PRESS REVIEW FESTIVAL AU CARRE - update 11.07 - Mons arts de la scène
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PRESS REVIEW FESTIVAL AU CARRE update 11.07
Scènes
■ Natacha Belova adapte librement
À Savoir “La Mouette” de Tchekhov.
Le Festival au Carré se déroule à Mons jusqu’au
12 juillet. En vingt ans, il est devenu un lieu de création,
de découvertes, de jeu, de voyages, entre théâtre, danse, ■ Créée en français au Festival
cinéma, marionnettes et musique. Ambiance détente et
expériences en tous genres. au Carré, “Tchaïka” tournera
Au menu de cette vingtième édition, Kiss and Cry,
Cold Blood et Amor de Jaco Van Dormael et Michèle Anne
beaucoup lors de la saison prochaine.
De Mey mais aussi un portrait poétique de Stephane
Hessel dans Ô ma mémoire, Ma Pucelette, création de
Laura Fautré et Lorent Wanson, Via Havana de Joachim ■ La metteuse en scène évoque son
Horslay ou encore Tchaïka, qui se jouera les 6, 7 et
8 juillet à La Maison Folie. lien avec la marionnette, qui dialogue
Infos : www.surmars.be ou 32 (0) 65 33 55 80 avec la mort. Et avec “La Mouette”.
Natacha Belova,
de la Kalachnikov
à la marionnette
MICHAËL GALVEZ
Rencontre Laurence Bertels jouissive de Celestini avec deux jeunes comédiens étape de travail, déjà bien avancée, d’une puis-
A
prometteurs, Salomé Crickx et Iacopo Bruno, ou sance poétique absolue, avec une présence théâ- Natacha Belova, metteuse en scène de “Tchaïka” , au festival au Carré.
vec ses yeux d’un bleu plus profond que encore Les Innocents avec leur album 6 et 1/2. trale qui intégrait tous les codes de théâtre, et qui
celui des eaux de la Volga, Natacha Be- proposait une approche très populaire, une com-
lova, née voici cinquante ans à Tula, à Le public touché
deux cents kilomètres à l’ouest de Mos- En guise de prologue, durant toute la semaine
plicité magnifique entre la marionnette et la co-
médienne.
suis donc revenue à mes premières amours, le théâtre. J’ai
notamment beaucoup travaillé avec la Galafronie, une “La Mouette”, ce lien passionnel
avec le théâtre au sens large
cou, célèbre pour être le berceau de la qui précède le début des festivités, rendez-vous Présenté dans un parc à Santiago, dans un théâ- compagnie très importante du théâtre jeune public avec
Kalachnikov et, dans un registre plus poétique, est donné à la Terrasse où chaque plat du jour est tre où on paye à la sortie, en fonction de son ap- des artistes, comme Didier de Neck et Marianne Hansé,
du samovar, cette grande théière présente na- choisi et étiqueté par les artistes : le vittelo tonato préciation, Tchaïka a d’emblée pu toucher un très que j’appréciais particulièrement car ils appliquaient, au
guère dans toutes les pièces de Tchekhov, pro- de Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael, les large public, présenté comme prolétaire et tou- quotidien, les valeurs qu’ils défendaient sur scène.”
pose comme plat du jour, au menu de la Terrasse pâtes à l’ail et à l’huile d’olive de Salomé Crickx et ché au plus profond de son âme par le déclin de C’est grâce à Jean-Michel d’Hoop, de la Cie Point Pourquoi avoir voulu monter une adaptation – très li- trice brisée, qui se retrouve dans une situation ab-
du Festival au Carré, le charquican de Tchaïka. Un Iacopo Bruno ou le charquican, qui aujourd’hui cette comédienne qui lutte contre l’inexorable, ce Zéro, qu’elle s’est intéressée de plus près à la marion- bre – de “La Mouette”, “Tchaïka” en russe, de surde : jouer seule La Mouette dans un décor qui
plat populaire typiquement chilien, ragoût de nous occupe. Avec chaque fois, cerise sur le gâ- vieillissement qui la menace et la pousse au bord nette, un art qui l’interpellait, l’attirait, la séduisait Tchekhov ? n’appartient pas à cette pièce avec, en outre, la
pommes de terre, teau, la présence à du gouffre. mais qu’elle n’osait approcher, car il lui semblait sa- En regardant Tita Iacobelli, je voyais La Mouette. mémoire qui l’abandonne, et surtout avec le désir
viande hachée, lé- table de l’artiste. cralisé même si elle l’avait déjà frôlé, par son expé- Elle a de grands yeux avec une énergie forte qui de jouer un autre personnage qu’Arkadina, qui
gumes et de maïs Devant le Ma- Fille de comédien rience de costumière. “Si Jean-Michel d’Hoop ne porte en elle une maturité qui peut faire penser à pourtant correspond à son âge. Son vrai désir est
qui résume, à lui nège, l’ambiance est Mais comment Natacha Belova a-t-elle, de sa m’avait pas proposé de suivre une formation, je ne Arkadina, artiste accomplie. Tita est une actrice vi- d’interpréter la jeune Nina. Elle lutte en perma-
seul, l’esprit du déjà aux vacances Russie natale, traversé les steppes, les plaines et l’aurais pas fait, car j’étais sur divers projets et n’envisa- rile et extrêmement féminine. Elle a une incroya- nence contre la situation absurde dans laquelle
spectacle. Tchaïka, et aux transhuman- les océans pour arriver au sud du sud de l’Améri- geais pas de m’arrêter pour me former. Je lui suis donc ble palette, au niveau de la voix également. elle se trouve, contre ce monde qui lui échappe.
(La Mouette, en ces. Jaune et vin- que du Sud ? En passant par la Belgique où son très reconnaissante pour cette initiative.” Sans public, elle a cette force en
Lalibre.be
russe), qu’elle met tage, un Van est prêt nom s’affiche depuis de longues années mainte- Très vite, Natacha Belova s’inspire de photos pour Que représente “La Mouette” pour elle qui l’oblige à continuer.
en scène avec Tita à sillonner les cam- nant, au programme des théâtres, créatrice de travailler, prend des centaines de clichés des comé- vous ?
