Massa Coulibaly, Amadou Diarra
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Séminaire international Gouvernance, démocratie et lutte contre la pauvreté au Mali - Eclairage méthodologique et analytique à partir des résultats Afrobaromètre - Massa Coulibaly, Amadou Diarra (GREAT – Groupe de recherche en économie appliquée et théorique) Bamako, 05 juin 2004
Table des matières Sigles et abréviations.................................................................................................................. 3 Rappel méthodologique.............................................................................................................. 4 1. Gouvernance....................................................................................................................... 9 1.1. La corruption dans la gestion des affaires publiques ................................................. 9 1.1.1. Ampleur de la corruption ................................................................................... 9 1.1.2. Perceptions populaires de la corruption ........................................................... 10 1.1.3. Structures les plus concernées par la corruption .............................................. 10 1.2. Etat de droit .............................................................................................................. 11 1.2.1. Réalité dans les textes de base.......................................................................... 12 1.2.2. Réalité dans les pratiques ................................................................................. 12 1.3. Politiques économiques et environnement des affaires............................................ 15 1.3.1. Politiques en cours ........................................................................................... 15 1.3.2. Environnement des affaires.............................................................................. 21 2. Démocratie ....................................................................................................................... 24 2.1. La légitimité de la représentation politique.............................................................. 24 2.1.1. Militantisme ..................................................................................................... 24 2.1.2. Vote .................................................................................................................. 26 2.1.3. Opinions sur les élus ou perceptions de la représentativité des élus ................ 27 2.2. Régime politique ...................................................................................................... 29 2.2.1. Perceptions de la démocratie au Mali .............................................................. 29 2.2.2. Perceptions du fonctionnement de la démocratie au Mali ............................... 33 3. Lutte contre la pauvreté.................................................................................................... 38 3.1. Evaluation de la pauvreté ......................................................................................... 38 3.1.1. Place de la pauvreté parmi les problèmes nationaux........................................ 38 3.1.2. Perceptions populaires de la pauvreté .............................................................. 39 3.1.3. Réseau de soutien ............................................................................................. 39 3.1.4. Mesure et profils de la pauvreté ....................................................................... 40 3.2. L'accès aux services publics..................................................................................... 41 3.2.1. Aspect géographique ........................................................................................ 41 3.2.2. Aspect financier................................................................................................ 42
Sigles et abréviations ADEMA Alliance pour la Démocratie au Mali CFA Communauté Financière Africaine CEDEAO Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest CENI Commission Electorale Nationale Indépendante CIRDI Centre International de règlement des différends internationaux CMDT Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles CNID Congrès National d'Initiative Démocratique CSCOM Centre de Santé Communautaire CSLP Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté e.g. exempli gratia (par exemple) EMACI Entrepôts maliens en Côte d'Ivoire EMAGUI Entrepôts maliens en Guinée EMAMAU Entrepôts maliens en Mauritanie EMASE Entrepôts maliens au Sénégal EMATO Entrepôts maliens au Togo GREAT Groupe de recherche en économie appliquée et théorique i.e. id est (c'est-à-dire) NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique NSP Ne sais pas OHADA Organisation pour l'harmonisation du droit des affaires en Afrique ORTM Office de Radiodiffusion Télévision du Mali PARENA Parti pour la Renaissance Nationale PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement RCFM Régie des chemins de fer du Mali RPM Rassemblement Pour le Mali SADI Solidarité Africaine pour la Démocratie et l'Intégration SOTELMA Société des télécommunications du Mali US-RDA Union Soudanaise – Rassemblement Démocratique Africain 3
