Prise en charge des lésions colorectales transformées

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Prise en charge des lésions colorectales transformées
POST’U (2022)

Prise en charge des lésions
colorectales transformées
    Mathieu PIOCHE
  	Service d’hépato gastroentérologie du pavillon L - Hôpital Édouard Herriot - Hospices Civils de Lyon - 5 place d’Arsonval -
    69437 LYON Cedex
    mathieu.pioche@chu-lyon.fr

                                                                                            permettant d’évaluer précisément
                                             Introduction                                   le risque de récidive ganglionnaire
                                                                                            des patients, et les lésions à risque
                                                                                            de malignité profondément invasive
                                             La prise en charge des polypes trans-          dans la sous-muqueuse peuvent être
                                             formés, pour être optimale, débute             divisées en deux sous partie : les
                                             avant même que la malignité ne soit            lésions avec dégénérescence invasive
                                             affirmée par les anatomo-patholo-              focale (< 10 mm) qui peuvent dans
                                             gistes. En effet, le choix de la stra-         près de 50 % des cas être guéries par
                                             tégie thérapeutique (endoscopie ou             une résection endoscopique R0 et les
Remerciements : je remercie bien             chirurgie) et de la technique de résec-        lésions invasives de manière large
sûr mes anapaths (Valérie Hervieu et         tion endoscopique (mucosectomie ou             (> 10 mm) qui doivent être consi-
Tanguy Fenouil) ainsi que le groupe          dissection sous-muqueuse) se base              dérées comme des maladies plus
de recherche conjoint avec Jérémie           sur la prédiction de la malignité et du
                                                                                            avancées justifiant d’un bilan complé-
Jacques, Jérôme Rivory, Timothée             degré d’invasion en se basant sur les
                                                                                            mentaire d’extension locorégionale
Wallenhorst, Romain Legros, Jean-            données de la caractérisation endos-
                                                                                            avec échoendoscopie et/ ou IRM en cas
Baptiste Chevaux, Marion Schaefer,           copique.
                                                                                            de lésion rectale et générale (scanner
Jérémie Albouys, Vincent Lépilliez,          Devant une lésion colorectale venant           thoracoabdominopelvien) avant une
Sarah Leblanc et Florian Rostain.            d’être détectée, le praticien doit prati-      éventuelle chirurgie avec curage
                                             quer un examen diagnostique avancé,            ganglionnaire. Après la résection,
                                             pour analyser la lésion et décrire sa          l’analyse histologique va s’attacher
 LIENS D’INTÉRÊTS                            forme macroscopique (vue distante              à préciser la profondeur d’inva-
                                             (de loin) en lumière blanche), la              sion, la présence ou non de budding
Participe à des sessions de formation
                                             présence ou non de zones démar-                significatif, la présence d’invasion
à la caractérisation et à la dissec-
                                             quées d’intérêt (examen global                 lymphovasculaire et la présence ou
tion sous-muqueuse pour Olympus,
                                             lumière blanche et/ ou chromoen-               non d’un composant peu différencié.
Norgine, Boston Scientif ic,
                                             doscopie virtuelle) et leur taille, et         En fonction de cette analyse histo-
Provepharm.
                                             préciser l’aspect du relief muqueux            logique, et après un bilan d’exten-
                                             et glandulaire de surface dans les             sion vérifiant l’absence de maladie
 MOTS-CLÉS                                   zones d’intérêt (vue de près avec chro-        métastatique pour les cancers T1
                                             moendoscopie virtuelle et/ ou zoom).           (N+ ou M+), le risque de récidive
Lésion néoplasique colorectale
                                             À partir de ces éléments, une prédic-          ganglionnaire ou métastatique peut
Caractérisation endoscopique                 tion statistique du risque de mali-            être évalué afin de déterminer si
Résection endoscopique                       gnité est possible et une prédiction           le malade est à très bas risque de
                                             de la profondeur d’invasion (superfi-          récidive, à bas risque ou à haut risque,
                                             cielle < 1 000 microns dans la sous-mu-        avant de décider d’une surveillance ou
 ABRÉVIATIONS                                                                               d’un traitement complémentaire en
                                             queuse ou profonde > 1 000 microns)
CONECCT : colorectal neoplasia classi-       vont permettre de choisir la technique         fonction de ce risque. Le traitement
fication to choose the treatment             de résection la plus adaptée. Ainsi,           complémentaire dépend de la locali-
ADK : adénocarcinome                         les lésions à bas risque de malignité          sation de la lésion avec des stratégies
Bd : Budding                                 peuvent faire l’objet d’une résection          néoadjuvantes de radiochimiothérapie
JSCCR : Japanese society of colorectal       monobloc ou fragmentée à l’anse                dans le rectum alors que la chirurgie
cancer                                       sans risque de sous-traitement, les            reste le traitement de 1re intention
RCP : réunion de concertation pluri-         lésions à risque de malignité super-           des lésions coliques à haut risque non
disciplinaire                                ficielle peuvent faire l’objet d’une           métastatique. Après le traitement de
ESGE : european society of gastrointes-      résection En Bloc avec marges R0 par           ces lésions transformées, trois types
                                                                                                                                       ENDOSCOPIE

tinal endoscopy                              dissection sous-muqueuse pour avoir            de surveillance doivent alors être
LVI : lymphovascular invasion                une analyse histologique de qualité            conduites en parallèle, la surveillance

                                                                445
Prise en charge des lésions colorectales transformées
du risque de récidive locale lorsque          Figure 1 : résultat de l’analyse histologique d’un adénocarcinome invasif
la résection n’était pas R0, la surveil-        dans la sous-muqueuse sur 1 400 microns avec emboles, en fonction
lance du risque régionale et générale                                du positionnement des coupes
pour les lésions à risque de récidive
ganglionnaire (bas et haut risque) et
la surveillance du côlon restant pour
la recherche des lésions métachrones
colorectales.

