Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau

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Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Politique de placement – Novembre 2014
                               Le dollar américain rayonne à nouveau

Les résultats des
« stress tests »
ouvrent la voie
à l’octroi de prêts

Marchés émergents:
des rendements
attractifs et deux
élèves modèles

Le redémarrage de
la production en
Libye fait chuter le
prix de l'or noir
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Sommaire

                                    6        Commentaire du marché

                                             Le dollar américain rayonne à nouveau
                                    8        Thème spécial

                                             La solidité de l'économie plaide pour un
                                             raffermissement durable du dollar américain
                                12           Economie des pays industrialisés

                                             Les résultats des «stress tests»
                                             ouvrent la voie à l’octroi de prêts
                                14           Economie des marchés émergents

                                             Marchés émergents: des rendements
                                             attractifs et deux élèves modèles
                                16           Monnaies et obligations

                                17           Actions et matières premières

                                18           Prévisions

                                19           Données du marché

                                20           Structures de portefeuilles

                                             Mentions légales

                                             Editeur:                        Raiffeisen Suisse société coopérative, Raiffeisenplatz, CH-9001 St-Gall
                                             Rédaction:                                     Investment Services Raiffeisen Suisse, Banque Vontobel
                                             Illustration de couverture:                                                                Thinkstock
                                             Publication:                                              mensuelle (numéro double en juillet/août)
                                             Commandes:                                        directement auprès de votre conseiller à la clientèle
                                             Clôture de la rédaction:                                                    mardi, 28 octobre 2014

2   Politique de placement – novembre 2014
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Point de vue macroéconomique

Hausse des taux attendue aux États-Unis
au premier semestre 2015

                                                                                            Consensus
Croissance économique en 2014                                                  Inférieure               supérieure
                                                                               ––      –                +       ++
Nous sommes plus pessimistes que le consensus en ce qui concerne      UEM*
les perspectives de croissance économique des États-Unis et du        USA
Japon. Nos prévisions impliquent pourtant une croissance de près      Japon
de 3% en glissement annuel aux États-Unis au 2e semestre 2014.        EM**
La faible prévision de croissance annuelle de 2% est attribuable au   CH

premier trimestre décevant dans le sillage d’un hiver extrêmement     Consensus = Consensus Inc., Londres
rigoureux.

                                                                                            Consensus
Inflation en 2014                                                              Inférieure               supérieure
                                                                               ––      –                +       ++
Nous avons maintenu l’essentiel de nos prévisions inflationnistes.    UEM*
Celles pour le Japon et les pays émergents sont inférieures au con-   USA
sensus. La forte baisse du prix du pétrole et la fermeté du dollar    Japon
devraient modérer l’inflation américaine l’an prochain, tandis que    EM**
le recul du taux de chômage devrait alimenter le renchérissement.     CH

                                                                      Consensus = Consensus Inc., Londres

                                                                                            Consensus
Taux directeurs des banques centrales (à 3 mois)
La plupart des banques européennes ont passé le test de stress avec
succès. Notre hypothèse est que les banques européennes emprun-                Inférieure               supérieure
                                                                               ––      –                +       ++
teront davantage auprès de la Banque centrale européenne lors de
                                                                      UEM*
la tranche « d’opérations de refinancement à plus long terme ci­      USA
blées » (TLTRO) de décembre et qu’elles octroieront des prêts aux     Japon
PME. Aux États-Unis, le premier relèvement des taux par la Fed        CH
interviendra probablement au premier semestre 2015.
                                                                      Consensus = Bloomberg
                                                                                            Consensus

Rendement des emprunts d’État à 10 ans (à 3 mois)
Nous tablons sur une légère hausse des rendements au cours des
trois prochains mois. L’écart de taux entre les États-Unis et                  Inférieure               supérieure
                                                                               ––      –                +       ++
l’Allemagne reflète les disparités en termes de croissance écono-
                                                                      D
mique et d’inflation ainsi que les divergences en matière de poli-
                                                                      USA
tique monétaire. Bien que l’inflation devrait se normaliser en        Japon
Europe, nous ne pensons pas que cet écart de rendement se             CH
creusera davantage.
                                                                      Consensus = Consensus Inc., Londres
                                                                       * Union économique et monétaire (zone euro)
                                                                      ** Marchés émergents

                                                                                                           Politique de placement – novembre 2014     3
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Stratégie de placement
                                                                                                 Sous-                             Sur-

Les placements sensibles                                                                      pondération
                                                                                              forte     légère
                                                                                                                   Neutre       pondération
                                                                                                                               légère     forte

au risque redeviennent                                                 Liquidités
attractifs après
la correction
En octobre, la volatilité a battu son record annuel sur les
marchés financiers. Un autre événement notable a été
lʼampleur des fluctuations des rendements sur le marché                   Obliga-
obligataire américain. Celle-ci sʼexplique par les incerti­                 tions
tudes autour de la fin de lʼassouplissement quantitatif
(«quantitative easing») par la Réserve fédérale, ainsi que
par les inquiétudes quant à lʼavenir de la croissance dans
la zone euro et, dans une moindre mesure, aux Etats-
Unis. Dans ce contexte, les mesures de couverture, com-
me par exemple lʼachat dʼobligations dʼEtat américaines
à maturité longue, atténuent lʼimpact négatif du haut
niveau de volatilité. Les mouvements de grande ampleur
constatés sur les marchés ont ramené lʼoptimisme exagé-
ré des investisseurs à un niveau plus raisonnable. Simulta-
nément, les craintes suscitées par les récents tests de
résistance des banques européennes se sont révélées in-
fondées. Nous renforçons donc notre engagement dans                       Actions
les catégories de placement sensibles au risque.

  1             Les liquidités progressent avec modération du
                fait de la réduction de la position en or et affi-
                chent dorénavant une légère «surpondération».

   2            Du côté des obligations, nous conservons une
                «sous-pondération» mais augmentons notre                           Or
                position en obligations des pays émergents
                libellées en monnaies locales.

  3             En septembre, nous avions pratiqué des coupes
                franches dans nos positions en actions. Nous
                conservons malgré tout une légère «surpondé-
                ration» depuis lors.                                   Matières
                                                                      premières
  4             Nous avons introduit une forte «sous-pondéra-
                tion» de lʼor.

