STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON PAIX-TRAVAIL-PATRIE PEACE-WORK-FATHERLAND --------------- --------------- MINISTERE DES FORETS MINISTRY OF FORESTRY ET DE LA FAUNE AND WILDLIFE ------------ ----------- STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN 2011 - 2020 RAPPORT FINAL BOI – MOA ENGINEERING BME Civil Engineering Consultants B.P. 301, Bamenda Janvier 2011 1
PREFACE La conservation de la faune d’Afrique Centrale est une préoccupation de grande importance exprimée par les Chefs d’État d’Afrique Centrale au cours des deux sommets tenus respectivement à Yaoundé en mars 1999 et à Brazzaville en février 2005. Ils se sont engagés ainsi « à mettre en place en place des actions concertées en vue d’enrayer le grand braconnage et toute autre exploitation non durable dans la sous-région en y associant toutes les parties prenantes notamment, les opérateurs économiques et les populations ». C’est dans cette optique que la composante 3 du Programme Sectoriel Forêt et Environnement a comme résultat « Dans un cadre de planification régionale et nationale, la faune et un réseau représentatif des sites de conservation de la biodiversité sont durablement gérées et contribuent significativement à l’économie locale et nationale ». Toujours à l’avant-garde de la conservation de la biodiversité en Afrique Centrale, le Cameroun a été le tout premier pays à élaborer en 1997 une stratégie nationale de gestion durable des éléphants. S’il n’a ménagé aucun effort au niveau national et international pour ériger la conservation des éléphants au rang des priorités nationales, force est de constater que cet effort n’a pas suffi. Malheureusement, les statistiques disponibles confirment la baisse des effectifs des populations d’éléphants du Cameroun et un braconnage accru, en particulier en zone forestière, par rapport à la situation de référence de 1998 présentée par le Groupe des Spécialistes de l’Eléphant d’Afrique. Aujourd’hui, l’éléphant est une espèce sérieusement menacée au Cameroun. En réponse à cette situation inquiétante, il nous est apparu urgent non seulement de tirer des enseignements des résultats mitigés de la mise en œuvre du plan national de gestion des éléphants de 1997 mais d’élaborer une stratégie de gestion durable de l’espèce et un programme à moyen terme afin de stabiliser les effectifs, renforcer leur protection et sécuriser leurs habitats. Cette stratégie constitue, pour le Cameroun, le socle de l’exécution de la Stratégie Sous-Régionale de Conservation des Eléphants d’Afrique Centrale. L’élaboration de cette stratégie a largement sollicité l’expertise des spécialistes en la matière tant au niveau national qu’international. Conscient qu’une telle stratégie ne pouvait être l’affaire ni d’une seule direction au sein du Ministère des Forêts et de la Faune ni de ce seul département ministériel, nous avons tenu à impliquer dans sa formulation tous les acteurs de la filière faune relevant aussi bien du secteur public, du secteur privé et de la société civile. 2
Les documents produits au terme de cet exercice sont donc conformes à la vision camerounaise de la conservation de la biodiversité exprimée dans le PSFE et sont en parfaite adéquation avec la Stratégie Sous-Régionale de Conservation des Eléphants d’Afrique Centrale. Cette nouvelle planification est mieux adaptée au contexte dynamique de la gestion de la biodiversité en Afrique Centrale, tient compte des questions émergentes, est axée sur l’atteinte des résultats au travers d’approches ou d’actions plus efficientes. La réalisation des activités majeures permettra sans nul doute de : - Réduire le braconnage de l’éléphant et le commerce de ses produits ; - Assurer la connectivité des habitats des populations d’éléphants; - Améliorer la connaissance des populations d’éléphants et de leurs habitats ; - Obtenir l’adhésion du grand public vis-à-vis des éléphants ; - Mobiliser des financements durables en faveur de la conservation des éléphants. Notre département en charge de la faune et conséquemment de la conservation de l’éléphant mettra tout en œuvre pour assurer la mise en œuvre des activités retenues dans le cadre de cette stratégie, et s’appesantira sur l’efficacité du mécanisme de suivi-évaluation. Persuadé que la conservation de l’éléphant, espèce emblématique, espèce phare et patrimoine commun est une affaire de tous, nous invitons toutes les bonnes volontés (bailleurs de fond, organisations non gouvernementales, entreprises privées, etc.) à s’associer à notre combat par leurs appuis techniques, matériels et financiers, indispensables à la mise en œuvre de cette stratégie. L’élaboration de cette stratégie de gestion durable des éléphants du Cameroun a été rendue possible grâce a l’effort conjugué des experts nationaux et à la collaboration des communautés locales, des élus locaux, de la société civile, et des ONGs nationales et internationales impliquées dans la gestion des ressources naturelles. Le Gouvernement camerounais adresse ses remerciements à tous. Pr Elvis Ngolle Ngolle Ministre des Forêts et de la Faune 3