Épidémiologie

Sur les 44 000 nouveaux cas de
cancers colorectaux annuels, environ
20 % sont des formes superficielles
d’adénocarcinomes T1 (1). Parmi ces
cancers T1, plus de 90 % n’ont pas de
métastase ganglionnaire au moment
du diagnostic (2) et sont donc des
maladies essentiellement à risque
local et non régional. Le risque d’évo-
lution métastatique étant plus impor-      lésion ne soit en dysplasie de bas ou       dépassent parfois pas le mm, avoir des
tant dans le rectum et le côlon gauche     de haut grade (non transformée).            coupes tous les 2 mm conduit forcé-
(15 %) que dans le côlon droit (< 3 %).    Pour aller plus loin, il n’est pas excep-   ment à une perte d’information, qui
                                           tionnel que les composants d’invasion       est tolérée certes car intégrée dans les
                                           sous-muqueuse démarrent à partir            études montrant les faibles risques
                                           d’une zone plus large d’adénocar-           de récidive en fonction de l’histo-
Qu’appelle-t-on                            cinome intra-muqueux. En réalité, il        logie. Cependant, il est tout de même
                                           existe un continuum entre les lésions
une lésion transformée ?                   dysplasiques et le point le plus invasif
                                                                                       indispensable de prendre du recul sur
                                                                                       ce gold standard histologique dont
                                           d’une lésion avec des zones de plus
                                           en plus invasives en se rapprochant         la technique elle-même induit des
La définition même des lésions trans-
                                           du point le plus profond. Cela revient      erreurs d’échantillonnage et dont
formées est un sujet de vive discus-
                                           à dire que, compte tenu de la largeur       la reproductibilité inter-observateur
sion. Si la dénomination cancer
                                           des coupes anapath de 2 mm, décou-          est loin d’être parfaite. Une lésion
in situ, uniquement basée sur des
données cytologiques sans invasion         vrir un intra-muqueux doit conduire à       transformée est une lésion invasive,
de la membrane basale n’est plus           la plus grande prudence car un foyer        c’est-à-dire contenant des cellules
utilisée (carcinome in situ = dysplasie    plus invasif pourrait partir d’une zone     malignes capables d’envahir les struc-
de haut grade), l’adénocarcinome           d’adénocarcinome intra-muqueux              tures adjacentes et cela existe dès le
intramuqueux correspond bien à             entre deux coupes. La figure 1 montre       stade intra-muqueux. Pour ces lésions
une tumeur invasive puisque la lame        combien l’échantillonnage induit par        invasives, une résection carcinolo-
basale est franchie avec une invasion      les largeurs de section des pièces de       gique semble préférable de manière
du chorion, voire de la musculaire         dissection peut conduire à des résul-       à obtenir une pièce orientée et fixée
muqueuse. Pourtant, pour la plupart        tats discordants.                           plutôt qu’une multitude de petis frag-
des auteurs européens, le cancer           En effet, à l’échelle d’une tumeur          ments où la détection de l’information
colorectal commence au stade T1b,          colique où les foyers d’invasion ne         devient aléatoire (figure 2).
c’est à dire avec les lésions enva-
hissant la sous-muqueuse, que l’on
appelle d’ailleurs cancer T1, excluant       Figure 2 : représentation schématique de l’intérêt d’une résection en bloc
du débat les T1a. C’est à ce stade T1b     avec marges afin de trouver l’information (profondeur d’invasion, infiltration
que le risque de métastase ganglion-            lymphovasculaire, Budding) par rapport à une résection fragmentée
naire semble apparaître faisant passer
la lésion d’une maladie assurément
locale à une maladie à risque minime
d’évolution régionale. Pourtant cette
définition arbitraire est très discu-
table, et accepter que le piece meal
soit suffisant pour l’intramuqueux
mais pas pour le sous-muqueux
semble une option très imprécise ! La
dégénérescence des lésions coliques
n’est pas homogène, il est excep-
tionnel de trouver une lésion trans-
formée sans qu’une majorité de la

                                                             446
Prise en charge des lésions colorectales transformées
Figure 3 : Rôle d’aiguillage de l’endoscopiste devant
                           une néoplasie colorectale                                     Peut-on prédire
                                                                                         la transformation
                                                                                         par les techniques
                                                                                         de caractérisation
                                                                                         endoscopique ?

                                                                                         En d’autres termes, s’agit-il ou non
                                                                                         d’une lésion contenant un foyer d’adé-
                                                                                         nocarcinome ou non ? Il existe deux
                                                                                         types de raisonnement permettant de
                                                                                         répondre à cette question selon que
                                                                                         la zone de dégénérescence est visible
                                                                                         ou non.

