Si amusant... avec la nourriture - qu'il ne fallait pas jouer on nous a toujours répété

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Si amusant... avec la nourriture - qu'il ne fallait pas jouer on nous a toujours répété
FAUT PAS JOUER

                      Je cuisine
AVEC LA NOURRITURE

                      Je m’instruis
         QUOIQUE...                               73

                      Enfant,

                      on nous a toujours répété

                                pas jouer
                      qu’il ne fallait

                      avec la nourriture.

                      C’est vrai, mais c’est

                      si amusant...
                      Alors, comment résister ?
Si amusant... avec la nourriture - qu'il ne fallait pas jouer on nous a toujours répété
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          Il y a 40 000 ans, un objet de 50 m de diamètre                                                                  plus ancienne qu’une surface lisse : ainsi,
                             (soit environ 300 000 tonnes)                                                                 le peu de cratères sur Europe ou Io (voir
                           tombait au-dessus de l’Arizona.                                                                 p 19 et p 24) permet de dire qu’il s’y passe
                      La moitié se vaporisa avant l’impact,                     Cratères à gogo                            actuellement d’étranges choses capables
      mais le reste créa un cratère de 1,2 km de diamètre,                                                                 de modifier le visage de ces lunes !
     170 m de profondeur et dont le bord s’élève de 45 m       S’il est une chose que l’on retrouve partout
                     au-dessus des plaines environnantes.      dans le Système solaire, ce sont ces struc-                 Les impacts sont-ils dangereux ? Oui, car
              Au centre du cratère, on trouve une couche       tures rondes (ou ovales) appelées cratères !                ces événements libèrent une énorme quan-
       de plus de 200 m de gravats. Il s’agit d’un des plus    Plus ou moins nombreux, et plus ou moins                    tité d’énergie, capable de créer une catas-
            célèbres cratères terrestres : le Meteor Crater.
                                                               grands, ils criblent les surfaces rocheuses                 trophe à l’échelle planétaire ! Ainsi, sur Terre,
                                                               des planètes, lunes, et astéroïdes. Certains                ce serait un impact qui, il y a 65 millions
                                                               ont cru qu’il s’agissait de sommets de vol-                 d’années, entraîna la chute des dinosaures
                                                               cans – les cratères nommés calderas sur                     (et de beaucoup d’autres espèces moins
               Un gros rocher est tombe dans une zone          Terre – mais le magma n’a rien à faire là-                  « glamour »). Le cratère associé à cet impact
      contenant de l’eau en sous-sol (voir aussi p 14-15)      dedans. Ces cratères sont en fait les traces                a été retrouvé dans le Golfe du Mexique
       - un cratère s’est formé, entouré d’une couronne        des plus gigantesques cataclysmes du                        et baptisé du doux nom de Chicxulub…
         de boue et de mini-rivières créées par l’impact.
                                                               Système solaire : les impacts !                             Heureusement, de tels impacts se pro-
                                                   © ESA
                                                                                                                           duisent très rarement (voir tableau page de
                                                               Sur Terre, on dénombre plus d’une centaine
                                                                                                                           droite) !
                                                               de ces cratères d’impacts (170 connus en
                                                               2010), vieux de deux milliards d’années                     Que se passe-t-il exactement quand un très
                        La surface cratérisée de Mercure       au maximum et de taille comprise entre                      gros morceau débarque sans crier gare ?
                                                 © NASA        10 mètres et 300 kilomètres. S’il y en a si                 Tout d’abord, pour une planète comme
                                                               peu, c’est parce que l’érosion a effacé les                 la Terre, il rencontre l’atmosphère et…
                                                               traces de nombre d’entre eux. Ailleurs dans                 il ne se passe rien : contrairement au menu
                                                               le Système solaire, l’absence d’atmosphère                  fretin 11, l’atmosphère ne ralentit pas ces gros
                                                               (donc de pluie, vent, etc.) préserve ces                    rochers baladeurs ! Ils arrivent au sol avec
                    Inspiré de « Traces of Catastrophes »
                                                               signatures catastrophiques, il s’agit même                  la même vitesse que celle de départ…
         par B.M. French (Lunar and Planetary Institute)
                                                               d’un moyen assez aisé de dater une surface                  et c’est donc la rencontre avec le sol qui
                                                               car plus le temps passe, plus les cratères                  constitue le cœur du processus de craté-
                                                               s’accumulent.                                               risation.
                                                               11
                                                                    La question de la chute de petits morceaux de roches a déjà été présentée p 35.
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D’un petit à un gros impact…

Diamètre                Diamètre                                         Intervalle moyen
de l’impacteur          du cratère créé          Énergie libérée         entre deux impacts       Événement comparable
                                                 (en tonnes de TNT)      (années)

                 2m                       35 m                    500                         4   Tremblement de terre de magnitude 5

                 6m                  120 m                     20 000                     35      Explosion d’Hiroshima

                 23 m                450 m                 Un million                    370      Explosion d’une bombe H

                 55 m                1,1 km               15 millions                  1 900      Meteor Crater

                                                                                                  Plus grand tremblement de terre connu
             350 m                   6,9 km              3,6 milliards                51 000      (1960, Chili, magnitude 9,6)

                                                                                                  Énergie totale émise chaque année
             1,5 km                   31 km             310 milliards                720 000      par la Terre

             10 km                  200 km            87 000 milliards           150 millions     Cratère lié à l’extinction des dinosaures