SOMMAIRE LISTE DES ILLUSTRATIONS ...........................................................................................................6 LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................................6 ACRONYMES ...................................................................................................................................7 RESUME ...........................................................................................................................................8 INTRODUCTION.............................................................................................................................12 1 CONTEXTE GENERAL DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE AU CAMEROUN...15 1.1 GENERALITES SUR LE SECTEUR FORESTIER .............................................................15 1.1.1 Brève présentation du Cameroun............................................................................15 1.1.2 Etat actuel du secteur forestier ................................................................................16 1.1.3 Politique forestière, institutions et systèmes de gestion ..........................................16 1.1.4 Gestion de la faune .................................................................................................18 1.2 SITUATION ACTUELLE DE LA CONSERVATION DE L’ELEPHANT AU CAMEROUN....19 1.2.1 Présentation des habitats de l’éléphant...................................................................19 1.2.2 Situation de l’espèce ...............................................................................................21 1.2.3 Bilan sommaire de la mise en œuvre du PNGE de 1997 ........................................38 2 STRATEGIE DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN ........................41 2.1 METHODOLOGIE ...........................................................................................................41 2.1.1 Comité de rédaction ................................................................................................41 2.1.2 Collecte et synthèse des informations .....................................................................41 2.1.3 Analyse ...................................................................................................................42 2.2 PRESENTATION DU CADRE LOGIQUE .......................................................................53 2.2.1 Objectif global .........................................................................................................53 2.2.2 Objectifs spécifiques ...............................................................................................53 2.2.3 Résultats .................................................................................................................53 2.2.4 Activités ...................................................................................................................53 2.2.5 Indicateurs ...............................................................................................................53 2.2.6 Sources de vérification ............................................................................................54 2.2.7 Hypothèses importantes ..........................................................................................54 3 CADRE DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN ................................56 3.1 PRINCIPES DIRECTEURS.............................................................................................56 3.1.1 La reconnaissance de l’éléphant comme un patrimoine national ............................56 4
3.1.2 L’inscription de l’éléphant dans les dynamiques socio-économiques locales .............56 3.1.3 La définition d’une situation de référence de la situation des éléphants ..................56 3.1.4 L’intégration de l’éléphant dans les priorités sous-régionales .................................56 3.2 APPROCHES..................................................................................................................56 3.2.1 Privilégier l’approche paysage ................................................................................57 3.2.2 Privilégier l’approche participative ...........................................................................57 3.2.3 Promouvoir l’approche programme .........................................................................57 3.2.4 Assurer la pérennisation des acquis........................................................................57 4 CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS POUR LA PERIODE 2011- 2019 .................................................58 4.1 CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE .......................................................58 4.1.1 Dispositions institutionnelles et organisationnelles ..................................................58 4.1.2 Dispositions juridiques.............................................................................................59 4.1.3 Dispositions budgétaires .........................................................................................59 4.1.4 Dispositif de suivi-évaluation ...................................................................................59 4.2 PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS 2010 - 2019 .....................59 4.2.1 Outils et durée .........................................................................................................59 4.2.2- Evaluation des coûts ....................................................................................................67 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................70 ANNEXES .......................................................................................................................................73 Annexe 1 : Modèle de fiche utilisée pour la collecte des données sur le terrain .........................73 Annexe 2 : Valorisation de l’éléphant au Cameroun ...................................................................76 Annexe 3 : Liste de présence à l’atelier de validation de la stratégie nationale de gestion durable des éléphants par les experts d’éléphants (05 et 06 août 2010) ..............................79 5