                                                                                         Les critères statistiques
                                                                                         Des critères statistiques associés au
                                                                                         risque de dégénérescence existent en
                                         la prise en charge diagnostique et              fonction de la forme macroscopique
Comment peut-on                          thérapeutique (figure 3). Sa décision           de la lésion notamment, ou encore
prédire l’histologie                     se fera le plus souvent en temps réel,          l’existence d’un aspect en « peau de
                                         conduisant immédiatement à la prise
de la lésion                             en charge thérapeutique adaptée
                                                                                         poulet » péri-lésionnelle même lorsque
                                                                                         le cancer n’est pas clairement visible.
avant de la réséquer ?                   (mucosectomie par exemple) pour les             Ces deux critères peuvent être étudiés
                                         lésions les moins suspectes de dégé-            à partir d’images en lumière blanche
                                         nérescence, ou de manière reportée,             de la lésion, et la photo parfaite
La meilleure technique de prédic-
                                         lorsque la lésion requiert un avis              permettant de répondre à la question
tion de l’histologie et de l’exten-
                                         diagnostique extérieur (téléexper-              serait une image unique visualisant
sion des lésions colorectales est la
                                         tise sur dossier photos), une prise en          l’ensemble de la lésion de suffisam-
caractérisation endoscopique (3)
qui est capable de séparer les           charge thérapeutique endoscopique               ment loin (figure 4A) pour avoir toute
lésions bénignes [cf. synthèse           par une autre technique (résection              la lésion mais de suffisamment près
CONECCT figure 8, CONECCT IS             par dissection sous-muqueuse par                pour en déterminer la forme macros-
et IIA (4)], les lésions à risque de     exemple) ou un bilan d’extension                copique (nodules, dépression…) et
malignité ou les lésions malignes        avant une éventuelle chirurgie.                 repérer des zones d’intérêt comme
mais superficielles (CONECCT IIC) et
les lésions profondément invasive                  Figure 4 : photos clefs d’une analyse par endoscopie avancée
(CONECCT III, T1 avec invasion                                          de lésion colorectale
sous-muqueuse > 1 000 microns).
En effet, l’IRM et l’écho-endoscopie
sont mises en défaut pour le staging
des tumeurs T1 (5) et c’est seule-
ment dans le cas des lésions inva-
sives profondes que l’IRM (dans le
rectum uniquement) est un examen-
clef pour évaluer le degré de cette
invasion en profondeur (T2, T3 ou T4)
et rechercher des ganglions. L’écho-
endoscopie rectale peut également
être utile pour les lésions mobiles
ou en cas de contre-indication à
l’IRM afin de prédire si la tumeur
envahit ou non le muscle. En sus, le
scanner thoraco-abdominopelvien
est également utile, non pas pour
préciser le stade T mais pour évaluer
le statut ganglionnaire et métas-
tatique à distance. Mais le point de
départ commun à toutes ces prises
en charge est bien la caractérisation
endoscopique, obtenue au cours d’un      2A - Vue de loin en lumière blanche pour analyse forme macroscopique
examen diagnostic avancé, véritable      2B -	Photo repérage en lumière blanche des zones d’intérêt spécifiques au sein de la lésion
                                                                                                                                        ENDOSCOPIE

examen d’expertise qui fait de l’en-           (red sign/green sign)
doscopiste un véritable aiguilleur de    2B -	Photo de près (+/-zoom) en chromoendoscopie du relief muqueux et vasculaire

                                                            447
Prise en charge des lésions colorectales transformées
une zone déprimée, un nodule ou                      Figure 6 : Aspect en « peau de poulet » ou « chicken skin »
encore une zone rouge en lumière
blanche (red sign) (6). Cette image,
compromis entre la forme macrosco-
pique entière et la netteté du détail,
n’est pas toujours évidente à obtenir
mais semble très utile pour prédire
la taille et la durée d’intervention et
guider les étapes de l’examen minu-
tieux ultérieur des zones d’intérêt.

Sur la forme macroscopique, indé-
pendamment de l’aspect du relief
muqueux des cryptes (pit pattern)
et des vaisseaux de surface (vascular
pattern), il est possible de prédire le
risque de cancer invasif. Dans l’étude
japonaise du National Cancer center
Hospital (7), le risque de cancer T1
(T1b exactement) était corrélé à la
forme macroscopique des tumeurs
à extension latérale LST (Laterally
spreading tumours). Ainsi, les LST
non granulaires pseudodéprimées
                                          La détection des zones d’intérêt            dégénérescence est parfois évident
(figure 5) sont les plus à risque avec                                                lorsqu’un nodule ou une dépression
près de 47 % de risque de cancer T1b      La deuxième étape de notre travail
                                          de photographe, cherchant par               sont clairement identifiés (figure 7)
devant les LST non granulaires planes                                                 dans la lésion mais peut parfois être
ou surélevées. Pour ces LST non granu-    un minimum d’images à traduire
                                          le maximum d’information est de             plus difficile lorsque la zone est petite
laires, la distribution de la dégéné-                                                 ou lorsque la forme macroscopique de
rescence n’est pas focale mais le plus    détecter les zones d’intérêt éven-
                                          tuelles, car ce qui nous intéresse est de   la zone est peu différente du reste de
souvent multifocale, et extrêmement                                                   la lésion. Le repérage des couleurs
difficile à localiser avant exérèse.      détecter une éventuelle zone de dégé-
                                          nérescence dont l’histologie empor-         peut être utile car la densité vascu-
L’aspect en peau de poulet est un autre   tera la décision thérapeutique et le        laire dans les zones de dégénéres-
élément dont la présence est associée     pronostic du patient. En effet, faire       cence peut être différente du reste
à un sur-risque de malignité (8) et qui   200 photos de l’adénome de 10 cm a          de la lésion créant alors un contraste
doit être utilisé que comme un critère    peu d’intérêt quand il contient aussi       spontané. Ce contraste se traduit par
d’alerte, poussant à faire un examen      un foyer de cancer invasif profond          la présence de zones démarquées
encore plus minutieux et non comme        à 1 000 microns sur quelques milli-         souvent rouges en lumière blanche
un critère robuste pouvant à lui seul     mètres sur un foyer de la lésion            et parfois encore plus évidente en
orienter la prise en charge.              (figure 3B, 3C). Repérer les zones de       utilisant les modes de chromoendos-
                                                                                      copie virtuelle réhaussant le contraste
                                                                                      vasculaire où elles apparaissent alors
  Figure 5 : Critères statistiques de risque de cancer T1 au sein des laterally       en vert (6).
                                spreading tumours
                                                                                      Les critères visibles
                                                                                      Certains critères d’analyse fine de
                                                                                      la lésion permettent de prédire la
                                                                                      dégénérescence plus précisément
                                                                                      que les statistiques macroscopiques.
                                                                                      Pour bien les voir, il faut produire des
                                                                                      images nettes, si possible zoomées,
                                                                                      de la zone d’intérêt en chromoendos-
                                                                                      copie virtuelle (et/ ou réelle). Ainsi
                                                                                      la présence d’une zone démarquée
                                                                                      de pattern plus irrégulier [Kudo Vi
                                                                                      (9,10), Sano IIIa (11)] est associée à
                                                                                      un risque plus élevé de foyers d’adé-
                                                                                      nocarcinome qu’une lésion avec du
                                                                                      pattern parfaitement régulier de
                                                                                      type Sano II ou Kudo IV. Lorsqu’un
                                                                                      foyer de pit pattern Vn est présent, on
                                                                                      retrouve dans notre expérience quasi-
                                                                                      ment toujours de l’adénocarcinome
                                                                                      (95.7 % dans notre expérience) alors
                                                                                      qu’en cas de pit pattern Vi (lésions

