Programme de conservation des oiseaux en Suisse - Circulaire 22 | Août 2018
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Contenu Editorial Pour que le Chevalier guignette Chères lectrices, chers lecteurs, ait un avenir en Suisse 3 Les données du nouvel atlas des oiseaux nicheurs, réalisé par la Sta- tion ornithologique et qui paraîtra cet automne, font le point sur la situation actuelle de notre avifaune et sur son évolution lors des 20 dernières années. Alors que les oiseaux forestiers se portent relati- vement bien, la situation s’est encore dégradée pour de nombreuses espèces des milieux agricoles et des zones humides, lacs et cours d’eau. Nombre d’entre elles ont perdu du terrain pendant ces 20 der- nières années. Le Programme de conservation des oiseaux s’engage en faveur Efforts vains dans l’agriculture ? 6 de telles espèces depuis 15 ans, au moyen de projets sur mesure et réalisés avec divers partenaires. Ces dernières années, de nombreux projets ont été menés avec succès et la situation de quelques espèces s’est ainsi notablement améliorée. Cependant, cette circulaire montre que les efforts doivent être poursuivis, en particulier dans la zone agricole et le long des cours d’eau, et que la conservation des espèces menacées passe par une bonne collaboration entre la Confédération, les cantons, l’économie et les privés. Mouettes et sternes dépendent Bruno Stadler des sites de nidification artifi- Office fédéral de l’environnement (OFEV) ciels 12 Impressum Titre : Programme de conservation des oiseaux en Suisse – Circulaire 22 | Août 2018 Editeur : Coordination du Programme de conservation des oiseaux en Suisse Raffael Ayé, Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse Reto Spaar, Station ornithologique suisse de Sempach Collaboration : N. Apolloni, S. Birrer, J. Duplain, J. Hoffmann, E. Inderwildi, I. Kaiser, J. Laesser, C. Müller, H. Schmid, M. Schuck, M. Vögeli Photo page de titre : Martin Schuck Download : www.conservation-oiseaux.ch/publications Citation : R. Ayé & R. Spaar (Eds) (2018) : Programme de conservation des oiseaux en Suisse – Circulaire 22. Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse et Station ornithologique suisse, Zurich & Sempach. 16 p. 2018 © Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse et Station ornithologique suisse de Sempach
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse Pour que le Chevalier guignette ait un avenir en Suisse Trouver le logement rêvé dans un environnement calme, n’est bitat propice et les difficultés ren- pas seulement un vœu difficile à exhausser pour le cita- contrées lors des crues printanières din stressé. Le Chevalier guignette lui aussi, peine à trou- naturelles, les activités de loisir et les ver son idéal. En effet, les cours d’eau calmes offrant des éclusées des installations hydroélec- îlots de gravier couverts d’une végétation clairsemée triques représentent un défi supplé- mentaire pour cette espèce. et des berges sablonneuses sont devenus rares. Le Pro- gramme de conservation des oiseaux en Suisse s’efforce L’habitat de prédilection du d’inverser la tendance et de renforcer les effectifs du Che- Chevalier guignette valier guignette qui déclinent depuis des décennies. Le Chevalier guignette colonise les dépôts d’alluvions sableux ou gra- veleux, couverts d’une végétation Le Chevalier guignette en Suisse été abandonnés. Aujourd’hui, le Che- clairsemée. Les sites de nidification Au cours du 19e siècle et au début du valier guignette n’est présent plus typiques le long des cours d’eau 20e, le Chevalier guignette occupait que de manière dispersée en Valais, supérieurs sont généralement bordés encore de nombreux cours d‘eau de dans les Grisons et au Tessin. de rives buissonnantes. Une couver- Suisse. Toutefois, la correction des Le Chevalier guignette est classé ture végétale optimale va des stades cours d’eau et la construction de bar- dans la catégorie « en danger » sur pionniers aux boisements plus ou rages ont détruit bon nombre de ses la liste rouge nationale en raison des moins fermés. Ce genre de milieux, milieux originaux. Dans les années importantes pertes d’effectifs. Le de surcroît exempt de dérangements, 1970, le Chevalier guignette ne nichait nouvel Atlas des oiseaux nicheurs de est devenu rare en Suisse. Pour ces déjà plus que de manière localisée Suisse 2013-2016 estime que seuls 70 raisons, les régions concernées sur le Plateau. Depuis, les derniers à 90 couples sont encore présents en portent une grande responsabilité sites de nidification du Plateau ont Suisse. Outre la raréfaction de l’ha- dans la protection des sites encore Le Chevalier guignette niche dans les zones alluviales où la dynamique naturelle crée une mosaïque de surfaces ou- vertes de gravier et de milieux buissonnants alluviaux (photo : Christoph Meyer-Zwicky).
