HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 4 - JEAN-BASTIEN URFELS

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HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 4 - JEAN-BASTIEN URFELS
CURRICULUM MIXTE BATXIBAC

HISTOIRE DE FRANCE
   ET D’ESPAGNE

  MANUEL – VOLUME 4
         (1º et 2º Batxibac)

   JEAN-BASTIEN URFELS
         Septembre 2014
HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 4 - JEAN-BASTIEN URFELS
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

Sommaire

CONTEXTUALISATION : le monde depuis 1945                                                PAGE 3

CHAPITRE 10 : la vie politique en France depuis 1945                                   PAGE 4

I. L’échec de la IVº République (1946-58)                                               PAGE 5
        Vers l’épreuve externe                                                          PAGE 9
II. La Vº République (1958- ?)                                                         PAGE 11
        Vers l’épreuve externe                                                         PAGE 16

CHAPITRE 11 : la vie politique en Espagne depuis 1939                                  PAGE 18

I. Le Franquisme (1939-1975)                                                           PAGE 19
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 28
II. La Transition démocratique (1975-1982)                                             PAGE 20
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 35
III. L’Espagne en démocratie (1982-2008)                                               PAGE 37
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 39

CHAPITRE 12 : économie, société et culture depuis l’après-guerre                       PAGE 41

I. Les transformations économiques, sociales et culturelles en France                  PAGE 42
II. Les transformations économiques, sociales et culturelles en Espagne                PAGE 46
         Vers l’épreuve externe                                                        PAGE 52

CHAPITRE 13 : la France et l’Espagne, en Europe et dans le monde                       PAGE 54

I. La France et l’Espagne en Europe                                                    PAGE 55
II. La France et Espagne dans le monde                                                 PAGE 58
        Vers l’épreuve externe                                                         PAGE 61

                    Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

       CONTEXTUALISATION : le monde depuis 1945
I. La guerre froide (1947-1991).

      Dès 1945, la tension entre les E.U.A. et l’U.R.S.S. amène à leur rupture en
      1947 (doctrines Truman et Jdanov) ;
      Le monde est divisé en deux blocs (Occidental/communiste) qui s’affrontent :
               succession de crises aggravées par la menace nucléaire: Berlin (1948
               et 1961), Corée (1950-1953), Cuba (1962) ;
               l’Europe, l’Allemagne (R.F.A./R.D.A.) et Berlin sont coupés en deux.
      Après une phase de Détente, la reprise des tensions accélère la fin de la
      Guerre froide : la chute du mur de Berlin (1989) et des dictatures
      communistes entraîne l’éclatement de l’URSS épuisée par une grave crise
      interne (1991).

II. La décolonisation et ses conséquences.

      Après 1945, les peuples colonisés profitent de l’affaiblissement des puissances
      coloniales pour s’émanciper. Le processus débute en Asie et gagne l’Afrique ;
      Les indépendances sont négociées (Inde) ou arrachés (Algérie) ;
      Les pays du Tiers-Monde récemment indépendants cherchent une troisième
      voie (Bandung en 1955) qui débouche sur le mouvement des non-alignés
      (1961).

III. La construction européenne.

       Après 1945, les pays d’Europe occidentale se rapprochent par l’économie :
       création de la C.E.C.A. (1951) devenue C.E.E. après le traité de Rome (1957).
       La Communauté européenne renforce sa dynamique politique :
              traité de Maastricht créant l’Union Européenne en 1992 (12
              membres) ;
              élargissement (28 États en 2013) et adoption de l’Euro (2002).

IV. L’organisation du monde actuel.

       La fin du bloc communiste renforce l’hyperpuissance américaine :
                militaire (Irak en 1990 et 2003, Afghanistan) ;
                économico-culturelle (Wall Street, F.M.N., cinéma et agrobusiness).
        De nouveaux États sont formés et surgissent de nouvelles menaces :
               conflits inter et surtout intra étatiques (Rwanda en 1994) ;
               terrorisme islamiste contre les intérêts occidentaux (New-York, 2001).
        La mondialisation fait apparaître un monde multipolaire :
               essor des flux de marchandises, capitaux, informations et de
               personnes ;
               interdépendance internationale (OMC) ou régionale (UE, ASEAN,
               APEC, MERCOSUR, ALENA) croissante ;
               émergence de puissances régionales et mondiales : Triade, Dragons
               asiatiques, BRICS.

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

              CHAPITRE 10 :
LA VIE POLITIQUE EN FRANCE DEPUIS 1945

               Problématique :
    comment la vie politique française
           s’est-elle réorganisée
      et a-t-elle évolué depuis 1945?

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          I. L’échec de la IV° République (1946-1958)
              Pourquoi la IVº République n’a-t-elle pas réussi à durer ?

1. La France à rebâtir.

       L’état de la France :

              économique : en 1945, une France exsangue (635 000 morts, 2/3 du
              réseau ferré détruits, rationnement jusqu’en 1948) ;
              politique : unité derrière la Résistance et De Gaulle, mais risques
              d’une dérive anarchique, de luttes fratricides et influence des
              communistes.

       Une série de mesures pour reconstruire le pays :

              mesures politiques pour refonder l’État :
               • formation (juin 1944) par De Gaulle du gouvernement provisoire
                  de la République française avec les partis et la Résistance (2
                  PCF, 4 SFIO, 3 démocrates-chrétiens, 3 radicaux, 1 modéré, 9
                  membres de la Résistance) ;
               • envoi de commissaires de la République dans tout le territoire
                  pour assurer l’autorité du GPRF ;
               • résultats : désarmement des mouvements de résistance, le parti
                  communiste reste légaliste, l’autorité de l’Etat est reconnue ;
              mesures économiques et sociales :
               • nationalisations : banques, énergie (EDF-GDF), transports
                  aériens (création d’Air France) ou collaborateurs (Renault) ;
               • Commissariat au Plan : planification incitative de l’économie ;
               • réforme du statut du salarié : création des comités d’entreprises,
                  restauration de la liberté syndicale ;
               • Sécurité sociale : remboursement des frais de santé + versement
                  des retraites.

