Mission de soutien à la Région pour la mise en oeuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 - Diagnostic territorial
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Novembre 2020 Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 Diagnostic territorial www.technopolis-group.com
Version 1 Novembre 2020 Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 Diagnostic territorial Gaëtan Coatanroch, Juliette Gassin, Carlos Hinojosa, Aurélien Seawert (Technopolis), Thibaut Lachesnaie, Marie- Amandine Journoud, Eric Sontag (Burgeap) Ce diagnostic territorial a été réalisé sur la base d’analyses documentaires et de quelques entretiens avec les parties prenantes du territoire. Les disponibilités des personnes contactées n’ont pas permis à ce stade de mener l’ensemble des entretiens prévus. Des entretiens sont programmés dans les prochaines semaines et viendront apporter des éléments pour compléter le document. Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 ii
Table des matières 1. La transition vers une économie neutre pour le climat en Provence-Alpes Côte d’Azur ___ 1 1.1. Caractéristiques socioéconomiques de la Région Sud et du Département des Bouche-du- Rhône ___________________________________________________________________________________ 1 1.1.1. Dynamique démographique ________________________________________________________ 1 1.1.2. Dynamique économique et industrielle ______________________________________________ 3 1.1.3. Contribution des activités économiques aux émissions de gaz à effet de serre _________ 6 1.2. Les enjeux de la transition vers une économie neutre pour le climat au niveau régional et départemental ___________________________________________________________________________ 7 1.2.1. La transition vers une économie neutre pour le climat à horizon 2050 __________________ 7 1.2.2. Une transition impactant de nombreux secteurs ______________________________________ 9 1.2.3. Pertes d’emplois et besoins de requalification ______________________________________ 14 1.2.4. Le potentiel de diversification du territoire ___________________________________________ 15 1.2.5. Les atouts du territoire pour faire face aux conséquences négatives liées à la transition vers une économie neutre pour le climat ___________________________________________ 18 1.2.6. Des besoins et des opportunités de développement _________________________________ 20 1.3. Le MTJ, un mécanisme intervenant en complément d’autres dispositifs _____________________ 33 1.4. Les acteurs de la transition juste dans la Région Provence-Alpes Côte d'Azur ________________ 36 Présentation du Mécanisme pour une Transition Juste _______________________ 38 Le premier pilier : le Fonds de Transition Juste ______________________________________________ 39 Le deuxième pilier : dispositif spécifique du programme InvestEU ____________________________ 40 Le troisième pilier : facilité de prêt de la Banque européenne d'investissement au secteur public __________________________________________________________________________________ 40 Rôle de la Banque Européenne d’Investissement __________________________________________ 41 Bibliographie ______________________________________________________________ 43 Liste des personnes interrogées ____________________________________________ 45 Tableaux Tableau 1 : Synthèse des enjeux par secteur ______________________________________________________ 12 Tableau 2 : Secteurs de domaines prioritaires selon les documents stratégiques régionaux ___________ 17 Tableau 3 Investissements nécessaires en matière de production énergétique renouvelable _________ 22 Tableau 4 : Obstacles à la diffusion de l’innovation et à la numérisation au sein du tissu économique régional __________________________________________________________________________ 26 Tableau 5 Acteurs intervenant sur les champs d’activités couverts par les 3 piliers du FTJ _________ 33 Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 i
Tableau 6 Liste des personnes interrogées au 18 novembre 2020 _______________________________ 45 Figures Figure 1 La population et son évolution en Région Sud ______________________________________________1 Figure 2 : Localisation des emplois industriels par secteur en Région Sud ______________________________5 Figure 3 : Les chiffres clés de l’industrie en Provence-Alpes Côte d'Azur _______________________________6 Figure 4 : Répartition des émissions de GES par département et par secteur___________________________7 Figure 5 : Historique et trajectoire des émissions de gaz à effet de serre hors UTCATF en France entre 1990 et 2050 (en MtCO2eq) __________________________________________________________8 Figure 6 :Objectif de réduction des consommations d’énergie en région Sud _________________________8 Figure 7 Typologie d'infrastructures sociales _______________________________________________________ 32 Figure 8 Articulation du plan d'investissement du pacte vert pour l'Europe __________________________ 38 Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 ii
