L'HUMOUR PRIS AU SÉRIEUX - COSTANZO François - CMDI
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COSTANZO François Promotion 2013-2016 Travail Écrit, mémoire de Fin d’Études UE 3.4 S6 et 5.6 S6 L’HUMOUR PRIS AU SÉRIEUX Institut de Formation aux Métiers de la Santé Reproduction interdite Centre Hospitalier de Valenciennes
PLAN Introduction Page 2 1- De la situation d’appel à la question de départ 1.1 Description des situations d’appel page 3 1.2 Analyse, questionnement page 5 1.3 Question de départ page 6 2- Cadre conceptuel 2.1 Définition page 7 2.2 Fonction de l’humour page 7 2.3 Différents types d’humour page 7 2.4 L’impact de l’humour sur la personne page 8 2.5 Différence entre humour et rire page 9 2.6 Humour et culture page 9 2.7 L’humour : moyen thérapeutique page 10 2.8 L’humour entre collègues page 11 2.9 Humour et coping page 12 2.10 Empathie et sympathie page 13 2.11 Communication et relation soignant/soignée page 14 3- Cadre législatif page 16 4- Analyse, problématique, hypothèses 4.1 Analyse, questionnement page 18 4.2 Problématique page 20 4.3 Hypothèses envisagées page 20 4.4 Hypothèse retenue page 21
5- Enquête de terrain 5.1 Présentation du dispositif et des modalités d’enquête page 22 5.2 Lieu d’enquête page 22 5.3 Les critères d’inclusion page 23 5.4 Les critères d’exclusion page 23 5.5 Difficultés de l’enquête page 24 5.6 Limite de l’enquête page 24 6- Analyse de l’enquête de terrain 6.1 Analyse page 25 6.2 Résultat de l’analyse page 30 7- Discussion page 31 Conclusion page 32 Bibliographie Annexes Mots clefs : coping, sympathie, humour, empathie, rire.
« L’humour tend à relâcher la tension provoquée par le conflit d’une manière qui permet à tout le monde d’en bénéficier » Christophe Perry 1
Introduction. Le choix d’un sujet de mémoire n’est pas une chose anodine, il doit être issu d’un questionnement personnel et intellectuel. Ce travail de fin d’étude me sera utile en tant que futur professionnel responsable et attentif de mes performances envers les futurs patients. Préalablement à mon entrée à l’institut de formation aux métiers de la santé, j’ai effectué le métier d’aide soignant. Durant ces années, sans formation ni notion, j’ai toujours privilégié le coté relationnel lors de soins envers la personne hospitalisée, qui reste pour moi un pilier de notre métier. Afin de comprendre et de maitriser au mieux ce savoir être avec les patients, j’ai voulu centrer mon sujet de mémoire sur ce thème afin de maximiser ma future posture professionnelle. La thérapie par le rire est assez connue en service de pédiatrie mais qu’en est-il chez les adultes et plus particulièrement chez les personnes âgées ? Un résident de maison de retraite ne peut pas être assimilé à un objet de soins, il écoute, entend, regarde et analyse les soignants dans les situations de soins dans lesquelles il est confronté. Si la maîtrise technique des gestes médicaux est primordiale, les compétences relationnelles sont à prendre en considération. C’est pour cela que le thème de mon sujet de mémoire me tenait à cœur. Dans un premier temps, j’ai commencé mon mémoire par la rédaction de deux situations d’appel que j’ai analysé pour y dégager une question de départ. De là, s’est dégagé un cadre théorique se composant d’un cadre conceptuel et d’un cadre législatif. Mon analyse de ce cadre m’emmènera vers une problématique et une hypothèse de travail. Ensuite, l’enquête de terrain me dirigera vers son analyse pour ensuite m’orienter vers une discussion. Je terminerai mon travail de fin d’étude par une conclusion, qui nous donnera des pistes de travail afin de poursuivre la réflexion. 2
1. De la situation d’appel à la question de départ 1.1 Description de la situation d’appel Ma première situation d’appel, se déroule lors de mon emploi saisonnier de juillet à aout 2015 où j’occupais un poste en tant qu’aide soignant. Le service où j’exerçais regroupe toutes sortes de pathologies, celles-ci sont neurologiques, cardiaques ou traumatiques, Ce service est qualifié de service « polypathologique ». Une patiente, d’un âge avancé, rentrée quelques jours auparavant pour malaises répétitifs à domicile. Elle ne voulait pas se lever de son lit. Elle expliquait ce refus par le fait : « d’avoir peur de faire un malaise », après lui avoir énoncé les effets néfastes d’un alitement prolongé et l’avoir convaincue à se mettre au bord du lit, la patiente me signale que sa tête « tourne », il est vrai que à la suite de cette remarque, j’aurais du avoir une posture professionnelle (recoucher la patiente et prise de tension artérielle), mais j’ai préféré avoir une tout autre attitude : je lui ai dit en souriant : « ça tourne dans quel sens ? à gauche ou à droite », la patiente a bien ri à mon interrogation et me rétorqua « Avec vous, c’est bien parce que rire c’est guérir, la journée n’est pas morose ». J’ai pu constater que la patiente n’avait en réalité pas de vertige à ce moment précis. Ma plaisanterie avait amoindri ses craintes de tomber. Avec mon aide, elle a pu se lever et s’installer sur le fauteuil. Ma seconde situation se déroule durant mon premier stage de troisième année. J’ai effectué ce stage en maison de retraite. Nous sommes mercredi, c’est le jour des pansements, je dois effectuer les différents pansements du secteur que j’ai en charge, je rentre dans la chambre de Madame X, une résidente coquette d’environ soixante-dix ans présentant un ulcère à la jambe droite, la résidente me signale sa gêne à être soignée par un homme. Sachant qu’il était impossible de pouvoir demander à une infirmière d’effectuer le soin faute de surcharge de travail, j’ai préféré répondre à la résidente « mais je ne suis pas un homme, bon d’accord je ne me suis pas rasé ». La résidente a bien ri, son malaise n’était pas ciblé sur le fait que je suis un homme mais plus sur mon manque de pratique (étudiant infirmier) et sur son manque de connaissance sur moi. Le soin a pu se faire est à chaque fois que nous nous voyions, elle rigolait de ma boutade en me disant que j’étais « belle ». 3