Iacobelli, comé- pagnes tandis que marionnettes, entre autres, de plusieurs specta- diens et crée, de la sorte, une signature. Et lorsqu’on Un lien passionnel avec le théâtre Il y a aussi la douleur d’amour…
dienne chilienne au sous les parasols, les cles de la Cie Point Zéro, dont L’École des ventrilo- lui demande ce qu’évoque la marionnette pour elle, au sens large du terme. Le théâtre Oui. La relation avec son amant,
visage sans âge. La transats invitent au ques et Trois vieilles, qui ont fait le tour de monde. elle nous répond : “C’est un objet magique qui me per- est aussi un espace de représenta-
Natacha Belova dans notre interprétation, est
nous raconte sa relation à la
MICHAËL GALVEZ
création a déjà délassement. Ainsi que d’autres projets liés à la danse, au cir- met de rêver quand elle est bien faite. J’aime quand elle tion de soi, de rêve, de destruction. marionnette, une histoire liée à aussi en lien avec le théâtre qui
connu une tournée C’est là que nous que, au cinéma ou à l’opéra. devient un medium grâce auquel le spectateur peut res- On joue un personnage pour notre son adolescence en Russie. l’abandonne, et préfère voir la jeu-
triomphale au Chili installe Daniel Cor- Fille d’un père comédien et metteur en scène, sentir des émotions. La marionnette de Tchaïka n’est pas famille, nos proches. On essaye de nesse sur scène, plutôt qu’une
où elle a multiplié dova, directeur ar- elle entre, à 14 ans, dans le théâtre des jeunes de grimaçante. Son expression ne change pas. C’est le spec- répondre à une certaine demande. femme vieillissante qui n’assure
les récompenses – La Chilienne Tita Iacobelli interprète seule tous les rôles. tistique du Festival la ville, fondé par son père, théâtre qui se profes- tateur qui l’interpelle, c’est un objet à qui on prête vie, un C’est une relation forte avec ce besoin et cette ma- pas alors que nous vivons dans une société qui ne
meilleur spectacle au Carré durant le- sionnalisera par la suite. monde qui nous permet de la transcender sans passer lédiction de jouer. Besoin aussi d’évasion, de réa- prône que la performance. J’ai beaucoup travaillé
2018, meilleure actrice et prix du public. quel règne toujours une atmosphère détendue. À l’heure des grands choix, Natacha Belova dé- par le jeu du comédien, de dialoguer avec la mort. Elle lité, de reconnaissance, le destin tragique des ido- dans des maisons de retraite, et cet abandon des
Nous sommes à la veille du début du Festival au Lorsque Natacha Belova est venue le trouver cide de s’émanciper de l’influence paternelle et peut devenir morbide ou vivante et l’on peut, grâce à elle, les et de leur déclin, le destin tragique de ceux qui personnes qui ne sont plus dans la performance
Carré, plus long, plus présent, plus emballant, pour lui demander de l’aider à créer, avec Tita Ia- s’inscrit en faculté d’Histoire et de Droit. vivre une expérience troublante. Je me souviens, quand commencent par un fracas comme les jeunes qui me touche énormément, car elles ont un tel
plus visible que jamais puisqu’il entend fêter di- cobelli, l’histoire d’une comédienne qui arrive- “C’était dans les années 90, au début de la peres- j’étais adolescente, mon père avait ramené une marion- font leurs premiers essais en se bagarrant avec monde enfermé en elles, auquel on n’a plus accès
gnement ses vingt ans. Entre musique, théâtre, rait dans un théâtre abandonné, il a tout de suite troïka. J’ai donc vécu cinq ans dans une université où nette à la maison, énorme et statique. Elle était rangée leurs proches, et avec eux-mêmes. Au théâtre, on alors que la vie est toujours là. Comme chez
danse et cinéma, il programme les incontourna- eu envie de l’accompagner. Il est vrai qu’à son personne ne connaissait l’histoire et le droit, en réa- dans le placard et m’effrayait, mais j’allais toujours re- manipule des émotions. On a donc utilisé cette Tchekhov où il y a toujours quelque chose qui
bles Kiss Cry, Cold Blood et Amor de Michèle Anne oreille, le Chili résonne toujours d’une manière lité. Après mes études, j’ai rencontré le père de mon garder ses yeux de diamant, comme un jeu dangereux et pièce pour parler de la fin de carrière d’une ac- meurt. Et puis, la vie surgit.
de Mey et Jaco Van Dormael, une Lutte des classes particulière. Il nous dit avoir assisté là-bas à une fils, un régisseur belge, et je l’ai suivi en Belgique. Je fascinant.” trice. On la raconte à travers la mémoire d’une ac- L. B.
34 La Libre Belgique - mercredi 3 juillet 2019 mercredi 3 juillet 2019 - La Libre Belgique 35
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EN BREF
Politique culturelle
La Monnaie
se défend
La Cour des comptes a mis
en garde mercredi le Théâtre
de la Monnaie contre sa
situation financière précaire
et lui a recommandé
d’établir des “budgets
réalistes”. La Monnaie se
défend jeudi, en soulignant
Le Festival au Carré que des “modifications
à Mons a programmé comptables importantes” ont
la trilogie des spectacles été introduites en 2018, ce
JULIEN LAMBERT
de Michèle Anne De Mey qui expliquerait son
et Jaco Van Dormael, dont mauvais bilan financier.
“Amor”. En application de la loi
comptable de 2003,
Le Festival au Carré : la Monnaie a introduit
plusieurs modifications
comptables en 2018, qui ont
eu un impact à hauteur d’un
vingt ans de voyages peu plus de cinq millions
d’euros, explique-t-elle dans
un communiqué. Elle
souligne que la ministre du
tre Le Manège respectivement les 30 juin, 3 juillet et Budget, Sophie Wilmès, lui
Scènes Musique, théâtre, danse… Mons fête, 6 juillet à 21h. avait accordé une
dérogation préalable,
du 29 juin au 12 juillet, les 20 ans de son Passionné de musique et de théâtre, Daniel Cordova a
convié la chanteuse jazz Mélanie De Biasio pour ouvrir en prévision de ce déficit.
festival aux saveurs d’été. le festival le 29 juin au Carré des arts à 21h. Comme à (Belga)
son habitude, le Festival au Carré fera voyager le public
en l’emmenant à la rencontre d’un blues enraciné dans
L
orsque j’ai créé la première édition de ce festival, je n’ai le désert du Sahara avec le groupe Tinariwen, le Musique
jamais pensé qu’on allait tenir vingt ans”, se souvient, 1er juillet à 21h; du rythme latino du guitariste brésilien Louis Cole
ému et pas peu fier, Daniel Cordova, directeur artis- Swami Jr accompagné du duo de jazz cubain Harold et et Pharoah Sanders
tique du Festival au Carré, qui se déploiera à Mons du Ruy Adrian Lopez-Nussa, le 2 juillet à 21h, ou encore au Jazz Middelheim
29 juin au 12 juillet. Sa recette du succès? L’éclectisme. de l’alliage détonant de la musique classique et du jazz
“Dès le départ, je me suis refusé à monter un festival à du monde avec Joachim Horsley, le 4 juillet à 21h. En- Le Jazz Middelheim a
l’image de ce qui existait un peu ailleurs, c’est-à-dire un fes- fin, voyager, c’est aussi découvrir ses propres racines. présenté jeudi ses deux
tival très typé au niveau de la programmation, explique- Voilà pourquoi Daniel Cordova a programmé le Jazz dernières têtes d’affiche de
t-il. Je me suis donné la liberté de faire co-exister, par exem- made in Mons le 7 juillet dès 20h, avec, entre autres, le la 50e édition du festival. Le
ple, la gastronomie et la création, la musique contempo- trompettiste Richard Rousselet. 15 août, le saxophoniste
raine pointue et la musique classique.” Alors qu’été rime Côté danse, “je recherche toujours une certaine force, une Pharoah Sanders clôturera
avec offre culturelle et divertissante foisonnante (expo- énergie sur scène”, affirme M. Cordova. Cette année, il a la journée sur la scène
sitions, foires, festivals de musique, théâtre en plein donc fait appel à la compagnie sud-africaine Via Katle- principale avec quatre
air, etc.), il convenait aussi de trouver le bon timing pour hong qui, avec son spectacle Via Kanana, entraîne huit autres légendes afro-
organiser le Festival au Carré. “Nous avons choisi les quel- danseurs dans les méandres de la corruption qui ravage américaines du jazz. (Belga)
ques jours avant les vacances d’été, cette pé- l’Afrique.
