NOTE DE CONJONCTURE 1-2019 - Statec
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
1 — 2019 NOTE DE CONJONCTURE − La situation économique au Luxembourg Évolution récente et perspectives
IMPRESSUM Responsable de la publication © Photos: Dr Serge Allegrezza Shutterstock / Luc Kohnen Rédaction La reproduction totale ou Ferdy Adam partielle de la présente note Michel Geller est autorisée à condition Tom Haas d’en citer la source. Malik Kerkour Bastien Larue Pauline Perray Cathy Schmit Véronique Sinner Juin 2019 Date de clôture statistique: 17 mai 2019 ISSN 1019-6463 STATEC Institut national de la statistique et des études économiques Centre Administratif Pierre Werner 13, rue Erasme L - 1468 Luxembourg-Kirchberg +352 247 - 84219 info@statec.etat.lu www.statec.lu statec.lu −
Sommaire Préface 3 Résumé et faits principaux 5 1. Conjoncture internationale 9 2. Activité économique 15 3. Inflation et salaires 29 4. Marché du travail 35 5. Finances publiques 41 6. Études thématiques 49 6.1 Indicateurs précurseurs pour l’emploi au Luxembourg 50 6.2 Évaluation macroéconomique des principales mesures de politique économique et budgétaire 58 6.3 À la recherche du consensus entre prévisions mensuelles, trimestrielles et annuelles 70 6.4 Analyse structurelle "shift-share" de la productivité horaire apparente du travail du Luxembourg en comparaison internationale 77 Liste des études publiées dans les dernières Notes de conjoncture 88
Préface La présente Note de conjoncture fait suite à la publication en mars de cette année des prévisions macroéconomiques de moyen terme. La prévision de moyen terme est le scénario de base qui donne le coup d’envoi à une série de travaux obligatoires réalisés dans le cadre du "semestre européen", à savoir une description des mesures économiques structurelles (résumée dans le "Plan national de réforme") et la politique budgétaire. Quant à la politique budgétaire, elle a été marquée par l’adoption, d’une part, du Budget de l’État pour 2019, retardé par les élections législatives de 2018, et, d’autre part, par l’approbation du "Programme de stabilité" exposant la stratégie budgétaire du Luxembourg pour la législature. Si l’on devait résumer en quelques mots les prévisions: la croissance économique en volume s’approche des 3% pour cette année et l’année prochaine, l’emploi reste dynamique, progressant à plus de 3%, le pouvoir d’achat s’améliore et les finances publiques sont largement excédentaires. C’est assez remarquable sur fond de conflit technico-commercial entre les grands blocs économiques mondiaux et les incertitudes qui pèsent toujours sur la politique économique et sociale de l’Union européenne. Note de conjoncture Il reste une énigme de taille: la productivité du travail stagne. Ce constat est approfondi N° 1-2019 3 par une nouvelle étude dans la présente Note de conjoncture qui constate le retard de la productivité du Luxembourg dans différentes branches par rapport à nos voisins. L’impact des mesures de politique économique Appelé en mars de cette année à donner son avis à la Commission du Budget de la Chambre des Députés, le STATEC s’était engagé à fournir, à côté d’une mise à jour des prévisions conjoncturelles, une évaluation de l’impact des différentes mesures annoncées par le gouvernement. La présente Note de conjoncture tente de quantifier, dans la mesure du possible, l’impact macroéconomique d’une série de mesures: hausse des accises, gratuité du transport public, accord salarial dans la fonction publique, baisse de l’impôt sur les sociétés, hausse du salaire minimum et réduction de la durée du temps de travail. La conclusion de cet exercice: les mesures évaluées par le STATEC auraient un impact expansif somme toute assez limité (0.2% du PIB), associé à un coût budgétaire modéré (0.2-0.3% du PIB). Dr Serge Allegrezza Directeur du STATEC
Résumé et faits principaux Tableau 1 Prévisions macroéconomiques 1995-2018 2018 2019 2020 2018 2019 Évolution en % Révisions (ou spécifié différemment) (points de % ou spécifié différemment)1 PIB (en vol.) 3.5 2.6 2.7 3.3 -0.4 -0.3 Emploi total intérieur 3.4 3.7 3.4 3.3 - - Taux de chômage 4.4 5.5 5.1 5.0 - -0.1 (% de la pop. active, déf. ADEM) Indice des prix à la consommation 2.0 1.5 1.8 1.6 -0.1 -0.1 (IPCN) Coût salarial nominal moyen 2.9 2.1 3.1 2.2 0.2 0.6 Capacité/besoin de financement 1.9 2.4 3.0 2.1 0.5 1.0 (% du PIB) 2 1 Par rapport à la NDC 2-18, publiée le 4 décembre 2018 2 Prévision du STATEC 2019-2020 Note de conjoncture Source: STATEC (1995-2018: données observées; 2019-20: prévisions) N° 1-2019 5 L’Europe pénalisée par les tensions commerciales Le contexte international est marqué depuis la fin de 2018 par la faiblesse du com- merce mondial. Celle-ci découle en partie des tensions croissantes entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux, la Chine en premier lieu. Par le biais des chaînes de production internationales, les effets s’en font ressentir jusqu’en Europe. Les perspectives pour la zone euro ont été considérablement revues à la baisse pour cette année. La demande intérieure, et la consommation privée en particulier, consti- tuera le principal facteur de soutien à la croissance. L’expansion devrait être un peu plus forte en 2020, sous l’effet d’une contribution améliorée des échanges extérieurs. Ce scénario repose cependant sur un apaisement des tensions commerciales interna- tionales qui demeure incertain pour le moment. Une croissance de l’ordre de 3% au Luxembourg jusqu’en 2020 L’économie luxembourgeoise a enregistré une croissance proche de 3% en 2018, principalement portée par les services non financiers. L’activité moins dynamique sur la fin de l’année écoulée et la dégradation du contexte économique international, surtout en Europe, conduisent à revoir les perspectives de croissance. Pour 2019, une progression de 2.7% du PIB est attendue, contre 3.0% encore à l’automne dernier.