« Tout changement sur le plan relationnel commence au fond de soi et se poursuit par un pas vers l’autre. » Margot Phaneuf 4
1.2 Analyse et questionnement Dans la première situation, l’humour est utilisé comme moyen d’apaisement vis à vis d’une crainte ressentie par la personne ; crainte ne permettant pas le soin ; La patiente ne voulait pas se lever, la peur d’avoir un malaise l’envahissait. En gardant une distance professionnelle, j’ai créé au moyen de l’humour une sorte de climat de confiance et de ce fait la patiente a accepté de se lever. Dans la seconde situation, le refus de soin est lié à un manque de confiance ressenti par la résidente. C’est le fait d’être face à un stagiaire qui déstabilise la résidente. L’ouverture à la communication, à travers l’utilisation d’humour, permet l’ouverture à la pratique du soin. Ces situations sont étroitement liées et me permettent de m’interroger sur la place de l’humour durant les soins. Nous remarquons que ces deux situations sont en corrélation avec des conditions de soins relationnels et tout particulièrement lors de non acceptation de soins. Nous pouvons remarquer que l’humour est utilisé comme une négociation face au refus de soin exprimé par le patient. Néanmoins, lorsqu’il utilise l’humour, un professionnel de santé se doit d’avoir une posture professionnelle ainsi qu’une posture réflexive. Le sérieux doit rester maître et l’humour doit être utilisé comme un outil. En effet on ne peut pas rire de la maladie, de la souffrance ressentie par le patient. Pierre Desproges disait « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde». La neutralité bienveillante consiste à opérer un contrôle sur la communication de façon à ne pas exprimer d’avis ou d’opinion. Cette attitude permet d’opérer un climat de confiance et favorise l’expression. L’humour vis-à-vis du patient doit être utilisé dans ce cadre. 5
1.3 Question de départ. Après avoir analysé les situations auxquelles j’ai été confronté, je me suis questionné sur l’utilisation de l’humour dans la profession d’infirmier. En effet, comment et quand l’utiliser ? L’humour est-il utilisé entre collègues ? Comment l’utiliser vis-à-vis des patients ? Peut-on l’utiliser avec tous les soignés ? Existe-t-il des situations où l’on ne peut pas l’utiliser ? Ces questionnements m’ont amenés à développer la question de départ suivante : En quoi l‘humour peut-il être bénéfique dans la relation soignant/soigné chez la personne âgée ? « Nous ne rions pas parce que nous sommes heureux, nous sommes heureux parce que nous rions. » Dr Madan Kataria. 2- Cadre conceptuel La définition du concept selon le Dictionary of nursing theory and research (2011), Powers Bethel Ann & Knapp Thomas « est une stratégie de développement qui permet de clarifier le sens du concept et de développer une définition opérationnelle. » Les concepts incarnent une base dans notre profession, et s’y intéresser est un besoin fondamental à l’exercice de notre fonction. Leurs choix se basent sur le thème de mon sujet d’étude, plusieurs concepts ressortaient de mon analyse, néanmoins il fallut en faire un choix. Dans un premier temps, je développerai l’humour seul et ensuite l’humour en lien avec le coping, l’humour restant le thème principal de mon sujet. Ensuite je définirai les concepts d’empathie et de sympathie, En effet, ces deux concepts se réfèrent à des processus d’identification lors de la relation entre le soignant et le soigné. Cependant, ils sont à différencier. Enfin, l’humour étant un moyen de communication, je développerai le concept de communication en lien avec la relation soignant/soigné. 6
L’humour 2.1 Définition Étiologiquement, le mot humour provient du latin « humor » ce qui signifie liquide, fluide, humeur et qui se définit comme tel selon le Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, 1996, page 523. : « Forme d'esprit qui cherche à mettre en valeur avec drôlerie le caractère ridicule, insolite ou absurde de certains aspects de la réalité, qui dissimule sous un air sérieux une raillerie caustique. », à l’inverse de l’ironie, il neutralise l’agressivité. 2.2 Fonction de l’humour L'humour selon Joseph Klatzmann, L'Humour juif, 1998 « permet à l'être humain de prendre du recul sur ce qu'il vit » en s’adaptant à une situation donnée, qu’elle soit déplaisante ou non, l’humour permet, comme moyen de défense, de s’adapter à la réalité. L’humour a également un pouvoir sociabilisant, en effet un groupe de personnes ayant le même humour est plus apte à s’entendre, l’humour rend les contacts humains beaucoup plus souples. 2.3 Différents types d’humour Comment pouvons-nous caractériser l’humour ? Divers sociologues ou psychologues ont réfléchi à la question. Certains le différencient par à une palette de couleurs ; d’autres à l’aide de degrés, difficile de faire un choix face à ce panel de « définitions », j’ai choisi la définition du psychologue Rod A. Martin, celui ci classe l’humour à l’aide de quatre styles. Deux sont proprement dits adaptatifs, ceux ci favorisent la santé mentale et le bien-être, les deux autres sont dits, à l’inverse, inadaptés et sont négativement liés au bien-être. Nous allons nous intéresser, grâce à Rod A. Martin, au style adaptif pour ensuite nous intéresser au style inadapté. L’humour adaptatif : L’humour adaptatif comprend deux items, l’humour affiliatif et l‘humour 7