                                                            448
Prise en charge des lésions colorectales transformées
Figure 7 : Détection d’un nodule dans une dépression sur lequel                         accessibilité, et efficacité carcinolo-
               on va porter particulièrement l’examen minutieux                                  gique. Pour les lésions CONECCT IIC,
                                                                                                 qui représentent une proportion
                                                                                                 importante des lésions, plus de
                                                                                                 60 % des lésions sont en réalité des
                                                                                                 adénomes, mais il n’est pas possible à
                                                                                                 l’heure actuelle de différencier parmi
                                                                                                 ces lésions celles qui seront trans-
                                                                                                 formées et celles qui ne le sont pas
                                                                                                 encore. De ce fait, deux approches
                                                                                                 sont possibles selon l’accès et l’ex-
                                                                                                 pertise en dissection sous-muqueuse.
                                                                                                 Soit on est en faveur de la dissection
                                                                                                 sous-muqueuse, et on considère qu’il
                                                                                                 vaut mieux traiter toutes ces lésions
                                                                                                 par dissection sous-muqueuse pour
                                                                                                 ne pas sous-traiter les 37 % d’adéno-
                                                                                                 carcinomes contenus parmi les lésions
                                                                                                 CONECCT IIC, acceptant de faire des
                                                                                                 dissections un peu « abusives » dans
                                                                                                 63 % des cas. Dans cette stratégie,
7A -	Vue de loin en lumière blanche
                                                                                                 toutes les lésions sont réséquées
7B -	Vue de loin en NBI (peu d’apport si ce n’est le Green sign sur le nodule plus vert foncé   avec un objectif de R0, permettant
      que le reste)
                                                                                                 d’avoir une analyse histologique de
7C,7E -	Relief régulier
                                                                                                 qualité carcinologique permettant
7D -	Zone de pit pattern Vn focal                                                               d’évaluer le budding, l’infiltration
                                                                                                 lymphovasculaire et la profondeur
CONECCT IIC), la fréquence des                    Résultats de la caractérisation                d’invasion pour évaluer précisément
adénomes est beaucoup plus impor-                 endoscopique (figures 8 et 9)                  et de manière individualisée le risque
tante avec près de 65 % de lésions                                                               de récidive métastatique ganglion-
complétement bénignes. Il reste à                 Lorsque l’on classe une lésion                 naire. Cependant, cette qualité
évaluer la proportion d’adénocar-                 CONECCT IIA, son risque de contenir            carcinologique ne rend vraiment
cinome lorsque le pit pattern irrégu-             du cancer T1b est nul, et de ce fait,          service qu’aux patients avec lésion
lier est limité à une zone démarquée              la mucosectomie fragmentée semble              transformée. Si au contraire, on est
pouvant correspondre à une zone                   être la bonne solution thérapeutique           en faveur de la mucosectomie et que
focale de dégénérescence.                         pour combiner faible morbidité,                l’on accepte d’avoir des résections

                           Figure 8 : rappel de la classification CONECCT reliant les classifications existantes

