Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017

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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
Rapport Final

Renforcer les capacités sur les
mécanismes de transfert de fonds
vers un investissement productif de
la Diaspora Djiboutienne

TA/057/2017

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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
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L'OIM est engagée au principe que la migration humaine et ordonnée
profite aux migrants et à la société. En tant qu'organisation
intergouvernementale, l'OIM agit avec ses partenaires dans la
communauté internationale pour: aider à relever les défis
opérationnels de la migration. Comprendre les problèmes de la
migration, encourager le développement social et économique par la
migration, et défendre la dignité humaine et le bien-être des migrants.

Préparé par: Moez     EL ELJ
Date: Décembre 2018

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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
Remerciements

Même s’il a été rédigé par une seule personne, ce rapport n’aurait jamais été possible sans la contribution de plusieurs autres, qui
doivent être vivement remerciés.

Au premier chef, il y a tout particulièrement lieu de remercier Monsieur Idriss Guelleh, Directeur de la Relation Multilatérale au
Ministère des Affaires Etrangères et Madame Marie Natalis, Directrice des Affaires Juridiques et Consulaires pour leur appui
tout au long de la mission. Nous tenons également à remercier chaleureusement Madame Lalini Veerassamy, Cheffe de Mission
à l’OIM Djibouti ainsi que ses collaborateurs Madame Ifrah Abas et Monsieur Houssein Mohamed pour leur soutien logistique et
leurs efforts pour faciliter les réunions de travail avec les différentes parties prenantes étatiques et non étatiques. Ce rapport leur
doit beaucoup et est en même temps le leur.

Mes vifs remerciements s’adressent également à Mme Kabog-Gituku Wambui de l’OIM (Kenya) pour l’accompagnement au
démarrage de la mission et pour l’appui et le soutien sans cesse tout au long du déroulement de cette mission.

Nous remercions également Monsieur Isaac Leon, Expert (ACP-EU), et Madame Isabelle De Ruyt, Trust fund Manager for
Djibouti and IGAD, DUE (Djibouti) pour les compléments d’informations utiles pour l’élaboration de ce rapport.

Je saisis également cette occasion pour adresser mes profonds remerciements à Monsieur Ahmed Osman Ali le Gouverneur de la
Banque Centrale de Djibouti pour l’accueil et la mise en relation avec les cadres de la BCD. Je remercie également Monsieur
Malik Garad, Monsieur Abdourahman Ali et Monsieur Habib Barakat respectivement Chef de Services de la Supervision, Chef
de services des Relations Extérieurs et Juriste à la Banque Centrale pour leur accueil et pour la richesse des informations et
données partagées avec la mission. Mes remerciements s’adressent également à Monsieur Aouad Mouti, Directeur Général du
Fonds de Garantie pour les éclaircissements apportés concernant les orientations de l’Etat en matière de garantie en vue de
promouvoir l’investissement productif à Djibouti.

Je remercie également Monsieur Mahdi Mohamed Djama, Directeur de l’Agence Djiboutienne de Développement Social et
Madame Chafika Ahmed Abdallah, Directrice de la Programmation et suivie évaluation ainsi que Madame Kadra Omar,
Directrice des Institutions de Micro Finance au sein de l’ADDS et Monsieur Mohamed Houmed Gaba Osman Directeur de la
Caisse Populaire d’Epargne et de Crédit pour leur accueil et pour la richesse des informations partagées avec la mission.

Nos remerciements s’adressent également à Monsieur Ali Daoud Houmed, Directeur Général du Fonds de Développement
Economique de Djibouti, Monsieur Mahdi Darar Obsieh Directeur Général de l’Agence Nationale de la Promotion de
l'Investissent et Monsieur Fouad Daoud, Conseiller communication et chargé des réformes fiscales au sein du Ministère du
Budget pour l’intérêt accordé à la mission et leur amabilité de partager des informations pertinentes pour l’élaboration de ce
rapport.

Je désire par ailleurs remercier les cadres du Ministère de l’Intérieur qui ont répondu favorablement à l’organisation de réunions
techniques sur la migration. Je remercie particulièrement Monsieur Houssin Houmed Ali, Directeur Adjoint au sein de la
Direction de la Population et de la Famille, Monsieur Ahmed Ali Abdallah Chef de service central de l’état civil et consulaire et
Colonel Abdoulkader Ibrahim Gona Directeur de l’Immigration à la Police Nationale.

Je tiens à remercier vivement Monsieur Youssouf Dawaleh Président de la Chambre de Commerce du Djibouti et Madame
Dahabo Daoud Cheffe de service informations et études économiques au sein de la Chambre pour leur accueil chaleureux et
échanges fructueux sur l’investissement en général et celui de la Diaspora en particulier.

Je remercie également les responsables au sein des banques Exim Bank (Madame Hawa Hamadou Ali), CAC Int Bank (Madame
Sabrine Kassim), Bank of Africa (Madame Neima Ali) et La Poste (Monsieur Bassabre Rifki Bamakhrama) d’avoir accepté de
participer à une réunion organisée par la mission portant sur la bancarisation des Djiboutiens résidents à l’étranger et les
difficultés d’accès aux financements. Leurs contributions sont d’une grande valeur ajoutée pour l’élaboration du rapport. Je
remercie particulièrement Monsieur Abdilaziz Mohamed, Directeur de East Afrique Bank – Dahabshil pour sa disponibilité et
pour les échanges et discussions sur les transferts des fonds de la Diaspora.