LISTE DES ILLUSTRATIONS Figure 1 Parcs Nationaux et Réserves du Cameroun (WWF, 2009) ........................................ 20 Figure 2 Distribution actuelle des éléphants au Cameroun (WWF, 2009) ............................ 26 Figure 3 Mouvements des éléphants étudiés dans divers sites au Cameroun (WWF, 2009)... 29 Figure 4 Mouvement des éléphants au sein de la TNS (WWF, 2009) ...................................... 31 Figure 5 Circuit de commercialisation la viande de brousse, de l’ivoire et du matériel de chasse au sud-est Cameroun (WWF, 2009) .............................................................................................. 34 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Aires de distribution et effectif des populations d’éléphants dans différentes catégories d’habitats au Cameroun ..............................................................................................................23 Tableau 2 Estimation des effectifs des populations d’éléphants dans divers écorégions au Cameroun 24 Tableau 3 Nombre d’éléphants bagués par zone au Cameroun ...............................................................27 Tableau 4 Nombre d’éléphants abattus dans le cadre de la chasse sportive............................................32 Tableau 5 Synthèse de l’analyse des dépositaires d’enjeux .....................................................................44 Tableau 6 Cadre logique ...........................................................................................................................55 Tableau 7 Principales activités ..................................................................................................................61 Tableau 8 Cadre temporel des différentes activités ..................................................................................62 6
ACRONYMES - AFD : Agence Française de Développement - CCPO : Cameroon Country Programme Office - CDB: Convention sur la Diversité Biologique - CI : Conservation International - CITES : Convention on Illegal Trade of Endangered Species of fauna and flora - CMS : - COVAREF : Comité de valorisation des ressources fauniques - CSS : Commission pour le Survie des Espèces - FEM : Fond pour l’Environnement Mondial - GEF : Global Environment Facility - GSEAF : Groupe des Spécialistes de l'Eléphant d'Afrique - KFW : Banque Allemande de Développement - KZ : Kudu Zombo - MIKE : Monitoring the Illegal Killing of Elephant - MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune - NSSF: National Shooting Sports Foundation - ONG : Organisation Non Gouvernementale - PN : Parc National - PNGE: Plan National de Gestion des Eléphants - RB : Réserve de Biosphère - RCA : République Centre Africaine - TNS : Tri-National de la Sangha - UFA : Unité Forestière d’Aménagement - IUCN : Union mondiale pour la Nature - USAID : Agence des Etats-Unis pour le Développement International - WCS : World Conservation Society - WWF : World Wide Fund for nature - ZICGC : Zone d’Intérêt Cynégétique à Gestion Communautaire - ZOPP : Ziel Orientierte Project Planung (Planification des Projets par Objectifs) 7
RESUME Le secteur forestier camerounais, depuis près d’une dizaine d’années, a fait l’objet de réformes profondes tant sur le plan institutionnel que législatif. Il s’agit notamment de l’adoption d’un nouveau code forestier en 1994, la création en 1992 d’un Ministère en charge de l’environnement et des forêts (MINEF), de l’adoption d’un code de l’environnement en 1996, et de la scission en 2004 du MINEF en deux ministères : le Ministère des Forêts et de la Faune, et le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature. Les nouvelles politiques forestière et environnementale consacrent un cadre politique et stratégique fondé principalement sur une gestion durable des forêts avec une contribution significative à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté, une gestion participative avec implication de toutes les parties prenantes, une responsabilisation des populations rurales dans la gestion des forêts du domaine national, la conservation de la biodiversité dans un réseau national d’aires protégées aménagées et l’amélioration de la gouvernance forestière. En 1994, le pays s’est doté d’une politique forestière dont la mise en œuvre a été assurée par l’élaboration en 2003 d’un instrument de gestion durable du patrimoine forestier: le Programme sectoriel Forêts – Environnement (PSFE), conduit par le Ministère des Forêts et de la faune (MINFOF), d’une part, et le Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature (MINEP), d’autre part. L’orientation générale de la politique forestière du Cameroun vise « la pérennisation et le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts, dans le cadre d’une gestion intégrée, assurant de façon soutenue et durable la conservation et l’utilisation des ressources et des écosystèmes forestiers ». Malgré la signature de nombreuses conventions internationales, les réformes récentes et le cadre législatif et réglementaire avant-gardiste, un décalage criard existe avec la réalité du terrain caractérisée par une dégradation visible des ressources naturelles du pays. L’éléphant ne fait pas exception à cette situation. La problématique de la gestion durable des éléphants au Cameroun a conduit le gouvernement et ses partenaires stratégiques à l’élaboration d’un plan national de gestion des éléphants en 1997. Bien que le plan de gestion de 1997 n’ait pas été formellement évalué pour apprécier son niveau de mise en œuvre et son impact réel sur la conservation des éléphants au Cameroun, il s’est avéré 8
