Plan d'application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant1

 
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ANNEXE 2

       Plan d’application exhaustif concernant la nutrition
          chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant1
                                                                                          [A65/11 – 26 avril 2012 et
                                                                                       A65/11 Corr.1 – 11 mai 2012]

RAISON D’ÊTRE
Les problèmes de nutrition à l’échelle mondiale sont multidimensionnels

1.     Un apport suffisant en nutriments dès les premiers stades de la vie est essentiel pour assurer un
bon développement physique et mental et une bonne santé sur le long terme. Faute d’une offre
suffisante ou d’un accès suffisant à des aliments d’une bonne qualité nutritionnelle ou par suite de
l’exposition à des pathologies nuisant à l’absorption et à l’assimilation des nutriments, de larges
fractions de la population mondiale souffrent de malnutrition, ont un apport insuffisant en vitamines et
en minéraux ou présentent une surcharge pondérale ou une obésité, avec cependant d’importantes
différences entre les groupes de population. Ces problèmes sont souvent concomitants et sont liés les
uns aux autres.

2.    Dans les pays à faible revenu, les femmes sont souvent de petite taille et ont un faible indice de
masse corporelle, ce qui entraîne un mauvais développement du fœtus et accroît les risques de
complications de la grossesse et la nécessité de recourir à un accouchement assisté.2 Dans certains pays
d’Asie du centre-sud, plus de 10 % des femmes de 15 à 49 ans mesurent moins de 1,45 m. En Afrique
subsaharienne, en Asie du centre-sud et en Asie du sud-est, plus de 20 % des femmes ont un indice de
masse corporelle inférieur à 18,5 kg/m2 et cette proportion atteint 40 % au Bangladesh, en Érythrée et en
Inde. À l’inverse, un pourcentage croissant de femmes débutent une grossesse avec un indice de masse
corporelle supérieur à 30 kg/m2, ce qui entraîne un risque accru de complications de la grossesse et de
l’accouchement, un poids de naissance plus élevé et un risque accru d’obésité pour l’enfant.

3.    Trente pour cent des femmes en âge de procréer (468 millions) et 42 % des femmes enceintes
(56 millions) souffrent d’anémie ferriprive. L’anémie de la mère est associée à un poids de naissance
plus faible pour l’enfant et à un risque accru de mortalité maternelle. Les taux d’anémie n’ont pas
sensiblement diminué au cours des 20 dernières années.3

       1
           Approuvé par la Soixante-Cinquième Assemblée mondiale de la Santé dans la résolution WHA65.6.
       2
         Black RE et al. Maternal and Child Undernutrition Study Group. Maternal and child undernutrition: global and
regional exposures and health consequences. Lancet, 2008; 371: 243-260. Les données proviennent également du projet
Monitoring and Evaluation to Assess and Use Results Demographic and Health Surveys (MEASURE DHS)
(http://www.measuredhs.com/Data/, consulté le 27 mars 2012).
       3
          Comité permanent de la Nutrition du système des Nations Unies. Progress in nutrition: Sixth report on the world
nutrition situation. Genève, Secrétariat du Comité permanent de la Nutrition du système des Nations Unies, 2010.

                                                          - 57 -
58                SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ

4.     On estime qu’il naît chaque année dans le monde 13 millions d’enfants présentant un retard de
croissance intra-utérine1 et environ 20 millions d’enfants ayant une insuffisance pondérale.2 Un enfant
de faible poids à la naissance est exposé à un risque de morbidité et de mortalité plus élevé et est
également plus susceptible de développer ultérieurement des maladies non transmissibles comme le
diabète et l’hypertension.

5.     En 2010, environ 115 millions d’enfants dans le monde présentaient un déficit pondéral,
55 millions avaient un poids trop faible pour leur taille et 171 millions d’enfants de moins de cinq ans
souffraient d’un retard de croissance.3 On estime que dans les pays en développement, la proportion
d’enfants de moins de cinq ans qui présentent un déficit pondéral a été ramenée de 29 % à 18 % entre
1990 et 2010, recul qui est encore trop faible pour permettre d’atteindre l’objectif 1, cible 1.C du
Millénaire pour le développement – Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la
population qui souffre de la faim. Les progrès ont été suffisants en Asie et en Amérique latine, mais
des efforts considérables restent encore à faire en Afrique. En outre, en 2010, 43 millions d’enfants
d’âge préscolaire dans les pays en développement et les pays développés étaient en surpoids ou
obèses.4 La prévalence de l’obésité chez l’enfant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire a
fortement augmenté au cours des dix dernières années ; l’OMS estime qu’en 2015, le pourcentage
d’enfants obèses atteindra 11 % dans ces pays, soit une prévalence voisine de celle enregistrée dans les
pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (12 %). Les enfants obèses ont de fortes chances
de devenir des adultes obèses et courent un risque accru de développer un diabète de type 2, des
maladies du foie et des troubles respiratoires au cours du sommeil ; leurs performances économiques
et sociales à l’âge adulte risquent aussi d’être amoindries.