       La vie politique et la question des institutions :

              les forces politiques se reconstituent et se renouvellent : SFIO, Parti
              radical (affaibli), modérés (discrédités par Vichy), PCF (image de Parti
              résistant), Mouvement républicain populaire (démocrate-chrétien) ;
              la difficile question des institutions et la rupture avec De Gaulle :
                • 1ère assemblée constituante (octobre 1945) : SFIO, PCF et MRP
                    la dominent, De Gaulle est chef du gouvernement, mais il
                    démissionne, face à l’opposition croissante des partis coalisés ;
                • premier projet de constitution rejeté par référendum en mai
                    1946 ;
              la naissance de la Quatrième République :
                • nouveau projet élaboré après élection d’une nouvelle
                    constituante : régime parlementaire déséquilibré (Assemblée
                    nationale : rôle prédominant) ;
                • De Gaulle manifeste son opposition et propose une alternative
                    dans son discours de Bayeux (16 juin 1946) ;
                • le peuple approuve à 53% les nouvelles institutions par
                    référendum (13 octobre 1946).

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2. Les débuts difficiles de la IV° République (1946-1954).

2.1. Des atouts…

       Une constitution qui offre des avancées :

              en matière de droits économiques et sociaux : droit au travail, comités
              d’entreprises, égalité homme/femme ;
              en matière de gestion des territoires coloniaux : Union française.

       Un contexte économique favorable :

              débuts des Trente Glorieuses avec une croissance soutenue :
               • 6% de croissance industrielle par an (chimie, automobile,
                   aéronautique) ;
               • modernisation de l’agriculture et des services ;
              facteurs explicatifs :
               • forte consommation intérieure, fondée sur un optimisme
                   général et sur le dynamisme démographique : «baby-boom » ;
               • action de l’Etat : politique nataliste (allocations familiales) ;
               • plan Marshall ;
               • productivité élevée grâce aux travailleurs et à la mécanisation.

       Une relative stabilité politique :

              après De Gaulle, PCF-SFIO-MRP signent une charte                          de
              collaboration ;
              ce tripartisme permet de stabiliser les effets du parlementarisme.

2.2. …vite masqués par l’accumulation des difficultés.

       La montée des oppositions :

            le tripartisme explose avec l’entrée du PCF dans l’opposition :
                 • à cause de la politique internationale de la France, dans le
                     contexte de guerre froide : acceptation du plan Marshall, adhésion
                     à l’OTAN, guerre d’Indochine ;
                 • à cause de l’agitation sociale et des grèves insurrectionnelles
                     de 1947-1948 : 3 millions de grévistes, assaut de bâtiments
                     publics, émeutes, sabotage d’outils de travail ou de voies de
                     chemin de fer ;
            la menace d’une force d’opposition gaulliste :
                 • en avril 1947, De Gaulle crée le RPF ;
                 • d’abord un triomphe (municipales de 1947), puis essoufflement
                     (législatives de 1951) et dissolution (1953).

       L’instabilité gouvernementale chronique :

            formation d’une nouvelle coalition, laTroisième force, regroupant :
               • SFIO (Mollet) ;
               • Union démocratique et socialiste de la Résistance
                   (Mitterrand) ;
               • radicaux :
               • MRP (Bidault) ;
               • modérés de droite (Pinay) ;

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             après sa victoire de 1951, la Troisième force glisse vers la droite :
               • la SFIO ne participe plus au gouvernement ;
               • Pinay est nommé pendant sept mois Président du Conseil ;
             la multiplication des partis et la volatilité de leurs alliances provoque :
               • les changements de majorité et l’instabilité des gouvernements :
                  21 en 12 ans ;
               • une crise de confiance, profitant à l’extrême-droite : Union des
                  commerçants et artisans de Pierre Poujade.

      Le poids du contexte international fragilise le régime :

             les débuts chaotiques de la construction européenne ;
               • création de la C.E.C.A. (1951) qui aboutira à la signature du traité
                  de Rome instituant la C.E.E. (1957) ;
               • mais grave crise provoquée par le projet de Communauté
                  européenne de Défense (C.E.D.) entre 1952 et 1954 ;
             la gestion catastrophique de la décolonisation et la guerre
             d’Indochine ;
               • enlisement du corps expéditionnaire français envoyé dès 1945 ;
               • défaite de Diên Biên Phu (7/05/1954) qui provoque l’arrivée de
                  Pierre Mendès France au pouvoir.

3. La crise et la chute de la Quatrième République (1954-1958).

3.1. L’expérience Mendès-France : un redressement éphémère.

      Le mendésisme, un espoir dans la vie politique française :

             en juin 1954, Mendès-France forme un gouvernement d’union :
              • formé de radicaux, de gaullistes, d’UDSR et de MRP ;
              • Mendés agit comme véritable chef de gouvernement : émissions
                  hebdomadaires à la radio destinées aux Français ;

             un programme ambitieux :
              • redressement et modernisation économique ;
              • règlement de la question coloniale : accords de Genève (fin de
                  la guerre d’Indochine le 20/07/1954), négociations avec le Maroc
                  et la Tunisie, mais position ferme sur l’Algérie (réponse de
                  Mitterrand aux indépendantistes : « l’Algérie, c’est la France ! ») ;
              • projet de réforme : pouvoirs législatifs au Conseil de la
                  République, renforcement de l’exécutif.

      La chute, après sept mois de gouvernement :

             Mendès est critiqué pour son style, ses projets et sa politique
             coloniale ;
             la coalition qui le soutenait éclate et l’assemblée le renverse en 1955.

