N 38 Journal de l'Assocation pour la danse contemporaine, Genève janvier-mars 2006 - ADC Genève

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N 38 Journal de l'Assocation pour la danse contemporaine, Genève janvier-mars 2006 - ADC Genève
Journal de l’

                                     association pour la
                                     danse contemporaine
                                     genève

                                        n°     38
         Journal de l’Assocation pour la danse contemporaine, Genève
                                                    janvier-mars 2006
N 38 Journal de l'Assocation pour la danse contemporaine, Genève janvier-mars 2006 - ADC Genève
Édito
                                              J’ai activement participé à l’aventure         La Bâtie avait le rare privilège d’avoir
                                              du Festival de La Bâtie de 1989 à              des programmateurs spécialisés et
                                              2002, et je me souviens des difficultés        permanents au service de son projet
                                              et des conflits qui ont accompagné la          artistique. Le choix de ne pas renou-
                                              rupture entre certains des pères fon-          veler ces deux postes est très domma-
                                              dateurs et une nouvelle génération             geable, car le festival sera plus géné-
                                              qui souhaitait un festival plus structu-       raliste, organisé par une équipe artis-
                                              ré. Parmi les grands différends de             tique réduite et sollicitant probable-
                                              cette époque – les années nonante – il         ment des mandataires ponctuels. On
                                              y avait cette idée d’une équipe perma-         peut présager que le festival va devoir
                                              nente qui revendiquait des moyens              construire sa programmation sur de
                                              pour plus de professionnalisme.                nouvelles alliances et probablement
                                              La Bâtie est née d’un tissu associatif         renforcer son lien avec les acteurs
                                              remarquablement fort, basé sur le              culturels locaux. C’est vraisemblable-
                                              principe du bénévolat et de la collé-          ment ce que certains lui souhaitent.
                                              gialité. Le passage à une organisation         Pour ma part, j’ai aimé et défendu
                                              plus structurée, qui n’a donc pas été          l’idée d’une manifestation originale et
                                              sans mal, aura néanmoins abouti à              d’exception.
                                              l’engagement, en 1995, d’un directeur
                                              général et de programmateurs                   Il ne s’agit pas ici de discréditer avant
                                              responsables de domaines spéci-                terme la nouvelle direction. Mais quoi
                                              fiques: musique, théâtre et danse.             qu’on en dise, cette nouvelle mutation
                                              Je dois observer, par un curieux retour-       du Festival de la Bâtie témoigne d’une
                                              nement de situation, que je me trouve          tendance répandue à la généralisa-
                                              à mon tour en conflit assez fondamen-          tion. Car le monde culturel ne fait évi-
                                              tal avec les choix du comité actuel.           demment pas exception. Cette règle
                                              Leur dernière restructuration, accom-          s’applique également à l’enseigne-
                                              pagnée d’un nouvel organigramme, a             ment, où l’on forme des maîtres géné-
                                              permis l’engagement d’une nouvelle             ralistes au détriment des maîtres spé-
                                              direction. Elle a également donné lieu         cialisés. Et elle s’observe encore dans
                                              à de nouveaux contrats qui rédui-              les médias, où l’on privilégie de plus                                        02
                                              saient considérablement le temps de            en plus la description aux dépens
                                              travail des programmateurs sans modi-          d’une analyse argumentée.
                                              fication notable de leur cahier des            Cette situation est regrettable et le
                                              charges. Véronique Ferrero Delacoste           milieu culturel a la responsabilité de
                                              et Eric Linder, en charge respective-          défendre la singularité et les projets
                                              ment de la danse et de la musique, ne          pointus portés par des spécialistes.
                                              se sont pas pliés à ces conditions. Ce         Nous avons le devoir de résister à la
                                              refus a eu pour effet leur départ et ils       facilité.
                                              ne seront pas remplacés. Alya Stüren-
                                              burg, au théâtre, a choisi de rester.                                                                 Claude Ratzé

                                                                                                                           Association pour la danse contemporaine
Sommaire                                                                                                          Nicole Simon-Vermot, Anne Davier et Claude Ratzé
                                                                                                                        Rue de la Coulouvrenière 8, CH-1204 Genève
                                                                                                                                               tél.: +41 22 329 44 00
                                                                                                                                               fax: +41 22 329 68 68
p. 3-9     Dossier: Le Röstigraben                                                                                                               www.adc-geneve.ch
                                                                                                                                                info@adc-geneve.ch
p. 11      Journées de danse
                                                                                                                                        Responsable de publication:
           contemporaine suisse                                                                                                                         Claude Ratzé
                                                                                                                                               Comité de rédaction:
p. 12      Pneuma 02:05                         Logement d’appoint pour artistes                            Katia Berger, Caroline Coutau, Anne Davier, Claude Ratzé

           Cindy Van Acker                      Vous disposez en ville de Genève d’une ou                                                 Secrétariat de rédaction:
                                                                                                                         Marie-Pierre Genecand, Jean-Marie Bergère
p. 13      Régi                                 de plusieurs chambres indépendantes,
                                                                                                                                           Ont collaboré à ce numéro:
           Boris Charmatz                       d’un appartement de vacances, ou vous                                                                 Caroline Coutau
                                                                                                                                             Martine Jaques-Dalcroze
p. 14      Eidos (forme définie)                êtes absent pour une semaine ou quinze                                                                    Anne Davier
                                                                                                                                                  Alexandre Demidoff
           Noemi Lapzeson                       jours. Nous cherchons à loger des artistes                                                               Myriam Kridi
                                                                                                                                                        Aude Lavigne
p. 15      La Pudeur des icebergs               et techniciens invités dans le cadre de                                                               Georges Leroux
                                                                                                                                                 Anne-Pascale Mittaz
           Daniel Léveillé                      notre prochaine programmation durant les                                                                Manon Pulver
                                                                                                                                                         Claude Ratzé
p. 17      Climax                               périodes suivantes:
                                                                                                                                         Graphisme: Alya Stürenburg
           Laurence Yadi, Nicolas Cantillon        - du 13 au 20 mars
                                                                                                                                                      Remerciements :
p. 18-19   Maison de la Danse:                     - du 16 au 23 mai                                                          Librairie Archigraphy, Halles de l’île, GE
                                                                                                                                               Éditions Infolio, Gollion
           l’Escargot, l’eau et le moulin
                                                                                                                                    Impression: Médecine & Hygiène
p. 20-21   Brèves                               Nous sommes en mesure d’offrir un                                         Tirage: 6’500 exemplaires; décembre 2005
                                                                                                                                      Prochaine parution: avril 2006
p. 22-23   Livres                               défraiement de 300.– la semaine.
                                                                                                                       Partenaire média:
p. 25      Portrait: Jean-Pierre Pastori        Si cela vous intéresse, merci de contacter
                                                                                              L'adc est subventionnée par le Département des Affaires culturelles de
p. 26      Cours et stages                      directement Nicole Simon-Vermot                 la Ville de Genève et par le Département de l'Instruction publique du
                                                                                               Canton de Genève. L’adc a reçu le soutien de la Loterie Romande pour
p. 27      Passedanse                           au 022 329 44 00.                                                       son installation dans la Salle des Eaux-Vives.

p. 28      Mémento
Le Röstigraben
          Une réalité qui forge l'identité de la danse suisse?

