METHODOLOGIE DE LA LEÇON - Institut Saint Cassien
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METHODOLOGIE DE LA LEÇON Isabelle REVIDAT-ROQUEMAURE Docteur en Lettres isabelle.roquemaure@institut-saintcassien.com 1. PRÉSENTATION DES ÉPREUVES – PREMIÈRE APPROCHE 2. QUELQUES RAPPELS UTILES ! 3. UNE NÉCESSAIRE COHÉRENCE : TROUVER « UN BON PLAN »… 4. DONNER TOUT SON SENS À LA QUESTION DE GRAMMAIRE 5. LES SPÉCIFICITÉS DE L’ORAL 6. TEXTES D’APPLICATION et CORRIGÉS
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Présentation des épreuves – (BO du 6/1/2010) La méthodologie proposée dans ce cours s’applique à plusieurs épreuves de Concours : Epreuve 1 (orale) d’admission du CAFEP/CAPES : « Leçon portant sur les programmes des classes de collège et de lycée : L’épreuve porte sur un texte de langue française. Elle consiste en une explication de texte assortie d’une question de grammaire référée aux programmes des classes de collège ou de lycée. La méthode d’explication est laissée au choix du candidat. La présentation de la question de grammaire prend la forme d’un développement organisé en relation avec les programmes. La leçon est suivie d’un entretien avec le jury au cours duquel le candidat est invité à justifier ses analyses et ses choix. » Durée de la préparation : trois heures Durée de l’épreuve : une heure (exposé : quarante minutes ; entretien : vingt minutes) ; coefficient 3. Epreuve 1 (écrite) d’admissibilité du CAFEP/PLP : « Lettres : commentaire composé d'un texte littéraire, assorti d'une question de réflexion grammaticale portant sur une phrase de ce texte. Le texte littéraire est choisi en référence aux programmes du collège et du lycée (général, technique et professionnel). » Durée : cinq heures ; coefficient 3. Epreuve 1 (orale) d'admission du CAFEP/PLP : « Leçon en langue vivante ou en lettres portant sur les programmes du lycée professionnel. Un tirage au sort détermine pour le candidat la valence sur laquelle porte la leçon. L'épreuve consiste en lettres, en une explication d'un texte français, assorti d'une question de grammaire. L'exposé du candidat est suivi d'un entretien avec le jury au cours duquel le candidat est invité à s'exprimer sur une utilisation du texte expliqué dans une classe de lycée professionnel. » Durée de la préparation : deux heures trente minutes Durée de l'épreuve : une heure (exposé : trente minutes maximum ; entretien : trente minutes maximum) ; coefficient 3. 2
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Première approche… Il est impossible de faire l’économie d’une analyse attentive des deux premiers rapports de jury sur la nouvelle mouture du Concours (2011-2012) : soucieux de prêter leur regard constructif aux aspirants professeurs, les jurys 2011 expriment très clairement leurs attentes, expliquent en quoi consiste l’épreuve, et donnent de précieux conseils méthodologiques. Quant aux jurys 2012, ils rendent compte du déroulement des premières épreuves et pointent les difficultés rencontrées par les candidats sans oublier de proposer les remédiations appropriées. Illustrés de nombreux exemples, négatifs comme positifs, ces textes représentent donc un passage obligé qu’on aurait tort de négliger. Voir sur l’ENT les documents PDF intitulés : B21-B41 - Rapports de Jury CAFEP 2011-2012 et B21-B41 - Rapports de Jury PLP 2011-2012 Le site ETUDES LITTERAIRES.com a réalisé une fiche de synthèse qui reprend les principaux éléments à prendre en compte pour réussir cette épreuve (commune au CAPES et à l’AGREGATION). Cette page intitulée Réussir l’explication de textes à l’oral des concours du Capes et des Agrégations de lettres résume la première partie du chapitre introductif d’un ouvrage que l’on pourra lire avec profit : L’explication de textes littéraires (Y. Baudelle, C. Leroy et D. Viart, sous la direction de P. Renard), Ellipses, 1996. La voici : (http://www.etudes-litteraires.com/concours/oral-explication-texte.php) Les compétences nécessaires : L’explication de textes évalue trois qualités indispensables à l’enseignement de la littérature : - Les connaissances culturelles - La compétence critique - L’aptitude à communiquer I. Les connaissances culturelles - ce qu’il faut maîtriser : - L’histoire littéraire, la connaissance des formes et des genres. - L’histoire de France. - L’histoire des mentalités. Il faut aussi : - Être capable d’identifier les références mythologiques et bibliques. - Avoir des connaissances en littératures étrangères. Par exemple : le picaresque espagnol, le roman noir anglais, le Sturm und Drang allemand, Homère, Virgile, Shakespeare, Cervantès, Dostoïevski, Faulkner, Kafka, etc. - Avoir des connaissances en grammaire, syntaxe et en sémantique historiques. Il est impératif de connaître les textes littéraires constituant notre patrimoine culturel. Pour vérifier vos connaissances, la consultation des manuels scolaires et des anthologies est nécessaire. Il est ainsi aisé de déceler vos lacunes. 3