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3.2. La crise algérienne : un coup fatal au régime.

       L’éclatement d’une guerre qui nuit à l’image de la France :

              le 1/11/1954 le F.L.N. lance l’insurrection et pousse la France à s’enliser
              dans une guerre féroce ;
              la brutalité du conflit (attentats, exactions, torture) place la France dans
              une situation difficile à l’ONU.

       Une guerre qui détériore les rapports entre l’Etat, la nation et l’armée :

            Guy Mollet accentue l’escalade du conflit : pouvoirs spéciaux à
            l’armée et envoi du contingent (jusqu’à 400000 hommes).
            la guerre provoque une crise politique et morale :
                • l’armée (en partie), les Pieds-Noirs défendent l’Algérie française
                   ;
                • la torture et l’envoi d’appelés rendent la guerre très impopulaire ;
                • malgré des succès (3ème semaine de congés payés, autonomie
                   aux territoires d’Afrique noire, signature du Traité de Rome), Mollet
                   est renversé en 1957 à cause de l’échec de sa politique
                   algérienne.

       La crise finale du 13 mai 1958 :

            la nomination de Pfimlin comme président du Conseil provoque une
            insurrection en Algérie :
                • les partisans de l’Algérie française et les militaires professionnels
                   proclament le 13/05/1958 à Alger un Comité de Salut Public ;
                • les insurgés d’Algérie réclament le retour de De Gaulle ;
            la menace de guerre civile permet à De Gaulle de revenir :
                • il est investi Président du Conseil le 1er juin 1958 ;
                • il obtient les pleins pouvoirs pour rédiger une Constitution.

La Quatrième République s’effondre légalement, malgré les pressions des
milieux Algérie française et des gaullistes pour le retour du Général au pouvoir.

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                            Vers l’épreuve externe

                 Exercice 1. Commentaire de documents.
Option A. Discours du général De Gaulle à Bayeux, 16 juin 1946.
[…] Du Parlement, composé de deux Chambres et exerçant le pouvoir législatif, […] le
pouvoir exécutif ne saurait procéder, sous peine d'aboutir à cette confusion des
pouvoirs dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage
de délégations. […]
C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis, élu par un collège qui englobe
le Parlement mais beaucoup plus large et composé de manière à faire de lui le
président de l'Union française en même temps que celui de la République, que doit
procéder le pouvoir exécutif. Au chef de l'État la charge d'accorder l'intérêt général
quant au choix des hommes avec l'orientation qui se dégage du Parlement.
À lui la mission de nommer les ministres et, d'abord, bien entendu, le Premier, qui
devra diriger la politique et le travail du Gouvernement. Au chef de l'État la fonction de
promulguer les lois et de prendre les décrets, car c'est envers l'État tout entier que
ceux-ci et celles-là engagent les citoyens. À lui la tâche de présider les Conseils du
Gouvernement et d'y exercer cette influence de la continuité dont une nation ne se
passe pas. À lui l'attribution de servir d'arbitre […] soit normalement par le conseil, soit,
dans les moments de grave confusion, en invitant le pays à faire connaître par des
élections sa décision souveraine. À lui, s'il devait arriver que la patrie fût en péril, le
devoir d'être le garant de l'indépendance nationale et des traités conclus par la France.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant la naissance de la Quatrième
République (1944-1946).

Option B. Affiche du PCF contre le référendum de 1958 en France.

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : la crise et la
chute de la Quatrième République (mai-octobre 1958).

                     Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D'ESPAGNE - MANUEL - VOLUME 4 - JEAN-BASTIEN URFELS
HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

                          Exercice 2. Rédaction.

Option A. L’échec de la Quatrième République (1946-1958).

Chronologie indicative :
Octobre 1946 : adoption de la constitution de la Quatrième République
1948 : grèves insurrectionnelles
1954 : défaite de Diên Biên Phu et début de la Guerre d’Algérie
1955 : chute de Pierre Mendès-France
13/05/1958 : coup de force militaire à Alger

Option B. La Quatrième République face à la décolonisation.

Chronologie indicative :
1945 : déclaration d’indépendance du Vietnam par le Vietminh
7/05/1954 : défaite de Diên Biên Phu
1/11/1954 : insurrection du FLN en Algérie
1956 : indépendance de la Tunisie et du Maroc
Juin 1958 : visite du Général De Gaulle en Algérie

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

                   II. La V° République (1958- ?)
           Comment la Vº République a-t-elle évolué jusqu’à nos jours ?

1. La République gaullienne (1958-1969).

1.1. La mise en place et la consolidation du nouveau régime (1958-1965).

      Un régime mixte :

           la nouvelle constitution adoptée par référendum (à 83%) et promulguée le
           4/10/1958 instaure un régime semi-présidentiel selon les vues de De
           Gaulle élu en décembre 1958 avec 78,5% des voix des grands électeurs :
               • exécutif renforcé et bicéphale : 1er ministre dépendant du
                  Président et conduisant la politique du gouvernement,
                  Président élu pour 7 ans au SUI et Chef de l’Etat et des armées,
                  signant les traités et promulguant les lois, présidant le Conseil des
                  ministres, pouvant convoquer un référendum, dissoudre l’AN et
                  obtenir les pleins pouvoirs ;
               • les pouvoirs du parlement sont encadrés : bicaméralisme
                  (Assemblée élue au SUD et Sénat au SUI), vote des lois et du
                  budget, pouvoir de renverser le gouvernement (AN), mais des
                  limites (ordre du jour fixé par le gouvernement, pas monopole de
                  l’initiative des lois, scrutin majoritaire).