6.   On estime qu’à l’échelle mondiale 47,4 % (293 millions) des enfants d’âge préscolaire souffrent
d’anémie5 et 33,3 % (190 millions) d’une carence en vitamine A.6

7.     L’état nutritionnel est aussi influencé par plusieurs facteurs environnementaux. Dans les pays où
la prévalence de l’infection à VIH est élevée, celle-ci a à la fois un impact direct sur l’état nutritionnel
des femmes et des enfants infectés et des effets indirects par suite de la dégradation de la sécurité
alimentaire des ménages et du recours à des pratiques inappropriées d’alimentation des nourrissons
pour prévenir la transmission mère-enfant du VIH. L’insécurité alimentaire amène aussi les femmes à
adopter des comportements à risque qui les exposent encore davantage à une infection par le VIH. Le
tabagisme (fumer ou consommer du tabac sans fumée) durant la grossesse a des effets négatifs sur la
santé du fœtus. Le risque de complications de la grossesse, y compris une insuffisance pondérale à la
naissance et une prématurité de l’enfant, est accru aussi bien directement si la mère fume elle-même
que si elle est exposée au tabagisme passif pendant sa grossesse. Le nombre de fumeurs augmente
dans beaucoup de pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier chez les jeunes filles et les
femmes en âge de procréer. Bien que le pourcentage de femmes qui fument soit encore faible dans de

      1
        de Onis M, Blössner M, Villar J. Levels and patterns of intrauterine growth retardation in developing countries.
European Journal of Clinical Nutrition, 1998; 52 (Suppl.1): S5-S15.
       2
        Fonds des Nations Unies pour l’Enfance et Organisation mondiale de la Santé. Low birthweight: country, regional
and global estimates. New York, Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, 2004.
       3
        Organisation mondiale de la Santé, Déficit pondéral et retard de croissance dans : Statistiques sanitaires mondiales
2010, Genève, 2010.
        4
          de Onis M, Bloessner M, Borghi E. Global prevalence and trends of overweight and obesity among preschool
children. American Journal of Clinical Nutrition, 2010, 92: 1257-64.
       5
        De Benoist B, McLean E, Egli I, Cogswell M (Eds). Worldwide prevalence of anaemia 1993-2005: WHO global
database on anaemia. Genève, Organisation mondiale de la Santé, 2008, pp. 1-40.
       6
       Organisation mondiale de la Santé, Global prevalence of vitamin A deficiency in populations at risk 1995-2005:
WHO global database on vitamin A deficiency. Genève, 2009.
ANNEXE 2                                                         59

nombreux pays, les femmes et leur progéniture continuent de courir des risques importants d’issue
défavorable de la grossesse en raison de leur exposition au tabagisme passif. Des contaminants du
tabac sont transmis au fœtus à travers le placenta et au nouveau-né à travers le lait maternel. Les
dépenses consacrées au tabac limitent aussi la capacité des familles de fournir une meilleure
alimentation aux femmes enceintes et aux enfants.

8.     On estime que la malnutrition est la cause sous-jacente de 35 % de l’ensemble des décès
d’enfants de moins de cinq ans enregistrés dans le monde. Plus de deux millions d’enfants meurent
chaque année avant l’âge de cinq ans des suites de la sous-alimentation et on estime que l’anémie
ferriprive contribue chaque année à un nombre important de décès maternels dans les pays à revenu
faible ou intermédiaire. La dénutrition des mères et des enfants est à l’origine de 11 % de la charge
mondiale de morbidité.1

9.     La malnutrition a des effets négatifs sur le développement cognitif et sur les résultats scolaires
et la productivité. Le retard de croissance et les carences en iode et en fer, combinés à une stimulation
cognitive insuffisante, sont d’importants facteurs de risque qui contribuent à empêcher quelque
200 millions d’enfants dans le monde de réaliser leur plein potentiel de développement. Chaque
augmentation de 1 % de la taille adulte est associée à une augmentation de 4 % du niveau des salaires
agricoles2 et l’élimination de l’anémie permettrait d’accroître de 5 à 17 % la productivité des adultes.
La malnutrition est un obstacle à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement 1
(Éliminer l’extrême pauvreté et la faim), 2 (Assurer l’éducation primaire pour tous), 3 (Promouvoir
l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes), 4 (Réduire la mortalité de l’enfant), 5 (Améliorer
la santé maternelle) et 6 (Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies).

Des mesures efficaces existent dans le domaine de la nutrition mais elles ne sont pas
appliquées à une assez large échelle

10. D’après une étude et une analyse portant sur la période 2009-2010,3 la plupart des États
Membres disposent de tout un éventail de politiques et de programmes nutritionnels. Toutefois, ces
politiques sont souvent inadaptées eu égard à la complexité des problèmes nutritionnels chez la mère,
le nourrisson et le jeune enfant et ne produisent pas les effets escomptés.

11. Même lorsqu’il existe des politiques en matière de nutrition, elles n’ont pas toujours été
adoptées de façon officielle et ne sont souvent pas assorties de plans opérationnels et de programmes
de travail avec des objectifs et des cibles clairs, des délais précis et un descriptif des résultats à
atteindre ; elles ne précisent pas les rôles et responsabilités respectifs des acteurs concernés, ni les
besoins en personnel et les capacités nécessaires et ne prévoient pas d’évaluation des processus et des
résultats.

12. L’étude 2009-2010 a aussi montré que la lutte contre la dénutrition des mères n’était pas une
priorité dans les pays ayant une lourde charge de mortalité maternelle. Quelques-uns seulement des
36 pays où la dénutrition est la plus répandue appliquent à l’échelle nationale tout l’éventail des
interventions efficaces qui existent pour prévenir l’insuffisance pondérale chez les enfants et la
dénutrition maternelle et favoriser le développement du jeune enfant.