La croissance resterait essentiellement soutenue par les services non financiers. La consommation des ménages, en nette progression en 2018, devrait rester dynamique cette année et en 2020, en lien avec la bonne tenue du marché du travail et les gains salariaux. L’investissement devrait également rebondir. L’économie nationale devrait ainsi profiter du soutien de la conjoncture domestique face aux turbulences de l’environnement international. Sous la réserve que ces dernières s’estompent, la demande extérieure devrait se renforcer et conduire la croissance à plus de 3% en 2020. Normalisation de la progression des prix et des salaires La progression des prix à la consommation a accéléré au Luxembourg, dépassant à nouveau celle de la zone euro. Poussée à 2% par certains éléments volatils (produits pétroliers et aliments non traités), l’inflation au Luxembourg conserve ce niveau du Note de conjoncture fait désormais de pressions sous-jacentes croissantes. Contrairement à la zone euro, 6 N° 1-2019 les prix des services sont très dynamiques et traduisent l’accélération des salaires. Face au ralentissement économique, les pressions conjoncturelles sur les prix devraient plafonner sur l’horizon de prévision. La sous-jacente resterait ainsi proche de 2% en 2019 et 2020, en dépit d’un impact négatif lié à l’introduction de la gratuité du transport public l’année prochaine. Les salaires restent fermement orientés à la hausse en zone euro. Au Grand-Duché, les rémunérations ont eu tendance à accélérer sur la fin de 2018, en particulier dans le secteur financier et les services aux entreprises. La hausse salariale prévue jusqu’en 2020 sera principalement soutenue par les effets de l’indexation automatique. Freinage en douceur du marché du travail À l’image de la tendance observée dans la zone euro depuis 2018, les créations d’emploi au Luxembourg accusent une légère perte de vitesse. Ce ralentissement touche la plupart des branches, à l’exception notable du secteur financier et de la construction. Après une baisse quasi continue sur les quatre dernières années, le taux de chômage a repris une tendance croissante depuis janvier 2019. Ce mouvement s’explique toutefois principalement par les modalités induites par l’introduction du nouveau revenu d’inclusion sociale ("Revis").
En effet, le freinage récent de l’emploi, amené à se poursuivre jusqu’en 2020, est trop léger pour justifier à lui seul un retournement à la hausse du chômage (surtout d’une manière aussi rapide et vigoureuse). Il est difficile de se prononcer sur les déve- loppements à venir de cet effet technique, qui vient ternir le diagnostic économique – le taux de chômage étant un indicateur de premier plan. La forte progression des recettes publiques amenée à se modérer La bonne tenue conjoncturelle a largement profité aux recettes de l’État en 2018. De surcroît, sur la fin de 2018 et le début de 2019, l’accélération des encaissements du côté des impôts sur les sociétés a fait bondir les recettes. Ce phénomène devrait à terme s’estomper et contraindre les rentrées futures. Après +9.1% en 2018, les recettes de l’État devraient ralentir en 2019 (+6.6%), un freinage supplémentaire étant prévu pour l’année prochaine (uniquement +3.3%). Note de conjoncture Les dépenses publiques n’ont par contre guère accéléré en 2018, progressant toujours N° 1-2019 7 à un rythme légèrement inférieur à 7%. En 2019 et 2020, elles devraient ralentir à quelque 5% par an. Les finances publiques resteraient ainsi en bonne santé sur l’horizon de prévision. Après un excédent déjà considérable, de 2.4% du PIB en 2018, le solde public se rapprocherait de 3% en 2019 avant de retomber à près de 2% l’an prochain.
Conjoncture internationale 1 Le contexte international est marqué depuis la fin de 2018 par la faiblesse du commerce mondial. Celle-ci découle en partie des tensions croissantes entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux, la Chine en premier lieu. Par le biais des chaînes de production internationales, les effets s’en font ressentir jusqu’en Europe. Les perspectives pour la zone euro ont été considérablement revues à la baisse pour cette année. La demande intérieure, et la consommation privée en particulier, constituera le principal facteur de soutien à la croissance. L’expansion devrait être un peu plus forte en 2020, sous l’effet d’une contribution améliorée des échanges extérieurs. Ce scénario repose cependant sur un apaisement des tensions commerciales internationales qui demeure incertain pour le moment.
Tableau 1.1 Prévisions de la Commission européenne PIB à prix constants Prix implicites à la Nombre de chômeurs Solde de la balance consommation privée des paiements courants 2018 2019 2020 2018 2019 2020 2018 2019 2020 2018 2019 2020 Variation en % En % de la pop. active En % du PIB Belgique 1.4 1.2 1.2 1.8 1.7 1.6 6.0 5.6 5.3 0.2 0.2 0.0 Allemagne 1.4 0.5 1.5 1.6 1.5 1.5 3.4 3.1 2.7 7.6 6.8 6.5 Irlande 6.7 3.8 3.4 1.8 1.9 1.9 5.8 5.4 5.0 9.1 8.5 7.9 Grèce 1.9 2.2 2.2 0.3 0.8 0.8 19.3 18.2 16.8 -1.4 -1.0 -0.8 Espagne 2.6 2.1 1.9 1.6 1.2 1.5 15.3 13.5 12.2 0.9 0.9 0.9 France 1.6 1.3 1.5 1.7 1.2 1.2 9.1 8.8 8.5 -0.6 -0.6 -0.6 Italie 0.9 0.1 0.7 1.1 0.9 1.1 10.6 10.9 11.0 2.4 2.5 2.5 Luxembourg1 2.6 2.5 2.6 1.8 1.8 1.8 5.4 5.2 5.2 4.8 4.6 4.7 Pays-Bas 2.7 1.6 1.6 2.0 2.5 1.8 3.8 3.5 3.6 11.0 10.1 9.5 Autriche 2.7 1.5 1.6 2.0 1.8 1.8 4.9 4.7 4.7 2.5 2.4 2.6 Portugal 2.1 1.7 1.7 1.2 1.1 1.6 7.0 6.2 5.7 -0.9 -1.0 -1.1 Finlande 2.3 1.6 1.2 1.3 1.4 1.6 7.4 6.7 6.2 -1.9 -1.5 -1.4 Danemark 1.4 1.7 1.6 0.9 1.3 1.6 5.0 4.8 4.7 6.1 6.3 6.3 Suède 2.3 1.4 1.6 2.3 1.5 1.6 6.3 6.4 6.4 3.4 4.1 4.6 Royaume-Uni 1.4 1.3 1.3 2.3 1.4 1.6 4.0 4.1 4.2 -3.9 -3.7 -3.4 UE28 2.0 