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse semblablement toujours les nidifi- cations. Des efforts pour la conservation du Chevalier guignette ont porté leurs fruits ailleurs. La revitalisa- tion du Rhône en Valais central qui a démarré en 1994 a localement per- mis une augmentation remarquable de ses effectifs. D’autres cantons se sont déjà préparés au retour du Chevalier guignette en tant qu’es- pèce nicheuse. Les cantons de Berne et de Fribourg, conseillés par Bird- Life Suisse, ont notamment pris les devants pour déclencher l’introduc- tion de mesures immédiates dans la gestion des visiteurs sur la Singine, si l’espèce devait recoloniser le site. La revitalisation d’une zone allu- viale le long de la Kander a montré qu‘une recolonisation est possible, car en 2017 le Chevalier guignette y a niché avec succès. Dans le canton d’Uri, on est également bien préparé au retour de l’espèce : un plan d’ac- tion pour les oiseaux nicheurs des cours d’eau a été élaboré, qui per- mettra la mise en œuvre de mesures concrètes pour leur conservation. Une colonisation par le Chevalier Canalisation des visiteurs : exemple des panneaux d’information du canton du Tessin pour la sensibilisation des utilisateurs du lieu. guignette a déjà eu lieu dans la vallée de la Reuss en 2016 et 2017 dans la zone prioritaire définie dans ce plan occupés et la création de nouveaux conseils pour la gestion des visiteurs d’action. habitats adéquats pour une recolo- et des aménagements concrets ont Divers efforts ont été entrepris nisation. été réalisés. dans le canton des Grisons, car ce Dans le Vallemaggia, le canton dernier porte une grande responsa- Mesures réalisées par le du Tessin a réalisé un travail exem- bilité pour la conservation du Che- programme de conservation plaire en instaurant des zones tem- valier guignette en Suisse. La Station En raison de la responsabilité que poraires de tranquillité sur les bancs ornithologique suisse accompagne porte la Suisse pour la conservation de gravier les plus importants. Ainsi, les projets de revitalisation de l’Inn du Chevalier guignette, l‘Office fédé- les visiteurs sont orientés loin des et de la Flaz, et entre-temps, l’espèce ral de l’environnement a adopté un secteurs de cours d’eau de grande s’y est établie avec succès. Dans la plan d’action national en 2010, éla- valeur pour le Chevalier guignette. vallée du Rhin près de Coire, le boré en collaboration avec BirdLife Le canton et les communes d’Ave- cercle ornithologique de Coire, une Suisse et la Station ornithologique gno, Gordevio, Cevio, Maggia et le section de BirdLife Suisse, a installé suisse. Ce plan d’action définit les centre nature Vallemaggia colla- des panneaux d’information pour buts et les stratégies pour la conser- borent pour guider les promeneurs rendre les promeneurs attentifs aux vation de l’espèce dans notre pays. de manière à ce que les Chevaliers Chevaliers guignettes qui sont en Depuis, des relevés ciblés ont été guignettes trouvent des tronçons train de nicher. Malheureusement, réalisés, les besoins du Chevalier de cours d’eau loin de tout déran- certains visiteurs et propriétaires de guignette ont été considérés lors gement anthropique. Toutefois, une chiens n’y ont pas porté attention et de revitalisations de cours d’eau, minorité des visiteurs ne respecte ont pénétré dans les sites pendant plusieurs cantons ont bénéficié de pas les consignes et dérange vrai- la période de nidification. Les Che- 4
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse valiers guignettes n’y ont plus niché ture scientifique sur le Chevalier Perspectives ces dernières années. guignette et la gestion des visiteurs, Il n’est pas trop tard pour le Cheva- ainsi que sur les actions y rela- lier guignette en Suisse. Les exemples Une gestion cohérente des visiteurs tives doivent être plus accessibles positifs confirment que l’espèce peut Pour protéger les effectifs déjà forte- aux offices cantonaux afin que des revenir quand on lui en donne la pos- ment réduits du Chevalier guignette, mesures puissent être concrétisées. sibilité. Toutefois, des efforts sup- il importe de ne pas créer de nouveaux Les diverses expériences et études plémentaires sont nécessaires pour accès aux habitats jusqu’ici exempts réalisées en Allemagne et en Autriche une revitalisation plus globale des de dérangements. Dans les secteurs montrent notamment qu’une gestion cours d’eau en incluant l’optimisa- avec dérangements croissants, il est cohérente des visiteurs avec des res- tion de la gestion des visiteurs dans urgent de mettre enfin l’accent sur trictions d’accès ciblées et la présence les zones alluviales bien souvent très une gestion cohérente des visiteurs de gardes ont un effet positif sur le restreintes. sans qu’ils ne se sentent contraints succès de reproduction. La gestion lors des sorties dans la nature. des visiteurs par une signalisation Martin Schuck, Hans Schmid, Dans un petit pays comme la seule est insuffisante. Matthias Vögeli Suisse, la protection des zones allu- Dans les futurs projets de revitali- martin.schuck@birdlife.ch hans.schmid@vogelwarte.ch viales, si attractives pour les loi- sations, il importe de considérer dès matthias.voegeli@vogelwarte.ch sirs, est un véritable défi. Exclure la le début de la planification la gestion population de ces zones de manière des visiteurs en parallèle aux amé- générale n’est pas dans l’intérêt de nagements hydrauliques. Le but est la conservation de la nature. Ges- d’éloigner le public des zones sen- tion des visiteurs et protection des sibles, tout en lui laissant un accès à milieux naturels doivent donc être des expériences enrichissantes dans priorisés spatialement. La littéra- la nature. La zone alluviale de Loderio au Tessin est certes un habitat idéal pour le Chevalier guignette, mais ici aussi des conflits surviennent avec les personnes en quête de loisirs (photo : Niklaus Zbinden). 5
