MCCAIN CHILLED " SUBLIME PATATE " - NOTE D'INTENTION DE STEF VIAENE
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MON APPROCHE Je souhaite donner à ces spots une dimension qui dépasse le cadre de son orbite céleste. Par un processus lyrique, presque onirique, cette du «porn food» et de l’esthétisme culinaire, y instiller une touche de succession d’étapes de cuisine, de pelage, de lavage, de tranchage, poésie et d’émerveillement, et surtout, je veux que le goût des produits d’assaisonnement, de cuisson, deviennent simples et faciles, réduites à traverse l’écran, que le visuel transcende les papilles, que des effluves leur plus simple essence. Tant et si bien que le spectateur en vient à se chaudes et fondantes, salées et gourmandes viennent chatouiller les dire que c’est ainsi que cela doit se passer. narines de nos spectateurs, stimulent leurs bouches. Une précision visuelle, diabolique de magie et de surprise, viendra La gourmandise, cette sensation criante qui provoque un désir dévo- achever de convaincre les esprits réfractaires de la réalité de ce rêve rant et irrépressible, doit surgir de ces films, et venir nous envelopper gourmand. avec son nuage d’arômes alléchants. La précision dans les textures et les matières, leur richesse et leur com- Le surprenant et la magie constituent l’accroche première, pour entraî- plexité, le détail au grain près dans les plans macro de la pomme de ner le spectateur avec nous dans notre rêve gourmand, provoquer son terre, les brillances et reflets dans les gouttes d’eau capturées en vol, abandon intellectuel et sensoriel au voyage culinaire de cette pomme la pellicule croustillante et dorée, le piqué en très haute définition des de terre. fines herbes, tout doit nous renvoyer à des sensations de touchers, de vues, de goûts et d’odeurs bien réelles, connues de tous. Magnifié Ils arriveront grâce à une mise scène spectaculaire, jouant avec les pro- par une lumière chaude, ce voyage explosif doit nous mettre l’eau à la duits et les éléments en leur conférant la grâce d’un ballet aérien, la bouche. singularité d’un feu d’artifice gastronomique. Il faut qu’il y ait de la ma- La cuisine est un spectacle pour les sens, je souhaite en donner ici la gie à voir cette pomme de terre, brute et naturelle, se transformer lors meilleure représentation possible. 2
INTENTIONS 25 SEC Ce sera un ballet d’ultra slow-motion, graphique, précis et spectaculaire. J’utiliserai une caméra de type «Phantom», permettant de tourner des Nous déterminerons alors combien d’éléments nous pourrons filmer en- ralentis allant jusqu’à 1500 images/seconde d’une précision extrême. semble. Mon credo étant toujours de privilégier le maximum d’éléments «live» tournés en un plan afin d’obtenir le plus de réalisme possible. Il y Je vous invite à regarder les films que j’ai réalisés pour «Conad» ré- aura cependant plusieurs passes au tournage sur certains d’entre eux cemment, afin d’avoir un aperçu des rendus et des techniques que je et du compositing en post-production pour replacer les effets de terre, compte employer. J’alternerai au tournage entre des plans larges et des de feu, de gouttes d’huile, de particules… Des trucages numériques en plans macro lors de ces prises de vues afin de favoriser la sensation 3D interviendront sur certains passages lors de l’épluchage, de la cuis- d’immersion au cœur d’un spectacle saisissant de réalisme et de détail. son des tranches et de la transformation de la poêle en assiette. J’utiliserai une gamme de focales très courtes, pour obtenir des flous magiques. Il y aura également une variation d’angles et de points de Bien que plusieurs plans soient nécessaires au déroulement de ce «bal- vues pour coller au plus près de la courbe dessinée par la pomme de let», le choix d’un fond noir profond et paraissant lointain du premier terre, toujours dans cet esprit d’immersion. Parfois de l’intérieur, parfois plan permettra de les lier aisément les uns aux autres avec fluidité, sans du dessus, parfois de dessous en relevant la tête pour accompagner le que les coupes ne soient ressenties. ballet des yeux. Mon intention est que le spectateur vive le voyage de cette pomme de Concernant la méthode, je travaillerai en amont pour effectuer des terre, son ascension et sa chute, comme un seul et même plan, qu’il ait tests en atelier avec ma styliste culinaire, Paola Pozzi, passée maître l’impression de voir un plan-séquence à couper le souffle. dans l’art de sublimer les produits et de leur imprimer les mouvements désirés. 3