          Alors que la Suisse romande accueille les Journées de danse contemporaine suisse en
          janvier, le Journal de l'adc se penche sur la question de la danse suisse: quelle est sa
          singularité, qu'est-ce qui forge son identité? A-t-elle la capacité de voyager à l'intérieur
          du pays comme à l'étranger? Le fameux Röstigraben, qui désigne communément les diver-
          gences, réelles ou imaginées, entre la Suisse romande et la partie alémanique du pays,
          agit-il sur la production chorégraphique?

          131: c'est le nombre de productions         l'on a appelé «l'explosion de la nou-        Quid de la danse suisse? Le présent
          chorégraphiques suisses que le jury         velle danse française» dans les              dossier esquisse un état des lieux
          artistique des Journées de danse            années quatre-vingt, emmené par              avec les appréciations de dix person-
          contemporaine a visionné en une             Dominique Bagouet, Jean-Claude               nalités du monde chorégraphique
          année, d'octobre 2004 à octobre             Gallotta ou encore Bouvier-Obadia,           suisse qui ont répondu à deux ques-
03        2005. Soit environ 80 % de la produc-       pour n'en citer que quelques-uns, a          tions:
          tion globale du pays. C'est beaucoup,       été soutenu par l'arrivée de la gauche       1. Existe-t-il une «danse suisse» et
dossier   considérant les réelles difficultés de la   au pouvoir: la danse française s'est         comment pourriez-vous la qualifier?
          création chorégraphique qui peine           alors trouvée dans un contexte favora-       2. Pourquoi la danse créée dans une
          encore à trouver des moyens finan-          ble et s'est fortement singularisée,         région linguistique circule-t-elle si peu
          ciers et une reconnaissance à la            devenant alors l'une des plus recon-         dans les autres?
          mesure de son développement.                nues dans le monde. De même, Anne            Cette question si récurrente du
          Toujours est-il que la danse suisse a le    Teresa de Keersmaeker au Théâtre de          Röstigraben s'est encore peu posée
          vent en poupe: on le lit dans la presse     la Monnaie à Bruxelles puis avec son         formellement en matière de danse.
          spécialisée, on l'entend dans la bou-       école P.A.R.T.S., Alain Platel et le col-    Voyons si ce fameux fossé se confirme
          che des délégués culturels de diffé-        lectif d'artistes qu'il a fondé, malicieu-   pour cette discipline artistique dont
          rents cantons, on le constate dans les      sement appelé les Ballets C. de la B.,       on imagine spontanément qu'elle est
          théâtres. On l'éprouve et le prouve,        ou encore la danse physique de Wim           transrégionale parce que basée sur le
          enfin, avec l'engagement des milieux        Vandekeybus, caractérisent la danse          mouvement.
          culturels concernés dans la réflexion       de la Belgique flamande; or ces artis-
          fondamentale du «Projet Danse»1.            tes ont reçu le titre d'ambassadeurs                                                                  Anne Davier
                                                      culturels pour la Flandre – soit une
          Plusieurs paramètres semblent pour-         reconnaissance et des moyens claire-         Note:
                                                                                                   1. Le «Projet Danse» est un projet commun de l'OFC et de Pro Helvetia
          tant nécessaires pour que se dégage         ment octroyés qui, sans aucun doute,         qui réunit les cantons, les villes, le milieu de la danse et la confédéra-
                                                                                                   tion. Son objectif est de proposer aux artistes de meilleures conditions-
          dans un pays une identité artistique        ont servi à identifier ce qu'on appelle      cadres et de créer des instruments permettant de défendre et renforcer
                                                                                                   durablement la qualité de la danse en Suisse (voir www.pro-helvetia.ch
          forte. Par exemple, le phénomène que        aujourd'hui «la danse belge».                ou www.bak.admin.ch/bak).

                                                                                                                 Cuisson des röstis
                                                                                                                 n à l’huile
                                                                                                                 n au saindoux ou au beurre
Murielle Perritaz                                                                               Sandrine Kuster