Les surfaces agricoles riches en espèces sont devenues rares dans de nombreuses régions (photo : Markus Jenny). Efforts vains dans l’agriculture ? Depuis les années 1990, l’agriculture s’engage avec de nom- construit les effectifs sont stables, breuses mesures à minimiser les conséquences de son exploi- en milieu agricole, les effectifs des tation industrielle sur la biodiversité. Malgré cela, la perte oiseaux nicheurs diminuent toujours. de biodiversité en zone agricole se poursuit. Le nouvel atlas Même dans les régions d’altitude des oiseaux nicheurs montre maintenant que ce constat est jusque vers 1400 m où de nombreuses espèces avaient encore pu se mainte- aussi valable pour les oiseaux. Cette situation est très insatis- nir avec de bonnes densités, les pertes faisante pour tous, agricultrices et agriculteurs, protectrices ont été considérables ces dernières et protecteurs de la nature, ainsi que politiciennes et poli- années. La situation est particulière- ticiens. Comment cette évolution peut-elle être inversée ? ment précaire chez les espèces nichant au sol. Pipit des arbres, Alouette des De nombreux agriculteurs et agricul- pour leur utilisation. Les exploitations champs et Tarier des prés étaient trices produisent des denrées alimen- bio et IP-Suisse représentent environ jusque dans les années 1950 fréquents taires et montrent en même temps un quart de toutes les exploitations et répandus sur l’ensemble du terri- un grand engagement pour la biodi- agricoles en Suisse. On pourrait donc toire suisse. Le Pipit des arbres et le versité. Ils mettent en place plus de penser que cela permettrait d’enrayer Tarier des prés ont disparu du Plateau surfaces de promotion de la biodiver- le recul des espèces en zone agricole. et fortement diminué dans de nom- sité (SPB) que requises (en moyenne Bientôt, le nouvel atlas des oiseaux breuses régions du Jura ainsi que des 15,3 %, selon les prescriptions il en faut nicheurs sera publié, pour lequel de Alpes, et les effectifs d’Alouettes des 7 %, respectivement 12 % dans les pro- nombreux bénévoles ont récolté des champs s’effondrent sur le Plateau. jets de mise en réseau). Les domaines données de 2013 à 2016. Il montre un Le rapport du Conseil fédéral en bio renoncent aux pesticides synthé- bilan effrayant : tandis que les effectifs réponse au postulat Bertschy indique tiques et les fermes IP-Suisse doivent des oiseaux forestiers montrent une que « à ce jour, aucun des OEA [objec- respecter des conditions plus strictes évolution positive et qu’en milieu tifs environnementaux pour l’agricul- 6
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse ture] n’a été entièrement atteint ». Et 180 encore : « En raison des effets combi- nés et des lacunes subsistantes, une action s’impose particulièrement 140 dans les domaines de la biodiversité, des gaz à effet de serre, de l’azote et de la fertilité des sols. » « Dans le cas où 100 l’augmentation de l’efficience ne suffit pas, il faut envisager une réduction de l’intensité de la production. » 60 De tels bilans sont frustrants. Pas seulement pour les naturalistes, mais surtout pour les paysannes et les pay- 20 sans qui montrent un engagement sin- 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 cère. Quelles sont les raisons de cet échec de la politique agricole qui est Swiss Bird Index 1990-2016 pour les espèces caractéristiques et cibles des soutenue avec plus de 2,7 milliards de objectifs environnementaux pour l’agriculture (OFEV 2008). paiements directs par année et avec d’autres financements publics ? Quantité, situation et qualité Evolution de l’effectif de 1990 à 2016 et actions de conservation pour les La mesure la plus importante est 29 espèces cibles des objectifs environnementaux pour l’agriculture. de mettre à disposition suffisam- Espèce Evolution Remarques ment d’habitats naturels. M. Broggi Cigogne blanche + Projets de conservation en cours & H. Schlegel avaient déjà calculé en Milan royal + - 1989 qu’il fallait 74 000 hectares sur la Faucon crécerelle + Projets de conservation en cours surface agricole utile (SAU) du Plateau Perdrix grise = Effectif pratiquement éteint suisse, donc 11 % de la surface, d’habi- Râle des genêts + Projets de conservation en cours tats de bonne qualité pour conserver Vanneau huppé - Légère hausse grâce aux efforts de conservation les espèces des paysages cultivés. La loi fédérale sur l’agriculture de 1998 Courlis cendré - Effectif pratiquement éteint oblige les agriculteurs à exploiter 7 % Bécassine des marais - Effectif pratiquement éteint de leur SAU comme SPB. La part de Mouette rieuse - Projets de conservation en cours SPB de la SAU comprend aujourd’hui Coucou gris = - 15,3 %, mais avec de grandes dispari- Effraie des clochers = Projets de conservation en cours tés régionales. Si l’on ne regarde qu’en Petit-duc scops + Projets de conservation en cours termes de surface, l’objectif semble Chevêche d'Athéna + Projets de conservation en cours largement atteint. Mais Broggi & Huppe fasciée + Projets de conservation en cours Schlegel parlaient toujours explicite- Torcol fourmilier = Projets de conservation en cours ment d’habitats proches de l’état natu- Pic cendré = - rel, caractérisés par un faible taux de Alouette des champs - Projets de conservation en cours nutriments et une haute diversité en Alouette lulu + Projets de conservation en cours espèces. Cela n’est vrai jusqu’à présent Pipit farlouse - Projets de conservation en cours que pour une minorité des SPB. Rougequeue à front blanc - Projets de conservation en cours Le rapport « Opérationnalisation Tarier des prés - Projets de conservation en cours des objectifs environnementaux pour Grive litorne - - l’agriculture » (OPAL), publié en 2013 Fauvette grisette = Projets de conservation en cours par Agroscope, a quantifié le besoin Gobemouche à collier n.d. Projets de conservation en cours en surfaces à valeur écologique. Selon Pie-grièche à tête rousse - Effectif éteint cette étude, il en faut entre 10 et 17 % Choucas des tours + Projets de conservation en cours de la zone de plaine à la zone de mon- Bruant proyer - Projets de conservation en cours tagne II. Meichtry-Stier et al. (2014) ont calculé sur la base de données Bruant zizi + Projets de conservation en cours du Klettgau (SH) quelle devait être Bruant ortolan - Effectif pratiquement éteint 7
