Programme Africain de Lutte contre l'Onchocercose - Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne - World Health ...
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PROGRAMME AFRICAIN DE LUTTE CONTRE L’ONCHOCERCOSE Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne Renforcement potentiel des systèmes de santé par les interventions sous directives communautaires
© Copyright Programme africain de lutte contre l’onchocercose (OMS/APOC), 2007. Tous droits réservés. Les publications de l’OMS/APOC bénéficient de la protection du droit d’auteur conformément à la Convention Universelle sur les droits d’auteur. Toute utilisation des informations contenues dans le présent document doit mentionner la recon- naissance de OMS/APOC comme étant la source. Pour les droits de reproduction ou de traduction partielle ou totale du document, une demande doit être adressée au Bureau de la Directrice d’APOC, OMS/APOC, B.P. 549 Ouagadougou, Burkina Faso, dirapoc@oncho.afro.who.int. De telles demandes sont les bienvenues. Graphisme: Lisa Schwarb, Suisse. Photographes: Hannah Brown, Andy Crump, Peter Williams
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne Renforcement potentiel des systèmes de santé par les interventions sous directives communautaires
«Le traitement sous directives commun a u t a i r e s f a i t n o n s e u l e m e n t avance r l a p r o m o t i o n d e l a s a n t é e t la lutt e c o n t r e l a m a l a d i e , m a i s e n pl us il r e nf o r c e le s s tr u c tur e s de base du s y s t è me de s a n t é … a i da n t ainsi l e s p a y s à p r o g r e s s e r d a n s l e respect d e s e ngag e m e n t s de s O b je c - tifs de Développement du Millénaire.»
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne Rés u mé a na l y ti q ue Dans beaucoup de pays africains, les systèmes Ces problèmes qui sont profondément enraci- nationaux de soins de santé souffrent d’une nés ont pendant longtemps inhibé les efforts grave faiblesse marquée par le manque de pour améliorer la santé publique, tandis que personnel et de ressources. Durement frappés le manque de fonds, la bureaucratie, et l’inertie par la migration du personnel et les mala- politique empêchent les gouvernements dies, ils ont également tendance à privilégier d’investir suffisamment dans le renforcement largement les populations urbaines ; ce qui du système de santé. Cependant, un pro- se traduit par la rareté sinon le manque de gramme de santé publique a non seulement formations sanitaires dans les zones rurales. produit de bons résultats dans ces condi- Partout en Afrique, il y a un grand manque tions difficiles, mais a également démontré d’expertise en santé publique alors que les l’efficacité d’un modèle d’implication com- besoins sont énormes. L’inadéquation de munautaire par laquelle les systèmes de santé, même dans les pays les plus pauvres ravagés l’éducation sanitaire, de la prévention et des par les conflits, peuvent être soutenus en par- stratégies de lutte contre les maladies ex- tant de la base vers le haut. posent des millions de personnes aux risques de maladies tropicales, évitables, causées Le Programme Africain de Lutte contre l’On- par des vecteurs – dont l’onchocercose – qui chocercose (APOC), qui a été créé en 1995, a devraient être maîtrisées avec les outils actu- débuté avec un défi majeur: comment organi- ellement disponibles. ser la distribution de masse d’un médicament, fourni gratuitement, à tous ceux qui en ont Il existe des vaccins et des médicaments besoin dans toutes les zones endémiques dont efficaces pour faire face aux menaces à la beaucoup sont éloignées des centres de santé santé les plus communes et les plus dévasta- urbains. L’Organisation Mondiale de la Santé trices. Mais l’inefficacité des systèmes sanitai- (OMS), l’UNICEF, le PNUD, et le Programme res africains, plus particulièrement en Afrique spécial de Recherche et de Formation sur les subsaharienne signifie que ces solutions ne Maladies Tropicales (TDR) financé par la Ban- sont pas appliquées sur le terrain. Beaucoup que Mondiale, travaillant de concert avec des des défis portent sur l’intégration de pro- chercheurs Africains ont trouvé une solution grammes focalisés sur des maladies spéci- qui consistait à la prise en charge et le contrôle fiques dans les soins de santé primaire, une de la distribution du médicament par les com- plus grande délégation aux agents de santé munautés mêmes des zones affectées. Ils l’on communautaires et la création de stratégies baptisée “traitement sous directives commu- de santé publique pour la prévention des ma- nautaires”. En 2006, en utilisant cette stratégie, ladies, toutes choses qui sont des composan- 46,2 millions de personnes vivant dans les pays tes des engagements pris par les pays dans endémiques ont été traités par des distribu- le cadre des Objectifs de Développement du teurs de médicaments formés qui ont été Millénaire. choisis par les communautés en leur sein. 3
L’approche du traitement sous directives com- Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne munautaires a eu des résultats substantiels dans la lutte contre la cécité des rivières. Selon les données d’une récente évaluation d’im- pact sur la santé, en 2007, près d’un million d’années de vie ajustée à l’infirmité (DALYs) ont été évitées par l’APOC grâce au traitement à l’ivermectine sous directives communautai- res, représentant plus de 55% de tous les DALY qui auraient été perdues dans les pays de l’APOC si le traitement n’était pas intervenu. Mais APOC a également créé un réseau de distributeurs communautaires qui peut, s’il est pérennisé, apporter une contribution substantielle au renforcement des systèmes de soins de santé primaire dans les pays où les projets sont exécutés. APOC a mis en place des structures de base là où le système de santé de routine. Dans certains pays, plusieurs programmes de lutte contre les maladies ont été combinés utilisant tous le réseau de distributeurs communautaires pour atteindre les populations les plus reculées. La