Je tiens à remercier également Mr Sekou Tidiani Konate, Ingénieur Statisticien Direction de la Statistique et des Études
Démographiques pour l’accueil et les discussions sur les données disponibles sur les migrants djiboutiens.
Monsieur Dini Daoud, Chargé Suivi Evaluation au sein du Ministère de l’Economie et des Finances pour les informations est
également remercié pour son accueil et pour les informations partagées.

Je voudrais enfin exprimer ma reconnaissance et adressé mes vifs remerciements à Monsieur Robleh Ali Mohamed et Mr
Abdoulkader Mohamed Ali respectivement Directeur et Directeur Adjoint de Global Djibouti Development et Mme Naima
Amarkak membre de GDD pour l’intérêt accordé à cette mission et pour la mise en relation avec les Djiboutiens résidents à
l’étranger. Je vivement tous les Djiboutiens résidents à l’étranger qui ont été contactés et qui ont consacré du temps et accepté de
répondre à toutes mes questions sur les transferts de fonds et sur le potentiel et les obstacles à l’investissement à Djibouti.

À toutes et tous, merci.
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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
Sommaire
Remerciements ............................................................................................................................................................... 3
I.       Contexte et objectifs ............................................................................................................................................... 6
II.           Méthodologie et difficultés rencontrées ............................................................................................................ 7
III.          Informations sur la Diaspora Djiboutienne : Cartographie et Typologie .......................................................... 9
      III.1. Eparpillement des données collectées par les ambassades et les services consulaires et défaut de
      coordination .............................................................................................................................................................. 11
      III.2. L’Inexistence d’un système d’information et de partage des données sur la Diaspora: ................................. 11
      III.3. Une sous-exploitation des données du Ministère de l’intérieur et absence de système d’information intégré
      avec le Ministère des Affaires étrangères................................................................................................................. 12
      III.4. Principaux défis en relation avec l’identification de la Diaspora Djiboutienne : ............................................ 13
IV.           Les transferts de fonds de la Diaspora ............................................................................................................ 13
      IV.1. La réglementation relative aux transferts de fonds ......................................................................................... 16
      IV.2. Un rôle important des bureaux de transfert de fonds ...................................................................................... 17
      IV.3. Une faible pénétration du secteur bancaire dans les transferts d’argent de l’étranger .................................... 20
      IV.4. Non adoption des nouvelles technologies pour les transferts de fonds à Djibouti : ....................................... 21
      IV.5. Transferts de fonds par les circuits informels à Djibouti ................................................................................ 22
      IV.6. Utilisation des fonds transférés par la Diaspora.............................................................................................. 24
V.            Mobilisation des fonds de la Diaspora vers des projets productifs ................................................................. 24
      V.1. L’accès à la propriété est une priorité pour la Diaspora et c’est une condition inéluctable pour entreprendre
      d’autres projets… ..................................................................................................................................................... 25
      V.2. Contraintes et obstacles à l’investissement productif de la Diaspora à Djibouti ............................................. 26
         V.2.1.Déficit de confiance dans les institutions et dans le système réglementaire .............................................. 26
         V.2.2. Perception négative du climat des affaires en général malgré les efforts de l’Etat en matière
         d’amélioration de l’environnement des affaires ................................................................................................... 27
         V.2.3. Inexistence de services d’appui pour la Diaspora: .................................................................................... 30
         V.2.4. Difficultés d’accès aux financements par la Diaspora dans un contexte de dynamisme et d’innovation
         dans le secteur financier ....................................................................................................................................... 31
VI.           Recommandations ........................................................................................................................................... 35
      VI.1. Recommandations en relation avec le renforcement des capacités en matière de collecte et de partage des
      données sur la Diaspora Djiboutiennes .................................................................................................................... 35
      VI.2. Recommandations en relation avec une meilleure appropriation du volume et des mécanismes des transferts
      de fonds à Djibouti ................................................................................................................................................... 38
      VI.3. Recommandations en relation avec l’attractivité des fonds pour l’entreprenariat et la promotion de projets
      productifs .................................................................................................................................................................. 39
Références Bibliographiques :...................................................................................................................................... 47
Annexe 1 : Liste des rencontres et photos (Mission du 14/10/2018 au 02 /11/2018) .................................................. 48
Annexe 2 : Modèle de fiche de renseignement ............................................................................................................ 56
Annexe 3 : Liste des bureaux de transfert d'argent ...................................................................................................... 57
Annexe 4 : Illustration d’un comparateur de frais de transferts sur la plateforme (www.envoidargent.fr) ................. 58
Annexe 5 : Une analyse des expériences internationales ............................................................................................. 59

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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
Liste des acronymes

ADDS : Agence Djiboutienne de Développement Social
ANPI : Agence Nationale pour la Promotion des Investissements
ARULOS : Agence de Réhabilitation Urbaine et du Logement Social
BCD : Banque Centrale de Djibouti
BAD : Banque Africaine de Développement
BM : Banque Mondiale
CDD : Chambre de Commerce de Djibouti
CPEC : Caisse Populaire d’Epargne et du Crédit
DISED : Direction de la Statistique et des études démographiques
FDED : Fonds de Développement Economique de Djibouti
FMI : Fonds Monétaire Internationale
GDD : Global Djibouti Diaspora
IGAD : Intergovernmental Authority on Development
OIM : Organisation Internationale pour les Migrations
SCAPE : Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi
UE : Union Européenne