1. Il me semble erroné de parler d’une     gnies indépendantes romandes arri-                   1. Peut-on affirmer qu'il existe une
danse suisse, française ou allemande.      vent en moyenne à financer deux fois                 danse suisse par le simple fait que
Ce sont surtout des formations, des        mieux leur budget de création que les                beaucoup de chorégraphes travail-
personnalités qui ont créé des cou-        compagnies germanophones.                            lent? Une année durant, le jury de
rants artistiques et contaminé des                                                              sélection pour les Journées de Danse
régions entières et ce, en favorisant      Murielle Perritaz a été la collaboratrice spécia-    Contemporaine Suisse a visionné plus
les courants tantôt innovateurs, tantôt    lisée pour le département danse de la Fondation      d’une centaine de spectacles dans
conservateurs, selon les politiques.       Pro Helvetia. Elle est aujourd’hui à Zurich au       toute la Suisse, sans parvenir à répon-
Nos artistes devant se former à l’é-       Theaterhaus Gessnerallee, en charge de la pro-       dre à toutes les invitations des com-
tranger, ils reviennent imprégnés d’in-    grammation danse.                                    pagnies. Cela ne signifie pas pour
fluences diverses. En tant que grands                                                           autant que cette pléthore soit mar-
«importateurs» d’interprètes étran-                                                             quée d'une identité artistique recon-
gers, les chorégraphes établis en                                                               naissable, ni locomotive d'une école
Suisse contribuent à cette mixité.                                                              porteuse d’un savoir-faire ou d'une
Par contre, cette «contamination»                                                               pratique particulière.
artistique n’a guère pu se faire sur                                                            Cependant, sommes-nous capables
l’ensemble du territoire au-delà des                                                            aujourd'hui de dire que la danse
barrières linguistiques. La présence                                                            belge ou française ressemble plutôt à
de Béjart n’a eu des conséquences                                                               ceci ou cela? Les modes et les cou-
qu’en Romandie. Et le Tanztheater                                                               rants ont disparu depuis les années
peine à toucher le public romand.                                                               quatre-vingt. Les groupes d'artistes
                                                                                                n’éprouvent plus le besoin de se
2. En observant les seules statistiques                                                         démarquer des institutions, des styles
                                                    n consommation de bûches de Noël
disponibles - le rapport d’activité de                                                          conventionnels, et la rupture avec les
Pro Helvetia - le constat est autre. Les                                                        courants en vogue pour représenter
échanges entre régions linguistiques                                                            l’avant-garde appartient au passé. De
ont bien lieu, mais pas de manière                                                              nos jours, tous les styles sont explo-
bilatérale. La rareté de ces échanges                                                           rés, qu’ils soient expressionnistes,
s’explique aussi par le faible nombre                                                           figuratifs, conceptuels, interdiscipli-
de salles susceptibles d’accueillir de     Roberto Maggini                                      naires, engagés…
la danse. Le Tessin est le principal                                                            Alors, plutôt que de se demander
importateur de danse d’autres              1. Lorsque l’on pense à la danse                     quelle est l'identité de la danse suis-
régions, grâce au travail de pionnier      contemporaine, on ne peut que cons-                  se, posons-nous la question de savoir
du Teatro Dimitri, mais aussi parce        tater la variété et la richesse créative             comment se porte ou survit la danse
qu’il s’agit d’une petite région, avec     des compagnies qui travaillent en                    en Suisse? La danse suisse souffre                 04
un nombre d’artistes locaux en pro-        Suisse. Pour cela, on doit affirmer                  d’un mal chronique: le manque de
portions limitées. Par contre, si les      qu’il existe une danse suisse. C’est                 reconnaissance de la part du poli-               dossier
Alémaniques invitent régulièrement         une réalité, avec des styles divers et               tique. La culture se décide toujours à
des Romands, les chorégraphes suis-        variés, miroir de notre diversité lin-               un niveau cantonal ou municipal, et la
ses allemands n’ont quasiment aucu-        guistique et culturelle. Cette situa-                portée de ces choix reste à la dimen-
ne chance d’être programmés en             tion est certes très enrichissante,                  sion de la taille du (petit) territoire
Romandie. Les raisons sont d’ordre         mais elle est aussi pénalisante, dans                concerné.
esthétique, historique et politique.       le sens qu’on ne peut y lire une force
Première hypothèse: la barrière de         commune. Or, nous ne devons pas                      2. Sur la question de la «circulation»
rösti existe. Nos références culturelles   oublier que la force de la danse                     des compagnies par-delà les frontiè-
sont différentes et ce, depuis les         consiste justement dans la transmis-                 res linguistiques, on est naturelle-
bancs d’écoles: Böll versus Camus.         sion d’une communication uni-                        ment amené à penser que la plupart
Idem pour Waldmann et Monnier. Nos         verselle.                                            des spectacles peinent à tourner en
régions ont été ainsi influencées par                                                           Suisse parce qu'ils ne sont pas appré-
des esthétiques très différentes et on     2. Au Tessin, grâce au Festival de                   ciés ou sont mal jugés aux travers de
se doit d’évoquer des raisons de goût.     danse de Verscio et Chiasso, qui exis-               codes (langues, humour) issus d'aut-
Ensuite, grâce à leur répertoire           tent déjà depuis plusieurs années, et                res contextes culturels. À mon avis, il
moderne ou néoclassique, les institu-      les développements prometteurs de                    s’agit d’un faux problème. Si les com-
tions romandes (Béjart, Ballet de          la politique cuturelle de Lugano et                  pagnies suisses tournent plus à l’é-
Genève) ont, à l’inverse des ballets       Ascona, on donne beaucoup d’espace                   tranger qu’à l’intérieur de leur propre
classiques suisses allemands, attiré       aux compagnies suisses romandes et                   pays, c’est en raison des grandes qua-
chez eux de nombreux danseurs deve-        suisses allemandes. Au Tessin, on a le               lités de leurs créations. Ces qualités
nus à leur tour chorégraphes.              sentiment qu’il s’est créé une forte                 retiennent l’attention des programma-
Parallèlement, une génération d’artis-     rupture entre la danse contemporaine                 teurs étrangers qui les sollicitent au
tes locaux est née en contrepoids. Les     de la Suisse romande et la danse des                 détriment du circuit national… Donc
autorités politiques romandes se sont      autres régions du pays. Pour éviter un               c’est plutôt un mieux qu’un mal.
risquées d’emblée à soutenir ces           monopole de la danse suisse roman-
artistes émergents. L’ensemble a           de, il est nécessaire que toutes les                 Sandrine Kuster est codirectrice du Théâtre de
contribué à irriguer en permanence le      régions de la Suisse entrent en dialo-               L'Usine à Genève dès son ouverture. Elle signe
champ chorégraphique, mélangeant           gue sur le sujet.                                    la programmation théâtre pour La Bâtie-
scène locale et internationale, déve-                                                           Festival de Genève et dirige, depuis 2002,
loppant une saine concurrence et éle-      Roberto Maggini apprend le chant populaire aux       l'Arsenic-Centre d’art scénique contemorain à
vant le niveau d’exigence.                 côtés de Dimitri, qu’il accompagne dans ses          Lausanne.
Troisième critère, la qualité des bud-     tournées à la fin des années septante. Il partici-
gets de production. On observe une         pe à divers spectacles de musique et théâtre au
nette différence entre les régions         Tessin, puis devient assistant de direction au
concernant les conditions de travail et    Théâtre de Locarno. En 2002, il est directeur du
les moyens de production. Les compa-       Théâtre Dimitri de Verscio.
Serge Rochat                                     Claudia Rosiny