1 La transition vers une économie neutre pour le climat en Provence-Alpes Côte d’Azur 1 Caractéristiques socioéconomiques de la Région Sud et du Département des Bouches-du-Rhône La Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur constitue une terre de contrastes, tant en termes économique, social ou territorial. Il existe une disparité de situations par sous-ensembles régionaux. Dynamique démographique La région Sud, d’une superficie de 31 400km², est composée de six départements aux caractéristiques démographiques hétérogènes : les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes- Maritimes, les Bouches-du-Rhône, les Hautes-Alpes, le Vaucluse et le Var. Selon l’INSEE, elle se situe parmi les régions françaises les plus peuplées avec 5 055 651 habitants en 2020, soit environ 7.6% de la population française. L’accroissement annuel au cours des dix dernières années (+0,3%) est cependant inférieur à la moyenne nationale (+0,5%). Sur 946 communes, 34 sont densément peuplées et regroupent près de 50% de la population totale. Les métropoles les plus peuplées étant Marseille (858 120 hab, soit 17,2% de la population régionale), Nice (343 895), Toulon (165 584), Aix-en-Provence (142 149) et Avignon (92 209). Plus de 40% de la population régionale vit dans le département des Bouches-du-Rhône considéré comme le 3ème département le plus peuplé de France. Figure 1 La population et son évolution en Région Sud Source : DREAL 2019 d’après données 2014 Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 1
Depuis plusieurs années, la région doit composer avec une baisse de son attractivité ralentissant sa croissance démographique, baisse notamment liée à l’attractivité en hausse de régions voisines. Ainsi, entre 2009 et 2017, sa croissance démographique se limitait à 0,4% de hausse par an, contre 0,8% en Occitanie et 0,9% en Auvergne-Rhône-Alpes. Certaines villes moyennes de la Région voient même leur population diminuer. La croissance démographique est aujourd’hui presque uniquement portée par le solde naturel. La baisse d’attractivité du territoire est notamment liée aux problématiques foncières régionales et la difficulté à satisfaire la demande. Malgré la croissance du parc immobilier, l’offre de logements demeure insuffisante. D’ici à 2030, il faudrait construire chaque année 30 600 à 36 400 logements pour répondre aux besoins régionaux. Le logement reflète également la difficulté à concilier les vocations résidentielles et touristiques du territoire, avec de nombreuses résidences secondaires (17,7% des logements en 2015 soit presque le double de la moyenne nationale) accentuant la tension sur le marché immobilier. De plus, malgré les difficultés d’accès au logement, les logements sociaux sont peu nombreux en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ils représentent 13, 3% du parc des résidences principales contre 16,7% en moyenne pour la France métropolitaine. En termes de qualité de vie, celle-ci est différenciée et inégale selon les territoires. L’Insee identifie cinq profils différenciés. Premièrement, les espaces métropolitains de Nice et Aix-Marseille, où la nation apparait contrastée car jugée positive si l’on s’attache aux facteurs emploi, revenus ou services de proximité, mais négative selon les indicateurs d’artificialisation des sols, d’accès au logement, du prix du foncier et du cadre de vie. Par ailleurs, le littoral varois et azuréen présente de forts atouts en matière de bien-être malgré un coût du foncier très élevé. Puis, le secteur de l’arrière-pays des métropoles, présentant les plus forts taux de croissance possède des indicateurs positifs de qualité de vie notamment en termes d’accès au logement et à la propriété et d’emploi et de rémunération. Néanmoins, l’accessibilité aux équipements et services, la vulnérabilité énergétique et les déplacements quotidiens restent des indicateurs négatifs. Enfin, les massifs alpins présentent deux visages distincts liés à la présence ou non d’une industrie touristique de montagne. La projection démographique à 2050 de l’Insee table sur 5,3 millions d’habitants en Provence-Alpes-Côte d’Azur (+250 000 par rapport à aujourd’hui). En termes de richesses, la région se positionne à la troisième place des régions les plus riches en France en 2018 avec un PIB régional égal à 163Md€ et un PIB par habitant s’élevant à 32 100 euros. Elle se place juste après la région Auvergne-Rhône-Alpes (33 600€) mais loin derrière la région Ile de France (59 700€). En revanche, ramené en standards de pouvoir d’achat, le PIB par tête est de 28 900€, inférieur à la moyenne régionale européenne de 30 000€ (Eurostat). En effet, la Région est confrontée à des problèmes d’inégalités sociales et de disparités territoriales persistantes notamment entre des zones encore rurales et les grandes agglomérations. Les écarts de revenus et les taux de pauvreté figurent parmi les plus élevés de France métropolitaine. Si la région concentre nombre de ménages aisés, l’INSEE fait remarquer que ces écarts sont surtout dus à la concentration de faibles niveaux de vie. En 2013, plus de 850 000 personnes vivaient sous le seuil de pauvreté (17,3% de la population), un taux nettement supérieur à la moyenne nationale (14,7%). Il existe par ailleurs de fortes inégalités infrarégionales, avec notamment, des écarts de revenus particulièrement marqués dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes notamment entre les métropoles et les autres zones, et des disparités entre les départements. A titre d’exemples, les écarts de niveaux de revenus sont significatifs entre les zones d’emploi d’Aix-en-Provence, de Marseille, Cannes-Antibes d’un côté (plus élevés), et les zones d’emploi d’Avignon, d’Arles, d’Orange ou encore de Cavaillon de l’autre. De plus, la région fait face à un vieillissement de sa population. En 2017, 55% de la population régionale avait entre 15 et 59 ans avec plus de 2 millions d’actifs au 31 décembre 2015 Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 2