Rappel méthodologique Les résultats ici présentés proviennent de l'application d'une méthodologie développée dans le réseau Afrobaromètre et dont les principes sont appliqués dans tous les pays où de telles enquêtes d'opinion sont menées. L'échantillonnage bénéficie au Mali de l'appui technique de la DNSI qui détient la base de données du recensement et qui a du personnel qualifié dans toutes les localités sillonnées par les équipes d'enquêtes. Base de sondage La base de sondage utilisée est constituée des résultats du recensement général de la population et de l’habitat, réalisé au Mali en 1998 par la Direction Nationale de la Statistique et de l’informatique (DNSI). Dans le fichier de ces résultats, disponible à la DNSI, sont répertoriées les sections d’énumération (SE) selon le milieu de résidence (Urbain ou Rural) et le type de résidence (Sédentaire ou Nomade). Ce sont au total 13 538 SE dont 532 SE nomades regroupant 2.6% des ménages du pays. Ces SE nomades sont d’accès très difficile et par conséquent exclues de la base d'échantillonnage qui se limite ainsi aux 13 006 SE sédentaires, de taille (en population) très variable (Tableau 1). Tableau 1. Répartition de la population résidente selon la région et le milieu Sections d'Enumération Population Urbaines Rurales Totales Urbaine Rurale Totale %Pays Kayes 352 1 572 1 924 251 903 1 122 413 1 374 316 14% Koulikoro 350 1 830 2 180 253 265 1 317 242 1 570 507 16% Sikasso 479 1 793 2 272 376 074 1 406 083 1 782 157 18% Ségou 398 1 839 2 237 297 598 1 377 760 1 675 358 17% Mopti 270 1 760 2 030 196 487 1 282 018 1 478 505 15% Tombouctou 151 623 774 93 538 383 255 476 793 5% Gao 187 364 551 134 283 260 311 394 594 4% Kidal 30 62 92 13 930 28 456 42 386 Bamako 946 946 1 016 296 1 016 296 10% Total 3 163 9 843 13 006 2 633 374 7 177 538 9 810 912 100% Caractéristiques de l'échantillon Pour les besoins de cette enquête, l’échantillon tiré de la base de sondage ainsi retenue est de type aréolaire (area sampling), stratifié et tiré à deux degrés. L’unité primaire de ce sondage est la SE telle que définie au recensement 1998, la base de sondage étant constituée de la liste des SE. Chaque région administrative constitue une strate et l’échantillon (le nombre d'adultes de 18 ans et plus, à enquêter) a été tiré indépendamment dans chaque strate. Au début du processus de constitution de l'échantillon, 1 350 personnes (l'objectif visé au départ étant d'avoir au moins un échantillon de 1 200 personnes comme dans tous les pays Afrobaromètre à taille comparable au Mali), à enquêter ont été réparties avec une probabilité proportionnelle à la taille de la population dénombrée dans chaque région administrative pendant l’opération de recensement 1998 (Tableau 2). 4
A l'intérieur de la région, l'échantillon a ensuite été réparti en SE à raison de 9 personnes par SE ce qui donne par exemple 20 SE pour la région de Kayes, 25 pour Ségou, etc., soit au total 150 SE. Le nombre de SE ainsi obtenu a ensuite réparti en SE urbaines et SE rurales conformément à la répartition de la population Urbaine et Rurale de chaque région. Pour le cas spécifique de la région de Kidal, l'enquête a été réalisée auprès de 5 SE, soit un échantillon de 45 personnes afin de tenir compte des opinions des populations de cette région très peu peuplée (0.4%) à majorité touareg. Tableau 2. Répartition de l'échantillon selon la région et le milieu Structure de la population Echantillon (individus) Echantillon (SE) Total Urbain Rural Total Urbain Rural Total Urbain Rural Kayes 14% 18% 82% 180 36 144 20 4 16 Koulikoro 16% 16% 84% 216 36 180 24 4 20 Sikasso 18% 21% 79% 234 54 180 26 6 20 Ségou 17% 18% 82% 225 36 189 25 4 21 Mopti 15% 13% 87% 198 27 171 22 3 19 Tombouctou 5% 20% 80% 63 9 54 7 1 6 Gao 4% 34% 66% 54 18 36 6 2 4 Kidal 33% 67% 45 18 27 5 2 3 Bamako 10% 100% 0% 135 135 15 15 Total 100% 27% 73% 1 350 369 981 150 41 109 Stratification et tirage des unités aréolaires Une fois les tailles déterminées (en nombre de personnes et de SE, par région), le tirage systématique des SE se fait indépendamment par milieu (urbain, rural) dans chaque région administrative. Au premier degré, les SE sont sélectionnées avec une probabilité proportionnelle à leur taille, puisque les tailles des SE sont très variables. Cette méthode de tirage réduit la variance, expression de l’erreur d’échantillonnage. Au second degré, les ménages sont sélectionnés sur le terrain selon une procédure qui varie selon que le milieu soit urbain ou rural. Enfin les répondants sont choisis dans les ménages en respectant la parité Homme/Femme. Sélection des SE Pour le tirage des SE, il a été identifié neuf zones d’enquête à savoir le district de Bamako et les huit régions administratives du pays. A l'exception de Bamako qui constitue une seule strate urbaine, chacune des huit régions a été stratifiée en Urbain et Rural. Soit un total de 17 strates. Les SE sont classées séquentiellement à l’intérieur de chaque strate (soit le milieu urbain ou le milieu rural de chaque région) par cercle et arrondissement (communes). Le nombre de SE allouées à la strate est réparti entre les différents cercles et arrondissements (communes) en fonction de la population de chaque cercle par rapport à l’ensemble de la strate et de celle de chaque arrondissement (commune) par rapport au cercle. Chaque SE étant ainsi rattachée à 5
une localité donnée, l’identification des localités d’appartenance des SE (une fois celles-ci tirées) devient chose facile à la lecture du fichier des SE . Dans chaque strate, la sélection des SE, numérotées de 1 à n (n correspond au nombre de SE allouées proportionnellement à la strate) se fait comme suit : i. On établit la table d'échantillonnage à trois colonnes telles que: Colonne (1) : on attribue un numéro à chaque SE. Colonne (2) : on inscrit la population de chaque SE Colonne (3) : on fait le cumul des effectifs de population. Tableau 3. Table d'échantillonnage des SE SE Population Population cumulée 1 P1 P1 Μ Μ Μ j j Pj ∑P k =1 k Μ Μ Μ s s Ps ∑P k =1 k ii. On calcule l’intervalle d’échantillonnage N Population totale de la strate I= = n Nombre de SE à tirer dans la strate iii. On choisit un nombre au hasard (α) qui est inférieur ou égal à l’intervalle (I) d’échantillonnage: 1 ≤ α ≤ I iv. On revient à la table d'échantillonnage pour situer la première SE dont le cumul de population excède le nombre aléatoire sélectionné (α) v. On ajoute l’intervalle d’échantillonnage (I) au nombre fortuit (α), soit α + I vi. On choisit la SE dont le cumul de population dépasse légèrement ce nombre obtenu vii. On identifie les autres SE en ajoutant l’intervalle d’échantillonnage au nombre qui précède, ainsi de suite jusqu'à obtenir le nombre requis (n) de SE Soit la série de SE: α α+I α+2I … α+(n-1)I 6