1.4 1.6 1.7 1.5 1.6 6.8 6.5 6.2 1.2 1.0 0.9 Zone euro 1.9 1.2 1.5 1.5 1.4 1.4 8.2 7.7 7.3 2.9 2.6 2.5 États-Unis 2.9 2.4 1.9 2.0 1.8 1.8 3.9 3.8 3.7 -2.4 -2.5 -2.6 Japon 0.8 0.8 0.6 0.5 0.2 0.4 2.4 2.3 2.2 3.5 3.6 3.6 1 Les prévisions de la Commission européenne pour le Luxembourg peuvent diverger de celles du STATEC. Source: Commission européenne 7.5.2019 Note de conjoncture Des perspectives revues à la baisse pour la zone euro 10 N° 1-2019 1. Conjoncture internationale Depuis le début de l’année, les institutions internationales ont révisé les perspectives de croissance dans la zone euro à la baisse. Pour la Commission européenne, l’OCDE et le FMI, la croissance attendue pour 2019 s’élève en moyenne à 1.2%, contre encore 1.8% dans les prévisions d’automne. Cette décote repose principalement sur le ralen- tissement significatif du PIB au 2e semestre 2018, la dégradation des enquêtes de conjoncture au croisement de 2018 et 2019 et l’impact des tensions commerciales mondiales sur la croissance chinoise et la force exportatrice de la zone euro. En revanche, le PIB de la zone euro a progressé de 0.4% sur un trimestre au 1er tri- mestre 2019. Ce résultat constitue une bonne surprise, avec une expansion deux fois plus forte qu’au cours des deux trimestres précédents. C’est surtout plus élevé que ce que laissaient entrevoir les résultats des enquêtes de conjoncture du 1er trimestre qui n’indiquaient pas de rebond significatif. Elles avaient envoyé des signaux mitigés, qui plaidaient plus dans le sens d’une croissance faible, avec une certaine amélioration du côté des activités de services mais une poursuite de la dégradation dans l’industrie (en particulier en Allemagne). Les enquêtes de conjoncture du mois d’avril n’indiquent pas non plus dans leur ensemble de signes d’amélioration patents. Aussi faut-il rester prudent quant au signal envoyé par ce bon chiffre de croissance du 1er trimestre, d’autant plus que la composition1 n’en est pas encore connue. De plus, alors que les tensions commerciales entre États- Unis et Chine semblaient en voie d’apaisement, le début du mois de mai est marqué par de nouvelles négociations houleuses entre les deux premières économies de la planète. L’Allemagne pourrait continuer à en souffrir, car elle se voit confrontée à une forte baisse de la demande de la part de ses clients asiatiques. Depuis la fin de 2018, l’Allemagne est avec l’Italie le pays dont les perspectives de croissance ont été le plus révisées à la baisse. Elle a subi plusieurs chocs, certains de nature temporaire, d’autres à caractère plus durable, qui ont lourdement impacté son 1 C’est-à-dire le détail des industrie (notamment automobile) et ses exportations. composantes du PIB (consommation privée et publique, investissements, exportations et importa- tions, variation des stocks).
Graphique 1.1 Graphique 1.2 Le PIB de la zone euro au ralenti... ... et une perte de confiance, surtout dans l’industrie En % En points 0.9 64 0.8 62 60 0.7 58 0.6 56 0.5 54 0.4 52 50 0.3 48 0.2 46 0.1 44 Janv.-15 Juil.-15 Janv.-16 Juil.-16 Janv.-17 Juil.-17 Janv.-18 Juil.-18 Janv.-19 0.0 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 Variation trimestrielle Industrie Indice composite Idem, tendance (moy. mobile sur 3 trim.) Services Source: Eurostat Source: Markit En France le PIB a augmenté de 0.3% sur le 1er trimestre de l’année, en ligne avec le Note de conjoncture rythme observé sur la seconde moitié de 2018. Depuis la mi-2018, la France montre N° 1-2019 11 des résultats bien supérieurs à ceux de l’Allemagne et cette tendance devrait continuer 1. Conjoncture internationale sur l’ensemble de 2019. La France profite en quelque sorte d’une bien moindre expo- sition que l’Allemagne à l’international et en particulier aux pays émergents. Ce qui apparaissait comme une faiblesse sur les dernières années s’est ainsi transformé en avantage sur les derniers trimestres. La consommation des ménages demeure le principal moteur de la croissance française au début de 2019, même si elle paraît encore timide. Elle devrait progressivement se renforcer grâce aux gains de pouvoir d’achat des ménages induits par les mesures budgétaires récentes. En Espagne aussi, la consommation des ménages a fortement contribué à la croissance sur les derniers trimestres. Dans le climat dégradé qui touche la zone euro, l’économie espagnole affiche la meilleure résistance – et enregistre une croissance de 0.7% sur un trimestre au 1er trimestre 2019. L’Italie est quant à elle sortie de la récession technique au début de 20192, mais les perspectives de croissance y restent faibles (voire quasi nulles pour 2019), notamment du fait de certaines faiblesses structurelles (diminution et vieillissement de la population, endettement public élevé). L’activité économique de la zone euro devrait se renforcer progressivement dans le courant de l’année, induisant une croissance légèrement plus forte sur l’ensemble de 2020. Cette configuration suppose notamment que les tensions sur le commerce mondial diminuent et que le Brexit se fasse en concertation avec l’UE ("deal"), ce qui dans les deux cas est loin d’être assuré. Le Brexit dans le brouillard Concernant le Brexit, tout reste possible (et très compliqué). Aucun consensus ras- semblant à la fois une majorité de députés britanniques et l’Union européenne n’a pu émerger pour le moment. La date limite de sortie a été repoussée (au 31 octobre 2019 au plus tard) et prolonge le climat d’incertitude, dont l’investissement au Royaume- Uni a particulièrement souffert (cf. graphique 1.3). 2 Le PIB italien a progressé de 0.2% sur un trimestre au 1er trimestre 2019, après -0.1% sur chacun des deux trimestres précédents.