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse Situation et mesures à l’exemple de trois espèces cibles OEA Indice Indice de l’effectif de 1990 à 2016* M. Jenny +5 L’Alouette des champs montre une préférence pour les paysages cultivés ouverts avec une végétation courte +2 et clairsemée lui permettant de capturer facilement les +0.5 insectes vivant au sol. Ses effectifs se sont effondrés sur −0.5 le Plateau et dans le Jura et elle y a disparu de nombreux −2 endroits. L’espèce semble toutefois se maintenir plus ou −5 moins dans les régions situées au-dessus de 1500 m. Mesures de conservation : Davantage de surfaces de promotion de la biodiversité de qualité et mises en réseau sont nécessaires pour stopper le recul de l’Alouette des champs à basse altitude. Des mesures sur les surfaces de production (p. ex. céréales semées de façon espa- cée, sous-semis) améliorent en outre les conditions de nidification. Aux altitudes plus élevées, le maintien d’une Changement du nombre de territoires par km2 mosaïque de prairies et pâturages extensifs à végétation entre 1993-96 et 2013-16* basse est impératif. Indice Indice de l’effectif de 1990 à 2016* M. Burkhardt 1.0 En tant qu’espèce des prairies riches en fleurs exploi- 0.5 tées de façon extensive, le Tarier des prés a déjà fortement reculé à l’heure actuelle. Seuls les prairies 0.0 et pâturages extensifs d’altitude suffisent encore à −0.5 ses besoins. Toutefois ces régions sont également menacées par l’intensification de l’agriculture (fauche −1.0 précoce, engrais, irrigation). Mesures de conservation : La conservation de grandes surfaces de prairies et pâturages exploités extensi- vement est indispensable pour stopper le recul du Tarier des prés. Une date de fauche tardive joue un rôle essentiel : La première fauche ne doit intervenir Changement de la probabilité d’occurrence entre qu’après le 15 juillet quand les jeunes sont suffisam- 1993-96 et 2013-16* ment mobiles. 8
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse la proportion de SPB de qualité ainsi ture s’est poursuivie. Toujours plus elle se fait subrepticement et géné- que d’habitats naturels en-dehors d’aliments concentrés sont importés, ralement illégalement. Ici, quelques de la SAU pour permettre la survie ce qui augmente la production de blocs de pierres sont enlevés, là un des oiseaux typiques du paysage à fumier et de purin. Des machines de fossé de drainage recreusé qui finit grandes cultures : il en faut 14 %. plus en plus performantes sont uti- par assécher le marais. De nom- Les proportions de SPB de qualité lisées permettant une récolte plus breuses infractions aux lois sont com- sont bien inférieures en Suisse : en rapide sur une plus grande surface. mises et jamais sanctionnées. Une zone de plaine et zone des collines, Des techniques modernes de récolte étude du WWF dans la vallée du Rhin ils représentent 5,1 % de la SAU, en et de conservation du fourrage (p. ex. saint-galloise montre que la distance zone de montagne I et II 6,1 %. La pro- ensilage en balles) ont pour consé- aux cours d’eau, dans laquelle la loi portion dans les grandes cultures est quence de rationaliser encore davan- interdit d’épandre des engrais ou des encore moins importante. Les types tage l’utilisation des prairies. Avec une pesticides, n’était pas respectée dans de SPB typiques pour les grandes telle industrialisation de la production, 53 des 121 surfaces inspectées. Dans cultures représentent tout juste 1,3 % les calculs faits précédemment sur les 11 % des cas, une infraction grave a des terres assolées. besoins en habitats de haute qualité ne été constatée. De telles pratiques sont sont peut-être plus d’actualité et il fau- dommageables pour la nature et elles Industrialisation et importation de drait en réalité des surfaces naturelles désavantagent les agriculteurs qui fourrage d’autant plus grandes. produisent en respectant la nature. Les SPB ont été introduites dans les Selon l’ordonnance sur les paie- années 1990 pour compenser la perte Mise en œuvre lacunaire ments directs (OPD), les projets de des habitats dans le paysage cultivé La destruction des petites structures mise en réseau ont pour objectif de déjà exploité intensément à l’époque. peut actuellement être observée sur- promouvoir les espèces cibles OEA Depuis, l’intensification de l’agricul- tout aux altitudes élevées. Souvent, dans les régions avec des mesures Indice M. Burkhardt Indice de l’effectif de 1990 à 2016* La Pie-grièche écorcheur est un habitant des paysages +3 semi-ouverts richement structurés et riches en arthro- +1.5 podes. En Suisse, elle colonise surtout les paysages +0.5 cultivés riches en haies. Tandis que l’aire de distribu- −0.5 tion de la Pie-grièche écorcheur n’a pratiquement pas −1.5 changé, de nombreuses populations locales se sont effondrées, notamment aussi au sud des Alpes. −3 Mesures de conservation : La Pie-grièche écorcheur peut être favorisée par la mise en place et l’entretien de haies basses épineuses, d’arbustes isolés et de grands tas de branches à proximité de prairies et pâturages extensifs riches en nourriture. Des bandes herbeuses et des jachères florales jouxtant les haies sont également des éléments favorables. Changement du nombre de territoires par km2 entre 1993-96 et 2013-16* * Les illustrations sont tirées du nouvel atlas des oiseaux nicheurs qui sera publié en novembre 2018. 9