  5             Concernant les matières premières, nous
                nous en tenons à notre pondération «neutre»
                pour nous prémunir contre les risques géopoli-
                tiques.                                                Stratégies
                                                                     alternatives
  6             Nous maintenons une légère «surpondération»
                des stratégies alternatives.

                                                                       Evolution par rapport au mois précédent: identique, augmentation, réduction
4   Politique de placement – novembre 2014
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Stratégie de placement

Liquidités
                                                                                                   Négative       Neutre        Positive
Les divergences de politique monétaire entre la Réserve fédé­
                                                                     EUR / CHF
rale américaine et la Banque centrale européenne devraient
                                                                     EUR / USD
renforcer le billet vert. Nous conservons donc notre
                                                                     USD / CHF
«surpondéra­tion» du dollar américain. Pour les semaines à ve-
nir, nous tablons sur une consolidation après les fortes fluc­
tuations du troisième trimestre 2014.

Obligations                                                                                          Sous-                      Sur-
Notre scénario principal anticipe un redressement synchrone de       Emprunts d’Etat              pondération     Neutre     pondération

la croissance économique dans le monde entier, et donc toujours      Pays industrialisés
une légère hausse des taux dʼintérêt dans les mois à venir. Nous     Pays émergents (externes)*
ne modifions donc pas notre «sous-pondération» des obligations       Pays émergents (locaux)**
dʼEtat. A des fins de diversification, nous recommandons égale-      Obligations d’entreprise
ment dʼinvestir à lʼavenir dans des titres étatiques américains      Investment Grade
à maturité longue. La solide conjoncture des Etats-Unis devrait      Haut rendement
aussi être bénéfique aux obligations à haut rendement. Nous           * en monnaie étrangère
                                                                     ** en monnaie locale
avons de nouveau augmenté notre position en obligations des
pays émergents libellées en monnaies locales du fait de leur valo-
risation attractives ainsi que de lʼattitude des banques centrales
qui gardent le robinet à liquidités grand ouvert.

Actions                                                                                              Sous-                      Sur-
Nous croyons toujours au redressement de la conjoncture mon-                                      pondération     Neutre     pondération

diale, si bien que nous conservons notre légère «surpondéra­         Pays industrialisés

tion» des actions. Nous continuons à faire pleinement confi-         Pays émergents
ance aux thèmes des banques et du secteur des technologies
américaines ainsi que des gérants de fortune suisses. Nous affi-
chons en outre un engagement conséquent dans les actions
asiatiques, surtout chinoises et japonaises.

Or                                                                                                   Sous-                      Sur-
Nous recommandons dorénavant une nette «sous-pondération»                                         pondération     Neutre     pondération

de lʼor. A long terme, le redressement économique mondial et         Or

le renforcement du dollar américain que nous attendons de­
vraient provoquer une baisse des prix. De plus, la tendance
mondiale à la déflation devrait peser sur le cours du métal jaune.

Matières premières                                                                                   Sous-                      Sur-
Les matières premières, du fait de leurs propriétés de diversifi-                                 pondération     Neutre     pondération

cation, sont pour nous dʼimportants éléments constitutifs dʼun       Matières premières

portefeuille dans les périodes dʼinstabilité géopolitique accrue.
Toutefois, à court terme, lʼoffre nous semble excédentaire pour
diverses matières premières, si bien que nous ne modifions pas
notre positionnement «neutre».

Stratégies alternatives                                                                              Sous-                      Sur-
Avec la hausse des taux qui se profile, les placements alternatifs                                pondération     Neutre     pondération

liquides nous semblent une alternative valable aux obligations       Placements alternatifs

dʼEtat. Nous recommandons donc toujours une «surpondéra­
tion» de ce segment.

                                                                                                              Politique de placement – novembre 2014      5
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Commentaire de marché

Le dollar américain rayonne à nouveau

La relance de l'économie américaine donne (enfin) des ailes au billet vert (photo: le pygargue à tête blanche, emblème des États-Unis).

Après avoir peiné à répondre à l'amélioration des                             C'est tout le contraire aujourd'hui: le 9 septembre, la BCE a
fondamentaux de la première économie mondiale,                                indiqué qu'elle était prête à augmenter fortement la taille de
le dollar américain a repris pied ces derniers mois par                       son bilan pour se prémunir contre les risques de déflation et
rapport aux monnaies européennes. S'agit-il d'un re-                          stimuler une croissance économique anémique, alors que la
dressement temporaire ou d'une tendance durable?                              Fed est sur le point de resserrer progressivement les rênes de
Selon nous, c'est une tendance haussière à long terme                         sa politique monétaire. Le changement de cap des banques
du dollar américain qui s'amorce.                                             centrales a nettement amélioré la performance du dollar
                                                                              américain (voir le graphique). En avons-nous terminé ou cette
Misant depuis un certain temps sur une hausse du dollar,                      tendance à la hausse va-t-elle se poursuivre?
nous avions observé avec une frustration grandissante la fai­
blesse du billet vert par rapport aux monnaies européennes                    La hausse du dollar a de l'avenir
telles que l'euro, le franc suisse ou la livre sterling jusqu'en              Selon nous, nous sommes à l'orée d'une période de fermeté
mai de cette année. La précédente appréciation du dollar                      structurelle du dollar américain, pour les raisons suivantes:
face au yen japonais, aux monnaies liées aux matières premi-
ères, ainsi que face aux devises émergentes était alors une                   1. Pour l'heure, le dollar américain n'est pas surévalué sur le
mince consolation. Il semble désormais y avoir un retour de                   plan des fondamentaux. En termes de parité du pouvoir
balancier. Est-ce le début d'une tendance qui pourrait faire du               d'achat, sa juste valeur se situe dans une fourchette comprise
« dollar tout-puissant l'objet d'une dévotion universelle », pour             entre 1.25 et 1.30 par rapport à l'euro (1.28 selon la dernière
paraphraser l'écrivain et diplomate américain du XIXe siècle                  estimation de l'Organisation de coopération et de développe-
Washington Irving?                                                            ment économique, par exemple).