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Attention : s’en tenir au texte Il est par ailleurs conseillé de faire bon usage de sa culture : l’explication de textes est une épreuve littéraire et ne consiste pas à étudier un texte selon une grille de lecture exclusivement historique, philosophique, sociologique ou psychanalytique. II. La compétence critique - ce qu’il faut connaître : - La terminologie rhétorique, poétique, narratologique et dramaturgique. - Les grandes catégories de la littérature : les registres pathétique, lyrique, élégiaque, tragique, dramatique, épique… ; le discours et le récit, la narration et la description, etc. - Une bonne explication fait travailler conjointement stylistique, narratologie, intertextualité… Attention : être méthodique - Ne pas tomber dans le piège de la paraphrase. - Étudier le lexique du texte (niveau de langue, registre sémantique, champ lexical, dénotations et connotations), la syntaxe (type de phrases, liaisons, enchaînements, privilège accordé à certains mots (substantifs, verbes, adjectifs), modalités et modalisations, modes et temps verbaux, structures personnelles ou impersonnelles, jeu des pronoms, tournures passives ou actives, etc.), la prosodie et la métrique (jeu des mètres et des rythmes, des rimes, forme et disposition des vers, etc.), les figures de style, le jeu des sonorités. - Examiner le paratexte. - Adapter son explication selon qu’il s’agit d’un texte argumentatif, romanesque, théâtral ou poétique. Tout ce qui est mentionné doit être expliqué. L’explication de textes doit être organisée : elle n’est pas un catalogue de remarques juxtaposées. → L’élaboration d’une perspective de lecture (ou idée directrice ou projet de lecture ou problématique) est essentielle. III. L’aptitude à communiquer - Ne pas lire l’intégralité de son explication. - La voix doit être posée. - Il faut regarder l’auditoire. - Ne parler ni trop vite ni trop lentement, et éviter le ton monocorde. - Veiller à parler correctement, et éviter la répétition des mêmes tournures (par exemple, le présent de l’indicatif est préférable au futur périphrastique). Conseil pratique : pour ne pas s’embrouiller dans son explication, numérotez vos feuilles de note et n’écrivez que sur le verso. 4
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Quelques rappels utiles ! ENONCIATION LEXIQUE MUSICALITE STYLE LOGIQUE le texte se situe où ? de quoi parle-t-on ? comment l’auteur exprime-t-il sa pensée ? quel est le type d’énoncé quand ? quel est le thème développé quelles sont les marques de sa sensibilité ? dominant du texte ? qui parle ? à qui ? de qui ? dans le texte ? veut-il insister sur une idée … quelle est la progression quelle idée nous donne-t-on des quels sont les thèmes ou l’opposer à une autre ? thématique dominante du QUESTIONS actants ? secondaires ? veut-il permettre au lecteur de se représenter son idée ? texte ? de quel point de vue ? quels niveaux de signification d’accéder par l’imagination à son univers personnel ? quelle est la stratégie avec quelle intention ? peut-on mettre en évidence ? avec quelle visée s’écarte-t-il volontairement de la norme argumentative de l’auteur ? avec quel degré d’implication ? pour produire des effets de style ? quels sont les registres correspondant à ces choix ? Valeurs des temps / modes / voix Construction / formation / évolution Ponctuation Images : comparé / comparant Formes verbales conjuguées et non Compléments de verbe (cas sujet – cas des mots Repérage des séquences rythmiques Insistances : mot, phrase, conjuguées objet – cas circonstanciel) Significations – Evolution lexicale et phoniques structure, idée Phrase et proposition GRAMMAIRE Groupe nominal (noms / pronoms / Grammaire de texte et isotopies : de Classement des voyelles et des Norme et écart Mots introducteurs (subordonnants) déterminants) l’explicite à l’implicite consonnes Analyse logique / schéma logique Expansions du nom / Degrés de Éléments de versification et de l’adjectif prosodie Discours rapporté direct / indirect / indirect libre 1 2 3 4 5 Repères spatio-temporels Signifié-Signifiant Itérations rythmiques Figures de construction Choix syntaxiques : (homonymes – synonymes - (insistance – opposition) types d’énoncés antonymes) (coupé – affectif – logique – oratoire) ANALYSE Identités des actants Réseau lexical Itérations phoniques Figures de sens Choix structurels : progressions (représentation – caractérisation) (champ – sous-champs) (sonorités) (analogie – substitution) thématiques (thème constant – linéaire – dérivé) Modalisation Réseau sémantique Prosodie Figures de pensée : Connecteurs chronologiques (dénotation – connotations) Versification (double langage - implicite) et logiques DOMAINE SITUATIONS INTERPRÉTATION IMITATION MODIFICATIONS DE LA RAISONNEMENT D’ÉNONCIATION DES ÉNONCÉS ÉVOCATION NORME : ÉCARTS PERSUASION 5