« renforçant pour soi-même ». Le premier permet de créer des liens sociaux et de vaincre les possibles tensions interprofessionnelles. Le second permet comme moyen de coping de s’adapter à une situation difficile en aidant à maintenir une estime de soi positive. L’humour inadapté comprend également deux items : l’humour agressif et l’humour rabaissant pour soi-même. L’humour agressif, selon le site internet http://www.psychomedia.qc.ca/psychologie-de-la-personnalite/styles-d-humour, est caractérisé par « l'utilisation de sarcasme, de dénigrement, de taquineries, de moqueries, de critiques... au détriment des autres. ». Enfin, « l'humour rabaissant pour soi-même est un humour qui utilise un dénigrement de soi-même. Il est utilisé pour gagner l'approbation et l'acceptation des autres et ainsi améliorer les relations mais aux dépens des sentiments positifs envers soi-même. » 2.4 L’impact de l’humour sur la personne. L’humour a des répercutions sur le mental mais aussi sur l’organisme d’une personne. L’humour accompagné du rire est positif pour la santé mentale et physique. Sur le plan psychologique, l’humour permet de s’adapter à une situation stressante en visant un état de plaisir. Il réduit donc le stress ainsi que l’agressivité et rend attractif les personnes. Il améliore donc l’intégration en société et reste par conséquent un bon moyen pour nouer des amitiés. Sur le plan physique, le rire est bon pour la par l’action qu’il procure sur les muscles abdominaux. En effet, en riant, l’estomac et les intestins se contractent favorisant le développement de la digestion. En riant, la respiration est trois à quatre fois plus importante, ce qui améliore les échanges gazeux. Rire permet de soulager les tensions mentales améliorant donc le sommeil. Le rire est en quelque sorte un bon remède contre les problèmes de sommeil Enfin, le rire libère des endorphines luttant ainsi contre la douleur. 8
2.5 Différence entre humour et rire Pour Robinson et Bergson, qui restent des pionniers en matière de définition de ces concepts, nous pouvons admettre que l’humour est un mode de communication cognitif alors que le rire est une réaction physique et psychique à ce mode de communication. Les deux étant liés, mon travail de recherche englobera ces deux concepts. 2.6 Humour et culture Il reste intéressant de se pencher sur les différents types d’humour vis à vis des différentes cultures, la mixité culturelle restant omniprésent en France. L’utilisation de l’humour reste différente d’une culture à une autre. En effet, tous les humains ont de l’humour mais n’ont pas forcément le même humour. Catherine Mathelin, psychanalyste, a différencié l’humour au travers de plusieurs pays : En Australie, « l’humour est particulièrement raciste et sexiste : au cours de la construction du pays, les hommes ont souvent été privés de femmes pendant de longues périodes. » En Afrique, « on y rit beaucoup et l’humour est surtout bon enfant. » Au Brésil, « On n’apprécie pas l’humour anglais, absurde, on évite l’humour grivois pour cause de morale catholique, mais on adore se moquer des Portugais, réputés stupides. » Au Japon, « pas question de lancer une plaisanterie sans en avoir préalablement informé son interlocuteur, qui, autrement, pourrait ne pas comprendre, ne pas rire au bon moment, donc se montrer involontairement impoli. » En Russie, « l’humour a longtemps servi d’arme pour ne pas pleurer, ou pour rire malgré les larmes de l’absurdité du système politique, des comportements qu’il entraîne, des privations insupportables… » En Allemagne, « L’humour n’est pas léger, léger… Heureusement, il y a du changement dans l’air. Récemment, une compagnie aérienne, la Deutsch BA, a inscrit l’humour au programme de formation de son personnel. » Selon la source internet : http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Personnalite/Articles-et-Dossiers/L- humour-en-avoir-ou-pas/8 consulté en février 2016. 9
En Chine, le Tao est un terme de philosophie chinoise (800 ans avant Jésus Christ), ces textes continuent d'inspirer la pensée chinoise en parlant du bien fait du rire à travers le sourire intérieur. Du côté français, notre pays possède un grand patrimoine humoristique. Molière, Louis De Funès, Coluche, les Inconnus ou Gad Elmaleh est assimilés à tout âge. Dans les médias, nous avons les journaux tels que « le canard enchainés » ou même « Charlie hebdo », les émissions télévisées comme « les guignols » ou « canteloup » sans oublier les sketchs ou les chaines internet comme « Norman » ou « Vdm ». L’humour français possède beaucoup de mérites car il permet de rire de tout, que ce soit politique, différence culturelle, société…mais à bon escient. « Dès que notre attention se concentre sur la matérialité d’une métaphore, l’idée exprimée devient comique. » BERGSON Henri, 1900, page 52. 