          1. Vu d’ici, non, il n’y a pas de «danse         1. Pendant les vingt dernières années,    théâtres des petites villes. En ce qui
          suisse». S’il y en avait une, elle serait        la danse en Suisse a gagné en impor-      concerne les préférences du public, je
          é(im)migrée. Pour s’exprimer et affir-           tance. Grâce à la création de divers      suis toujours étonnée d’observer les
          mer son talent, le chorégraphe doit              festivals pendant les années quatre-      différences de réaction selon les
          émigrer (Huber, Jobin, Hauert…), à               vingt, la danse moderne a pu profiter     régions de Suisse. La Romandie s’o-
          moins qu’il ne doive immigrer pour les           d’une plate-forme semblable à celles      riente davantage vers la France, tandis
          mêmes raisons (Saire, Berrettini,                existant déjà en France, en Allemagne,    que la Suisse allemande s’oriente,
          Gdaniec/Cantalupo…). Comme pour                  en Belgique ou au Pays-Bas. On ne         elle, vers les pays germanophones.
          les carrières universitaires, la recon-          peut pas dire pour autant qu’il existe    L’humour, par exemple, n’est pas
          naissance (et peut-être l’épanouisse-            une véritable identité propre à la        perçu de la même manière partout. Le
          ment) passe par l’éloignement.                   danse suisse. La scène suisse de          «Röstigraben» touche également nos
          Mais il n’y a pas – encore – de danse            danse reflète plutôt des tendances        perceptions esthétiques et il est pro-
          suisse, ce qui est fort heureux car le           internationales: la Romandie et la        fondément ancré dans notre culture.
          nationalisme n’a rien à voir avec l’art,         Suisse alémanique créent des
          et fort malheureux car un label ren-             concepts qui remettent en question la     Claudia Rosiny est depuis 1991 coorganisatrice
          drait bien des services aux chorégra-            performance même et qui thématisent       des Berner Tanztage, dont elle assure la pro-
          phes que nous aimons; c’est la perti-            beaucoup la corporalité dans la           grammation et, depuis 1998, codirectrice du
          nence des Journées de danse conte-               danse. Je pense par exemple à Gilles      Kornhausforum à Berne.
          poraine suisse que d’œuvrer en ce                Jobin et Estelle Héritier en Suisse
          sens. En raison de la densité de choré-          romande ou Simone Aughterlony et
          graphes internationaux qui vivent                Alexandra Bachzetsis en Suisse alle-
          dans la région et malgré le manque               mande. Une identité propre – ou
          d’unité de leurs styles se dessine               même des groupes ayant trouvé un
          quand même une danse lémanique.                  style avec un rayonnement internatio-
          Aurais-je la même perception si j’habi-          nal – n’est pas repérable.
          tais Londres, Rome ou Vesoul?                    Actuellement, il me semble que, outre
                                                           des essais conceptuels, il y a de plus
          2. Si les blocages n’existaient qu’entre         en plus une tendance allant vers des
          les régions linguistiques, j’aurais une          pièces comiques – je pense à Alias,
          explication toute faite: les goûts du            Metzger/Zimmermann/de Perrot,
          public diffèrent selon sa langue.                Foofwa d’Imobilité, Jean-Marc Heim
          Hélas, au sein même de notre belle               ou la Compagnie Drift. Mais je ne
          Romandie, la situation n’est pas                 pense pas que cela suffise à en faire
          brillante, et ceux qui tentent les liai-         véritablement une «danse suisse». Ce
05        sons n’ont pas beaucoup d’appuis.                sont finalement des artistes isolés
          Pour moi les explications sont                   comme Anna Huber, Foofwa ou les
dossier   ailleurs. D’abord, dans le Röstigraben:          compagnies de Philippe Saire, Gilles
          les avis mutuels sur la danse de l’aut-          Jobin, Thomas Hauert ou Alias qui illu-
          re Suisse, par leur touchante similitu-          minent sporadiquement les scènes
          de, relèvent plus des mécanismes de              internationales.
          la xénophobie que de ceux de la cri-
          tique chorégraphique. Ensuite, parce             2. Je dois aborder deux thèmes com-
          que les goûts du public se forment au            plexes pour répondre à cette ques-
          cours du temps grâce aux programma-              tion: il faut, d’une part, faire encore
          teurs, qui eux-mêmes font partie de              beaucoup de progrès du point de vue
          réseaux dont les différents nœuds                de la coordination, du financement et
          sont géographiquement éloignés les               de la publicité pour les tournées
          uns des autres. La Suisse est si petite          nationales de groupes suisses.
          et bénéficie de moyens de transport si           D’autre part, le «Röstigraben» existe
          bons qu’un même réseau y est rare-               aussi dans l’univers de la danse. Et ce
          ment présent deux fois. Cela défavori-           aussi bien du point de vue qualitatif
          se le rapprochement des goûts entre              que du point de vue du public qui a
          les deux cotés du rideau de crêpes de            des goûts différents. De manière
          pommes de terre. Ces deux raisons                générale, la Romandie présente
          cumulées ne font pas honneur à notre             depuis quelques temps des produc-
          soi-disant vocation de modèle pour               tions plus intéressantes. Du coup, les
          l’Europe! Des raisons récentes mais              artistes romands font plus de tour-
          tangibles d’espérer: la présence de              nées en Suisse allemande que l’inver-
          Murielle Perritaz à la Gessnerallee de           se. Le réseau romand Corodis est
          Zurich, et les programmations lors des           exemplaire, mais il n’a aucun effet en
          Urbaines 2005 à l’Arsenic de Meret               Suisse allemande. Un tel réseau
          Schlegel du Tanzhaus Wasserwerk et               n’existe pas en Suisse allemande. Les
          de Catja Loepfe de la Rote Fabrik de             deux régions devraient travailler
          Zurich. Je n’aurais pas pu citer                 ensemble, voire fusionner, afin d’aller
          d’exemples il y a deux ans, voyons-y             à l’encontre de la frontière linguis-
          une inversion de tendance.                       tique. En l’état, il manque un bon
                                                           nombre d’organisateurs capables de
          Serge Rochat, ingénieur, est un spectateur de    payer des gages corrects. Et puis, il y
          danse contemporaine à tendance exhaustive. iIl   a la motivation des artistes eux-
          donne des coups de main dans des festivals et    mêmes. Aux Pays-Bas, les compa-
          assure la présidence de la Parano Fondation      gnies sont obligées de faire des tour-
          (Gilles Jobin) et celle de l’AVDC (Association   nées et elles présentent également
                                                                                                             n pratique des jeux traditionnels comme la lutte à la culotte,
          Vaudoise de Danse Contemporaine).                leurs spectacles sur les scènes des                 le tirer à la corde, le lever et le lancer de la pierre
Claude Ratzé                                       Meret Schlegel

1. La «danse suisse» n’existe pas!                 1. Il n’y a pas de «danse suisse»! La      nes novatrices et des écoles se trou-
Faute à l’absence d’une figure emblé-              scène de danse suisse est très hétéro-     vant en Europe ou outre-Atlantique.
matique, charismatique, inventive et               gène. Cette diversité s’étend des com-     Le «Röstigraben» n’est pas un obsta-
inspirante. Faute également à une                  pagnies de ballet des théâtres de          cle dans leur carrière, mais un petit