Sélection des ménages et des individus L’interview se déroule auprès des maliens des deux sexes, âgés de 18 ans et plus. De cette population, sont exclus des individus vivant dans des institutions comme garnisons, internat scolaire, etc. ainsi que les personnes habitant des zones jugées inaccessibles. Pour sélectionner le répondant (alternativement Homme/Femme), on identifie au préalable la concession (par la porte donnant sur la rue – en milieu urbain ou directement le ménage – en milieu rural) pour ensuite y sélectionner le ménage dans lequel va être tiré le répondant. i. Sélection en milieu urbain (Afro1) L’enquêteur sélectionne la 5ème porte sur sa droite selon le plan de marche. (Afro2) L’enquêteur sélectionne selon le code du jour suivant le principe: la 5ème porte sur sa droite selon le plan de marche, pour les 5, 14 et 23 du mois; la 3ème porte les 3, 12, 21 et 30 du mois; etc. Si dans le plan de marche l’enquêteur découvre une concession d’une taille plus grande que d’ordinaire, il devra la compter pour 2 ou 3 concessions selon qu’il l’estime grande ou très grande. Par conséquent le pas de marche doit se réduire de 1 ou de 2. Dans ce cas, l’enquêteur retient la 4ème ou la 3ème porte toujours à droite. Puisqu’il peut y avoir plusieurs ménages dans une même concession, l’enquêteur s’adresse à la première porte sur sa droite une fois dans la concession et dès lors le répondant sera forcement dans le ménage de l’interlocuteur rencontré à cette première porte. Une fois dans le ménage à enquêter, on liste les noms des femmes ou des hommes selon que le répondant doit être une femme ou un homme en respectant la règle de l’alternance. Après cette liste, on attribue à chaque individu un numéro de carte puis on bat bien les cartes pour enfin tirer une carte au hasard. L’individu correspondant au numéro tiré est la personne à interviewer. Si pour une raison ou une autre comme mentionnée dans le questionnaire cette personne ne peut pas répondre il faut substituer la concession tout en indiquant dans le tableau réservé à cet effet la raison de substitution. ii. Procédure dans le milieu rural Compte tenu de la configuration particulière du village et pour respecter les us et coutumes, il est procédé autrement pour choisir le ménage à interviewer. En effet, dans le village, l’équipe se rend chez le chef de village pour demander la permission d’enquêter dans le village. Au cours de cet entretien, les quartiers du village sont dénombrés. Après ce dénombrement, on passe au tirage des quartiers où devra se passer l’enquête. On tire autant de quartiers qu’il y a de répondants dans le village i.e. on sélectionne un quartier par répondant. Dans le cas des villages où le nombre de quartiers serait inférieur au nombre de 7
répondants, on sélectionne plusieurs répondants dans les quartiers selon la taille approximative des quartiers. Pour le tirage de quartiers, on utilise les numéros de cartes comme dans le cas du tirage du répondant où les quartiers sont ici assimilés aux personnes. Pour les différents quartiers retenus, on dénombre les familles pour ensuite tirer au hasard à partir des cartes, les ménages qui devront être enquêtés. Une fois les ménages choisis, on se déplace dans ces familles pour l’interview. La procédure de sélection du répondant est alors la même que dans le milieu urbain. 8
1. Gouvernance 1.1. La corruption dans la gestion des affaires publiques Il est généralement admis que la qualité d'une gouvernance est influencée par le niveau de la corruption dans la gestion des affaires publiques. Ce niveau peut être mesuré à travers l'ampleur et les perceptions populaires du phénomène ainsi que les structures les plus incriminées dans l'opinion. 1.1.1. Ampleur de la corruption En 2001, les Maliens pensaient dans leur majorité (85%) que “le meilleur moyen d’avancer dans la vie est d’avoir des contacts avec d’importantes personnes haut placées.” En tant que reflet de la prévalence du clientélisme, ce sentiment, sans être une mesure directe de la corruption, en indique pourtant une voie ouverte à des actes répréhensibles. Une plus faible proportion de la population considère que “la corruption est courante parmi les fonctionnaires au Mali” (44%), un résultat au sujet duquel les Maliens sont essentiellement divisés (45% ne sont pas d’accord). Même un peu moins sont d’avis que “la corruption est un pire problème (de nos jours) que sous l’ancien Gouvernement (de Moussa Traoré, 1968-1991).” Seulement une personne sur trois (35%) pense que la corruption est devenue pire sous l’actuel Gouvernement démocratiquement élu. A l'opposé et selon les résultats du "Sondage sur la démocratie et le processus électoral au Mali (mars 2003)" – sondage réalisé par GREAT au compte du PNUD –, le phénomène de la corruption électorale est reconnue très répandue, 83% des répondants l'ont affirmé et même 85% des votants (Tableau 1.1.1.1). Le comportement des électeurs face au phénomène est dicté par leur conviction que "les élections ne sont qu'une question d'argent" (62% d'entre eux le pensent). Tableau 1.1.1.1. Attitudes face à la corruption électorale Votant Non votant Total La corruption électorale est très répandue 85 82 83 Les élections ne sont qu'une question d'argent 62 62 62 Je connais des gens qui ont vendu leur vote 39 25 32 Je prendrais de l'argent et voterais pour le candidat de mon choix 34 29 32 Je refuserais de vendre mon vote 69 64 66 Les candidats qui achètent des voix nuisent à la démocratie 90 86 88 Les répondants sont presque tout aussi unanimes (88%) à fustiger les candidats qui achètent des voix comme étant nuisibles à la démocratie. Ils sont plus nombreux à rejeter la vente de conscience qu'à se laisser corrompre même si le tiers d'entre eux (32%) se montre corruptibles. Il y a là une certaine inconséquence des électeurs qui en même temps qu'ils 9