2.7 L’humour : moyen thérapeutique L’Inde reste le pays de la recherche sur soi-même, la culture du yoga et le royaume de l’introspection, c’est ce qui a inspiré le docteur Madan Kataria, médecin généraliste à Bombay (Inde) qui est l’instigateur en 1995 de cette technique utilisant le rire durant les soins restant basé sur le yoga. Cette méthode « rire sans raison » s’appelle la gélothérapie, un reportage a été réalisé par Mira Nair en 1999 sur les clubs de rire en Inde. Aujourd’hui plusieurs associations sont spécialisées dans l’humour lors des soins, en France, l’association « le rire médecin » est basée sur Paris. Cette association a pour but d’aider les enfants et leurs familles à mieux vivre une hospitalisation. Dans le nord le France, les chti’’clowns proposent des formations à l’intention des professionnels de santé et des bénévoles favorisant les rencontres dans une approche relationnelle ajustée et adaptée aux capacités des personnes soignées, ils mettent l’accent sur le fait que « Les chti"Clowns en soins d'accompagnement" ne font ni une animation, ni un spectacle. », cette association intervient principalement au niveau des personnes âgées dépendantes, désorientées, des personnes en fin de vie et des personnes handicapées. Pour les séniors, « la vie en clown » est une association qui permet de « contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes prises en ehpad (Établissement 10
d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et celle du personnel de ces structures, en relation avec celui-ci, par le biais d’actes artistiques (improvisations adaptées aux personnes, spectacles, …), dans une exigence de qualité et de recherche. » Ces associations sont issues de plusieurs concepts de soins notamment « l’humanitude », créée par Yves Gineste et Rosette Marescotti, en développant l’importance des piliers du regard, du toucher et de la parole ; du « clown relationnel », créé par Christian et Françoise Moffarts correspondant aux soins relationnels à médiation artistique ; et de « La Méthode de la Validation », crée par Naomie Feil servant à maintenir la communication avec les personnes âgées désorientées. Nous pouvons donc observer par l’existence de ces associations que l’humour et le rire sont utilisés afin de faciliter la qualité de prise en charge des patients et des résidents. 2.8 L’humour entre collègues Isabelle Barthfield, Professeur des Universités de sciences de gestion a publié en 2011 un article intitulé « Quand l’humour contribue à la performance de la relation » issue de Revue internationale de psychosociologie. Cette auteur « observe que les situations où l’humour est mobilisé sont souvent liées (mais sans obligation) à des moments de tensions et visent à les dénouer : tensions entre individus (situations de conflits), tensions situationnelles (problèmes liés au contexte de travail) », l’auteur conclu par le fait que l’humour « contribue à la performance de la relation. » L’humour « noir », visant à transformer des situations macabres, dramatiques en une vision prêtant à rire, se retrouve entre collègues. Cette forme d’humour peut être une protection, un masque que chaque soignant porte afin d’avancer dans son métier. « La maladie tout comme la mort est notre amie du travail » disait un ancien collègue. Un soignant peut-il discuter d’une pathologie en utilisant humour ? En utilisant l’humour dans une relation soignant/soigné, le professionnel ne risque-t-il pas de rompre la distance avec le patient? L’humour peut-il faire partie des moyens préconisés pour faciliter la relation de soins ? Pierre Desproges disait « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. » Dans un contexte professionnel entre soignant et soigné, comment donc utiliser l’humour ? 11
2.9 L’humour et coping. Pour Margot Phaneuf, de son livre : la relation soignant-soigné. Rencontre et accompagnement, paru en 2011 « l’humour en relation d’aide, c’est l’aptitude du soignant à créer un climat de légèreté et de plaisir, de relativiser certaines situations afin d’aider la personne soignée à voir la vie de manière plus acceptable, et plus détendue » Pour H Guyard, « l’humour met une distance entre l’émotion véritablement éprouvée et la manière dont celle-ci s’exprime », l’article est disponible grâce à la source internet : http://www.cairn.info/load_pdf.php?download=1&ID_ARTICLE=RIPS_043_0101, consulté en janvier 2016. « Coping » vient de l’anglais « to cope » se traduisant par « faire face ». Le coping se définit comme un mode d’ajustement ou un mode d’adaptation qu’une personne « va mettre en place afin de réduire, minimiser, contrôler, dominer ou tolérer vis à vis d’une situation. », selon l’ Unité d’enseignement 4.2S5 « le stress » enseigné durant notre formation. Le coping contribue comme régulateur de la relation vis à vis d’un épisode stressant et d’une détresse émotionnelle. Le coping et l’humour sont donc liés puisque l’humour restant une stratégie d’adaptation lors d’événements particulièrement stressants pour une personne. Il nous est utile maintenant de nous interroger sur les concepts d’empathie et de sympathie, ces deux concepts restant étroitement liés. 12