        1
          Black RE et al. Maternal and Child Undernutrition Study Group. Maternal and child undernutrition: global and
regional exposures and health consequences. Lancet, 2008 ; 371: 243-260.
       2
         Haddad L, Bouis HE. The impact of nutritional status on agricultural productivity: wage evidence from the
Philippines. Warwick (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord), Development Economics Research Centre.
Papers, N° 97, 1989.
       3
           Organisation mondiale de la Santé. A review of food and nutrition policies. Genève, 2012.
60                SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ

13. Des interventions pouvant être gérées directement par le secteur de la santé pâtissent d’un
manque de directives opérationnelles détaillées et ne sont qu’en partie mises en œuvre dans des
maillons faibles des systèmes de santé. De nombreux pays ont adopté des stratégies intégrées pour la
santé de la mère, du nourrisson et du jeune enfant incluant des interventions en matière de nutrition,
mais la fourniture effective de conseils nutritionnels dans les services de santé laisse souvent à désirer
et il existe peu d’indicateurs permettant de mesurer la couverture de ces interventions.

14. Les stratégies nationales de développement ne prennent pas suffisamment en considération la
question de la nutrition. Les politiques nationales en matière d’alimentation et de nutrition mettent
souvent l’accent sur l’information et les choix diététiques éclairés et accordent peu d’attention aux
mesures structurelles, financières et réglementaires qui permettraient de faire évoluer l’offre
alimentaire dans un sens plus favorable.

15. L’application des programmes n’est souvent pas très bien coordonnée entre les différents
acteurs. Dans toutes les Régions, l’essentiel de la coordination et de l’administration des politiques est
confié aux ministères de la santé, avec une participation variable des ministères de l’éducation, de
l’agriculture, de l’alimentation et de la protection sociale. La mise en œuvre des politiques et des
programmes dépend souvent d’un financement extérieur qui n’est pas assuré durablement. Le suivi des
activités est irrégulier ou laisse à désirer.

16. La mise en œuvre du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et
des résolutions pertinentes ultérieures de l’Assemblée de la Santé est variable selon les pays. Des
dispositions légales ont été mises en place dans 103 États Membres et sont en cours d’élaboration dans
neuf autres. Trente-sept États Membres s’en remettent à l’application volontaire du Code par les
fabricants de préparations pour nourrissons, et 25 n’ont pas pris de mesures pour le faire respecter. On
ne dispose d’aucune donnée pour 20 États Membres.1

17. Dans la plupart des 103 États Membres susmentionnés, la loi prévoit une interdiction de la
promotion des produits visés auprès du grand public et des agents de santé et dans les établissements
de soins, et fixe des prescriptions en matière d’étiquetage. Un nombre plus restreint de pays ont adopté
des dispositions mettant en garde contre les risques de contamination et interdisent les allégations
concernant la valeur nutritive ou les bienfaits pour la santé.

18. Moins de 50 % des pays ayant adopté des mesures légales ont aussi pris des dispositions légales
pour surveiller l’application du Code. Trente-sept d’entre eux seulement ont mis en place des
mécanismes fonctionnels de suivi et/ou de coercition et on ne dispose que d’informations limitées sur
la composition, le mandat et les fonctions de ces mécanismes.

19. Les bureaux régionaux continuent à tenir à jour les informations relatives à la mise en œuvre du
Code. D’après une étude récente de l’OPS sur son application pendant la période 1981-2011,2 16 pays
ont pris des mesures légales et six d’entre eux ont adopté une réglementation pour donner effet à la loi
applicable. Dans une étude réalisée en 2007, l’UNICEF a constaté que sur 24 pays d’Afrique de
l’Ouest et du Centre,3 12 s’étaient dotés d’un ensemble de dispositions légales pertinentes.

       1
         Information de l’UNICEF : ces pays comprennent aussi tous les États Membres qui ont présenté des rapports sur la
mise en œuvre du Code comme le prévoient les articles 11.6 et 11.7 de celui-ci. Des questionnaires ont été envoyés aux États
Membres en 2007 et 2009 et les résultats ont été résumés dans les documents A61/17 Add.1, section F, et A63/9.
        2
          Sokol E, Aguayo V, Clark D. Protéger l’allaitement maternel en Afrique de l’Ouest et du Centre : 25 années
d’application du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Dakar, Bureau régional de
l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, 2007.
       3
        30 años del Código en América Latina: Un recorrido sobre diversas experiencias de aplicación del Código Internacional
de Comercialización de Sucedáneos de la Leche Materna en la Región entre 1981 y 2011. Washington DC, OPS, 2011.
ANNEXE 2                                                            61

OBJECTIF, CIBLES ET CALENDRIER

20. Le plan vise à lutter contre le double fardeau de la malnutrition chez les enfants, en commençant
dès le plus jeune âge. Un bénéfice important peut être obtenu en concentrant les efforts sur la période
comprise entre la conception et les deux premières années de la vie, mais il faut aussi envisager une
perspective portant sur toute la durée de la vie, afin d’arriver à maintenir durablement un bon état
nutritionnel.

21. Des progrès peuvent être réalisés à brève échéance et la plupart des problèmes nutritionnels
peuvent être résolus en l’espace d’une génération. Par exemple, les interventions nutritionnelles qui
existent actuellement devraient permettre d’éviter à court terme au moins un tiers des cas de retard de
croissance.1 Toutefois, il faudra peut-être davantage de temps pour venir à bout de certains problèmes
et s’engager probablement pour une décennie d’investissements afin de développer les interventions
nutritionnelles qui devraient permettre d’éviter un million de décès d’enfants par an. Compte tenu de
la nécessité d’harmoniser la mise en œuvre du plan et des autres cadres de développement ayant un
lien avec la nutrition, il est proposé que le plan s’étende sur 13 ans (2012-2025). Des rapports seront
présentés tous les deux ans jusqu’à 2022 et un dernier rapport sera établi en 2025.