riode où l’on se relâche un peu, qui est un “La qualité, c’est “Le Festival au Carré, c’est aussi une his-
moment de liberté et invite à la rencontre.” toire de fidélité et de complicité avec cer- Musique
Pour concevoir ses programmations, mon obsession.” tains artistes”, poursuit le directeur artis-
Daniel Cordova arpente les festivals du tique. À l’image de la metteuse en scène
Mort du musicien
monde entier à la recherche de pépites
Daniel Cordova Anne-Laure Liégeois qui revient à Mons
Philippe Zdar
Directeur artistique Son nom était méconnu du
originales, avec, en filigrane, un maître- du Festival au Carré avec une nouvelle création: Roméo et
mot: l’excellence artistique. “La qualité, Juliette revisité en une mini-série de grand public mais son rôle
c’est mon obsession, reconnaît-il volon- trois épisodes, en trois langues, les 8, 9 et dans la musique électronique
tiers. En regard du peu de moyens qu’il y a pour la culture, 10 juillet. Autre artiste, autre registre. Avec le seul en de ces vingt dernières années
s’il n’y a pas une exigence absolue, on est mort, on va dispa- scène Ma Pucelette, Laura Fautré décortique avec hu- était énorme: Philippe Zdar,
raître”… Ancienne caserne militaire, le Carré des arts est mour l’un des rituels les plus populaires du folklore ré- membre du duo Cassius et
le cœur du festival. C’est d’ailleurs ce lieu qui a donné gional. À découvrir les 4, 5 et 6 juillet au Manège. Poin- pionnier de la French Touch,
son nom au Festival au Carré. Mais d’autres lieux, choisis tons encore, du 6 au 8 juillet, Tchaïka de Natacha Belova est mort accidentellement
pour leur adéquation à l’excellence artistique recher- et Teresita Iacobelli qui, avec leur marionnette, livrent mercredi soir, a annoncé son
chée, accueillent les artistes du festival: principalement, une fable poétique sur la vieillesse. agent à l’AFP. “Il a fait une
le Théâtre Le Manège, la Maison Folie, Arsonic et la cour “Ces vingt ans de voyage seront incarnés par un combi chute accidentelle, par la
du 106. VW jaune qui sillonnera les routes et sera présent lors de fenêtre d’un étage élevé d’un
nombreux événements, souligne, pour sa part, Charlotte immeuble parisien”, a déclaré
Mélanie De Biasio, “Roméo et Juliette”… Jacquet, directrice de communication de Mars. Car le Sébastien Farran, sans plus
À l’occasion de ce 20e anniversaire, “j’avais une envie Festival au Carré, vitrine de Mars, c’est un voyage intellec- de précision. Une enquête a
folle de programmer l’intégrale de Michèle Anne De Mey et tuel, créatif, montois, à travers le monde… toujours marqué été ouverte sur les
Jaco Van Dormael”, confie M. Cordova: soit la trilogie du sceau de l’exigence artistique.” circonstances de sa mort,
Kiss&Cry, Cold Blood et Amor,trois spectacles “ovni” Stéphanie Bocart confiée au commissariat du
mêlant cinéma, théâtre et danse ovationnés aux quatre XVIIIe arrondissement de
coins du monde – tous créés à Mars (Mons Arts de la U Mons, du 29 juin au 12 juillet. Programme complet Paris. (AFP)
scène)! – et que le public pourra (re)découvrir au Théâ- et réservations: 065.33.55.80 – www.surmars.be
46 La Libre Belgique - vendredi 21 juin 2019
© S.A. IPM 2019. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
Jeunes artistes et
festivals
échappées sur le monde
MONS
Festival au Carré
Du 29 juin au 12 juillet
Pour ses 20 ans, le festival montois met les petits plats dans les
grands. On pourra notamment y voir l’intégrale de la trilogie de Jaco
Van Dormael et Michèle-Anne De Mey : Kiss & Cry (photo) + Cold
Blood + Amor. Sans oublier un Roméo et Juliette décliné en série
comme sur Netflix avec un Roméo qui parle français et une Juliette
SCÈNES
qui parle darija (dialecte arabe marocain) : 16 comédiens et 3 épi-
sodes pour un Shakespeare revisité, à vivre en plein air. On retrouvera
aussi les marionnettes de Natacha Belova, maîtresse en la matière,
qui sculpte cette fois une adaptation de La Mouette de Tchékhov. Le
Festival au Carré mettra aussi l’accent sur les jeunes artistes montois
avec notamment Ma Pucelette de Laura Fautré ou encore Lutte des
classes d’Ascanio Celestini avec Iacopo Bruno et Salomé Crickx. Sans
oublier les concerts, de Mélanie De Biasio aux Innocents, en passant
par des échappées cubaines, africaines ou américaines. C.Ma
Comédies à succès
MOLENBEEK
Bruxellons
Du 11 juillet au 26 septembre
Pour son 20e anniversaire, ce festival, qui occupe le Château du Karre-
veld pendant tout l’été, propose une de ces comédies musicales dont il a
fait sa spécialité. Après La mélodie du bonheur ou Sunset Boulevard, voici
donc My Fair Lady, un classique du genre ! Mais ce n’est pas tout. Pour
poursuivre dans la même veine, l’équipe molenbeekoise reprend aussi
Vous avez dit Broadway ? de et par Antoine Guillaume, sorte de diction-
naire amoureux et chanté de la comédie musicale. Sur sa scène de plein
air ou dans la grange, Bruxellons propose une myriade de spectacles
parmi les pièces les plus acclamées des saisons passées. Pour ceux qui
ne l’auraient pas encore vu, il faudra rattraper La convivialité d’Arnaud
Hoedt et Hervé Piron (photo), spectacle sur l’orthographe qui a non
seulement raflé de nombreux prix mais a aussi mis en branle une petite
révolution au sein de la sacro-sainte langue française. C.Ma
MODAVE STAVELOT RUINES DE L’ABBAYE DIVERS LIEUX CHASSEPIERRE
Théâtre à Modave Vacances Théâtre Villers-la-Ville La Tournée des Châteaux La fête des arts de la rue
Du 4 au 21 juillet Du 5 au 14 juillet. Du 16 juillet au 11 août Du 18 juillet au 1er septembre Les 17 et 18 août
La compagnie Lazzi pour- L’Abbaye de Stavelot va « C’est un roc ! C’est un Ceux qui ont aimé Nos Du beau monde viendra
suit son occupation esti- faire le grand écart cet été pic ! C’est un cap ! Que femmes ou Les belles- cette fois encore animer
vale du château de Mo- entre Molière raconté par dis-je ? C’est une pénin- sœurs aimeront cette les rues du petit village
dave, en terre mosane, Francis Huster et Frédéric sule ! » Cette célèbre autre pièce d’Eric Assous : gaumais. Comme d’habi-
avec une adaptation de (Freddy Mercury), raconté tirade du nez, vous pour- L’heureux élu, comédie sur tude, des centaines d’ar-
Madame Bovary. C’est Paul par Jean-François Breuer. rez une fois de plus la dire le politiquement correct tistes viendront des
Emond qui a écrit cette Mêmes contrastes ré- en chœur, cette fois au et les limites de l’amour et quatre coins du monde
version théâtralisée du jouissants entre Bord de milieu des ruines de l’ab- de l’amitié. Charline est mais le festival réserve
roman de Flaubert, c’est mer, récit d’une mère baye de Villers-la-Ville. heureuse : elle va épouser aussi une place de choix
Olivier Lenel qui en assu- infanticide, et Formidable !, Mis en scène par Thierry l’homme de sa vie ! Avant aux compagnies belges.