2.10 L’empathie et la sympathie. Empathie du latin in (dans, à l'intérieur) et du grec pathos (ce qu'on éprouve, souffrance) signifie, suivant le Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, 1996, page 381 : « la faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui, de percevoir ce qu'il ressent ». Selon Jacques Cosnier, du livre les concepts en sciences infirmières deuxième édition, FORMARIER Monique et JOVIC Ljiljana, édition MALLET CONSEIL, page 168/169 « l’empathie est généralement conçue comme une prise de rôle : aptitude à se mettre à la place d’autrui, à inférer ainsi en imagination ses pensées, ses sentiments et ses actions. L’empathie est aussi un partage de perspective qui consiste à imaginer ce que l’on percevrait à la place d’autrui (…) Bien que pénétrant dans l’univers d’autrui en pensée, il n’y a pas de confusion entre soi-même et l’autre », l’empathie joue un rôle essentiel dans la relation de soins. Si un patient attend d’un professionnel de santé des connaissances et compétences techniques, Il nécessite également d’une écoute et d’une disponibilité. Le patient a besoin de recevoir des soins mais également d’être compris dans sa souffrance mentale et physique. On parle alors de transfert lorsque les émotions du patient se reportent sur le soignant. Dans ce cas, on ne parle plus d’empathie parce que les émotions sont partagées. On parle alors de compassion ou de sympathie. Sympathie du latin sympathia (accord), du grec sumpatheia (compassion), désigne, suivant le Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, 1996, page 980, un «penchant naturel, spontané qui porte deux personnes l’une vers l’autre». Selon Pacherie du livre les concepts en sciences infirmières 2ème édition, FORMARIER Monique et JOVIC Ljiljana, édition MALLET CONSEIL, page 297 «La sympathie suppose que nous prenions part à l’émotion éprouvée par autrui, que nous partagions sa souffrance ou plus généralement son expérience affective. La sympathie met en jeu des fins altruistes et suppose l’établissement d’un lien affectif avec celui qui en est l’objet. » 13
A l’étude des concepts d’empathie et de sympathie, nous remarquons qu’ils sont complétement différents. Ajoutons que si l’humour peut amener à la sympathie, ce n’est pas l’objectif recherché par le professionnel. Dans une relation soignant/soigné, la sympathie et la compassion peuvent altérer la relation entre le soignant et le soigné. Par exemple, ils peuvent provoquer un désordre psychique en cas de perte ou d’annonce de pathologies incurables envers le patient. « L'objet de l'empathie est la compréhension. L'objet de la sympathie est le bien-être de l'autre. […] En somme, l'empathie est un mode de connaissance ; la sympathie est un mode de rencontre avec autrui. » Lauren Wispe Nous ne pouvons pas nous pencher sur le concept de communication sans pour autant le mettre en lien avec le concept de relation soignant/soignée. En effet, la communication restant la base de la relation entre professionnel et soigné. 2.11 La communication et la relation soignant/soigné. Actuellement avec une technicité de plus en plus présente. Le soignant est de moins en moins disponible pour communiquer avec le patient. Il est par conséquent plus difficile de créer une relation de confiance soignant/soigné. Si le temps imparti pour communiquer avec le patient est amoindri, cette communication reste cependant très importante. Communication vient du latin communicare signifiant «partager quelque chose, mettre en commun», la communication s’effectue toujours sous deux axes : la forme verbale, exprimée par la parole, le ton de la voix, et la forme non verbale, qui représente les expressions visuelles, les gestes et les postures. En 1971, Albert Mehrabian, professeur en psychologie, publie une étude intitulée les 3V. Cette étude consistait à expliquer que la compréhension d’un message vocal ne passait pas uniquement par les mots. Les résultats étaient les suivants : - 7 % de la communication est verbale (signification des mots) - 38 % de la communication est vocale (intonation) - 55 % de la communication est visuelle (expression du visage, langage corporel) 14
Nous pouvons donc considérer qu’il est très important de porter son intention sur la communication non verbale (mimique, geste, postures). La relation soignant/soignée se définie, suivant le Dictionnaire des concepts en soins infirmiers 2ème édition, PAILLARD Christine, édition Setes, page 328 ,comme « l’activité d’échange interpersonnel et interdépendant entre une personne soignée et un soignant, dans le cadre d’une communication verbale, non verbale. » Pour Alexandre Manoukian de son livre la relation soignant-soignée « c’est la rencontre entre deux personnes, c’est à dire deux caractères, deux psychologies particulières et deux histoires », cet abord souligne le fait que l’infirmier se doit d’utiliser ses qualités humaines dans l’élaboration de soins. Carl Rogers, psychologue américain ayant travaillé sur le concept d’empathie, explique que « plus le client (personne soignée) voit dans le thérapeute un être vrai ou authentique, empathique, lui portant un respect inconditionnel, plus il s’éloignera d’un mode de fonctionnement statique, fixe, insensible et impersonnel, et plus il se dirigera vers une sorte de fonctionnement marqué par une expérience fluide, changeant et pleinement acceptante de sentiments personnels nuancés. Il résulte de ce mouvement une évolution de la personnalité et du comportement dans le sens de la santé et de la maturité psychique et de rapports plus réalistes avec le moi, les autres et le cadre extérieur. » Il reste important de s'attribuer des techniques de communication en accord avec les valeurs de la profession d’infirmier afin de créer une relation de confiance et de minimiser les conflits avec le patient, tout en respectant son intimité. 15