Graphique 1.3 Graphique 1.4 L’investissement cale au Royaume-Uni Le commerce mondial sous tension En % Indice 2010 = 100 12 130 10 125 8 120 6 4 115 2 110 0 105 -2 Janv.-14 Juil.-14 Janv.-15 Juil.-15 Janv.-16 Juil.-16 Janv.-17 Juil.-17 Janv.-18 Juil.-18 Janv.-19 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 Variation annuelle Volume du commerce mondial Idem, tendance (moy. mobile sur 3 trim.) Tendance (moy. mob. 3 mois) Source: Eurostat Source: Centraal Planbureau (www.cpb.nl) Note de conjoncture La croissance britannique a rebondi au 1er trimestre 2019 (+0.5% sur un trimestre, 12 N° 1-2019 contre +0.2 au 4e trimestre 2018). L’investissement aussi d’ailleurs, mais apparemment 1. Conjoncture internationale bien plus du côté public que privé. Certains éléments laissent penser que la perspec- tive initiale d’un Brexit au 29 mars a artificiellement dopé la croissance du 1er trimestre (forte hausse de la production industrielle pharmaceutique, constitution importante de stocks), auquel cas on devrait observer un contrecoup sur le PIB du 2e trimestre. États-Unis: une croissance encore forte, amenée à se modérer Alors que pour de nombreux pays l’année 2018 a été marquée par un ralentissement économique, la croissance des États-Unis a atteint un pic (+2.9%, contre 2.2% en 2017). Cette performance a reposé très largement sur une politique budgétaire de baisse massive des impôts pour les entreprises et les ménages. La dette publique s’en est ressentie, passant de 105.2% du PIB à 107.4% en 2018, alors que pour la plupart des économies avancées (et notamment la zone euro), l’endettement public a eu tendance à diminuer. Les indicateurs économiques restent très bons aux États-Unis au début de 2019, avec une croissance supérieure aux attentes au 1er trimestre (+0.8% sur un trimestre) et des créations d’emplois qui demeurent élevées. Mais le ralentissement guette, les effets du stimulus budgétaire étant amenés à se dissiper progressivement. Selon les dernières prévisions du FMI et de la Commission européenne, la croissance américaine devrait diminuer d’environ un demi-point à la fois cette année et l’année prochaine. Autrement dit converger vers un rythme de 2% à l’horizon 2020 (ce qui reste appré- ciable comparé aux résultats attendus pour la zone euro). 3 Les États-Unis ont relevé, le 10 mai, de 10 % à 25 %, les droits de douane Tensions commerciales supplémentaires sur environ 5 700 produits chinois importés (représentant La politique économique internationale des États-Unis demeure un sujet d’inquiétude près de 200 Mia de dollars). majeur. Dans les négociations commerciales avec la Chine, les retournements de Ils se déclarent également situation sont fréquents3 et génèrent beaucoup d’incertitudes à l’échelle internatio- prêts à imposer à hauteur de 25% les biens chinois nale. Le commerce mondial accuse une forte baisse depuis la fin de 2018, qui coïncide encore non taxés (repré avec la montée des tensions entre États-Unis et Chine (cf. graphique 1.4). sentant plus de 300 Mia de dollars). Les Chinois ont déjà annoncé des mesures de rétorsion.
Tableau 1.2 Principales hypothèses internationales 1990-2018 2018 2019 2020 2018 2019 Évolution en % Révisions (points de % ou Environnement international2 (ou spécifié différemment) spécifié différemment)1 PIB zone euro (vol.) 1.6 1.8 1.3 1.5 -0.2 -0.4 Demande mondiale, biens (vol.) 4.8 3.4 2.5 3.8 -0.2 -1.7 Demande mondiale, services (vol.) 4.7 1.3 3.8 4.0 -0.2 0.2 Indice boursier européen Euro Stoxx 4.9 -2.7 -1.7 5.3 -0.8 2.8 Prix PIB zone euro 2.0 1.4 1.5 1.7 - -0.2 Prix pétroliers (baril/USD) 48.5 71.1 63.8 65.6 -2.8 -13.2 Taux de change (EUR/USD) 1.21 1.18 1.14 1.19 0.01 -0.12 Taux de chômage Grande Région (% de la pop. active) 8.8 7.5 7.3 7.1 - 0.1 Taux d'intérêt court terme EUR 3.7 -0.3 -0.3 -0.1 - -0.2 Taux d'intérêt long terme EUR 4.9 1.1 0.9 1.3 - -0.7 Source: STATEC (1990-2018: données observées; 2019-20: prévisions) 1 Par rapport à la NDC 2-18, publiée le 4 décembre 2018. 2 Le scénario international est présenté sous la responsabilité du STATEC et se base sur les projections d’Oxford Economics avec lesquels le STATEC a une relation contractuelle. La date de clôture est le 15 avril. Ces phénomènes ont des répercussions dans de nombreux pays étant donné l’inter- Note de conjoncture nationalisation des chaînes de production. N° 1-2019 13 1. Conjoncture internationale La Chine a elle aussi connu un ralentissement de l’activité en 2018, la croissance étant passée de presque 7% sur un an au 1er semestre à 6% environ au 2e. Les mesures protectionnistes des États-Unis à son encontre ne sont pas les seules responsables de cette modération, mais elles ont contribué au repli de la production industrielle chinoise, avec un contrecoup sur les importations de ses fournisseurs asiatiques 4 et européens. Ces développements conduisent le STATEC à réviser de manière significative à la baisse ses hypothèses de prévisions en matière de demande mondiale de biens pour 2019 (cf. tableau 1.2). Pour la croissance de la zone euro en 2019, la progression retenue est de 1.3%, très proche de celle anticipée par la Commission européenne5 . C’est une décote supplémentaire de 0.4 point de %, après -0.3 point déjà dans les prévisions de l’automne 20186 . Le niveau des prix pétroliers en 2019 est également plus faible que dans les hypothèses de la fin de 2018, mais l’impact modérateur sur l’inflation est partiellement contre- 4 Au Japon, la demande exté- balancé par la dépréciation de l’euro observée entre-temps. Les faibles pressions rieure nette (exportations inflationnistes et la détérioration des perspectives de croissance en zone euro conduisent moins importations) s’est à anticiper une politique monétaire plus accommodante, avec un resserrement moné- repliée sur trois trimestres consécutifs, essentiellement taire plus tardif. Les hypothèses de taux d’intérêt en zone euro sont révisées en en raison de la baisse des conséquence, à la baisse pour l’année courante. exportations vers la Chine. 5 Il faut préciser que dans les L’hypothèse formulée pour l’évolution de l’indice Euro Stoxx (-1.7%) diffère peu de prévisions de la Commission celle retenue dans la précédente Note de conjoncture pour 2019. Il faut dire qu’après européenne, l’estimation s’être fortement replié sur la fin de 2018, il a ensuite plus ou moins comblé cette perte. préliminaire du 1er trimestre 2019 n’était apparemment Très récemment (depuis le début du mois de mai), les marchés d’actions ont repris pas connue avant la clôture une tendance baissière, apparemment surtout à cause du regain de tension entre les de la prévision (la croissance États-Unis et la Chine… retenue pour le 1er trimestre y est de seulement 0.3% sur un trimestre, contre 0.4% pour l’estimation prélimi- naire). 6 Cf. Note de Conjoncture 2-18, tableau 1.1 p. 9.