      La résolution de la crise algérienne :

           De Gaulle gagne du temps et négocie avec les indépendantistes :
               • 06/1958 : visite en Algérie et discours du Forum ;
               • 10/1958 : propose la Paix des Braves au FLN qui refuse et fonde
                   le GPRA ;
               • annonce de réformes politiques, économiques et sociales ;
           le choix progressif de l’indépendance :
               • septembre 1959 : annonce de la politique d’autodétermination ;
               • radicalisation des partisans de l’Algérie française : Putsch des
                   généraux à Alger (22/04/1961), fondation de l’OAS et climat de
                   guerre civile : attentat du Petit Clamart contre De Gaulle (1962),
                   répression de la manifestation pro-FLN à Paris (17 octobre 1961).
           l’accession à l’indépendance :
               • les Accords d’Evian le 18 mars 1962 permet de lancer
                   l’autodétermination de l’Algérie ;
               • après un référendum en France et un autre en Algérie, celle-ci
                   devient indépendante le 5/07/1962.

      Le renforcement de l’autorité présidentielle :

           profitant de la crise algérienne, De Gaulle réforme les institutions en
           renforçant la légitimité du Président de la République : référendum de
           1962 permettant l’élection au SUD du Chef de l’Etat ;
           lancement de réformes économiques et sociales visant à la
           modernisation du pays : projets Concorde et TGV ;
           pratique du pouvoir renforçant l’image du président : voyages, allocutions
           télévisées, référendums ;

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

           majorité stable grâce au scrutin majoritaire et au parti gaulliste (UNR
           puis UDR).

      Une politique d’indépendance :

           gestion de la décolonisation : remplacement de l’Union française par la
           Communauté pour négocier l’indépendance des colonies africaines
           (1958-1960 et une politique de coopération ;
           politique de défense nationale avec le Commissariat à l’Energie
           Atomique (1945) mettant la France sur la voie de la dissuasion
           nucléaire : bombe A (1960), bombe H (1968) et premier sous-marin
           nucléaire (1968) ;
           construction d’une Europe « européenne » à partir du moteur franco-
           allemand : Traité de l’Elysée (1963) entre De Gaulle et Adenauer ;
           politique de non-alignement :
               • distanciation vis-à-vis des américains : sortie du commandement
                   intégré de l’OTAN (1966), critique de la politique US au Vietnam
                   (1967), tournées en Amérique du Sud ou au Québec ;
               • rapprochement prudent avec l’URSS et le bloc communiste :
                   visite en URSS (1966) et reconnaissance de la RPC (1964) ;
               • ouverture au Tiers-Monde : politique arabe qui conduit à critiquer
                   la politique israélienne au Proche-Orient.

1.2. L’usure du pouvoir (1965-1969).

      L’avertissement de 1965 :

           lors des présidentielles de 1965, la gauche est unie derrière Mitterrand ;
           De Gaulle est mis en ballotage, même s’il l’emporte au second.

      La crise de 1968 :

          mai : mouvement de protestation étudiant touchant le monde du travail ;
          malgré la signature des accords de Grenelle (27 mai 1968) et la victoire
          de la droite aux législatives de juin, la crise révèle un profond malaise
          social et affaiblit durablement De Gaulle.
      Le départ de De Gaulle :

           en avril 1969, De Gaulle décide d’organiser un référendum sur la réforme
           des institutions et la décentralisation ;
           le non l’emporte (53%) et De Gaulle démissionne le 28 avril (il meurt le 9
           novembre 1970).

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

2. La gestion de l’héritage gaullien (1969-1981).

2.1. Pompidou : l’héritier.

        Pompidou succède à De Gaulle dont il a été premier ministre pendant six
        ans :

            choix de Chaban-Delmas comme premier ministre qui tente de construire
            une « nouvelle société » : création du SMIC ;
            après l’arrêt de cette politique, Pompidou s’inscrit dans la continuité de
            De Gaulle.

        L’opposition de gauche s’organise :

            Mitterrand crée le Parti socialiste en 1971 lors du Congrès d’Epinay ;
            signature du programme commun entre socialistes, communistes et les
            radicaux de gauche en 1972.

        La France dans la crise :

            montée du chômage sous l’effet de la crise économique après le 1er choc
            pétrolier de 1973
            les mutations du monde du travail bouleversent le paysage social :
            progression du tertiaire au détriment de l’industrie et de l’agriculture +
            robotisation de l’industrie
            les mouvements sociaux se multiplient : grèves.

Pompidou meurt brutalement le 2 avril 1974 avant le terme de son mandat.

2.2. Giscard, la volonté de modernisation à droite (1974-1981).

        Giscard est élu président en 1974, battant de justesse Mitterrand (51%) :

            soutenu par une coalition droite modérée-gaullistes de l’UDR : le gaulliste
            Chirac est nommé Premier ministre ;
            mais la volonté du Président de gérer directement les affaires renforce la
            présidentialisation du régime et provoque un conflit avec Chirac qui
            démissionne en 1976.

        Volonté de moderniser l’économie et la société française :

            style présidentiel novateur, « à l’américaine » : repas chez les Français,
            portrait officiel modernisé ;
            série de réformes libérales et modernisatrices : IVG, majorité à 18 ans,
            collège unique.

        Mais la crise se poursuit (450000 chômeurs en 1974 – 1 650000 en 1981)
        sous les effets des chocs pétroliers et favorise l’opposition de gauche :

            malgré la fin de l’union de la gauche, Mitterrand prend la tête de
            l’opposition au président ;
            la droite est déchirée par le conflit Chirac (fonde le RPR)/Giscard ;

Ébranlé par les scandales, Giscard est battu en 1981 par Mitterrand (51.76%).

