NEUROCHIRURGIE AU CHL: QUAND LES SCIENCES DE L'INGÉNIEUR RENCONTRENT LA MÉDECINE
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NEUROLOGIE NEUROCHIRURGIE AU CHL: QUAND LES SCIENCES DE L’INGÉNIEUR RENCONTRENT LA MÉDECINE D ’A P R È S L’ I N T E R V I E W D U P R F R A N K H E R T E L ( C H E F D U S E R V I C E N AT I O N A L D E N E U R O C H I R U R G I E , C H L ) E T D E PAT R I C K F E LTG E N ( C A D R E S O I G N A N T C H E F D ’ U N I T É ) Le Pr Frank Hertel et Patrick Feltgen Le service de neurochirurgie du CHL est le service de référence national pour la neurochirurgie et accueille donc les patients qui présentent des maladies affectant le cerveau, la colonne vertébrale ou le système nerveux périphérique susceptibles d’être traitées par un acte chirurgical. Au cours d’un entretien passionnant, le Pr Frank Hertel – qui dirige le service – nous a présenté quelques-unes des techniques de pointe qui sont utilisées et/ou développées afin de réaliser des interventions plus sûres et plus efficaces. ML0213F MEDINLUX / N00 / 0000 1
QUELQUES GÉNÉRALITÉS À PROPOS DU SERVICE Le service de neurochirurgie du CHL est le service de référence national pour la neurochirurgie. À ce titre, il accueille les patients qui présentent des mala- dies affectant le cerveau, la colonne vertébrale ou le système nerveux péri- phérique susceptibles d’être traitées par un acte chirurgical. Son aire d’in- QUELLES SONT LES AFFECTIONS TRAITÉES fluence englobe le Sud de la Belgique, PAR LE SERVICE DE NEUROCHIRURGIE? une partie du Grand Est français et les régions adjacentes de l’Allemagne. Le service de neurochirurgie est un ser- vice national, qui est de garde pour les CERVEAU ET MOELLE ÉPINIÈRE urgences neurochirurgicales 24h/24h. - Prise en charge complète des tumeurs Il travaille en étroite collaboration avec primaires et secondaires cérébrales (gliome, les services de neuroradiologie diagnos- méningiome, métastases, neurinome…) tique et interventionnelle, de neurolo- - Prise en charge des traumatismes crâniens et spinaux gie et de réanimation - soins intensifs - Maladies neurovasculaires (anévrisme, angiome, médico-chirurgicaux. cavernome, hémorragie intracérébrale…; coiling/clipping) - Tumeur hypophysaire (chirurgie par voie L’équipe pluridisciplinaire prend en microscopique ou endoscopique) charge les maladies aiguës et chroniques, en collaboration avec les réseaux d’aide et - Hydrocéphalie (shunt, ventriculostomie) de soins extérieurs. - Biopsies par stéréotaxie - Chirurgie fonctionnelle/stimulation cérébrale La quasi-totalité des méthodes et tech- profonde stéréotaxique (maladie de Parkinson, niques utilisées dans la discipline sont dystonie, tremor, maladies psychiatriques telles que pratiquées dans le service. Cela com- l’anorexie, les TOC ou la dépression majeure…) prend donc les techniques chirurgicales - Névralgie du trijumeau crâniennes minimalement invasives, la - Stimulateur médullaire [douleurs chroniques, artériopathie chirurgie de la colonne par neuronaviga- périphérique (de stade 3 de Fontaine: douleurs au repos)…] tion, la chirurgie endoscopique, les tech- - Traitement de la spasticité chronique (neurotomie ciblée, niques endovasculaires (artériographies/ implantation d’une pompe intrathécale, rééducation intensive embolisations), neuroradiologiques, en collaboration avec le Rehazenter de Luxembourg) ainsi que la radiothérapie stéréotaxique (CyberKnife; Centre François Baclesse). Tant les adultes que les enfants sont pris en charge. COLONNE VERTÉBRALE - Hernies discales Dans l’encadré ci-joint, on peut appré- - Canal lombaire étroit cier l’étendue et la variété des inter- - Instabilité (dégénérative ou traumatique) ventions pratiquées dans le centre - Fractures de neurochirurgie du CHL. La place - Tumeurs et métastases manque pour toutes les détailler, aussi nous n’en présenterons que quelques- unes. Elles illustrent à la fois la grande complexité des interventions de neu- SYSTÈME NERVEUX PÉRIPHÉRIQUE rochirurgie, le recours à des techno- - Syndrome de compression (canal carpien, canal cubital…) logies de pointe, les nécessaires col- - Stimulation sacrée (incontinences fécales et urinaires…) laborations avec d’autres services/ - Tumeurs spécialités et, surtout, l’évolution vers - Biopsies des interventions minimalement inva- sives, qui visent à préserver les tissus cérébraux et leurs fonctions. MEDINLUX / N00 / 0000 2