- Conjonction de malheurs - Comique exagéré, - Provoque le rire, - Suite prédéfinie - Suite - Effet de réel voulu - Expression passionnée - Surnaturel ≠ réalisme extravagant, souvent l’amusement d’étapes déterminées désordonnée - Description des sentiments - Misère et douleur morale - Figures de sens : métaphores d’événements - Souffrance physique MASTER ridicule, bouffon 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 - Divertissement - Importance du Destin minutieuse et personnels - Intervention d’êtres (allégories), UEB21/B41 - Décalage : ton plaisant, drôle ≠ libre-arbitre, choix nombreux et variés fidèle, authentique - Importance du « je », - Plainte qui inspire pitié et de moyens prodigieux familier, vulgaire ≠ - Modification de - Situation désastreuse, - Évolution - Nombreux subjectivité compassion (dérisoire) - Irrationnel déstabilise le sujet noble et élevé l’ordre attendu des terrible, désespérée chronologique G.Nom. + - Thèmes existentiels - Champ lexical de lecteur - Mélange des choses : effet de - Mort finale, sort - Schéma narratif - expansions variées (vie, mort, temps…) l’émotion négative : FANTASTIQUE : présence de genres surprise, décalage et funeste - Importance de - Langage courant - Exaltation, effusion bouleversant, poignant phénomènes inquiétants au - Caricature quiproquo - Absurde : figures de l’action (drama) ou typique émotionnelle quotidien lexique normal / - Masque et travesti - Jeu de mots, pensée (paradoxes, péripéties, danger - Cadre pittoresque - Plénitude des Figures de pensée anormal - Etrange : inspire - Gestuelle triviale humour oxymores…) - Présente le sensations perçues angoisse et peur PATHETIQUE Ponctuation expressive ? ! - Excès, démesure - Différentes formes Suscite l’intérêt, monde, l’homme et - Lexique appréciatif …) ≠ MERVEILLEUX : proche du utilise le suspense la société sans - Ponctuation expressive féérique, caractère fabuleux et Réécriture parodique TRAGIQUE DRAMATIQUE fards prodigieux ; inspire l’admiration - Faits mémorables (farce, guignol…) COMIQUE - Exploits de héros - Quête d’un idéal REALISTE LYRIQUE FANTASTIQUE ≠ - Présence de combat BURLESQUE MERVEILLEUX - Situations, êtres extraordinaires COHÉRENCE DE COHÉRENCE - Défis exceptionnels NARRATION D’ÉVOCATION - Exagérations : hyperboles, hyperréalisme Raconter / Décrire dans EPIQUE LES REGISTRES les genres narratifs Roman, nouvelle Théâtre Épopée Évoquer l’imaginaire Transformer le réel (atténuation exagération) Poésie COHÉRENCE Narration/Description non réaliste D’EXPOSITION LAUDATIF Exposer une thèse, SATIRIQUE argumenter Convaincre, IRONIQUE POLEMIQUE DIDACTIQUE persuader un ORATOIRE interlocuteur - Exprime une - Expose une idée Discuter, délibérer louange admirative critique avec virulence - Contraire à ce - Eloquence, talent de Littérature - Eloge d’une et indignation - Controverse personne ou d’un - S’exprime par une qu’on attendrait, traduisant des - Discours démonstratif l’orateur (rhétorique) d’idées destiné à instruire (leçon) objet, compliments moquerie, une raillerie dissonant opinions contraires - Discours public : - Jugement de caustiques - Formulation - Clarté du message mobilisation de l’auditoire - Débat contradictoire valeur positif, voire - Vocabulaire familier, inverse, antiphrases explicatif (enseignement) - Dialogue agressif - Gestuelle emphatique flatteur incisif et mordant, - Double énonciation - Structure, plan apparent lexique dépréciatif - ---- - Défense violente de - Appel aux sentiments, - Figures de sens : - Usage de - Méthode, procédés images valorisantes - Complicité amusée valeurs menacées élan affectif maîtrisé - Lexique appréciatif du lecteur, médisance 6 l’implicite, du sous- - Querelle, conflit - Lexique technique - Objectif : persuader, faire entendu - Enchaînement - Exagération - Portraits critiques, Ironie provocante partager une émotion pour arguments « ad - Complicité avec le ponctuation logique ( : ; ) éloge dithyrambique - Lexique dépréciatif emporter l’adhésion hominem » destinataire et connecteurs logiques - Joute oratoire : 2 orateurs détracteur, diffamant Figures de construction
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Une nécessaire cohérence : trouver un « bon plan » Il existe traditionnellement deux façons d’aborder un texte littéraire, que l’on oppose souvent l’une à l’autre : l’explication linéaire, qui suit l’ordre du texte et en explique les points essentiels en respectant le développement, la progression du passage. L’explication thématique, qui choisit des centres d’intérêt et « déconstruit » le texte pour le recomposer en traitant successivement ces thèmes appliqués à l’ensemble du texte (c’est le cas du Commentaire « composé » littéraire à l’Ecrit de Français du BAC). Chacune de ces deux méthodes présente des avantages, mais aussi des inconvénients qu’on ne peut ignorer, surtout dans le cadre d’une épreuve en temps limité, qu’elle soit écrite ou orale : l’explication linéaire peut prendre trop de temps, surtout si le texte est long et que l’on a tendance à détailler les remarques d’analyse littéraire, produisant ainsi une masse d’informations difficile à synthétiser ; mais l’explication thématique reste souvent trop