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

3. L’alternance au pouvoir depuis 1981.

3.1. Les années Mitterrand (1981-1995).

       La gauche au pouvoir :

           Mitterrand mène une politique de changement selon le programme
           socialiste « changer la vie » :
             • politique intérieure à gauche : abolition de la peine de mort, 39
                 heures de travail hebdomadaire, nationalisations, retraite à 60
                 ans ;
             • politique extérieure pro-européenne : poursuite du rapprochement
                 franco-allemand (poignée de mains Mitterrand – Kohl en 1984) ;
           mais changement d’orientation politique en 1982-1983 :
             • virage vers une politique de rigueur (contrôle des dépenses) ;
             • ce tournant n’empêche pas les difficultés économiques : chômage
                 de masse, crise de l’industrie et des secteurs traditionnels
                 (mines).

      La première cohabitation (1986-1988) :

           la gauche est affaiblie par :
              • ses changements de politiques perçus comme une trahison par une
                 partie de l’électorat ;
              • les effets politiques de la crise comme le mécontentement
                 croissant et la montée du Front National de Jean-Marie Le Pen ;
           elle perd les élections législatives de 1986 :
              • Chirac (RPR-droite gaulliste) devient 1er ministre et mène une
                 politique libérale (65 entreprises privatisées) ;
              • cohabitation entre le Président de la République (Mitterrand –
                 socialiste) et son 1er ministre (Chirac – droite gaulliste).

Face à l’impopularité de ces réformes et à la persistance de la crise, Mitterrand
est réélu président de la République en 1988 (battant Chirac).

      Le second septennat de Mitterrand (1988-1995) :

           les difficultés intérieures s’accumulent :
             • poursuite de la hausse du chômage (3 millions en 1993) ;
             • scandales politico-financiers : suicide du 1er ministre Pierre
                 Bérégovoy accusé d’être impliqué dans une affaire ;
             • maladie de F. Mitterrand : atteint d’un cancer depuis 1981 ;
           Mitterrand s’investit en politique étrangère et européenne : traité de
           Maastricht (Union Européenne, 1992) adopté de justesse après
           référendum ;
           après une lourde défaite aux législatives de 1993, nouvelle
           cohabitation : Balladur (RPR) 1er ministre reprend la politique libérale de
           1986-1988.

Mitterrand quitte le pouvoir en 1995 (il meurt en 1996) et Chirac lui succède à la
présidence de la République.

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

3.2. Les années Chirac (1995-2007).

      Un premier mandat difficile (1995-2002) :

           dès son élection, Chirac mène une politique internationale active :
              • en Bosnie-Herzégovine et dans le processus de paix en ex-
                  Yougoslavie (accords de Dayton) ;
              • sur le plan militaire : réintégration progressive des institutions de
                  l’O.T.A.N., professionnalisation achèvement des essais
                  nucléaires ;
              • implication dans le processus de paix au Proche-Orient très
                  populaire dans le monde arabe ;
           sa politique intérieure échoue :
              • réformes économiques et sociales (privatisations, réformes des
                  retraites et de la sécurité sociale) impopulaires : grèves massives
                  (1995-1996) ;
              • la décision de dissoudre l’Assemblée nationale provoque la victoire
                  de la gauche plurielle aux législatives de 1997 ;
           la troisième cohabitation :
              • la gauche contrôle l’Assemblée nationale et le gouvernement sous la
                  direction de Lionel Jospin (P.S.) ;
              • la conjoncture économique favorable (reprise mondiale) et
                  l’optimisme de l’opinion (victoire à la coupe du monde de football
                  en 1998) s’accompagnent de nouvelles réformes : 35 heures et
                  réduction du mandat présidentiel à 5 ans (2000) ;

Même si Chirac est affaibli par les scandales, il remporte le second tour de
l’élection présidentielle de 2002 devant Jean-Marie Le Pen et Jospin (éliminé au
1er tour) et son nouveau parti, l’U.M.P., remporte les législatives.

      Les dernières années au pouvoir (2002-2007) :

           sur le plan international, la politique de Chirac rencontre des résultats
           variables :
             • opposition à l’intervention américaine en Irak (2003), même si
                 soutien global à la lutte contre le terrorisme après le 11/09/2001 ;
             • échec de la politique européenne : victoire du « non » au
                 référendum sur le Traité constitutionnel européen de 2005 ;
           reprise d’une politique libérale (assouplissement des 35 heures, réforme
           des retraites, privatisation des autoroutes) et de réforme de l’État
           (seconde vague de décentralisation) ;
           Chirac est affaibli par des problèmes de santé et le malaise social :
           mouvement contre le C.P.E. (2006), émeutes des banlieues (2005).

L’élection présidentielle de 2007 est remportée par Nicolas Sarkozy (U.M.P.)
devant Ségolène Royal (P.S.)

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

                            Vers l’épreuve externe

                Exercice 1. Commentaire de documents.
Option A.

Document 1. De Gaulle à Phnom Penh.

Document 2. Extrait du discours prononcé par De Gaulle le 1er septembre 1966.
[….] La France considère que les combats qui ravagent l'Indochine n'apportent, par
eux-mêmes et eux non plus, aucune issue. Suivant elle, s'il est invraisemblable que
l'appareil guerrier américain vienne à être anéanti sur place, il n'y a, d'autre part,
aucune chance pour que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi de l'étranger venu
de l'autre Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient
ses armes. Bref, pour longue et dure que doive être l'épreuve, la France tient pour
certain qu'elle n'aura pas de solution militaire. A moins que l'univers ne roule vers la
catastrophe, seul un accord politique pourrait donc rétablir la paix. […]

Questions :
a) Présenter chaque document et indiquer son idée principale.
b) Expliquer le contexte historique des deux documents.
c) À partir des documents proposés et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée expliquant en quoi la politique
étrangère de De Gaulle est une politique d’indépendance (1958-1969).