3. Cadre législatif Le métier d’infirmier est encadré par des textes de lois. Pour approfondir notre étude, je vous propose d’étudier les textes régissant la fonction infirmière. La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé : Usagers, vos droits Charte de la personne hospitalisée, stipule du respect de la personne et de son intimité : « La personne hospitalisée est traitée avec égards. Ses croyances sont respectées. Son intimité est préservée ainsi que sa tranquillité » Ainsi ma recherche sur l’humour et la culture requiert toute son importance. En gardant à l’esprit le respect du patient, nous n’aurons pas la même utilisation d’humour chez une personne d’origine étrangère. Il m’est utile de me pencher sur la définition de l’infirmier. D’après le Code de la santé publique du site internet http://www.legifrance.gouv.fr Article L4311-1, consulté en décembre 2015, "Est considérée comme exerçant la profession d'infirmière ou d'infirmier toute personne qui donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou en application du rôle propre qui lui est dévolu. L'infirmière ou l'infirmier participe à différentes actions, notamment en matière de prévention, d'éducation de la santé et de formation ou d'encadrement..." L'infirmier a donc une fonction qui lui est propre, ce rôle propre se décompose en compétences. Les compétences se décomposent en le savoir théorique acquis durant la formation initiale couplée à la formation professionnelle, le savoir faire impliquant la dextérité à mettre en œuvre une pratique, le savoir faire-faire, avec la délégation de tâches, et le savoir être. Henri Boudreault (professeur à l’UQAM – QUEBEC) définit cette notion de savoir-être ainsi sur son site internet http://emeraude-rh.com, consulté en décembre 2015 : «compétence d’une personne se démarquant non pas par la capacité qu’elle a de réaliser sa tâche, mais par l’état d’esprit qu’elle manifeste lors de la réalisation de ses tâches.» 16
A présent, je vous propose de nous pencher sur la définition de résident, mon étude ayant été établie en maison de retraite, les personnes accueillies sont appelées résidents et non patients. Un résident est une personne physique dont le domicile principal est situé au niveau de la maison de retraite. A l’inverse le patient est en transit dans un service et reçoit ainsi une attention médicale dans l’attente de retourner à son domicile. Les compétences sont les aptitudes devant être maitrisées L’acquisition de toutes les compétences est donc indispensable à l’obtention du diplôme d’État d’infirmier. La compétence 6 : « communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins » et son sous-item quatre « rechercher et instaurer un climat de confiance avec la personne soignée et son entourage en vue d’une alliance thérapeutique » est la compétence qui me paraît la plus justifiée pour étayer mon sujet. Un des critères d’évaluation de cette compétence est basé sur la « cohérence dans la mise en œuvre d’une communication adaptée aux personnes soignées et leur entourage » avec des indicateurs comme « une attention portée à la personne » selon le livre Profession infirmier recueil des principaux textes, Berger Levrault (1308), aout 2013, page 38. 17
4. Analyse, problématique, hypothèses Avant de commencer mon travail d’analyse, j ai choisi une citation de R. QUIVY et L.VAN CAMPENHOUDT, de son Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 2e édition, 1995 p149, afin de m’en servir comme introduction : « Le modèle d’analyse constitue le prolongement naturel à la problématique en articulant sous une forme opérationnelle les repères et les pistes qui seront finalement retenus pour présider au travail d’observation et d’analyse. » 4.1 Analyse, questionnement Après avoir développé les différents concepts relatifs à mon étude, je vous propose d’en dégager mon analyse. Durant la formation infirmière, les étudiants ont étudié un choix étendu de concepts, qui sont ensuite réfléchis, pour y être au mieux appliqué durant les stages professionnalisant. La prise en charge d’une personne soignée durant les stages n’est pas une chose anodine. Travailler avec l’humain n’est pas forcément évident pour tous. Aussi, savoir faire preuve d’empathie et de congruence sont des valeurs à savoir mettre en œuvre et qui requièrent des années de pratique. En opposant les différents concepts, nous avons remarqué qu’ils ont un lien commun, à savoir la communication. La communication entre les personnes peut s’avérer être un atout chez l’être humain. La communication permet le rapprochement. Aussi, l’humour peut être un outil facilitant le rapprochement entre des personnes tout en gardant une certaine distance. La négociation durant les soins est chose courante dans notre profession. Néanmoins, cette négociation doit se faire dans le respect de la personne soignée. 18
Les infirmiers pourraient utiliser l’humour comme outil durant les soins, avec au préalable une formation adaptée. L’association le Rire Médecin basée sur Paris propose une formation destinée aux professionnels de santé : la formation « Ludo- Soignant ». Cette association dispense également des interventions au niveau des Instituts de Formation aux Métiers de la Santé (IFMS) destinées particulièrement aux étudiants infirmiers. Certains professionnels de santé sont formés à une telle formation. Mon travail de fin d’étude s’appliquant aux professionnels de santé dévolus de ce type de formations, d’où mes interrogations : Les infirmier(e)s utilisent-ils l’humour lors des soins ? Si oui, cette pratique a- t-elle un sens? L’utilisation de humour est-il une solution face à un évènement particulièrement stressant ? Après avoir analysé mon cadre de référence, Je vais à présent vous présenter la problématique que j’ai construite puis les hypothèses en réponses à celle-ci. Parmi ces hypothèses, j’en retiendrai une seule. « Pour analyser un système, il faut l’étudier dans ses moindre détails et voir comment ceux-ci s’articulent entre eux. Un système ne peut s’analyser que de l’intérieur. Pour comprendre un système, il faut prendre du recul et le considérer dans sa globalité et dans ses relations avec les autres systèmes. Un système ne peut se comprendre que de l’extérieur. » Didier Hallépée 19