PRIMUM NON NOCERE: Une application typique est une interven- Comme l’infiltration tumorale réelle LE NEUROMONITORING INTRAOPÉRATOIRE tion sur une tumeur affectant le centre dépasse largement les limites tumorales Le neuromonitoring intra-opératoire du langage et dont un(e) orthophoniste données par l’imagerie ou estimées par permet de surveiller le système nerveux surveille le bon fonctionnement tout au le chirurgien, plusieurs techniques ont central lors des opérations neurochirurgi- long du geste chirurgical chez le patient été proposées afin d’améliorer la qualité cales – résections de tumeurs cérébrales, qui reste éveillé. L’équipe comporte 3 per- d’exérèse (neuronavigation, échogra- des foyers épileptiques, des nerfs crâ- sonnes dédiées au neuromonitoring. phie peropératoire, écho-neuronaviga- niens, de lésions du rachis ou encore neu- tion ou IRM peropératoire), mais la plus rochirurgie vasculaire – avec l’objectif de LA CHIRURGIE D’EXÉRÈSE réduire le risque de déficits post-opéra- GUIDÉE PAR FLUORESCENCE toires. Des fonctions essentielles, notam- Les glioblastomes sont les tumeurs pri- ment les fonctions motrices, somato- mitives du système nerveux central les sensorielles, auditives ou visuelles, plus fréquentes et les plus agressives. peuvent ainsi être monitorées tout au Leur prise en charge repose avant tout long des interventions chirurgicales. sur l’exérèse neurochirurgicale opti- Les mesures neurophysiologiques réa- male lorsqu’elle est envisageable, suivie L’équipe pluridisciplinaire lisées en continu (potentiels évoqués…) permettent de détecter les perturba- d’une radio-chimiothérapie. L’absence de résidu tumoral est un facteur pronostique prend en charge les maladies tions de la fonction suivie à un stade où capital (une résection d’au moins 95% est aiguës et chroniques, en les altérations du système nerveux sont visée). Elle est significativement associée encore encore réversibles, et ce, dans le à de meilleures survie globale, qualité de collaboration avec les réseaux but d’alerter le chirurgien afin qu’il puisse vie et efficacité du traitement complé- d’aide et de soins extérieurs. adapter sa stratégie opératoire pour évi- mentaire. Cependant, cet objectif n’est ter un déficit neurologique permanent. Le atteint que dans 20 à 50% des cas, notam- neuromonitoring intra-opératoire peut ment en raison de la difficulté à distinguer également être employé pour la localisa- le tissu sain du tissu pathologique lors de tion des zones et des voies fonctionnelles. l’exérèse de ces tumeurs infiltrantes. MEDINLUX / N00 / 0000 3
performante est la chirurgie d’exérèse LA PRISE EN CHARGE ENDOVASCULAIRE guidée par fluorescence. Elle repose sur DES ANÉVRISMES l’apport exogène en excès de 5-ALA, qui Un anévrisme désigne la dilatation loca- subit ensuite une transformation enzy- lisée d’une artère (plus rarement d’une matique en protoporphyrine IX (PPIX) veine) due à une faiblesse du tissu vas- fluorescente s’accumulant électivement culaire. Le sang artériel sous pression dans les cellules tumorales gliales. La circule en tourbillonnant au sein de cette PPIX est le précurseur immédiat de la dilatation – appelée «sac anévrismal» –, Le neuromonitoring molécule d’hème de l’hémoglobine. Après qui reste reliée à l’artère par une zone excitation en lumière bleue (correspon- plus étroite appelée «collet». Le sac ané- intra-opératoire permet dant au spectre d’absorption de la PPIX), vrismal se fragilise au fur et à mesure de de surveiller le système celle-ci va émettre une lumière rouge. sa croissance. Ces anévrismes peuvent L’utilisation d’un microscope opératoire se rompre et provoquer un AVC hémorra- nerveux central lors possédant un système de filtres optiques gique (ils sont à l’origine de 5% des AVC des opérations spécifiques permet d’identifier avec pré- et d’un quart des AVC hémorragiques). cision les tumeurs