Option B. Discours de Robert Badinter, Ministre de la Justice, en faveur de
l’abolition de la peine de mort le 17 septembre 1981.
Demain, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain,
grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à
l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de
notre justice seront tournées.
A cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens
ancien, au sens noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de "service". Demain,
vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateurs français, de tout mon cœur, je
vous en remercie.

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

Questions :
a) Présenter le document et indiquer l’idée principale.
b) Expliquer le contexte historique du document.
c) À partir du document proposé et de vos connaissances personnelles, rédiger en
vingt lignes environ une réponse argumentée répondant au sujet suivant : les années
Mitterrand (1981-1995).

                              Exercice 2. Rédaction.

Option A. La vie politique sous la Cinquième République (1958-2007).

Chronologie indicative :
1958 : adoption de la constitution de la Cinquième République
Mai 1968 : révolte étudiante et ouvrière
1981 : élection de François Mitterrand
1986 : première cohabitation
2007 : Nicolas Sarkozy succède à Jacques Chirac

Option B. La crise de 1968 et ses conséquences.

Chronologie indicative :
Mai 1968 : mouvement étudiant et ouvrier
Juin 1968 : victoire gaulliste aux élections législatives
1969 : victoire du non au référendum et départ de De Gaulle
Septembre 1969 : discours de Chaban-Delmas sur la « nouvelle société »
1975 : loi autorisant l’IVG

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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

              CHAPITRE 11 :
LA VIE POLITIQUE EN ESPAGNE DEPUIS 1939

             Problématique :
  comment l’Espagne est-elle passée de la
       dictature à la démocratie?

        Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

                     I. Le Franquisme (1939-1975)
     Quelles sont les caractéristiques de la dictature et comment a-t-elle évolué ?

1. L’établissement de la dictature (1939-1959).

1.1. Les fondements de la dictature.

         Un Etat totalitaire et centralisé sur le modèle fasciste :

                 garanties démocratiques suspendues : constitution de 1931,
                 Cortés, partis et syndicats (parti et syndicats uniques) ;
                 esprits contrôlés : censure, propagande et culte de la
                 personnalité ;
                 le caudillisme :
                      • légitimité de Franco : sa victoire lors de la Guerre civile ;
                      • titre de Caudillo permettant de cumuler honneurs, pouvoirs
                           et responsabilités : Chef de l’Etat et (longtemps) du
                           gouvernement, Généralissime de toutes les armées, Chef
                           national du parti unique (FET-JONS) ;
               la répression :
                      • planifiée pour écraser toute opposition et assurer l’unité en
                           instaurant un climat de terreur et de dépolitisation ;
                      • cibles : républicains, socialistes, communistes, anarchistes,
                           francs-maçons, nationalistes locaux ;
                      • instruments : mesures légales (Loi de Responsabilités
                           Politiques de 1938 ou Loi de répression du communisme et
                           de la maçonnerie de 1940), exécutées par l’Armée via les
                           Conseils de guerre, prisons, camps et travaux forcés où
                           les conditions provoquent une surmortalité (prison Modelo
                           de Barcelone de 1000 détenus à 13000 en 1939 ;
                      • bilan : 150000 exécutions (50000 après-guerre) et 280000
                          détenus en 1940 : Companys exécuté le 15/10/1940 ;
               la centralisation :
                      • statuts d’autonomie supprimés : le 5/04/1938, décret
                          abolissant le Statut catalan ;
                      • hispanisation de tous les territoires à forte identité :
                          interdiction de l’usage public et officiel du catalan.

         Les soutiens du régime :

               les trois piliers institutionnels :
                      • l’armée : participation au pouvoir et à l’administration ;
                      • le parti unique FET-JONS et le Mouvement National (1958)
                          : soutien idéologique, contrôle des médias et de l’accès aux
                          carrières publiques, organisations de masse (Front des
                          Jeunesses, Section Féminine, Syndicat Espagnol
                          Universitaire et Centrale Nationale Syndicaliste ;
                      • l’Eglise : légitimation d’une dictature se présentant comme
                          un Etat confessionnel (caractère de croisade accordé au
                          combat nationaliste) en contrepartie d’un financement
                          généreux, du contrôle de l’enseignement, de la promotion
                          des valeurs catholiques dans la société ;

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      les appuis sociaux :
              • soutien de la majorité des élites économiques et des petits
                 et moyens propriétaires terriens du nord et du centre ;
              • refuge des classes moyennes dans l’apolitisme : peu
                 d’affinités idéologiques avec le franquisme et expérience
                 traumatisante de révolution sociale pendant la Guerre
                 civile ;
              • même attitude des classes populaires se considérant
                 souvent comme vaincues de la Guerre civile ;
      les différentes familles du franquisme :
              • représentées au sein des gouvernements mais à des degrés
                 variables et avec une constante présence militaire ;
              • d’abord : alphonsins, carlistes, phalangistes ;
              • avec la défaite de l’Axe (1945), évolution : influence de
                 groupes d’inspiration national-catholique : Association
                 Catholique Nationale de Propagandistes prétendant fonder
                 une « démocratie organique » puis au milieu des années
                 1950 et début des années 1960 : emprise croissante de
                 l’Opus Dei.