22. Il est important de fixer des cibles à l’échelle mondiale pour déterminer les domaines
prioritaires et jouer un rôle catalyseur à l’échelle planétaire. Ces cibles mondiales pourraient inspirer
les pays dans leurs priorités et ambitions, mais n’entendent nullement dicter leurs choix et ceux des
Régions. Elles pourraient servir à mesurer les progrès accomplis et mettre en place des cadres de
responsabilisation. Des cibles sont nécessaires pour les problèmes nutritionnels qui sont à l’origine
d’une lourde charge de morbidité et de mortalité liée à l’état nutritionnel dans la période allant de la
conception aux deux premières années de la vie, à savoir le retard de croissance, l’anémie maternelle
et le faible poids de naissance.2 L’insuffisance pondérale – associée le plus souvent à un retard de
croissance – est la principale cause de mortalité et de DALY (années de vie ajustées sur l’incapacité)
chez les enfants de moins de cinq ans, et la carence en fer contribue à la mortalité maternelle dans les
pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces cibles compléteront et sous-tendront l’objectif 1, cible 1.C
du Millénaire pour le développement en appelant à réduire la prévalence du déficit pondéral chez les
enfants. Au titre de cet objectif, une quatrième cible relative à la surcharge pondérale chez les enfants
se justifie compte tenu de l’augmentation rapide de la prévalence de l’obésité observée à l’échelle
mondiale. Les cibles proposées se fondent sur l’expérience des pays et sur l’existence d’interventions
efficaces.

23. Cible mondiale 1 : D’ici 2025, réduire de 40 % le nombre d’enfants de moins de cinq ans
présentant un retard de croissance. Cette cible suppose de réduire, d’ici 2025, le nombre d’enfants
présentant un retard de croissance de 40 % en termes relatifs par rapport à l’année de référence 2010.
Cela représenterait une baisse de 3,9 % par an entre 2012 et 2025, en termes relatifs,3 et ferait passer le
nombre de ces enfants de 171 millions en 2010 à quelque 100 millions, soit 25 millions de moins
environ par rapport à ce qui serait le cas si les tendances actuelles demeuraient inchangées4. Une

       1
         Bhutta ZA et al. pour le Maternal and Child Undernutrition Study Group. What works? Interventions for maternal
and child undernutrition and survival. Lancet, 2008; 371: 417-440.
       2
         La définition de cibles à l’échelle mondiale a été demandée par les États Membres au cours des consultations
régionales. Les cibles provisoirement fixées ont été examinées lors des consultations régionales dans les Régions des
Amériques et de la Méditerranée orientale, mais de plus amples discussions avec les États Membres seront nécessaires au
sein du Conseil exécutif et des consultations par voie électronique devront également avoir lieu.
       3
           r=ln(P1/P2)/t.
       4
        de Onis M, Bloessner M, Borghi E. Prevalence and trends of stunting among pre-school children, 1990-2020.
Public Health Nutrition, 2012, 15: 142-148.
62                 SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ

analyse menée sur 110 pays pour lesquels des données sur la prévalence du retard de croissance ont
été rendues disponibles à deux occasions au moins au cours de la période 1995-20101 révèle que,
globalement, ce taux recule de 1,8 % par an (2,6 % dans les pays dans lesquels la prévalence est
supérieure à 30 %). Durant cette période, 20 % des pays l’ont réduit à un rythme de 3,9 % ou plus.

24. Cible mondiale 2 : D’ici 2025, réduire de 50 % l’anémie chez les femmes en âge de
procréer. Cette cible suppose de réduire, d’ici à 2025, le nombre de cas d’anémie parmi les femmes
non enceintes en âge de procréer (15-49 ans) de 50 % en termes relatifs par rapport à une référence
correspondant à la période 1993-2005. Cela représenterait une baisse annuelle de 5,3 % en termes
relatifs entre 2012 et 2025 et supposerait de réduire à environ 230 millions le nombre de femmes non
enceintes anémiques. Plusieurs pays ont enregistré une réduction de la prévalence de l’anémie chez les
femmes non enceintes, comme l’indiquent les enquêtes nationales successives analysées dans le
Sixième rapport sur la situation mondiale de la nutrition du Comité permanent de l’ONU sur la
Nutrition.2 Ce taux est ainsi passé en Chine de 50 % à 19,9 % en l’espace de 21 ans (1981-2002) ; au
Népal, de 65 % à 34 % en 8 ans (1998-2006) ; à Sri Lanka, de 59,8 % à 31,9 % en 13 ans
(1988-2001) ; au Cambodge, de 56,2 % à 44,4 % en 6 ans (2000-2006) ; au Viet Nam, de 40 % à
24,3 % en 14 ans (1987-2001) ; et au Guatemala, de 35 % à 20,2 % en 7 ans (1995-2002). Ces
estimations indiquent que la réduction a été comprise entre 4 % et 8 % par an en termes relatifs.

25. Cible mondiale 3 : D’ici 2025, réduire de 30 % l’insuffisance pondérale à la naissance.
Cette cible suppose de réduire de 30 % en termes relatifs, d’ici 2025, le nombre d’enfants dont le poids
de naissance est inférieur à 2500 g par rapport à une référence correspondant à la période 2006-2010.
Cela représenterait une baisse annuelle de 3,9 % en termes relatifs entre 2012 et 2025. Au Bangladesh
et en Inde, où naissent près de la moitié des enfants présentant une insuffisance pondérale à la
naissance dans le monde, la prévalence observée est passée respectivement de 30,0 % à 21,6 % (entre
1998 et 2006) et de 30,4 % à 28,0 % (entre 1999 et 2005). Une réduction de la prévalence de
l’insuffisance pondérale à la naissance a également été observée en Afrique du Sud (de 15,1 % à 9,9 %
entre 1998 et 2003), en El Salvador (de 13 % à 7 % entre 1998 et 2003) et en République-Unie de
Tanzanie (de 13,0 % à 9,5 % entre 1999 et 2005). Dans ces exemples, les reculs enregistrés sont de
l’ordre de 1 % à 12 % par an. Les taux de réduction les plus élevés ont été observés dans les pays où
une part importante de l’insuffisance pondérale à la naissance tient à des retards de croissance
intra-utérine, ces derniers étant plus faciles à réduire que la prématurité.

