Orientation : des clés pour bien choisir - Dossier
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Dossier Orientation : des clés pour bien choisir Les élèves de 3e et de Terminale auront à formuler leurs vœux d’orientation scolaire en mars. Certains auront même à choisir un métier ou du moins un domaine d’activité s’ils poursuivent leur parcours dans l’enseignement professionnel. Comment les accompagner le plus sereinement dans cette démarche ? Eviter le décrochage ? Des solutions existent. En voici quelques pistes. Par Géraldine Baraud Ferrière et Guilaine Barré - Photos : Éric Biernacki (sauf mentions). « Et maintenant, que vais-je faire ?» Quand quasiment assurés de trouver une place ; vient l’heure de l’orientation, la question peut d’autres pas. « Les notes constituent encore être source d’angoisse. Pour les jeunes, aujourd’hui le premier critère des affecta - comme pour leurs familles. Surtout lorsqu’il tions », constate, non sans regret, le conseiller s’agit de choisir une voie professionnelle, dès « orientation » du Rectorat. la 3e pour certains. Si de plus en plus de Comment choisir alors ? Comment opter jeunes poursuivent en seconde générale, pour une formation dans laquelle le jeune selon Martial Salvi, chef du Service Aca aura ses chances de trouver à la fois une démique d’Information et d’Orientation place et son épanouissement ? « Décembre (SAIO) à Caen, nombreux sont ceux qui et janvier sont la bonne période pour intégreront un lycée profes sionnel ou un entamer une vraie réflexion ainsi qu’un plan centre d’apprentissage. Certains ayant une d’actions. Cela laisse le temps de se idée très précise de ce qu’ils souhaitent faire ; documenter, d’aller à la rencontre des d’autres beaucoup moins. Certains étant établissements qui ouvrent tous leurs portes 16 Reflets 93 - Décembre 2013 - Janvier - Février 2014
« Nous avons écouté notre fille. » flers orne Marine, 14 ans, est en 3e Prépa-Pro au lycée Saint-Thomas d’Aquin à Flers. Un choix longuement réfléchi et discuté en famille. Rencontre. La nouvelle est tombée un peu comme un couperet l’an dernier, à la fin du pre- mier trimestre. Au vu de ses résultats, Marine devait se préparer au redouble- ment ou envisager une voie profession- nelle. « Refaire une 4e, voir les autres avancer et pas moi, ce n’était pas pos- sible », se souvient la jeune fille. « On en a parlé longuement, poursuit son père, Anthony Patard, chauffeur poids lourd. Il y a eu quelques débats. En tant que parent, ce n’est pas facile de savoir quelle sera la meilleure solution pour Pour son orientation, Marine, 14 ans, peut compter son enfant. Mais sa mère et moi avons sur l’aide de ses parents, ici, son père, Anthony Patard . fait le choix d’écouter notre fille. Et nous ne le regrettons pas. » Une motivation retrouvée Marine. On parle beaucoup de la ques- Cette année, Marine est en 3e Prépa « Au départ, ça m’a fait un peu bizarre tion de l’orientation en famille ». Pro au lycée Saint-Thomas d’Aquin à de terminer parfois à 18h30, mais je Le projet de la jeune fille n’est pas Flers. Proposées dans quelques lycées m’y suis habituée », confie Marine. encore arrêté à ce jour. « Cela demande de la région(1), ces classes aux effec- L’adolescente a retrouvé la motivation du temps, surtout à cet âge où il est tifs réduits, suivent le même pro- en cours. De bons résultats s’en suivent. difficile de se projeter, reconnaît Claire gramme qu’en 3e générale. Mais chaque De fil en aiguille, son projet profes- Duteil. L’essentiel, c’est que les élèves semaine, leur emploi du temps prévoit sionnel se dessine. Après un premier fassent le meilleur choix possible, même six heures supplémentaires dédiées à la stage dans son ancienne école primaire, s’ils seront amenés à évoluer, voire à construction d’un projet professionnel. Marine s’apprête à en effectuer un changer. Des passerelles existent. Ce Au programme : visites