LE FILM 25 SEC Nous démarrons le film sur un fond noir et profond, en gros plan sur une main d’agriculteur, de face. Au creux de sa paume, une belle pomme de terre brute, encore couverte de terre et de sable par endroits. La main descend lentement, et remonte plus vite. Le ra- lenti débute tandis que la main lance la pomme de terre tout droit en l’air. La musique commence, la caméra panote avec fluidité vers le haut pour accompagner son mouvement. 4
On continue de suivre la pomme de terre qui monte dans un lent tournoiement, tel un astéroïde dans l’espace. Les particules de terre qui la couvrent se détachent soudain et se mettent à voler en toutes directions, comme sous l’effet d’un impact invisible, avec un son proche de celui d’un bâton de pluie se retournant, en plus doux et plus crépitant. La myriade de grains s’écartant de la pomme de terre a des niveaux de netteté qui varient au fur et à mesure du plan. Une coupe rapide en très gros plan nous fait voir un grain de terre se rapprocher de nous, de très près. 5
Nous retrouvons la pomme de terre encore plus haut, elle se déshabille comme par ma- gie, sa peau se détache en une spirale élégante, en commençant par la base. L’effet est surligné par un son ressemblant à un lent déchirement de feuille de papier. La lamelle ainsi créée se sépare en larges pans qui s’éloignent de la pomme de terre en retombant. 6
Toujours plus haut, la pomme de terre va désormais à la rencontre d’un filet d’eau cristalline, ondulant en suspension au-dessus d’elle. Le choc est majestueux et déclenche une explosion graphique de gouttes miroi- tantes, belles et brillantes, qui se dispersent dans un bruitage sourd et claquant d’éclaboussures, presque un son de vague tapant des rochers. Un plan somptueux, soigné. Une giclée de gouttes, impressionnante, arrive vers nous juste avant le changement de plan. 7
On atteint désormais le sommet de l’orbite, la pomme de terre Un plan de détail, sur une seule tranche, nous montre alors ralentit un peu. Nous sommes face à elle, à hauteur, et sentons un quartier d’ail qui vient se fracasser sourdement contre la sa seconde de suspension, juste avant qu’elle ne se tranche ins- pomme de terre, l’imprégnant au passage de petites particules tantanément en plusieurs tranches généreuses, comme si elle qui se collent sur sa surface. Un court raccord en macro et nous passait au travers d’un gril invisible. Un son sifflant, d’épée tran- sommes presque le quartier d’ail, rebondissant lentement au chante, accompagne l’effet. Les tranches montrent leurs tex- premier plan après l’impact. tures intérieures avant de commencer à retomber doucement, en s’écartant un peu. Dès le début de la descente, nous voyons l’intérieur des tranches se dorer délicatement. 8
Nous repassons à un plan plus large, toujours en chute libre, pour suivre en panotant vers le bas les tranches frottées d’ail qui dorent de plus en plus en s’entrechoquant, dans un son évoquant l’allumage d’un bruleur de gazinière. Toujours plus bas, cette fois en descendant avec elles, comme si la caméra tombait aussi, les tranches sont aspergées d’huile d’olive. Un filet et de multiples gouttelettes se mêlent aux pommes de terre, ainsi qu’une poignée de persil émincé qui pénètrent cette farandole, comme une explosion anarchique de cotillons, qui viennent se coller aux tranches en tra- versant ici et là les gouttes verdoyantes. 9
Une contre-plongée totale achève la retombée, nous voyons les tranches, l’huile et le persil dispersés tomber et des- cendre vers une poêle à frire. Le grésillement caractéristique du rissolage est émis dès les premières percussions de tranches atterrissant sur la surface noire, rebondissant ici et là avant de toutes se stabiliser. La musique baisse d’in- tensité dans le même temps. 10