politique culturelle déficiente au                 villes à des plus petits groupes décri-    saut à faire, tout au plus!
niveau national. La danse est histori-             vant leur travail comme recherche. Il y    Je souhaite que le public soit plus
quement l’affaire des villes et de leurs           a autant de compagnies bien établies       curieux et plus apte à prendre des
grandes institutions dotées de corps               que de nouveaux venus qui disparais-       risques pour le développement de la
de ballet au vocabulaire majoritaire-              sent tout aussi rapidement.                danse suisse. Il y a encore tant à
ment néoclassique. Voilà une vingtai-              Que ce soit sur des scènes ouvertes        découvrir…
ne d’années, la danse contemporaine                ou des lieux fixes, les danseurs et les
ou dite libre (comme on aime à la                  chorégraphes circulent de plus en          Meret Schlegel est danseuse, chorégraphe et
nommer en suisse alémanique) s’est                 plus. Cela a des conséquences sur le       pédagogue. Elle dirige le Tanzhaus Wasserwerk
développée dans les milieux urbains                contenu et le style des spectacles.        à Zurich, soit la maison de la danse zurichoise.
et propose, malgré un grand nombre                 Plus qu’une frontière nationale, c’est
de difficultés, une affiche aussi riche            une frontière le long du «Röstigraben»
que variée.                                        qui se dessine. Ces divergences ten-
                                                   dent vers une orientation allant au-
2. Pourquoi, alors, a-t-elle de la diffi-          delà des frontières de la Suisse. Les
culté à circuler d’une région à l’autre?           échanges entre la Romandie et la
Selon moi, il existe deux facteurs. Tout           France sont beaucoup plus intenses
d’abord, contrairement à une idée                  que ceux entre la Suisse allemande et
reçue, la danse n’est pas un genre                 l’Allemagne, par exemple. Berlin, lieu
artistique universel accessible et                 d’une danse novatrice, est très éloi-
apprécié pareillement par tous. Il est             gné. De plus, l’organisation des théât-
fascinant d’observer à quel point la               res français et celle des théâtres alle-
création chorégraphique repose sur                 mands est très différente.
                                                                                                      Dans les légendes, l’animal qui fait peur aux enfants
des idées esthétiques très diverses                Les différences du point de vue de la              n la chouette
                                                                                                      n le loup
d’une région à l’autre. À partir de ce             gestion des soutiens sont aussi capi-
point de vue culturel, la question du              tales: un soutien continu et à long
goût n’est pas à nier. Comme pro-                  terme, comme c’est le cas en
grammateur, par exemple, j’ai beau-                Romandie depuis de nombreuses
coup de peine à apprécier une danse                années, permet un travail de longue
qui flirte avec le mime et sur laquelle            haleine, et les chorégraphes peuvent
plane parfois l’ombre des Mummen-                  monter leur propre compagnie et la         Catja Loepfe                                                      06
chanz et/ou de Dimitri. Sans manquer               maintenir. Grâce à cet aspect, il existe
de respect à ces deux grandes figures              des chorégraphes novateurs, des dan-       1. La «danse suisse» n’existe pas. La                           dossier
de la création suisse, je dois dire que            seuses et des danseurs qui sont une        Suisse produit une grande variété de
je ne souhaite pas programmer le cou-              source d’inspiration pour la scène de      styles de danse et d’esthétiques diffé-
rant de la danse alémanique et tessi-              danse ainsi que pour les futurs artis-     rentes, qui sont régionalement mar-
noise marqué par cette alchimie-là.                tes.De plus, il existe des institutions,   quées par les tendances des pays
En second lieu, la diversité des infras-           telles que l’Arsenic, qui offrent une      limitrophes. Au sein même de ces
tructures, de leurs missions et de                 place importante aux performances.         régions linguistiques, on ne peut pas
leurs organisations posent également               Jusqu’à présent, on soutient davan-        parler d’identité ou de style spéci-
problème. Dans notre pays, peu de                  tage les projets en Suisse allemande.      fique. On peut, tout au plus, tenter de
théâtres ou d’associations sont com-               Les travaux à long terme, comme c’est      soulever certaines tendances ou diffé-
parables. Rares sont ceux qui pro-                 le cas pour la création d’une compa-       rences. Alors que la danse suisse alé-
gramment de la danse à cent pour                   gnie, par exemple, sont donc rendus        manique est souvent décrite comme
cent. Cette discipline partage souvent             difficiles. Le soutien, qui est synony-    théâtrale, les productions romandes
l’affiche des théâtres et festivals avec           me de survie, est intimement lié au        sont, elles, plutôt conceptuelles et
d’autres genres artistiques quand ce               succès. Il existe ici une scène très       abstraites. La danse romande prend
ne sont pas les compagnies elles-                  hétérogène, de composition toujours        une orientation plus internationale et
mêmes qui louent directement des                   différente et avec peu de compagnies       elle correspond donc davantage aux
espaces où se produire. Ce système                 fixes. La danse est plus narrative et      tendances actuelles. Plutôt que de se
incroyablement varié ouvre la porte à              elle est souvent définie comme du          poser la question si une danse suisse
tous les types de créations chorégra-              «théâtre danse». L’aptitude à prendre      existe, il faudrait se demander si elle
phiques et c’est tant mieux, même si               des risques, que ce soit du point de       est de qualité. La qualité se trouve là
la qualité n’est pas toujours au ren-              vue du contenu ou du point de vue          où le terrain favorable à la création est
dez-vous.                                          émotionnel, est étouffée au profit         le plus riche. Ce terrain se constitue
Dès lors, les programmateurs de                    d’un résultat propre et net. Cela ne       de soutiens financiers et structurels,
danse ne sont pas si nombreux et il                mène pas à la virtuosité, mais offre       d’une politique clairvoyante, d’un
est donc difficile de se fédérer autour            tout de même des spectacles de             public à l’esprit ouvert et sensible,
de l’idée de la diffusion chorégra-                danse divertissants.                       d’échanges et de connexions entre les
phique. Souhaitons qu’avec le déve-                                                           artistes ainsi que de bonnes possibili-
loppement de structures plus profes-               2. La Suisse n’est pas connue pour         tés de formation ou de postformation.
sionnelles, les spectacles de qualité              aimer prendre des risques; on préfère      Ces éléments ne garantissent certes
tourneront d’une région à l’autre avec             miser sur ce qui est connu et qui a fait   pas le succès, mais ils y contribuent
plus d’aisance.                                    ses preuves. Cela vaut également           certainement.
                                                   pour le public suisse.                     La danse suisse n’existera jamais et
Claude Ratzé est chargé de la programmation        Les danseuses et les danseurs bou-         c’est une bonne chose. La danse vit
danse du Festival de la Bâtie de 1994 à 2002. Il   gent au-delà des frontières. Leurs         de sa diversité. Même en Suisse, il y a
dirige l’adc (Association pour la danse contem-    modèles ou leur références sont des        assez d’espace pour les formes, les
poraine, Genève) depuis 1992.                      artistes d’exception ainsi que des scè-    styles et les esthétiques les plus
Christina Thurner                                  Véronique Ferrero Delacoste