nécessité d’établir des partenariats avec les agents de santé locaux dans la formation de ces volon- taires communautaires crée des liens plus forts entre les communautés et leurs services de soins de santé tandis que la nécessité de suivre les cas d’effets secondaires crée aussi des liens de communication plus forts pour les soins d’urgence. Cependant, tandis que APOC engrange des succès dans les 108 zones de projet dans 16 pays, son mandat prend fin en 2015. Le maintien d’une bonne couverture du trai- tement de masse à l’ivermectine au delà de cette date exige la mise en place d’un système fort et durable. L’intégration de programmes focalisés sur une seule maladie, comme c’est le cas d’APOC, dans les structures existantes du système de santé accroît l’efficacité de la délivrance de soins de santé primaire et permet de pérenniser les acquis sanitaires du- rement gagnés. Malheureusement, tandis que la rhétorique politique de haut niveau soutien de manière générale ce genre d’intégration, on constate la maigreur de progrès réalisés dans le sens de l’allocation de fonds appro- priés ou de la prise de mesures pratiques pour en assurer la durabilité au-delà de 2015. Les gouvernements africains doivent recon- naître que tandis que le renforcement des systèmes sanitaires par l’approche verticale sanitaire. Le traitement sous directives com- traditionnelle exige du temps et un investis- munautaires peut accélérer les changements sement massif de ressources, les interventions dans la promotion de la santé, la prévention sous directives communautaires, comme l’a des maladies et offrir la possibilité de lutter démontré APOC, sont un nouveau modèle contre plusieurs des principales maladies de délivrance de soins de santé primaire qui chroniques dont la fréquence augmente aussi offre le double avantage de la responsabilisa- bien dans les pays pauvres que dans les pays tion des communautés et d’appui au système riches. 4
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne Table des matières Résumé analytique 5 Contexte 6 APOC et le traitement sous directives communautaires 9 Intégration du traitement sous directives communautaires dans les systèmes sanitaires: justification 15 Intégration du traitement sous directives communautaires dans les systèmes de santé: les avantages 19 Intégration du traitement sous directives communautaires dans les systèmes de santé: les défis 22 Horizon 2015: réaliser la pérennité 25 Conclusions 29 Bibliographie 31 Annexe I: Listes des acronymes 32 Annexe II: Listes des images, encadrés et tableaux 32 Remerciements 33 5
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne «La re c o n n a i s s a n c e i n t e r n a t i o n a l e de l a m e nac e q u e c o n s t i tue n t le VI H / SI DA , le p al u d is me e t la tube r c ulo - se a ap po r t é au x p a ys e n dé ve lo p p e - ment un a f f l u x d e f o n d s q u i é t a i e n t v raimen t né c e s s ai r e s p o u r la s a n - té... M ais av e c d e s s ys tè m e s de s a n t é aussi faib l e s , c e t a r g e n t n e p e u t p a s être ut il is é au mieu x . » Co n t e x tE Dans beaucoup de pays africains, les systèmes mais ne compte que 3% des agents de santé nationaux de soins de santé souffrent d’une et dispose de moins de 1% des dépenses grave faiblesse marquée par le manque de mondiales de santé. Avec des changements personnel et de ressources. Durement frappés démographiques qui accroissent la demande par la migration du personnel et les mala- en agents de santé dans les pays riches, et les dies, ils ont également tendance à privilégier pays pauvres de plus en plus accablés par le largement les populations urbaines ce qui lourd fardeau des maladies qui vient s’ajouter se traduit par la rareté sinon le manque de aux problèmes déjà existants des maladies in- formations sanitaires dans les zones rurales. fectieuses, la situation ne peut que s’empirer. Partout en Afrique, il y a un grand manque Une campagne soutenue et une attention d’expertise en santé publique alors que les internationale changeante ont imposé une besoins sont énormes. L’inadéquation de nouvelle priorité aux dangers que posent l’éducation sanitaire, de la prévention et des l’insécurité sanitaire permanente dans les stratégies de lutte contre les maladies expo- pays en voie de développement, ainsi qu’une sent des millions de personnes aux risques de plus grande reconnaissance de l’importance maladies tropicales évitables causées par des d’une santé publique et d’un système de soins vecteurs – dont l’onchocercose – qui de- de santé primaire robustes dans la protec- vraient être maîtrisées avec les outils actuelle- tion contre les flambées de maladies. L’OMS ment disponibles. a déjà promis que son prochain Rapport sur Le Rapport sur la Santé dans le Monde, 2006 la Santé de Monde qui doit paraître en 2008, de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) portera sur l’important rôle des soins de santé place la Région Africaine «à l’épicentre de la primaire dans l’accès aux conditions préala- crise mondiale du personnel de santé», parce bles essentielles pour la santé. Cependant, les qu’elle supporte 24% du fardeau des maladies pays qui connaissent les plus graves pro- 6