(DIRECCTE). Les projections à 2050 de l’INSEE indiquent une baisse du nombre de jeunes et de la population active, notamment dans les territoires azuréens, et une forte hausse de la part des 65 ans et plus, notamment dans les territoires alpins et rhodaniens. Dans les Bouches-du- Rhône, le vieillissement pourrait être moins rapide en raison à la fois du départ d’actifs à l’approche de la retraite et de l’arrivée d’étudiants. La part des 65 ans ou plus resterait la plus faible de la région (26,8%). Ainsi, la Région compterait en 2050 plus de 1,6 millions d’habitants de 65 ans et plus soit 600 000 de plus qu’actuellement. La Région souhaite inverser la tendance, à savoir maintenir les jeunes sur son territoire et attirer une nouvelle population en âge de travailler. Les enjeux portent à la fois sur la préservation de l’équilibre de la pyramide des âges, menacé par le vieillissement de la population, et l’augmentation du taux d’emploi. Pour cela, un nouveau modèle de développement territorial est nécessaire, afin de relever les défis d’une économie en mutation, des transitions générationnelles, écologiques et sociales, des exigences de la mobilité et d’un habitat plus accessible et plus durable. Ainsi, la Région se donne pour objectif d’atteindre un taux moyen de croissance démographique de 0,4% à l’horizon 2050, axé de manière privilégiée sur la population active. L’objectif 2030 étant de 5 380 000 habitants et de 5 850 000 habitants en 2050. Pour cela, elle ambitionne également une baisse du taux de chômage par rapport au taux actuel, estimé à 8,9% au 1er semestre 2020, d’ici 2030, grâce à la mise en œuvre de son schéma de développement économique (SRDEII). Dynamique économique et industrielle Le PIB de la Région Sud est estimé à 1,63Md€ soit 6,9% du PIB national (Eurostat 2018). Le tissu économique de la région est caractérisé par un secteur tertiaire prédominant, une forte présence de TPE et PME, un nombre important de créations d’entreprises chaque année et une hausse de l’emploi. Elle héberge également des forces reconnues dans des domaines tels que l’aéronautique, la chimie, la sidérurgie ou encore le secteur maritime et développe des filières d’excellence, notamment autour des 8 Opérations d’Intérêt Régional (O.I.R.). Concernant la crise sanitaire actuelle, selon l’INSEE, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est considérée comme la 2ème région la plus touchée de France du fait notamment du poids du tourisme dans son économie. On observe une chute de son PIB, une chute des créations d’entreprises et des créations d’emplois, des annulations et reports d’investissement ainsi que la dégradation des bilans des entreprises (contraction de 17% du chiffre d’affaires des entreprises en Provence-Alpes-Côte d’Azur) avec un impact différencié selon les filières. Entre mars 2019 et mars 2020, le nombre d’offres d’emploi enregistrées à Pôle Emploi a diminué de 43% et de 59% dans les métiers de l’hôtellerie-restauration, du tourisme et des loisirs. La crise sanitaire a eu des conséquences immédiates et néfastes pour l’économie régionale, qui, au 7 mai 2020, a enregistré une diminution globale de son activité de 33% par rapport à une situation « normale » (NSP). Néanmoins, 95% du choc économique dû au confinement a été absorbé par des mesures d’urgences selon l’analyse de la DG Trésor. La région Sud est caractérisée par une création d’entreprises dynamique en hausse depuis 2015. En moyenne, sur la période 2014 à 2017, 1 établissement français sur 10 est localisé en Région Sud soit 10,73% en moyenne sur 4 ans (DIRECCTE Provence-Alpes-Côte d’Azur). Ainsi, la région compte environ 104 293 entreprises dont des grands groupes tels que CMA, CGM, ou encore AIRBUS HELICOPTERS. Le département des Bouches-du-Rhône concentre à lui seul 36% des entreprises régionales, cela est notamment dû au fait que la métropole Aix-Marseille- Provence représente près de 50% du PIB régional et 60% des projets d’implantations Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 3
internationales sur la région. Il est suivi respectivement par le département des Alpes-Maritimes avec 27% des entreprises et du Var avec 21%. Le tissu économique de la région est par ailleurs déterminé par une forte présence de TPE et PME ; 52% des entreprises ont moins de 50 salariés. Selon l’INSEE, le nombre de PME en région PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR s’élève à 435 951 entreprises. En découle un faible nombre d’ETI avec 1,2 ETI pour 1000 entreprises contre 2,8 au niveau national. Cependant, la dynamique des entreprises apparait saine en Provence-Alpes-Côte d’Azur avec une chute des défaillances d’entreprises depuis 2015. Cette tendance observée est plus forte en Provence-Alpes-Côte d’Azur que la moyenne de la France entière. En 2018, le ratio de création sur la défaillance est de 13,3 entreprises créées pour une défaillance en région Sud. De plus, une majorité des TPE/PME de la région s’inscrivent dans les secteurs du commerce, de la construction et de l’hébergement/restauration. En effet, la région Sud est un territoire économiquement dynamique, porté par le secteur tertiaire. L’emploi régional est dominé par les services, et notamment le tertiaire marchand qui représente 50% des emplois (34% pour le tertiaire non marchand). On dénombre environ 70,5% de l’emploi régional dans la branche des services, au détriment notamment de l’industrie et de la construction. La nature de l’emploi dans la région reflète la forte dimension touristique du territoire et le développement des activités présentielles. Du fait du littoral, du climat et du patrimoine local, le tourisme constitue en effet une locomotive de l’économie régionale, représentant environ 18 millions d’euros soit 13% du PIB régional. La région Sud demeure cependant une région industrielle prépondérante à l’échelle nationale. Avec 23 600 entreprises industrielles actives et 4Md€ d’investissement chaque année, l’industrie régionale contribue à 11% de la valeur ajoutée régionale et emploie 9% de la population active, soit environ 400 000 emplois directs et indirects. L’industrie représente la moitié du chiffre d’affaires à l’export de la région et 31% des emplois salariés du secteur privé. Les établissements industriels régionaux sont particulièrement concentrés autour des zones urbaines les plus denses (Marseille-Aix, Nice, Toulon et Avignon). Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 4