26. Cible mondiale 4 : D’ici 2025, pas d’augmentation du pourcentage d’enfants en surcharge
pondérale. Cette cible suppose que la prévalence mondiale de 6,7 % estimée pour 2010 (intervalle de
confiance de 95 %, 5,6-7,7) ne passe pas à 10,8 % en 2025, ce qui serait le cas si les tendances
actuelles se maintenaient,3 et que le nombre d’enfants de moins de cinq ans en surcharge pondérale ne
monte pas de 43 à 70 millions environ. Les taux d’augmentation varient d’une région du monde à
l’autre, avec des hausses plus rapides dans les pays dont les systèmes alimentaires se développent plus
vite, à l’instar de ceux d’Afrique du Nord. Dans les pays aux revenus les plus élevés, les données
nationales et régionales indiquent que l’obésité des enfants augmente moins dans les groupes socio-
économiques supérieurs. Les interventions qui ont été déployées en matière de modes de vie et
d’environnement représentent de bonnes pratiques dont on pourrait s’inspirer. Les pays à revenu faible
et intermédiaire ne possèdent à cet égard que peu d’expérience programmatique. Il apparaît, par
ailleurs, que les programmes de lutte contre l’obésité des enfants ont principalement ciblé les enfants

       1
           Analyse menée à partir de 430 séries de données.
       2
           Comité permanent de l’ONU sur la Nutrition. Sixth report on the world nutrition situation. Genève, 2010.
       3
          de Onis M, Bloessner M, Borghi E. Global prevalence and trends of overweight and obesity among preschool
children. American Journal of Clinical Nutrition, 2010, 92: 1257-1264.
ANNEXE 2                                                          63

d’âge scolaire.1 Il serait également important d’empêcher ce phénomène de s’aggraver dans les pays
qui s’attellent parallèlement à réduire les retards de croissance.

27. Cible mondiale 5 : D’ici 2025, porter les taux d’allaitement exclusif au sein au cours des six
premiers mois de la vie à au moins 50 %. Pour atteindre cette cible, il faudrait que la moyenne
mondiale actuelle, estimée à 37 % pour la période 2006-2010, passe à 50 % d’ici à 2025. Cela
représenterait une hausse annuelle de 2,3 % en termes relatifs, soit, en définitive, 10 millions d’enfants
de plus allaités exclusivement au sein jusqu’à l’âge de six mois. À l’échelle mondiale, les taux
d’allaitement exclusif au sein sont passés de 14 % en 1985 à 38 % en 1995, mais ont ensuite diminué
dans la plupart des Régions. Toutefois, une augmentation rapide et substantielle de ces taux dépassant
parfois la cible mondiale proposée a été enregistrée dans certains pays de toutes les Régions comme
par exemple au Cambodge (où le taux est passé de 12 % à 60 % entre 2000 et 2005), au Mali (où il est
passé de 8 % à 38 % entre 1996 et 2006) et au Pérou (où il a progressé de 33 % à 64 % entre 1992 et
2007).

28. Cible mondiale 6 : D’ici 2025, réduire et maintenir au-dessous de 5 % l’émaciation chez
l’enfant. Cette cible suppose que la prévalence mondiale de l’émaciation chez l’enfant, de 8,6 % selon
les estimations pour 2010, devrait être ramenée à moins de 5 % d’ici 2025 et maintenue au-dessous de
ce niveau.2 Pendant la période 2005-2010, 53 pays ont signalé des taux d’émaciation supérieurs à 5 %
au moins une fois. La réduction de l’émaciation exige la mise en œuvre d’interventions préventives
telles que l’amélioration de l’accès à des aliments de qualité et aux soins de santé ; l’amélioration de la
nutrition et des connaissances et des pratiques en matière de santé ; la promotion de l’allaitement au
sein exclusif pendant les six premiers mois de la vie et la promotion de pratiques d’alimentation
d’appoint améliorées pour tous les enfants âgés de 6 à 24 mois ; ainsi que l’amélioration des systèmes
d’approvisionnement en eau et d’assainissement et de l’hygiène pour protéger les enfants contre les
maladies transmissibles. Un grand nombre d’enfants souffrant d’émaciation sévère peuvent être traités
dans leur communauté sans devoir être admis dans un établissement de santé ou un centre
d’alimentation thérapeutique.3 Le traitement de la malnutrition aiguë modérée devrait reposer sur
l’utilisation optimale d’aliments disponibles localement, complétés si nécessaire par des aliments de
supplémentation spécialement formulés.

MESURES À PRENDRE

29. Ce plan d’action propose à titre d’exemple une série de mesures prioritaires à mettre en œuvre
conjointement par les États Membres et par les partenaires internationaux. Une adaptation aux besoins
spécifiques de chaque Région et de chaque pays sera nécessaire et devra être faite par les institutions
nationales et régionales compétentes.