fustigent les candidats acheteurs de voix se disent disposés à prendre l'argent et connaissent d'autres électeurs qui en feraient de même. 1.1.2. Perceptions populaires de la corruption A la question “Combien de fois, si jamais, un fonctionnaire vous a demandé un pot-de-vin ou une faveur en échange d’un service auquel vous aviez droit?”, les répondants ne dénoncent pas une quelconque pratique courante de la corruption, étant au plus 15% à en avoir fait l'expérience (Tableau 1.1.2.1). Tableau 1.1.2.1. L'expérience de la corruption (pot de vin offert pour…) Non Oui NSP Obtenir un document ou une autorisation 88 12 Inscrire un enfant à l'école 94 6 Obtenir des services domestiques 94 4 2 Traverser une frontière 84 15 1 Eviter un problème avec la police 90 9 1 Autre chose (2% de l'échantillon) e.g. avoir une place 96 2 2 dans l'administration Cependant, 21% des personnes interrogées offriraient un pourboire pour obtenir une autorisation quelconque de l'Etat et autres 21% useraient de relations personnelles ce qui peut cacher une certaine forme de corruption (Tableau 1.1.2.2). Tableau 1.1.2.2. Que faire dans l'attente d'une autorisation de l'Etat % Juste attendre 35 Offrir un pourboire 21 User de ses relations 21 Ecrire au directeur de service 8 Faire à sa tête 1 Ne rien faire 8 Ne sais pas 6 1.1.3. Structures les plus concernées par la corruption Puisque le Gouvernement a inscrit la lutte contre la corruption dans son programme d'action, il importe de décrypter les perceptions des populations sur ce phénomène dans la plupart des institutions de l'Etat. La corruption est jugée plus visible (Tableau 1.1.3.1) parmi les agents de douane et services d'immigration (67%), au sein de la justice (57%), dans la police (55%) et parmi les hommes d'affaires, nationaux (52%) ou étrangers (51%). 10
Tableau 1.1.3.1. Perceptions du degré de corruption dans certaines institutions Aucun Certains La plupart Tous NSP La Présidence 19 28 20 17 16 Les élus (nationaux ou locaux) 16 31 20 18 15 Les fonctionnaires de l'Etat 11 32 28 19 10 La police 10 24 25 30 11 Les fonctionnaires aux frontières 7 15 24 43 11 Les juges et magistrats 10 23 23 34 10 Les hommes d'affaires nationaux 10 24 20 32 14 Les hommes d'affaires étrangers 10 23 22 29 16 Les enseignants et l'administration scolaire 38 30 12 12 8 Les chefs religieux 52 23 6 9 10 Les dirigeants d'ONG/organisations communautaires 28 30 13 13 16 Dans le même temps, on observe une légère augmentation de la corruption chez les investisseurs étrangers (de 49% en 2001 à 51% un an plus tard). Comparativement à 2001, on constate une baisse de la fréquence de la corruption: chez les agents de douane (de 76% à 67%) au sein de la justice (de 70% à 57%) dans la police (de 67% à 57%) parmi les hommes d'affaires nationaux (de 61% à 52%). Quelle que soit son importance, la présomption de corruption dans les institutions de l'Etat entache la légitimité de ce dernier. La connaissance des poches de corruption et de la prédisposition des gens à corrompre doit amener les pouvoirs publics à entreprendre des réformes structurelles de nature à saper les fondements du phénomène e.g. une législation douanière plus simple et transparente réduirait les circonstances de corruption tout comme la suppression des monopoles de droit ou de fait annihilerait les velléités de corruption des opérateurs (victimes comme bénéficiaires) des secteurs d'activités concernés. 1.2. Etat de droit Dans la plupart des cas, le respect de la loi semble admis (Tableau 1.2.1), qu'il s'agisse du droit des tribunaux à imposer des décisions de justice (70%), du droit de la police à faire respecter la loi (88%) ou du droit de l'administration fiscale à contraindre les contribuables au paiement des impôts (78%). Cette primauté du droit conduit : au rejet de la violence physique (56%) à saisir la police en cas de crime au lieu de se rendre justice soi-même (69%) et à privilégier la non violence en politique (69%). 11
Tableau 1.2.1. Attitudes envers le droit Désaccord Accord Neutre NSP Notre constitution exprime les aspirations du peuple 13 60 9 18 Les tribunaux ont le droit d'imposer des décisions 12 70 12 6 La police a le droit de faire respecter la loi 7 88 3 2 Les impôts ont le droit de contraindre à payer 13 78 7 2 Droit d'user de la violence physique 56 41 2 1 Saisir la police au lieu de se rendre justice 17 69 13 1 Non violence en politique 24 69 3 4 Une chose est la volonté des citoyens à privilégier le droit, autre chose est la pratique de cet idéal sur le terrain et ce même si l'Etat de droit est consacré dans les textes. 1.2.1. Réalité dans les textes de base Les enquêtes Afrobaromètre 2002 révèlent que 60% des Maliens admettent que "notre constitution exprime les valeurs et aspirations du peuple" (Confère Tableau 1.2.1). En 2001, ils étaient 68% à l'admettre. Cette diminution résulterait de l'impact sur l'opinion publique des tentatives jusqu'ici infructueuses des gouvernants à modifier la constitution de janvier 1992, dont la plus importante était celle de 2002, à l'initiative du Président de la République sortant. Elle résulte aussi de la réalité quotidienne que vivent les citoyens. 1.2.2. Réalité dans les pratiques La réalité concrète de l'Etat de droit est mesurée par: la volonté des dirigeants ou leur adhésion à l’Etat de droit la capacité des institutions. La volonté des dirigeants ou leur adhésion à l’Etat de droit Interrogés sur la façon dont le pays est gouverné, les répondants pensent à 82% qu'il faut faire attention à ce qu'on dit en politique (Tableau 1.2.2.1), alors qu'ils n'étaient que 75% en 2001. Cela traduirait un renforcement de la restriction de la liberté d'expression. Plus grave, ils estiment (79%) que "les gens sont inégalement traités devant la loi". Dans le même temps, ils soutiennent à 80% que "la compétition entre partis politiques conduit à des conflits". Tableau 1.2.2.1. Garanties de certaines libertés démocratiques Non Oui NSP Faire attention à ce qu'on dit en politique 14 82 4 La compétition entre partis conduit à des conflits 16 80 4 Les gens sont inégaux devant la loi 13 79 8 Le Président ignore la constitution 41 36 23 12