floue, et se perd parfois dans des considérations sans rapport avec le sens véritable du texte. Pourtant, la lecture analytique pratiquée dans les classes de lycée invite les élèves – et leurs professeurs – à sortir de cette dualité restrictive : « La lecture analytique a pour but la construction détaillée de la signification d’un texte. Elle constitue donc un travail d’interprétation. Elle vise à développer la capacité d’analyses critiques autonomes. Elle peut s’appliquer à des textes de longueurs variées et ne suppose pas une méthode particulière d’explication : il s’agit d’amener les élèves à formuler des hypothèses de sens que leur lecture va confirmer ou infirmer. » (BO du 5/6/2001) La lecture analytique est donc l'étude et l'explication organisée d'un texte littéraire. L'adjectif « organisée » suppose que l'interprétation du texte, l'explication consiste en un exposé clair comprenant une introduction, un développement en plusieurs parties reliées entre elles par des transitions et une conclusion… bref, il s’agit bien d’un exercice argumentatif, destiné à convaincre… les examinateurs et les membres du jury ! Au-delà de la nécessaire explication littérale du passage, il s'agit de dégager la spécificité et les enjeux du texte, son originalité - qui peut se réaliser dans la forme, dans le sujet, dans la façon de le traiter ou encore dans l'intention de l'auteur. Mais comment parvenir à trouver, assez rapidement, un plan signifiant, recevable et opératoire pour un texte donné ? Le problème est donc le suivant : comment décider dès la première lecture d'une problématique et d’un plan avec les meilleures chances de donner du texte une explication à la fois approfondie, fidèle et cohérente ? La méthode d’explication de texte qui va suivre est fondée sur le choix pertinent d'une approche du texte concerné qui privilégie une perspective de lecture, une ligne directrice à laquelle les analyses des références textuelles et leurs interprétations viendront se rattacher. Elle met en évidence les différents types d'approches correspondant à des structures textuelles identifiables. Le choix d'une approche efficace est lié à celui d'un chemin d'accès dont le schéma qui suit retrace les étapes successives ; l'application de critères déterminants permet de se diriger aux intersections dans le sens imposé par l'aspect fondamental du texte étudié. L'exploration de ces chemins et l'analyse des contenus structurels, stylistiques, syntaxiques et lexicaux qui leur sont associés constitue le corps de l'étude qui va suivre. 7
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 GRAPHE DE DECISION PROGRESSIVE DEGRESSIVE Enchaînement Intensité Ap. EVOLUTIVE CIRCONFLEXE chronologique ou RECURRENTE logique reconnaissable Ap. LINEAIRE DECLARATIVE Pas d'intensité Ap. LOGIQUE ALGORITHMIQUE ARGUMENTATIVE Etude de Texte (Approches) SYMETRIQUE F. de construction ANTITHETIQUE Style Ap. STYLISTIQUE PARADOXALE Ensemble déstructuré Ap. SYNTHETIQUE F. de sens METAPHORIQUE de combinaisons variées Axe paradigmatique ISOTOPIQUE Pas de style Ap. LEXICALE Axe syntagmatique DESCRIPTIVE 8
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 LECTURE DU GRAPHE DE DECISION (0) Lire le texte Le temps a-t-il une influence sur le déroulement du texte ? (chronologie structurelle) Oui approche linéaire Non approche thématique (1) Approche linéaire L'intensité dramatique (action) et/ou affective (sentiments) varie-t-elle en fonction du temps ? Oui approche linéaire évolutive Non approche linéaire logique Approche linéaire évolutive : progressive : la tension augmente à mesure que le temps passe dégressive : la tension diminue à mesure que le temps passe circonflexe : la tension augmente puis diminue (ou l’inverse) récurrente : la tension est la même au début et à la fin du texte après un certain nombre de variations et forme un cycle Approche linéaire logique : déclarative : l'auteur affirme (ou infirme) plusieurs énoncés successifs sans ordre particulier algorithmique : l’auteur énonce plusieurs idées ordonnées pour atteindre un but particulier argumentative : l’auteur développe une thèse et/ou une antithèse 9
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 (2) Approche synthétique Remarque-t-on dans le texte la récurrence d'un ou de plusieurs éléments stylistiques redondants ? Oui approche synthétique stylistique Non approche synthétique lexicale Approche synthétique stylistique anaphorique : l'auteur a mis l'accent sur des figures de construction symétrique : idées convergentes antithétique : idées divergentes paradoxale : convergence et divergence métaphorique : l’auteur a mis l’accent sur des figures de sens Approche synthétique lexicale isotopique : le thème central comporte plusieurs niveaux de lecture (de l’explicite à l’implicite) descriptive : les différents thèmes permettent de construire une description (des perceptions aux impressions) Dans les pages suivantes, sont représentés les différents « plans-types » possibles. Les exemples qui suivent appliquent cette méthode à différents textes appartenant à une même œuvre : les Petites Proses de Michel TOURNIER (1986). 10