L'évolution de la politique monétaire est favorable                           2. Alors que la Fed arrive au bout de son programme d'assou-
Avec le recul, la politique monétaire excessivement restrictive               plissement quantitatif, la BCE se lance dans un grand pro-
de la Banque centrale européenne (BCE) – illustrée par la net-                gramme de renforcement de la liquidité – passant des opéra-
te contraction de son bilan – a été la principale raison de la                tions ciblées de refinancement à long terme (« targeted long
fermeté de l'euro jusqu'à la mi-2014. De plus, les importants                 term repo operations » ou TLTRO) destinées aux banques à
flux de capitaux des investisseurs américains sur les obliga-                 des achats directs d'obligations sécurisées et de titres adossés
tions des pays dits périphériques et les actions de la zone euro              à des actifs. Si les responsables de la BCE à Francfort pour­
ont contribué à la bonne tenue de la monnaie européenne.                      raient hésiter à acheter des obligations souveraines de pays
A l'époque, la politique restrictive de la BCE avait encore plus              de la zone euro, ces transactions ne sont pas exclues en cas
de poids étant donné l'offre abondante de liquidités de la                    de nécessité. La divergence qui en résulte entre les politiques
Réserve fédérale américaine (Fed).                                            monétaires des deux côtés de l'Atlantique est clairement
                                                                              favorable au dollar.

6   Politique de placement – novembre 2014
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Graphique: Le billet vert s'oriente à la hausse
                                                                                           depuis mai 2014
                                                                                USD pour 1 EUR
                                                                                1.40

                                                                                1.38

                                                                                1.36

                                                                                1.34

                                                                                1.32

                                                                                1.30

                                                                                1.28

                                                                                1.26

                                                                                1.24
                                                                                       T1 13     T2 13     T3 13      T4 13      T1 14       T2 14       T3 14

                                                                                Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management

                                                           Image: Thinkstock

                                                                               ment » de surpondérer stratégiquement les placements en
                                                                               dollars américains dans les portefeuilles européens. Qu'est-ce
                                                                               qui pourrait compromettre ce scénario favorable au dollar?
                                                                               La reprise du dollar américain pourrait ralentir en cas de nette
                                                                               détérioration des perspectives de croissance économique aux
                                                                               États-Unis, qui compromettrait la capacité de la Fed à relever
3. Dans le contexte de révision à la baisse des prévisions de                  les taux d'intérêt. Nous ne prévoyons pas un tel scénario
croissance économique en Europe, au Japon et dans la plu-                      mais, même s'il devait se produire, le potentiel baissier du
part des marchés émergents, la croissance du produit in-                       dollar américain par rapport à la monnaie européenne serait,
térieur brut des États-Unis devrait se situer aux alentours                    selon nous, relativement limité.
de 3% pour la période à venir, ce qui représente un contraste
remarquable. La baisse du prix du pétrole et des taux d'intérêt                Un environnement favorable pour les actifs « à risque »
à long terme soutiendront l'économie américaine, compen-                       Sur le front des marchés mondiaux, nous avons profité de la
sant l'effet négatif du raffermissement du dollar et la moro­                  faiblesse des prix des actions à la mi-octobre pour accroître
sité de la croissance mondiale.                                                notre exposition nette, estimant que les « craintes sur la crois-
                                                                               sance » parmi les investisseurs étaient exagérées, notamment
4. Bien que la Fed dispose d'une marge de manœuvre consi-                      à l'égard des États-Unis. Nous avons renforcé notre exposi­
dérable pour définir le rythme des relèvements de taux grâce                   tion en cédant nos options de vente sur le SMI, le S&P500 et
à une inflation modérée, les liquidités en dollars américains                  l'EuroStoxx50. Après avoir réduit l'ampleur de notre surpon-
généreront à terme un rendement nominal positif. Ce n'est                      dération des marchés actions et des obligations d'entreprise
en revanche pas le cas des investisseurs en euros, en francs                   à haut rendement durant l'été, nous avons estimé que la cor-
suisses et en yen japonais qui eux devront se contenter d’un                   rection avait été suffisante.
rendement nominal égal à zéro durant les années à venir.                       Nous avons par ailleurs renforcé notre position dans la dette
                                                                               « locale » des marchés émergents (c'est-à-dire la dette libellée
5. Le déficit de la balance courante américaine – historique-                  dans les monnaies de chaque pays respectif) dans les porte-
ment, la cause structurelle de la faiblesse du dollar – se réduit              feuilles en euros et en francs suisses car nous sommes d'avis
grâce à l'augmentation constante de la production nationale                    qu'un rendement courant de 6,5% constitue une bonne pro-
de pétrole et de gaz de schiste.                                               tection contre une éventuelle dépréciation de la monnaie.
                                                                               Si l'environnement monétaire actuel nous semble demeurer
6. Les États-Unis, avec l'attrait qu'ils exercent sur les profes­              fondamentalement favorable aux actifs « à risque », la fin de la
sionnels qualifiés, leurs sociétés technologiques phares et leur               politique d'assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale
premier rang au palmarès des pays les plus compétitifs, béné-                  ainsi que les perspectives bénéficiaires mitigées de certains
ficieront d’une croissance tendancielle nettement supérieure                   secteurs exigent de faire preuve de discernement.
à celle de la zone euro.

Une diversification pour les investisseurs européens
En conséquence, nous réitérons notre recommandation de
longue date (voir l'article intitulé « Le rétablissement du billet
vert » dans le numéro d'avril 2013 de « Politique de place-

                                                                                                                              Politique de placement – novembre 2014      7
Politique de placement - Novembre 2014 Le dollar américain rayonne à nouveau
Thème spécial

La solidité de l'économie plaide pour un
raffermissement durable du dollar américain

L'évolution contrastée de la conjoncture aux États-                 peu plus de 2% du PIB, contre 4,7% en 2008. Certes, la ba-
Unis et dans le reste du monde se traduit par des                   lance courante américaine est toujours déficitaire, alors que
choix de politique monétaire de plus en plus diver-                 celle de la zone euro affiche un léger excédent de 2% et que
gents. De quoi tabler sur un raffermissement prolongé               celle du Japon est quasiment à l'équilibre. Mais elle a pour
du dollar, en particulier face à l'euro. D'autant que la            mérite de s'être nettement améliorée depuis 2008, alors que
Banque centrale européenne commence à peine à
ouvrir les vannes monétaires.