                                                                                                                                           ENDOSCOPIE

                                                                     449
Prise en charge des lésions colorectales transformées
Figure 9 : résultats de la caractérisation avec CONECCT sur 663 lésions consécutives réséquées R0 monobloc

fragmentées d’adénocarcinomes             Peut-on prédire la profondeur               Sano IIIb est importante et, lorsque la
intramuqueux (25 %), et sous-mu-          d’invasion des lésions                      zone focale de pattern invasif est petite
queux (11 %), cela peut conduire          transformées ?                              (< 10 mm) ou très petite (< 6 mm), une
dans un certain nombre de cas à des                                                   partie des lésions aura une invasion
                                          La prédiction de la profondeur d’in-
chirurgies de précaution adjuvantes                                                   superficielle (< 1 000 microns, lésion à
                                          vasion par caractérisation endosco-
pour ne pas méconnaître une forme                                                     très bas risque dans 30 % des cas) ou
                                          pique est beaucoup plus efficace que
de haut risque à risque de métastase                                                  profonde sans autre critère péjoratif
                                          la prédiction de la transformation
ganglionnaire.                                                                        (lésion à bas risque dans 25 % des
                                          superficielle (< 1 000 microns dans la
                                                                                      cas). Ainsi les indications de dissec-
                                          sous-muqueuse).
En réalité, il n’existe aucune étude                                                  tion sous-muqueuse sont maintenant
randomisée entre mucosectomie             En effet, la corrélation entre la prédic-   étendues à des lésions CONECCT III
fragmentée et dissection sous-mu-         tion superficielle et profonde est assez    focal (< 10 mm) car une partie des
queuse R0 pour évaluer l’information      bonne avec les critères de pattern          patients pourrait être guérie par
histologique perdue lorsqu’une pièce      muqueux et vasculaire.                      dissection sous-muqueuse R0 sans
est coupée en multiples fragments                                                     chirurgie (figure 3).
                                          Les cancers superficiels ont générale-
plutôt qu’en monobloc R0. Pourtant,
                                          ment des reliefs muqueux irréguliers        Considérations techniques
le poids d’un embole lymphovascu-
                                          (Kudo Vi, Sano IIIa, CONECCT IIC,           Mucosectomie
laire manqué est majeur puisque que
                                          JNET 2B) mais conservés sans zone
le risque de métastase ganglionnaire                                                  La mucosectomie à l’anse a connu
                                          amorphe ou avasculaire. Ces lésions
est multiplié par 8 à 10 passant de 4 à                                               une révolution ces dernières années
                                          peuvent être discrètement dépri-
43 % (14), pour un budding manqué                                                     faisant même remettre en question
                                          mées mais non ulcérées. Au contraire,
le risque passe de 12 à 70 % (15)                                                     l’intérêt et le caractère protecteur de
                                          les lésions invasives profondes
alors qu’une mesure imprécise de la                                                   l’injection sous-muqueuse. En tout cas,
                                          (> 1 000 microns) ont généralement
profondeur d’invasion a beaucoup                                                      pour obtenir une résection En Bloc et
                                          des reliefs très altérés avec des zones
moins d’impact (14). L’étude rando-                                                   a fortiori R0, il apparaît que la tech-
                                          amorphes (Kudo Vn) ou avasculaires
misée multicentrique nationale                                                        nique standard de mucosectomie n’est
                                          (Sano IIIb) et peuvent avoir, dans
RESECT, coordonnée par Jérémie                                                        pas optimale et ne doit plus vraiment
                                          les formes très invasives (> T2), des
Jacques, permettra de répondre à                                                      être utilisée en première intention.
                                          formes macroscopiques ulcérées
cette question mais aussi d’évaluer                                                   En effet, deux optimisations de la
                                          (Paris III).
le risque de récidive locale et l’in-                                                 mucosectomie sont venues animer
térêt médico-économique d’une stra-       En réalité, les choses sont plus com-       le débat avec d’une part la mucosec-
tégie de dissection sous-muqueuse         plexes et d’autres paramètres sont          tomie avec ancrage (avec injection
par rapport à la mucosectomie frag-       nécessaires pour trancher. Ainsi, par       sous-muqueuse) (16,17) et d’autre
mentée.                                   exemple, la taille de la zone Vn ou         part la mucosectomie sous-marine