Activité économique 2 L’économie luxembourgeoise a enregistré une croissance proche de 3% en 2018, principalement portée par les services non financiers. L’activité moins dynamique sur la fin de l’année écoulée et la dégradation du contexte éco nomique international, surtout en Europe, conduisent à revoir les perspectives de croissance. Pour 2019, une progression de 2.7% du PIB est attendue, contre 3.0% encore à l’automne dernier. La croissance resterait essentiellement soutenue par les services non financiers. La consommation des ménages, en nette progression en 2018, devrait rester dynamique cette année et en 2020, en lien avec la bonne tenue du marché du travail et les gains salariaux. L’investissement devrait également rebondir. L’économie nationale devrait ainsi profiter du soutien de la conjoncture domes- tique face aux turbulences de l’environnement international. Sous la réserve que ces dernières s’estompent, la demande extérieure devrait se renforcer et conduire la croissance à plus de 3% en 2020.
Graphique 2.1 Graphique 2.2 Une croissance proche de 3% en 2018… … principalement portée par les services non financiers PIB en volume Contributions à l'évolution de la valeur ajoutée en vol. 8 (en points de %) 3.0 6 2.5 4 2.0 2 1.5 0 1.0 0.5 -2 0.0 -4 -0.5 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 2016 2017 2018 Variation trimestrielle Industrie et construction Secteur financier Variation annuelle Services non financiers Total Source: STATEC (Comptes nationaux, données cvs) Source: STATEC Note de conjoncture Une première estimation de 2.6% de croissance pour l’ensemble de 2018 16 N° 1-2019 2. Activité économique Au dernier trimestre de 2018, le PIB luxembourgeois a progressé de 0.3% sur un trimestre (+1.7% sur un an). Ce résultat porte la croissance de l’économie luxembourgeoise à 2.6% pour l’ensemble de l’année écoulée (il s’agit d’une estimation préliminaire, soumise à révisions ultérieures). C’est un peu moins que les 3.0% escomptés par le STATEC dans ses dernières prévisions1, mais cela découle en partie du fait que le PIB des trois premiers trimestres de 2018 a été entre-temps légèrement revu à la baisse. Ces révisions sont principalement liées à l’intégration de nouvelles données (en lieu et place d’estimations) pour certaines entreprises du secteur financier et des services d’information et communication. Ce rythme d’expansion proche de 3% est supérieur aux +1.7% de 2017, mais il faut rappeler que l’année 2017 avait été marquée par des phénomènes à caractère technique: des opérations exceptionnelles de certaines entreprises multinationales installées au Luxembourg avaient tiré la croissance vers le bas2. En 2017 et 2018, la dynamique économique luxembourgeoise tranche avec celle de la zone euro. En 2017, la zone euro avait atteint un pic d’expansion, alors que le Luxembourg avait subi un ralentissement, qui doit être qualifié de "technique". En 2018 c’est l’inverse, avec une croissance bien plus modérée dans la zone euro et ce rebond apparent au Luxembourg. Malgré cette expansion plus forte sur l’ensemble de 2018 pour l’économie grand-ducale, il y a des signes de ralentissement entre les résultats du début et de la fin d’année. Et cette perte de vitesse tendancielle va de pair avec celle observée pour les autres économies européennes. Le dernier trimestre de 2018, qui a vu l’environnement financier international se dégrader sensiblement (cf. ci-après), a pesé sur la performance du secteur financier luxembourgeois. La valeur ajoutée de la branche s’est repliée de 2.4% sur un trimestre 1 Cf. Note de conjoncture (-4.2% sur un an), pénalisée par les résultats des fonds d’investissement et des 2-18 et projections auxiliaires financiers, mais aussi par la forte hausse des frais généraux des banques. économiques à moyen terme 2019-2023, Dans les autres branches, ce sont avant tout les services de santé, le commerce et la Économie et Statistiques construction qui ont tiré la croissance vers le haut. n° 105, STATEC (mars 2018). 2 Cf. Note de conjoncture 2-18, pp. 14-15.