Comparée aux deux autres grandes puissances industrielles
de la planète – la zone euro et le Japon – l'économie améri-
caine a affiché de bien meilleures performances ces dix der­
nières années en termes de croissance. Malgré la sévérité de
la crise financière, les États-Unis sont ainsi parvenus à dégager
en moyenne une croissance réelle de 1,4% par an. Un chiffre
certes modeste dans l'absolu, mais largement supérieur aux
taux de croissance d'à peine 0,6% et 0,7% enregistrés par la
zone euro et le Japon (voir le graphique 1). L'OCDE estime le
potentiel de croissance américain à long terme, en données
corrigées des variations conjoncturelles, à 2,1% entre 2005 et
2015, contre seulement 0,6% pour le Japon et 1,1% pour la
zone euro. Des estimations qui se fondent à la fois sur des
tendances démographiques plus favorables outre-Atlantique
et sur une hausse plus importante de la productivité de la
main-d'œuvre. Sur la dernière décennie, celle-ci est ressortie
à 1,2% aux États-Unis, contre 0,7% au Japon et 0,6% dans la
zone euro. Par ailleurs, le taux de chômage non accélérateur
de l'inflation (NAIRU) est estimé par l'OCDE à 10,2% en Euro-
pe, un niveau largement plus élevé que les 6,1% attribués aux
États-Unis. Le NAIRU a progressé de 1,7 point de pourcenta-
ge depuis 2007 dans la zone euro, alors qu'il s'est limité à
une hausse de 0,4 point de l'autre côté de l'Atlantique.

Forte croissance du secteur pétrolier et gazier aux USA
L'industrie pétrolière et gazière est l'un des premiers moteurs
de croissance de l'économie américaine. Il faut dire que la
production d'or noir a bondi de plus de 70%, passant de 5
millions de barils par jour fin 2008 à 8,6 millions en août
2014. Même chose pour le gaz, dont la progression a aug-
menté de 30% sur la même période. Conséquence immédia-
te, le nombre de salariés dans le secteur a pratiquement
doublé ces dix dernières années, de 120 000 à 210 000 em-
ployés.
Alors que les États-Unis devaient importer plus de 11 millions
de barils de pétrole par jour en 2008, ce chiffre a aujourd'hui
fondu de moitié, à 5 millions de barils (voir le graphique 2).
Une diminution qui s'est également traduite par un allège-
ment sensible du déficit de la balance courante, ramené à un        Parmi les symboles de la vigueur retrouvée de l'économie américaine: Miami, un pôle

8   Politique de placement – novembre 2014
la balance courante nippone s'est considérablement                                      Graphique 1: Fortes disparités conjoncturelles
                     dégradée.                                                                                            entre les pays du G3
                                                                                                             PIB réel (indexé, 2005 = 100)
                                                                                                             115
                     L'économie US entraîne la conjoncture mondiale
                     À l'image des perspectives conjoncturelles à long terme, les
                     performances économiques actuelles sont elles aussi meil-                               110

                     leures de l'autre côté de l'Atlantique. Le produit intérieur brut
                     américain a ainsi d'ores et déjà dépassé son niveau d'avant la                          105
                     crise financière, alors que les PIB européen et japonais restent
                     – sensiblement pour le premier, légèrement pour le second –
                                                                                                             100
                     en deçà de ce seuil (voir le graphique 1). De même, le taux de
                     chômage a chuté de 10% fin 2009 à 5,9% au mois de sep-
                                                                                                              95
                     tembre dernier, alors qu'il a augmenté dans la zone euro de
                                                                                                                            05         06        07     08         09        10       11        12        13      14
                     10% fin 2009 à 11,5% en octobre 2013, après avoir même
                                                                                                                                 États-Unis
                     culminé à 12% début 2013. Au Japon, si la hausse officielle                                                 Zone euro
                                                                                                                                 Japon

                                                                                                             Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management

                                                                                                             Graphique 2: La hausse de la production de pétrole
                                                                                                                          rend les États-Unis moins dépendants
                                                                                                             en millions de barils par jour
                                                                                                             25

                                                                                                             20

                                                                                                             15

                                                                                                             10

                                                                                                              5
                                                                                                                       96        98        00    02    04    06     08       10     12     14        16   18     20
                                                                                                             15

                                                                                                             10

                                                                                                              5

                                                                                                              0
                                                                                                                       96        98        00    02    04    06     08       10     12     14        16   18     20

                                                                                                                             Consommation
                                                                                                                             Production
                                                                                                                             Importations

                                                                                                             Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management

                                                                                                             Graphique 3: Le recul du chômage plaide pour une
                                                                                                                          accélération des hausses de salaires
                                                                                                             en % (inversé)                                  Évolution en % par rapport à l'année précédente
                                                                                                             -2                                                                                                      4.5

                                                                                                             -1                                                                                                      4.0

                                                                                                             0                                                                                                       3.5

                                                                                                             1                                                                                                       3.0

                                                                                                             2                                                                                                       2.5

                                                                                                             3                                                                                                       2.0

                                                                                                             4                                                                                                       1.5
                                                                                       Image: Shutterstock

                                                                                                             5                                                                                                       1.0
                                                                                                                  90        92        94    96    98    00    02        04   06     08     10        12   14    16

                                                                                                                             Écart du NAIRU: Taux de chômage moins le NAIRU (échelle de gauche)
                                                                                                                             Salaire horaire (échelle de droite)
                                                                                                                  * taux de chômage non accélérateur de l'inflation

                                                                                                             Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management
financier et commercial majeur (photo: les installations portuaires de la métropole de Floride).

                                                                                                                                                                             Politique de placement – novembre 2014      9
Thème spécial

des prix à la consommation s'établit à 2,7%, le renchérisse-
ment du coût de la vie s'avère en réalité pratiquement nul si
l'on ne tient pas compte du relèvement de la TVA en avril
2014.
L'écart entre le taux de chômage effectif et le taux NAIRU
ayant tendance à se résorber, tout porte à croire que la haus-
se des salaires va aller en s'accélérant aux États-Unis (voir le
graphique 3). De quoi rapprocher un peu plus l'inflation sous-
jacente de la barre des 2%.