Figure 2 : Localisation des emplois industriels par secteur en Région Sud Cette importance de l’industrie se traduit par le 4ème rang national en termes de Recherche & Développement. Six secteurs dominent le tissu industriel : • La réparation de machines et autres industries ; • Les activités liées à l’eau et aux déchets ; • La fabrication de matériel de transport hors automobile ; • La chimie ; • La production d’électricité et de gaz ; • La fabrication de composants informatiques, électroniques et optiques. Parmi eux, deux se distinguent par un poids dans l’emploi élevé. Il s’agit de la fabrication de matériel de transports hors automobile, qui rassemble principalement les constructions aéronautique, spatiale et navale, et de l’industrie chimique, dominée dans la région par la chimie lourde mais aussi la fabrication d’huiles essentielles et la parfumerie. Le raffinage, industrie historique régionale, contribue faiblement à l’emploi. Par ailleurs, les industries textiles, les industries du bois et du papier sont en déclin. La présence dans la région de grands groupes industriels internationaux tels que Eurocopter, STMicroelectronics, ArcelorMittal, Thalès, participe à l’attractivité du territoire. Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 5
Figure 3 : Les chiffres clés de l’industrie en Provence-Alpes Côte d'Azur Source : Direccte 2017 Le département des Bouches-du-Rhône est le principal département industriel de la région. En 2011, il concentrait 36% des établissements et la moitié des emplois industriels de la région. Les secteurs prépondérants sont la chimie, la pétrochimie, la métallurgie-mécanique, la micro- électronique et l’agro-alimentaire. Pour les industries chimiques et pétrochimiques, la plupart des établissements sont situés autour de l’étang de Berre. Contribution des activités économiques aux émissions de gaz à effet de serre Les émissions des GES en Provence-Alpes-Côte d’Azur représentent environ 10 % des émissions nationales, à mettre en regard des 7,6% de la population et des 6,9% du PIB. En 2017, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a émis plus 45,5 Mteq CO2, une tendance haussière amorcée depuis 2015, après la forte baisse observée entre 2010 et 2015. En 2017, les émissions annuelles de GES s’élèvent à 9,7 teqCO2 par habitant en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont 7,2 teqCO2 d’origine énergétique (soit 74 %). La stabilisation des émissions par rapport à 2016 est liée aux effets conjugués d’une augmentation des émissions d’origine industrielle et d’une baisse des émissions issues des raffineries. Il convient de noter que la situation sanitaire a eu un impact sur la production industrielle en 2020 et conduit à une réduction des émissions. L’industrie et le transport routier qui à eux 2 sont source de près de 70% des émissions de CO 2 suivi du secteur tertiaire. Les émissions de particules fines ont diminué de 12,5% entre 2007 et 2017. Notons que 42 % des émissions du dioxyde de soufre (SO2) proviennent du secteur industriel et 47 % des oxydes d’azote sont émis par les transports. Le profil régional se caractérise par un fort poids du secteur industriel et du secteur de la production énergétique, majoritairement situés dans le département des Bouches-du-Rhône. La production d’énergie, encore massivement carbonée, amène une variabilité des émissions dans la région et représente 20 % de ses émissions de GES. Les émissions des trois principaux gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O) ont diminué de 11 % sur la période 2007-2016. La majeure partie de cette diminution est due aux effets conjugués des améliorations technologiques industrielles et aux impacts du ralentissement économique de 2008. Depuis 2012, les émissions montrent une stabilisation en lien avec la reprise de l’activité sur le territoire. Cette tendance est comparable à celle observée sur le territoire national et européen Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 6
Figure 4 : Répartition des émissions de GES par département et par secteur Source : DREAL, 2017 Le secteur industriel régional représente 39 % des émissions de GES 1. L’essentiel des émissions carbonées de l’industrie dans la région sont liées au secteur de la métallurgie et, dans une moindre mesure, à l’industrie pétrochimique (y compris le raffinage). Les dix sites industriels les plus émetteurs de la région représentent à eux seuls 30% du total régional des émissions. Majoritairement concentrée dans la zone de l’Étang de Berre autour de Fos-sur-Mer (Bouches- du-Rhône), la métallurgie – dont le site d’ArcelorMittal est le principal contributeur – émet 53 % des émissions de GES issues du secteur industriel2 (et 2,5% des émissions nationales). 2 Les enjeux de la transition vers une économie neutre pour le climat au niveau régional et départemental La transition vers une économie neutre pour le climat à horizon 2050 La Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte (LTECV) de 2015 a introduit la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) comme la feuille de route pour la lutte contre le changement climatique. La SNBC, dont une première version a été adoptée en 2015, a ensuite été révisée en 2018-2019. La SNBC fixe un « budget carbone » par pas de temps de 5 années réparti par secteur d'activité permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. 1 Région Sud, 2020. Décarboner le territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur. 2 Atmosud, 2018. Diagnostic air climat énergie du PCAEM de la métropole Aix Marseille Provence. Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 7