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Plans linéaires évolutifs Etape 3 Etape 1 Etape 2 Etape 2 Etape 1 Etape 3 AXE 3 AXE 1 AXE 2 AXE 2 PROGRESSIF AXE 1 DEGRESSIF AXE 3 Paroxystique positive Récurrence Paroxysme AXE 1 AXE 3 Progression Dégression AXE 2 RECURRENTE Paroxystique négative CIRCONFLEXE (CYCLIQUE) AXE 1 AXE 3 AXE 2 11
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Plans linéaires logiques Etape 1 Etape 2 Etape 3 A B C D E F G DECLARATIF 1 AXE 2 AXE 3 ET/NI ET/NI Etape 1 Etape 2 Etape 3 : but A B C D E F G ALGORITHMIQUE D’ABORD AXE 1 PUIS AXE 2 POUR AXE 3 Etape 1 Etape 2 Etape 3 A B C D E F G ARGUMENTATIF AXE 1 OR/CAR AXE 2 MAIS/DONC AXE 3 12
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Plans synthétiques stylistiques ANAPHORIQUE SYMETRIQUE ANTITHETIQUE PARADOXAL AXE 1 A AXE 1 A AXE 1 A // B AXE 2 // B AXE 2 ≠B AXE 2 A≠B AXE 3 AXE 3 AXE 3 Figures de Pensée // Figures de Pensée ≠ Paradoxe METAPHORIQUE AXE 1 Comparé Réalité (= Isotopie 1) AXE 2 Comparant Imaginaire (= Isotopie 2) AXE 3 Motif Abstraction (= Isotopie 3) 13
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Plans synthétiques lexicaux ISOTOPIQUE AXE 1 Isotopie de niveau 1 : expression de la littéralité du texte (premier degré) - lecture "naïve" explicite AXE 2 Isotopie de niveau 2 : évocation de la spécificité du texte (second degré) - lecture sélective intermédiaire AXE 3 Isotopie de niveau 3 : intérêt abstrait du passage (troisième degré) - lecture culturelle (philosophie, histoire, religion, arts…) implicite DESCRIPTIF AXE 1 Réseau lexical principal : thème A – portrait ou paysage Analyse des champs lexicaux associés (liaison) AXE 2 Réseau lexical secondaire : thème B – dimension imaginaire Analyse des figures de sens associées (liaison) AXE 3 Réseau lexical : thème C – atmosphère, impression donnée au lecteur, Analyse des figures de pensée et de musicalité 14
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 TOURNIER – (« Corps » - Petites Proses) – 1986 « Mon œuf et moi » On entend souvent dire que la carte de la terre ne comprend plus aucune zone blanche, que notre planète se trouve désormais totalement explorée, fouillée, recensée et que c'est bien triste parce que la découverte et l’aventure sont devenues impossibles. J'écoute ce genre de discours d'une oreille distraite, car de l'autre oreille j'entends mille rumeurs venues de mon jardin et de mon village, si peu connus l'un et l'autre, si mal explorés, fouillés, recensés l'un et l'autre qu'une vie n'y suffirait pas. Et puis j'ai sous mon bonnet un gros œuf gris et blanc qui constitue à lui seul un continent, mieux une planète, mieux un système solaire dont l'exploration à peine entreprise nous invite au voyage le plus formidable, le plus vertigineux. Ce voyage, la neurologie nous y invite, mais en même temps, elle le sème d'écueils. Par exemple, le vieillissement. J'ai inauguré mes premières lunettes il y a peu de temps. Or voici qu'on m'annonce des nouvelles concernant mon cerveau tout à fait alarmantes. Ses cellules, me dit-on, ne se renouvellent pas, et elles meurent à raison de dix mille par jour. Et cela depuis ma naissance. Bref mon œuf gris et blanc fond sur ma tête, comme neige au soleil. Einstein disait : « Pour marcher au pas, point n'est besoin de cerveau, la moelle épinière suffit. » Est-ce à dire que bientôt je ne marcherai plus qu'au pas ? Alors là, je me rebiffe. Marcher au pas ? Je l'ai assez fait dans mon enfance. Comme beaucoup de jeunes, j'adorais les clans, les embrigadements, les mots d'ordre. Et puis, en vieillissant, j'ai commencé à secouer tout cela. J'ai balancé par-dessus bord les familles et les idéologies. J'ai cessé d'avoir peur de la solitude, de l'indépendance, des risques impliqués nécessairement par l'invention. Et à quarante ans, je me suis mis à écrire des livres, des livres que j'aurais été bien incapable de seulement imaginer quand j'avais vingt ans. Alors je dis : le cerveau tout neuf du bébé, oui. Mais l'apprentissage, l'expérience, la recherche tâtonnante, patiente, étendue sur toute une vie, cela compte aussi. Il y a d'abord le donné, et avec cela, on construit, on se construit. Problématique TPS LIN non INT LOG argumentative ID = Il s’agit d’un texte argumentatif (système énonciatif d’exposition dominant) dont la notion pôle est la connaissance ; présence de connexions logiques et d’un raisonnement dialectique répondant à une problématique : quelles sont les limites de la connaissance humaine ? Plan 1 – Thèse = constat : universalité de la connaissance : 2 – Antithèse (« mais ») = doute : prise de conscience 3 – Synthèse (« alors ») = affirmation qui transcende les deux autres avis : exploration des deux infinis (macrocosme – microcosme) d’une dégénérescence liée au temps. accession à un niveau de connaissance supérieur possible 15