Le boom du
gaz et du pétrole
aide le marché
américain
de l'emploi.
Des politiques monétaires de plus en plus divergentes
La reprise conjoncturelle à l'œuvre aux États-Unis, sur fond de
recul simultané du chômage, est vouée à se traduire dans les
trimestres à venir par des tensions accrues sur le front des sa-
laires et de l'inflation. Face aux risques de déflation encourus
dans les autres pays industrialisés, et notamment ceux de la
zone euro, il faut s'attendre à voir les politiques monétaires
emprunter des chemins diamétralement opposés de part et
d'autre de l'Atlantique.
De fait, les premiers relèvements de taux devraient intervenir
dès l'an prochain aux États-Unis, où les rendements à deux
ans ont d'ores et déjà commencé à anticiper une première
hausse des taux d'intérêt, entraînant une remontée du billet
vert au deuxième semestre 2014. En gagnant régulièrement
du terrain depuis maintenant 12 semaines, le dollar est en
passe de signer, en données pondérées des échanges, sa plus
                                                                                                                                                               Image: Shutterstock

longue remontée depuis avril 1980, date à laquelle il avait le
plus fortement progressé face à l'euro. Les disparités obser-
vées en matière de choix monétaires n'y sont naturellement
pas étrangères. Ce n'est pas un hasard si, au moment précis
(début juillet) où le président de la BCE, Mario Draghi, annon-
çait sa volonté d'entreprendre des injections massives de li-      Le marché boursier reflète les bonnes perspectives conjoncturelles des USA (photo: Wall Street).
quidités, les emprunts d'État américains à deux ans commen-
çaient à escompter les premières hausses de taux, provoquant       missement durable du billet vert face à la monnaie unique eu-
dans leur sillage un repli des rendements de même durée            ropéenne. Outre le différentiel des taux à deux ans, d'autres
dans la zone euro et creusant un peu plus, in fine, le différen-   facteurs comme le prix du pétrole (prime de risque à l'effon-
tiel de taux en faveur du dollar (voir le graphique 4).            drement de la zone euro), la volatilité des marchés boursiers
Or, notre scénario positif à l'égard de la conjoncture améri-      (indicateur de l'aversion généralisée au risque) ou encore la
caine milite en faveur d'une hausse continue des rendements        trajectoire relative des marchés d'actions (indicateur des af­
de brève échéance outre-Atlantique et, partant, d'un raffer-       flux de liquidités sur ces marchés) exercent une influence no-

10   Politique de placement – novembre 2014
table sur la parité euro/dollar. À ce titre, nous pensons que les   Graphique 4: Les disparités de politique monétaire
rendements obligataires vont encore anticiper deux, voire                        se reflètent dans les rendements
trois nouvelles hausses de taux aux États-Unis dans les 12          en %
                                                                    0.85
mois à venir (statu quo en Europe), que les marchés d'actions
américains vont engranger des afflux de liquidités légèrement       0.75
                                                                            La relance de l'économie outre-Atlantique renforce
supérieurs comparé à la zone euro, que le prix du pétrole va        0.65
                                                                            la perspective d'une hausse des taux.

se stabiliser et que les rendements dans les pays de la péri-
                                                                    0.55
phérie européenne (Italie, Espagne, Portugal, Irlande, Grèce)                                                           L'accès de faiblesse conjoncturelle attise
                                                                                                                        l'incertitude et écarte momentanément
vont cesser de chuter (pas de recul de la prime de risque dans      0.45                                                toute hausse de taux
                                                                                                                        (« lower for longer »).
la zone euro). De quoi envisager une parité à 1,20 dollars          0.35
pour un euro dans les 12 prochains mois (voir le graphique 5).
                                                                    0.25
Le raffermissement du dollar pourrait même s'accentuer si la               L'assouplissement monétaire décidé par la BCE et la perspective
                                                                           de nouvelles mesures de détente pèsent sur les rendements dans l'UEM.
                                                                    0.15
BCE décidait de mettre son plan à exécution, c'est-à-dire de          01/14 02/14 03/14 04/14 05/14 06/14 07/14 08/14 09/14 10/14
gonfler son bilan de 2–3 billions d'euros. Les bilans des
                                                                                 Taux swap à deux ans aux États-Unis
banques centrales ne se sont-ils pas révélés de bons indica-                     Taux swap à deux ans au sein de la zone euro
teurs de l'évolution du taux de change EUR/USD ces dernières
années (voir le graphique de la rubrique « monnaie », page
                                                                    Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management
16).

Valorisation du dollar à son juste niveau                           Graphique 5: Le scénario de base sur douze mois est
Si la hausse de l'inflation à court ou moyen terme peut avoir                    en faveur d'un taux de change à 1,20
des retombées positives sur la devise d'un pays, un différen-       USD pour 1 euro
                                                                    1.60
tiel d'inflation durablement élevé entre deux pays a imman-
                                                                    1.55
quablement des conséquences négatives à terme. Dès lors, si
                                                                    1.50
le dollar nous paraît promis à tirer son épingle du jeu au cours
                                                                    1.45
des deux années à venir, la roue pourrait bien tourner à plus       1.40
long terme et la fermeté persistante du billet vert entraîner       1.35
une perte de compétitivité des États-Unis par rapport à la          1.30
zone euro. L'exemple du Japon, englué dans des récessions à         1.25

répétition ces dix dernières années à cause de la trop forte        1.20

vigueur du yen, a valeur d'avertissement.                           1.15
                                                                    1.10
Reste que le scénario qui attend la zone euro est quelque peu
                                                                           05    06      07     08      09      10     11      12       13      14      15
différent et que le dollar est tout sauf surévalué à l'heure ac-
                                                                                 EUR/USD                                         Estimation
tuelle. Si l'on corrige le taux de change EUR/USD de l'inflation                 Modèle de valorisation à court terme            Estimation
des prix à la production, la parité du pouvoir d'achat ressort
actuellement à 1,28 (voir le graphique 6). Autant dire que le
                                                                    Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management
taux de change EUR/USD se situe à sa juste valeur d'après ce
critère d'évaluation. Certes, une chute en deçà de 1,10 USD
pour 1 EUR au cours des deux prochaines années se solderait         Graphique 6: Juste valeur au regard de la
par une très forte surévaluation du billet vert. Mais la diver-                  parité du pouvoir d'achat
gence des politiques monétaires ôte toute vraisemblance à           USD pour 1 euro
                                                                    1.60
cette éventualité.
                                                                    1.50
                                                                    1.40
En résumé, pour les investisseurs
                                                                    1.30
Le bel avenir promis au dollar nous incite à opter pour une         1.20
surpondération marquée du billet vert au sein des porte-            1.10
feuilles libellés en CHF et en EUR. De même est-il conseillé de     1.00
laisser au sein de ces portefeuilles une part substantielle des     0.90

placements en actions libellées en USD sans couverture.             0.80
                                                                    0.70
                                                                    0.60
                                                                       1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014