Tableau 2.1 Valeur ajoutée par branche Poids Année Trimestre Nace rév. 2 2018 2014 2015 2016 2017 2018 18 T3 18 T4 18 T3 18 T4 En % Variation annuelle en % Valeur ajoutée en volume Agriculture, sylviculture et pêche 0.2 17.4 9.1 -11.2 -0.6 5.5 5.4 5.3 6.6 4.7 Industrie 7.8 -6.5 17.1 8.8 -2.1 2.0 4.0 4.1 0.8 -0.7 Construction 5.1 12.2 -0.1 0.8 -2.9 7.3 6.2 5.1 6.6 11.4 Commerce, transport, Horeca 16.2 4.0 -8.5 8.0 1.6 2.3 1.9 3.2 2.6 1.4 Information et communication 5.0 6.9 13.9 -11.5 -17.1 1.7 -5.0 1.0 4.6 6.2 Activités financières et d'assurance 26.1 3.3 9.4 1.6 3.6 -0.6 2.1 -1.1 0.9 -4.2 Activités immobilières 9.3 7.9 2.5 2.7 3.1 3.9 2.1 3.8 4.8 4.9 Services aux entreprises et location 11.9 7.2 6.7 3.8 4.2 3.9 1.8 7.9 4.4 1.7 Adm. publique, défense, éduc. et santé 16.3 1.2 2.1 1.6 5.0 4.9 5.7 4.8 4.5 4.5 Autres services1 1.9 1.0 2.4 -3.5 4.8 2.2 3.6 2.6 2.7 0.0 Total 100.0 3.9 4.1 2.5 1.7 2.4 2.7 2.9 3.0 1.3 Source: STATEC (comptes nationaux) 1 Arts, spectacles et activités récréatives, services personnels, activité des ménages, activités extraterritoriales. Les services non financiers, source de croissance en 2018 Note de conjoncture N° 1-2019 17 Sur l’ensemble de 2018, l’expansion économique a principalement été portée par les 2. Activité économique services non financiers – surtout dans les domaines des services aux entreprises, de la santé et action sociale et du commerce – ainsi que par le dynamisme du secteur de la construction. Par rapport aux années précédentes, deux différences majeures ressortent de la décomposition par branche de la valeur ajoutée: un net repli du côté des services financiers (qui s’est principalement matérialisé sur la fin de l’année) et une contribu- tion légèrement positive de la part des services d’information et de communication. Ces derniers avaient largement été affectés en 2016 et 2017 par les phénomènes à caractère technique évoqués précédemment. Il faut à cet égard effectuer une mise en garde: le rebond de la valeur ajoutée des services d’information et communication en 2018 ne repose pour le moment que sur des estimations, effectuées principalement sur la base du chiffre d’affaires de ces sociétés. Or, les phénomènes perturbateurs de nature non conjoncturelle qui ont conduit à de fortes révisions à la baisse de la valeur ajoutée de cette branche en 2016 et 2017 ne peuvent être identifiés que sur base de données comptables annuelles bien plus larges, qui ne sont pas encore disponibles pour 2018. Il y a donc un risque important de révisions pour cette branche, mais ni leur ampleur ni leur direction ne peuvent être anticipées pour le moment. En matière d’emploi, au niveau duquel les révisions sont en général marginales, cette branche est demeurée dynamique en 2018, avec une progression des effectifs salariés de 5.0% (contre 3.8% pour l’ensemble de l’économie). Sur la fin de 2018, deux autres branches de services non financiers montrent une certaine baisse de régime en termes de valeur ajoutée, à savoir les activités de trans- port (sans doute en lien avec de moins bons indicateurs tels que le fret aérien, voir ci-après) et l’Horeca. L’emploi y ralentit cependant très modérément, bien moins que dans la plupart des autres branches de l’économie marchande (cf. chapitre 4).
Tableau 2.2 PIB et composantes de la demande Année Trimestre 2014 2015 2016 2017 2018 18 T1 18 T2 18 T3 18 T4 Variation annuelle en % Dépense de consommation finale des ménages 4.1 3.2 1.7 3.0 4.2 5.4 4.1 4.3 3.0 Dépense de consommation finale des adm. pub. 1.9 2.8 2.5 3.1 4.0 3.4 3.7 4.2 4.7 Formation brute de capital fixe 9.5 -9.9 10.4 4.0 -2.7 -4.6 -6.2 -2.6 2.9 Exportations de biens et de services 16.4 5.3 3.8 -1.9 4.5 5.1 5.8 4.0 3.3 Exportations de biens 20.7 -7.3 2.5 1.3 -1.3 -4.7 -2.6 -0.3 3.0 Exportations de services 16.3 9.9 4.8 -2.8 6.6 8.3 8.7 5.7 4.0 Exportations de services financiers 9.2 5.2 0.0 -2.9 2.6 5.3 4.1 1.9 -0.6 Exportations de services non financiers 28.8 17.0 11.4 -2.8 11.3 12.1 14.6 10.4 8.8 Importations de biens et de services 19.5 4.3 4.5 -2.2 5.1 5.8 6.2 4.4 3.9 Importations de biens 16.0 -4.0 4.6 1.7 -0.9 -2.3 -1.8 0.1 0.5 Importations de services 21.8 7.1 5.6 -2.6 7.3 8.3 8.9 6.0 6.0 Importations de services financiers 10.9 4.7 -1.8 -6.6 3.2 7.0 5.5 2.0 -1.3 Importations de services non financiers 32.0 9.0 11.2 0.0 9.8 9.2 11.1 8.7 10.0 PIB 4.3 3.9 2.4 1.5 2.6 3.0 3.0 2.9 1.6 Source: STATEC (données en volume) Note de conjoncture Une consommation dynamique 18 N° 1-2019 2. Activité économique La consommation des ménages a significativement progressé en 2018, de 4% environ, contre 3% en 2017 et bien au-delà des 2.5% par an enregistrés en moyenne sur les vingt dernières années. Ceci découle en partie de la hausse conséquente du revenu disponible des ménages (considéré en termes réels, c’est-à-dire corrigé de l’inflation, il représente ce que l’on appelle "le pouvoir d’achat") en 2017 et dans une moindre mesure en 2018. La bonne tenue du marché du travail, le niveau élevé de la confiance des ménages (en très légère baisse par rapport au record historique de 2017) et la faiblesse des taux d’intérêt ont par ailleurs conduit les ménages à moins épargner. Le volume des dépenses de consommation a en particulier augmenté dans les services d’action sociale avec et sans hébergement (soit grosso modo les maisons de retraite et les crèches), les services de santé et les services de formation et d’enseignement. Les dépenses de consommation publique ont aussi connu une accélération sensible l’année passée (+4.0% en 2018, contre 3.1% en 2017 et 2.5% en 2016). Tendance au ralentissement pour l’investissement L’investissement s’est par contre replié de 3% environ l’année passée (sur base de la première estimation donnée par les comptes trimestriels). Ce mouvement s’explique surtout par le fait que moins d’avions et de satellites ont été achetés, ce qui ne consti- tue pas un signal inquiétant du point de vue conjoncturel. Le volume des dépenses hors avions et satellites montre pour sa part une progression de plus de 2% en 2018, principalement dynamisé par l’investissement en infrastructures (logements, autres 3 La croissance de l’inves bâtiments et ouvrages de génie civil). C’est un résultat inférieur à celui de l’année tissement en volume précédente (+3.4%), et qui coïncide avec le ralentissement de l’investissement observé de la zone euro est passée pour la plupart des pays de la zone euro en 20183. de 2.9% en 2017 à 3.1% en 2018, mais cette accélération résulte surtout des données – très volatiles – de l’Irlande (-30% en 2017, +8% en 2018). Sans l’Irlande, la zone euro montre un ralentissement (+3.0% en 2018, contre 4.4% en 2017).