L’opposition, entre exil et résistance :

      l’exil :
                 •
                la plupart des 450000 républicains se réfugient en France
                (Catalogne : 50000 personnes), Amérique latine, URSS ;
            • en France beaucoup sont internés dans des camps :
                certains tentent de retourner en Espagne, 200000 restent en
                exil, les plus politisés étant persécutés durant la 2ème guerre
                mondiale (Mauthausen) et rejoignant la résistance ;
            • l’exil des institutions politiques républicaines : les Cortés
                siègent au Mexique de 1945 à 1977 et la Generalitat se
                reforme (d’abord autour d’Irla puis de Tarradellas en 1954) ;
      l’opposition et son évolution :
            • de 1939 à 1944, difficile reconstitution : tentatives de
                reformer clandestinement les principaux partis (PSOE,
                PSUC, POUM, ERC) et syndicats (CNT et UGT), création à
                Paris du Front National de Catalogne et du Mouvement
                Socialiste de Catalogne, foyers de guérilla anarchiste et
                communiste dans les Pyrénées, jusqu’en 1952 (invasion du
                Vall d’Aran le 18 octobre 1944) ;
            • de 1945 à 1947, tentatives d’unification face à l’espoir d’une
                intervention alliée : plateformes unitaires (Alliance
                Nationale de Forces Démocratiques, 1944), mais
                divergences sur la nature du régime et la manière de
                s’opposer au franquisme ;
            • de 1948 à 1951, démoralisation : non-intervention
                occidentale, insurrection impossible (répression et absence
                de mobilisation populaire), affaiblissement, division et
                parfois      disparition    en     Espagne      des      forces
                antifranquistes (plus de cellules du POUM, de l’UGT, de la
                CNT, scissions au PSOE), option de la lutte armée
                abandonnée (PCE-PSUC choisissant les luttes sociales) ;

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               la montée des tensions sociales :
                     • première vague à la fin des années 1940 des ouvriers face
                         aux conditions de vie et de travail : dès 1945, conflits dans le
                         textile et la métallurgie catalans, grèves générales à
                         Manresa et au Pays Basque en 1946-7, conflit des
                         tramways de Barcelone aboutissant à une grève générale
                         en 1951 ;
                     • mobilisations étudiantes (1956-57) à Madrid et
                         Barcelone.

1.2. Les étapes de la vie politique.

         La seconde guerre mondiale et ses conséquences (1945-1947) :

               le franquisme pendant la guerre (1939-1945).
                      • domination de la FET-JONS : essai devant l’hégémonie des
                           fascismes de créer un Etat national-syndicaliste,
                           prépondérance au gouvernement grâce à Serrano Suñer,
                           (chef de la Phalange, beau-frère de Franco et ministre des
                           Affaires étrangères) ;
                      • de la neutralité à la non-belligérance : Franco se déclare
                           neutre, puis se rapproche de l’Allemagne et de l’Italie qui
                           cherchent à le faire entrer en guerre (à Hendaye en 1940 et
                           Bordighera en 1941) et finalement choix de la non
                           belligérance marqué par           un soutien économique
                           (tungstène) ou symbolique (División Azul), mais pas
                           militaire ;
                      • le retour à la neutralité à partir de 1943 : retrait de la
                           División Azul (1943), discours insistant sur le catholicisme
                           et l’anticommunisme et atténuation des analogies avec le
                           fascisme (fin du bras tendu), phalangistes marginalisés
                           (Serrano Suñer) ;
               l’isolement international (1945-1947) :
                      • l’Espagne sous pression de la communauté internationale :
                          l’ONU recommande le retrait des ambassadeurs (1946),
                          rétorsions de la France (fermeture de la frontière) ;
                      • Franco ne cède pas et mène une politique d’autarcie visant
                           l’autosuffisance économique : restriction du commerce
                           extérieur (autorisations administratives) et importations
                           réduites, politique de l’Institut National d’Industrie (INI) qui
                           crée des entreprises publiques dans la défense, les
                           infrastructures, les biens d’équipements (Iberia, Endesa,
                           Enher, Ensidesa, Seat, RENFE, CTNE) et politique agricole
                           de contrôle de la production, de la commercialisation, des
                           prix et de la consommation ;
                      • conséquences : économiquement et politiquement
                           l’Espagne est à l’écart de l’aide internationale (plan Marshall)
                           et des alliances géostratégiques (l’OTAN) ;

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               évolution idéologique et sortie progressive de l’isolement (1947-53) :
                      • reconnaissance internationale avec la guerre froide :
                         pression des EUA pour assouplir les sanctions (retrait des
                         ambassadeurs annulé), concordat avec le Vatican et
                         accords avec les EUA (1953) prévoyant une aide financière
                         et matérielle (prêts et investissements de 465 millions de
                         dollars en 4 ans) et une coopération militaire (matériel
                         américain/bases de Torrejón, Morón, Saragosse, et Rota) ;
                      • en 1951, nouvelle orientation : Franco change de
                         gouvernement pour faciliter le rapprochement avec le
                         monde occidental, donnant la majorité des ministères aux
                         catholiques      conservateurs       (national-catholicisme) et
                         promouvant les personnalités favorables à une certaine
                         ouverture, comme Carrero Blanco ;
               les premiers signes d’ouverture (1953-1959) :
                      • la légitimation de l’Espagne continue : entrée à l’ONU en
                         1955, à l’OIT en 1956, à l’OECE et au FMI en 1958 ;
                      • à l’intérieur, dégradation : situation économique difficile
                         (manque d’aliments, production en lente progression, niveau
                         de vie bas), mouvements sociaux (1956-1958), des
                         partisans    du    régime      défendent      un    changement
                         d’orientation (fin de l’autarcie, libéralisation) ;
                      • poursuite de la modification des rapports de force avec le
                         nouveau gouvernement de 1957 : nouvelle génération de
                         ministres membres de l’Opus Dei appelés technocrates
                         partisans d’une modernisation économique (Navarro Rubio,
                         aux finances et Ullastres au commerce).