cérébrales malignes et Pour mémoire, les AVC constituent la 3e neurochirurgicales, l’infiltration tumorale périphérique inac- cessible à l’œil nu. Cette dernière apparaît cause de décès dans les pays occidentaux et la cause la plus fréquente d’invalidité avec l’objectif de réduire sous la forme d’une fluorescence rouge, neurologique. le risque de déficits tandis que le tissu normal reste bleu. L’exérèse chirurgicale est théoriquement Lorsqu’un anévrisme est détecté de post-opératoires. complète lorsque toute la fluorescence manière fortuite et selon le risque a disparu. La fluorescence 5-ALA per- estimé de rupture, il peut être surveillé met une exérèse complète chez 65% des ou traité préventivement. Le risque de patients, soit deux fois plus que dans le rupture est très faible (environ 1/10.000 groupe témoin opéré en lumière blanche habitants/an), mais il s’agit d’un évé- classique (1). nement grave, mortel dans près de la MEDINLUX / N00 / 0000 4
moitié des cas, qui nécessite alors une prise en charge urgente. Plusieurs tech- niques peuvent être utilisées pour «neu- traliser» l’anévrisme, la plus fréquente étant le clippage du col de l’anévrisme, qui implique toutefois une craniotomie. L’alternative est une approche endovas- Le neurinome de l’acoustique est une tumeur bénigne, culaire, où l’anévrisme est atteint et traité grâce à un cathéter. Différents le plus souvent développée aux dépens du contingent matériels peuvent être déployés via ce vestibulaire du nerf acoustique. cathéter, seuls ou en combinaison, pour occlure l’anévrisme ou reconstruire l’artère: - les coils (implant en forme de fil métal- lique très souple) ou les plugs (micro- cages grillagées en métal) servent à boucher l’anévrisme; - les stents à mailles larges, utilisés en Dans la majorité des cas, la crois- de traitement invasives. L’une des complément, permettent de renforcer sance tumorale est extrêmement lente. méthodes de traitement de plus en l’artère; Certains neurinomes sont donc simple- plus utilisées ces dernières années - les stents à mailles serrées (appelés ment surveillés de façon régulière, sans est la stimulation cérébrale profonde stents à diversion de flux) qui entraînent aucune intervention thérapeutique. Dans (SCP). Ainsi, une patiente de 42 ans progressivement une occlusion (par d’autres cas, une ablation chirurgicale souffrant d’anorexie chronique de type thrombose) de l’anévrisme. de la tumeur peut être requise. Il s’agit boulimique dont le pronostic vital était d’une chirurgie particulière, qui peut être engagé a été traitée par l’implantation Ces techniques mini-invasives particulièrement longue (10-16h en fonc- d’une SCP bilatérale du noyau accu- semblent supérieures en termes de tion des tissus infiltrés par la tumeur) et mbens. À 12 mois, une prise de poids de morbi-mortalité et sont à considérer s’appuyer sur une double équipe chirur- 46,9% et une amélioration subjective de en première intention. L’hétérogénéité gicale (associant un ORL et un neuro- la qualité de vie ont été observées (3). de la présentation des anévrismes chirurgien). Les risques opératoires com- (état, forme, localisation, taille, taille prennent une perte complète et définitive LA (LONGUE) SOUFFRANCE DES PATIENTS du collet…) justifie le fait que diverses de l’audition du côté opéré (fréquente) ATTEINTS DE NÉVRALGIE DU TRIJUMEAU approches doivent être envisagées et la survenue en post-opératoire d’une La douleur est le signe cardinal de la pour traiter les différents «types» paralysie faciale, raison pour laquelle maladie. Elle est décrite comme une d’anévrismes intracrâniens par voie ces interventions sont réalisées en utili- décharge électrique qui se manifeste par endovasculaire, ou qu’il faut discuter sant un neuromonitoring du nerf facial. de brèves salves non prévisibles. Cette leur prise en charge chirurgicale. Ces Une radiothérapie peut être envisagée affection est rare et donc assez mécon- prises en charge impliquent à la fois (gamma-unit, radiothérapie fractionnée nue. Cela explique probablement le délai des opérateurs du service (chirurgiens conformationnelle) pour des tumeurs de entre l’apparition