rera la mise en scène et one man show de Walter. Debroux, ce Cyrano de de le présenter à ses On y retrouvera notam-
Olivier Thomas, la partie Parmi nos coups de cœur, Bergerac fera tinter son meilleurs amis, elle pré- ment Les P’tits Bras, Taka-
musicale. Sur le plateau citons, L’avenir dure long- épée entre les murs de cise qu’il est un peu spé- pa, Not pink enough, Off
par contre, on retrouve temps d’Angelo Bison (sur pierre du monument cial. En effet, il est beau, Road, Daddy K7, Puur
des habitués comme la folie), Faits Divers de cistercien. C’est d’ailleurs riche, raffiné mais il pense Lain, et autant d’autres
Pascale Vander Zypen ou Laure Chartier (sur le Bernard Yerlès, popularisé « différemment ». Une noms qui promettent des
Christian Dalimier. Une viol), ou Pourquoi Jessica par les séries télé fran- pièce mise en scène par univers délicieusement
fois n’est pas coutume, le a-t-elle quitté Brandon (sur çaises, qui endossera le Martine Willequet. C.Ma décalés. C.Ma
spectacle se jouera en les lanceurs d’alerte) rôle du mousquetaire
plein air. C.Ma (photo). C.Ma gascon. C.Ma
Page 14 Mercredi 29 mai 2019 Mad
« Tchaïka » : Une femme avec une femme
scènes
Auréolée de prix au
Chili, « Tchaïka » ar-
rive dans une ver-
sion française au
Festival au Carré à
Mons. Cette
« Mouette » inspirée
le spectacle
DE LA
de Tchekhov voyage- SEMAINE
ra ensuite à Spa,
Bruxelles et
Louvain-la-Neuve.
N
atacha Belova porte un
nom qui pourrait sortir
tout droit d’une pièce de
Tchekhov. En fait, sa vie même
entre en résonance avec le
théâtre russe puisqu’elle est litté-
ralement née dedans. Fille d’un
grand acteur russe engagé à l’an-
née dans un théâtre à Toula, près
de Moscou, Natacha Belova a
toujours considéré la scène
comme un espace parallèle au
réel. « Pour mon père, le théâtre
était une religion, le sens de sa
vie », se souvient celle qui est de-
venue une créatrice réputée de
marionnettes, mais aussi de cos-
tumes et de décors. « Dans le
quotidien soviétique de l’époque,
le théâtre était son espace de li-
berté, d’évasion, mais source de
frustration aussi car mon père se
sentait prisonnier d’un système
qui décidait tout pour lui : ce
qu’il devait jouer et avec quel
metteur en scène. »
Pour se libérer de ce carcan,
l’homme de théâtre commence à La marionnette à taille humaine
travailler avec les jeunes de la est une sorte de double vieilli de et d’une rencontre avec l’actrice dans La mouette : il y a Nina et
ville dans un petit lieu indépen- Tita Iacobelli, l’actrice qui la mani- chilienne Tita Iacobelli, la pièce Arcadina, les deux actrices, mais
dant. « Je faisais partie de ce pule. © MICHAEL GÁLVEZ. s’inspire de la mouette de Tche- les deux écrivains aussi, l’un,
théâtre de jeunes. Mon père nous khov. « C’est une pièce sur une tout jeune, qui démarre et veut
apprenait tout ce qu’il savait, un capitalisme agressif, fulgu- actrice qui démarre, en plein dé- briser les codes, et un autre, qui
sur le jeu d’acteur mais aussi le rant. Il y avait beaucoup de sir de théâtre, et une vieille ac- se repose sur ses lauriers. Il y a
chant ou le combat scénique. On drogue et d’alcool alors qu’ici, je trice, auréolée de gloire mais déjà enfin le médecin, qui n’est autre
participait aussi bien à la découvrais qu’on pouvait faire sur le déclin de sa carrière. Cette que le double de Tchekhov. »
construction des décors qu’aux du théâtre sans se détruire. » vieille femme a déjà joué Nina Sans oublier la dualité d’un
éclairages. Je n’étais pas une L’artiste travaillera avec une mais doit aujourd’hui jouer Ar- théâtre qui peut être aussi lumi-
brillante comédienne mais quarantaine de metteurs en cadina tout en se battant avec ses neux que destructeur, quand il
j’avais une vraie sensibilité pour scène avant de découvrir, grâce à pertes de mémoire, l’angoisse de déteint sur votre réalité. Souvent
les matières, le travail plas- l’Ecole des ventriloques, mis en la représentation et le théâtre qui privé de son père à cause du
tique. » Arrivée en Belgique par scène par Jean-Michel D’Hoop, lui échappe. » La marionnette à théâtre, Natacha Belova ne vous
amour pour un homme, dans les le travail de marionnette. « Ça a taille humaine, sorte de double dira pas le contraire.