          variés. Les différences régionales enri-                           1. De manière générale, on ne peut                 1. La danse suisse existe dans sa plu-
          chissent la scène suisse et stimulent                              pas parler de «danse suisse», tout                 ralité à la différence de pays comme la
          la qualité des créations.                                          comme on ne parle pas globlalement                 France et la Belgique, qui ont généré
                                                                             de «littérature suisse» ni d’«art suis-            (dans les années quatre-vingt et no-
          2. Il n’y a que peu d’échanges entre                               se». Et pourtant, le terrain de tout tra-          nante) de véritables «courants».
          les régions. D’une part, les lieux                                 vail artistique n’est jamais vierge.               En effet, dans ces pays, nombres de
          exclusivement réservés à la danse                                  L’origine et le contexte, ainsi que le             danseurs et/ou chorégraphes sortant
          sont rares. Il faut souvent partager                               lieu et le moment de la création,                  des mêmes écoles ou centres de for-
          une salle destinée à d’autres discipli-                            jouent un rôle capital. Dans ce sens, la           mation ont exploré un langage res-
          nes et la danse doit se battre pour                                danse suisse est certainement impré-               semblant.
          avoir sa place. Il n’existe en effet pas                           gnée de caractéristiques culturelles,              À l’inverse, contrairement à d’autres
          assez de lieux permettant aux compa-                               lesquelles peuvent être considérées                domaines comme, par exemple, les
          gnies de partir en tournée.                                        ou décrites comme des «tendances».                 arts visuels, les artistes chorégra-
          D’autre part, cette imperméabilité                                 C’est ainsi que, depuis les années                 phiques suisses se sont souvent for-
          entre les régions est aussi due à la                               nonante, on peut noter une tendance                més et/ou ont pratiqué leur métier à
          qualité des créations. En ce moment,                               en Suisse romande montrant des per-                l’étranger. De plus, depuis dix ans,
          la Romandie produit des spectacles                                 formances qui travaillent sur la notion            des danseurs étrangers viennent
          de danse d’excellente qualité.                                     même de représentation et qui, par là,             rejoindre des compagnies suisses et
          L’exportation de compagnies roman-                                 se remettent en question. En Suisse                finissent par s’installer ici pour pour-
          des vers la Suisse allemande est donc                              allemande, en revanche, les produc-                suivre leur travail de création.
          beaucoup plus élevé que l’inverse.                                 tions sont plus théâtrales et mettent              Soit un croisement de cultures, qui
          Les préférences et l’esprit d’initiative                           en avant un humour excentrique. Cela               produit la grande diversité chorégra-
          des organisateurs jouent aussi, finale-                            a à faire avec le contexte culturel de             phique que l’on peut découvrir sur les
          ment, un rôle très important. Je pense                             chacun des artistes plutôt qu’avec des             scènes helvétiques.
          que la frontière linguistique y est pour                           caractéristiques propres à une culture             Parmi les derniers «immigrés» en
          quelque chose. Les compagnies se                                   régionale. Cela ne signifie pas non                Suisse, j’aimerais souligner la présen-
          montrent timides vis-à-vis des négo-                               plus qu’il n’existe pas de travaux                 ce de La Ribot, qui non seulement
          ciations avec les organisateurs d’une                              «déconstructifs» en Suisse alleman-                s’installe à Genève mais a obtenu un
          autre région linguistique. Les échan-                              de, tout comme on ne peut pas pré-                 poste d’enseignement aux Beaux-
          ges sont plus fréquents avec les pays                              tendre que la Romandie ne crée pas                 Arts. La danse, en Suisse, deviendrait-
          limitrophes, comme l’Allemagne,                                    des performances théâtrales. Les                   elle un art à part entière?
          l’Autriche, la France ou l’Italie, car le                          Suisses pourraient explorer des thé-
          problème linguistique n’existe pas.                                matiques comme l’ont fait les Belges,              2. Si notre pluriculturalité est une
          Les belles créations devraient circuler                            les Français ou les Allemands. Les dif-            force, elle est aussi un obstacle. Les
07        beaucoup plus dans la Suisse entière.                              férences sont plutôt dues aux habitu-              échanges se pratiquent plus facile-
          Il existe un réseau suisse d’organisa-                             des de conception, au degré d’expé-                ment avec l’étranger qu’à l’intérieur
dossier   teurs de spectacles de danse. On peut                              rience des créateurs et du public, aux             du pays.
          donc espérer, qu’à l’avenir, les échan-                            centres d’intérêts actuels, aux structu-           En Suisse, il y a une sorte de décala-
          ges soient plus fréquents.                                         res de soutien ou même au hasard.                  ge, non seulement dans les proposi-
                                                                                                                                tions chorégraphiques mais aussi
          Catja Loepfe a étudié l’ethnologie et l’anthropo-                  2. Je pense que cela vient moins des               dans le public. Par la plus forte pré-
          logie du théâtre. Elle est directrice du Théâtre                   spectacles de danse que du public et               sence des ballets institutionnels en
          Rote Fabrik à Zurich et se charge de la program-                   des organisateurs. On préfère montrer              Suisse allemande qu’en Romandie, la
          mation pour la danse, le théâtre et le théâtre                     et voir ce qui est tout «proche» ou                danse indépendante a eu du mal à
          pour enfants.                                                      alors ce qui est complètement «étran-              trouver sa place. Aujourd’hui, la situa-
                                                                             ger». L’intérêt porté à des spectacles             tion outre-Sarine change. La présence
                                                                             venant des autres régions de Suisse                de Meg Stuart au Schauspielhaus de
                                                                             n’est donc pas très important. Cette               Zurich, durant la période Marthaler, a
                                                                             tendance évolue. Si des compagnies                 laissé des traces. Une nouvelle géné-
                                                                             et des artistes arrivaient à avoir une             ration de danseurs-chorégraphes,
                                                                             certaine renommée et à éveiller l’inté-            comme Simone Aughterlony, Salomé
                                                                             rêt du public, alors des spectacles de             Schneebeli ou Alexandra Bachzetsis
                                                                             qualité tourneraient à travers la                  fait ses preuves. Le nouveau partenai-
                                                                             Suisse. En tant que journaliste aléma-             re de la grande maison zurichoise,
                                                                             nique, j’apprécie les productions                  William Forsythe, avec ses installa-
                                                                             romandes. D’autant que je suis du                  tions, sa présence dans la ville et la
                                                                             milieu et que je suis toujours curieuse            présentation de ses nouvelles pièces
                                                                             de mesurer l’évolution. C’est comme                va probablement générer de nouvelles
                                                                             dans une série télévisée, on veut                  dynamiques.
                                                                             connaître la suite! Cela dit, dans
                                                                             chaque région linguistique, l’offre cul-           Véronique Ferrero Delacoste dirige en 1995 un
                                                                             turelle est déjà très riche et il est donc         théâtre pour jeune public à Monthey, puis
                                                                             difficile de rendre le public attentif à la        rejoint en tant que programmatrice danse le
                                                                             danse d’autres régions. Il faut alors              FAR - Festival des arts vivants à Nyon et, en
                                                                             s’en remettre aux producteurs, aux                 2002, La Bâtie-Festival de Genève.
                                                                             publicitaires et aux médias.