Liste des Figures:

Figure 1 : Evolution des transferts de fonds de la Diaspora Djiboutienne ....................................................... 14
Figure 2 : Evolution des transferts de fonds de l’étranger .................................................................................. 14
Figure 3: Part des transferts des fonds dans le PIB (une comparaison internationale) ................................... 15

Liste des Tableaux:
Tableau 1 : Pays de résidence des migrants Djiboutiens ....................................................................................... 9
Tableau 2 : Evolution des transferts de fonds de la Diaspora Djiboutienne..................................................... 14
Tableau 3 : Cartographie des transferts des fonds vers Djibouti en 2017 ......................................................... 16
Tableau 4 : Frais d’envois de 1000 US $ des Etats-Unis vers Djibouti via Western Union ............................. 19
Tableau 5 : Frais d’envois de 1000 US $ des Etats-Unis vers Djibouti via Money Gram ................................ 19

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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
I. Contexte et objectifs
Conscient de la problématique de la Diaspora Djiboutienne et de son rôle potentiel dans le
développement économique du Djibouti, le Ministère des Affaires Etrangères et de la
Coopération Internationale, Porte-Parole du Gouvernement a sollicité l’appui du programme
ACP EU Action pour une assistance technique visant à proposer des recommandations et des
orientations en vue de mobiliser davantage les transferts de fonds vers des investissements
productifs de la Diaspora djiboutienne. Cette initiative vise à être complémentaire à la requête
initiée par l'IGAD auprès du programme ACP EU Action qui a pour but d'effectuer une
évaluation des besoins sur les capacités des entités dans les huit pays de I'IGAD en matière de
mécanismes de transferts de fonds de la diaspora et de la mobilisation de ces fonds pour le
développement économique des pays de l’IGAD. Précisons que l’OIM a pris aussi l’initiative
de financer le projet « Engager la Diaspora Djiboutienne à travers le Développement d’une
Stratégie Nationale et une Cartographié » qui devrait apporter des solutions concrètes aussi
bien en termes d’identification et de ciblage de la Diaspora qu’en termes de réflexions
stratégiques sur la mobilisation des fonds de la Diaspora pour des projets d’investissements à
Djibouti1.

Dans ce contexte, la présente assistance technique vise le renforcement de la compréhension sur
les mécanismes de transfert de fonds à Djibouti vers un investissement productif de la Diaspora
Djiboutienne. Les résultats de cette mission viseront à alimenter et nourrir la réflexion pour la
mise en œuvre du projet de l’OIM : « Engager la Diaspora Djiboutienne à travers le
Développement d’une Stratégie Nationale et une Cartographié ».

En se référant aux Termes de Références et à la Fiche d’Assistance Technique ainsi qu’au
rapport d’évaluation de base2 TA057/2017 portant sur l’appui technique pour renforcer la
coopération sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la
Diaspora Djiboutienne, nous avons pu délimiter les principaux objectifs de cette mission qui
s’articule autour de deux composantes. Un diagnostic approfondi suivi de propositions
d’orientations et de recommandations. Le diagnostic et les recommandations et orientations
sont déclinés autour des axes suivants :
   • Comprendre les contraintes et les obstacles à une meilleure connaissance de la Diaspora
        Djiboutienne ;
   • Comprendre le fonctionnement des canaux formels et informels de transferts de fonds,
        leurs forces et leurs faiblesses ;
   • Comprendre l’écosystème de l’investissement en général et identifier les obstacles et
        contraintes à l’investissement de la diaspora dans des projets productifs à Djibouti ainsi
        que les principaux défis à relever ;
   • Comprendre les contraintes du système financier y compris le système bancaire en
        matière de conception et de proposition de produits bancaires spécifiques à la
        Diaspora et identifier les opportunités à saisir et les défis à relever
   • Proposer des pistes de réflexions et des recommandations dans l’objectif de :
             § Améliorer la connaissance de la Diaspora et de son potentiel financier ;

1Le lancement officiel du projet « Engager la Diaspora Djiboutienne à travers le Développement d’une Stratégie

Nationale et une Cartographié » a eu lieu le 25 octobre 2018 (Un projet de 200 000 US $ sur 24 mois).
2 Rapport élaboré par Mr David Lelu (Mars 2018)

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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
§   Renforcer les capacités des acteurs étatiques et non étatiques et améliorer les
                mécanismes de coordination et d’échange d’information pour un meilleur
                appui et soutien à Diaspora ;
            §   Promouvoir et développer des mécanismes incitatifs en vue de favoriser
                davantage les transferts de fonds vers les circuits formels ;
            §   Promouvoir et développer des dispositifs de financement et de garantie
                adaptées aux attentes de la Diaspora et ce pour attirer et canaliser les transferts
                de fonds vers des projets d’investissements productifs ;

II. Méthodologie et difficultés rencontrées
Pour atteindre les objectifs de cette mission, la méthodologie préconisée a combiné diverses
techniques d’investigation et de recueil de l’information. D’une part, un travail de recherche
documentaire a été conduit pour prendre connaissance des documents, rapports se rapportant à
la problématique de la Diaspora en général et les transferts des fonds et leur mobilisation pour
des projets productifs en particulier. Ensuite une étude exploratoire qualitative, moyennant des
entretiens semi-structurés et des ateliers participatif avec certaines parties prenantes (membres
de la diaspora, banques, etc..) ont été organisés et ce en vue de faire une analyse approfondie du
potentiel et des contraintes à la mobilisation des fonds transférés notamment pour la création de
projets d’investissement. Plusieurs acteurs étatiques et non étatiques ont été rencontrés pendant
les consultations de terrain du 14 octobre au 3 novembre (Voir Annexe 1- liste des rencontres et
photos).