Figure 5 : Historique et trajectoire des émissions de gaz à effet de serre hors UTCATF en France entre 1990 et 2050 (en MtCO2eq) Pour l’industrie, la SNBC prévoit une émission totale du secteur (hors production d’énergie) de 16 MtCOeq en 2050, contre 82 en 2015, soit une baisse de 80 %. Les efforts à fournir sont particulièrement concentrés de 2040 à 2050. A la suite des accords de Paris, la Région a décidé en décembre 2017 de viser la neutralité carbone de la consommation énergétique du territoire. Le SRADDET, adopté en juin 2019, traduit cet engagement et fixe des objectifs de réduction d’émissions par secteur : Figure 6 :Objectif de réduction des consommations d’énergie en région Sud Source : SRADDET La région ambitionne d’être la première région française neutre en carbone à l’horizon 2050 et s’est d’ores et déjà fixée des objectifs majeurs en termes de production d’énergie et d’efficacité énergétique avec pour élément central, une politique volontariste visant à économiser l’énergie, augmenter la capacité à produire de l’énergie, par une approche diversifiée des sources de production non carbonées et associée à du stockage. Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 8
Pour l’industrie, l’objectif est de réduire les consommations énergétiques du secteur industriel de 42 % à horizon 2030, par rapport à 2012, faisant de ce secteur le principal contributeur à la baisse des consommations régionales. Afin de mettre en œuvre cette ambition, la Région a adopté en avril 2020 un plan de décarbonation énergétique. La priorité est mise sur 4 thématiques : • Passer des énergies fossiles et fissiles à des énergies propres et durables ; • Assurer la décarbonation sans pénaliser les habitants ; • Mettre le poids de la Région dans la balance des décisions internationales ; • Se donner les moyens de dépasser ses ambitions. En matière d’industrie, le plan de décarbonation cible plusieurs leviers pour accélérer la baisse des émissions du secteur : • Le soutien aux technologies de décarbonation des procédés industriels ; • Le soutien aux projets permettant le déploiement de filières alternatives durables neutres en carbone ; • Le développement d’une vision à long terme des industries. Une transition impactant de nombreux secteurs Avec un objectif de réduction de 42% des consommations énergétiques industrielle à horizon 2030 en région, la transition vers une économie bas carbone en Provence-Alpes-Côte d’Azur devra s’accompagner par la suppression progressive ou l’adaptation des activités fortement liées aux combustibles fossiles et à forte intensité de gaz à effet de serre (GES). Pour les secteurs « en déclin », tels que la production d’énergie à partir du charbon, la transition vers la neutralité carbone est liée à la suppression progressive de l’activité et à la réduction correspondante du niveau d’emploi. En ce qui concerne les secteurs « en transformation », qui présentent des niveaux élevés d’émissions de GES, ceux-ci devront promouvoir une « décarbonation » de leurs activités grâce au déploiement de nouvelles technologies, de nouveaux procédés ou de nouveaux produits, entraînant une réduction notable des émissions3. L’enjeu majeur est donc d’accompagner la réduction des émissions ou, lorsque ce n’est pas possible, la diversification et la conversion des sites vers de nouvelles activités moins émettrices. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le secteur industriel représente 39 % des émissions de GES 4. L’essentiel des émissions carbonées de l’industrie dans la région sont liées au secteur de la métallurgie et, dans une moindre mesure, à l’industrie pétrochimique (y compris le raffinage). Majoritairement concentrée dans la zone de l’Étang de Berre autour de Fos-sur-Mer (Bouches- du-Rhône), la métallurgie émet 53 % des émissions de GES issues du secteur industriel 5 pour 0,7 % de l'emploi de la région, soit 12 000 salariés6. 3 COM(2020) 22 final. 4 Région Sud, 2020. Décarboner le territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur. 5 Atmosud, 2018. Diagnostic air climat énergie du PCAEM de la métropole Aix Marseille Provence. 6 Observatoire de la métallurgie, 2019. Portrait de territoire – Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 9