des douleurs et le dia- et chirurgiens endovasculaires) et des petit et moyen volumes. La décision thé- gnostic final. Un article récent a d’ail- neuro-radiologues. rapeutique dépend de nombreux facteurs, leurs montré que de nombreux patients pouvant faire appel aux compétences de subissaient l’inutile extraction de plu- DES INTERVENTIONS différents spécialistes (neurochirurgiens, sieurs dents de sagesse (en moyenne 3) OTONEUROCHIRURGICALES ORL, neuroradiologues…). avant de recevoir le bon diagnostic. Une Le neurinome de l’acoustique est fois reconnue, la névralgie essentielle une tumeur bénigne, le plus souvent TRAITER L’ANOREXIE MENTALE PAR LA requiert un traitement par anticonvul- développée aux dépens du contingent STIMULATION CÉRÉBRALE PROFONDE sivants. En cas d’échappement (et/ou vestibulaire du nerf acoustique. Il est L’anorexie mentale a de graves réper- d’intolérance) à ces médications, les habituellement unilatéral, isolé et non cussions sur la santé mentale et phy- méthodes chirurgicales actuelles per- héréditaire. Le neurinome de l’acous- sique des personnes qui en souffrent, mettent d’apporter la guérison dans la tique est responsable d’une surdité ainsi que sur leur qualité de vie. Dans plupart des cas. Mise au point dans les souvent difficile à appareiller, tandis 21% des cas, aucune réponse durable années 60, la décompression vasculaire que les troubles de l’équilibre peuvent au traitement conservateur ne peut microchirurgicale au niveau de l’angle être responsables de chutes et qu’une être obtenue. L’évolution grave de la ponto-cérébelleux en est la première compression d’autres nerfs crâniens de maladie chez les patients les plus sévè- option, car elle s’adresse à la cause et voisinage est possible. rement atteints justifie des options est conservatrice. MEDINLUX / N00 / 0000 5
AMÉLIORER LA QUALITÉ DE LA progression de la maladie. Une autre STIMULATION CÉRÉBRALE PROFONDE application importante est la planifica- La stimulation cérébrale profonde (SCP) tion pré- opératoire et l’évaluation est une intervention basée sur l’implan- post-opératoire des opérations de SCP. tation d’électrodes permanentes dans le cerveau humain pour soulager les Les structures cibles de la SCP ne symptômes de divers troubles du mouve- peuvent pas être clairement visualisées ment et neuropsychiatriques, tels que les pendant l’intervention et, par consé- Le team médical comprend tremblements, la dystonie et la maladie quent, la localisation pré-opératoire de 5 spécialistes et 5 assistants. de Parkinson. la structure cible est importante pour le ciblage chirurgical. Une planification Les séniors peuvent La segmentation des noyaux cérébraux précise est nécessaire pour le place- profonds à partir de données structu- ment exact des électrodes de SCP, ce assurer toutes les urgences relles d’imagerie par résonance magné- qui se traduit par un meilleur résultat et les prises en charge tique (IRM) est largement utilisée en du traitement. Après la chirurgie, les pratique clinique et en recherche. Elle paramètres du dispositif, tels que l’am- standard, mais ont investi permet de localiser les structures et plitude de la stimulation et les contacts chacun une ou plusieurs d’extraire des caractéristiques mor- actifs de l’électrode implantée, sont phologiques, utiles pour le diagnostic, systématiquement testés lors d’une sous-spécialité(s). la planification du traitement et le suivi session de programmation. L’objectif de la maladie. Par exemple, dans la de cette session est de trouver les maladie de Parkinson, où les patients paramètres optimaux qui stimulent la présentent des changements morpholo- région cible, tout en évitant les régions giques caractéristiques de la substance qui provoquent des effets secondaires. noire, la segmentation de cette région Une compréhension détaillée de la et d’autres noyaux des ganglions de la relation spatiale entre la structure de base a été importante pour étudier la la cible, la région à éviter et l’électrode MEDINLUX / N00 / 0000 6