       1
         Stratégies de prévention de l’obésité de l’enfant dans la population. Rapport du forum et de la réunion technique de
l’OMS, Genève, 15-17 décembre 2009.
       2
           OMS, Estimations mondiales et régionales des tendances de la malnutrition chez l’enfant.
       3
         Organisation mondiale de la Santé. Prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë sévère. Déclaration
conjointe de l’Organisation mondiale de la Santé, du Programme alimentaire mondial, du Comité permanent de la Nutrition
de l’Organisation des Nations Unies et du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance. Genève, 2007.
64             SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ

 MESURE 1 : Créer un environnement propice à la mise en œuvre de politiques alimentaires
 et nutritionnelles complètes

30. Pour progresser vers les cibles fixées en matière de nutrition, il faudra un engagement politique
à un haut niveau et un large soutien de la société. Les politiques existantes en matière d’alimentation et
de nutrition devront être revues afin de s’attaquer de manière globale à tous les grands problèmes
nutritionnels et à leur répartition dans la société. Cette révision devra aussi avoir pour but de donner à
la nutrition une place centrale dans les autres politiques sectorielles et dans la politique globale de
développement. Parmi les facteurs essentiels pour une mise en œuvre réussie de ces politiques, il
faudra : a) qu’elles soient officiellement adoptées par les organismes gouvernementaux compétents ;
b) qu’un mécanisme de gouvernance intersectoriel soit mis en place ; c) que les partenaires de
développement et les membres de la société civile s’y engagent ; et d) que les communautés locales
y participent. De son côté, le secteur privé peut contribuer à l’amélioration de l’offre alimentaire ainsi
qu’à la croissance de l’emploi et à l’augmentation des revenus. Des mesures adaptées devraient être
prises pour prévenir les conflits d’intérêts.

31.   Activités proposées pour les États Membres

      a)   revoir les politiques nutritionnelles de manière à ce qu’elles répondent de façon
      exhaustive à la double charge de la malnutrition par une approche fondée sur les droits de
      l’homme et avec l’approbation officielle du parlement ou du gouvernement ;

      b)     inclure la nutrition dans la politique globale de développement du pays, dans les
      documents nationaux de stratégie pour la réduction de la pauvreté et dans les stratégies
      sectorielles concernées ;

      c)     établir des mécanismes de gouvernance intersectoriels efficaces pour mettre en œuvre aux
      niveaux national et local des politiques nutritionnelles contribuant à une intégration des
      politiques entre les secteurs ;

      d)    encourager les autorités et les communautés locales à concevoir des plans pour appliquer
      plus largement les actions en matière de nutrition et assurer leur intégration dans les
      programmes communautaires existants ;

      e)    nouer un dialogue avec les parties intéressées aux niveaux national et international et
      former des alliances et des partenariats pour développer les actions en matière de nutrition tout
      en établissant des mécanismes adaptés pour prévenir les conflits d’intérêts.

32.   Activités proposées pour le Secrétariat

      a)     fournir un appui aux États Membres qui en font la demande pour qu’ils puissent renforcer
      leurs politiques et leurs stratégies nationales en matière de nutrition, ainsi que les composantes
      nutritionnelles d’autres politiques sectorielles y compris les politiques nationales de
      développement et les documents nationaux de stratégie pour la réduction de la pauvreté ;

      b)    faciliter l’accès aux normes et aux lignes directrices de politique générale, ainsi qu’aux
      produits de diffusion des connaissances, aux outils pertinents et aux réseaux d’experts.
ANNEXE 2                                                            65

33.    Activités proposées pour les partenaires internationaux

       a)    mener au niveau mondial des actions de plaidoyer pour sensibiliser le public à la
       nécessité d’appliquer plus largement les actions en matière de nutrition ;

       b)    renforcer la coopération internationale en matière de nutrition afin d’harmoniser les
       normes, les politiques et les actions par le biais de mécanismes adéquats et par l’intermédiaire
       d’organismes intergouvernementaux tels que l’Assemblée mondiale de la Santé, le Comité de la
       Sécurité alimentaire mondiale et le Conseil économique et social des Nations Unies ;

       c)   participer à des mécanismes internationaux de coordination ou à des partenariats comme
       le Mouvement SUN et le Comité permanent sur la Nutrition du système des Nations Unies.

 MESURE 2 : Faire figurer toutes les interventions sanitaires efficaces ayant un effet sur la
 nutrition dans les plans nationaux en matière de nutrition

34. De nombreuses interventions visant à faire évoluer les comportements, à fournir un appui sur le
plan nutritionnel et à réduire l’exposition à plusieurs facteurs de risque environnementaux ont fait la
preuve de leur efficacité et leur mise en œuvre au niveau national devrait être envisagée. Une synthèse
des interventions nutritionnelles proprement dites et des interventions sanitaires qui ont un impact sur
la nutrition et qui peuvent être mises en œuvre par le système de santé figure dans un des documents
de fond établis pour la préparation du présent plan1 et également dans la bibliothèque électronique
OMS de données pour l’action nutritionnelle (eleNa). Ces listes incluent des interventions qui peuvent
être envisagées soit pour des groupes de population donnés, soit dans des circonstances particulières, y
compris des situations d’urgence. Conformément au processus OMS pour la formulation
d’orientations, les données sont réactualisées en permanence et les lacunes de la recherche sont
signalées. Ces interventions sont envisagées comme autant d’options que les pays pourraient mettre en
œuvre selon leurs besoins.