La région est également la deuxième région française pour la production chimique. La pétrochimie dans la région représente plus de 2 400 établissements, 25 000 emplois directs, 17,3 % des effectifs industriels7. Les sites industriels de Fos, Berre, et Lavera (Bouches-du-Rhône), constituent l’un des pôles chimiques les plus importants d’Europe. Ce complexe pétrochimique représente 10 % de la chimie française, 5 % de la pétrochimie et 10 000 emplois 8. La pétrochimie représentait 17 % du total des exportations de la région en 2008. En outre, la région compte trois des 11 raffineries françaises. La production énergétique de la région est encore massivement carbonée. La production d’énergie primaire dans la région est 100 % renouvelable, mais couvre seulement 10 % de sa consommation électrique, soit 15,7 TWh. L’alimentation électrique de la région dépend, selon les années, de 40 à 60 % de l’importation depuis le réseau national, complétée par la production réalisée sur le territoire régional. Le secteur industriel consomme 37 % de l’énergie en raison notamment de la présence des grandes infrastructures autour de l’Étang de Berre (métallurgie, pétrochimie, sidérurgie...). Le gouvernement a annoncé la fermeture d’ici 2022 des quatre dernières centrales thermiques fonctionnant au charbon sur le sol métropolitain, y compris celle de Provence (communément appelée Gardanne-Meyreuil)9. Si ces quatre centrales fournissent une part faible de la production d’électricité (1 à 3 %), elles représentent près d’un tiers des émissions de GES du secteur électrique à l’échelle nationale10. La centrale de Provence, située dans les Bouches- du-Rhône, emploie 174 salariés. 700 emplois indirects sont également concernés, en majeur partie issus d’entreprises sous-traitantes, y compris sur le port de Marseille-Fos. Le Pacte pour la transition écologique et industrielle du territoire de Gardanne-Meyreuil ambitionne de développer de nouvelles activités sur le site et d’accompagner les salariés dont l’emploi sera touché. Le secteur maritime et portuaire a une importance stratégique pour la région, avec le port de Marseille-Fos, premier port français, le port Vauban d’Antibes, premier port de plaisance d’Europe, et le port de Toulon, premier port militaire d’Europe. La filière maritime, navale et logistique représente près de 25 000 emplois directs dans la région, dont 80 % dans les domaines du transport maritime et la construction et réparation navale, et 124 000 emplois maritimes indirects toutes filières confondues 11. Fort de la présence de la CMA CGM et du Grand port maritime de Marseille (GPMM), la zone Marseille-Aubagne concentre près de la moitié des emplois (11 600) et plus de 40 % de la richesse dégagée maritime de la région. La pollution des navires à quai (oxyde de soufre, azote, CO2, particules fines) constitue également un sujet d’importance. Les émissions de GES des activités directes au sein du GPMM représentent un total annuel de 5 152 teqCO2, le trafic maritime en représentant 99 %. Le bilan carbone de la navigation des navires est de 772 000 teqCO212. Les enjeux portent 7 Inno TSD, N-Able, 2020. Actualisation de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur : Diagnostic des filières S3 et propositions S3 2021-2027. 8 Idem. 9 Ministère de la Transition Écologique et Solidaire (MTES), 2020. Fermeture des centrales à charbon d’ici 2022 : Enjeux et projets de territoire, dossier de presse. 10 Préfet des Bouches-du-Rhône, et al., 2020. Document stratégique pour un projet de territoire de Gardanne/Meyreuil. 11 INSEE, 2019. https://www.insee.fr/fr/statistiques/2862316 12 GPMM, BG Ingénieurs Conseils, 2012. Bilan réglementaire des émissions de gaz à effet de serre (BEGES). Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 10
principalement sur l’adoption de réglementations internationales en discussion à l’Organisation Maritime Internationale. Le secteur aéronautique, spatial et naval concentre 565 établissements employeurs et près de 20 000 employés en Provence-Alpes-Côte d’Azur13. La région est le deuxième pôle aéronautique français, adossée à deux aéroports internationaux et à la présence de plusieurs grands groupes leaders mondiaux (Airbus Helicopters, Thalès Aliena Space et Safran). Les entreprises du secteur se concentrent à Marignane dans les Bouches-du-Rhône. Moins que les émissions sur le territoire, les enjeux de la transition vers une économie neutre portent sur les modifications profondes nécessaires pour la conception des futurs produits (gestion de l’énergie à bord, efficacité de la propulsion…). Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire représente 2 % des émissions de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur14. Ce secteur est le deuxième employeur industriel de la région, avec près de 43 000 emplois dans les exploitations agricoles et 27 000 dans les industries agroalimentaires15, et pèse près de 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires16. Les départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse recueillent 64 % de l’emploi du secteur 17. La région est le premier bassin national de production de fruits et légumes, d’olives et huiles d’olives, de riz, de plantes à parfums, aromatiques et médicinales. Le secteur agricole de la région a une forte spécificité « végétale » (78 % des exploitations ont une orientation exclusivement végétale, contre 42 % à l’échelle nationale)18, ce qui a une incidence sur les priorités technologiques (biocontrôle, agriculture de précision…). Des travaux importants sont conduits dans le domaine de la durabilité des ressources, l’agriculture de précision, les circuits courts et la réduction de l’utilisation d’énergie carbonée afin de décarboner le secteur, qui se voit également impacté par les effets du changement climatique. Par exemple, la hausse des températures hivernales accroît le risque de dégâts par le gel des cultures fruitières. Le secteur touristique est économiquement très important pour la région : elle est la deuxième région pour les nuitées internationales et cumulait 31 millions de séjours touristiques en 2018. Le secteur soutient 143 000 emplois et son PIB est estimé à 19 milliards d’euros, soit 13 % du PIB régional19. La région vise développer davantage l’éco-tourisme et la mobilité douce (performance environnementale des hébergements touristiques, écolabels…). 