implantée peut fournir des informa- tions précieuses pour le processus fas- tidieux de réglage fin des paramètres de stimulation. La plupart des solutions actuelles de pointe suivent une approche de segmen- tation par enregistrement, où les IRM du sujet sont mises en correspondance avec RÉDUIRE LE TRAUMATISME un modèle aux segmentations bien défi- PEROPÉRATOIRE, UNE PHILOSOPHIE nies. Ces procédures prennent cependant beaucoup de temps, ce qui limite leur uti- Au cours de sa formation en neurochirurgie, le Pr Hertel a lisation clinique. notamment passé 2 ans dans le service du Pr Axel Perneczky, à l’Université de Mainz. Le Pr Perneczky fut l’un des pionniers Une équipe d’informaticiens collaborant de la neurochirurgie minimalement invasive. Son ambition était avec le Pr Hertel se sont appuyés sur de réduire autant que possible le traumatisme peropératoire l’apprentissage profond [deep learning, qui est un type d’intelligence artificielle pour le patient, tout en tenant également compte des aspects dérivé du machine learning, où la machine esthétiques. Cet objectif pouvait être atteint grâce à une est capable d’apprendre par elle-même planification pré-opératoire minutieuse et approfondie de (apprentissage automatique), tentant de la meilleure approche, basée sur une analyse détaillée de modéliser avec un haut niveau d’abstrac- l’anatomie individuelle et des relations topographiques de tion des données, contrairement à la pro- la lésion visible sur l’imagerie. Le Pr Perneczky est connu grammation, où elle se contente d’exé- pour son utilisation des endoscopes, notamment dans cuter des règles prédéterminées] pour l’abord transsphénoïdal des tumeurs hypophysaires, mais fournir une solution robuste et efficace de la neurochirurgie mini-invasive utilise tous les instruments segmentation du cerveau profond. Grâce ou dispositifs chirurgicaux et les techniques opératoires qui à celle-ci, le temps de calcul est passé de contribuent à réduire le traumatisme peropératoire, y compris 42 minutes à 1 minute. Cette méthode est les postes de travail de planification des opérations en 3D, donc rapide, mais apparaît aussi robuste et applicable à d’autres structures céré- la stéréotaxie et les dispositifs de neuronavigation. Le Pr brales (4). Perneczky a démontré que, grâce à l’effet «trou de serrure» (keyhole), de volumineuses tumeurs cérébrales profondes Les électrodes implantées dans le pouvaient être contrôlées et extraites de manière satisfaisante cerveau ont habituellement 4 points par une craniotomie de taille réduite. Ces interventions de contact, mais certains modèles minimalement invasives demandent cependant une réelle actuels en ont jusqu’à 8, avec des expertise (champ de vision étroit, instruments longs et formes plus complexes permettant spécifiques, multiples écrans à surveiller simultanément…). de «diriger» le courant dans une cer- taine direction. Cela complique le tra- Nous vous renvoyons vers la référence 2 pour vail de vérification du placement des en savoir plus sur l’évolution des techniques électrodes et de leur programmation minimalement invasives en neurochirurgie. post-opératoire. De nouveau, plusieurs informaticiens collaborant avec le Pr Hertel, comme Andreas Husch (du service de Neurochirurgie du CHL) et Peter Gemmar (Luxembourg Centre for interdisciplinaire made in Luxembourg et vie des patients sélectionnés (réponse à Systems Biomedicine), ont mis au point ont reçu plusieurs récompenses. la lévodopa). un algorithme entièrement automatisé (PaCER) permettant de visualiser les L’efficacité et la sécurité que permettent DES CAPTEURS DE PRESSION électrodes et leurs rapports avec les ces dernières techniques font que la SCP DANS LES CHAUSSURES structures à stimuler à partir de don- n’est plus considérée comme le dernier Un système de capteurs de pression a nées issues de CT-scan ou d’IRM (5). À recours dans une maladie de Parkinson, été conçu pour se placer dans des chaus- l’heure qu’il est, un prototype de visua- mais peut être envisagée plus préco- sures que les patients sont invités à porter lisation en 3D est en cours de test. Ces cement afin de retarder la dégradation durant 4 jours. Ce système enregistre tous travaux sont exemplatifs de la recherche symptomatique et préserver la qualité de les mouvements. Leur analyse permet MEDINLUX / N00 / 0000 7