d’entreprises, second au Secours populaire. « J’aime qui nous importe, c’est de les remoti- découverte des métiers, auxquelles bien aider les autres ». Les soins esthé- ver, qu’ils reprennent confiance en eux. s’ajoutent trois stages d’une semaine en tiques pourraient lui plaire également. Chaque élève a des capacités ». Qui ne entreprise. « L’objectif est de leur faire « La difficulté, c’est de trouver des demandent qu’à s’exprimer. confronter leurs idées à la réalité et de entreprises qui acceptent d’accueillir un les ouvrir à des métiers qui pourraient élève si jeune. Il faut frapper à toutes les (1) Retrouvez la liste des établissements leur convenir », explique Claire Duteil, portes », témoigne son père. « L’aide de proposant une 3e Prépa Pro sur professeur principal. mes parents est primordiale, souligne www.onisep.fr au printemps, de questionner des profes Martial Salvi. Les fiches Onisep restent sionnels… De tout faire, en somme, pour une valeur sûre, avec une réactualisation très pouvoir choisir en toute connaissance régulière des données et de l’offre de de cause, incite Annie Rossi, directrice formations en région ». Une offre riche et « Une orientation choisie Prospective, métiers et apprentissage à variée, chaque année alimentée par l’ouver la Région. Une orientation choisie conduit ture de nouvelles formations, et même conduit bien moins bien moins fréquemment à l’échec qu’une d’établissements à l’instar du futur lycée fréquemment à l’échec orientation subie. » hôtelier qui ouvrira à Ifs (Calvados), en 2014. qu’une orientation subie ». « On peut se former à quasiment tous les Confronter l’idée à la réalité métiers sur l’ensemble de la région, avec des Annie Rossi, directrice Prospective, Toute une palette d’outils est déjà en place solutions pour chaque besoin », confirme métiers et apprentissage pour aider les jeunes et leurs familles dans Rosa Cachoire, conseillère d’orien tation à la Région. leurs démarches d’orientation. « Les sources psychologue au CIO Caen 1, et à l’Université d’informations sont nombreuses, rappelle de Caen Bass-Normandie (lire interview). Suite en page 18 Reflets 93 - Décembre 2013 - Janvier - Février 2014 17
Dossier Orientation : des clés pour bien choisir ✔ Le réseau des Ça peut vous aider © A. Vulliez-Pebrok ambassadeurs métiers et formations La Région a mis en place un réseau d’ambassadeurs des métiers et des formations en Basse-Normandie. Infirmières, restaurateurs, charpentiers, responsable de gestion industrielle… Plus de 500 professionnels se tiennent à votre disposition pour vous parler de leurs métiers. + d’infos : ambassadeurs.region-basse-normandie.fr ✔ BONNES ADRESSES ✔ Des CIO proches www.informetiers.info de chez vous > Information sur l’emploi, la formation et les métiers en Basse-Normandie. Les Centres d’Information et d’Orientation sont un service public gratuit, où chacun, www.errefom.fr quel que soit son âge, son niveau d’études > L’espace régional de ressources sur ou sa qualification, peut accéder à toutes les l’emploi, la formation et les métiers. ressources documentaires et bénéficier d’un www.onisep.fr/Mes-infos-regionales/ conseil personnalisé et adapté à sa situation. Basse-Normandie Il en existe 16 dans toute la région : Alençon, > Des guides et un calendrier de tous les Argentan, Avranches, Bayeux, Caen (1, 2 et forums métiers en région. Université), Cherbourg-Octeville, Flers, Hérouville-Saint-Clair, L’Aigle, Lisieux, www.citedes metiers-bassenormandie.fr Mortagne-au-Perche, Saint-Lô, Valognes et Vire. > Tout sur les métiers, les formations, un Coordonnées sur le site www.ac-caen.fr. agenda des forums, des portes ouvertes... « Toute demande de stage d’orientation peut être Des « ambassadeurs métiers » sont aussi présents dans toute la région pour répondre formulée et facilement à tout type de questions concernant leur obtenue ». activité au quotidien, leur parcours de formation… « Dans