                                                                                 EUR/USD
                                                                                 Parité du pouvoir d'achat (en anglais: purchasing power parity, PPP)
                                                                                 +/- un écart type

                                                                    Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management

                                                                                                                       Politique de placement – novembre 2014      11
Economie des pays industrialisés

Les résultats des « stress tests »
ouvrent la voie à l’octroi de prêts

                                                                                            ment financées. Les 13 banques qui restent doivent présenter
                                                                                            un plan de financement avant la mi-novembre 2014 et ajuster
                                                                                            leur base de fonds propres en conséquence dans les six à
                                                                                            neuf mois qui suivent.

                                                                                            La plupart des institutions franchissent les obstacles
                                                                                            Les exigences établies dans le cadre du test de stress réalisé
                                                                                            par la BCE étaient rigoureuses: les banques étaient soumises à
                                                                                            un scénario à risque où le produit intérieur brut était inférieur
                                                                                            de 6 points de pourcentage au scénario de base de 2014 à
                                                                                            2016. Cette hypothèse a réduit le ratio médian de fonds pro-
                                                                                            pres durs (Common Equity Tier 1, CET1) des banques euro­
                                                                                            péennes de 4 points de pourcentage à 8.3% à fin 2016. À tit-
                                                                  Image: Picture Alliance

                                                                                            re de comparaison, les tests de stress réalisés aux États-Unis
                                                                                            et dont les résultats ont été publiés au début de l’année n’ont
                                                                                            déduit que 2.9 points de pourcentage du ratio CET1. Les tests
                                                                                            réalisés par la Banque centrale espagnole en 2012 et par
                                                                                            l’Autorité bancaire européenne (ABE) en 2011 simulaient une
                                                                                            réduction de, respectivement, 3.9 et 2.1 points de pourcen­
Les résultats des tests bancaires ont de quoi réjouir Mario Draghi.                         tage. Ces chiffres prouvent que le scénario à risque de la BCE
                                                                                            représentait un sérieux obstacle.
La plupart des banques de la zone euro ont réussi                                           Nous pensons que la publication du test de stress et de chif­
sans encombre un test de stress important dont les                                          fres clés harmonisés améliore énormément la transparence et
résultats sont parus fin octobre. Les conditions sont                                       la comparabilité des banques, d’où un rétablissement à long
donc remplies pour qu’elles empruntent davantage                                            terme des marchés des capitaux européens. Les acteurs du
lors de la deuxième tranche des opérations de refi-                                         marché peuvent désormais procéder à une évaluation des
nancement offertes par la Banque centrale euro-­­                                           banques qui s’appuie sur des informations robustes. Les nou-
pé­enne en décembre et que cela se traduise par des                                         velles forces en présence sur le marché pourront à l’avenir
prêts aux petites et moyennes entreprises. Comme                                            séparer le bon grain de l’ivraie au sein du secteur financier.
il existe déjà des signaux d’une augmentation de la                                         En outre, ce test de stress devrait élargir et faciliter l’accès des
demande de crédit, nous supposons que le volume de                                          petites et moyennes entreprises (PME) au marché du crédit
crédit augmentera réellement.                                                               bancaire européen. C’est l’objectif que poursuivait déjà le
                                                                                            président de la BCE Mario Draghi en lançant le nouveau pro-
Du point de vue des autorités monétaires et des marchés                                     gramme de TLTRO qui permet aux banques de recevoir des
financiers, la première tranche des opérations de refinance-                                liquidités à des conditions avantageuses sous réserve qu’elles
ment à plus long terme ciblées (TLTRO) de la Banque centrale                                octroient de nouveaux crédits aux PME de la zone euro. Mal-
européenne (BCE) s’est avérée décevante. Car les banques                                    heureusement, les banques n’ont qu’à peine profité de la pre-
ont peu emprunté. Mais cela pourrait changer. En effet, la                                  mière tranche de TLTRO: certes, elles ont emprunté plus de
plupart des établissements financiers européens ont en fait                                 82 milliards d’euros, mais seules les banques italiennes et cel-
passé avec succès le test de stress réalisé sous l’égide de la                              les de quelques pays de l’Europe périphérique (Italie, Espa­
BCE et dont les résultats ont été publiés fin octobre. Cela lève                            gne, Portugal, Irlande et Grèce) ont augmenté leur liquidité
une incertitude importante quant à l’évolution future des                                   nette. Quant aux banques françaises et espagnoles, elles ont
activités des établissements financiers européens.                                          simplement remplacé des prêts accordées antérieurement par
25 banques européennes dont les fonds propres étaient in-                                   la BCE avec de nouvelles liquidités de TLTRO. En somme, à
suffisants au 31 décembre 2013 figurent sur la « liste noire »                              peine 63 milliards d’euros nets supplémentaires ont été injec-
de la Banque centrale européenne. Cependant, douze d’entre                                  tés dans le système financier (voir le graphique 1).
elles ont levé de nouveaux capitaux depuis et sont adéquate-