années 90, Natacha Belova ren- été une révélation ! » vieilli de l’actrice qui la mani- CATHERINE MAKEREEL
contre notamment l’équipe de la pule, suscite forcément un jeu
Galafronie où gravitent des per- UN JEU SCHIZOPHRÈNE schizophrène troublant. « Ça ▶ Festival au Carré du 29/6 au 12/7 à
sonnalités comme Jaco Van Dor- Aujourd’hui, son parcours parle bien sûr du rapport entre Mons. Tchaïka du 6 au 8/7 à la Maison
mael. « J’ai eu l’impression d’être semble se cristalliser dans Tchaï- une actrice et le personnage Folie, rue des Arbalestriers 8, Mons.
accueillie par une grande famille ka, dont elle cosigne la mise en qu’elle joue, du conflit entre la Mais aussi les 7 et 8/8 au Royal Festival,
après avoir quitté la Russie à scène. Issue d’un laboratoire de force vitale de jouer et la réalité Spa. Du 3 au 20/10 au Théâtre des
une époque très violente, après la recherche autour de la marion- de la vieillesse, mais ça renvoie Martyrs, Bruxelles. Du 4 au 14/2 au
perestroïka, quand s’est installé nette contemporaine à Santiago aussi à tous les doubles présents Théâtre Blocry, Louvain-la-Neuve.
Page 24 Mercredi 26 juin 2019 Mad
scènes
À L’AFFICHE ÀNEPASMANQUER
« Amor » :
Michèle-
Anne De
Mey danse
l’expérience
de mort
imminente
qu’elle a
vécue et
dont elle est
revenue
transformée.
© DR
Amor et dont elle est revenue Circus we love you Mey, le cinéaste Jaco Van gantesque kaléidoscope.
★★ transformée. Les caméras ★★★ Dormael et l’écrivain Et à l’arrivée, une formi-
Mons, Festival au Carré créent l’illusion qu’elle se Voir p.2. Thomas Gunzig poursuit dable réussite dont tous
Mise en scène (et en détache de son corps, la sa belle aventure. Si Kiss les éléments (danse,
images) par son compa- magie nouvelle la fait Cold Blood and Cry parlait des dé- texte, musique, cinéma,
gnon cinéaste Jaco Van léviter, les lumières ★★★★ buts, Cold Blood évoque la scénographie) contribuent
Dormael, la danseuse et évoquent d’énigmatiques Mons, Festival au Carré fin. Le premier comportait à créer un univers débor-
chorégraphe Michèle- au-delà. Visuellement Après l’énorme succès de une narration linéaire, le dant d’humour, de poésie
Anne De Mey danse époustouflante, la pièce Kiss and Cry, l’équipe second est une succession et d’imagination. (J-M.W.)
l’expérience de mort manque étrangement emmenée par la choré- d’histoires, d’images, de
imminente qu’elle a vécue d’émotion. (C.Ma). graphe Michèle Anne De sons, composant un gi-
Théâtre royal de Toone Olivier Lenel. Dans le cadre de «Cycle Théâtre à LIÈGE
▶AGENDA Jusqu'au 31/8 (J. et V. de 20 h 30 à 22 h ; S. de 16 à
17 h 30 et de 20 h 30 à 22 h). Carmen De Georges
Modave». Rens. : 085-41.13.69
Rue du Parc, 2 ; 085-23.35.83 ; www.modave-
Comédie centrale
Du 10/7 au 14/7 (de 21 à 22 h 30). Carlos Vaquera -
Bizet. castle.be Rien De Carlos Vaquera, avec Carlos Vaquera.
Rue du Marché aux herbes, 66, Bruxelles ;
THÉÂTRES ET DANSE 02-511.71.37, 02-513.54.86 ; www.toone.be
SPA L. 15/7 (de 20 h 30 à 22 h) Albert Cougnet - Les
Théâtre Jacques Huisman Lundis d'Albert De Alain Soreil.
Vaux-Hall Jusqu'au 17/8 (de 18 h 30 à 20 h et de 20 h 30 à Rue du Plan Incliné, 87 ; 04-254.05.00 ; www.co-
S. 13/7 (de 19 h à 21 h 45) Vaux-Hall Summer -
GRAND BRUXELLES Nosotros Tango Avec Nosotros Tango. Rens. :
22 h). 60 ans du Royal Festival de Spa Rens. : mediecentrale.com
0800-24.140 Comédie en Ile
Ancienne Belgique 02-279.64.58 Centre culturel Spa-Jalhay-Stoumont - rue Servais,
Rue de la Loi 5, Bruxelles Du 10/7 au 14/7 (de 20 à 22 h 30). Didier Boclin-
Me. 10/7 (de 12 à 22 h 30). Brussel Danst Dance 8 ; 087-77.30.00 ; www.centreculturelspa.be ville - Bistro Didier De Didier Boclinville - Stéphane
Battles Rés. : 02-548.24.24
Boulevard Anspach, 110, Bruxelles ; 02-548.24.84 ; WALLONIE FLANDRE Hénocque, avec Didier Boclinville.
J. 11/7 (de 20 à 21 h 30). Didier Boclinville - Bistro
www.abconcerts.be CHINY HOBOKEN Didier - Promo exceptionnelle
Château du Karreveld Chiny, Cité des Contes Rue Méan, 11-13 ; 04-254.05.00 ; www.comediee-
Du 11/7 au 29/9 Bruxellons! 2019 Blikfabriek
Du 12/7 au 14/7 (de 9 à 1 h). 30e Festival intercul- Me. 10/7, J. 11/7, V. 12/7, S. 13/7, D. 14/7, Ma. nile.be
Avenue Jean de la Hoese, 3 - Jean de la Hoese- turel du Conte de Chiny De Intervenants internation-
laan,3, Bruxelles ; 02-724.24.24 16/7, Me. 17/7, J. 18/7, V. 19/7, S. 20/7 et D. 21/7 La Bouffonnerie
naux. Rens. : 0061-32.07.56 (de 21 h à 22 h 10) Fase, Four Movements to the Jusqu'au 28/9 (Me. à S. de 19 h 30 à 23 h 30).
L'Improviste Rue de Lorrène, 3 ; 061-32.07.56 ; www.face- Music of Steve Reich Rens. : 03-224.85.20 Rés. : Venise sous la neige De Gilles Dyrek, par la compa-
Jusqu'au 28/9 (S. de 20 h 30 à 22 h ; relâche L. à V. book.com/chinycontes 03-502.07.77 gnie «La Bouffonnerie».
et D.). À table ! Krugerstraat 232
Rue de Fierlant 120, Bruxelles LIÈGE Rue Haute Sauvenière, 17 ; 0479-21.16.76 ;
Théâtre à Denis www.labouffonnerie.be
Parc de Bruxelles
Jusqu'au 14/7 (Me. à D. de 15 h 30 à 16 h). Guignolet Me. 10/7 (de 15 à 16 h 30). Les 3 princesses
dans le Parc - Guignolet et le Prince Caraby Par le dansantes De Denis Fauconnier, par le Théâtre à Denis.