13Inno TSD, N-Able, 2020. Actualisation de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur : Diagnostic des filières S3 et propositions S3 2021-2027. 14 Région Sud, 2020. Décarboner le territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur. 15Inno TSD, N-Able, 2020. Actualisation de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur : Diagnostic des filières S3 et propositions S3 2021-2027. 16 Aria Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2020. 17 Idem. 18Inno TSD, N-Able, 2020. Actualisation de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur : Diagnostic des filières S3 et propositions S3 2021-2027. 19Inno TSD, N-Able, 2020. Actualisation de la Stratégie de spécialisation intelligente de la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur : Diagnostic des filières S3 et propositions S3 2021-2027. Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 11
Tableau 1 : Synthèse des enjeux par secteur Secteur Importance du secteur Secteur en Poids en GES Principales Principales Principaux Actions touché par la pour les Bouches-du- déclin ou en incidences incidences sur sites et / ou correctrices transition vers Rhône transformatio économiqu l’emploi territoire une n es (richesse concernés économie dégagée neutre pour le en M€) climat Aéronautique Les activités régionales du Transformatio 20 000 emplois Marignane RDI pour , spatial et secteur sont concentrées n directs (Bouches-du- développem naval dans les Bouches-du-Rhône Rhône) ent de nouveaux produits (construction) Agriculture et Les départements Transformatio 2 % des émissions 1 172 70 000 emplois Bouches-du- agroalimenta Bouches-du-Rhône et n régionales directs Rhône, ire Vaucluse recueillent 64 % Vaucluse de l’emploi régional Énergie Déclin / 20 % des émissions 1 611 Gardanne, Fermeture de Transformatio régionales Bouches-du- la centrale à n Rhône charbon Développem ent de nouvelles technologies et déploiement de technologies matures Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 12
Maritime et 4,4% de l’emploi total des Transformatio GPMM : 5 152 25 000 emplois Port de Accord portuaire Bouches-du-Rhône. Le Port n teqCO2 (activités directs Marseille-Fos internationau Marseille-Fos recueillent directes), x OMI (124 000 emplois près de la moitié des (navigation) 772 000 teqCO2 indirects) emplois de la région (navigation des navires) Métallurgie Les activités régionales du Déclin 20 % des émissions 809 12 000 emplois Étang de Développem secteur sont concentrées régionales directs Berre (Fos-sur- ent et dans les Bouches-du-Rhône Mer) déploiement de nouvelles technologies Raffinage- Les activités régionales du Déclin 1 938 25 000 emplois Étang de Développem Pétrochimie secteur sont concentrées directs Berre ent et dans les Bouches-du-Rhône (complexe de déploiement Fos-Berre- de nouvelles Lavera) technologies Tourisme Transformatio 143 000 emplois Littoral, Alpes n Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 13
Pertes d’emplois et besoins de requalification Les impacts liés à la transition écologique sur les marches de l’emploi ont fait l’objet de nombreuses analyses au cours des vingt dernières années. Au départ, la règlementation environnementale était largement aperçue comme une « tueuse d'emplois », étant donné les pressions croissantes qu’elle peut engendrer au sein des entreprises, grands groupes comme PME, qui doivent s’y conformer. Cette vision a largement évolué en peu de temps avec l’émergence d’un nouveau « paradigme vert », soutenu par l’idée que la transition vers des économies sobres en carbone peut donner lieu à une création nette d’emplois (les gains d'emplois l'emporteront sur les pertes d'emploi). Cela étant dit, si bien nombreux études et outils ont montré que la mise en œuvre de mesures règlementaire et des politiques en faveur de la transition environnementale peuvent en effet être génératrices d’emploi nettes, cette transition – et notamment en ce qui concerne la fermeture et la transition d’activités polluantes (ou brunes) - entraînera inévitablement des pertes d'emplois importantes et une fragmentation sociale croissante si des mesures appropriées ne sont pas prises pour les éviter (OCDE, 2010). Le rapport du JRC sur les opportunités de transition industrielle (2020) souligne également que cette nécessaire et profonde transition profonde représente une chance à la fois en termes de réponse aux impératifs de croissance économique, mais aussi de transformation sociale. Outre le maintien d’emplois dignes, épanouissants et bien rémunérés, elle permet en effet d'autonomiser des groupes traditionnellement défavorisés et de parvenir à la durabilité. Ainsi, dans le cas de la région Sud, il est estimé que la fermeture de la Centrale thermique de Provence Gardanne-Meyreuil aura des conséquences directes pour les salariés de la tranche 5 à charbon de la Centrale, ainsi que pour les entreprises sous-traitantes, y compris sur le port de Fos (impact sur les trafics vrac du fait de l’arrêt de l’importation de charbon). Elle aura également des répercussions indirectes significatives, notamment sur le bassin de vie de Gardanne-Meyreuil. En parallèle, des études récentes montrent que la filière émergente de l’énergie éolienne offshore à un potentiel de création d’emplois considérable : elle est passée de 2 000 à 3 000 emplois en un an, et les perspectives s’élèvent à 19 200 emplois directs à horizon 2028 d’après une étude prospective pour le Syndicat des Énergies Renouvelables (2020) Il est donc indispensable que les projets de transition vers une économie