de réaliser des diagnostics différentiels conventionnelle dans des pathologies (entre Parkinson et d’autres troubles de la cérébrales variées. Elle est également marche), d’évaluer l’efficacité de certains utilisée pour réduire le risque d’endom- traitements (SCP…), mais aussi de suivre mager les faisceaux de matière blanche certaines maladies et de documenter cer- lors d’une intervention chirurgicale, y taines indications, comme une éventuelle compris à proximité des voies visuelles, chirurgie de correction de la colonne sur plus difficiles à représenter [ce qui a la base du calcul du risque de chute. nécessité le recours a une technologie Le Pr Hertel consacre dérivée (HARDI) et le développement ANALYSER LES TISSUS EN PEROPÉRATOIRE d’algorithmes spécifiques (7)] La résection d’une tumeur cérébrale une part significative de son BIENTÔT DES ROBOTS? nécessite une évaluation minutieuse de la nature et de la malignité du tissu tumo- temps à des activités de Le groupe de recherche s’intéresse aussi ral pendant l’intervention, car c’est sur recherche, avec l’Uni Lu. à l’utilisation de la robotisation de cer- cette base que l’on décide du degré de taines procédures. À l’heure actuelle, la radicalité de la chirurgie. Généralement, Le groupe de recherche plus-value n’est pas encore évidente, sauf aucun tissu n’est disponible pour analyse rassemble une vingtaine de peut-être dans la chirurgie de l’épilepsie. avant l’intervention. L’examen histopa- Le robot s’avère en effet plus efficace thologique peropératoire d’échantillons collaborateurs et développe dans le placement d’une grande quantité de tumeurs prend du temps et soumet le patient à une tension importante en de nombreuses coopérations d’électrodes (gestes répétitifs). Un des espoirs est de pouvoir confier à un robot raison de l’anesthésie continue et de la internationales. le maniement de l’endoscope. chirurgie prolongée, d’où la nécessité de développer des méthodes plus rapides UN TRAVAIL D’ÉQUIPE pour un diagnostic approfondi. La pratique de la neurochirurgie implique une organisation complexe, qui doit réu- La spectroscopie Raman permet une ana- nir aux endroits ad hoc les opérateurs, les lyse rapide des échantillons sans avoir à collaborateurs et le matériel appropriés. les étiqueter ni à les préparer, ce qui en fait un outil utile pour les applications Le team médical comprend 5 spécialistes péri- et intra-chirurgicales. D’autre part, et 5 assistants. Les séniors peuvent elle pourrait fournir des connaissances tissu sain/tissu tumoral, la qualité de la assurer toutes les urgences et les prises importantes sur la biochimie des tumeurs résection ayant une importance pronos- en charge standard, mais ont investi et être utilisée pour une sous-classifica- tique majeure). Vingt secondes d’analyse chacun une ou plusieurs sous-spéciali- tion des tumeurs, avec un impact poten- suffisent pour déterminer la nature du té(s) (avec un volume suffisant). Sur le tiel sur les approches thérapeutiques per- tissu échantillon. La méthode permet de plan des soins infirmiers également, les sonnalisées (basées sur la biochimie de la différencier les gliomes/lymphomes et pathologies neurochirurgicales s’avèrent tumeur). La spectroscopie Raman est une métastases, de différencier de manière exigeantes. Pour ne citer qu’un seul méthode non destructive d’observation très sensible (10 cellules/cm2) un ménin- exemple, celui du traitement de la dou- et de caractérisation de la composition giome d’un tissu sain ou encore de grader leur par neurostimulation, une dizaine moléculaire et de la structure externe un gliome (grades I, II, III, IV et nécrose). d’appareils différents sont utilisés et d’un matériau, qui exploite le phénomène doivent donc être connus et maîtrisés par physique selon lequel un milieu modifie À ce jour, plus de 14.000 mesures ont été le team infirmier dédié. Comme la neu- légèrement la fréquence de la lumière y traitées. La mise à disposition de la sonde rochirurgie n’est pas enseignée dans le circulant (WIKI). intracérébrale devrait être