Attention : les effets atmosphériques sur les petits impacteurs ont été négligés (ceux qui ont moins de quelques dizaines de mètres
se désintègrent en fait dans l’atmosphère, voir p 35) ; les calculs ont été faits pour un impacteur sphérique, rocheux et arrivant avec
une vitesse de 20 km/s (72 000 km/h), typique des météoroïdes.
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                                                       La seconde phase est celle de l’excavation.
                                                       L’onde de compression se réfléchit sur le sol
                                                       qui n’a pas été affecté jusque là, et donne
                                                       naissance à diverses autres ondes (raré-
                                                       faction, compression) qui interagissent de
                                                       manière complexe. Le résultat global, c’est
                  Le maître-mot de la pre-             que la couche supérieure du sol se sou-
     mière phase de formation du cratère est           lève – des rochers sont projetés dans toutes
     compression. Au moment du contact                 les directions – et que la couche inférieure
     avec le sol, l’impacteur est brutalement          descend encore un peu, évacuant la zone de
     freiné : son énorme énergie cinétique (c’est-     l’impact. La profondeur finale vaut en général
     à-dire liée à sa vitesse) donne naissance         le tiers du diamètre du cratère.
     à une puissante onde de choc qui affecte
                                                       Tout cela se produit en quelques secondes
     tant le projectile que le sol qui le reçoit. Au
                                                       à peine, mais la dernière phase est plus
     niveau du sol, la compression est énorme
                                                       longue, de quelques minutes à des heures :
     près de la position de l’impact, faisant
                                                       c’est le moment de la modification.
     apparaître un creux. Plus on s’éloigne du
                                                       Les bords du cratère, instables, s’effondrent,
     point d’impact, plus la compression dimi-
                                                       les rochers éjectés retombent…
     nue et, près du futur bord du cratère, l’onde
     de choc est si affaiblie qu’elle ressemble        À la fin, on se retrouve avec un cratère dont
     à une « simple » onde sismique, bien plus         la forme va dépendre de la composition du
     bénigne. Quant à l’impacteur, il subit éga-       sol et de la taille de l’impacteur. Les cratères
     lement une onde de compression, suivie            simples, en forme de bol, ne dépassent
     d’une onde de raréfaction en retour qui           pas quelques kilomètres de diamètre – la
     le fond voire le vaporise : contrairement à ce    troisième phase est ici plus que réduite.
     que l’on pourrait penser, le projectile dispa-    Pour les gros cratères, la modification prend
     raît généralement après impact !                  une place grandissante. Les cratères dits
                                                       « complexes » comportent ainsi un pic cen-
                                                       tral ou un anneau de « collines » entourant
                                                       le centre.
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                                                                                                     Un cratère avec triple ricochet sur Mars
                                                                                                     © NASA
Pour comprendre comment une telle struc-             S’installer dehors ou dans un grand
ture se forme, il suffit de faire couler goutte      garage ou une cave. Prendre 3 billes
à goutte un peu d’eau dans une baignoire             différentes mais de même taille (billes
remplie : la surface de l’eau se creuse au           en bois, en métal, en verre) et les lais-
                                                                                                     Formation d’un cratère
moment où la goutte tombe, puis elle re-             ser tomber l’une à côté de l’autre d’une
                                                                                                     Inspiré de «Traces of Catastrophes»
bondit, créant un « pic central », qui ensuite       même hauteur (par ex 50 cm). Observer           par B.M. French (Lunar and Planetary Institute)
retombe, donnant naissance à un anneau               le résultat. Tasser la farine et recommen-
qui se propage vers l’extérieur avec une             cer en utilisant cette fois 3 billes de verre
amplitude de plus en plus réduite. Le phé-           de tailles identiques, mais en variant
nomène est identique pour les cratères               la hauteur (10 cm, 50 cm, 1 m). Tasser,
complexes, mais le sol étant moins souple            recommencer en utilisant des billes de          Un cratère multi-anneaux
                                                                                                     (le cratère Valhalla sur Callisto)
que l’eau, il s’est « figé » dans l’une ou l’autre   verre de tailles différentes et en les lais-
                                                                                                     © Wikipedia
de ces configurations. Enfin, les cratères les       sant tomber d’une même hauteur (1 m).
plus grands (jusqu’à 1 000 km de diamètre !)         Observer à chaque fois la profondeur du
sont des cratères qui ne possèdent pas               cratère, son bord, la forme des ejecta.
un bord mais plusieurs – on parle de multi-          On peut aussi essayer en jetant la bille en
anneaux et leur formation n’est pas encore           faisant varier l’angle : perpendiculaire au     Un pic central se forme au centre d’un cratère
                                                                                                     (ici, le cratère Tycho sur la Lune)
très claire.                                         sol ou en tentant un « ricochet » (attention
                                                                                                     de la même manière qu’une goutte d’eau qui
                                                     aux dégâts collatéraux). On peut aussi,
                                                                                                     tombe dans une flaque produit un rebondissement
                                                     dans un même plat, faire tomber di-             de la surface liquide.
                                                     verses billes sans égaliser entre chaque        © Wikipedia
                                                     « tir » : au fur et à mesure que les billes
                                                     tombent, la surface se cratérise de plus
               Dans un grand plat (en alu-           en plus… L’apparence de la surface est
 minium ou, mieux, un bac à litière en               donc bien liée au nombre d’événements,
 plastique), déposer 5 à 8 cm de farine, éga-        qui s’accumulent avec le temps : c’est
 liser avec une latte, saupoudrez de cacao           la méthode de datation par comptage de
 jusqu’à obtenir une couche uniforme.                cratères !
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