                                                                             Christina Thurner est journaliste de danse pour
                                                                             la Neue Zürcher Zeitung, Ballet-tanz, Tanz-
                                                                             journal entre autres. Elle enseigne au
                                                                             Département de danse de l’Institut des Arts dra-
                   D’où viennent les bébés ?
                   n Ils naissent dans les choux ou les courges.             matiques et au NDS TanzKultur à l’Université de
                   n Ils naissent dans les arbres, les forêts, les rochers
                     ou les ruisseaux, selon les régions.                    Berne.
Doppelte Natur
C’est un chorus: le métissage et la diversité caractérisent
la danse contemporaine suisse, qui a souvent pris ailleurs
pour mieux redonner. De part et d’autre du rideau de rösti.

La Suisse n’a pas une longue tradition      son ballet. Ce faisant, la Suisse
en tant que lieu de création. Terre         devient une nation chorégraphique
d’exil au début du siècle passé pour        aux yeux du monde alors que le cho-
les artistes qui venaient s’y réfugier      régraphe ne produit déjà plus beau-
en période de guerre, elle a vu passer      coup de chocs esthétiques tels que
des figures marquantes mais aucun           celui de 1958: le succès de son Sacre
grand maître n’est sorti de son sein.       du printemps présenté au Théâtre de
Trois exemples: sur les rives du            la Monnaie à Bruxelles permit au cho-
Léman, Serge Diaghilev recompose en         régraphe de fonder son Ballet du XXe
six mois ses Ballets Russes que la          siècle. C’est donc une patte légère
guerre a dispersés; il est rejoint par      que la figure de Maurice Béjart laisse
une soixantaine d’artistes, dont            dans la création helvétique, avec
Léonide Massine et Igor Stravinsky.         quelques-uns de ses interprètes qui
Une étape lausannoise importante            fondent leur propre compagnie en
pour Diaghilev, qui embarque rapide-        Suisse1. Le fameux Prix de Lausanne
ment ses Ballets pour New York. À           fondé en 1972 a quant à lui le mérite
Monte Verità, colline surplombant           d’être suivi sur le petit écran par un
Ascona, Rudolf Laban rejoint par sa         grand public et de dispenser des
disciple Mary Wigman trouve les             bourses à de jeunes prodiges de tous
conditions idéales pour quêter de           pays, mais il n’a pas une influence
nouvelles voies d’inspiration et pour-      directe sur la production de l’art cho-
suivre sa recherche sur le mouve-           régraphique romand. Il permet sur-
ment, avant de rentrer en Allemagne         tout à ses lauréats de débuter une
une fois la paix recouvrée. Nijinsky,       belle carrière d’interprète.                                                             08
enfin, s’installe dans la villa             Des noms illustres et de grandes insti-
Guardamunt de Saint-Moritz dans l’i-        tutions, mais finalement peu d’inci-                                                   dossier
dée de travailler sur divers projets.       dence sur la création chorégraphique
Malheureusement, celui qui chorégra-        du pays. Déjà évoquée dans divers
phia et interpréta le mythique Après-       ouvrages sur la danse suisse2, l’hété-
midi d’un faune glisse rapidement           rogénéité semble définir durablement
dans la folie. Il reste vingt ans en        l’art chorégraphique du pays. Jusqu’à
Suisse, principalement interné.             la danse contemporaine, dont l’histoi-
Parallèlement, la Suisse se distingue       re suisse commence véritablement au
par une émigration conséquente de           début des années quatre-vingt avec
ses artistes, à l’image de la Zurichoise    presque rien. Le métissage s’impose
Trudy Schoop qui connut une belle           encore, puisque la figure forte et
renommée aux États-Unis avec sa             inspirante en terre romande est
danse de cabaret. Ils sont en effet         l’Argentine Noemi Lapzeson formée
nombreux dans l’entre-deux-guerres à        chez Martha Graham aux Etats-Unis.
quitter la terre helvétique pour briller    En Suisse allemande, la danse indé-
ailleurs et passer l’essentiel de leur      pendante s’éveille plus tard avec le
carrière à l’étranger, d’où leur caractè-   CH-Tanztheater; mais la région souffre
re parfois anonyme ici: Berthe              d’un manque de continuité, malgré le
Trümpy, Vera Skoronel, Maya Kubler,         travail soutenu de Drift, compagnie
Hans Züllig…                                emmenée par Béatrice Jaccard et
Du côté des institutions, pleins feux       Peter Schelling.
sur les ballets. La Suisse forme en
effet des balletomanes quand, au            Les vertus de la circulation
tournant des années cinquante, elle         D’après les réponses des personnali-
découvre les grands classiques et le        tés interrogées dans le présent dos-
répertoire russe. Ce qui permet au          sier, il semble que la danse contempo-
ballet d’entamer une phase de déve-         raine suisse s’écrive au pluriel: il y
loppement spectaculaire dans les            aurait une nette différence entre la
années septante et dans les principa-       danse produite en Suisse romande et
les grandes villes du pays avec,            celle d’Outre-Sarine. Quelques-uns le
notamment, Heinz Spoerli à Bâle (et         mettent en mots: les influences du
bien plus tard à Zurich), et la balanchi-   Tanztheater, de Dimitri ou des Mum-
nienne Patricia Neary à Genève. La          menschanz marquent encore la
décroissance générale du ballet néo-        Suisse alémanique, tandis que la
classique s’amorce à la fin des années      Suisse romande est tournée vers une
quatre-vingt tandis que Lausanne            danse plus abstraite. C’est sans doute    Jeu de Jass
                                                                                      n cartes à jouer germaniques (gland, etc.)
accueille en 1987 Maurice Béjart et         sur ce point que le Röstigraben se        n cartes à jouer françaises (pique, etc.)
révèle le plus profond. Ils sont nomb-             Keersmaeker, est aujourd’hui choré-
          reux à évoquer un vrai clivage au                  graphe, et sa compagnie ZOO est
          niveau des esthétiques, des goûts et               implantée et soutenue à Bruxelles. De
          de la qualité des productions choré-               même, la Bernoise Anna Huber est
          graphiques, certains relevant par                  établie à Berlin. Quelques autres
          ailleurs comment la Romandie se                    effectuent de beaux allers-retours,
          détache du reste de la production                  comme Foofwa d’Imobilité et Gilles
          nationale en proposant d’excellents                Jobin. Le premier, formé au Ballet
          spectacles qui traversent plus volon-              Junior de Genève, devient l’interprète
          tiers les frontières, dont celles, lin-            à New York de Merce Cunningham et
          guistiques, du pays.                               revient après dix ans à Genève en tant
          Il est notoire de constater comment la             que chorégraphe. Le second, issu de
          Suisse reste, comme au siècle passé,               la même école genevoise et du centre
          un pays ouvert pour la danse qui,                  de Rosella Hightower à Cannes, fait
          sous l’impulsion de créateurs d’origi-             ses premières armes dans les murs du
          ne étrangère tels que Guilherme                    Théâtre de l’Usine à Genève puis éta-
          Botelho ou Gisela Rocha, parvient à                blit sa compagnie à Londres avant de
          se régénérer – ce qui semblait moins               revenir le vent en poupe au pays.
          évident au temps de Diaghilev. Autre               La danse contemporaine suisse se
          exemple, la halte zurichoise de quatre             nourrit ailleurs. Elle ne se fédère pas
          ans de la chorégraphe américaine                   en chapelle, ne crée pas un courant
          Meg Stuart en tant qu’artiste en rési-             identitaire fort et identifiable hors de
          dence au Schauspielhaus a essaimé                  ses frontières. Et quand elle atteint un
          quelques talents. Parmi ses interprè-              niveau d’exception, elle est appelée
          tes, la Néo-Zélandaise Simone                      sur les scènes étrangères. Enfin, la
          Aughterlony, aujourd’hui chorégraphe               danse suisse résiste à toute tentative
          prometteuse à Zurich. William                      de définition auprès des personnali-
          Forsythe, qui succède à Meg Stuart,                tés interrogées: bien qu’il y ait beau-
          laissera peut-être derrière lui                    coup de danse en Suisse, il n’existe
          quelques talents.                                  pas une «danse suisse».
          Inversement, les artistes suisses qui              Alors qu’une belle partie du paysage
          font profession de la danse sont appe-             chorégraphique se compose d’artis-
          lés à se former à l’étranger, prioritaire-         tes émigrés et immigrés, le mythe
          ment faute de structures pédago-                   d’un pays quadrilingue s’envole,
          giques professionnelles. Certains ne               comme l’exprime Daniel de Roulet3.
          reviennent pas: le Soleurois Thomas                L’auteur explique comment les artis-
09        Hauert, interprète d’Anne Teresa de                tes suisses se sont habitués à rire de
                                                             l’avarice nationale, à jouir de la géné-
dossier                                                      rosité des villes et des cantons et à se
                                                             confronter directement à la mondiali-
             «Je peux sans autres m’imaginer                 té. Il relève enfin que, si les artistes
             que la Suisse se désagrège.»                    peuvent se passer d’un discours
                              Friedrich Dürrenmatt, 1990     national, l’État national, lui, ne peut
                                                             se passer d’un discours culturel.
             «Le Röstigraben me paraît en                    Oui, la danse contemporaine et indé-
             dernière analyse moins dange-                   pendante suisse a aujourd’hui une
             reux, pour la cohésion de ce                    très belle légitimité et se montre sûre
             pays, que l’emploi d’un parler                  d’elle. Elle n’est pas politique et guère
             caoutchouteux qui en estompe-                   engagée; elle n’est ni «trash», ni
             rait systématiquement les                       agressive, ni impertinente; elle n’est
             contradictions, les antagonis-                  pas plus dépressive que sensuelle. Si
             mes, voire tout simplement les                  elle se distingue, c’est au-delà des dif-
             différences.»                                   férences dessinées par le Rösti-
                                      Ruth Dreifuss, 1994    graben. Libre, elle ose se faire et se
                                                             fiche de son identité nationale.
             «Je vois que la Suisse est en
             danger d’éclatement.»                                                                                                AD
                           Jean-Pascal Delamurraz, 1995
                                                             Notes:
                                                             1. Cité dans le cahier spécial de la revue française Mouvement sorti pour
                                                             le 20ème anniversaire du Centre Culturel Suisse à Paris.
             «L’identité se forge (aussi) par                2. Le dernier en date est La Danse en Suisse, édité en 2000 par Pro
                                                             Helvetia.
             la différenciation. (…) Ce n’est                3. La compagnie de Vevey, Nomades, et celle de Pully, Linga, ainsi que la
                                                             Compagnie Buissonnière de Lausanne sont menées par d’anciens dan-
             pas en faisant des tentatives de                seurs étoiles de Maurice Béjart.

             rapprochement embarrassées
             et timides que nous renforce-
             rons notre identité, mais en por-
             tant une attention soutenue
             mais bienveillante à nos diffé-
             rences.»
                               Moritz Leuenberger, 2000