Dans notre démarche méthodologique nous avons inclus une multitude d’acteurs car nous
estimons que la problématique de l’investissement de la diaspora est multidimensionnelle. Elle
devrait être traitée dans le cadre d’une approche systémique faisant intervenir plusieurs
catégories d’acteurs impliqués de près ou de loin dans l’écosystème d’investissement. Le
migrant lui-même et son réseau à Djibouti et à l’étranger, le tissu associatif actif et les acteurs
étatiques. Ainsi cette phase exploratoire qualitative a ciblé:
  ● Les membres de la diaspora djiboutienne résidents à l’étranger
  ● Les membres de la diaspora djiboutienne en cours de réalisation de projet à Djibouti et les
      djiboutiens de retour ayant déjà investi
  ● Les acteurs non étatiques (associations, secteur privé, banques, sociétés de transferts
      d’argents, ..)
  ● Les acteurs étatiques (Ministère des affaires étrangères, Banque Centrale, Fonds de
      développement de Djibouti, Fonds de Garantie, Agences Djiboutienne de Développement
      Social, Caisses Populaires d’Epargne et de Crédit, Banque Centrale, Agence Nationale de
      Promotion de l’Investissement, Chambre de commerce de Djibouti, Ministère du Budget,
      Ministère de l’Economie et des Finances, Ministère de l’Investissement, Ministère de
      l’intérieur, Direction de la Statistique et des Études Démographiques, ..)
  ● Coopération Internationale (DUE, IGAD, ..)

Les entretiens et les réunions de groupe ont été menés dans les locaux des personnes
interviewées en se basant sur des guides d’entretien comprenant des thèmes et des sous-thèmes
adaptés à chaque catégorie d’interlocuteur (voir méthodologique détaillée). Précisions que
certains entretien ont eu lieu par téléphone – skype – Watsapp et ce en raison de l’impossibilité
de rencontrer les interlocuteurs tout au long de la mission sur le terrain à Djibouti.
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Difficultés rencontrées : La mission sur le terrain a été réalisée avec l’appui de l’OIM qui a
assuré la mise en relations avec les interlocuteurs et organisé les réunions de travail avec les
parties prenantes étatiques et non étatiques. Toutefois certaines difficultés ont été rencontrées
aussi lors du recueil des données que lors de l’organisation de certaines rencontres avec les
parties prenantes. Précisons que le principal défi dans cette mission a été la difficulté d’accéder
aux données voir l’indisponibilité des données statistiques précises aussi bien sur les migrants
que sur leurs transferts. Les données sont approximatives et non pertinentes. En particulier, les
données sur les transferts de fonds de la banque centrale bien qu’elles soient pertinentes pour
analyser l’évolution des transferts, elles ne permettent pas de faire des analyses approfondies
parce qu’elles ne présentent pas suffisamment de détail sur les canaux de transferts. De même,
nous n’avons pas réussi à avoir accès aux données pertinentes de l’enquête consommation, que
nous avons demandées lors de la réunion avec la DISED et qui portent sur l’envoi des fonds et
leurs utilisation par les bénéficiaires et ce malgré plusieurs rappels. Par ailleurs, dans le cadre
de cette mission, l’une des difficultés a été rencontrée lors des entretiens avec certaines sociétés
de transferts d’argent où les interlocuteurs se sont montrés très réticents à répondre aux
interviews3.
De même, il n’était pas possible de faire suffisamment d’entretiens avec les membres de la
diaspora à l’étranger en raison de non disponibilité d’une base de contacts suffisante ou encore
de l’impossibilité d’entrer en contact avec certains Djiboutiens malgré plusieurs tentatives
d’appels téléphoniques. Nous avons tout de même réussi à mener des interviews avec certains
Djiboutiens aux Etats Unis, en Belgique, Norvège et au Canada. D’autres ont été rencontrés à
Djbouti au cours de la mission terrain et ce dans le cadre d’une réunion organisée par le
Ministère des Affaires étrangères à la demande de la mission.
Organisation du rapport : Comme précisé plus haut, cette mission d’assistance technique s’est
focalisée sur 3 dimensions de la problématique à savoir l’absence d’information précise sur les
migrants djiboutiens résidents à l’étranger, l’appréciation quantitative et qualitative des
transferts de fonds et les canaux des transferts et enfin la mobilisation des fonds de la Diaspora
vers des projets productifs. Dans ce rapport on abordera ainsi dans un premier temps les 3
questions tout en mettant en évidence les principaux défis à relever ainsi que les attentes des
différentes parties prenantes en matière de renforcement des capacités. Dans un deuxième
temps nous proposons des recommandations et des mesures s’inscrivant dans différents
horizons temporels en vue d’apporter des réponses à la question de la mobilisation des fonds
de la Diaspora pour des projets productifs à Djibouti. Précisons que la revue documentaire que
nous avons menée a permis de mettre en évidence plusieurs expériences dans les pays africains
notamment dans les pays de l’IGAD4 (Annexe 5) qui ont servi à alimenter la réflexion pour les
recommandations et les orientations proposées pour le cas du Djibouti.