                                                            450
Prise en charge des lésions colorectales transformées
sans injection sous-muqueuse (18).          endoscopiste/ anatomo-pathologiste           la lésion donnant alors des chiffres
Dans un essai randomisé japonais            est d’importance capitale. En effet, si      d’invasion beaucoup plus élevés.
récent, le taux de résection En Bloc        l’expertise endoscopique est indispen-       Pour l’instant, il n’existe pas encore
pour les lésions de 15 à 25 mm passait      sable pour bien caractériser et bien         de données comparatives permet-
avec l’ancrage de 73 à 90.2 % (19).         réséquer les lésions, l’expertise anato-     tant aux anatomopathologistes de
En parallèle, la technique de muco-         mopathologique est peut-être encore          choisir la meilleure technique de
sectomie sous-marine a montré des           plus importante.                             mesure.
bénéfices similaires passant de 75 à
                                            L’expertise du service d’anatomo-          -	La différenciation tumorale avec la
89 % de résections En Bloc et de 50 à
                                            pathologie débute par le travail des          description des contingents indiffé-
69 % de résections R0 (20). En atten-
                                            techniciens qui vont photographier, et        renciés avec ou sans cellules indé-
dant des données comparatives et des
                                            effectuer la prise en charge macros-          pendantes.
critères de jugement (festonnée versus
                                            copique de la lésion. La coupe de
adénome) pour choisir entre sous-ma-                                                   -	La présence de bourgeonnement
                                            la lésion est très exigeante afin de
rine et ancrage, toute résection de                                                       tumoral (Budding) sur le front
                                            pouvoir répondre à la question des
lésion de 15 à 25 mm avec une volonté                                                     d’invasion et son classement en
                                            marges latérales.
de En Bloc doit être tentée avec une                                                      budding minime (Bd1) ou signifi-
version optimisée de la mucosectomie.       En effet, selon la technique de coupe         catif (Bd2 ou Bd3) (27).
                                            et le positionnement des coupes après
Pour les lésions de diamètre supérieur                                                 -	
                                                                                         La présence d’une infiltration
                                            examen macroscopique de la pièce,
à 25 mm, la résection sera le plus                                                       lymphovasculaire (terme de la litté-
                                            il est possible ou non de détecter la
souvent fragmentée. Là encore, les                                                       rature en anglais), que l’on qualifie
                                            marge positive qui fait de cette résec-
choses ont évolué avec l’apparition de                                                   souvent d’emboles en français, et
                                            tion une résection R1 (figure 10b) et
technique de résections fragmentées                                                      qui peuvent être lymphatiques
                                            non R0 (figure 10a).
à l’anse froide, qui semblent surtout                                                    (facteur de risque de métastases
adaptée pour les lésions peu épaisses       Une fois les lames produites (et/ ou         ganglionnaires) ou veineuses
comme les festonnées. Pour cette            numériser), les informations néces-          (facteur de risque de métastases à
technique, l’injection sous-muqueuse        saires pour statuer sur le risque d’évo-     distance).
n’est pas indispensable et des données      lution métastatique ganglionnaire de
complémentaires sont nécessaires            la lésion sont :                           Il sera probablement très important
pour le confirmer. Pour les adénomes                                                   à l’avenir de savoir si l’analyse a été
                                            -	
                                              Le degré d’invasion en distin-           faite avec ou sans technique d’immu-
épais, la technique de mucosectomie
                                              guant les intramuqueux (chorion          nohistochimie (et lesquelles) pour
fragmentée conventionnelle, en étant
                                              ou contact avec la musculaire            déterminer la sensibilité de l’analyse
le plus jointif possible, semble encore
                                              muqueuse sans la franchir) des           microscopique selon la technique
la référence.
                                              cancers T1 dont l’invasion sous-mu-      utilisée par l’anatomo-pathologiste.
Une évolution majeure à intégrer dans         queuse est prouvée.
toutes nos résections fragmentées est                                                  Risque de récidive ganglionnaire
                                            -	La profondeur d’invasion mesurée        des cancers T1 et conséquences
de détruire les berges après la résec-
                                               au micromètre en utilisant une
tion par du courant de coagulation                                                     Risque nul
                                               des techniques de mesure et en
douce afin de diminuer, voire de quasi
                                               la précisant clairement car des         Les adénocarcinomes intramu-
annuler, le risque de récidive locale tel
                                               discordances importantes peuvent        queux ont un risque nul d’évolution
que décrit par nos collègues austra-
                                               exister selon la méthode de             métastatique ganglionnaire et leur
liens (21).
                                               mesure [Kitajima (24), Ueno (25)        résection R0 conduit à une résection
Dissection                                     ou JSCCR (26)]. Ainsi, lorsque la       curative. Par contre, une coloscopie
                                               musculaire muqueuse peut être           de contrôle à un an est recommandée
La dissection en 2021 est une dissec-
                                               identifiée, la mesure de la profon-     comme pour tous les adénocar-
tion optimisée, avec des outils de
                                               deur d’invasion sous-muqueuse se        cinomes coliques afin de dépister les
nouvelle génération multifonctions,
                                               fait à partir du niveau de la muscu-    lésions synchrones qui auraient pu
qui ne s’envisage plus sans système
                                               laire muqueuse alors que si elle        être manquées au moment de la colos-
de traction dans les services expéri-
                                               est détruite ou non identifiable, la    copie initiale, focalisée sur la lésion
mentés (22). D’une traction simple,
                                               mesure se fait depuis la surface de     péjorative.
nous sommes passés à une traction
multipolaire sur l’ensemble de la
lésion afin d’exposer le plan sous-mu-                 Figure 10 : Résultat R0 ou R1 en fonction de la technique
queux au mieux et gagner du temps                                         de coupe de la pièce
et renforcer la sécurité (23). La tech-
nique est efficace, à faible risque avec
environ 0.5 % de risque de chirurgie
pour complication et une mortalité
nulle dans toutes les séries.

Décision en RCP tumeur
superficielle.
Critères histologiques attendus
                                                                                                                                  ENDOSCOPIE