             Les illustrations de ce dossier et les cita-
             tions ci-dessus sont tirées de l’ouvrage
             Rideau de rösti – Röstigraben de Laurent
             Flütsch, Infolio éditions. Catalogue de l’ex-
             position du Musée romain de Lausanne-                         Jours «qui portent malheur»
             Vidy, du 24 mars 2005 au 15 janvier 2006.                     n mercredi
                                                                           n mardi
                                                                           n vendredi
10
Journées de danse
                      contemporaine suisse
                      Quinze spectacles sont programmés sur quatre jours, du 18 au 21 janvier, à Lausanne et
                      Genève. Très brève présentation de la programmation qui se découvre en détail sur le
                      site www.journeesdansesuisse.ch

                      Les 18 et 19 janvier à Genève                              Compagnie Nicole Seiler                                    Anna Huber / annahuber.compagnie.
                                                                                 Madame K / Lui                                             hierundoderhierundoderhierund-
                                                                                 Nicole Seiler fait dialoguer intelligem-                   oderdort
                      Guilherme Botelho / Alias                                  ment images et mouvements depuis                           Délicat, hierundoder… est ciselé par
                      I want to go home                                          2004. Dans Madame K, une danseuse                          l’ombre et la lumière. Bernoise instal-
                      Sur scène, six danseurs et trois                           se démultiplie sur écran alors que                         lée à Berlin, Anna Huber suit une ligne
                      monstres, symboles de nos terreurs                         dans Lui, un danseur rejoue la même                        artistique qui force les limites du solo
                      intimes et références au K, texte de                       thématique de l’être et du paraître,                       et frappe par la clarté du propos.
                      Buzzati qui donne son impulsion à                          mais du côté masculin.                                     Arsenic-studio, 20 janvier à 16h, 21 janvier à 17h30
                      cette chorégraphie.                                        Salle des Eaux-Vives, 18 janvier à 17h, 19 janvier à 23h
                      Théâtre Forum Meyrin, 18 janvier à 20h                                                                                Gilles Jobin / Parano Fondation
                                                                                                                                            Steak House
                      Cindy Van Acker / Compagnie Greffe                                                                                    Des murs, des meubles, des couvertu-
                      Pneuma 02:05                                                                                                          res, Steak House se présente comme
                      Après trois solos remarquables, la                                                                                    une chorégraphie fortement ancrée
                      chorégraphe crée sa première pièce                                                                                    dans la matière. Accompagné de cinq
                      de groupe (voir p. 12).                                    Les 20 et 21 janvier à Lausanne                            interprètes et de l’extraordinaire
                      Salle des Eaux-Vives, 18 janvier à 23h, 19 janvier à 17h                                                              machine musicale de Cristian Vogel,
                                                                                                                                            Gilles Jobin glisse vers l’onirisme.
11                    Filippo Armati                                             Compagnie Philippe Saire                                   Arsenic-grand plateau, 21 janvier à 21h30
                      My life as an art piece                                    Sang d’encre
du 18 au 21 janvier   Le Tessinois Filippo Armati existe                         Les six danseurs de la Compagnie                           Gisela Rocha Company
                      parce qu’il raconte et danse sur scène                     Philippe Saire se livrent à des com-                       Re Mind
                      son histoire. L’essentiel est là, aussi                    bats absurdes, des jeux furieux pour                       Enfant chérie de la scène zurichoise,
                      rationnel que radical, et doit convain-                    traduire les peurs, les dangers et l’in-                   Gisela Rocha transporte son public
                      cre le public: ma vie est-elle une                         sécurité.                                                  avec cette pièce raffinée qui s’appuie
                      œuvre d’art?                                               Théâtre Sévelin 36, 20 janvier à 17h30, 21 janvier à 21h   sur la recherche du temps perdu.
                      Théâtre de l'Usine, 18 janvier à 17h, 19 janvier à 23h                                                                Nostalgie des instants passés.
                                                                                 Compagnie Estelle Héritier                                 Arsenic-grand plateau, 20 janvier à 17h30
                      Simone Aughterlony                                         Pièces d’origine
                      Performers on Trial                                        Estelle Héritier poursuit avec cette qua-                  Laurence Yadi, Nicolas Cantillon /
                      Interprète sidérante de Meg Stuart,                        trième création une recherche sensible                     Compagnie 7273
                      Simone Aughterlony cherche, dans ce                        sur le corps et sa matérialité. Ici, le                    Simple proposition
                      duo, à persuader le spectateur de sa                       mouvement est créé en relation étroite                     Les deux chorégraphes découvrent un
                      valeur tout en questionnant la sincéri-                    avec l'environnement scénique: une                         registre expressif aussi déroutant
                      té de sa performance.                                      immense hélice en mouvement.                               qu’original. Leur Simple proposition
                      Théâtre de l'Usine, 18 janvier à 23h, 19 janvier à 17h     Arsenic-petit plateau, 20 et 21 janvier à 23h              dépose sur le plateau une danse ellip-
                                                                                                                                            tique qui donne libre place, pour le
                      Marco Berrettini / *Melk Prod.                             Alexandra Bachzetsis                                       public, à la reconstitution.
                      No Paraderan                                               Gold                                                       Arsenic-petit plateau, 20 janvier à 16h, 21 janvier à 17h30
                      En attendant la star du soir, huit per-                    Une pièce étrange sur le corps érotisé
                      sonnages sans auteur font leur show                        de la femme dans la culture hip-hop
                      et suscitent devant le rideau le fantas-                   contemporaine. La tendance porno-
                      me du spectaculaire. Pathétique,                           graphique des clips vidéo de R&B et
                      comique et flamboyant, cette pièce                         ses stratégies de marketing sont ici
                      joue sur le désir et la frustration de                     très intelligemment exposées.
                      l’art et du spectacle.                                     Arsenic-studio, 20 et 21 janvier à 23h
                      Théâtre Forum Meyrin, 19 janvier à 20h30                                                                              Réservations
                                                                                                                                            Pour les spectacles à Genève: 022 989 34 34
                                                                                 Thomas Hauert / Zoo                                        Pour les spectacles à Lausanne: 021 625 11 36
                      Foofwa d’Imobilité / Neopostist Ahrrrt                     Modify
                                                                                                                                            Infos
                      Benjamin de Bouillis                                       Subtil et baroque tout à la fois, Modify
                                                                                                                                            www.journeesdanseuisse.ch
                      À partir d’une étude sur des entretiens                    soumet le regard à une danse de la                         www.schweizertanztage.ch
                      et récits de décorporation, Foofwa                         profusion accaparée par un flux musi-                      www.swissconteporarydance.ch
                                                                                                                                            info@journeesdansesuisse.ch
                      d’Imobilité crée un solo qui fait la part                  cal. Fascinante, cette récente création                    022 321 81 00
                      belle aux analogies entre les cas                          du Soleurois établi à Bruxelles frappe
                                                                                                                                            Les Journées de danse contemporaine suisse 2006 reçoivent le soutien
                      pathologiques et le travail du danseur,                    par la relation des corps entre eux et                     du Département des Affaires culturelles de la Ville de Genève, du
                                                                                                                                            Département de l’Instruction publique de l’État de Genève, du
                      miroir du soi comme de l’autre.                            leur rencontre avec la musique.                            Département des Finances de l’État de Genève, de La Ville de Lausanne,
                                                                                                                                            de l’État de Vaud, de la Loterie romande et de Pro Helvetia-Fondation
                      Théâtre de l'Usine, 18 janvier à 17h, 19 janvier à 23h     Théâtre Sévelin 36, 20 janvier à 21h                       suisse pour la culture.
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