Me. 17/7 (de 15 à 16 h 30). Docteur Who De Denis
Théâtre Royal Les Cœurs de Bois. Rens. : 02-279.64.58
Fauconnier, par le Théâtre à Denis.
HUMOUR
Du 17/7 au 28/7 (Me. à D. de 15 h 30 à 16 h, relâche
D. 21/7). Guignolet dans le Parc - Guignolet et les Rue Sainte-Marguerite, 302 ; 04-235.94.95, CIRQUE
extra-terrestres Par le Théâtre Royal Les Cœurs de 0475-70.10.04 ; www.tchantches.com WALLONIE
Bois. MODAVE
CHARLEROI
WALLONIE
Place des Palais, Bruxelles ; visitbrussels.be Château
Comédie centrale NASSOGNE
Planetarium de l'Observatoire Royal de Belgique Jusqu'au 21/7 (de 20 h 30 à 22 h 30). Madame
J. 11/7 (20 h 11) The tip of the tongue De Pieter de Du J. 11/7 au D. 21/7 André Lamy - Lamy râle Hall Omnisports
Bovary au château de Modave De d'après Flaubert, D. 14/7 (de 11 h 30 à 22 h). Festival de Cirque et
Buysser. En néerlandais, anglais et français. adaptation Paul Emond, par la compagnie Cie Lazzi, Rue Grand Central, 33 ; 071-30.50.30 ; www.co-
mediecentrale.com d'Arts de la Rue Rens. : 084-21.49.08
Avenue de Bouchout, 10, Bruxelles ; 02-474.70.50 ; avec avec Pascale Vander Zypen, Christian Dalimier Rue du Vivier 12b
www.planetarium.be Nabil Missoumi et Benoît Van Dorslaer. Mise en scène :
Page 24 Mercredi 3 juillet 2019 Mad
L’ECHO SAMEDI 29 JUIN 2019 53
Vie & Culture
Grandgeorge,
grand optimiste
Français adopté par la Belgique, Benjamin
Grandgeorge sera l’une des têtes d’affiche du Festival
au Carré, à Mons. Il y apportera sa bonne humeur
et sa coolitude… Par Joëlle Lehrer
Rock Chanson
MUSIQUES
A
vant lui, Miossec, Domi- anglais. Pourtant, il faut bien ad-
nique A et François Atlas mettre que ses chansons ne traver-
avaient aussi choisi de sent pas la Manche.
quitter la France pour ins-
taller leurs quartiers à Bruxelles. Le Regarder vers l’avant
plus souvent pour des raisons senti- Au moment de plancher sur son
mentales (et non fiscales). Benja- deuxième opus, sorti à l’automne
min Grandgeorge, Versaillais de dernier, le trentenaire s’est posé 5 TEMPS FORTS
naissance, ingénieur de formation, beaucoup de questions. «Je me suis LE FESTIVAL
a bossé longtemps pour une entre- pas mal pris la tête sur deux points en
prise basée à Anvers. Même à particulier. Tout d’abord sur ce que je
AU CARRÉ A 20 ANS
l’époque de son premier album, «So voulais raconter. Je suis d’un naturel Mélanie De Biasio
Logical» paru en 2016, il y était en- optimiste. Mais ça ne m’empêche pas Pour sa soirée d’ouverture,
core employé. Le succès de «So d’être abasourdi et terrifié par la vio- le 29 juin, le festival mon-
Fine», quasiment profilé pour être lence et le cynisme qu’on cultive volon- tois s’offre Mélanie De Bia-
un hit, lui a permis de se consacrer tiers sur notre jolie planète. Alors je me sio. Aussi, si vous l’avez «Help us Stranger» – «Paraître ou ne pas être» –
exclusivement à sa passion pour la suis beaucoup demandé comment faire manquée dans son nou- The Raconteurs Maxime Le Forestier
musique. Dans sa famille, ils étaient coexister ces différents regards? Ces dif- veau spectacle («Lilies») Third Man Records/PIAS Universal Music
sept frères et sœurs. Leurs parents férents visages. Comment aborder la juste époustouflant et qui !!!!! !!"""
leur faisaient écouter de la musique réalité sans œillères tout en célébrant tourne depuis 2018, ce
Supergroupe alternatif qui a pour On ne s’étonnera pas que Maxime
classique mais aussi les Beatles et Si- le pouvoir de l’optimisme. Ensuite, il y a sera le moment. Car, en-
mon & Garfunkel. Benjamin, qui a le son que je voulais donner à l’album. suite, la chanteuse sera centre le duo Brendan Benson et Le Forestier signe un album
grandi en partie en Angleterre et a Pas question de rester sur le son très plus présente sur les Jack White, le quartette des Ra- épuré. C’est ce qu’il a toujours
étudié aussi bien le piano que la cla- acoustique du premier. Trouver le ton scènes étrangères, notam- conteurs, qui avait sorti deux ex- fait. Avec style et un peu de
rinette et la guitare, n’a eu aucune juste m’a pris du temps. J’ai voulu pro- ment en France, en Suisse cellents albums à la fin des an- blues. On ne sera pas davantage
peine à composer des chansons poser un son qui regarde vers l’avant et en Italie. nées 2000, est enfin de retour surpris qu’il livre quelques ré-
rythmées, pop et à les chanter en sans oublier de checker les rétros», ex- après un hiatus de onze ans. Réa- flexions sur notre époque. Cela
plique-t-il. Ma Pucelette lisé avec de vieux instruments et aussi appartient à sa marque de
L’équation est réussie sur toute Tel est le titre du seule-en- «outils» d’avant la digitalisation, fabrique (même si bien sûr, il dé-
une partie de «Face To Faith», le titre scène de Laura Fautré ce «Help Us Stranger» transpire la testerait l’idée de marque de fa-
SUMMER TOUR que Benjamin a choisi pour ce qu’elle jouera les 4, 5 et 6 brique). Avec ce nouvel album,
nostalgie du blues rock d’avant
À Mons, au Carré, le 9 juillet, deuxième album. Et qui démarre en juillet au Théâtre Le Ma- l’ère de la vidéo, notamment dans Maxime fait du Maxime comme
Grandgeorge se produira avec trombe avec «Radical Bourgeois», nège. Basé sur une lé- le cas de «Sunday Driver» qui depuis toujours. Avec ici un coup
la chanteuse Stefy Rika, où le cynisme de notre époque, est gende boraine, ce specta- évoque le Free de Paul Rodgers, de main de Julien Clerc et là une
connue notamment pour avoir plus qu’égratigné. On sent aussi que cle original mêle le folklore, ou sur l’irrésistible «Don’t bother chanson de Philippe Lafontaine.