Les répondants évoquent aussi une certaine volatilité de l'Etat dans l'édiction des lois et règlements (Tableau 1.2.2.2). Ainsi, 75% d'entre eux estiment vraisemblable que le Gouvernement renforce la loi s'ils venaient à commettre un crime et 70% s'ils ne payaient pas d'impôt et 67% s'ils ne réglaient pas les factures d'eau, d'électricité ou de téléphone. Tableau 1.2.2.2. Probabilités que le Gouvernement renforce la loi contre les délits Pas Vraisemblable NSP vraisemblable Contre crime grave 20 75 5 Contre non paiement d'impôt 25 70 5 Contre non paiement de services domestiques 23 67 10 De telles appréciations altèrent la légitimité de l'Etat aux yeux du citoyen. La prédictibilité du comportement de l'Etat se mesure à l'abandon de la pratique de modification des dispositions législatives et réglementaires au gré des circonstances ou des acteurs. La capacité des institutions La performance des institutions s'apprécie à travers le degré de confiance des citoyens, l'accessibilité aux institutions mises en place et la prédictibilité du fonctionnement de ces institutions. Elle dépend aussi de la prise en compte par l'Etat des attentes des citoyens. Ces éléments peuvent s'apprécier en eux-mêmes tout comme en comparaison avec le passé pour voir les améliorations significatives qu'apportent les dirigeants constitués. Interrogés sur leur degré de confiance en chacune d'une liste de 19 institutions, les Maliens font confiance dans leur majorité à 13 d'entre elles et n'ont pas confiance aux autres ou ne semblent pas suffisamment les connaître (Tableau 1.2.2.3). Tableau 1.2.2.3. Confiance aux institutions Confiance Pas confiance Ne sais pas 1. ORTM 81 14 5 2. Armée 80 15 5 3. Chefs coutumiers 79 17 4 4. Président 71 21 8 5. Radio et télé privées 68 21 11 6. Police 64 30 6 7. Assemblée Nationale 62 25 13 8. Entreprises publiques 61 25 14 9. Partis au pouvoir 59 31 10 10. Grosses entreprises privées 55 32 13 11. Petits entrepreneurs 55 37 8 12. Petits commerçants 54 41 5 13. Assemblée Locale 51 29 20 14. Tribunaux 50 41 9 15. Assemblée Régionale 49 27 24 16. Journaux gouvernementaux 48 16 36 17. CENI 46 32 22 18. Journaux privés 43 23 34 19. Partis d'opposition 40 45 15 13
Les premiers suffrages vont à l'ORTM (81% de confiance), à l'armée (80%), aux chefs coutumiers (79%), au Président de la République (71%) et aux radio et télé privées (68%). Les institutions qui recueillent le moins de suffrages sont les partis d'opposition (40% de confiance), les journaux privés (43%), la CENI (46%), les journaux gouvernementaux (48%) et l'Assemblée Régionale (49%). La moitié des répondants font confiance aux tribunaux contre 41% qui n'en font pas confiance et 9% qui ne se prononcent pas. La confiance en l'ORTM et aux chefs coutumiers peut s'expliquer par la plus grande accessibilité à ces institutions. Quant à l'armée et au Président, le suffrage peut s'expliquer par le caractère solennel et de très haute portée nationale de ces deux institutions qui incarneraient la force militaire et l'autorité royale, selon la maxime "fanga tè mògò filan ye" (la force fait autorité). Les institutions les moins cotées sont celles avec lesquelles le citoyen entretient peu de relation e.g. la CENI, l'Assemblée régionale en tant qu'organe de la décentralisation nouvellement constitué. A la question de savoir si le Gouvernement actuel fait bien ou non face aux préoccupations des populations (Tableau 1.2.2.4), celui-ci est mal noté dans la plupart de ses propres options prioritaires, à savoir: la sécurité alimentaire (61%) la stabilité des prix (57%) la réduction des inégalités sociales (56%) la lutte contre la corruption (51%). Par contre, ses performances sont reconnues dans les domaines de la santé (73%) dont la lutte contre le paludisme (71%) et la lutte contre le VIH/Sida (70%), de l'éducation (73%) et de la résolution des conflits entre communautés (71%). Cette reconnaissance a plutôt augmenté depuis 2001 quand 64% des Maliens évaluaient positivement les performances du Gouvernement en matière de santé et 59% en matière d'éducation. Les efforts du Gouvernement sont bien appréciés dans ces deux domaines sans doute à cause de son soutien à la construction des CSCOM et à la multiplication des écoles dans les communes rurales. Tableau 1.2.2.4. Les performances du Gouvernement face à certaines préoccupations Mal Bien NSP Sécurité alimentaire 61 37 2 Stabilité des prix 57 39 4 Réduction du fossé riches/pauvres 56 39 5 Lutte contre la corruption 51 39 10 Réduction de la criminalité 42 53 5 Création d'emplois 41 52 7 Fourniture d'eau aux ménages 38 59 3 Gestion de l'économie 36 55 9 Lutte contre le paludisme 25 71 4 Satisfaction des besoins d'éducation 25 73 2 Amélioration des services de santé 24 73 3 Résolution des conflits 21 71 8 Lutte contre le VIH/Sida 18 70 12 14
1.3. Politiques économiques et environnement des affaires Au plan économique, les Maliens demeurent partagés entre la préférence pour l'économie dirigée et la préférence pour l'économie de marché, leur adhésion aux réformes étant associée au non désengagement total de l'Etat de la sphère économique. 1.3.1. Politiques en cours La situation actuelle du pays ainsi que les conditions de vie des ménages sont indissociables des réformes économiques engagées depuis le début des années 80. Les Maliens jugent la situation économique d'ensemble du pays plutôt mauvaise (67%), et cela quelle que soit la classe de revenu (revenu obtenu en réponse à la question: Avant impôt, combien d'argent gagnez-vous (vous et votre conjoint(e) ensemble) par mois?), voire pire par rapport aux douze précédents mois (44%). Comparativement aux pays voisins, cette situation nationale est jugée pire (45%). Toutefois, il se dégage un relatif optimisme quant à l'amélioration de la situation dans les douze prochains mois (58%) même si le quart des répondants ne pronostique pas l'avenir (Tableau 1.3.1.1). Tableau 1.3.1.1. Les réalités économiques du pays Mal/pire Bien/mieux Identique NSP Situation actuelle du pays 67 23 9 