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse Intensification des surfaces herbagères dans le Jura Les pâturages extensifs du Jura font partie des habitats les plus riches en espèces de Suisse. Grâce à leurs nom- breuses petites structures et à l’utilisation extensive et mixte de la forêt et du pâturage, ils n’ont pas seulement une grande valeur pour la biodiversité, mais contribuent aussi à former un paysage varié. De nombreuses espèces, qui ne trouvent plus d’habitat adéquat aux altitudes plus basses, vivent encore dans ces régions, comme c’est le cas de l’Alouette lulu. Ces 20 dernières années, un grand nombre de ces pâturages a été transformé en surfaces herbagères monotones et intensives. Les méthodes d’intensification sont nombreuses, mais la plus brutale est le gyrobroyage avec ses conséquences irréversibles. Le gyrobroyage permet d’éliminer en un temps très court chaque petite structure telle qu’inégalité de terrain, tas de pierres ou tronc d’arbre, et de lisser le terrain. Ainsi non seulement de petites surfaces, mais des paysages entiers sont banalisés. Bien que le gyrobroyage soit pratiqué depuis le milieu des années 1990, la problématique est encore méconnue dans de nombreux endroits. Il manquait jusqu’à présent une vue d’ensemble des bases légales dans les différents cantons concernés par la pratique, ainsi que de l’ampleur de son utilisation. Un sondage de la Station ornitholo- gique montre qu’il n’existe pas de chiffres fiables sur l’emploi des gyrobroyeurs. Il existe certes des lois dans cer- tains cantons interdisant ou réduisant leur emploi, mais celles-ci varient fortement d’un canton à l’autre et la mise en œuvre est généralement lacunaire. La recherche a montré que le gyrobroyage est aussi pratiqué dans les Alpes. Il faut à l’avenir donner davantage de priorité à la conservation de pâturages extensifs riches en structures. La di- versité des structures devrait être un critère de protection important au même titre que la qualité botanique. Une exploitation plus globale et durable des pâturages du Jura est indispensable, car outre le gyrobroyage, d’autres méthodes d’exploitation conduisent à une utilisation toujours plus intensive des surfaces herbagères. Il existe de bons exemples avec certaines planifications d’exploitation ou le programme pluriannuel nature et paysage du canton de Soleure. Mais d’autres progrès sont rapidement nécessaires pour ne pas perdre davantage de surfaces de pâturages riches en structures et en espèces. Car au final, la conservation des pâturages maigres du Jura n’a pas seulement une grande importance pour les espèces menacées, mais aussi pour le maintien d’un paysage caracté- ristique et pour sa promotion touristique. Pâturage boisé typique au Chasseral (1, photo : A. Gerber) et trois exemples de surfaces gyrobroyées au Grand Mont Mervelier (2, L. Juillerat), à La Scheulte (3, L. Juillerat) et à Sonceboz les Prises (4, A. Ducommun). 1 2 3 4 10
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse adéquates. L’objectif est malheureu- les contributions en faveur de la bio- ciblées du point de vue quantitatif sement manqué dans de nombreuses diversité. et qualitatif sur la promotion des régions : les mesures planifiées et Outre les paiements directs, l’agri- espèces cibles OEA régionales. mises en œuvre ne sont pas assez culture est encore soutenue par 4) Maintien et promotion des petites axées sur les espèces cibles. On met d’autres contributions, p.ex. pour la structures et des zones de bordure souvent en œuvre les mesures les promotion des ventes et les amélio- non exploitées sur les surfaces agri- plus simples à réaliser qui amènent rations foncières. Ces contributions coles. peu pour les espèces cibles. favorisent également une production 5) Les agriculteurs et agricultrices fortement mécanisée, industrielle et doivent bénéficier d’une meilleure Incitations inopportunes comprennent de grands risques pour offre en formation et formation Les paiements directs en faveur des la biodiversité. continue, ainsi que d’une meilleure agriculteurs suisses se montent à plus A nouveau, ce sont les paysans pro- vulgarisation dans le domaine éco- de 2,7 milliards de francs par année. duisant de manière respectueuse de la logique. Moins de 14 % sont en faveur de la bio- nature qui sont désavantagés. 6) Particulièrement important : la diversité. Malgré cela, l’Office fédéral législation en vigueur y compris les de l’agriculture communique en 2016, Renforcer le conseil écologique objectifs environnementaux pour moins de 3 ans après l’adoption de la De manière générale, beaucoup de l’agriculture doivent être mis en nouvelle OPD, que l’enveloppe finan- paysannes et de paysans montrent un œuvre de façon plus conséquente, cière pour les contributions en faveur grand intérêt pour la nature. Mais la en particulier dans les domaines du de la biodiversité doit être gelée. L’of- majorité ne sait pas trop avec quelles bilan de fumure, des pesticides et fice fédéral signale ainsi que la biodi- mesures ils peuvent favoriser la diver- des projets de mise en réseau. versité a une importance moindre par sité des espèces et quelles mesures rapport aux autres domaines. Cela s’avèrent négatives pour la nature. La population suisse attache une désoriente les agriculteurs qui seraient Cela n’étonne guère, car lors de la for- grande importance à une produc- prêts à s’engager en faveur de la bio- mation, de la formation continue ou tion de ses aliments respectueuse de diversité et donc pour la collectivité. encore de la vulgarisation agricole, la l’environnement. Et malgré certains Les précieuses SPB typiques des biodiversité et l’écologie ont une place problèmes ces dernières années, l’agri- terres assolées, telles que jachères bien trop peu importante. Les études culture suisse jouit d’une bonne répu- florales et de rotation, sont toujours montrent clairement que les agricul- tation. Nous sommes convaincus que rares. Elles ne sont apparemment pas trices et les agriculteurs participant à la correction des déficits écologiques attrayantes pour les agriculteurs. Ce des projets avec un bon conseil écolo- représente une chance pour l’agri- n’est pas seulement, mais aussi, une gique mettent en place plus de SPB de culture suisse de bénéficier aussi à question financière. Lorsqu’il s’était niveau de qualité II (Q II) et plus de l’avenir des grandes sommes que agi de déterminer les indemnisations types différents de SPB (Chevillat et al. représentent les contributions du sec- pour les SPB, la perte de rendement et 2017) et favorisent ainsi la biodiversité. teur public. le temps