blèmes pour offrir des formations sanitaires traitement contrairement aux programmes Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne de base à leurs populations sont paralysés précédents qui avaient adopté des approches par le manque de fonds, la bureaucratie, le à base communautaire, dans lesquelles les manque de médecins correctement formés, agents de santé formés de manière formelle les immenses fardeaux des maladies, et dans imposaient les interventions aux communau- certains cas, les conflits en cours. L’existence tés, habituellement avec leur accord, mais de ces innombrables problèmes signifie que sans leur participation. Les preuves rassem- dans beaucoup de cas, il est simplement hors blées tout au long des 12 années d’expérience de question de réserver le temps et les res- d’APOC démontrent maintenant de façon sources qui doivent être investies pour venir convaincante que le traitement sous direc- à bout des crises que connaissent les services tives communautaires peut non seulement de santé. réussir à arrêter des maladies particulières comme l’onchocercose, mais fait également La persistance de ces problèmes signifie avancer la promotion de la santé et la lutte qu’il faut trouver une nouvelle solution aux contre les maladies, renforce les structures du déficiences du système sanitaire. Il existe des système de santé, facilite le développement vaccins et des médicaments efficaces, mais de meilleurs liens entre les communautés et ils ne sont pas appliqués sur le terrain et une les agents de santé, et constitue une étape grande partie des personnes qui devraient cruciale dans l’aide apportée aux pays dans le bénéficier le plus de ces interventions sont sens de la réalisation de leurs engagements trop éloignées des services existants. Mieux, pour les Objectifs de Développement du le déploiement équitable des agents de santé Millénaire. pour assurer un accès universel au traitement contre le VIH/SIDA, l’accroissement de la délé- gation aux agents de santé communautaires, et la mise au point de stratégies de santé publique pour la prévention des maladies sont toutes des composantes essentielles des engagements pris par les pays dans le cadre des Objectifs de Développement du Millé- naire. Mais les approches actuelles offrent peu de chance de réaliser ces objectifs d’ici la date butoir de 2015. Avec le récent afflux de fonds consacrés à des maladies spécifiques pour combattre les maladies qui font le plus de ravages, à savoir le VIH/SIDA, le paludisme, et la tuberculose, une attention internationale d’un nouvel ordre est accordée aux problèmes sanitaires des pays pauvres. L’OMS a également contri- bué à mettre la santé en bonne place dans l’agenda politique mondial avec le tout der- nier Rapport sur la Santé du Monde intitulé Un avenir plus sûr: la santé publique mondiale au vingt et unième siècle, en posant la menace sécuritaire que constituent les épidémies non maîtrisées, qui peuvent survenir dans des zones où la surveillance et les services de soins de santé primaire sont faibles. Le moment est donc venu de discuter des voies par lesquelles des investissements durables peuvent se faire pour mieux lutter contre les épidémies qui peuvent être évitées. L’expé- rience du Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose (APOC), qui très tôt après son lancement en 1995 a adopté une stratégie innovatrice pour toucher les communautés les plus nécessiteuses, constitue une leçon de grande valeur. L’innovation d’APOC consistait à encoura- ger les communautés à diriger leur propre 7
«L’appr o c h e du traitement sous di recti v e s c o mmu n a u ta i r e s a a p p o r - té un succès continental à la lutte con tre l ’ o nc ho c e rc o s e en A f r i que tandis que toutes les autres ini- tiative s s a n i t a i r e s o n t s t a g n é e t échoué. »
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne A P O C e t l e t r aitement sous d ir ec t i v e s c ommuna ut a i r e s Les efforts de la lutte contre l’onchocercose ticides est possible, mais partout ailleurs, la en Afrique ont débuté avec pour objectif principale méthode de lutte adoptée par APOC l’élimination de la maladie à travers la lutte est la réduction de la charge parasitaire dans antivectorielle. Le Programme de Lutte contre l’organisme humain à travers un traitement l’Onchocercose (OCP), qui a été lancé en 1974 chimiothérapique de masse. Le médicament sous forme de collaboration entre l’OMS, le Pro- utilisé à cet effet est l’ivermectine. Merck & Co gramme des Nations Unies pour le Dévelop- Inc., le fabricant, a promis de rendre dispo- pement, la Banque Mondiale et l’Organisation nible, à titre gracieux, un stock illimité du pour l’Alimentation et l’Agriculture, utilisait des médicament, pour tous ceux qui sont exposés hélicoptères et des avions pour épandre des au risque de contracter l’onchocercose aussi insecticides sur les gîtes larvaires des simulies – longtemps que cela sera nécessaire. Cette le vecteur du parasite de l’onchocercose – afin généreuse donation a permis à APOC de consi- de tuer les larves. Cette stratégie a connu une dérer l’élimination de la maladie comme un but réussite et, une fois qu’une stratégie supplé- raisonnable. mentaire de traitement par un microfilaricide, Avec l’assurance des approvisionnements en l’ivermectine (Mectizan©; Merck & Co) est deve- médicaments, le principal défi pour APOC nu disponible, et lorsque le médicament a été était de trouver un moyen pour apporter le approuvé pour son utilisation chez l’homme en traitement en dose unique aux populations 1987, OCP a pu interrompre la transmission de des communautés à haut risque et de rendre la maladie dans 10 des 11 pays de l’Afrique de durable cette distribution pendant une période l’Ouest impliqués dans le programme. de temps suffisamment longue pour assurer le Cependant, l’onchocercose ne se limite pas à contrôle de la maladie. Parce que l’ivermectine ces zones. Et, pour les nombreux pays pour les- ne tue le parasite que lorsqu’il se trouve au quels on avait estimé qu’il n’était pas rentable stade microfilaire dans son évolution, les vers d’engager des opérations d’épandage d’insec- adultes restent vivants dans l’organisme hôte ticides sur les gîtes larvaires, il n’y avait pas de jusqu’à la fin de leur durée normale de vie, soit lutte contre l’onchocercose avant la création de une période autour de 14 années. Pendant l’APOC en 1995. ce temps, l’individu abritant le parasite peut De plus, pour maintenir la surveillance dans présenter des symptômes de démangeaisons les 11 pays de l’OCP, APOC gère des projets persistantes, des maladies dermatologiques et qui couvrent une région comprenant 16 pays la formation de nodules, bien que ces aspects africains endémiques à l’onchocercose, dans le s’améliorent grâce au traitement annuel à but d’éliminer la maladie en tant que problème l’ivermectine. de santé publique (voir Tableau 1). Il y a quatre Il est difficile de réaliser la distribution durable sites localisés en Ouganda, en Tanzanie et en du médicament à toutes les communautés à Guinée Equatoriale où l’élimination du vecteur haut risque en utilisant uniquement les services à travers l’épandage aérien ou au sol d’insec- sanitaires réguliers qui sont déjà submergés 9