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 TOURNIER – (« Enfants » - Petites Proses) – 1986 « Ombre » Ombre. Le chemin de la vie va d'est en ouest. L'enfant marche le dos au soleil levant. Malgré sa petite taille, une ombre immense le précède. C'est son avenir, caverne à la fois béante et écrasée, pleine de promesses et de menaces, vers laquelle il se dirige, obéissant à ce qu'on appelle justement ses « aspirations ». A midi, le soleil se trouvant au zénith, l'ombre s'est entièrement résorbée sous les pieds de l'adulte. L’homme accompli s'absorbe dans les urgences du moment. Son avenir ne l'attire ni ne l'inquiète. Son passé n'alourdit pas encore sa marche. Il ignore la nostalgie des années défuntes, comme l'appréhension du lendemain. Il fait confiance au présent, son contemporain, son ami, son frère. Mais le soleil basculant vers l'occident, l'ombre de l'homme mûr naît et croît derrière lui. Il traîne désormais à ses pieds un poids de souvenirs de plus en plus lourd, l'ombre de tous ceux qu'il a aimés et perdus s'ajoutant à la sienne. D'ailleurs, il avance de plus en plus lentement, et s'amenuise à mesure que grandit son passé. Un jour vient où l'ombre pèse au point que l'homme doit s'arrêter. Alors il disparaît. Il devient tout entier une ombre, livrée sans merci aux vivants. Problématique TPS LIN INT EVOL paroxystique LD = Représentation métaphorique de la vie humaine, suivant ses trois « âges » correspondant à trois moments de la journée ; l’intensité du texte atteint son paroxysme dans la force de l’homme adulte, qui s’oppose à la faiblesse de l’enfant et du vieillard. Plan 1 – L’enfance est symbolisée par le soleil levant ; la vie 2 – L’âge adulte est symbolisé par le soleil à son zénith ; 3 – La vieillesse est symbolisée par le soleil couchant ; le passé pèse de de l’enfant est devant lui, encore inconnue ; tout est l’adulte vit pleinement dans l’instant présent, tout lui tout son poids et entraîne l’homme vers sa mort. possible semble clair et simple 16
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 TOURNIER – (« Paysages » - Petites Proses) – 1986 « Vue de Normandie » Les souvenirs -comme les plantes -« prennent » dans certaines terres, dépérissent et disparaissent dans d'autres. Depuis trente ans que je passe une partie de la belle saison dans cette pluvieuse et grasse Normandie, de combien d'heures ardentes ou désolées, ou simplement attentives, émerveillées ou de pure contemplation, n'ai-je pas nourri ces herbages, ces vergers, ces vallons bocagers, ces falaises, ces rivages ? Et pourtant, c'est trop peu dire qu'il ne reste presque rien de cette vie passée. Alors que telle ville souabe, telle hauteur de la Forêt-Noire, tel hameau bourguignon, telle plage bretonne, tel lac suisse me submergent d'images et d'émotions dès que je retombe sous leur charme -au point que je dois sans cesse lutter contre la tentation de maniaques pèlerinages vers ces lieux bénis -, ici pas une trace, pas une relique, pas un fantôme. Les jours passés tombent dans cette herbe haute et s'y perdent à jamais, absorbés sans reste pour cette terre avide et généreuse. La prairie normande agit comme une tunique stomacale, chaque graminée comme une papille digestive, dissolvant la pomme blette, la feuille sèche, l'oiseau mort, le nid tombé avec sa fragile cargaison d’œufs mouchetés, la poupée oubliée, les larmes, les rires, les souvenirs. Seuls les déserts peuvent conserver pendant des millénaires bijoux, pains d'épeautre et vierges momifiées. Chaque année, la puissante Normandie efface tout et recommence, et nous entraîne malgré nous vers l'avenir, vers des aventures neuves, vers une jeunesse verte. Dès lors comment ne pas se sentir en froid avec cette province trop riche pour cultiver le souvenir, trop saine pour s'attarder au regret ? Mais comment aussi ne pas revenir à elle pour nous laver de nos rêves et pour prendre avec elle le parti de vivre ? Rebutante et revigorante Normandie ! Problématique NON TPS SYNTH NON RED LEX TH Unique Isotopique ID = L’évocation de la campagne normande et de ses caractéristiques met en évidence sa particularité aux yeux de l’auteur : elle possède la faculté d’ « absorber » le passé et d’en faire table rase. Ainsi, elle constitue une allégorie de l’éternelle renaissance de la Nature, ressentie comme un paradoxe par l’humanité. Plan 1- Tournier décrit la campagne normande en évoquant ses 2- La capacité de néantisation de la Normandie est 3- La Normandie représente un véritable paradoxe, dans la paysages, sa flore et sa faune. Il la caractérise comme un lieu particulièrement importante : contrairement à d’autres lieux mesure où la faculté d’oublier peut être considérée comme la d’abondance et de fertilité. connus pour leur rôle de mémorisation, elle se régénère en meilleure et la pire des choses. permanence. 17