Graphique 2.3 Graphique 2.4 Regain de confiance dans le secteur financier européen Les fonds d’investissement profitent du regain d’optimisme au début de 2019 en bourse En EUR En points Variation mensuelle en Mia EUR Mia EUR 4 000 35 160 4 600 120 4 200 80 3 800 3 500 20 40 3 400 0 3 000 -40 2 600 3 000 5 -80 2 200 -120 1 800 2 500 -10 -160 1 400 Janv.-17 Avr.-17 Juil.-17 Oct.-17 Janv.-18 Avr.-18 Juil.-18 Oct.-18 Janv.-19 Janv.-13 Juil.-13 Janv.-14 Juil.-14 Janv.-15 Juil.-15 Janv.-16 Juil.-16 Janv.-17 Juil.-17 Janv.-18 Juil.-18 Janv.-19 Euro Stoxx 50 Émissions nettes Indicateur de confiance du secteur financier Évolution des marchés financiers en zone euro (éch. droite) Actifs nets (éch. droite) Sources: Macrobond, DG ECFIN Source: CSSF L’industrie des fonds subit la loi des marchés Note de conjoncture N° 1-2019 19 Les premiers mois de 2019 se sont avérés positifs pour les sociétés financières en zone 2. Activité économique euro. L’indice boursier est reparti à la hausse entre janvier et avril (+12%), de même que l’indicateur de confiance du secteur qui a retrouvé à la fin du 1er trimestre son niveau observé un an plus tôt (cf. graphique 2.3). Cela a mis temporairement fin aux dévalorisations des actions européennes enregistrées tout au long de 2018 à cause des discussions houleuses sur le Brexit et le budget italien, des menaces de guerre commerciale et des inquiétudes sur l’orientation des politiques monétaires. L’impulsion est venue des États-Unis: début janvier la Réserve fédérale américaine avait annoncé vouloir marquer une pause dans son cycle de relèvement des taux directeurs, ce qui a rassuré les investisseurs et permis de ne pas creuser davantage l’écart entre taux américains et européens. Les bourses ont également bénéficié au 1er trimestre d’un apaisement temporaire des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine (cf. chapitre 1) et de résultats d’entreprises européennes et américaines au-dessus des attentes. La guerre commerciale est toutefois revenue inquiéter et chahuter les bourses dès le mois de mai, avec les relèvements des droits de douanes américains et chinois sur plus de 5 000 produits importés. L’économie américaine se porte encore toutefois mieux que celle de la zone euro, ce qui continue de déprécier la monnaie unique face au dollar. En avril, l’euro ne valait plus que 1.12 USD contre 1.25 en janvier 2018. La remontée des actions européennes, américaines et asiatiques a joué favorablement sur les actifs sous gestion des organismes de placement collectif (OPC) au Luxembourg, qui se sont accrus de 5% sur un an au premier trimestre 2019. La volatilité en bourse et les inquiétudes des investisseurs ont cependant limité les investissements nets en capital, les actifs des fonds variant presque uniquement au gré des marchés boursiers depuis 11 mois (cf. graphique 2.4).
Graphique 2.5 Graphique 2.6 Les banques gonflent leur bilan en octroyant davantage Les primes d’assurance encaissées progressent fortement de crédits à l’étranger Total des actifs en Mia EUR En Mia EUR 800 10 9 780 8 7 760 6 5 740 4 720 3 11 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 11 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 Source: BCL Sources: CAA, STATEC - Comptes nationaux (données désaisonnalisées) Note de conjoncture L’accroissement des bilans soutient la marge d’intérêt des banques 20 N° 1-2019 2. Activité économique Au Luxembourg, les bilans bancaires sont repartis à la hausse dès la mi-2018 (cf. graphique 2.5). Au 1er trimestre 2019, les banques ont augmenté leurs actifs de 6.2% sur un an en rehaussant le volume de crédits accordés aux banques étrangères (contribution de 2.6 points de %) et aux sociétés non financières étrangères (+2 points de %). Les prêts octroyés au secteur privé non financier et aux banques résidant au Luxembourg – qui avaient continué à croître en 2017 et 2018 contrairement aux crédits vers l’étranger – restent encore dynamiques (resp. +0.6 et +1.1 point de %). Notons toutefois que les dépôts à la Banque centrale du Luxembourg – rémunérés à un taux négatif depuis juin 2014 et faisant donc perdre de l’argent aux établissements de crédit – continuent malgré tout de grimper, un phénomène lié aux exigences et contraintes de régulation.4 Ils représentaient au 1er trimestre 14% des crédits interbancaires. L’accroissement du volume d’activité des banques a permis d’accroître leur marge d’intérêt de 2.2% par rapport à 2017. Près de la moitié d’entre elles ont toutefois toujours des difficultés pour s’adapter aux taux d’intérêt historiquement faibles. Les revenus nets sur commission ont progressé de 4.9% sur l’année malgré la chute des bourses au dernier trimestre. En revanche, les frais d’exploitation continuent à progresser fortement5 (+9.7%), effaçant ainsi les gains des banques sur leurs princi- paux revenus et faisant stagner la valeur ajoutée brute (VAB) du secteur bancaire en 2018 (+0.2% sur les données en valeur, -0.6% en volume). Le résultat net du secteur a quant à lui continué à reculer (-5.4%), tiré vers le bas par des revenus volatils non pris en compte dans le calcul de la VAB (pour lesquels on observe une baisse de 11.8%). L’assurance non-vie fait bondir les primes d’assurance 4 Notamment pour respecter Au 1er trimestre 2019, l’encaissement des compagnies d’assurance a progressé de 46% le ratio de couverture de liquidités (LCR) minimum sur un an (cf. graphique 2.6). Cette hausse notable provient surtout de l’assurance de Bâle III exigé depuis non-vie dont les primes ont plus que triplé depuis l’obtention d’agrément de compagnies le 1er janvier 2015. récemment installées pour se prémunir des risques liés au Brexit. Selon le Commissariat 5 ING Luxembourg expliquait aux assurances (CAA), les compagnies fournissant des produits d’assurance non-vie à que «la charge liée à la des non-résidents connaissent en effet une hausse de leurs encaissements de 323% régulation a été immense (contre +3.5% sur le marché national). en 2018, avec MiFID II, PSD II et RGPD, ce qui a généré davantage de coûts».