finalisée d’ici cursus général des soins infirmiers, le 5-6 ans. team infirmier est formé sur place. Une Frank Hertel et son équipe collectent équipe pluridisciplinaire (kinésithéra- les spectres Raman et les résultats his- VISUALISER LES FAISCEAUX NEURONAUX peute, ergothérapeute, orthophoniste…) topathologiques corrélés (par une IA) EN COURS D’INTERVENTION s’occupe de la rééducation précoce. pour construire une base de données de L’imagerie en tenseur de diffusion (DTI) L’objectif est d’intervenir le plus tôt différents types de tumeurs (6). De plus, est une technique d’IRM qui permet la possible afin de profiter de la plasticité ces derniers résultats ont été comparés cartographie in vivo de la microstruc- cérébrale pour maximiser les chances de avec ceux d’une sonde portable, qui est ture et de l’organisation des tissus. récupération après une intervention ou potentiellement navigable pour des appli- Elle offre la possibilité de détecter et un trauma, par exemple (motricité fine, cations in vivo, intra-opératoires, comme de quantifier des anomalies de la subs- difficultés de déglutition, aphasie, hémi- un contrôle de résection (distinction tance blanche non visibles en imagerie plégie…), le cas échéant en collaboration MEDINLUX / N00 / 0000 8
avec des structures spécialisées situées en aval, tels le Rehazenter ou le réseau de rééducation gériatrique. Le Pr Hertel consacre une part signifi- cative de son temps à des activités de recherche, avec l’Uni Lu. Le groupe de recherche rassemble une vingtaine de INVITATION INVITATION collaborateurs – des physiciens théo- DESGUIDELINES GUIDELINES À À LA LA PRATIQUE riques, des mathématiciens, des infor- maticiens ou encore des ingénieurs – et développe de nombreuses coopérations DES PRATIQUE internationales, surtout avec l’Alle- 9 magne. Quelques travaux présentés ici 9 en attestent. 5 février 2022 Le service est dirigé depuis 2009 par le Pr 5 février 2022 Frank Hertel (https://www.chl.lu/fr/pro- fesseur-hertel-frank). À ce jour, il a traité (entrée 3 rue Genistre) plus de 750 patients par SCP. INVITATION INVITATION (entrée 3 rue Genistre) Accueil à partir de 8h30 CONCLUSION Au cours de cette discussion, il est apparu DES GUIDELINES À LAÀPRATIQUE DES GUIDELINES LA PRATIQUE Accueil à partir de 8h30 clairement que la quête d’excellence qui prévaut dans le service passe nécessai- 9 9 2 février rement par l’acquisition des systèmes les plus récents (techniques numériques de 2 février navigation…) – sur ce point, le service est 5 février52022 février 2022 à l’ultrapointe européenne – mais aussi En partenariat avec par la formation continue du personnel et d’indispensables collaborations avec (entréece3QR Scannez rue Genistre) (entrée code pour Avec En partenariat avec 3 lerue une Genistre) inscription soutien de rapide et facile ! d’autres services médicaux du CHL et extra-CHL, ainsi que par des collabora- Accueil à partir deà8h30 Accueil partir de 8h30 Avec le soutien de tions interdisciplinaires (informaticiens, mathématiciens…) nationales et interna- tionales. Le résultat consiste en des inter- ventions de plus en plus ciblées, tenant Avec la collaboration de compte des particularités de chaque 2 février 2 février patient (médecine personnalisée) et de Avec la collaboration de sa maladie. En partenariat avec En partenariat avec Avec le soutien de Avec le soutien de Références 1. Jacquesson T, et al. Neurochirurgie 2013;59:9-16. 2. Grunert P. Minim Invasive Surg 2013. doi:10.1155/2013/171369 3. Fernandes Arroteia I, Husch A, Baniasadi M, Hertel F. BMJ Case Reports CP 2020;13:e239316. Avec la collaboration de 4. Baniasadi M, Petersen MV, Gonçalves J, Horn A, Vlasov V, Hertel F, Avec la collaboration de Husch A. Medical Image Analysis 2021. 5. Husch A, Petersen MV, Gemmar P, Gonçalves J, Hertel F. Neuroimage Clin 2017;17:80-9. 6. Kleine Bergmann F, Husch A, Slimani R, Jelke F, Mirizzi G, Klein K, Mittelbronn M, Hertel F. Neuro Oncol 2019;21:vi149-50. 7. Hana A, Husch A, Gunness VRN, Berthold C, Hana A, Dooms G, Schwarz HB, Hertel F. J Vis Exp 2014;90:51946. MEDINLUX / N00 / 0000 9
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