de travail ont été méticuleu- sement calculés. Cela contraste p. ex. Il est temps d’agir Raffael Ayé, Simon Birrer avec les contributions à la sécurité de On peut déduire de ce qui précède les raffael.aye@birdlife.ch, simon.birrer@vogelwarte.ch l’approvisionnement qui sont versées points prioritaires pour la conserva- sans base claire à toutes les surfaces tion de la biodiversité et donc aussi de production – que l’exploitation des espèces d’oiseaux du paysage de ces surfaces soit rentable sans la cultivé en Suisse : contribution ou pas et que la forme d’exploitation ménage les bases de 1) Il faut urgemment plus de SPB sur production telles que le sol ou pas. les terres assolées. Les jachères flo- Ces contributions à la sécurité de rales et tournantes, surtout, ont fait l’approvisionnement représentent leurs preuves pour la conservation environ 40 % des paiements directs. de la biodiversité, mais sont bien Elles sont versées pour toutes les sur- trop peu mises en place. faces de production – même pour le 2) La qualité des SPB doit être forte- tabac. Pour les SPB, seul la moitié de ment augmentée, aussi au-delà du la contribution est payée, et même niveau Q II. rien pour les jachères et pour les haies. 3) Les mesures dans les projets de Ces contributions contrecarrent donc mise en réseau doivent être mieux 11
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse Mouettes et sternes dépendent des sites de nidification artificiels Mouettes et sternes nichent à la zone de transition entre sites de remplacement a aussi per- l’eau et la terre. Les îles leurs offrent une protection contre les mis une augmentation comparable. prédateurs terrestres. La nidification en colonie permet de se La première colonie de Mouettes défendre à plusieurs contre les prédateurs aériens et empêche rieuses attestée en Suisse date de l’installation d’autres espèces occupant les mêmes habitats. 1865 seulement, au Kaltbrunner Riet (SG), où l’espèce nichait sur des touradons. Entre les années Ces deux derniers siècles, les rives de nidification. Mais des îles de gra- 1920 et 1970, d’autres zones d’atter- des cours d’eau et des lacs suisses vier, créés surtout à partir de la fin rissement naturelles ont été occu- ont été fortement modifiées par les des années 1950 ont alors pu servir pées au nord-est de la Suisse et au corrections des rivières et la régu- de sites de remplacement. A partir Fanel. Dès 1965, les colonies se sont lation du niveau d’eau de la plu- des années 1960, des plateformes peu à peu déplacées vers les îles de part des lacs. La Sterne pierregarin de nidification fixes ainsi que des gravier. La population a crû jusque nichait encore jusqu’au début du radeaux flottants ont été installés, dans les années 1970 pour atteindre 20e siècle sur environ 30 sites natu- d’abord au Fanel, puis plus tard sur un maximum de 3471 couples en rels (bancs de sable le long de cours différents lacs et rivières, du lac de 1984 (dont 2806 au Fanel). Les effec- d’eau du Plateau ainsi que leurs Constance jusqu’à Bâle ainsi que sur tifs ont ensuite reculé, comme dans embouchures dans les lacs). La plu- le Rhône en aval de Genève. De 47 les régions limitrophes. Depuis 2000, part d’entre eux ont disparu dans couples en 1948, la population de la population est relativement stable les décennies suivantes, suite aux Sternes pierregarins a ainsi conti- aux alentours de 500-1000 couples, interventions évoquées plus haut. nuellement progressé jusqu’à son voire en léger déclin. Par endroits, l’extraction de gravier niveau actuel de 580-760 couples. La population de Goélands leu- a aussi mené à la disparition de sites En régions limitrophes, une offre en cophées, qui a colonisé la Suisse La plateforme « Strandweg » à Rapperswil (SG) est équipée d’une nouvelle structure destinée à freiner l’installation (jusqu’alors réussie) du Goéland leucophée. En 2017, deux couples de Mouettes rieuses y ont niché, puis 35 couples en 2018. Contrairement au goéland, cette espèce parvient à se poser sur les fils tendus (photo : Klaus Robin). 12
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse Une caméra postée sur la plateforme de Préverenges VD offre un aperçu méconnu de la vie des Sternes pier- regarins et permet parfois de lire leurs bagues en aluminium. Cette fe- melle née en 2009 à Vaumarcus NE sur le lac de Neuchâtel s’est ainsi re- produite en 2016 sur le Léman (photo : Lionel Maumary). dès 1968, a augmenté de façon sou- et les mesures apportées. Diverses l’eau les radeaux qu’après l’arrivée tenue, surtout depuis les années améliorations innovantes ont été des mouettes et des sternes, tandis 1990, pour atteindre aujourd’hui conçues et testées ces dernières que les plateformes peuvent être 1400 couples environ. L’espèce a années. Comme tout rassemble- recouvertes pendant l’hiver (voir colonisé l’ensemble du Plateau, à ment d’oiseaux, les colonies attirent Beaud 2017 pour l’optimisation de l’exception du lac de Constance, une grande variété de prédateurs. la couverture). Pour laisser suffi- aujourd’hui seulement peuplé de Le renard a ainsi, dans certains cas, samment de place à la sterne, qui couples isolés. Très concurrentielle, décimé des colonies entières, parve- revient plus tard de sa migration, cette espèce a pris ses quartiers nant même à pénétrer sur des îles. la libération des plateformes peut sur les îles du Fanel au cours des Le Héron cendré, le Milan royal, aussi se faire de manière échelon- années 1990, tandis qu’elle mono- l’Autour des palombes, le Goéland née (Beaud 2017). polise de façon croissante les îles de leucophée, le Grand-duc d’Europe, Au Neeracherried (ZH), de pre- gravier des environs de Rappers- les rats et même le Sanglier font mières expériences ont été menées wil. Une reproduction sur un toit aussi partie de la liste des préda- avec des mini-radeaux relative- a été rapportée pour la première teurs, laquelle n’est d’ailleurs pas ment légers et dont la manipula- fois en 1994 aux abords du Léman, exhaustive. Même le Silure glâne tion est plus aisée. À la retenue phénomène désormais