4.2 Problématique Le choix du thème de mon mémoire, l’humour dans la relation soignant/soignée, de mon mémoire reste personnel, d’une façon générale, le relationnel représente un aspect importante dans la prise en charge du patient, je reste persuadé que lorsqu’une relation de confiance entre le soignant et le soigné est établie, la qualité de prise en charge est meilleure. Comme disait Voltaire « j’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ». Au regard des diverses observations que j’ai pu faire, j’ai construit la problématique suivante : Comment l’humour améliore t-il la relation soignant/soigné grâce à un climat de confiance qui s’établit ? 4.3 Hypothèses envisagées Afin de compléter mon cadre de référence, se composant du cadre théorique et du cadre législatif, deux hypothèses restent envisageables. Les hypothèses envisagées sont issues d’une réflexion personnelle de mes situations d’appel, de mes analyses ainsi que de l’élaboration de ma question de départ. En effet, tout soignant a vu ou vécu au minimum une situation difficile où l’humour était la seule stratégie d’adaptation afin de la résoudre. - Si l’humour est utile pour combattre un événement stressant, alors comment l’infirmier peut optimiser ses soins lors d’une relation soignant/soigné difficile en faisant preuve d’humour ; - Si le patient répond positivement à l‘humour du soignant alors la relation soignant/soigné sera optimisée et pourra aider ceux ci à combattre un événement stressant. 20
4.4 Hypothèse retenue L’hypothèse retenue afin d’établir mon enquête est : Si l’humour est utile pour combattre un événement stressant, alors comment l’infirmier peut optimiser ses soins lors d’une relation soignant/soigné difficile en faisant preuve d’humour ? 21
5. Enquête de terrain L’enquête de terrain est consécutive à la problématique, aux hypothèses et à l’hypothèse retenue. Celle-ci s’articulera selon une méthode de recherche choisie, les demandes d’enquête se trouvent en annexe. 5.1 Présentation du dispositif et des modalités d’enquête Mon choix de l’outil s’est orienté vers deux questionnaires, accessible en annexe, afin d’en tirer une étude quantitative mais aussi qualitative à l’aide d’utilisation de questions ouvertes (cf annexe une et deux). Mon choix de populations interrogées sera composé des professionnels de santé, tout particulièrement les infirmier(e)s ainsi que les résidents. Mon objectif sera de pouvoir mettre en corrélation les réponses obtenues. Je poserai des questions afin de valider ou invalider mon hypothèse de travail. L’enquête de terrain a été demandée le 31 mars 2016 et mise en pratique du 03 au 09 avril 2016. 5.2 Lieu d’enquête. Le lieu de l’enquête se déroule au sein de deux maisons de retraite. Afin de garantir l’anonymat, les appellations de ses structures ne seront pas divulguées. Le choix de deux lieux a été souligné par le fait que le nombre de professionnels travaillant dans une seule structure ne m’apportait pas assez de réponses. Dans le but de définir le profil de personnes pouvant participer à mon étude, j’ai utilisé des critères d’inclusion et d’exclusion afin de garantir une cohérence dans les résultats. 22
5.3 Les critères d’inclusion L’âge du résident sera compris entre 60 et 75 ans afin qu’il réponde au critère de la personne âgée. Cependant, la définition de la personne âgée est très difficile à qualifier. Selon l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques), une personne âgée est une « personne âgée de plus de 60 ans » alors que selon L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) une personne âgée est âgée « de 65 ans et plus », j’ai choisi de maintenir un âge compris entre 60 et 75 ans afin de pouvoir organiser mon questionnaire dans une maison de retraite dont l’âge d’entrée est de 60 ans. Le traitement du résident devra être fixé à des doses stables d’au moins trois mois avant la mise en place de l’enquête. L’objectif est que celui-ci ne présente pas d’effets indésirables thérapeutiques de type somnolence ou euphorie. Les professionnels devront être titulaires du diplôme d’état d’infirmier depuis plus d’une année. 5.4 Les critères d’exclusion L’humour entre les professionnels et l’humour entre les patients eux-mêmes ne sera pas pris en compte lors de mon étude ; mon sujet étant l’humour dans la relation soignant/soignée. Les professionnels interrogés ne devront pas avoir bénéficié d’une formation en rapport avec l’humour dans les soins. Le résident ne devra pas être atteint de démence ni de troubles psychiatriques. En effet, l’avis du résident pourrait s’en trouver altéré et mon étude serait alors caduque. Aussi, les traitements de type psychotrope ou anxiolytique ne devront pas être pris par les résidents interrogés. Enfin, je retire de mon échantillonnage, les résidents sous mesure de protection. En effet, au regard de l’échéance du rendu de mon mémoire, les démarches afin d’obtenir les autorisations d’enquête sont trop longues. 23