Pour prendre en charge les lésions
superficielles colorectales, le binôme

                                                              451
Prise en charge des lésions colorectales transformées
Très bas risque                            En conclusion, la prise en charge des
Dans les recommandations ESGE,             lésions transformées est évolutive          Références
sont définies comme à très bas risque      et complexe mais très exigeante en
de récidive ganglionnaire (< 1 %)          termes de compétences diagnostiques         1.	Kubisch CH, Crispin A, Mansmann U, et
les lésions sm1 (< 1 000 microns),         et thérapeutiques. Le premier rôle              al. Screening for Colorectal Cancer Is
bien différenciées, sans infiltration      de l’endoscopiste, une fois la lésion           Associated With Lower Disease Stage:
                                                                                           A Population-Based Study. Clin Gastro-
lymphovasculaire ni budding signifi-       détectée, est de la caractériser par
                                                                                           enterol Hepatol 2016; 14: 1612-1618.e3.
catif (Bd0 ou Bd1).                        endoscopie avancée afin de choisir              doi:10.1016/j.cgh.2016.04.008
                                           la meilleure stratégie thérapeutique
Pour ces lésions, la surveillance par                                                  2.	Okabe S, Shia J, Nash G, et al. Lymph
                                           pour la lésion et pour le patient. Une          node metastasis in T1 adenocar-
imagerie se discute pour un risque de
                                           fois caractérisée, le choix thérapeu-           cinoma of the colon and rectum. J
récidive métastatique < 1 %. Elle n’est
                                           tique dépend du terrain du patient,             Gastrointest Surg 2004; 8: 1032–1039;
pas recommandée aux Pays-Bas mais                                                          discussion 1039-1040. doi:10.1016/j.
dans notre centre par exemple, nous        du type de lésion et en particulier
                                                                                           gassur.2004.09.038
avons décidé de suivre les patients par    de son risque d’atteinte adénocar-
                                           cinomateuse avec envahissement              3.	Sumimoto K, Tanaka S, Shigita K, et al.
un TDM TAP annuel pendant 5 ans                                                            Clinical impact and characteristics of
associé à la coloscopie à un an qui elle   sous-muqueux ainsi que de l’expertise
                                                                                           the narrow-band imaging magnifying
est recommandée par l’ESGE.                locale pour chacune des techniques.             endoscopic classification of colorectal
                                           L’avantage majeur de la dissection              tumors proposed by the Japan NBI
Bas risque                                 sous-muqueuse par rapport à la                  Expert Team. Gastrointest Endosc 2016.
                                                                                           doi:10.1016/j.gie.2016.07.035
Cette notion de bas risque est nou-        musosectomie est d’offrir à toutes les
velle en France et concerne les            lésions à risque l’opportunité d’avoir      4.	Fabritius M, Jacques J, Gonzalez J-M, et
lésions T1 avec invasion sous-mu-          une résection de qualité carcinolo-             al. A simplified table mixing validated
                                                                                           diagnostic criteria is effective to improve
queuse > 1 000 microns sans autre          gique ainsi qu’une analyse histolo-             characterization of colorectal lesions: the
critère péjoratif (bien différenciées,     gique optimale. Le traitement par               CONECCT teaching. Endoscopy Interna-
sans infiltration lymphovasculaire ni      mucosectomie des lésions accessibles            tional Open 2019; in press
budding significatif) dont le risque de    en dissection expose à des traitements      5.	Salinas HM, Dursun A, Klos CL, et al.
récidive ganglionnaire est de l’ordre      insuffisants et la discussion en RCP est        Determining the need for radical surgery
de 3 %. Pourtant les Hollandais ont        toujours sensible : doit-on opérer ou           in patients with T1 rectal cancer. Arch
d’ores et déjà franchi le pas en ne                                                        Surg 2011; 146: 540–543. doi:10.1001/
                                           non un patient du fait de la perte d’in-        archsurg.2011.76
demandant plus à leurs anatomopa-          formation induite par le piece meal ou
thologistes de mesurer la profondeur       peut-on être optimiste et considérer le     6.	L afeuille P, Fenouil T, Bartoli A, et
d’invasion car leur méta-analyse sur                                                       al. Green-colored areas in laterally
                                           malade guéri malgré une histologie              spreading tumors on narrow-band
plus de 21 000 cancers T1 montre
                                           suboptimale ? En 2021, il semble diffi-         imaging: a future target for artifi-
que la profondeur d’invasion n’est pas                                                     cial-intelligence-assisted detection
                                           cile de ne pas intégrer le patient dans
un facteur de risque indépendant et                                                        of malignancies? Endoscopy 2021.
                                           ce choix. Il est alors nécessaire de lui
surtout que la chirurgie prophylac-                                                        doi:10.1055/a-1488-6297
                                           présenter d’une part le sur-risque
tique systématique ne protège pas                                                      7.	Yamada M, Saito Y, Sakamoto T, et al.
                                           minime de la dissection pour une
significativement du risque de réci-                                                       Endoscopic predictors of deep submu-
                                           prise en charge optimale, plus précise,
dive chez ces patients (28). Quand                                                         cosal invasion in colorectal laterally
les chiffres de la colectomie montrent     et d’autre part, si ce sur-risque n’est         spreading tumors. Endoscopy 2016; 48:
jusqu’à 1.7 % de mortalité aux Pays-       pas acceptable, évoquer la mucosec-             456–464. doi:10.1055/s-0042-100453

Bas, et plus de 20 % de morbidité,         tomie piece meal plus sûre mais à           8.	
                                                                                          G uan J, Zhao R, Zhang X, et al.
toute recommandation de chirurgie          risque de perte d’information et de            Chicken skin mucosa surrounding
                                           récidive locale. L’inconvénient prin-          adult colorectal adenomas is a risk
adjuvante pour un risque bas de réci-                                                     factor for carcinogenesis. Am J Clin
dive devrait être pesée et exposée         cipal de la dissection sous-muqueuse
                                                                                          Oncol 2012; 35: 527–532. doi:10.1097/
au patient dans une discussion             par rapport à la mucosectomie reste            COC.0b013e31821dedf7
partagée.                                  sa faible disponibilité sur le territoire
                                                                                       9.	Kudo S, Tamura S, Nakajima T, et al.
                                           et l’absence de prise en charge finan-          Diagnosis of colorectal tumorous lesions
Haut risque                                cière adaptée (cotation et rembour-             by magnifying endoscopy. Gastrointest
Pour toutes les autres lésions T1,         sement de l’acte ainsi que prise en             Endosc 1996; 44: 8–14
c’est à dire avec budding significatif     charge des surcoûts matériels liés à        10.	
                                                                                          K u d o S , R u b i o C A , Te i x e i r a C R ,
ou infiltration lymphovasculaire ou        la technique). Après résection à visée         et al. Pit pattern in colorectal
composant indifférencié, les risques       curative, l’histologie reste le juge de        neoplasia: endoscopic magnifying
d’évolution métastatique ganglion-                                                        view. Endoscopy 2001; 33: 367–373.
                                           paix pour classer la lésion en sans
naire dépassent largement les 10 %                                                        doi:10.1055/s-2004-826104
                                           risque (adénomes, adénocarcinome
et le bilan d’extension en vue de la       intramuqueux), à très bas risque (T1        11.	Uraoka T, Saito Y, Ikematsu H, et al.
chirurgie adjuvante est obligatoire.                                                      Sano’s capillary pattern classification
                                           sm1, LVI -, Budding-, bien ou moyen-           for narrow-band imaging of early
En cas de lésion rectale à haut risque     nement différencié), à bas risque (T1          colorectal lesions. Dig Endosc 2011; 23
avec un seul critère péjoratif, et en      sm2 ou sm3, LVI -, Budding -, bien             Suppl 1: 112–115. doi:10.1111/j.1443-
                                           ou moyennement différencié) ou à               1661.2011.01118.x
l’absence d’atteinte ganglionnaire de
voisinage ou métastatique à distance,      haut risque (Budding +, LVI +, peu          12.	Le Roy F, Manfredi S, Hamonic S, et
des stratégies de conservation rectale     différencié). En fonction, la prise en         al. Frequency of and risk factors for
                                                                                          the surgical resection of nonma-
avec traitement adjuvant de type           charge adjuvante (bilan d’extension,
                                                                                          lignant colorectal polyps: a popula-
radiochimiothérapie sont en cours          chirurgie et surveillance ultérieure)          tion-based study. Endoscopy 2015.
d’évaluation.                              sera décidée.                                  doi:10.1055/s-0034-1392976