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 TOURNIER – (« Images » - Petites Proses) – 1986 « Le Rouge et le Blanc » Ils font équipe sur la piste du cirque, mais ils sont bien différents. Le clown blanc, habillé de soie, poudré à frimas, un sourcil relevé très haut sur son front comme un point d'interrogation, chaussé de fins escarpins vernis, les mollets cambrés dans des bas arachnéens, a toute l'élégance hautaine d'un seigneur. La trogne poivrote et le nez en pomme de terre du clown rouge, sa large bouche, ses yeux ahuris, sa démarche embarrassée par ses énormes croquenots, tout trahit chez lui le niais, le rustaud, la tête de Turc sur laquelle vont pleuvoir les coups et les lazzis. Car ces deux clowns incarnent deux esthétiques tout opposées du rire. Le blanc cultive l'insolence, le persiflage, l'ironie, le propos à double sens. C'est un maître du second degré. Il fait rire des autres, d'un autre de préférence, le clown rouge, l'auguste. Mais lui garde ses distances, il reste intact, hors d'atteinte, le rire qu'il déchaîne ne l'éclabousse pas, c'est une douche destinée au rouge, qui est là pour encaisser. Ce rouge s'offre à tous les coups en poussant son discours, son accoutrement et sa mimique au comble du grotesque. Il n'a pas le droit d'être beau, spirituel, ni même pitoyable, cela nuirait à la sorte de rire qu'il a pour fonction de soulever. Rien n'est trop distingué pour le blanc : plumes et duvets, dentelles et taffetas, strass et paillettes. Rien n'est assez burlesque pour le rouge : perruque tournante, crâne de carton sonore, plastron géant et manchettes de celluloïd. Aussi bien ces deux personnages symbolisent-ils deux attitudes opposées devant la vie, et tous, tant que nous sommes, nous décidons à chaque moment d'être blanc ou d'être rouge face aux situations de l'existence. Nous pouvons nous frapper la poitrine -soit pour nous accuser, soit par défi orgueilleux -, attirer sur nous les regards et les cris, nous désigner à l'admiration ou à la vindicte des foules. C'est le parti pris rouge d'un Rousseau ou d'un Napoléon, de tous les gens de théâtre et de tous les tyrans. Au contraire, le parti pris blanc d'un Voltaire ou d'un Talleyrand fait les témoins sarcastiques de leur temps, les diplomates, les calculateurs, tous ceux qui veulent observer et manœuvrer sans s'exposer, gagner sans mettre en jeu leur liberté, leurs biens ni leur personne. Problématique Non TPS SYNTH RED STYL F Ins ANAPH antithétique ID = Tournier oppose, à travers les clowns du cirque, deux types d’hommes totalement contrastés, qui représentent des facettes antithétiques de l’être humain. Plan 1- Le clown rouge : description physique et étude du 2- Le clown blanc : description physique et comportement – 3- Mise en évidence du paradoxe : tout homme correspond comportement – Extraverti jusqu’au ridicule, voyant et Introverti, il choisit la discrétion et cultive le sous-entendu, ce dans une certaine mesure à l’un de ces deux types bruyant, il est volontaire et actif, mais sans pouvoir effectif. qui lui donne beaucoup de crédibilité et un pouvoir important. antagonistes, mais complémentaires. L’existence de l’un ne se justifie que par l’existence de l’autre. 18
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 Donner tout son sens à la question de grammaire Les concours de comportent dorénavant, à l'écrit et/ou à l'oral, une question de grammaire. Dans l'optique de ces concours, ces questions sont appliquées à un texte littéraire de 1500 à nos jours, relevant des grands genres de la littérature française : poésie, théâtre, roman et littérature d'idées. L'une des difficultés de cette épreuve réside dans l'application de connaissances grammaticales à l'énoncé très particulier que constitue le texte littéraire : il faut traiter la question posée sans la dissocier d'une réflexion critique argumentée, attentive aux spécificités de chaque texte, de chaque auteur, de chaque siècle… a) Avant de commencer un devoir : l'analyse ! D'abord, et avant tout, il est très important de lire le texte proposé à l'analyse, avec attention, et plusieurs fois, après avoir examiné aussi soigneusement la question posée. Sachez que la question comporte d'une certaine façon toujours très précisément des informations sur la problématique que l'on vous demande de développer à travers le devoir. Quelques exemples de sujets possibles et des attentes implicites qu’ils supposent : "Analysez temps et aspects et leur enchaînement dans le texte suivant" o … veut dire que la succession des séquences marqués par leurs temps et leurs aspects est significative ; o cela veut dire encore qu'il faut les étudier dans une perspective de contraste, et que cela doit avoir une signification par rapport au texte ; qu'il y a des "changements" à attendre dans son déroulement qu'on devra mettre en évidence ; o cela veut dire aussi que l'introduction - qui sera d'ailleurs à rédiger complètement à la fin - devra s'achever par une problématique qui intègre cet élément : la recherche de significations liées à la succession des temps et aspects dans l'extrait à analyser "Etudiez le jeu des pronoms personnels dans le texte de X : on examinera les différents pronoms et leurs valeurs référentielles, sans oublier