annuel et de peut capturer de grandes quanti- de Klingnau (AG) et à Rapper- plus en plus répandu depuis 2002 tés de jeunes oiseaux nageant. Sou- swil (SG), des structures verticales, aux abords de plans d’eau, bien vent, la pression des prédateurs similaires à des barrières, ont été qu’il reste pour l’heure le fait de augmente à mesure que les colo- testées, dans le but de compliquer couples isolés. nies sont présentes depuis long- l’accès aux grandes espèces (Goé- Ces dernières années, la Mouette temps. La prédation fait partie de la lands leucophées et divers préda- rieuse a essentiellement niché sur nature et les espèces ont développé teurs). Il est encore trop tôt pour les plateformes et radeaux artifi- diverses stratégies de défense. tirer un bilan, mais la nidification ciels, en compagnie de la Sterne L’aménagement de cachettes sur du goéland a pu être empêchée sur pierregarin. Nichant tôt dans l’an- les plateformes peut apporter une les plateformes équipées à Rap- née, elle occupe en premier les sites aide supplémentaire à la protection perswil, alors que deux puis 35 disponibles avant le retour de la des poussins. Il est important que couples de Mouettes rieuses ont pu sterne, laquelle peut ensuite s’y les sites de reproduction alternatifs nicher en 2017 et 2018. Le long des installer une fois la nidification de empêchent une pression trop éle- roselières, les petites plateformes à la mouette terminée. vée de prédation. proximité directe des plus grandes Dans la plupart des sites qu’elles ont aussi un effet attrayant sur les Conservation occupent, Mouettes rieuses mouettes. Nous pouvons considé- En décembre 2017 a eu lieu à Berne et Sternes pierregarins sont rer ces innovations comme autant la rencontre du groupe de travail aujourd’hui en concurrence avec de signaux prometteurs. Enfin, à « Laridés », au cours de laquelle le Goéland leucophée. Pour modé- la Pointe-à-la-Bise (GE), un petit les personnes en charge du suivi rer cette concurrence interspéci- radeau de remplacement est mis des colonies et des plateformes fique, plusieurs mesures ont été à disposition des goélands afin de ont pu s’informer de l’évolution testées ces dernières années. Afin laisser libre le radeau destiné aux des effectifs et discuter leurs expé- de réduire l’installation précoce du sternes jusqu’à leur retour. Celui-ci riences, les problèmes rencontrés goéland, il est possible de mettre à a été équipé d’un dispositif acous- 13
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse tique et lumineux visant à éloigner mieux comprendre les échanges dépendantes de sites artificiels. les goélands, qui n’est toutefois effi- entre les différentes colonies, des L’entretien des plateformes et des cace qu’à court terme. caméras ont été placées sur les pla- radeaux et l’extension de telles La gestion de la végétation a aussi teformes de Préverenges (VD) et de mesures sont donc très importants son importance. Si rien n’est entre- la Pointe-à-la-Bise, permettant dans pour la survie des ces espèces. Un pris sur les plateformes et radeaux, certains cas de lire les bagues des merci particulier doit ici être adressé en particulier ceux faits en bois, la individus. à tous les ornithologues, associa- végétation devient trop dense au Les espèces sont adaptées à la tions, services cantonaux et fonda- fil du temps. Elle est aussi un défi dynamique des habitats et leur ins- tions engagés dans ces projets ! de première importance sur les tallation est donc flexible. Si des îles de gravier. Même sur les sites sites sont abandonnés en cas de Claudia Müller, Raffael Ayé non occupés, la qualité de l’habi- prédation ou de concurrence trop claudia.mueller@vogelwarte.ch, raffael.aye@birdlife.ch tat doit rester optimale afin que les forte, ils peuvent aussi être réoc- espèces puissent bénéficier d’un cupés après quelques années, du Beaud, M. (2017) : Comment éloigner les large réseau de sites de nidification moins si les individus les plus spé- Goélands leucophées Larus michahellis des adéquats. cialisés parmi les prédateurs ne sont plateformes de nidification et harmoniser une colonie mixte de Sternes pierregarins Depuis 2015, des Sternes pier- plus présents. Sterna hirundo et de Mouettes rieuses Larus regarins occupent un toit plat à Sur les habitats d’origine, le ridibundus. Nos Oiseaux 64 : 105-110. Horgen (ZH) ; une première, réus- long des cours d’eau et des rives sie grâce à la diffusion de cris et à la de lacs naturels, un réseau de sites présence de répliques de sternes en de nidification était autrefois à dis- plastique. Face à ce succès, des ten- position des espèces. Aujourd’hui tatives similaires sont entreprises en revanche, nos mouettes et nos en de nombreux autres lieux. Pour sternes sont presqu’entièrement Le toit d’un hangar à bateaux à Horgen (ZH) a été assez rapidement colonisé par la Sterne pierregarin, suite à la diffusion de cris et à la pose d’oiseaux en plastique (photo : Mathias Ritschard). 14
Circulaire 22 | Programme de conservation des oiseaux en Suisse Liste rouge des Espèces prioritaires Espèces prioritaires oiseaux nicheurs au niveau national pour une (V : prioritaires comme visiteurs) conservation ciblée Tadorne de Belon Pouillot siffleur Canard chipeau V Hirondelle de rivage Gélinotte des bois Canard chipeau Pouillot fitis Canard colvert V Hirondelle de rochers Lagopède alpin Sarcelle d’hiver Gobemouche à col- Nette rousse Hirondelle de fenêtre Tétras lyre Sarcelle d’été lier Fuligule milouin V Pipit farlouse Grand Tétras Canard souchet Panure à moustaches Fuligule morillon Pipit spioncelle Perdrix bartavelle Fuligule milouin Rémiz penduline Harle bièvre Bergeronnette prin- Perdrix grise Fuligule morillon Pie-grièche à poi- Gélinotte des bois tanière Cigogne blanche Eider à duvet trine rose Lagopède alpin Cincle plongeur Milan royal Garrot à oeil d’or Pie-grièche grise Tétras lyre Accenteur alpin Gypaète barbu Harle huppé Pie-grièche à tête Grand Tétras Rossignol philomèle Faucon crécerelle Harle bièvre rousse Perdrix bartavelle Rougequeue noir Râle des genêts Grand Tétras