3
  Il n’était pas possible de rencontrer ou d’échanger avec Western Union. Pour Money Gram en revanche, notre
interlocuteur a préféré un échange par email. Toutefois, nous n’avons reçu aucune réponse à nos questions envoyées
par email. Pour les petits bureaux de transferts d’argent et de change que nous avons contactés, certains ont exprimé
une réticence mais ils ont fini par répondre.
4
  Remittances in ACP Countries: Key Challenges and Ways Forward : ACP-EU Dialogue on Migration and
Development (IOM 2017).
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Renforcer les capacités sur les mécanismes de transfert de fonds vers un investissement productif de la Diaspora Djiboutienne - TA/057/2017
III. Informations sur la Diaspora Djiboutienne : Cartographie et
     Typologie
Selon les interlocuteurs que nous avons rencontrés, il n’existe pas de données précises ni sur le
nombre de migrants ni sur leurs profiles, leurs ressources, le volume de leurs transferts et
l’utilisation de ces transferts de fonds par les bénéficiaires à Djibouti. On ne dispose pas, non
plus de données fiables sur la cartographie précisant la localisation de la Diaspora et sur son
potentiel d’investissement dans le pays. En effet en dehors de certaines données collectées sur
l’état civil à l’occasion des enregistrements des naissances ou de renouvellement du passeport
ou encore les relevé de renseignement sur les voyageurs, il n’existe pas d’informations précises
et consolidées sur la Diaspora Djiboutienne. Précisons par ailleurs que le dernier Recensement
Général de la Population et de l’Habitat date depuis 2009 et ne contient aucune information
précise sur la Diaspora. Toutefois, selon notre interlocuteur à la DISED (Direction de la
Statistique et des Etudes Démographiques), il est prévu d’intégrer un module migratoire dans
le prochain recensement en 2020 renseignant sur le nombre de migrants et sur les pays
d’accueil.

Aujourd’hui les seules données disponibles sur la migration des Djiboutiens sont celles
estimées par la Banque Mondiale. En effet selon la base de données de la banque mondiale sur
les migrations et les transferts de fonds5, le nombre de migrants Djiboutiens est estimé à 18082
en 2017. Ces migrants résident principalement en France, en Ethiopie, au Canada, en Lybie, en
Belgique, au Kenya, en Egypte soit plus de 90% de la Diaspora. La France a elle seule accueille
plus du tiers de la Diaspora.
                                Table 1 : Pays de résidence des migrants Djiboutiens
        Pays de résidence                            Nombre                   %                 % cumulé
                        France                        6 670                 36,9%                36,9%
                       Ethiopia                       3 910                 21,6%                58,5%
                       Canada                         1 545                  8,5%                67,1%
                         Libya                        1 456                  8,1%                75,1%
                       Belgium                        1 336                  7,4%                82,5%
                        Kenya                          799                   4,4%                86,9%
                   Egypt, ArabRep.                     587                   3,2%                90,2%
                   United Kingdom                      398                   2,2%                92,4%
                       Sweden                          333                   1,8%                94,2%
                        Algeria                        317                   1,8%                96,0%
                       Australia                       190                   1,1%                97,0%
                     Switzerland                       105                   0,6%                97,6%
                     Netherlands                       101                  0,6%                  98,1%
                       Autres                            335                  0,6%                 98,7%
                      Total                             18 082                100%
Source : Traitement de l’auteur à partir de la base de données Bilateral Migration Matrix 2017 (World Bank)

Toutefois, selon nos différents interlocuteurs principalement parmi les membres de la
Diaspora et particulièrement parmi les membres de GDD (Global Djibouti Diaspora), on
estime sans le confirmer que le nombre de Djiboutiens à l’étranger est beaucoup plus
important que le chiffre de la banque mondiale. On estime que la taille de la Diaspora s’élève à
50 000 Djiboutiens soit près de 5% de la population. La Direction de l’immigration à la Police
5
    http://www.worldbank.org/en/topic/migrationremittancesdiasporaissues/brief/migration-remittances-data
                                                                                                              9
Nationale avance un nombre intermédiaire ne dépassant pas les 30000. Selon cette Direction,
l’une des difficultés majeures rencontrées par les services de l’état civil et de la migration est
d’identifier les Djiboutiens qui sont partis à l’étranger avec un statut de réfugié et qui se sont
présentés aux autorités des pays d’accueil comme des somaliens ou éthiopiens ou érythréens.
Généralement ils se débarrassent de leurs passeport Djiboutiens une fois ils quittent Djibouti.
Et lorsqu’ils rentrent à Djibouti, ils présentent leurs passeports du pays d’accueil. Bien qu’ils
soient Djiboutiens, administrativement ils ne le sont pas. Ils doivent d’abords régulariser leurs
situations et celles de leurs enfants auprès des administrations Djiboutiennes à Djibouti. La
traçabilité de ces migrants ne pose pas de problème pour le Ministère de l’Intérieur du
moment qu’ils ont quitté le territoire de façon réglementaire. Toutefois, pour les enfants de
migrants nés à l’étranger dont les parents sont décédés, il est difficile de régulariser leurs
situations à Djibouti. Selon le Ministère de l’Intérieur cette catégorie de migrants qui ont quitté
le pays et qui se présentent comme réfugiés représente plus de 90% des migrants Djiboutiens.
Il s’agit de migrants économiques qui vivent dans les pays d’accueil grâce à l’assistance sociale
voir même dans certains cas grâce à l’envoi d’argents de la part de leurs familles à Djibouti.
Cette catégorie n’est pas considérée comme potentiellement contributive au développement
du Djibouti. En revanche, selon le Ministère de l’Intérieur une minorité de Djiboutiens qui
vivent aux Etats Unis, Canada, Angleterre et quelques pays du Golfe sont plus intéressants à
cibler pour l’attractivité des fonds vers des projets d’investissements productifs. Cette
population de migrants vit dans de meilleures conditions que celle résidante dans certains
pays européens (Belgique, France). Outre cette catégorie de migrants, on estime à près de 3000
le nombre d’étudiants Djiboutiens à l’étranger avec un effectif de plus en plus important de
jeunes qui partent pour étudier dans des pays Africains (Sénégal) ou en Asie en particulier en
Turquie. Il y a aussi près de 500 enseignants dans plusieurs pays particulièrement au Canada.