d’évoquer leur lien avec le verbe et les autres éléments de la phrase nécessaires à leur compréhension. o il ne s'agira donc pas d'énumérer simplement les "pronoms personnels" ; o il conviendra de toujours citer et analyser leur contexte : en relation avec le verbe qui suit ou précède, sans négliger le "temps" de ce verbe (penser à la théorie de Benveniste sur temps du discours / temps du récit)... o la "valeur référentielle" amène à réfléchir aux personnes désignées par le pronom : une / plusieurs, incluant ou non le locuteur, en relation de familiarité ou de formalité avec lui, homme ou femme, etc. "Analyser les temps dans l’extrait suivant de X : on soulignera les contrastes entre temps du récit historique et temps du discours." o cela veut dire que la question principale repose sur la répartition "temps du récit / temps du discours" qui vient principalement d'Emile Benveniste (voir cours) o bien sûr, on fera reposer le devoir principalement sur l'analyse de cette question, posée en fin de l'introduction, et le plan du devoir pourra peut-être effectivement être constitué de deux parties : les temps du récit et les temps du discours sans omettre bien sûr, en conclusion de récapituler tout ce qui découle de cette analyse fine (contrastes formels entre narration et dialogue, présence de déictiques / anaphoriques comme conséquences des choix en matière de temps, etc.) 19
MASTER 1 / MASTER 2 LETTRES – 2012/2013 UEB21/B41 b) Le travail préparatoire comporte quatre étapes, toutes indispensables : 1. Relever les formes à analyser (adjectifs du texte, pronoms, formes verbales… selon la question posée) o La pratique habituelle de ce type de relevés devrait permettre à l'examen de se contenter de surligner les formes du texte recherchées, en les pré-classant déjà au moyen de couleurs différentes ; pour les travaux préliminaires effectués chez soi, il est commode de recourir à un tableau pour analyser chaque forme : ce travail d'analyse au fil du texte à étudier est à faire intégralement les premières fois ; bien sûr, il ne doit en aucun cas être remis au correcteur : le travail définitif prend, comme on le verra, une toute autre forme… o Les formes relevées doivent être analysées en contexte. Dresser simplement la liste des pronoms ne présente bien sûr aucun intérêt : on ne peut non seulement rien en tirer pour l'analyse du texte lui-même, si l'on néglige l'environnement de chaque forme… Un exemple : comment peut-on savoir si "le/la" sont des articles (déterminants définis) ou des pronoms si on ne les présente pas en contexte : "la prudence" >< "je la découvrirai" ? o Il s'agit d'étudier un texte, et non pas à propos de ce texte de ressortir un cours ! Tous les exemples, qu'il conviendra d'ailleurs d'exploiter dans l'explication de texte doivent nécessairement être pris dans le texte, et il est parfaitement inutile, pour avoir l'air "savant" de ressortir des exemples pris dans le cours théorique… Toute analyse linguistique est ici faite pour servir la compréhension du texte ! 2. Entreprendre de classer ces formes : o Il ne s'agira surtout pas d'analyser simplement les formes dans l'ordre de leur apparition - ce qui bien sûr amènerait des répétitions insupportables, et interdirait de sortir du sens de l'analyse . o Il est important de choisir un type de classement pertinent pour la question, c’est-à-dire : qui classe tout (pas d’exceptions) qui partitionne correctement l’ensemble : un classement qui mettrait d’un côté deux ou trois éléments et de l'autre une quinzaine est a priori suspect. 3. Dégager le sens du classement et donc la problématique du travail (qui servira pour l’introduction : celle-ci doit se terminer en indiquant clairement la problématique). o Les significations liées au classement et au plan de l’exposé éclairent en même temps et en quelque sorte "naturellement" l’explication du texte. o La problématique, exposée à la fin de l'introduction, sera le fil directeur de tout le travail et devra être reprise dans la conclusion pour montrer concrètement ce qu'elle a amené. 4. Préparer le plan de l’exposé : il est composé d’une introduction, d’un développement et d’une conclusion o Le développement : on ne sera pas esclave d'un nombre théorique de parties (de 2 à 4), il sera fonction du sujet, du texte… Le plan le plus simple est souvent le plus pertinent, à condition qu'il permette bien sûr de rendre compte de toutes les données et soit équilibré. o L’introduction doit définir la notion étudiée et poser la problématique, en la liant à l’explication de texte si celle-ci a précédé l’exposé grammatical, puis donner le plan suivi dans le développement o La conclusion rappelle ce qu’a dégagé l’analyse et s’achève, soit sur l’introduction de l’explication de texte si celle-ci suit l’exposé, soit en ouvrant vers des questions ou une problématique nouvelle (pour la lecture de l’auteur en question, ou bien tout autre signification qui peut apparaître significative…). 20
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