Tableau 1. Pays du Programme APOC et Fonds Fiduciaires mis à disposition (1996-2007) Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne (US$ 112,5 millions) Pays Date d’approbation du Date de lancement du Total des fonds reçus premier projet du pays premier projet dans le d’APOC jusqu’en août par APOC pays 2007 (US$)** Angola Septembre 2002 Mars 2003 1 320 908 Burundi Septembre 2002 Février 2005 907 600 Cameroun Septembre 1997 Août 1998 8 669 920 RCA Septembre 1997 Juillet 1998 977 700 Tchad Septembre 1997 Janvier 1998 1 639 414 Congo Juin 2000 Janvier 2001 817 471 RDC Août 1998 Avril 2000 10 495 440 Guinée Equatoriale Avril 1998 Décembre 1998 3 371 450 Ethiopie Mars 2000 Août 2000 2 049 122 Gabon Août 1998 Septembre 1999 106 636 Liberia Juillet 1999 Février 2000 1 178 866 Malawi Décembre 1996 Janvier 1997 1 148 994 Nigeria Avril 1997 Octobre 1997 17 179 175 Soudan Avril 1997 Mai 1997 3 426 351 Tanzanie Avril 1997 Mars 1998 4 242 128 Ouganda Décembre 1996 Mai 1997 14 115 273* Hypo-endémique -pas de distribution de masse d’ivermectine. REMO financé par Kenya APOC Hypo-endémique -pas de distribution de masse d’ivermectine. REMO financé par Mozambique APOC Hypo-endémique -pas de distribution de masse d’ivermectine. REMO financé par Rwanda APOC TOTAL 71 646 448 * inclut les coûts des activités d’élimination du vecteur dans deux foyers en Ouganda ** Le montant total dépensé par APOC pendant la période 1996-2007 s’élève à 112,5 millions de dollars US, dont: 71.646.448$US coûts directs de terrain du TIDC, un complément de 26.199.157 $US pour d’autres activités de terrain et des fonds pour la recherche opérationnelle, le suivi et l’évaluation, la recherche Macrofil, l’assistance technique et l’élaboration de nouveaux outils et 14.638.644 $US pour les coûts administratifs. de travail, épars en zones rurales et à court de à ce problème, le TDR financé par l’OMS, ressources. Cependant, la recherche opéra- l’UNICEF, le PNUD et la Banque Mondiale, tionnelle menée en préparation aux premiers travaillant de concert avec des chercheurs programmes d’APOC en Afrique indiquait une africains, a élaboré le concept de traitement à solution à ce problème, à savoir une plus gran- l’ivermectine sous directives communautaires de implication des communautés endémiques qui veut que la communauté elle-même ait elles-mêmes dans le processus de distribution. la responsabilité d’organiser et d’exécuter le Les essais à grande échelle de l’ivermectine, traitement de sa population (voir Encadré 1). dans lesquels des équipes mobiles distri- Par la suite, une étude multipays conduite par buaient le médicament aux communautés TDR a montré que le traitement sous directi- endémiques, ont débuté dans les pays OCP en ves communautaires était faisable et efficace. 1987. En 1991, des organisations non gouverne- Une autre étude multipays réalisée en 1994- mentales (ONGD) se sont associées aux gouver- 1995 a démontré que lorsque les commu- nements nationaux, aux autorités des états et des districts pour organiser la distribution de nautés assumaient la responsabilité de masse à base communautaire de l’ivermectine l’organisation de leur propre distribution de dans les zones endémiques. Mais, du fait que l’ivermectine, on atteignait des taux de cou- l’interruption de la transmission de l’onchocer- verture plus élevés que lorsque le système cose exige que le médicament soit continuel- de soins de santé planifiait et exécutait la lement administré pendant une période de distribution du médicament. Au regard de plus de 14 ans, il était nécessaire d’avoir une ces résultats, APOC qui accorde une grande stratégie permettant un traitement plus dura- valeur à la prise de décisions basée sur des ble des communautés, totalement différente preuves a accepté le traitement sous direc- des distributions occasionnelles dépendant tives communautaires comme base de sa des donateurs extérieurs. Comme solution stratégie de lutte. 10
Les réalisations d’APOC avec l’onchocercose. Se fondant sur des données Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne le traitement sous directives provenant de différentes sources et les der- communautaires nières informations d’APOC sur la couverture thérapeutique, l’étude a estimé qu’en 2007, APOC a lutté pour frayer son chemin à travers près d’un million d’années de vie ajustées à l’in- une décennie de barrières opérationnelles capacité (DALYs) ont été évitées par APOC avec dans des pays endémiques affectés par des le traitement à l’ivermectine sous directives conflits, mais il progresse vers l’élimination de communautaire, ce qui représente plus de 55% la maladie. Certains pays où les activités ont été de toutes les DALYs qui auraient pu être per- interrompues à cause des conflits, ou encore là dues dans les pays APOC sans le traitement. Par où les réalisations précédentes ont été anéan- ailleurs, dans la mesure où l’effet du traitement ties par l’insécurité (comme la Sierra Leone), à l’ivermectine est essentiellement préventif exigent encore plus de travail. Mais pour la plutôt que curatif, les gains en matière de santé vaste majorité des pays endémiques, la distri- seront encore plus importants. L’étude estime bution de l’ivermectine est forte dans toutes les que d’ici l’an 2015, APOC aura prévenu plus de zones du projet et les principaux symptômes 15 millions de DALYs (Tableau 2). sous-tendant la forte morbidité de la maladie Ces résultats spectaculaires s’expliquent en ont diminué de manière significative depuis partie par le fait qu’APOC a eu la chance d’avoir qu’APOC a entrepris son œuvre. A présent, engagé les donateurs et a réussi à établir un