1.3. Les institutions de l’État franquiste.

       Les institutions sont définies par les lois fondamentales :

               1938, Fuero del Trabajo :
                      • national-syndicalisme, inspiré par la Carta del Lavoro ;
                      • interventionnisme étatique économique et social ;
               1942, Loi constitutive des Cortés :
                   • votée alors la victoire des Alliés est de plus en plus probable ;
                   • chambre corporatiste, sans réels pouvoirs parlementaires ;
               1945, Fuero de los Españoles :
                   • promulgué dans le cadre de la conférence de Potsdam ;
                   • prétend octroyer des droits sans aucune garantie et limités
                       par « l’unité spirituelle, nationale et sociale de l’Espagne » ;
               1945, Loi sur le référendum national : le chef de l’Etat peut soumettre
               l’approbation de décisions importantes à référendum ;
               1947, Loi de succession à la tête de l’Etat :
                   • l’Espagne est un royaume mais Franco peut désigner son
                       successeur à la tête de l’Etat ;
                   • contexte : affrontement Franco/Juan de Borbón ;
               1958, Loi sur les Principes du Mouvement national :
                   • rappelle les principes cardinaux de l’Etat ;
                   • oblige les fonctionnaires à prêter serment.

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       L’organisation des pouvoirs :

              Franco concentre les titres et les pouvoirs en tant que Caudillo ;
                  • nomination des hauts fonctionnaires, des procurateurs aux
                     Cortés, du secrétaire général du Mouvement ;
                  • droit de promulguer seul les lois dans les cas d’urgence ;
              les Cortés ou l’organisation corporatiste de la volonté nationale :
                  • procurateurs nommés selon le corporatisme de la démocratie
                     organique : désignés par le chef de l’Etat (ministres, membres
                     du Conseil national du Mouvement et de l’organisation
                     syndicale), désignés pour leurs fonctions (maires des grandes
                     villes, recteurs d’université, hiérarques catholique), élus par les
                     syndicats, administrations locales (mairies et députations
                     provinciales) ; les chefs de familles (1966) ;
                  • organe de collaboration, sans véritable pouvoir législatif : pas
                     d’initiative des lois, droit de veto de Franco ;
              l’administration territoriale :
                  • militaire : capitaines généraux et gouverneurs militaires dans
                     chaque province ;
                  • civile : gouverneurs civils (nommés par le pouvoir et chefs
                     provinciaux du Mouvement), maires (nommés par les
                     gouverneurs et chefs locaux du Mouvement) ;
              le pouvoir syndical :
                  • syndicats       regroupés       dans    l’Organisation    Syndicale
                     Espagnole présidée par un secrétaire général (ministre) ;
                  • organisation par branches et regroupement vertical, selon les
                     principes établis par la Loi d’unité syndicale (1940) ;
                  • tutelle de l’Etat en matière de droits sociaux : pas de
                     négociations collectives ni de droit de grève, salaires
                     maintenus bas et profits patronaux élevés.

2. De la modernisation à la crise (1959-1975).

2.1. La réorientation de la politique économique.

       Le desarrolismo :

              dès 1957 et au long des années 1960, primauté des technocrates :
                 • nouvelle génération liée à l’Opus Dei et aux élites
                    économiques ;
                 • stratégie de modernisation et de rationalisation économique
                    pour assurer la stabilité du régime ;
              changement d’orientation dû au contexte de la fin des années 1950 :
                 • mauvaise situation économique : réserves de la Banque
                    d’Espagne épuisées, inflation, déficit des comptes publics ;
                 • pression des organismes internationaux et croissance
                    rapide (Trente Glorieuses) du reste de l’Europe occidentale ;
                 • montée       des    tensions      sociales    internes : grèves,
                    manifestations.

                   Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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HISTOIRE DE FRANCE ET D’ESPAGNE. VOLUME 4

      Le plan de stabilisation (1959) :

             volonté de corriger la politique économique : fin de l’interventionnisme
             étatique et libéralisation des secteurs du commerce et de la finance ;
             trois axes prioritaires :
                 • stabilisation de l’économie : réduction de l’inflation (hausse
                    des taux d’intérêts, limitation du crédit, gel des salaires) et du
                    déficit (réforme fiscale pour augmenter les recettes et
                    restreindre les dépenses) ;
                 • libéralisation interne : suppression des organismes publics
                    chargés d’intervenir et libéralisation des prix ;
                 • libéralisation externe : levée des obstacles aux importations
                    et attraction des investissements étrangers (convertibilité
                    peseta, dévaluée de 50% avec le dollar) permettant de recevoir
                    des crédits extérieurs et d’accéder aux marchés
                    internationaux.

      Les plans de développement :

             trois plans quadriennaux (de 1964 à 1975) supervisés par un
             Commissaire au plan de développement (López Rodo) ;
             planification indicative programmant l’activité du secteur public et
             fournissant des informations et des mesures incitatives au privé ;
             deux axes forts :
                 • actions structurelles pour résoudre les problèmes de l’industrie
                     (taille réduite des entreprises, productivité faible) ;
                 • pôles de développement : implantation de nouvelles industries
                     dans des régions peu ou pas industrialisées ;
             bilan :
                 • en général : objectifs fixés non atteints, principalement faute de
                     ressources publiques ;
                 • aspects positifs : infrastructures (réseaux électriques,
                     raffineries) et approvisionnement en produits de base (acier)
                     profitant au privé et posant les bases de la croissance
                     industrielle.

2.2. L’évolution du régime : entre réformisme et immobilisme.

      Les technocrates au pouvoir :

             ascension de Carrero Blanco (vice-président 1967-1973) favorisant les
             technocrates (Ullastre, López Rodó) qui progressent à partir de 1962 ;
             aussi certains jeunes phalangistes réformistes : Fraga Ibarne ;
             les familles traditionnelles du franquisme voient leur influence
             décliner.

      Objectifs :

             modernisation et développement économiques, avec une rénovation
             politique (modernisation de l’administration, des lois et institutions) ;
             but poursuivi : consolider le régime par la prospérité et un certain
             niveau de protection sociale, moderniser pour éviter de démocratiser.

                    Direcció General d’Educació Secundària Obligatòria i Batxillerat
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