tous les cas, l’essentiel Martial Salvi, chef du Service est de confronter le plus possible son idée Académique d’Information à la réalité et de multiplier les rencontres, et d’Orientation. ajoute-t-il. Et de ne pas se mettre non plus trop de pression ». Suite de la page 17 Dédramatiser En marge des initiatives du monde de carreleur, un boulanger-pâtissier, dans un Si le choix de l’orientation est important, l’enseignement – tels les stages découverte atelier de métallerie ? Assister à une ou les professionnels veillent cependant à en entreprise, les forums, les entretiens plusieurs journées de cours dans un lycée dédramatiser l’échec. « Il peut arriver que individuels d’orientation… –, « tout peut se professionnel ou un centre d’appren l’ambiance au sein du lycée, le contenu demander, même de manière individuelle, tissage ? « Ce genre de choses peut se de la formation, le changement de rythme en terme d’aide à l’orientation », lance mettre en place assez facilement », assure du jeune ne correspondent pas à ses Martial Salvi. Un stage chez un artisan le chef du SAIO. attentes », observe Martial Salvi. Dans ce cas, pas de panique. Même si le SAIO a mis en place dans chaque établissement Quand les parents décident des cellules de détection précoce du Dès la rentrée prochaine, les parents d’élèves de 3e de neuf collèges autour de décrochage, « le mieux est d’en parler le Falaise auront la possibilité de décider eux-mêmes de la poursuite de la scolarité de plus vite possible », poursuit-il. Des solutions leur enfant dans l’enseignement général ou professionnel. Proposée par une fédéra- existent là encore : systèmes de passerelles, tion de parents d’élèves, une expérimentation va être lancée dans douze académies réaffectation en courant d’année… « Il est volontaires en France, dont celle de Caen. « Cela se pratique et fonctionne bien dans bon de ne pas trop focaliser sur une seule d’autres pays, observe Martial Salvi, responsable du Service Académique d’Informa- année mais de considérer son avenir tion et d’Orientation à Caen. Cela rend encore plus exigeante la mission d’information, professionnel davantage sur le long terme ». de conseil et d’orientation des établissements auprès des familles ». Une vie professionnelle ne se bâtit ni en un jour, ni pour toujours. 18 Reflets 93 - Décembre 2013 - Janvier - Février 2014
PAROLE D’EXPERTE Rosa Cachoir Conseillère d’orientation psychologue « Proposer au jeune des rencontres avec des professionnels » Au sein des établissements scolaires ou dans les centres d’information et d’orientation (CIO), les conseillers d’orientation psychologues aident les jeunes et leurs familles à construire un projet scolaire et/ou professionnel. En poste à Verson et l’Université de Caen, Rosa Cachoir livre les principes clés de sa méthode. Qu’est-ce que choisir une orientation ? Beaucoup pensent que c’est choisir un métier. Cela peut être rassurant, mais ce n’est pas suffisant. Et même un peu dangereux, notamment lorsqu’il s’agit de métiers très prisés chez les jeunes, comme celui de vétérinaire par exemple, pour lequel la demande est bien supérieure aux besoins. Lorsqu’un jeune formule une idée de métier, je l’amène à exprimer ce qui l’attire. Est- ce le contact avec les animaux, le fait de soigner ? Les réponses à ces questions permettent de mieux cerner l’envie du jeune et de lui proposer ainsi plusieurs pistes ou domaines d’activités dans les- quels il pourrait se retrouver. Quand les « Cerner l’envie de chaque jeunes n’ont aucune idée, nous essayons Quel rôle peuvent jouer les parents également de déterminer des centres jeune et lui proposer ainsi dans le choix d’orientation de leur d’intérêt pour envisager dans un pre- plusieurs pistes ou domaines enfant ? mier temps un domaine de formations. d’activités dans lesquels Un rôle d’accompagnateur. Peu de jeunes vont se rendre seuls aux portes Comment peut-on trouver