1 9 Aucun revenu monétaire 65 27 8 9 Jusqu'à 10 000 fcfa 70 27 3 9 10 001 – 30 000 fcfa 69 24 7 9 30 001 – 50 000 fcfa 61 28 11 9 50 001 – 100 000 fcfa 63 22 13 2 9 Plus de 100 000 fcfa 66 13 19 2 Situation comparée aux pays voisins 45 35 9 11 Situation comparée aux 12 mois précédents 44 41 13 2 Situation comparée aux 12 prochains mois 12 58 5 25 Transposées aux conditions de vie de leurs ménages, les perceptions des répondants restent presque invariantes, 64% d'entre eux jugeant ces conditions plutôt mauvaises (Tableau 1.3.1.2), contre 54% en 2001 – ce qui dénote une détérioration des conditions de vie. Les bas revenus sont encore plus sévères dans leur jugement. Les perceptions par rapport à l'année écoulée (41%) ou par rapport aux douze prochains mois (58%) sont identiques pour le pays comme pour les ménages. Dans les comparaisons interpersonnelles, les bas revenus estiment les conditions de vie de leurs ménages pires que celles des autres. Comparé à 2001, l'espoir d'un lendemain meilleur est resté inchangé (58%). 15
Tableau 1.3.1.2. Perceptions des conditions de vie des ménages Mal/pire Bien/mieux Identique NSP Conditions actuelles du ménage 64 23 13 9 Aucun revenu monétaire 68 23 9 9 Jusqu'à 10 000 fcfa 69 22 9 9 10 001 – 30 000 fcfa 65 24 11 9 30 001 – 50 000 fcfa 56 27 17 9 50 001 – 100 000 fcfa 59 24 17 9 Plus de 100 000 fcfa 60 22 17 1 Conditions comparées à celles d'autres Maliens 35 26 36 3 9 Aucun revenu monétaire 48 22 27 3 9 Jusqu'à 10 000 fcfa 39 22 37 2 9 10 001 – 30 000 fcfa 36 30 32 2 9 30 001 – 50 000 fcfa 28 26 45 1 9 50 001 – 100 000 fcfa 26 25 47 2 9 Plus de 100 000 fcfa 31 33 34 2 Conditions comparées aux 12 mois précédents 40 41 18 1 Conditions comparées aux 12 prochains mois 12 58 6 24 Toujours par rapport aux douze précédents mois, les ménages dépensent la totalité de leur revenu dans 59% des cas voire dépenser leurs éventuelles économies (+10%) et même emprunter de l'argent pour vivre (+8%). Seulement 16% des répondants déclarent avoir épargné de l'argent (Tableau 1.3.1.3). Tableau 1.3.1.3. Situation financière du ménage de l'année passée Dépenser ses économies et emprunter de l'argent 3 Emprunter de l'argent pour vivre 8 Dépenser quelques économies 10 Dépenser tout le revenu 59 Epargner de l'argent 16 Ne sais pas 4 La faiblesse de l'épargne s'accompagne d'un manque général de revenu monétaire (78%). Abstraction faite du manque d'électricité compte tenu du faible taux d'électrification du pays (16%), le manque d'argent s'accompagne de manque de soins médicaux (54%) et de nourriture (52%). Tous ces manques sont encore plus accentués en milieu rural (Tableau 1.3.1.4). 16
Tableau 1.3.1.4. Avoir été sans….. Milieu Total Urbain Rural Nourriture 29 62 52 Eau potable 21 42 36 Médicaments/soins médicaux 37 61 54 Electricité 43 67 60 Energie de cuisson 27 30 29 Revenu monétaire 65 84 78 Pénurie (nombre de manques) 0 24 3 9 1 15 10 11 2 19 14 16 3 16 21 19 4 12 24 20 5 8 20 16 6 5 8 7 Sur cette liste de 6 pénuries répertoriées, seulement 9% des répondants n'en ont connue aucune et 7% les ont toutes eues à la fois. Pour le cas spécifique des problèmes de santé (Tableau 1.3.1.5), 56% des répondants en ont connu au cours du dernier mois au point de réduire le volume de travail qu'ils sont normalement en mesure de fournir. Plus grave, 61% ont été victimes de stress, de fatigue ou d'épuisement. L'anxiété est vécue dans toutes les classes de revenu. Tableau 1.3.1.5. Problèmes de santé au cours du dernier mois % Santé physique 56 Anxiété 61 9 Aucun revenu monétaire 61 9 Jusqu'à 10 000 fcfa 57 9 10 001 – 30 000 fcfa 64 9 30 001 – 50 000 fcfa 71 9 50 001 – 100 000 fcfa 69 9 Plus de 100 000 fcfa 55 La permanence de l'anxiété peut s'expliquer par la manière dont les gens gagnent leur vie. Interrogés sur comment ils gagnaient leur vie, les Maliens dépendent encore peu de l'économie monétaire ou du travail salarié (Tableau 1.3.1.6). Le salariat touche au plus 17% des répondants, la vente de biens, 35%, la participation à une caisse d'épargne, 22%. Cette faible insertion dans l'économie monétaire place les Maliens dans une relative précarité qui nourrit leur hantise du lendemain. 17
Tableau 1.3.16. Comment gagner sa vie Pas du tout Un peu Beaucoup Travail salarié 83 9 8 Vente de biens 65 25 10 Travail rémunéré en nature 80 11 9 Employer d'autres personnes 82 14 4 Participer à un groupe d'épargne communautaire 78 17 5 Emprunter de l'argent hors banque 67 27 6 Emprunter auprès d'une banque 91 8 1 Recevoir de l'argent d'autres membres famille 75 18 7 Recevoir de l'argent de membres émigrés 79 14 7 Au regard de la répartition du salariait et du chômage (Tableau 1.3.1.7), la cette répartition du temps de travail reste dépendante du taux relativement élevé de chômage (15%) qui frappe encore plus les moins de 40 ans (entre 21 et 22%), les moins instruits (21% jusqu'au niveau primaire achevé) et encore les régions de Mopti (30%) et de Koulikoro (20%). Tableau 1.3.1.7. La répartition du salariat et du chômage Salariat Chômage Education 9 Sans éducation formelle 3 13 9 Education informelle 10 17 9 Primaire inachevé 11 22 9 Primaire achevé 16 21 9 Secondaire inachevé 23 18 9 Secondaire achevé 56 8 9 Post-secondaire 31 14 Age Jusqu'à 30 ans 8 21 31 – 40 ans 17 22 41 – 50 ans 15 9 51 – 60 ans 6 13 Plus de 60 ans 4 4 Sexe Homme 14 18 Femme 6 12 Milieu 9 Urbain 20 14 9 Rural 6 16 Région 9 Kayes 13 17 9 Koulikoro 7 20 9 Sikasso 11 3 9 Ségou 9 15 9 Mopti 4 30 9 Tombouctou 17 5 9 Gao 19 8 9 Kidal 40 40 9 Bamako 15 13 Total 10 15 18