neutre en carbone soient accompagnés d’une analyse fine des conséquences en matière de perte d’activité économique et d’emploi, ainsi que de mesures visant à soutenir la requalification de la main d’œuvre dans le but de limiter les conséquences négatives et de créer des passerelles vers des nouveaux métiers, dont certains n’existent pas encore. Dans le contexte actuel de crise sanitaire engendrée par le virus du COVID-19 et ses effets négatifs sur l’économie, ces mesures de protection de l’emploi sont d’autant plus importantes. La région Sud, tout comme les autres régions de Frances, fait face à une grave crise économique et sociale qui nécessite des réponses à court, moyen et long terme. Comme pour tout territoire ayant l’ambition de gérer de manière juste et efficace sa transition vers une économie neutre en carbone, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur devra assurer la mise en place des mesures visant à : • Perfectionner des travailleurs dans des secteurs en transformation (upskilling) : Certains secteurs d’activité subissent des mutations permanentes, en lien avec l’introduction de nouvelles technologies, des nouvelles règlementations, ou bien de nouveaux modèles économiques. Par exemple, le secteur et les métiers du bâtiment ont connu une profonde évolution dans les vingt dernières années, en lien avec le multiples mesures et normes visant à rendre le bâti moins énergivore. D’après l’observatoire national des emplois et métiers de Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 14
l’économie verte, les moteurs de l’évolution des métier du bâtiment sont principalement liés à une évolution des connaissances techniques (utilisation de nouveaux matériaux, nouvelles techniques de construction et d’isolation, développement de nouvelles technologies), ou bien aux nouvelles modalités de travail (organisation du travail entre corps de métiers, obligation de résultats, gestion durable des chantiers, approche globale du bâti). Ceci nécessite la mise en place de mesures de formation destinées à augmenter les compétences existantes afin de permette la continuation du même métier, ou du même domaine d’activité, dans un contexte de mutations. Par exemple, s’agissant du métier de la maçonnerie (toujours dans le bâtiment) les mesures de perfectionnement peuvent viser à développer des compétences liées à la maîtrise de l’utilisation des isolants par l’extérieur ; ou bien la précision des métrés et de l’utilisation des outils de mesure. Les mesures de perfectionnement sont particulièrement pertinentes en vue de l’importance du secteur du bâtiment dans l’économie régionale : il est estimé que les investissements dans les énergies renouvelables et la rénovation des bâtiments auront comme corollaire non négligeable la création ou le maintien d’environ 50 000 emplois par an dont les deux tiers seront directs et 80% devraient concerner les bâtiments. Sur la période 2012-2050 (38 ans), cela pourrait représenter un total de plus de 1 900 000 équivalents temps-pleins directs ou indirects qui seront générés ou maintenus pas les investissements liés à l’énergie (Décarboner le territoire de PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR, 2020). Cela peut également concerner les employés de la filière bois de la région qui génère des emplois non délocalisables mais qui sont également susceptibles de subir des transformations. Le secteur fait travailler environ 21 000 personnes dans la région (sylviculture et exploitation forestière, industrie du papier et du carton, sciage et travail du bois, fabrication de meubles, construction en bois) (Programme Régional de la forêt et du bois 2019-2029 de la Région PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR). • Reconversion des travailleurs des secteurs en déclin (reskilling) : La reconversion des travailleurs (ou le reskilling) concerne les mesures de formation destinée à aider les personnes à acquérir de nouvelles compétences, en vue de les accompagner dans un projet de changement de métier. Cela peut concerner des formations proposées dans le cadre de l’enseignement supérieur ou de la formation professionnelle, ou bien, de formations proposées en interne par les entreprises qui recrutent. En PROVENCE-ALPES- CÔTE D’AZUR, la reconversion concernera prioritairement les salariés des industries en déclin, qui auront besoin de trouver des opportunités d’emploi dans des secteurs alternatifs ou dans des activités nouvelles sur les mêmes sites industriels. • Formation et attraction des travailleurs pour les nouveaux métiers du territoire : Bien que le perfectionnement et la reconversion offriront à la région la possibilité de réduire les conséquences négatives sur l’emploi liées à la transition écologique, l’émergence de nouvelles filières (et la diversification économique) sera conditionnée également par le développement d’une offre de formation liées aux nouveaux métiers et secteurs émergents. La région aura donc besoin d’assurer que son système de formation supérieur, professionnelle, et continue ; prenne en compte les besoins des employeurs (présents et futurs) en lien avec ces secteurs émergents. Cela pourrait être le cas par exemple des formations liées aux métiers de l’éolien offshore, l’hydrogène, ou l’écologie industrielle. Le potentiel de diversification du territoire La protection de l’emploi sera conditionnée par la capacité de la région à accompagner l’évolution des outils industriels et à diversifier ses activités économiques, notamment en Mission de soutien à la Région pour la mise en œuvre du Fonds de Transition Juste 2021-2027 15
Vous pouvez aussi lire