nécessaire d’élaborer une nouvelle stratégie et un programme de gestion durable des éléphants au Cameroun cohérente et arrimée à la Stratégie Régionale pour la Conservation des Eléphants en Afrique Centrale. Il était également important de tenir compte de l’évolution du contexte institutionnel et réglementaire, de l’adoption de nouvelles approches (conservation à l’échelle du paysage) et de l’émergence de nouvelles menaces. La population totale d’éléphants du Cameroun est estimée à environ 21 000 individus. Au stade des connaissances actuelles, l’aire de répartition de l’éléphant au Cameroun couvre une superficie de 126 862 km² soit 26% de la superficie totale du Cameroun. 33% de cette aire de distribution est contenue dans les parcs nationaux et réserves qui abritent près de 56% de la population totale des éléphants. Les forêts de production qui représentent 50% de l’aire distribution ne comptent que 39% de la population des éléphants. Les zones de chasse sportive des savanes (17% de l’aire de répartition) quant à elles, comptent 5% de la population totale. Les menaces qui pèsent sur les populations d’éléphants et nuisent à la gestion durable de l’espèce sont liées et peuvent agir soit directement (braconnage, fragmentation de l’habitat) soit indirectement (faiblesses institutionnelles). La stratégie de gestion durable des éléphants au Cameroun vise à réduire ces menaces et contraintes. La stratégie de gestion durable des éléphants au Cameroun s’est fixée pour objectif global, de conserver et utiliser de façon durable la diversité biologique du Cameroun et pour objectif spécifique l’augmentation du nombre d’éléphants et la préservation de leurs habitats. La présente stratégie vise les résultats suivants : - Réduction du braconnage ; - Réduction des conflits Homme-éléphant ; - Amélioration de l’habitat ; - Collecte des données fiables pour une gestion durable des éléphants ; - Renforcement et application de la loi ; - Valorisation de l’éléphant ; - Renforcement des capacités institutionnelles ; - Renforcement de la coopération sous-régionale de gestion des éléphants. Pour chaque résultat, des activités à mettre en œuvre pour atteindre ce résultat, ont été identifiées de manière participative. La présente stratégie est élaborée pour une durée de 10 ans (2011-2020) avec un budget indicatif de huit milliards trois cent trente quatre millions F CFA (8 334 000 000 F CFA) pour sa mise en œuvre. 9
ABSTRACT In the past ten years, the forestry sector in Cameroon has experienced major institutional and legislative reforms. These include the 1994 forestry law, the creation of in a Ministry in charge of the environment and forestry in 1992, the adoption of the environment code in 1996 and the further split in 2004 of the Ministry of the Environment and Forestry into two separate ministries: The Ministry of Forestry and Wildlife and the Ministry of the Environment and Protection of Nature. The new forestry and environmental reforms define a clear policy and strategic framework based mainly on the sustainable management of the forests with a significant contribution to economic growth and poverty alleviation, forest governance, the participatory management of natural resources with the involvement of all stakeholders, a more active participation of the local communities in forest management, biodiversity conservation through a network well managed protected areas. In 1994, the country was equipped with a forestry sector policy, the implementation of which was assured by the elaboration in 2003 of a sound tool for the sustainable management of its forests heritage: The Environment and Forestry Sector Program (PSFE) implemented by the Ministry of Forestry and Wildlife (MINFOF), on one hand and the Ministry of the Environment and Protection of Nature on the other hand. Cameroon’s forestry policy is geared towards “the consolidation and the development of the social, economic and ecological functions of the forests in an integrated management framework, which ensures in a sustainable manner, the conservation of biodiversity and the use of resources and forest ecosystems” Despite the signing of several international conventions, the adoption of new reforms and the avant-gardist legal and regulatory framework, there exists a huge gap on the field with a rapid depletion of the country’s natural resources. The elephant is no exception to this situation. Faced with the urgent need for clear actions to ensure a sustainable management of the elephant population in Cameroon, the government and its strategic partners developed a national elephant’s management plan in 1997. Although the 1997 management plan has not yet been critically assessed to see the level of implementation and its real impact on elephant conservation in Cameroon, it appeared urgent to develop a new strategy and a sustainable and coherent elephant management program that is in line with the Central Africa Regional Elephant Conservation Strategy. It was also important to take into account the evolution of the institutional and regulatory 10