La réalité économique actuelle du pays ainsi que les conditions de vie des ménages sont indissociables des réformes économiques engagées depuis le début des années 80 et tendant à réduire le rôle de l'Etat dans le système productif. Dans l'ensemble, les Maliens sont partagés entre la préférence pour l'économie dirigée (44%) et la préférence pour l'économie de marché (41%). Pour mieux traquer cette préférence, il a été proposé aux répondants de se prononcer sur un ensemble d'affirmations tant sur le mode de production/distribution que sur l'école et l'emploi. La préférence pour le libéralisme apparaît dans les domaines suivants (Tableau 1.3.1.8): le gain de hauts salaires (87%) même si d'autres se retrouvent au chômage la sécurisation de la propriété privée (78%) la liberté d'entreprendre (70%) la possibilité de faire rendre compte le Gouvernement (63%) le bien-être par soi-même (50%). Tableau 1.3.1.8. Préférence entre le libéralisme et la planification Contre Pour Neutre NSP Hauts salaires au risque de chômage 11 87 1 1 Droit de propriété 14 78 4 4 Les individus décident pour eux-mêmes 20 70 9 1 Gouvernement employé 34 63 2 1 Bien-être par soi-même 48 50 1 1 Récompense effort 50 46 2 2 Les gens retournent à la terre 14 78 7 1 Les experts économiques décident 43 42 9 6 Intérêts collectifs 32 67 1 Les riches pourvoient aux besoins des 23 63 11 3 communautés Gouvernement planifie production et 24 63 10 3 distribution Gouvernement contrôle marché agricole 29 66 4 1 Ecole gratuite 28 70 2 Protection de la production locale 28 70 2 A l'opposé des domaines sus-mentionnés, les répondants, en même temps qu'ils placent l'intérêt collectif au-dessus de l'intérêt individuel, préféreraient que le Gouvernement : planifie la production et la distribution (63%) garde le monopole de la commercialisation des produits agricoles (66%) assure la gratuité de l'éducation des enfants (70%) protège la production locale contre les importations (70%). Au lieu de se contenter de la seule réponse à la question de savoir si les répondants préfèrent ou non l'économie de marché à une économie dirigée par le Gouvernement, nous avons cherché à mesurer ce choix à travers un ensemble d'éléments qui traduisent les conséquences d'une économie fonctionnant selon les lois du marché. Ces éléments sont autant de valeurs qui accordent plus de rôle au marché comparativement à l'Etat ou à la collectivité. Ces valeurs sont relatives (Tableau 1.3.1.9): 19
à la liberté d'entreprendre (les individus décident pour eux-mêmes de produire ou de distribuer) à la régulation par la planification ou par le marché à l'abandon ou à la poursuite des réformes économiques en cours à la gratuité ou non de l'école au marché agricole au marché du travail à la protection de la propriété de toute saisie gouvernementale à la politique commerciale au culte de la réussite personnelle à la récompense du mérite individuel. Tableau 1.3.1.9. Préférence pour le marché Pro Libéralisation du marché du travail 88 Protection de la propriété privée 78 Liberté d'entreprendre 70 Récompense du mérite 46 Culte de la réussite personnelle 45 Poursuite des réformes économiques 34 Libéralisation du marché agricole 29 Paiement des frais scolaires 28 Déprotection de la production locale 28 Régulation économique par le marché 25 De ces 10 éléments, seulement 3 ont l'adhésion de la plupart des personnes interrogées. Ce sont: la libéralisation du marché du travail (88%) au sens de permettre à certains de gagner de hauts salaires même si le chômage persiste la protection de la propriété privée (78%) qui retire à l'Etat le droit de saisir les biens des individus sans compensation la liberté d'entreprendre (70%) qui laisse le libre choix aux individus de leurs décisions d'investir. A l'opposé de ces 3 aspects du libéralisme économique, les Maliens seraient beaucoup moins favorables: à la régulation économique par le marché (25%) à la déprotection de la production locale au profit des importations (28%) au paiement des frais scolaires au lieu de la gratuité de l'école (28%). Dans ces conditions, le soutien aux réformes économiques suppose qu'elles ne conduisent pas à l'élimination totale de l'Etat de toute intervention dans la sphère économique. Ainsi, la liberté d'entreprendre serait étendue à l'Etat en tant que personne morale avec revendication de monopole dans certains domaines tels que sur le marché agricole. Au libéralisme à tout crin, les Maliens privilégient l'ouverture des secteurs économiques à la libre concurrence en lieu et place du désengagement total de l'Etat. En contrepartie, il est reconnu à l'Etat le droit de se restructurer e.g. en redimensionnant la taille des employés du secteur public (67% des 20
répondants estiment que "le Gouvernement ne peut offrir autant d'emplois publics et devrait en licencier quelques uns"). 1.3.2. Environnement des affaires L'environnement des affaires concerne aussi bien: l'accès aux moyens de production la justice l'administration économique. Accès aux moyens de production Ressources humaines On peut estimer à 4.6 millions de personnes la population active du Mali en 2002, suivant les projections faites à partir des données du recensement général de 1998. Avec un taux de travail salarié d'environ 10 % (6 % pour les femmes et 14 % pour les hommes), il n’y aurait que 460 000 travailleurs salariés, d'où une prédominance de l'auto emploi (notamment dans l'agriculture et dans le secteur informel). Cependant, la formation de la main d'œuvre est jugée insuffisante et demeure l'un des problèmes les plus sérieux auquel est confronté l’investisseur au Mali. Dans pratiquement tous les métiers, les cadres suffisamment qualifiés sont difficiles à trouver. Il est certes possible de recruter des cadres ressortissants des pays voisins, mais cette option reste limitée eu égard aux salaires plus élevés réclamés par ce personnel expatrié; en outre le recrutement d'une main d'œuvre étrangère pose d’autres problèmes politiques et sociaux. Toutefois, on constate une certaine amélioration de la situation, grâce, principalement, aux efforts de formation continue mis en place par les entreprises. Ces efforts devraient être supportés plus énergiquement par le secteur public. Terre Conformément aux dispositions du Code domanial et foncier (Ordonnance 00-027/P-RM du 22 mars 2000 portant Code domanial et foncier et Décret 01-040/P-RM du 2 février 2001 déterminant les formes et conditions d'attribution des terrains du domaine privé immobilier de l'Etat), l'acquisition des terrains du domaine privé immobilier de l'Etat peut s'effectuer selon les modalités suivantes: concession rurale cession location affectation. La concession rurale concerne tous les terrains à vocation agricole, zootechnique ou forestière situés en dehors des centres urbains. Aux abords des agglomérations urbaines, l'étendue de chaque concession ne peut excéder ¼ d'hectare. 21