12   Politique de placement – novembre 2014
Nous pensons que suite au test de stress, les banques des au-                        chérissement de la facture énergétique d’environ 20%, le
tres pays périphériques prélèveront également des liquidités                         gouvernement et l’économie réclament un redémarrage des
par le biais d’opérations de TLTRO. Reste à savoir si ces nou-                       centrales nucléaires. Ce projet devrait toutefois être retardé
veaux fonds iront bien des banques jusqu’aux PME. Comme                              par la démission de Yuko Obuchi, la ministre pro-nucléaire de
le montre le graphique 1, les départements de crédit prévoi-                         l’économie, sur fond de scandale de financement politique.
ent une nette augmentation de la demande de la part des                              Par ailleurs, le premier ministre Shinzo Abe a actuellement
petites et moyennes entreprises de la zone euro au quatrième                         d’autres priorités: il réclamera le respect du calendrier lors
trimestre 2014. Il y a un décalage d’environ trois trimestres                        des débats qui auront lieu en décembre prochain au sujet du
entre ces anticipations et la hausse effective des volumes de                        prochain relèvement de la TVA prévu en octobre 2015. Ce
crédit. Conformément à cette analyse, l’octroi de prêts aux                          nouveau tour de vis fiscal a un impact négligeable sur les pré-
PME devrait augmenter. Nous continuons par conséquent                                visions de la croissance nippone en 2015 puisque les consom-
d’anticiper une accélération de la croissance dans la zone                           mateurs devraient anticiper leurs achats à l’été 2015 avant de
euro cette année et l’an prochain.                                                   faire preuve de retenue en fin d’année. Pour les estimations
                                                                                     2016, il sera néanmoins décisif de prévoir si le marasme de la
Japon: le relèvement de la TVA n’est pas encore digéré                               consommation se poursuit au début de l’année 2016.
Le relèvement de la TVA d’avril 2014 continue de poser des
problèmes au Japon. Plusieurs indicateurs suggèrent toutefois                        USA: peur infondée d’un fléchissement de la croissance
que le pays se remet progressivement de sa dernière période                          Après la publication de faibles statistiques des ventes au détail
de stagnation. Les nouvelles commandes de machines (hors                             américaines et de réponses décevantes au sondage des di-
commandes très volatiles) se sont quasiment stabilisées de-                          recteurs d’achats de New York à la mi-octobre, les marchés
puis la fin de l’été: par rapport au même mois de l’année pré-                       des actions et surtout des obligations ont chuté dans un ac-
cédente, le recul des commandes n’était que de 1% en août                            cès de panique. Ces données étaient pourtant faussées par
2014, contre plus de 12% en mai.                                                     plusieurs effets de nature exception-nelle. Les indicateurs
L’indice des directeurs d’achats qui est passé à 52.8 points                         financiers publiés ultérieurement ont de nouveau dépeint le
(+1.1) le mois dernier suggère également la possibilité d’une                        portrait d’une économie américaine robuste. Il faut entre
reprise. Les signaux sont tout aussi clairs du côté des importa-                     autres mentionner les nouvelles demandes d’allocation chô-
tions et des exportations qui ont accéléré en septembre. La                          mage, la production industrielle, la construction de loge-
baisse du prix du pétrole entamée à la mi-2014 soulage un                            ments, la confiance des consommateurs et l’indicateur
peu la balance commerciale déficitaire: en septembre, le défi-                       avancé. Nous maintenons par conséquent notre scénario
cit a atteint l’équivalent d’environ 9.2 milliards de dollars                        d’une belle embellie pour les USA.
américains. Déclenché par la catastrophe nucléaire de Fuku-
shima, l’arrêt des centrales nucléaires au deuxième semestre
2011 force l’archipel à couvrir une grande partie de ses be-
soins énergétiques par des importations pétrolières. Bien que
nettement plus de la moitié de la population japonaise veuille
renoncer au nucléaire et accepte par conséquent un ren-

Graphique 1: Hausse attendue de la demande                                            Graphique 2: Les commandes suggèrent une reprise
             de prêts aux PME dans la zone euro                                                    de la production industrielle japonaise
en %                               Évolution en % par rapport à l'année précédente    Évolution en % par rapport à l'année précédente
40                                                                               3    40

30                                                                               2
                                                                                      20
                                                                                 1
20
                                                                                       0
                                                                                 0
10
                                                                                -1
                                                                                      -20
 0
                                                                                -2
                                                                                      -40
-10                                                                             -3

-20                                                                             -4    -60
       2010          2011           2012           2013         2014                        2007      2008      2009      2010      2011       2012        2013        2014

        Proportion nette de banques misant sur une évolution positive                          Commandes de l'industrie mécanique, corrigées des commandes
        de la demande de prêts en faveur des PME pour le trimestre                             dans les secteurs au chiffre d'affaires très fluctuant
        à venir (3 trimestres d'avance, échelle de gauche)
                                                                                               Production industrielle
        Prêts accordés aux entreprises hors secteur financier
        (au dernier trimestre, échelle de droite)
Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management                         Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management

                                                                                                                                   Politique de placement – novembre 2014     13
Economie des marchés émergents

Marchés émergents: des rendements
attractifs et deux élèves modèles

                                                                                                                                                                          Image: Shutterstock
L'économie indienne est en plein essor mais la vétusté des infrastructures risque de poser problème au pays à terme (photo: une rue de Calcutta, dans l'Est de l'Inde).