                                                             452
13.	de Neree Tot Babberich MPM, Bronzwaer            19.	Imai K, Hotta K, Ito S, et al. T ip-in    24.	Kitajima K, Fujimori T, Fujii S, et al. Correla-
    MES, Andriessen JO, et al. Outcomes                  Endoscopic Mucosal Resection for 15-            tions between lymph node metastasis
    of surgical resections for benign colon              to 25-mm Colorectal Adenomas: A                 and depth of submucosal invasion
    polyps: a systematic review. Endoscopy               Single-Center, Randomized Controlled            in submucosal invasive colorectal
    2019; 51: 961–972. doi:10.1055/a-0962-9780           Trial (STAR Trial). Am J Gastroenterol          carcinoma: a Japanese collaborative
                                                         2021; 116: 1398–1405. doi:10.14309/             study. J Gastroenterol 2004; 39: 534–543.
14.	Yasue C, Chino A, Takamatsu M, et al.               ajg.0000000000001320                            doi:10.1007/s00535-004-1339-4
   Pathological risk factors and predictive
   endoscopic factors for lymph node                  20.	Yamashina T, Uedo N, Akasaka T, et al.
   metastasis of T1 colorectal cancer:                   Comparison of Underwater vs Conven-         25.	Ueno H, Mochizuki H, Hashiguchi Y, et
   a single-center study of 846 lesions.                 tional Endoscopic Mucosal Resection            al. Risk factors for an adverse outcome
   J Gastroenterol 2019; 54: 708–717.                    of Intermediate-Size Colorectal Polyps.        in early invasive colorectal carcinoma.
   doi:10.1007/s00535-019-01564-y                        Gastroenterology 2019; 157: 451-461.e2.        Gastroenterology 2004; 127: 385–394
                                                         doi:10.1053/j.gastro.2019.04.005
15.	Patel N, Vyas M, Celli R, et al. Adverse
   Histologic Features in Colorectal                                                                 26.	Hashiguchi Y, Muro K, Saito Y, et al.
                                                      21.	Sidhu M, Shahidi N, Gupta S, et al.
   Nonpedunculated Malignant Polyps                                                                     Japanese Society for Cancer of the
                                                         Outcomes of Thermal Ablation of the
   With Nodal Metastasis. Am J Surg                                                                     Colon and Rectum (JSCCR) guidelines
                                                         Mucosal Defect Margin After Endoscopic
   Pathol 2020; 44: 241–246. doi:10.1097/                                                               2019 for the treatment of colorectal
                                                         Mucosal Resection: A Prospective, Inter-
   PAS.0000000000001369                                                                                 cancer. Int J Clin Oncol 2020; 25: 1–42.
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                                                                                                        doi:10.1007/s10147-019-01485-z
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             5
                                                   Les cinq points forts
                                                   ●	La transformation maligne des lésions colorectales débute le plus
                                                      souvent par une dégénérescence focale avec un continuum de
                                                      l’adénocarcinome intra-muqueux à l’adénocarcinome profondé-
                                                      ment invasif (> 1 000 microns).

                                                   ●	La caractérisation endoscopique est la technique la plus efficace
                                                      pour prédire l’histologie et choisir la meilleure stratégie théra-
                                                      peutique.

                                                   ●	La résection endoscopique, moins morbide que la chirurgie, est
                                                      le traitement de choix des lésions transformées superficielles à
                                                      très bas ou à bas risque d’évolution métastatique ganglionnaire.

                                                   ●	La double expertise endoscopique/anatomopathologique est
                                                      déterminante pour la bonne prise en charge des patients.

                                                   ●	L’histologie de la pièce et le degré de qualité de la résection
                                                      permettent de décider en réunion de concertation pluridis-
                                                      ciplinaire de cancérologie digestive du caractère curatif de la
                                                      résection et de la nécessité de proposer une surveillance ou un
                                                      traitement complémentaire.
                                                                                                                                                             ENDOSCOPIE

                                                                         453
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