35. C’est l’amélioration de la nutrition dans les premiers stades de la vie qui a les plus grands effets
bénéfiques. Toutefois, il faut aussi se préoccuper d’améliorer la nutrition sur toute la durée de la vie,
par des activités ciblées sur les enfants plus âgés et les adolescents en plus des nourrissons et des
jeunes enfants, de manière à assurer le meilleur environnement possible pour les mères avant la
conception, de réduire ainsi l’incidence de l’insuffisance pondérale à la naissance et de rompre le cycle
intergénérationnel de la malnutrition. La prise en charge de la surcharge pondérale chez l’enfant
nécessite aussi de mener une action pendant toutes les années de scolarité.2

36. Les interventions devraient être intégrées autant que possible dans les systèmes de soins de
santé existants. Elles devraient être incluses dans les programmes existants sous forme de blocs, afin
d’améliorer le rapport coût/efficacité. La mise en œuvre des approches et interventions de l’OMS
comme la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant, la prise en charge intégrée des maladies de
l’adolescent et de l’adulte et la prise en charge intégrée de la grossesse et de l’accouchement joueront
aussi un rôle essentiel. En outre, le renforcement des systèmes de santé est un élément central d’une
stratégie nutritionnelle réussie.

       1
         Organisation mondiale de la Santé. Essential nutrition actions. Improving maternal-newborn-infant and young child
health and nutrition. Genève, 2011.
       2
         Organisation mondiale de la Santé. Stratégies de prévention de l’obésité de l’enfant dans la population : rapport du
forum et de la réunion technique de l’OMS. Genève, 15-17 décembre 2009. Genève, 2010.
66            SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ

37. Les blocs d’interventions peuvent être conçus en fonction des besoins des pays et du niveau
d’investissement requis. Les programmes communautaires intégrant diverses interventions
nutritionnelles directes dans les soins de santé primaires de façon à assurer un accès universel
devraient être privilégiés en raison de leur bon rapport coût/efficacité. Un groupe d’organisations du
système des Nations Unies a mis au point conjointement un outil d’estimation des coûts intitulé
« United Nations Onehealth Costing Tool » – logiciel qui peut être facilement adapté à différents
contextes nationaux.

38.   Activités proposées pour les États Membres

      a)    intégrer toutes les interventions nutritionnelles intéressant le pays en ce qui concerne les
      services de santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent et assurer un accès universel ;

      b)     transposer dans les politiques nationales la Stratégie mondiale pour l’alimentation du
      nourrisson et du jeune enfant, la Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique et
      la santé ainsi que les lignes directrices de l’OMS en matière de nutrition ;

      c)    renforcer les systèmes de santé et promouvoir la couverture universelle et les principes
      des soins de santé primaires ;

      d)     mettre en place des mesures législatives, réglementaires et autres mesures efficaces, ou
      les renforcer le cas échéant, pour contrôler la commercialisation des substituts du lait maternel
      afin d’assurer l’application du Code international de commercialisation des substituts du lait
      maternel et des résolutions ultérieures pertinentes adoptées par l’Assemblée de la Santé ;

      e)     organiser des campagnes énergiques pour promouvoir l’allaitement maternel à l’échelle
      locale.

39.   Activités proposées pour le Secrétariat

      a)     passer en revue, actualiser et développer les lignes directrices de l’OMS et les outils
      visant à promouvoir des actions efficaces en matière de nutrition, mettre en lumière les bonnes
      pratiques des mécanismes de prestation et diffuser l’information ;

      b)     effectuer des analyses coût/efficacité des interventions sanitaires ayant un impact sur la
      nutrition ;

      c)     fournir un appui aux États Membres qui en font la demande pour la mise en œuvre de
      politiques et de programmes visant à améliorer les résultats en matière de nutrition ;

      d)     fournir un appui aux États Membres qui en font la demande pour la mise en place de
      mesures législatives, réglementaires et autres mesures efficaces, ou leur renforcement et la
      surveillance de leur application le cas échéant, en vue de contrôler la commercialisation des
      substituts du lait maternel ;

      e)    organiser une réunion avec les partenaires des milieux universitaires pour définir un
      programme de recherches prioritaires.
ANNEXE 2                                                            67

40.    Activités proposées pour les partenaires internationaux

       a)    prendre en compte les actions en matière de nutrition reconnues comme efficaces dans les
       plans d’aide au développement ;

       b)     appuyer la composante « nutrition » des stratégies en matière de santé de la mère et de
       l’enfant telles que la stratégie de prise en charge intégrée de la santé de la mère, du nouveau-né
       et de l’enfant.

 MESURE 3 : Favoriser les politiques et les programmes de développement autres que
 sanitaires qui reconnaissent l’importance de la nutrition et la prennent en compte

41. Des stratégies de développement sectorielles sensibles aux questions nutritionnelles sont
nécessaires pour pouvoir réduire la double charge de la dénutrition et du surpoids ; ces stratégies
devraient viser à promouvoir la demande et l’offre d’aliments plus sains et à éliminer les facteurs
entravant l’accès à ces aliments et leur utilisation. De nombreux secteurs devraient être associés à cette
action, mais ceux de l’agriculture, de la production et du commerce alimentaires, de la protection sociale,
de l’éducation, du travail et de l’information du public sont plus spécialement concernés. Des questions
transversales telles que l’égalité entre les sexes, la qualité de la gouvernance et des institutions ou encore
la paix et la sécurité devraient également être prises en considération. Ces aspects pourraient être pris en
compte dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre comparable à la Convention-cadre de l’OMS
pour la lutte antitabac, qui a donné un élan substantiel à la lutte contre le tabagisme.