Portées par les ambitions réformistes de leurs gouver-                        mesure qui aura de facto pour effet d'abreuver les marchés
nements respectifs, les économies de l'Inde et du                             de nouvelles liquidités et qui devrait, parallèlement, contri­
Mexique affichent des indicateurs au beau fixe, à                             buer à stabiliser à de faibles niveaux les rendements à long
l'opposé de la plupart des autres nations émergentes                          terme dans les pays industrialisés. Autant dire que le risque
dont l'horizon conjoncturel s'est manifestement as-                           d'une hausse des coûts d'opportunité liés aux placements
sombri, si l'on en croit les prévisions de croissance.                        obligataires émergents ne peut, selon nous, qu'être modéré.
C'est le cas du Brésil, dont la Présidente fraichement                        Pour l'heure, le rendement des emprunts émergents libellés
réélue, Dilma Rousseff, n'a jusqu'ici pas eu la main                          en monnaie locale est de 6,5% comparé à respectivement
heureuse en matière de politique économique et se                             0,9% et 2,3% pour les emprunts d'État allemands et améri-
retrouve aux prises avec un bilan difficile. Ce tableau                       cains à dix ans (voir le graphique 1).
hétérogène n'entame cependant en rien, selon nous,
la fiabilité des titres des pays émergents.                                   Des prévisions de croissance quelque peu assombries
                                                                              Les indicateurs nationaux invitent eux aussi à investir dans les
Le rendement réel prometteur des placements « émergents »                     obligations émergentes libellées en monnaie locale: les défi-
conjugué au recul des déficits de la balance courante nous in-                cits des balances courantes – autrement dit les besoins en re-
cite clairement à miser sur les emprunts émergents libellés en                financement de ces pays sur les marchés financiers internatio-
monnaie locale, d'autant que les liquidités toujours aussi plé-               naux – continuent de se résorber (voir le graphique 2) et les
thoriques en circulation sur les places financières du globe de-              rendements se maintiennent à des niveaux largement supé­
vraient alimenter la demande en obligations à haut rende-                     rieurs à ceux des années 2011 à 2013. En outre, leurs ratios
ment. Il est vrai que la Fed entend à l'avenir réduire le débit               d'endettement stagnent à des seuils nettement plus bas que
des vannes monétaires. Volonté qui doit la conduire, d'une                    ceux des pays industrialisés. Pourtant, l'horizon conjoncturel
part, à mettre un terme en octobre aux mesures d'assouplis-                   des nations émergentes s'est récemment assombri (voir le
sement quantitatif et, de l'autre, à relever ses taux d'intérêt               graphique 3). Après un début de troisième trimestre promet-
probablement dès 2015. Mais ce retrait devrait être large-                    teur, les indicateurs avancés ont de nouveau perdu du terrain.
ment compensé dans les trimestres à venir par la politique                    Tel est le constat qui ressort de notre indicateur de dynamis-
monétaire plus expansionniste de la BCE, qui projette de gon-                 me de l’économie. Les valeurs inférieures à 50 révèlent une
fler son bilan en le portant de deux à trois milliards d'euros,               nette dégradation de la plupart des clignotants qui se traduira

14   Politique de placement – novembre 2014
probablement, dans les mois à venir, par une décélération de        Graphique 1: L'avance des pays émergents en termes
la croissance du produit intérieur brut.                                         de rendement est toujours considérable
Des perspectives peu encourageantes auxquelles le Mexique           en %

(voir l'édition d'octobre 2014) et l'Inde échappent néan-           10
                                                                     9
moins. Par leur attachement aux réformes, leurs nouveaux
                                                                     8
gouvernements respectifs suscitent un espoir de redresse-
                                                                     7
ment du PIB potentiel et de relance à plus long terme de la
                                                                     6
conjoncture, auquel nous adhérons nous aussi.                        5
                                                                     4
Inde: une volonté de réformer couplée à une améliora­                3
tion des fondamentaux                                                2

En Inde aussi, tout augure d'une embellie politique et macro­        1

économique. Car la volonté de réforme affichée par le nou-           0
                                                                     2004               2006            2008           2010                2012              2014
veau pouvoir en place se conjugue actuellement à une accé-
                                                                                Rendement des obligations des pays émergents en monnaie locale
lération tangible de la croissance et à une contraction du                      Rendement des emprunts d'État américains à cinq ans
déficit courant. De même, la banque centrale met beaucoup                       Rendement des emprunts d'État allemands à cinq ans
plus de conviction que par le passé à poursuivre son objectif                   Rendement des emprunts d'État britanniques à cinq ans

en matière d'inflation. Autant de facteurs qui, ajoutés à
                                                                    Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management
l'excellent rendement de 8,5% offert par les emprunts d'État
à deux et dix ans, plaident pour une monnaie stable, dotée
d'une marge d'appréciation tant face à l'euro qu'au franc           Graphique 2: Le déficit des balances courantes
suisse.                                                                          continue de se résorber
Nul doute que la volonté de réforme du gouvernement nom-            en % du produit intérieur brut
                                                                    3.0
mé cet été autour du premier ministre Narendra Modi stimu-
lera la croissance du pays en 2015. Pour l'heure, le gouverne-      2.0

ment a pour priorité de débureaucratiser l'économie avant de        1.0
libéraliser certains secteurs. Il s'emploie également à redresser
                                                                    0.0
durablement les finances d'un État qui, avec un déficit actuel
de 7% et une dette publique de 65% du PIB, se trouve –              -1.0

comparé aux autres nations émergentes – nettement au-des-           -2.0
sus de la moyenne (respectivement de -2,3% et 45%).
                                                                    -3.0
La croissance s'est nettement emballée au deuxième trimes­
tre, pour ressortir à 5,7% en taux annuels de variation, une        -4.0
                                                                      1996       1998     2000        2002   2004     2006       2008      2010      2012      2014
performance impressionnante au regard des piètres indica-
                                                                                Balances courantes des pays émergents, pondérées en fonction
teurs conjoncturels enregistrés par nombre de pays émer-                        de l'indice de référence des obligations émergentes

gents. Les taux de croissance particulièrement encourageants                    Balances courantes des pays émergents, moyenne équipondérée

relevés dans l'industrie devraient compenser au second se-
                                                                    Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management
mestre ceux moins élevés constatés dans les secteurs de
l'agriculture et des dépenses de consommation publique. En
2014/2015, ces taux de croissance devraient se situer aux           Graphique 3: L'horizon conjoncturel
alentours de 6%.                                                                 s'assombrit quelque peu
Le commerce extérieur a lui aussi le vent en poupe. Encore          Part en % des indicateurs en cours d'accélération

équivalent à 5% du PIB fin 2012, le déficit qui plombait la ba-     100

                                                                      90
lance des transactions courantes a fondu comme neige au
                                                                                                                                                                 Accélération

                                                                      80
soleil pour atteindre 1% à peine. La chute du cours de l'or
                                                                      70
noir n'y est pas étrangère, tant s'en faut quand on sait que
                                                                      60
l'Inde est un importateur net de pétrole. Des importations qui
                                                                      50
représentant actuellement 5% du PIB. La dette extérieure du
                                                                      40
                                                                                                                                                                 Ralentissement

pays, qui se monte à 460 milliards d'USD (soit 21,6% de son           30
PIB) n'est pas non plus inquiétante, notamment au regard des          20
réserves monétaires non négligeables du pays, de l'ordre de           10
330 milliards d'USD.                                                     0
                                                                         2007      2008        2009      2010       2011       2012        2013       2014

                                                                                 Économie mondiale
                                                                                 Économie des pays industrialisés
                                                                                 Économie des pays émergents

                                                                    Source: Thomson Reuters Datastream, Vontobel Asset Management

                                                                                                                           Politique de placement – novembre 2014        15
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