Graphique 2.7 Tableau 2.3 Hausse des parts de marché des sociétés financières britanniques Annonces de relocalisations d’activités au Luxembourg au Luxembourg depuis le référendum sur le Brexit Part de marché (en % des actifs totaux) Domaine d’activité Nombre de sociétés* 20 4 Banque 8 Gestion d'actifs/de fonds 34 Assurance 14 15 3 Autres activités 9 Total 65 10 2 * Nombre de sociétés ayant effectué/confirmé le transfert d’une partie de leur activité au Luxembourg depuis le vote du Brexit Sources: STATEC, KPMG, presse (avril 2019) 5 1 0 0 11 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 OPC luxembourgeois initiés par des sociétés britanniques Banques britanniques actives au Luxembourg (éch. droite) Sources: CSSF, BCL En assurance-vie, les produits à rendement garanti ont été plébiscités (+28.6% Note de conjoncture de primes encaissées sur un an) malgré la faiblesse des taux d’intérêt (et ainsi des N° 1-2019 21 rémunérations offertes) car la volatilité des marchés boursiers depuis le début de 2018 2. Activité économique a rendu les produits en unités de compte plus risqués (-4.5%). La perspective du Brexit pousse les sociétés britanniques à accroître leur présence au Luxembourg Les sociétés britanniques sont très actives au Luxembourg (cf. graphique 2.7). Dans le domaine des fonds, elles sont depuis 2014 les deuxièmes principaux initiateurs d’OPC luxembourgeois (18% d’actifs sous gestion en fin 2018) et leur part de marché ne cesse d’augmenter (+1.7 point de % depuis le référendum du Brexit de juin 2016). Par ailleurs, sur les 135 banques recensées dans le pays en fin 2018, sept sont d’origine britannique et détiennent 3% des actifs bancaires (+1 point de % suite au référen- dum). Ces établissements sont principalement des banques dépositaires pour les fonds d’investissement et des banques privées. Si le Royaume-Uni quitte l’UE sans accord, plus de 8 000 sociétés financières bri- tanniques perdraient les passeports qui leur permettaient d’échanger librement des services avec tous les États membres. Pour pallier cela, le projet de loi luxembourgeois n° 7401 et des permissions temporaires de la CSSF et du CAA prévoient de prolonger les accords de gestion et d’échanges transfrontaliers, mais seulement pour une période maximale de 21 mois après le Brexit. Plusieurs sociétés britanniques ont néanmoins déjà souhaité se prémunir du risque de perte d’accès au marché de l’UE en relocalisant une partie de leurs activités au Luxembourg (65 annonces), en Irlande (63), aux Pays-Bas (30), en France (29) et en Allemagne (28) 6 . Le STATEC estime que sur les 65 annonces, 37 sociétés auraient déjà accru leur activité dans le pays, créant ainsi 535 emplois directs entre le vote sur le Brexit en juin 2016 et décembre 2018 (dont 495 dans le secteur financier). 6 Pour les pays autres que le Luxembourg, les chiffres indiqués proviennent du décompte effectué par KPMG.
Graphique 2.8 Graphique 2.9 La production industrielle chahutée Le moral des industriels continue à se dégrader Indice 2013 T1 = 100 En points 114 20 112 10 110 0 108 106 -10 104 -20 102 -30 100 -40 98 96 -50 10 T1 11 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 Zone euro Luxembourg 18 T1 Belgique Zone euro Allemagne France Luxembourg Sources: Eurostat, STATEC (données désaisonnalisées) Sources: Eurostat, STATEC Note de conjoncture L’industrie affectée 22 N° 1-2019 2. Activité économique La production industrielle luxembourgeoise a reculé de 1.8% l’année passée (contre -0.9% pour la zone euro). Sur les deux premiers mois de 2019, les résultats demeurent décevants (-0.8% sur un an, contre -0.5% dans la zone euro), mais les données mensuelles témoignent malgré tout d’une certaine stabilisation depuis la mi-2018. L’évolution de la production est très hétérogène selon les différents domaines d’activité. Pour certains d’entre eux, les données sont extrêmement volatiles d’un mois/trimestre à l’autre si bien qu’il est parfois difficile de distinguer des tendances de fond. Depuis l’été 2018, on peut retenir une contribution à la baisse marquée de la production et distribution d’énergie (c’était déjà le cas sur la première moitié de l’année), des produits informatiques et électroniques et des industries du bois et du papier. En revanche, la trajectoire est nettement ascendante pour les produits en caoutchouc, les produits métalliques et les machines et équipements. Du côté des enquêtes de conjoncture, l’indicateur de confiance des industriels du Luxembourg montre une tendance indiscutable de repli depuis 2018. Ce recul s’est amplifié au début de 2019 et se poursuit jusqu’en avril, à l’image de ce que l’on observe dans l’ensemble de la zone euro. L’emploi industriel pour sa part a freiné significa tivement sur les derniers trimestres (+1.7% sur un an au 2e trimestre 2018, +1.1% au 3e, +0.9% au 4e). Autre signe de dégradation, les demandes de chômage partiel, qui émanent principalement d’entreprises de l’industrie, tendent à augmenter depuis la mi-2018 (cf. chapitre 4). La construction tient bon Dans le secteur de la construction, tous les indicateurs sont au vert ou presque. La production a progressé de 4% en 2018 et reste bien orientée sur les deux premiers mois de 2019. La confiance des professionnels du secteur a légèrement diminué depuis le début de 2018, mais sans commune mesure avec le repli observé dans l’industrie. Le moral des entrepreneurs y reste historiquement élevé, une tendance que l’on retrouve à l’échelle de la zone euro. Enfin, la construction ressort comme l’une des rares branches où la progression de l’emploi n’a pas faibli au cours de 2018.
Vous pouvez aussi lire