42. Le Comité de la Sécurité alimentaire mondiale a entrepris de préparer un cadre stratégique
mondial pour la sécurité alimentaire et la nutrition. D’ici là, il est possible de tirer une série de
principes généraux des cadres politiques existants, de l’expérience des pays et de l’analyse des
données factuelles. Ainsi, par exemple, la malnutrition chronique a été réduite avec succès dans
certains pays d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine grâce à l’application conjointe de politiques et
de programmes visant à améliorer la sécurité alimentaire, à réduire la pauvreté et les inégalités sociales
et à améliorer l’éducation des mères.

43. Sur le plan de la sécurité alimentaire, il faudrait améliorer l’accès, sur tous les marchés locaux, à
des aliments d’une bonne qualité nutritionnelle1 et d’un prix abordable tout au long de l’année,
notamment en soutenant les petits agriculteurs et en favorisant la participation des femmes sans
toutefois perdre de vue l’impact négatif potentiel de la mécanisation et du développement des cultures
marchandes qui induisent des déplacements de main-d’œuvre ou encore de la pression exercée sur le
temps des femmes. Pour ce qui est de l’industrie alimentaire, le profil nutritionnel des aliments devrait
être amélioré, notamment en ce qui concerne la teneur en micronutriments et la réduction de la teneur
en sel, en sucre, en graisses saturées et en acides gras trans. Dans le domaine de l’éducation, une
meilleure éducation des femmes et des améliorations de l’approvisionnement en eau et de
l’assainissement se traduisent par une meilleure alimentation des enfants.

44. Les politiques de l’emploi sont d’une importance capitale pour la sécurité alimentaire des
ménages, mais l’organisation du travail devrait aussi assurer une protection adéquate de la maternité et
permettre aux employés de travailler dans un meilleur environnement, notamment en les protégeant
contre le tabagisme passif et en leur donnant accès à une nourriture saine. Il conviendrait également de
créer, sur le lieu de travail, un environnement favorable aux mères allaitantes. La protection sociale est
nécessaire pour corriger les inégalités et doit atteindre les plus vulnérables. Des allocations versées

       1
         Les aliments à haute valeur nutritive et à faible concentration en nutriments sont associés à un risque accru de
maladies non transmissibles.
68             SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ

aux plus pauvres peuvent leur permettre de satisfaire leurs besoins alimentaires. Les versements
d’allocations faits sous condition d’amener les enfants aux centres de santé et de les envoyer à l’école
peuvent avoir un effet positif sur l’état nutritionnel des enfants, y compris une augmentation de la
taille et du poids de naissance.

45. Les mesures commerciales et les taxes et subventions sont d’importants moyens de garantir
l’accès à des aliments sains et de permettre des choix alimentaires appropriés. Elles peuvent être des
outils puissants si elles s’accompagnent d’une information adéquate des consommateurs moyennant
un étiquetage nutritionnel approprié et un marketing responsable, ainsi que d’une commercialisation à
but social et de la promotion de régimes alimentaires et de modes de vie sains.

46. Exemples de mesures de politique générale que l’on peut envisager d’appliquer mettant à
contribution différents secteurs : investissement dans l’agriculture à petite échelle, promotion de la
production de fruits et de légumes et de variétés cultivables riches en micronutriments (Agriculture) ;
promotion de l’enrichissement des aliments en micronutriments et de la réduction de la teneur en sel,
en sucres, en graisses saturées et en acides gras trans dans les aliments (Industrie alimentaire) ;
amélioration de l’alimentation en eau et de l’assainissement (Infrastructure) ; investissement dans
l’éducation primaire et secondaire des femmes et politiques nutritionnelles en milieu scolaire
(Éducation) ; protection de la maternité sur le lieu de travail et lieux de travail sains (Politique du
travail) ; versement d’allocations et aide alimentaire (Protection sociale) ; environnements bâtis sains
(Urbanisme) ; réglementation de la publicité pour les aliments et boissons s’adressant spécialement
aux enfants, systèmes d’étiquetage des aliments, mesures de réglementation des prix des denrées
alimentaires, mise en œuvre du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel
(Commerce) ; utilisation des droits d’accise sur le tabac et l’alcool pour financer l’extension des
programmes nutritionnels (Finances) ; campagnes médiatiques et stratégies commerciales à visée
sociale pour la promotion de l’allaitement au sein, d’un régime alimentaire sain et de l’activité
physique (Information et mobilisation sociale).

47.   Activités proposées pour les États Membres

      a)     passer en revue les politiques sectorielles existantes dans les domaines de l’agriculture, de
      la protection sociale, de l’éducation, du travail et du commerce afin de déterminer leur impact
      sur la nutrition et inclure des indicateurs concernant la nutrition dans leurs cadres d’évaluation ;

      b)     instaurer un dialogue entre le secteur de la santé et les autres secteurs gouvernementaux
      afin d’étudier des mesures de politique générale propres à améliorer l’état nutritionnel de la
      population et de s’attaquer aux conflits éventuels entre les politiques sectorielles actuelles et les
      politiques de santé visant à améliorer la nutrition ;

      c)    mettre en œuvre les recommandations relatives à la commercialisation des aliments et des
      boissons non alcoolisées destinés aux enfants (résolution WHA63.14).

48.   Activités proposées pour le Secrétariat

      a)     élaborer des directives méthodologiques pour l’analyse des effets des politiques
      sectorielles sur la santé et la nutrition, y compris l’impact sur différents groupes socio-
      économiques et autres groupes vulnérables (par exemple les populations autochtones) ;

      b)     recenser et diffuser des exemples de bonnes pratiques concernant les mesures de politique
      sectorielle qui se traduisent par une meilleure nutrition.
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