En l’absence de données précises, exhaustives actualisées sur la Diaspora, on se propose dans
le cadre de cette mission d’établir un premier état des lieux sur les sources d’informations
potentielles pouvant servir à établir une première base de données sur la Diaspora tout en
insistant sur la capacité des acteurs étatiques et non étatiques à Djibouti et les ambassades et
représentations consulaires à l’étranger à coordonner leurs actions pour échanger
l’information et consolider les données.

A l’issu de ce premier diagnostic, nous mettrons en évidence les principaux défis et nous
proposons un certain nombre d’orientations et recommandations pouvant alimenter et nourrir
la réflexion sur l’élaboration de la Stratégie Nationale pour le volet identification de la
Diaspora et de son potentiel d’investissement.

Rappelons d’abords que certains acteurs étatiques et non étatiques disposent déjà de quelques
informations éparpillées sur la diaspora. Les acteurs suivants ont été identifiés comme des
fournisseurs potentiels de données sur la Diaspora :

   •   Ministère des affaires étrangères via les ambassades et les représentations
       diplomatiques ;
   •   Ministère de l’intérieur – Direction population et famille ;
   •   Ministère de l’intérieur –Direction de l’immigration à la Police Nationale ;
   •   Ministère de l’enseignement supérieur ;
                                                                                                  10
•   Agence Nationale de la Promotion de l’Investissement ;
   •   Chambre de Commerce de Djibouti ;
   •   Agence de Réhabilitation Urbaine et du Logement Social ;
   •   La banque centrale, les banques commerciales et les sociétés de transferts d’argent ;
   •   Le réseau associatif – en particulier Global Djibouti Diaspora ;

Toutefois ces sources sont éparpillées, non suffisamment exploitées et partagées. Ces données
souffrent aussi d’un certain nombre de limites aussi bien à l’étape de la collecte et du partage
entre acteurs qu’à l’étape de la coordination, de la consolidation de l’analyse et de la diffusion
de l’information.

III.1. Eparpillement des données collectées par les ambassades et les services
consulaires et défaut de coordination

Aujourd’hui les quelques données sur la Diaspora Djiboutienne sont collectées par les
ambassades et les représentations consulaires et sont transférées au Ministère des Affaires
Etrangères. Il s’agit principalement de données de nouvelles naissances enregistrées. Outre ces
données, les services consulaires détiennent aussi des informations sur les migrants lors du
renouvellement de leurs passeports à l’étranger.

Précisions que les données sur les nouvelles naissances ne sont pas enregistrées et traitées par
le Ministère des Affaires Etrangères. Elles sont systématiquement transférées à la Direction de
la Population et de la Famille au sein du Ministère de l’Intérieur. Toutefois, précisons que ces
données ne couvrent que certaines informations basiques. Elles renseignent sur l’état civil des
nouvelles naissances ainsi que leurs lieux de naissances à l’étranger. Elles ne renseignent pas
sur les coordonnées exactes du migrant déclarant une nouvelle naissance ni son numéro de
téléphone, email, etc…d’où la difficulté d’entrer en contact avec ces migrants.

Rappelons par ailleurs, que beaucoup de Djiboutiens à l’étranger ne font pas
systématiquement la démarche pour enregistrer les nouvelles naissances et ce en raison de
plusieurs facteurs tels que l’éloignement de la ville où se trouve l’ambassade ou encore
l’absence d’ambassade dans le pays de résidence de la Diaspora. En effet, dans certains pays,
Djibouti n’a pas d’ambassade ou des services consulaires d’où la difficulté de la Diaspora
résidente dans ces pays de faire la démarche de l’enregistrement des naissances d’autant plus
que les délais réglementaires sont courts (7 jours après la naissance selon la Direction de la
Population et de la Famille – Ministère de l’Intérieur ). Précisons en effet que les services
consulaires et les ambassades ne couvrent que les pays suivants (Etats Unis – France –
Belgique – Egype – Arabie Saoudite – Ethiopie – Emirats Arabes Unis – Cuba – Japon – Chine
– Koweit – Allemagne – Qatar – Kenya – Suisse – Maroc – Russie – Soudan – Turquie – Yemen
– Inde).