des idées ? il pourrait se retrouver. » ouvertes d’un établissement, pousser Nous disposons, dans les CIO, de toutes la porte d’une entreprise, contacter un les ressources à jour sur les métiers et De leur demander à les suivre dans leur professionnel. C’est là que les parents les formations dispensées sur la région. travail, si c’est possible, une journée ? peuvent jouer un rôle important. Il existe aussi des tests d’orientation sur L’échange direct favorise l’ouverture et Il est bon également de s’intéresser Internet, qu’il vaut mieux multiplier afin la curiosité du jeune. L’objectif est de au choix ou aux idées de son enfant, de croiser les résultats. Mais je crois multiplier les moyens susceptibles de sans les juger – même si c’est tentant. surtout beaucoup aux rencontres et déclencher une envie, mais aussi de Mieux vaut poser des questions : « Tu témoignages. Cela se pratique de plus confronter la représentation qu’on peut souhaites faire cela : t’es-tu renseigné en plus dans le cadre scolaire, par l’in- avoir d’une activité avec la réalité. Il en sur les formations possibles, connais-tu termédiaire des stages ou des forums va de même pour la formation. Tous les quelqu’un qui exerce déjà ce métier ? notamment, mais cela peut se faire lycées organisent des portes ouvertes As-tu prévu d’aller le voir, d’en rencontrer très simplement à la maison. Pourquoi en début d’année. plusieurs ? ». Il s’agit d’aider le jeune à ne pas inviter un oncle, un voisin, un Il faut aller voir, pousser la porte des approfondir sa propre réflexion. Le choix ami, à venir parler de son métier ou de entreprises comme des établissements lui appartient. Le plus important étant la formation qu’il suit actuellement ? de formation. qu’il le fasse en connaissance de cause. Reflets 93 - Décembre 2013 - Janvier - Février 2014 19
Dossier Orientation : des clés pour bien choisir Sciences et technologies : allez le Elles sont 45 % à obtenir leur bac scientifique. Plus que 25 % en licence ou prépa maths, chimie, physique… ou en écoles d’ingénieurs. Alors qu’elles y réussissent souvent mieux que les garçons. Les sciences et technologies Interview offrent de belles opportunités de carrière pour les femmes, dans des domaines où le marché de l’emploi progresse de surcroît.Témoignages. Valery Pralong 40 ans Chercheuse Sonia Fosse 24 ans ment », explique cette jeune fille de 24 ans, née à Valognes. Une voie rapide, que son au CNRS Ingénieur brillant bagage universitaire lui permet d’em prunter. en sciences chez Areva La voie royale « À la sortie de prépa, j’ai été retenue dans des matériaux Pas de plafond de verre pour Sonia plusieurs Grandes Ecoles. J’ai opté pour Passionnée de chimie depuis Fosse, jeune ingénieur recrutée l’Ensicaen car c’était une formation très l’enfance, Valérie Pralong a donc chez Areva l’année dernière après technique avec une connotation recherche naturellement suivi cette voie un brillant cursus scientifique. ou ingénieur de production qui m’attirait. » Mais surtout, le stage obligatoire à l’étranger qui l’a menée jusqu’au laboratoire spécialisé en sciences des © AREVA, TN International, Georges Carillo ainsi que la possibilité de faire un double cur sus avec l’IAE de Caen, l’ont séduite. « Il faut matériaux, le Crismat (1) à Caen. un certain temps avant d’avoir une situation stable dans le domaine de la recherche. J’ai Comment devient-on chercheuse ? donc rapidement opté pour celui de l’entre- J’ai un parcours classique. Après un prise. » Le Master d’administration des en bac scientifique, j’ai obtenu un Master treprises, suivi pendant deux ans, l’a prépa Recherche (5 ans après le bac) puis j’ai rée à ce marché du travail. Aujourd’hui, chez effectué une thèse dans un laboratoire Areva, elle conçoit des emballages pour les à Amiens. Une thèse se fait en trois ans, déchets nucléaires. « C’est une mission sur mais nous sommes rémunérés pendant deux ans, qui