APOC pilote des projets de traitement sous partenariat fort et à long terme avec plusieurs directives communautaires sur une vaste zone agences internationales, les communautés géographique couvrant une grande partie et les ONGD. La forte coordination entre les de l’Afrique sub-saharienne. Des couvertures projets APOC – qui a été maintenue malgré thérapeutiques de plus de 65% dans ces zones l’immensité de l’aire géographique couverte signifient que la plupart des communautés par les projets et la forte limitation en ressour- endémiques cibles nécessiteuses sont couver- ces humaines au niveau du secrétariat et des tes par le traitement, même là où les systèmes équipes de gestion qui sont basées au Burkina de santé de routine sont inexistants. Faso – constitue un autre facteur important du Une récente évaluation de l’impact sur la santé succès. Le programme coordonne la conjugai- a conclu que les opérations d’APOC ont déjà son des connaissances et de multiples compé- réduit de manière significative le fardeau de tences au niveau régional et mondial grâce à ENCADRÉ 1 Initiation du traitement à l’ivermectine sous directives communautaires Le processus commence par une enquête informelle: un agent de santé rend visite au chef de la communauté et arrange une rencontre avec l’équipe de facilitation et toute la commu- nauté. A ce forum le concept de traitement sous directives communautaires est expliqué. On laisse ensuite le temps à la communauté de choisir les individus qu’elle propose pour être formés comme distributeurs (DC). Ce sont des habitants du village choisis selon les priorités établies par la communauté. Une fois que cette décision est prise, la communauté informe l’agent de santé sur la meilleu- re date pour la formation des nouveaux DC. Une fois achevée cette formation – habituel- lement avec un groupe comprenant des représentants de plusieurs communautés – les nouveaux DC organisent un recensement de leurs communautés, consignent les résultats dans un cahier et gardent une copie au domicile du chef du village ou de la communauté. La communauté toute entière décide des mois et des dates de la distribution de l’ivermecti- ne que les DC communiquent à l’agent de santé ou à l’équipe de facilitation. Dans la mesure du possible, les DC collectent les comprimés d’ivermectine au poste de santé le plus proche à une date arrêtée de commun accord avec les agents de santé. Lorsque le médicament est entre les mains du DC, la distribution peut commencer. Les DC suivent les effets secondaires et traitent les cas de réactions mineures là où cela est possible. Tous les cas difficiles ou graves sont référés à la formation sanitaire la plus proche. Après distribution du médicament les DC doivent remplir le registre ou la fiche de traitement et retourner une copie au poste de santé leur ayant remis l’ivermectine. Ces archives sont sui- vies par les agents de santé lors de leurs visites ultérieures au village et les archives du poste de santé sont mises à jour en conséquent. 11
un système fiable de missions techniques et de ont appliqué des approches à base commu- Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne conseillers temporaires selon les besoins. nautaire et ont stagné puis échoué, APOC a Mais ce qui explique pourquoi le système réussi avec son approche de traitement sous marche et coûte si peu – en 12 ans d’opéra- directives communautaires. tion, APOC a dépensé un peu plus de Par ailleurs, du fait qu’APOC a accès aux 112 millions de dollars au total – c’est que le communautés de base et a une large couver- système s’appuie sur les prises de décisions et ture géographique, les projets sous directives les ressources communautaires, en particulier communautaires ont servi de véhicule pour sur les volontaires bénévoles choisis par les apporter d’autres interventions sanitaires aux communautés en leur sein. Ces personnes, communautés qui en ont besoin. En rappro- comme l’a démontré APOC, sont capables chant les communautés du système ortho- d’assurer la distribution et de tenir les regis- doxe de soins de santé, APOC a contribué à tres et leur motivation – déterminée par les renforcer le système sanitaire de routine. communautés – est faite de reconnaissance, L’expérience d’APOC montre non seulement d’amour propre et de connaissances plutôt qu’il est possible de réaliser de bons résultats que de primes en espèces, ce qui rend leur en- dans des pays ravagés par des conflits avec gagement durable et solide. APOC a consolidé très peu en termes de structures sanitaires les esprits et les énergies des communautés existantes, mais elle démontre également que endémiques, créé un espoir en eux, surmonté le traitement sous directives communautaires la stigmatisation et créé des capacités supplé- fonctionne bien dans de telles contextes à mentaires pour les activités de santé dans des cause de la motivation des volontaires com- pays disposant de très peu, et parfois pas du munautaires. Cet exemple devrait amener à tout, de soutien de leur système de soins de considérer le traitement sous directives com- santé. Le résultat est que plus de 46,2 millions munautaires comme une option politique pour de personnes ont été traitées en 2006 contre aider les pays africains à renforcer les systèmes 1,4 millions en 1997 au moment du démarrage sanitaires défaillants en vue d’atteindre les d’APOC. Là où d’autres programmes de santé Objectifs de Développement du Millénaire. Tableau 2. Nombre de DALYs évités par les activités de traitement sous directives communautaires d’APOC dans les pays ayant des projets APOC et prévisions de gains d’ici 2015 16,000,000 14,000,000 12,000,000 10,000,000 8,000,000 6,000,000 4,000,000 2,000,000 0 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 12
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne 13
«L’intégration accroît l’efficacité, réduit le fardeau du personnel de santé, améliore l’accès aux services de santé et améliore la rentabilité des dépenses de santé tout en mainte- nant la couverture thérapeutique.»