III.2. L’Inexistence d’un système d’information et de partage des données sur la
Diaspora:

                                                                                                 11
Le système d’échanges de données entre ambassades et services consulaires d’une part et le
Ministère des Affaires Etrangères d’autre part est basé sur l’envoi de registres de naissances
et de décès au MAECI pour transmission à la Direction de la Population et de la Famille via
le Ministère de l'Intérieur. de copies scannées des registres d’état civil par emails. ainsi que
sur les demandes de passeports ou de leur renouvellement. En effet, il n’existe pas de
système d’information intégré regroupant le Ministère avec les Ambassades et les Services
Consulaires permettant de consulter l’information en ligne. Remarquons par ailleurs qu’il
n’existe pas non plus de système d’informations et de communications avec la Diaspora et
avec les associations de Migrants au sein de chaque ambassade ou services consulaire (Site
web, page Facebook, etc..). Les relations des services consulaires et des ambassades avec la
Diaspora semblent être limitées aux services basiques liés aux actes de l’état civil ou au
renouvellement des passeports. Les informations détenues par les ambassades sur les
Djiboutiens de l’étranger à l’occasion du renouvellement de leurs passeports ne sont pas non
plus exploitées pour constituer une base de données sur les migrants.

III.3. Une sous-exploitation des données du Ministère de l’intérieur et absence de
système d’information intégré avec le Ministère des Affaires étrangères.

Comme mentionné plus haut, les données sur les nouvelles naissances sont transférées par les
services consulaires à la Direction de la Population et de la Famille au sein du Ministère de
l’Intérieur via le Ministère des Affaires Etrangères. Aujourd’hui la Direction possède une base
de données en format numérique de toutes les naissances enregistrées depuis 2010. Elle
représente une masse d’information potentiellement exploitable bien que ces données ne
soient pas exhaustives dans le sens qu’elles en renseignent pas suffisamment sur les
coordonnées des parents ou encore les informations basiques sur le ménage.

D’autres informations sont collectées par la Police et concernent les Djiboutiens résidents à
l’étranger et qui procèdent au renouvellement de leurs passeport à l’occasion de leurs voyages
à Djibouti. Ces informations collectées auprès de la Diaspora lors du renouvellement de leurs
passeports sont pertinentes mais pas exhaustives et il pertinent de collecter ces données selon
un même protocole et avec une même fiche partagée avec les services consulaires. Ceci est
possible par la mise en place d’un système d’information intégré pour le partage de
l’information avec un identifiant unique (Affaires étrangères, Intérieur, etc.). Selon la Direction
de la Population et de la Famille, le projet de cartes d’identités biométriques devrait résoudre
beaucoup de ces problèmes

Encadré 1: Expérience pilote de la Direction de la Population et de la Famille lors du
changement des pièces d’identité des Djiboutiens résidents en Arabie Saoudite :

                                                                                                  12
Une expérience pilote a été menée en Arabie Saoudite par la Direction de la Population
et de la Famille a permis d’identifier un nombre relativement important des
Djiboutiens Résidents en Arabie Saoudite à l’occasion d’une opération de changement
des pièces d’identité (Pièce d’identité numérique). La mission d’un mois en Arabie
Saoudite a porté aussi sur la délivrance d’une carte consulaire pour plus de 2500
Djiboutiens. Une base de données a été constituée sur la base d’une fiche de
renseignement comprenant des informations détaillées sur les migrants et leurs
familles à l’étranger. Toutefois cette base n’a pas été partagée avec le Ministère des
Affaires Etrangères. Il est ainsi vivement recommandé de renouveler cette expérience
dans d’autres pays qui accueille un grand nombre de migrants Djiboutiens. Selon la
Direction de la Population et de la Famille, il serait pertinent de cibler prochainement
l’Egypte et la Belgique.

Pour résumer, bien que les données sur les nouvelles naissances de Djiboutiens à l’étranger ne
soient pas exhaustives et que l’expérience pilote de la carte consulaire soit limitée à l’Arabie
Saoudite, les informations jusque-là collectées sont pertinentes pour constituer une première
base de données exploitable sur une partie des migrants.

III.4. Principaux défis en relation avec l’identification de la Diaspora Djiboutienne :

Pour résumer, en vue d’enrichir les données sur la diaspora, le système d’enregistrement des
naissances par les ambassades et les services consulaires gagnerait à être renforcé et amélioré
et ce dans l’objectif d’affiner les données quantitatives sur le nombre de Djiboutiens résidents à
l’étranger mais aussi pour collecter des informations qualitatives sur les migrants pouvant
enrichir la typologie de la Diaspora.

Par ailleurs l’absence de mécanismes de coordination entre les acteurs étatiques et non
étatiques d’une part et l’absence de systèmes d’informations appropriés au sein des
institutions clés (affaires étrangères, intérieur, etc..) posent un problème sérieux pour produire
et partager les données sur la Diaspora. Ainsi le partage des informations selon des protocoles
d’échanges bien définis devraient permettre la consolidation des données pour une meilleure
exploitation et analyse de l’information sur la Diaspora Djiboutienne.

Précisons enfin, que l’opération qui consiste à dresser le profil de la Diaspora n’est pas une
opération instantanée, mais devrait être inscrite dans une stratégie dynamique et durable
permettant aux acteurs étatiques concernés par la Diaspora d’actualiser l’information
périodiquement. L’objectif étant de pérenniser le système de collecte et d’information sur la
Diaspora.