doit nous permettre d’acquérir ce temps. Détentrice d’un doctorat (bac+8), des compétences techniques tout en rele- je suis partie en stage post-doctoral au vant des challenges ». L’année prochaine, Canada pendant deux ans. À mon retour en Sonia se voit bien partir à l’étranger pour France, j’ai passé le concours du CNRS (2). encadrer une équipe. Sept chercheurs environ sont recrutés chaque année dans ma spécialité par cet Une vie familiale compatible Et quid de la famille ? « Les études s’al- organisme, en fonction de leur expérience longent. Les hommes et les femmes dé- et du projet de recherche qu’ils ont envie marrent leur vie familiale plus tard. » Dans de mener. J’ai été l’un d’eux en 2003. Être femme et ingénieur ne pose pas de quelques années, Sonia Fosse s’imagine Sur quoi travaillez-vous ? souci à Sonia Fosse, jeune salariée d’Areva. endosser la double casquette de manager et Je crée de nouveaux matériaux qui « On doit peut-être faire ses preuves un peu de mère. « Dans l’entreprise où je travaille n’existent pas dans la nature, à base, par plus qu’un homme lorsqu’on arrive dans une actuellement, les femmes qui partent en exemple, d’oxygène, de soufre, de man- équipe, surtout si on la dirige. » Mais à ce congé maternité trouvent à leur retour les niveau, se battre pour atteindre l’excellence ganèse et de lithium. Ils permettront de mêmes responsabilités. Et les crèches d’en- est un sport quotidien, hommes et femmes treprise offrent de plus en plus de facilités. » créer des batteries qui seront peut-être confondus. Sonia Fosse, diplômée de l’Ensi Si elle a vu certaines de ses amies au fort sur le marché dans plus d’une vingtaine caen en 2012, vient d’intégrer le programme potentiel scientifique choisir d’autres filières d’années. Ces matériaux doivent être ressource d’Areva, la pépinière des futurs par peur de l’échec ou des études longues, peu chers à produire, non toxiques, éco- managers du groupe. Le leader mondial de elle a toujours été poussée par une mère logiques et bien sûr efficaces. l’énergie nucléaire embauche une vingtaine aide-soignante à poursuivre ses études. Pourquoi est-ce un métier fascinant ? de jeunes par an depuis 2004. « Cette année, « J’ai eu aussi en terminale une prof de maths Il y a un côté très ludique et très prenant, nous sommes une quinzaine de nationalités qui m’a fortement encouragée. » Et surtout à différentes. » Pour être retenu, il faut impéra presque addictif à mon métier: à partir ce moment décisif de son orientation, elle a tivement avoir un bac +5, complété par un obtenu un prix de la vocation scientifique. d’une idée, je réalise des expériences. diplôme de gestion de projet, sociologie, fi « J’ai mis par écrit mon projet et cela m’a J’écris mes projets, je forme des jeunes nance ou géopolitique... être au minimum obligée à me projeter dans un métier scienti- chercheurs, je présente les résultats à bilingue en anglais et avoir une expérience à fique. Savoir que l’Etat encourageait les la communauté internationale sous la l’étranger. « C’est un tremplin pour occuper femmes dans ces carrières était une pers- forme d’articles dans des revues spéciali- des postes à haute responsabilité rapide- pective rassurante. » 20 Reflets 93 - Décembre 2013 - Janvier - Février 2014
z les filles ! Ce que dit la Région Yanic Soubien, vice-président de Région en charge « Accompagner la réussite de chacun » de la formation © Eric Biernacki tout au long de la vie De l’école primaire au niveau post-bac, la Région, avec ses partenaires, veut accompagner la réussite de chaque Bas-Normand dans son parcours, dans sa région. Cette réussite ne passe pas seulement par la poursuite d’études générales. Les jeunes qui s’engagent par choix et avec motivation dans une voie professionnelle ou technologique ont tout autant de chances de s’épanouir et de réussir leur insertion professionnelle. La Région invite tous les