intégré, ces dernières années, l’artiste aurait aimé réaliser un mor- les angoisses contempo- me» et son solo de guitare digne Parce qu’il faut le dire, Le Fores-
le groupe Zap Mama. Ses pro- ceau entièrement en français mais il raines et l’humour grinçant de Ritchie Blackmore, période tier est un fidèle en amitié. On ap-
chaines «grosses» dates se- a réfréné son élan comme on le d’une auteure marquée par Deep Purple. Une seule reprise préciera, du reste, «Le Ruisseau»
ront aux Francos de Spa le 21 constate dans «I’ll Be Trying» dont les nineties. signée par Lafontaine et qui clôt
parmi les 12 titres de cet album
juillet – il y aura carte blanche une partie seulement est chantée en l’album. Avec son côté frais, elle
prolixe mais pas bavard, qui col-
pendant toute une soirée spé- français. Ailleurs, dans «Warmer», Michèle Anne De Mey parle quand même de la catas-
porte son lot de ballades plom-
ciale –, le 4 août au Ron- Grandgeorge rend une sorte et Jaco Van Dormael trophe écologique. Et musicale-
bées («Somedays I don’t feel like
quières Festival et le 25 août d’hommage au «Rebel Rebel» de Bo- Ce n’est pas un mais bien ment, elle tranche sur le reste qui
trying»), d’airs bluesy («Now that
aux Solidarités à Namur. Et on wie, l’un de ses morceaux préférés trois spectacles en micro- nous paraît un peu plan-plan. Il y
croit savoir que c’est en live de tous les temps. Et dans «Men cinéma du couple formé you’re gone»), de pop à barbe
de hipster («Live a lie», imparable). a un moment où il faut savoir élar-
que Grandgeorge donne le Should Never Fall In Love», il nous par la chorégraphe et le ci-
Le «Hey gip» de Donovan en sort gir son horizon. Même à septante
meilleur de lui-même. fait immanquablement penser à néaste qui seront donnés
grandi, élargi même. Bref, ce ans. On attend de pied ferme
Sting. Il est de pires références… durant le Festival au Théâ-
«Help us stranger» ressemble au le prochain Souchon. J. L.
tre Le Manège. Ainsi, «Cold
Blood», sur un texte de blues rock pop longtemps délivré
Thomas Gunzig, le 3 juillet, par les White Stripes. Avec, En concert le 11/12 au Cirque
«Amor» le 6 juillet et bien à quatre, une ampleur qui lui Royal, le 12/12 au PBA de Charle-
sûr, «Kiss and Cry», le pre- manquait parfois. B. R. roi et le 13/12 au Forum de Liège.
mier de leur trilogie, le 30
juin. À chaque fois, leur
poésie et leur créativité
épatent.
Roméo et Juliette
Et si «Roméo et Juliette» de
Shakespeare était une
mini-série? C’est le pari de
Anne-Laure Liégeois. Les 8,
Classique «The Lost Horizon» –
Guillaume Connesson
9 et 10 juillet, dans trois Stéphane Denève/Brussels Phil-
lieux différents, la met- harmonic. 2 CD DG
teuse en scène emmène !!!!"
ses comédiens et son pu-
blic découvrir les trois épi- À l’égard de ceux dont le curseur
sodes du drame. Avec contemporain serait resté bloqué
aussi des musiciens et des sur Boulez, voici, en deux CD et
répliques dites en trois quatre œuvres de Guillaume
langues… Connesson, une nouvelle dé-
monstration du renouveau de la
Via Kanana musique française actuelle, libé-
La compagnie de danse rée de la dictature sérielle. Depuis
sud-africaine Via Katlehong un certain temps déjà – et un disque précédent fort remarqué –,
proposera le 8 juillet, au Connesson a trouvé en la personne de Stéphane Denève et du Brussels
Théâtre Le Manège, «Via Philharmonic d’ardents propagandistes. La flamme ne faiblit pas dans
Kanana». cette déferlante de sons et de couleurs à grand spectacle. Hommage,
Ce nouveau spectacle, où d’abord, à l’onirisme terrifiant de Lovecraft avec une musique dan-
se mêlent danse, siffle- tesque. Incantation mémorielle ensuite à Coltrane avec un envoûtant
ments, percus, tap dance concerto pour saxophone – superbe sonorité de Timothy McAllister.
et gumboot (la danse des Référence littéraire une fois encore, mais à James Hilton, avec son uto-
mineurs), dénonce la cor- pie tibétaine «Lost Horizon», portée par Renaud Capuçon, dédicataire
«Face ruption qui frappe leur de ce concerto pour violon tout en contrastes. Conclusion, enfin, avec
To Faith» – pays d’origine. J. L. «Le Tableau des Regrets», une longue esquisse dont on ne sait trop si
Grandgeorge elle se veut apaisement ou incertitude, laissant à chacun, dans ce
PIAS Infos: surmars.be voyage fantastique, le choix de sa propre destination. Bluffant.
!!!"" ST. R.
© BORIS GÖRTZ BENUTS
L’ECHO SAMEDI 15 JUIN 2019 57
Vie & Culture
CLUB BRANCHÉ
LOGO
Date:
ID:
Rambert crée Les 5 nouvelles Patrick Bruel aux
«Architecture» productions Francos de Spa LE FESTIVAL PRÉFÉRÉ
d’Aix DU PRO
TICKET
Le Belge Bernard Foccroulle a L'inévitable rendez-vous spadois POUR YESMINE SLIMAN
cédé la place au metteur en de juillet avec un Bruel au top de CHRONIQUEUSE
scène franco-libanais Pierre sa forme et des cartes blanches à ART ET DESIGN
Audi à la tête du prestigieux Alice on the Roof et Grandgeorge.
Festival d’art lyrique d’Aix-en- On a été carrément bluffé par le
4 > 6/7 Provence. Celui-ci signe cet été
une première édition qu’il a
entièrement imaginée et qui
show que Patrick Bruel a livré à
Forest National en février et mai
dernier. La scénographie ultra in-
Festival au présente cinq nouvelles pro- ventive et moderne, la setlist mê- Horst Festival
Carré, Théâtre le ductions où l’on repère dere- lant ses hits d’hier et ceux du der-
Manège (Mons) chef nier opus «Ce soir on sort» et un Du 13 au 15 septembre 2019,
«Ma Pucelette» Avec la Cour d’honneur du Pa- le nom de Romeo Castellucci jeune sexagénaire charismatique à Vilvorde.