Un effet spécial numérique transforme alors sous nos yeux la poêle en assiette, contenant toujours les pommes sautées tan- dis que le fond noir se mue en table de bois brut, sur laquelle trône le plat fumant. Voix off : «McCain présente ses nouvelles recettes…» 11
En cut, gros plan de la bouche d’une belle jeune femme, qui porte à ses lèvres une tranche de pomme sautée magnifique, avant de l’avaler avec un plaisir évident. La dégustation s’effectue à vitesse réelle, dans un geste lent toutefois. Voix off : «… inédites de pommes de terre.» 12
Toujours en cut, la révélation du packshot intervient. Nous sommes à l’in- térieur du frigo McCain en léger travelling avant, flottant, et découvrons la gamme de produits joliment alignés sur une étagère transparente. La pastille «Nouveau au rayon frais» apparaît en surimpression dans le plan. Voix off : «Et elles sont au rayon frais.» A la fin du plan, le frigo McCain referme sa porte tout seul pour nous mon- trer son logo en surimpression (McCain, it’s all good). Voix off : «Il faut les avoir goûtées pour comprendre.» 13
INTENTIONS 12 SEC Le film de 12 secondes est, quant à lui, plus direct et percutant Nous sommes délibérément dans un esprit de gourmandise et afin de présenter efficacement la gamme des produits dispo- d’esthétique «porn food» lors de ces 3 plans en slow-motion. nibles. Leurs durées étant très courtes, la qualité et la saveur des pro- Nous sommes en cuisine, dans une ambiance lumineuse chaude duits doivent instantanément se révéler grâce à un stylisme par- et réconfortante, révélatrice de beauté et avec la même mu- fait, dévoilant l’onctuosité de la purée, le croquant de la frite et sique que dans le 25 secondes, rappel de l’unité de la campagne le fondant de la pomme grenaille. actuelle. 14
LE FILM 12 SEC Nous démarrons le film en musique, sur un gros plan en plongée d’une poêle remplie de pommes grenaille, bien dorées. Nous sommes au ralenti et voyons des pommes finir de bondir, remuées par une spatule. Voix off : «Hmmm, savoureux.» 15
En cut, un gros plan de l’intérieur d’un plat rempli de purée fumante et joliment tourbillonnante. Au ralenti, nous voyons une grosse cuillère en bois en sortir une lampée généreuse et onctueuse. Voix off : «Découvrez nos nouvelles recettes...» 16
Toujours en cut et gros plan, une frite dorée à souhait vient lentement tomber dans une assiette harmonieusement garnie, rebondissant parmi ses soeurs. Nous ne voyons qu’une partie de l’assiette et un bord de table, les frites sont très nettes tandis que les bords de l’assiette sont joli- ment flous. Voix off : «… de pommes de terre McCain...» La révélation du packshot intervient. Nous sommes à l’intérieur du frigo McCain en léger travelling avant, flottant, et découvrons la gamme de produits joliment alignés sur une étagère transparente. La pastille «Nouveau au rayon frais» apparaît en surimpression dans le plan. Voix off : «… au rayon frais.» A la fin du plan, le frigo McCain referme sa porte tout seul pour nous montrer son logo en surimpression (McCain, it’s all good). 17
LE SOUND DESIGN Je souhaite également apporter un travail de précision à la bande sonore du film, par le choix des bruitages ve- nant accompagner les étapes de transformation de la pomme de terre. Je les veux aussi précis et complexes que possible, pour les rendre quasiment palpables, un peu comme si nous avions l’oreille collée dessus. Il faudra les travailler au mixage de telle façon qu’ils aient une forte présence au pre- mier plan de l’image, et une très légère réverbération, comme si nous les entendions depuis l’espace où la pomme de terre se transforme. Là aussi, un peu comme à l’image, un travail de plusieurs éléments apportera de la richesse à l’univers sonore du film. 18
POUR CONCLURE Je compte réaliser un film magique et surprenant, spectaculaire et merveilleux, faits d’explosions à la précision graphique. Cette explosion de produits et de textures ultra-réalistes nous amènera à conclure que ce bien-être gourmand, magique et pourtant bien réel, nous tend les bras à portée de fourchette. 19
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