Bas-Normands, notamment ceux qui se situent à une étape charnière de l’orientation – 3e et Terminale –, à s’ouvrir à la variété des métiers et des formations proposées en région. Il faut aussi savoir que des passerelles existent, permettant aux jeunes de ne pas rester prisonniers de leur choix. x La question de l’orientation est l’affaire de tous : du jeune, mais aussi de sa famille, des amis, des professionnels de l’orientation, des enseignants. Le dialogue est essentiel pour encourager la formulation des envies et des ambitions. Typhaine Neuveglise 18 ans sées ou lors de conférences, je rencontre Etudiante en prépa maths-physique des collègues du monde entier. Je jouis Motivée par l’envie de s’épanouir professionnellement, Typhaine d’une grande liberté. Tout ça est extrême- Neuveglise, en prépa scientifique à Cherbourg, met toutes les chances ment riche en matière d’échanges. de son côté pour entrer à Polytechnique. Être une femme a-t-il été un frein Typhaine Neuveglise vient tout © aprim dans votre carrière ? juste d’avoir 18 ans et entame sa Non, ces questions ne sont plus de ma seconde année en prépa scienti fique. Elle le reconnaît, les maths, génération. Ici, il y a quasiment autant elle a toujours trouvé ça facile et de femmes que d’hommes. Ce sont les fascinant. « On part de rien et on compétences qui importent et la capacité trouve des trucs gigantesques qui de créativité. Quant à la vie de famille nous aident dans la vie de tous les des chercheurs, en général elle démarre jours. » La jeune Quimperloise (Fi un peu plus tard que la moyenne natio- nistère) a sauté une classe et obte nale, notamment car ce n’est pas la nu son bac avec mention très bien. priorité avant la fin de notre thèse. La Soutenue par sa famille, elle consi vie de famille est véritablement facilitée dère que les études sont un véri par l’existence d’une crèche à la Fac où table sésame pour réussir sa vie. j’amène moi-même ma fille. Plusieurs de « Je ne voudrais pas devoir traîner mes collègues étrangers sont époustou- un travail qui ne me plaît pas durant flés par nos structures qui n’existent pas tout le reste de ma vie. » forcément ailleurs en Europe. Son bac en poche, elle opte pour une prépa maths physique, bien cotée de préférence. Elle choisit Cherbourg, place la barre très haut et travaille d’arrache (1) Le Crismat est le laboratoire de pied. « J’applique la technique de mon père qui lui aussi a fait une prépa. J’étudie pendant CRIStallographie et sciences des MATériaux 7 jours et je me repose une demi-journée. » Elle devient ainsi l’un des moteurs de la classe. regroupant des chercheurs, des ingénieurs, des techniciens du CNRS, de l’université « J’ai pris la prépa comme un défi », précise-t-elle. Avec un objectif : les Grandes Ecoles. de Caen Basse-Normandie et de l’ENSICAEN. (2) Le Centre national de la recherche scientifique Choisir son avenir, un sacré défi est un organisme public de recherche placé « Au début, je voulais devenir prof. Mais j’ai peur de ne pas avoir le feeling. » Elle envisage sous la tutelle du Ministère de l’Enseignement donc de changer son fusil d’épaule. Mais que faire ? Ayant perdu son leitmotiv, elle recon supérieur et de la Recherche. Il produit du naît qu’il lui est un peu plus difficile de se sentir motivée. Elle s’est cependant promis de savoir et met ce savoir au service de la société. réussir là où son père a échoué : rentrer à Polytechnique. Une porte de sortie qui pourrait La délégation Normandie du CNRS compte peut-être la conduire vers la recherche fondamentale. « L’intérêt, c’est que l’on peut aller plus de 40 unités de recherche et de service. dans ses délires. Et moi, j’aime bien pouvoir profiter d’une certaine liberté. » Quant à la question féminine dans un milieu masculin ? Pour elle, la question ne se pose pas. Reflets 93 - Décembre 2013 - Janvier - Février 2014 21
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