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne I n t é g r a t i o n d u traitement so u s d i r e c ti v es co mmuna u- t a i r e s d a n s l es systèmes s a n i t a i r e s : j ustification Il est difficile de réaliser une distribution dura- nir le réseau durement acquis de distributeurs ble de médicaments à toutes les communautés communautaires (dont l’engagement est à la à haut risque en utilisant uniquement le sys- base du grand succès du programme d’APOC), tème sanitaire régulier qui est déjà submergé des sources alternatives de financement de par d’autres tâches et à court de ressources. A formation et d’appui doivent être trouvées. Si partir de leurs propres efforts, les chercheurs les systèmes de santé des pays APOC rempla- d’APOC ont trouvé une solution à ce problème, cent totalement APOC, APOC pense qu’il y à savoir, la plus grande implication des com- aura de grands avantages pour la santé dans munautés endémiques elles-mêmes dans le l’ensemble du pays et non pas seulement processus de distribution. Mais à cause de la pour sauvegarder les acquis de la lutte contre limitation du mandat de l’organisation en ter- l’onchocercose. mes de temps et d’envergure, la seule façon de L’intégration du réseau de distributeurs com- maintenir ses acquis est l’intégration du réseau munautaires d’APOC et de ses activités afin de traitement sous directives communautaires qu’ils deviennent partie intégrante du système dans les structures de santé actuelles. Les avan- de santé pourrait avoir de grands avantages tages ne seront pas perceptibles pour la lutte pour la planification et la mise en oeuvre du contre l’onchocercose seulement. L’intégration système sanitaire, en particulier en termes du traitement sous directives communautai- d’amélioration de l’efficacité des activités de res dans les structures actuelles du système santé publique et de réduction des coûts. sanitaire peut accroître son efficacité, réduire la Les gains en efficience viennent du fait que charge de travail du personnel de santé, amé- le même réseau de DC peut être formé pour liorer l’accès aux services de santé et améliorer distribuer plusieurs types de médicaments la rentabilité des dépenses de santé tout en ou des éléments d’équipement (voir Image 3). maintenant la couverture thérapeutique. En Ouganda, par exemple, les DC aident les APOC vise l’intégration de ses activités dans communautés en participant à la distribution les systèmes sanitaires avant 2015. L’atteinte de la vitamine A, aux campagnes de vaccina- de l’objectif d’élimination de l’onchocercose tion, à la distribution du mebendazole (contre en tant que problème de santé publique les vers) des aides pour la planification familiale exige une administration de masse durable de et au traitement du paludisme (voir Encadré médicaments au-delà de cette date et il faut 2). TDR, en collaboration avec le Ministère de impérativement empêcher que les pays où la Santé de l’Ouganda et d’autres pays mène les conflits en cours menacent de remettre en actuellement un projet de recherche pour sa- cause les acquis perdent les bénéfices de leurs voir combien d’interventions un seul DC peut efforts de lutte contre la maladie. Pour mainte- entreprendre avant que son efficacité ne soit 15
Image 3. Dans plusieurs pays APOC les projets TIDC fournissent d’autres interventions de santé publique Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne en même temps que l’ivermectine. Tchad Nombre de projets TIDC avec des DCs Vit A Suppl. (1) Nigeria délivrant d’autre intervention de santé Albendazole (1) Vit A Suppl. (9) Moustiq. impr. (1) Praziquantel (1) Trachome (1) Soudan Moustiq. Impr. (4) Ver de Guinée (1) Ver de Guinée (5) PCDP (3) Cataracte (5) Trachome (6) Educ. Sanitaire (6) Ethiopie SSO (11) Moustiq. impr. (9) Ver de Guinée (2) Trachome (1) Cameroun Vit A Suppl. (13) Albendazole (1) Ouganda Moustiq. impr. (1) Vit A Suppl. (3) Cataracte (15) Albendazole (1) SSO (15) Praziquantel (3) Ver de Guinée (3) Moustiq. impr. (2) HMM Congo Vit A Suppl. (2) Tanzanie Albendazole (1) RD Congo Moustiq. impr. (1) Vit A Suppl. (3) Trachome (2) Cataracte (1) SSO (3) DC = Distributeur communautaire d’ivermectin TIDC = Traitement par l’ivermectin sous directives communautaires Malawi SSO = Soins de santé occulaires SSO (2) entamée, ou que les DC ne se sentent surchar- compte des sensibilités culturelles et qui soit gés et que leur bonne volonté n’atteigne ses socialement acceptable. limites. En RDC, dans des conditions d’après- L’accessibilité limitée des zones rurales en Afri- guerre, trois projets assurent la distribution du que constitue un autre obstacle qui implique la Mectizan® avec de la vitamine A et du meben- nécessité que les services de ressources humai- dazole. nes communautaires demeurent comme une Parce que les DC ne travaillent pas pour des extension des services de santé après la fin des motivations en espèces – ils ont besoin d’équi- financements d’APOC, en particulier dans les pements tels que les cahiers et des stylos pour pays où les conflits ont décimé les structures prendre des notes et archiver leurs données, qui étaient en place et laissé les gouverne- ou de bicyclettes pour joindre les points de ments dans l’incapacité de faire les investisse- collecte du médicament – ils peuvent beau- ments substantiels nécessaires pour améliorer coup alléger les coûts du système sanitaire les structures. APOC travaille dans sept pays quand il s’agit des activités de promotion post conflits. Cependant, il y a des craintes sanitaire, s’ils sont formés pour assumer ce que l’intégration du traitement sous directives travail supplémentaire. Les autres agents des communautaires dans un système de santé li- formations sanitaires de première ligne dispo- mité souffrant de sous financement chronique, sent ainsi de plus de temps pour s’occuper de d’infrastructures inadéquates et d’une crise de tâches exigeant de plus grandes connaissances ressources humaines ne soient en réalité une en médecine. L’intégration, en regroupant la menace pour les réalisations d’APOC au lieu tenue des registres et la budgétisation permet de leur permettre de bénéficier du système de aussi de réduire les coûts administratifs. Mieux, santé dans son ensemble. A l’inverse, d’autres les contenus des guides de formation disponi- pensent que les communautés qui sont très bles pour les DC d’APOC et la toise utilisée pour mal desservies peuvent en fait réaliser les évaluer le nombre de comprimés que chaque meilleures améliorations dans l’accès aux membre de la communauté doit recevoir services généraux de santé après l’intégration, qui servent actuellement pour la lutte contre parce que ces populations sont souvent les la schistosomiase, peuvent être facilement plus motivées pour s’aider elles-mêmes. adaptés à d’autres situations en assurant que Sur le plan technique et budgétaire, l’intégra- l’intégration peut se faire d’une façon qui tient tion permet de regrouper des activités ou de 16