Crave à bec rouge Perdrix rouge Rougequeue à front Petit Gravelot Perdrix rouge Choucas des tours Perdrix grise blanc Vanneau huppé Perdrix grise Roselin cramoisi Grèbe castagneux Tarier des prés Bécassine des marais Grèbe castagneux Bruant ortolan Grèbe huppé Tarier pâtre Bécasse des bois Grèbe à cou noir Bruant des roseaux Grèbe à cou noir V Monticole de roche Courlis cendré Blongios nain Bruant proyer Grand Cormoran V Monticole bleu Chevalier guignette Bihoreau gris Blongios nain Merle à plastron Mouette rieuse Héron pourpré Héron pourpré Grive litorne Sterne pierregarin Cigogne blanche Cigogne blanche Grive draine Coucou gris Gypaète barbu Bondrée apivore Locustelle tachetée Effraie des clochers Busard des roseaux Milan noir Locustelle luscinioïde Petit-duc scops Busard cendré Milan royal Rousserolle turdoïde Grand-duc d’Europe Aigle royal Gypaète barbu Hypolaïs ictérine Chevêche d’Athéna Balbuzard pêcheur Autour des palombes Hypolaïs polyglotte Engoulevent d’Europe Marouette ponctuée Epervier d’Europe Fauvette des jardins Martinet à ventre blanc Marouette poussin Buse variable Fauvette grisette Martinet noir Marouette de Baillon Aigle royal Pouillot siffleur Martin-pêcheur d’Europe Râle des genêts Balbuzard pêcheur Pouillot fitis Huppe fasciée Petit Gravelot Faucon crécerelle Roitelet huppé Torcol fourmilier Vanneau huppé Faucon hobereau Roitelet à triple ban- Pic cendré Bécassine des marais Faucon pèlerin deau Pic mar Bécasse des bois Râle des genêts Gobemouche à collier Alouette lulu Courlis cendré Foulque macroule V Panure à moustaches Alouette des champs Chevalier gambette Petit Gravelot Mésange nonnette Hirondelle de rivage Chevalier guignette Vanneau huppé Mésange huppée Hirondelle de fenêtre Mouette mélano- Bécassine des marais Mésange noire Rougequeue à front blanc céphale Bécasse des bois Tichodrome échelette Tarier des prés Mouette rieuse Courlis cendré Grimpereau des bois Merle à plastron Goéland cendré Chevalier gambette Pie-grièche à poitrine Grive litorne Petit-duc scops Chevalier guignette rose Locustelle luscinioïde Grand-duc d’Europe Mouette rieuse Pie-grièche grise Rousserolle turdoïde Chevêche d’Athéna Sterne pierregarin Pie-grièche à tête Fauvette grisette Engoulevent d’Europe Tourterelle des bois rousse Pouillot siffleur Martinet pâle Coucou gris Cassenoix moucheté Pouillot fitis Martin-pêcheur d’Eu- Effraie des clochers Chocard à bec jaune Pie-grièche à tête rousse rope Petit-duc scops Crave à bec rouge Choucas des tours Guêpier d’Europe Grand-duc d’Europe Choucas des tours Bruant zizi Huppe fasciée Chevêchette d’Europe Corneille noire/man- Bruant ortolan Pic cendré Chevêche d’Athéna telée Bruant proyer Pic à dos blanc Hibou moyen-duc Niverolle alpine Cochevis huppé Chouette de Teng- Pinson du Nord V Alouette lulu malm Venturon montagnard Hirondelle de rivage Engoulevent d’Europe Linotte mélodieuse Pipit rousseline Martinet à ventre Bec-croisé des sapins Pipit farlouse blanc Bouvreuil pivoine Gorgebleue à miroir Martinet noir Bruant zizi Tarier des prés Martin-pêcheur d’Eu- Bruant ortolan Monticole bleu rope Bruant des roseaux Merle à plastron Huppe fasciée Bruant proyer Grive litorne Torcol fourmilier Bouscarle de Cetti Pic cendré Lusciniole à mous- Pic mar taches Pic tridactyle Hypolaïs ictérine Cochevis huppé Fauvette épervière Alouette lulu Fauvette orphée Alouette des champs 15
Le programme en bref En 2003, la Station ornithologique suisse de Sempach et l’Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse ont lancé un programme d’actions à long terme en faveur des oiseaux nicheurs menacés. Le « Programme de conservation des oiseaux en Suisse » est réalisé en étroite collaboration avec l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). L’ASPO et la Station ornithologique ont désigné 50 espèces d’oiseaux pour lesquelles il est urgent d’agir (espèces prioritaires pour une conservation ciblée, Keller et al. 2010) et ont montré quels facteurs menacent les effectifs et quelles mesures peuvent favoriser ces espèces (Spaar et al. 2012). Le but de ce programme est de maintenir en Suisse des populations viables de ces espèces. Depuis son lancement, www.conservation-oiseaux.ch de nombreux projets de conservation ont pu être initiés. Des plans d’action nationaux ont été élaborés pour six espèces. Ils Informations importantes et publications seront mis en pratique dans les années à venir. Ceci requiert à télécharger. Vous pouvez en outre être une collaboration étroite entre des acteurs les plus divers. informé des nouveautés par newsletter. Transmettez-nous votre adresse email. Pour approfondir le sujet : Ayé R., V. Keller, W. Müller, R. Spaar & N. Zbinden (2011) : Révision Spaar, R., R. Ayé, N. Zbinden & U. Rehsteiner (2012) : Eléments 2010 de la liste rouge et des espèces prioritaires pour la Suisse. pour les programmes de conservation des oiseaux en Nos Oiseaux 58 : 67-84. Suisse – Actualisation 2011. Station ornithologique suisse OFEV (2011) : Liste des espèces prioritaires au niveau national. et Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/ Espèces prioritaires pour la conservation au niveau national, BirdLife Suisse, Sempach et Zurich. état 2010. Office fédéral de l’environnement, Berne. Spaar, R. & R. Ayé (2011) : Stratégie du programme de Keller V., A. Gerber, H. Schmid, B. Volet & N. Zbinden (2010) : conservation des oiseaux en Suisse 2011-2016. Station Liste rouge des oiseaux nicheurs. Espèces menacées en ornithologique suisse et Associaton Suisse pour la Protection Suisse, état 2010. Office fédéral de l’environnement et Station des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse, Sempach et Zurich. ornithologique suisse, Berne et Sempach. Coordination du programme de conservation des oiseaux en Suisse Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse Station ornithologique suisse de Sempach Dr Raffael Ayé Dr Reto Spaar Case postale, CH–8036 Zurich CH–6204 Sempach raffael.aye@birdlife.ch ; 044 457 70 20 reto.spaar@vogelwarte.ch ; 041 462 97 00
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