IV. Les transferts de fonds de la Diaspora

Les données sur les transferts de fonds (envois et réception) à Djibouti sont collectées par la
banque centrale pour le besoin de la compilation de la balance des paiements. Les données
montrent que les transferts émis et reçus ont connu une progression importante sur les dix

                                                                                                 13
dernières années avec une croissance de plus en plus importante des transferts reçus à partir de
2015. Ceci témoigne de l’importance relative des transferts de fonds reçus et du rôle joué par la
Diaspora alors que les tendances ont été plus favorables aux transferts émis sur la période 2009-
2014.

Selon les statistiques de la banque centrale de Djibouti, le montant des transferts reçus ont été
multipliés par 7 en dix ans passant de 760 millions de Francs Djiboutiens en 2008 à 5375
Millions de Francs Djiboutiens en 2017. Ces tendances montrent que le poids des transferts dans
le PIB est de plus en plus important. Ces transferts représentent 1,5% du PIB en 2017 contre
seulement 0,43% du PÏB en 2008

                 Figure 1 : Evolution des transferts de fonds de la Diaspora Djiboutienne
                                                                 6280
                                                                        5320 5375

                                                                        3280 3425
                                                                                             Emis
                                                 2440
                             2065 2285 2205 2255      2150                                   Reçus
                                            1405 1480
                  910   1029 1169 1125 1202
                        1060
                  760

                 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
               SOURCE : Traitement de l’auteur à partir des données de la Banque Centrale de Djibouti
.
Tableau 1 : Evolution des transferts     de fonds      Figure 2 : Evolution des transferts de fonds de
de la Diaspora Djiboutienne                            l’étranger
             Transferts
                                                                                                        6280
              Reçus en
              millions     PIB                                                                                 5320 5375
               de FD     nominal         % PIB
    2008         760      177561         0,43%
    2009        1060      186448         0,57%
    2010        1169      200577         0,58%
    2011        1125      220221         0,51%
    2012        1202      240569         0,50%
    2013        1405      258658         0,54%                                           1405 1480
                                                                 1060 1169 1125 1202
    2014        1480      282403         0,52%             760
    2015        6280      308688         2,03%
    2016        5320      336161         1,58%
                                                          2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
    2017        5375      357003         1,51%
                                    SOURCE : Traitement de l’auteur à partir des données de la Banque Centrale de Djibouti
Selon la banque centrale, la majorité de ces transferts (plus de 99%) passent par les bureaux de
transfert de fonds alors que la part du secteur bancaire est marginale. Précisons par ailleurs
qu’il n’était pas possible d’avoir des données plus détaillées sur la cartographie de ces transferts
selon les pays émetteurs. Dans l’ensemble, selon la banque centrale, les principaux pays
émetteurs de ces transferts sont d’abords des pays européens (la France, le Royaume Uni, la

                                                                                                                       14
Belgique et les Pays bas). S’y ajoutent également à ces pays européens, le Canada, les USA, les
Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite.

Outre les données de la banque centrale de Djibouti, la Banque mondiale estime que la part des
transferts est relativement plus importante et que le rôle économique des expatriés Djiboutiens
à l’étranger est sans doute fondamental en matière de développement économique du Djibouti.
Selon les dernières estimations de la Banque Mondiale6, les transferts de fonds en 2017 s’élèvent
à 62 Millions de US $ (11019 Millions de Francs Djiboutiens) soit le double du montant
communiqué par la Banque Centrale élevant ainsi la part de ces transferts à 3% du PIB en
2017(Figure 3). La différence s’explique entre autre par des considérations méthodologiques se
rapportant au recensement des migrants et à l’estimation des transferts de fonds par la Banque
Mondiale7.

          Figure 3: Part des transferts des fonds dans le PIB (une comparaison internationale)

                          Source : IMF, Word Development Indicator, Word Bank Staff Estimates – April 2018

Précisons que selon la Banque Mondiale, ces montants ont été transférés vers Djibouti par la
Diaspora résidente dans 12 pays dont près de 70% proviennent de la Diaspora résidente en
France et en Ethiopie. Toutefois, certains pays comme la Belgique, les Etats-Unis, les Emirats
Arabes Unis et l’Arabie Saoudite qui figurent dans la base de données de la banque centrale de
Djibouti en tant que pays émetteurs, ne sont pas mentionnés parmi les pays émetteurs dans la
base de données de la banque mondiale (Tableau 3).

6
  Migration and Remittances – recent development and outlook –Migration and Development Brief N°29 - Knomad.
April 2018 et Bilateral Remittance Estimates for 2017 using Migrant Stocks, host Country Incomes, and Origin
Country Incomes (millions of US$) (April 2018 Version)). These estimates are based on the methodology developed
by      Ratha     and     Shaw,     2007,     "South-South     Migration    and     Remittances,"     World    Bank
(www.worldbank.org/prospects/migrationandremittances). The remittance data is for 2017, disaggregated using
host country and origin country incomes, and estimated migrant stocks from 2017 based on the Bilateral Migration
Matrix 2017. These are analytical estimates based on logical assumptions and derived from a global estimation of
bilateral remittance flows worldwide. They are not actual officially reported data. The caveats attached to these
estimates are: (a) the data on migrants in various destination countries are incomplete; (b) the incomes of migrants
abroad and the costs of living are both proxied by per capita incomes in PPP terms, which is only a rough proxy; and
(c) there is no way to capture remittances flowing through informal, unrecorded channels.
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   Remittances in ACP Countries: Key Challenges and Ways Forward : ACP-EU Dialogue on Migration and
Development (IOM 2017), page 77-79.
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