5.5 Difficultés de l’enquête Lors de mon enquête de terrain, j’ai été confronté à plusieurs difficultés. En effet, afin d’avoir le nombre maximum de questionnaires exploitables, j’ai décidé de mener mon enquête sur deux lieux différents mais ayant les mêmes modalités de prise en charge à savoir deux maisons de retraite. De ce fait, j’ai due élaborer deux demandes d’autorisation écrites et les adresser aux responsables des lieux d’enquête. Dans le premier lieu, j’ai su réceptionner mes questionnaires le jour même. Cependant, dans le second lieu, j’ai été contraint de m’y rendre à plusieurs reprises. En effet, la surcharge de travail des professionnels freinait leur disponibilité. Lors de l’enquête établie auprès des résidents, j’ai du recueillir leur consentement individuel ainsi que celui des responsables des lieux d’enquête. Malheureusement, j’ai du me heurter à des refus d’enquête. 5.6 Limite de l’enquête Dans une étude quantitative, les personnes sont guidées dans les réponses qui leurs sont posées, de plus, le choix des personnes interrogées, ici des résidents, ainsi que le lieu d’enquête ne permettent pas de généraliser les résultats à l’échelle des autres services hospitaliers. De surcroît, il faudrait un échantillonnage élevé afin d’obtenir une évaluation plus représentative. Toutefois, cette initiation à la recherche permet d’en tirer des préceptes qu’il ne faut pas négliger. Pour qu’une étude quantitative soit correctement établie, il en faut une analyse ainsi qu’une comparaison des différentes réponses obtenues entre-elles afin de faire le lien avec la théorie. 24
6. Analyse de l’enquête de terrain. 6.1 Analyse L’analyse des questionnaires recueillis servira à valider ou invalider mon hypothèse de travail, les graphiques sont disponible en annexe. J’ai distribué seize questionnaires à l’intention des infirmier(e)s ainsi que vingt questionnaires à l’intention des résidents. Ces questionnaires ont été déposés sur une période échelonnée du trois au neuf avril deux milles seize et récupérés une heure après leur dépôt. Cependant, j’ai du me heurter aux refus de deux résidents. Ainsi mon étude se caractérise donc comme suit : - seize questionnaires de professionnels ; - vingt questionnaires de résidents dont deux refus soit dix huit questionnaires exploitables. J’ai utilisé un tableau afin d'étudier les données récoltées que j’ai ensuite mis en lien afin d’en simplifier au mieux son analyse. Question I : L’humour est-il un trait de caractère de votre personnalité ? En posant cette question, j’ai voulu dresser le profil des personnes enquêtées, à savoir si oui ou non l’humour était un trait de leur personnalité. oui non Résidents 18 0 Infirmier(e)s 14 2 En général, nous constatons que l’humour est un trait de caractère dominant chez les résidents et les infirmier(e)s, ce qui valide la partie théorique concernant « humour et culture ». 25
Question II : De manière générale, utilisez-vous l’humour envers l’équipe soignante en dehors des soins? / De manière générale, utilisez-vous l’humour envers les résidents en dehors des soins? Jamais De temps en temps Souvent Toujours Résidents 0 7 6 5 Infirmier(e)s 0 6 9 0 Par cette question, je souhaitais savoir si l’infirmier(e)s et le résident utilisent l’humour en dehors des soins. Cette question reste en lien avec la question trois. En croisant ces réponses, nous remarquons, que le résident utilise de temps en temps l’humour alors que l’infirmier(e)s l’utilise souvent. Question III : Utilisez-vous l’humour avec l’équipe soignante durant vos soins ? / Utilisez-vous l’humour durant les soins ? Jamais De temps en temps Souvent Toujours Résidents 0 8 6 4 Infirmier(e)s 0 8 7 1 Cette question reste en lien avec la seconde question. Je voulais établir un rapport entre le « en dehors du soin » et le «durant le soin ». Nous remarquons que vis à vis des résidents, les avis restaient habituels. En effet, l’humour est utilisé « de temps en temps » en dehors et durant les soins. Néanmoins, en mettant en parallèle les réponses des infirmier(e)s, nous constatons que les professionnels utilisent amplement l’humour en dehors des soins que durant les soins. Cependant, un(e) infirmier(e) utilise toujours l’humour durant les soins. 26
Question IV : Utilisez-vous l’humour comme anti-stress? / Pensez-vous que l’humour est une stratégie d’acceptation d’un soin ? Grâce à cette question, je voulais savoir si une partie de mon cadre conceptuel était fidèle aux ressentis des résidents et des professionnels interrogés, à savoir si oui ou non l’humour était un moyen de coping face à une situation de soins. Oui Parfois Non Résidents 9 8 1 Infirmier(e)s 6 10 0 Nous distinguons que le résident utilise l’humour durant son soin alors que l’infirmier(e)s ne l’utilise que parfois. Nous pouvons déjà supposer que la réponse de l’humour du résident n’est parfois pas repérée par le professionnel. Le professionnel utilise l’humour comme moyen de « diversion », « d’acceptation du soin » et de moyen de « détournement d’attention ». Question V : Pensez vous que l’utilisation de l’humour devrait être proposé lors des études d’infirmier ? / Si une formation sur l’humour était proposée au sein de votre service, seriez-vous intéressé de vous d’y participer? Pour cette question, je me suis posé la question de l’utilité d’une formation basée sur l’humour durant la formation infirmière pour les étudiants et les professionnels en poste. Cette question reste en lien avec la question précédente. Oui Non Résidents 18 0 Oui Oui Oui les deux Non personnellement professionnellement Infirmier(e)s 2 5 1 8 27
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