La cession d'un titre foncier établi ou transféré au nom de l'Etat peut porter sur: les terrains urbains ou ruraux mis en valeur ou non les terrains à usage industriel dûment mis en valeur suite à un bail ave promesse de vente les terrains attribués sous forme de concession rurale dûment mis en valeur les terrains urbains attribués sous forme de permis d'occuper et dûment mis en valeur. La location s'effectue sous deux formes: Le bail emphytéotique sur terrains nus qui confère au preneur (l'emphytéote) un droit réel immobilier de longue durée (50 ans renouvelable par accord express entre les contractants) Le bail avec promesse de vente qui accorde au locataire un droit de jouissance assorti de l'obligation de mettre le terrain en valeur, dans un délai de 10 ans, à l'expiration duquel l'Etat pourrait le céder le terrain. L'affectation, qui ne concerne que les services publics et non l'investisseur privé, se fait par décret pris en Conseil des ministres sur présentation du Ministre chargé des domaines à la suite d'une demande écrite du Ministre de tutelle du service bénéficiaire. Financement Jusqu'en 1991, le système financier au Mali comptait six banques commerciales et aucun établissement financier. Aujourd'hui, le système bancaire compte 70 guichets pour huit banques commerciales et quatre établissements financiers, très largement ouverts au capital étranger et à l’actionnariat privé malien. A ce système bancaire, il faut ajouter la Banque malienne de solidarité (BMS) créée en 2003. En dépit de l'amélioration du système financier et de la disponibilité accrue des ressources, les exploitants économiques se plaignent toujours des difficultés d'accès au crédit, surtout pour les investissements longs. Ces difficultés s'expliquent par la rareté du crédit, que les banques justifient par la prédominance des dépôts à vue au détriment des dépôts à terme. Services de base Au cours des cinq dernières années, des efforts appréciables ont été déployés en matière d'infrastructures et de services publics. Il s'agit notamment de : l'extension du réseau électrique depuis l'entrée en production du barrage hydroélectrique de Manantali l'expansion du réseau routier l'ouverture du secteur des télécommunications. Le plan de développement du secteur énergétique prévoit, dans son volet électricité, l’absorption progressive du quota malien par la centrale de Manantali (416 GWh) et, à partir de 2006-2007, la mise en service de la centrale hydroélectrique de Kénié (56 MW, soit 175 GWh) et l’importation d’énergie de la Côte d’Ivoire, voire du Ghana (80 MW ou 289 GWh). Ces actions permettront de réduire le déficit du Mali en électricité, estimé à 40 MW en 2004. 22
Les infrastructures de transport au Mali se composent de 50 000 km de routes dont 38 % sont classées en routes bitumées (14%) et non bitumées, 729 km de voies ferrées et 2 334 km de voies fluviales (soit 0.19 km sur 100 km2 de densité), de cinq entrepôts dans des ports maritimes de pays voisins (EMACI – en Côte d'Ivoire, EMASE – au Sénégal, EMATO – au Togo, EMAGUI – en Guinée, EMAMAU – en Mauritanie) et de 35 aérodromes, mais seulement deux aéroports internationaux, huit dessertes régulières et quatre aérodromes privés. La densité du réseau routier est de 0.93 km sur 100 km² contre 4.7 de moyenne africaine, et celle de la voie ferroviaire, de 0.59 km sur 100 km² contre 2.7 de moyenne africaine. La densité téléphonique reste très faible au Mali, malgré les efforts déployés ces dernières années pour ouvrir le secteur à la concurrence et attirer des investisseurs étrangers. Elle est quatre fois moins importante qu'en Côte d'Ivoire. Aussi, le coût de l'appel est-il relativement plus élevé que dans d'autres pays de la sous-région. Justice La constitution du 25 janvier 1992 consacre l'indépendance de la justice des pouvoirs législatifs et exécutifs et dans le même temps, la suppression des juridictions d'exception. Désormais, toutes les décisions concernant les magistrats et juges, avancements, révocations, mutations, etc., sont prises par le Conseil Supérieur de la Magistrature. Le Mali a ratifié la Convention internationale sur le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) du 18 mars 1965. Il est également signataire de tous les actes du Traité OHADA relatif à l'harmonisation du droit des affaires en Afrique. Administration économique En règle générale, les taux d’imposition restent compétitifs par rapport aux pays voisins. Le problème réside plutôt au niveau de l’application des textes par l'administration; en effet les entreprises critiquent notamment le défaut de transparence de certaines réglementations et les visites fréquentes (parfois quotidiennes) de fonctionnaires de l'administration fiscale. Il est regretté que l'administration fiscale n'a pas connu d'amélioration appréciable dans les années récentes. En outre, l'administration publique souffre encore d'un certain nombre de lacunes, propres à dissuader des investisseurs potentiels à s'installer au Mali. On mentionnera notamment : le manque d'anticipation la lenteur dans la prise de décision et dans leur exécution la non compensation des préjudices subis en raison de l'inefficacité du système des lourdeurs bureaucratiques, auxquelles s'ajoutent des cas de corruption au sein de l'administration publique une part trop importante accordée aux relations interpersonnelles au détriment d'une neutralité professionnelle. Un renforcement des capacités humaines, particulièrement dans les services de promotion des affaires, serait de nature à réduire ces lacunes institutionnelles. 23
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