les fusionner en une seule, ce qui simplifie les Cependant, la décision concernant les détails Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne structures de rapports, facilite la planification de ce qui doit être intégré dans chaque pays et réduit les besoins en ressources. Le résultat nécessite une analyse complète des perfor- pourrait être un plan d’action, un système de mances du système de santé. transport (un avantage particulier pour les zones Dans l’ensemble, l’intégration de la lutte contre qui sont très difficile d’accès, voir les Images 4, l’onchocercose dans les structures existantes 5 et 6), ou une équipe de superviseurs. Finan- du système de santé est influencée par des cièrement, l’engagement pour l’intégration facteurs au delà du mandat d’APOC, compre- exigerait que le gouvernement adopte l’idée nant les systèmes de financement, le soutien du traitement sous directives communautaires politique et la volonté des décideurs politiques et accepte d’allouer les fonds nécessaires pour tant au niveau mondial que national d’adop- la formation des DC et la maintenance. L’inté- ter un nouveau paradigme de soins de santé gration est peut être plus faisable lorsqu’il s’agit primaire. Mais ce sont les décideurs politiques de stratégies pour mener des interventions qui décident finalement du sort du système visant des maladies liées d’un même niveau de sanitaire de première ligne et qui ont entre priorité au niveau politique telles que cela s’est leurs mains l’avenir du traitement sous directi- passé pour les maladies tropicales négligées. ves communautaires. ENCADRÉ 2 L’Ouganda: un modèle en matière d’intégration de soins de santé primaire La lutte contre l’Onchocercose en Ouganda a bénéficié de l’appui technique et financier du Programme APOC à partir de l’année 1997. Depuis qu’APOC a cessé d’octroyer des fonds substantiels après 2002, exception faite de deux petits décaissements effectués pour renforcer la formation et maintenir les capacités administratives, les administrations locales de quelques districts ont pris le relais de la formation et du maintien du réseau de DC. Après avoir constaté les résultats positifs de cette approche de lutte contre l’onchocercose, ces administrations locales sont en train d’étendre leurs responsabilités pour inclure entre autres le traitement à domicile du paludisme, la distribution de la vitamine A, la planification familiale, ainsi que les médicaments déparasitant entre autres. Pour l’Ouganda, ce système de soins de santé primaires intégrés a permis de traiter beaucoup plus efficacement des maladies graves tels le paludisme, car dès l’apparition des symptômes, les membres des communautés peuvent se rendre directement au domicile du DC et obtenir un traitement---évitant ainsi de faire un long voyage, coûteux et quelques fois exténuant pour se rendre au poste de santé le plus proche pour faire un test de paludisme. Le réseau de DC a également fourni un bon cadre aux ONG et ONGD pour établir des relations cordiales avec le Ministère de la Santé aux niveaux central et district, ce qui veut dire que leurs interventions, plu- tôt que de fragmenter le système de santé comme le font souvent les organisations externes avec des initiatives verticales, le renforcent davantage. Cependant, la transition entre le financement du programme APOC et le contrôle de l’Etat n’a pas été tout à fait sans problèmes. Beaucoup de DC Ougandais travaillent depuis plus de 10 ans; leurs expériences soulèvent des questions qui n’ont pas encore été rencontrées dans d’autres pays, en rapport avec la durée de l’engagement des DC et les éventuels problèmes associés à une stratégie de retrait du programme APOC. Certains sont mécontents des plans gouvernementaux visant à accroître le nombre d’interventions dont chaque DC est responsa- ble. D’autres sont frustrés d’avoir un faible ratio DC rapportés à la population de la communau- té, ce qui signifie qu’ils doivent parcourir de longues distances pour atteindre les populations à traiter et pourraient ne pas avoir les relations personnelles qui motivent les DC dans les petites communautés. Le manque de mesures incitatives financières semble devenir une question de plus en plus délicate dans la mesure où quelques rares programmes donnent des motivations en espèces. Mais la principale question relative à la transition qui reste à résoudre est le fait que les sessions de retro information dans le cadre du processus d’auto-monitorage communautai- re, pendant lesquelles les taux de couverture atteints par les DC sont présentés à leurs pairs et aux représentants du ministère de la santé, qui étaient fréquemment organisées lorsque le pro- gramme APOC assurait le financement, ne se tiennent plus. Ce manque de retro information pourrait compromettre l’engagement futur des DC parce que, sils ne se sentent pas impliqués dans les efforts en faveur de la santé, ils commencent à avoir l’impression que leur travail passe inaperçu et cela pourrait porter un coup à leur volonté de continuer. 17
«Les changements démographiques et épidémiologiques présentent d’énor- mes défis à venir qui ne peuvent être relevés sans repenser le système de soins de santé. Une intégration bien pensée des stratégies d’interventions sous directives communautaires devrait constituer une base solide pour la résolution de ces problèmes.»
Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne I n t é g r a t i o n d u traitement so u s d i r e c ti v es co mmuna u- t a i r e s d a n s l es systèmes d e s a nté : l e s av a nt a g e s Les avantages liés au passage de la distribution efficacité, durabilité et renforcement des capa- à base communautaire à la distribution sous cités. Dans les zones où la transition du fonds directives communautaires ont été présentés. fiduciaire d’APOC vers l’appui gouvernemental Ce sont : la durabilité, l’appropriation et la res- des activités sous directives communautaires ponsabilisation du côté des communautés. Du a déjà eu lieu --- plusieurs projets au Came- point de vue des systèmes de santé, l’adoption roun, au Nigeria, au Soudan, en Tanzanie et en de cette stratégie comme base à la fourniture Ouganda ont opéré ce changement---il existe de soins de santé primaire présente des avan- à présent des preuves tangibles que les taux tages supplémentaires: réduction des coûts, de couverture du traitement à l’ivermectine Tableau 3. Evolution de la couverture thérapeutique de dix projets exemples ne bénéficiant plus du financement APOC Pays et Année de cessation Couverture Thérapeutique (%) projet du financement APOC aux activités TIDC ‘98 ‘99 ‘00 ‘01 ‘02 ‘03 ‘04 ‘05 ‘06 Tanzanie, Foyer de 2003 30.1 52.4 57.8 62.9 10.3 68.0 70.3 69.2 72.2 Mahenge Ruvuma 2003 50.0 52.2 62.4 67.4 68.0 70.1 72.0 72.4 Uganda 2002 N/A 67.5 78.7 77.9 74.5 78.1 75.5 75.2 76.3 Phase I Nigeria, 2003 78.6 66.3 68.1 71.6 72.9 76.6 73.2 82.5 77.2 Cross River Etat de 2003 31.8 67.8 73.8 80.9 80.6 83.8 84.3 85.1 84.6 Kaduna Etat d’Osun 2003 NA 62.5 73.0 50.9 45.6 65.2 82.2 85.6 64.0 Yobe 2003 NA 50.7 54.1 57.4 61.8 62.3 59.6 82.3 76.7 Cameroun, 2003 NA 43.8 39.1 46.9 64.2 73.9 75.9 71.8 75.5 Center III Adamaoua II 2003 NA 16.7 35.2 56.7 65.1 73.4 69.8 74.4 72.0 Sud Ouest I 2003 NA 65.9 43.0 32.1 31.7 67.0 71.0 75.6 73.9 19
peuvent être maintenus à des niveaux élevés, vres. Et dans les pays pauvres, une masse de Programme Africain de Lutte contre l’Onchocercose • Redynamisation des soins de santé en Afrique sub-Saharienne démontrant ainsi la faisabilité de cette transi- jeunes (1 milliard d’adolescents) rejoindront le tion et la possibilité d’avoir de bons résultats groupe de la population vieillissante. Beaucoup pour la santé (voir Tableau 3). de pays se démènent sous les fardeaux actuels Mais pendant ses 12 ans d’activités, le des maladies infectieuses et l’émergence Programme APOC a également contribué au rapide des maladies chroniques, toutes choses renforcement des compétences et des capa- aggravées par la pandémie du VIH /SIDA. La cités administratives au sein des Ministères de réduction de l’écart entre ce qui est possible et la Santé, consolidant davantage l’argument en ce qui se passe sur le terrain dépendra de l’état faveur de l’intégration des activités APOC dans de préparation du personnel de santé à gérer la planification du système de santé. Les achats un système de santé efficace et la capacité du d’équipements informatiques et de véhicules système de santé à toucher toutes les popula- constituent les exemples les plus tangibles des tions dans le besoin. contributions du programme APOC (Tableau Le double défi du changement démogra- 4). En outre, il existe d’autres activités que le phique et des changements dans les profils programme APOC a soutenu financièrement et épidémiologiques crée la nécessité de mieux qui profitent directement au système de santé ; informer les populations sur un mode de vie ce sont: la surveillance entomologique et sain, et la nécessité d’une meilleure surveillance l’élaboration des outils de suivi et d’évaluation ; et de la mise en place de réseaux de prévention les missions de plaidoyer, la sensibilisation des des maladies. L’amélioration de ces systèmes communautés, des bureaucrates et des politi- ne peut se faire sans l’adhésion des commu- ques ; la recherche sur les mesures incitatives, nautés. Et sans agent de santé pour mener l’observance du traitement, la recherche de avec tact des enquêtes sur les désirs et les macrofilaricides sûrs et les questions opération- besoins des communautés, ou les sensibiliser nelles ; la cartographie de la maladie (onchocer- sur les risques et les comportements appro- cose et loase), le renforcement des capacités de priés à adopter, l’avenir semble peu reluisant en gestion et l’analyse des données ; les enquêtes l’absence d’une approche différente des soins épidémiologiques et entomologiques, la de santé communautaires. Une intégration gestion financière, les visites sur le terrain ; et les bien pensée des stratégies de traitement sous réunions de planification/feedback. L’expé- directives communautaires fournira une base rience préalable que le programme APOC a solide de résolution de ces problèmes. donné au personnel du Ministère de la Santé C’est là où le réseau de DC du programme dans tous ces domaines pose les jalons de la APOC entre en jeu (voir Tableau 5). En accep- réussite de l’intégration du traitement sous tant de prendre en charge plusieurs des tâches directives communautaires dans la plupart des sanitaires simples qui requièrent peu, ou pays. Mais l’avantage le plus important est le presque pas de connaissances spécialisées, les fait qu’APOC a formé des centaines de milliers DC peuvent alléger la pression exercée sur les de DC, sensibilisé et formé des agents de santé, agents de santé submergés de travail, éten- et mené un plaidoyer tant au niveau local qu’au dre les activités de promotion de la santé aux niveau du gouvernement central pour soutenir zones que le système sanitaire traditionnel ne les structures sanitaires depuis l’intérieur. pourrait jamais atteindre autrement, et renfor- Ces activités sont importantes pour plusieurs cer la surveillance de manière à améliorer la ré- raisons. Premièrement, le programme APOC sistance des pays aux flambées de maladies. En a montré comment les initiatives visant une plus, les compétences variées et inappropriées seule pathologie dans les zones stables et de peuvent être réadaptées à l’aide des compé- post-conflit, peuvent contribuer au renforce- tences acquises en matière de santé publique ment du système de santé. Mais le principal à travers la formation des communautés. Aussi, facteur de pertinence dans le futur est que au lieu de s’effondrer en cas de conflit, comme l’intégration du traitement sous directives com- c’est fréquemment le cas pour les services de munautaires dans les systèmes de santé peut aider les pays à se positionner pour mieux faire Tableau 4. face aux défis qui les attendent. La certitude Principaux équipements acquis par la Direction est que la demande en prestataires de services du programme APOC pour 16 pays entre 1996 et 2007 de santé augmentera sensiblement dans tous les pays au cours des années à venir dans la Description Quantité mesure où le vieillissement de la population Véhicules 194 et l’augmentation de l’espérance de vie des Mobylettes 3314 personnes souffrant de maladies chroniques Bicyclettes 5926 mettront plus de pression sur les services de Ordinateurs 317 santé. La demande croissante dans les pays Imprimantes 235 riches accentuera davantage l’émigration des agents de santé depuis les régions plus pau- Photocopieurs 161 20
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