Un projet de et lais des papes comme écrin, — qui avait fait parler de lui à qui ne lâche pas son public (et
avec Laura Fau- l’auteur et metteur en scène La Monnaie avec sa mise en vice versa) seront au programme Une expérience immersive
tré. Mise en Pascal Rambert poursuit sa col- scène controversée de la «Flûte des Francos de Spa (le 20/7) avec de 3 jours à deux pas de
scène Lorent laboration avec le Festival d’Avi- enchantée». Il mettra cette fois un retour de l’artiste sur Forest Bruxelles, au cœur d’un an-
Wanson. gnon en créant «Architecture», en scène le «Requiem» de les 27 et 28 novembre. De leur cien site milaitaire où le
pièce chorale qu’il avait le projet Mozart» avec l’excellent côté, les artistes belges seront monde des arts, des archi-
d’écrire depuis dix ans! Cette Raphaël Pichon à la direction hyper bien représentés avec, en- tectures éphémères et de la
saga familiale débute vers 1900 musicale. Rayon chefs, Esa- tre autres, Alice on the Roof (le musique électronique sont
et prend place entre Vienne et Pekka Salonen dirigera 18/7), Angèle (le 21/7) et le plus en totale symbiose.
TICKET Bratislava jusqu’à la veille de la «Grandeur et décadence de la belge des Français, Grandgeorge
Seconde Guerre mondiale. Une ville de Mahagonny» de Kurt (le 21/7). À noter aussi la présence
fresque écrite à même le corps Weill, dans une mise en scène du Québécois le plus hot du mo-
et la voix d’acteurs exception- du Belge Ivo van Hove. ment, Hubert Lenoir (le 20/7). J.L.
nels, avec Jacques Weber, Denis Épinglons la création mondiale
11/7 Podalydès et Emmanuelle
Béart. Réunis pour la première
fois sur scène, ils incarnent les
d’Adam Maor et la reprise de
l’extraordinaire «Jakob Lenz»
de Rhim par Andrea Breth.
www.francofolies.be
> 7/9 membres d’une famille d’ar-
tistes, de philosophes et de
Un classique tout de même
avec «Tosca», dans une mise
Bruxellons! compositeurs pris dans le terri- en scène prometteuse de
Château ble naufrage du XXe siècle. A.D. Christophe Honoré. Cavalez!
du Karreveld X.F.
«My Fair Lady» Du 4 au 13/7 au Festival d’Avi-
Spectacle aux gnon, www.festival-avignon.com Du 3 au 22/7: festival-aix.com
© DOC
6 Tony Awards et
40 artistes, mis
en scène par
Jack Cooper.
Arts de la scène:
TICKET
CE QU’IL LIT
«Un été avec
Proust» –
Laura El
7-8/8
3 anniversaires, 6 créations
Makki, An-
toine Compa-
gnon, Raphaël
Festival de Spa Enthoven…
«Étranges Les Equateurs,
étrangers» 13,50 euros
I
Une comédie !!!!"
de Joshua Sobol. ls sont nombreux, cet été, en
Mise en scène Belgique francophone, à célé-
Le branché relit Proust! Cela
Jean-Claude brer une édition anniversaire
tombe bien, on célèbre le cente-
Berutti. dans le domaine des arts de la
naire de son Goncourt. L’éloge du
scène! Pour sa 60e édition, le Royal
Festival de Spa propose un specta- temps perdu et des jeunes filles
cle déambulatoire autour du parc en fleurs, du frémissement du dé-
de Sept Heures: une expérience iné- sir et de la langueur sont à savou-
dite, libre et gratuite signée Domi- rer dans un jardin normand. On
nique Roodthooft, à vivre pendant peut aussi s’abandonner à la
2 heures sous la forme de récits phrase proustienne du côté de
chantés et dessinés à travers la ville chez Swann, avec pour seule
(«Patua Nou», le 14/8 de 17 à 19h). consigne: «Tâchez de garder tou-
S’attachant à l’humain et à sa jours un morceau de ciel au-des-
puissance de vie, Dominique Rood- sus de votre vie.» S.C.
thooft explore tout en sensibilité
les «nouvelles résistances» en s’ins-
pirant de la coutume des patachi-
tras, dispositifs d’art narratif chan-
tés et représentés sur rouleau. Elle
transpose ce principe pour créer de CE QU’IL ÉCOUTE
nouvelles histoires en lien avec l’exil
comme mouvement vital et poé-
tique.
Joshua Sobol crée quant à lui
une comédie jubilatoire («Étranges
étrangers», les 7 et 8/8), dévelop-
pant entre ses trois protagonistes
un «baragouinage» artistique inouï
autant que savoureux, qui nous Le Royal Festival de Spa propose un spectacle déambulatoire. © DOMINIQUE HOUCMANT
place face à la délicate question de
l’altérité. Pour l’occasion, l’acteur A Mons, le Festival au sont au programme: «Tchaïka» de saire et convie son public à la créa-
franco-allemand Mathieu Carrière Natacha Belova et Teresita Iacobelli, tion d’une nouvelle version franco- Cate Le Bon – «Reward»
foulera pour la première fois les Carré célèbrera 20 ans un seul en scène poétique sur la phone du classique inspiré de la Mexican Summer
planches belges, accompagné de d’aventures artistiques, vieillesse, pour actrice et marion- pièce «Pygmalion» de George Ber- !!!!!
notre compatriote Mireille Bailly et nette, qui revisite «La Mouette» de nard Shaw, «My fair Lady» de Alan
de l’acteur togolais Roger Atikpo.
de voyages aux quatre Tchekhov entre le Chili et la Bel- J. Lerner et Frederick Loewe. Après
Un trio conduit par Jean-Claude coins du monde et de gique (du 6 au 8/7); la rencontre le succès de «La mélodie du bon-
Musicienne et chanteuse galloise,
Cate Le Bon produit une pop
Berutti qui, après la direction du soirées endiablées sous inédite entre trois grands noms de heur», «Evita» et «Sunset Boulevard»
limpide et lascive qui porte l’audi-
Théâtre du Peuple de Bussang et de la musique latine (Swami Jr, Harold lors des éditions précédentes du
la Comédie de Saint-Etienne, est ac- les étoiles… et Ruy Adrian Lopez-Nussa) avec festival, voici la célébrissime comé- teur aux plus belles des divaga-
tuellement à la tête de l’Opéra de «Cuba-Brazil» (2/7 à 21h) et «Ma Pu- die musicale victorienne proposée tions. Les compositions folk
Trèves. celette», dans lequel la comédienne dans une mise en scène de Jack aux accents électroniques feront
A Mons, c’est le Festival au Carré Laura Fautré et le metteur en scène Cooper et Simon Paco, dans le ca- mouche à chaque fois chez
qui célèbre 20 ans d’aventures artis- Lorent Wanson recréent le célèbre dre verdoyant du château du Karre- les amateurs de sensations lé-
tiques, de voyages aux quatre coins mythe de Wasmes (du 4 au 6/7). veld (du 11/7 au 7/9), pour une série gères. C.BQ
du monde et de soirées endiablées À Bruxelles, le Festival Bruxel- de 25 représentations.
sous les étoiles… Trois créations lons! fête, lui aussi, son 20e anniver- ALIÉNOR DEBROCQ En concert le 9/11 à Sonic City.
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