avec la guerre froide : pression des EUA pour assouplir les sanctions (retrait des ambassadeurs annulé), concordat avec le Vatican et accords avec les EUA (1953) prévoyant une aide financière et matérielle (prêts et investissements de 465 millions de dollars en 4 ans) et une coopération militaire (matériel américain/bases de Torrejón, Morón, Saragosse, et Rota) ; • en 1951, nouvelle orientation : Franco change de gouvernement pour faciliter le rapprochement avec le monde occidental, donnant la majorité des ministères aux catholiques conservateurs (national-catholicisme) et promouvant les personnalités favorables à une certaine ouverture, comme Carrero Blanco ; les premiers signes d’ouverture (1953-1959) : • la légitimation de l’Espagne continue : entrée à l’ONU en 1955, à l’OIT en 1956, à l’OECE et au FMI en 1958 ; • à l’intérieur, dégradation : situation économique difficile (manque d’aliments, production en lente progression, niveau de vie bas), mouvements sociaux (1956-1958), des partisans du régime défendent un changement d’orientation (fin de l’autarcie, libéralisation) ; • poursuite de la modification des rapports de force avec le nouveau gouvernement de 1957 : nouvelle génération de ministres membres de l’Opus Dei appelés technocrates partisans d’une modernisation économique (Navarro Rubio, aux finances et Ullastres au commerce). 1.3. Les institutions de l’État franquiste. Les institutions sont définies par les lois fondamentales : 1938, Fuero del Trabajo : • national-syndicalisme, inspiré par la Carta del Lavoro ; • interventionnisme étatique économique et social ; 1942, Loi constitutive des Cortés : • votée alors la victoire des Alliés est de plus en plus probable ; • chambre corporatiste, sans réels pouvoirs parlementaires ; 1945, Fuero de los Españoles : • promulgué dans le cadre de la conférence de Potsdam ; • prétend octroyer des droits sans aucune garantie et limités par « l’unité spirituelle, nationale et sociale de l’Espagne » ; 1945, Loi sur le référendum national : le chef de l’Etat peut soumettre l’approbation de décisions importantes à référendum ; 1947, Loi de succession à la tête de l’Etat : • l’Espagne est un royaume mais Franco peut désigner son successeur à la tête de l’Etat ; • contexte : affrontement Franco/Juan de Borbón ; 1958, Loi sur les Principes du Mouvement national : • rappelle les principes cardinaux de l’Etat ; • oblige les fonctionnaires à prêter serment. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 22
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 L’organisation des pouvoirs : Franco concentre les titres et les pouvoirs en tant que Caudillo ; • nomination des hauts fonctionnaires, des procurateurs aux Cortés, du secrétaire général du Mouvement ; • droit de promulguer seul les lois dans les cas d’urgence ; les Cortés ou l’organisation corporatiste de la volonté nationale : • procurateurs nommés selon le corporatisme de la démocratie organique : désignés par le chef de l’Etat (ministres, membres du Conseil national du Mouvement et de l’organisation syndicale), désignés pour leurs fonctions (maires des grandes villes, recteurs d’université, hiérarques catholique), élus par les syndicats, administrations locales (mairies et députations provinciales) ; les chefs de familles (1966) ; • organe de collaboration, sans véritable pouvoir législatif : pas d’initiative des lois, droit de veto de Franco ; l’administration territoriale : • militaire : capitaines généraux et gouverneurs militaires dans chaque province ; • civile : gouverneurs civils (nommés par le pouvoir et chefs provinciaux du Mouvement), maires (nommés par les gouverneurs et chefs locaux du Mouvement) ; le pouvoir syndical : • syndicats regroupés dans l’Organisation Syndicale Espagnole présidée par un secrétaire général (ministre) ; • organisation par branches et regroupement vertical, selon les principes établis par la Loi d’unité syndicale (1940) ; • tutelle de l’Etat en matière de droits sociaux : pas de négociations collectives ni de droit de grève, salaires maintenus bas et profits patronaux élevés. 2. De la modernisation à la crise (1959-1975). 2.1. La réorientation de la politique économique. Le desarrolismo : dès 1957 et au long des années 1960, primauté des technocrates : • nouvelle génération liée à l’Opus Dei et aux élites économiques ; • stratégie de modernisation et de rationalisation économique pour assurer la stabilité du régime ; changement d’orientation dû au contexte de la fin des années 1950 : • mauvaise situation économique : réserves de la Banque d’Espagne épuisées, inflation, déficit des comptes publics ; • pression des organismes internationaux et croissance rapide (Trente Glorieuses) du reste de l’Europe occidentale ; • montée des tensions sociales internes : grèves, manifestations. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 23
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4 Le plan de stabilisation (1959) : volonté de corriger la politique économique : fin de l’interventionnisme étatique et libéralisation des secteurs du commerce et de la finance ; trois axes prioritaires : • stabilisation de l’économie : réduction de l’inflation (hausse des taux d’intérêts, limitation du crédit, gel des salaires) et du déficit (réforme fiscale pour augmenter les recettes et restreindre les dépenses) ; • libéralisation interne : suppression des organismes publics chargés d’intervenir et libéralisation des prix ; • libéralisation externe : levée des obstacles aux importations et attraction des investissements étrangers (convertibilité peseta, dévaluée de 50% avec le dollar) permettant de recevoir des crédits extérieurs et d’accéder aux marchés internationaux. Les plans de développement : trois plans quadriennaux (de 1964 à 1975) supervisés par un Commissaire au plan de développement (López Rodo) ; planification indicative programmant l’activité du secteur public et fournissant des informations et des mesures incitatives au privé ; deux axes forts : • actions structurelles pour résoudre les problèmes de l’industrie (taille réduite des entreprises, productivité faible) ; • pôles de développement : implantation de nouvelles industries dans des régions peu ou pas industrialisées ; bilan : • en général : objectifs fixés non atteints, principalement faute de ressources publiques ; • aspects positifs : infrastructures (réseaux électriques, raffineries) et approvisionnement en produits de base (acier) profitant au privé et posant les bases de la croissance industrielle. 2.2. L’évolution du régime : entre réformisme et immobilisme. Les technocrates au pouvoir : ascension de Carrero Blanco (vice-président 1967-1973) favorisant les technocrates (Ullastre, López Rodó) qui progressent à partir de 1962 ; aussi certains jeunes phalangistes réformistes : Fraga Ibarne ; les familles traditionnelles du franquisme voient leur influence décliner. Objectifs : modernisation et développement économiques, avec une rénovation politique (modernisation de l’administration, des lois et institutions) ; but poursuivi : consolider le régime par la prospérité et un certain niveau de protection sociale, moderniser pour éviter de démocratiser. Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat 24
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