context, the adoption of new approaches (conservation at landscape level) and the emergence of new threats. In Cameroon, the total elephant population is estimated at about 21 000. Current data indicate that the elephant distribution site covers a surface area of 126 862 km² that is, 26% of the total country’s surface area. 33% of the distribution area is found in national parks and wildlife reserves which shelter about 56% of the country’s total elephant population. Production forests which make up 50% of the distribution area harbor about 39% of the elephant population. Game hunting zones (17% of the distribution area), can only boost of 5% of the total elephant population. The threats to elephant population and which hamper their proper management are linked up and can act either directly (poaching, habitat fragmentation) or indirectly (weak institutional capacities). The sustainable elephant management strategy in Cameroon seeks to address these threats and constraints. The sustainable elephant management strategy has as main objective to conserve and to sustainably use the country’s biological diversity and as specific objective to increase the elephant population and preserve their habitat The present strategy seeks to achieve the following results: - Reduction of poaching; - Reduction of human-elephant conflicts; - Improvement of their habitat; - Gathering of reliable data for a sustainable management of elephant; - Law enforcement and implementation; - Valorization of the elephant ; - Strengthening of institutional capacity; - Strengthening of regional cooperation in view of the sustainable management of elephants. Activities that will be carried out to achieve each result have been identified using a participatory approach. This strategy is elaborated for a period of ten years (2011-2020) with a tentative budget of eight billions three hundred and thirty three millions F CFA (8 334 000 000 F CFA) for its implementation. 11
INTRODUCTION L’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) est le plus grand mammifère terrestre de la planète. De par sa taille, ses ivoires, sa force et sa puissance, l’éléphant occupe une place particulière dans les croyances traditionnelles des peuples africains. Les qualificatifs les plus prestigieux sont attribués à ce pachyderme et en font une des attentions les plus élevées de la conservation de la biodiversité dans le monde : espèce phare, espèce clef, espèces parapluie, espèce emblématique… L’éléphant joue un rôle écologique très important dans la préservation de la diversité de la faune et de la flore. Considéré comme « ingénieur de l’écosystème » (Nasi, R. et Al, 2008) il renverse les arbres, ouvre le sous-bois, creuse des salines et transporte des graines, influençant ainsi la structure et la composition de la flore et de la faune (White, 1992 ; Blake, 2002). La régénération de certaines espèces végétales à forte valeur économique (pollinisation, dissémination des graines) est fortement dépendante de l’activité des éléphants. Ces espèces sont dites « Loxodontocore », c’est à dire donc la régénération naturelle est facilitée par le transit dans le tube digestif de l’éléphant. L’avenir desdites espèces serait donc fortement compromis par la disparition des éléphants. De tout temps l’éléphant a fait l’objet d’une chasse effrénée à la fois pour son ivoire, pour sa viande, et pour le commerce international. La situation d’instabilité économique, politique et sociale qui caractérise la sous-région d’Afrique Centrale n’a fait qu’exacerber le braconnage de l’éléphant. La pénétration des industries extractives (forestières et minières), le développement des grandes infrastructures (barrage, routes, chemin de fer) et l’impact de la crise financière internationale sur le secteur bois contribuent aux menaces pesant sur les populations d’éléphants en Afrique Centrale. En 2005, les Etats de la sous-région accompagnés par les partenaires au développement ont élaboré une stratégie régionale pour la conservation des éléphants en Afrique centrale dont le but est d’assurer la conservation des éléphants et de leurs habitats. La mise en œuvre de cette stratégie repose essentiellement sur l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de gestion durable des éléphants au niveau de chacun des 7 pays concernés. 12
La contribution attendue du Cameroun dans la conservation des éléphants en Afrique centrale est importante car c’est le seul pays ou l’aire de répartition de l’éléphant couvre à la fois les zones sèches subsahariennes, les savanes herbeuses, les savanes boisées, les forêts de montagne, les zones marécageuses, et les fortes denses humides. Le Cameroun abrite sur son territoire, les deux sous-espèces de l'éléphant d’Afrique à savoir: l’éléphant de savane Loxodonta africana africana, et l'éléphant de forêt Loxodonta africana cyclotis. La problématique de la gestion durable des éléphants au Cameroun a conduit le gouvernement et ses partenaires stratégiques à l’élaboration d’un plan national de gestion des éléphants en 1997. Ce plan était une réponse aux diverses menaces qui pesaient sur cette espèce. Ce plan de gestion de l’éléphant marquait la volonté du gouvernement du Cameroun d’être toujours à l’avant-garde des réformes et mesures visant la conservation des éléphants en Afrique centrale. Il mettait l’accent sur l'application de la loi pour réduire au minimum le braconnage, le suivi de la population et sa dynamique, le suivi des mouvements des éléphants, les enquêtes sur les conflits homme éléphant et la mise en œuvre à court terme des mesures d'atténuation appropriées. Bien que le plan de gestion de 1997 n’ait pas été formellement évalué pour apprécier son niveau de mise en œuvre et son impact réel sur la conservation des éléphants au Cameroun, il s’est avéré nécessaire d’élaborer une nouvelle stratégie et un programme de gestion durable des éléphants au Cameroun cohérente et arrimée à la Stratégie Régionale pour la Conservation des Eléphants en Afrique Centrale. Il était également important de tenir compte de l’évolution du contexte institutionnel et réglementaire, de l’adoption de nouvelles approches (conservation à l’échelle du paysage) et de l’émergence de nouvelles menaces. La Commission pour la Survie des Espèces (CSS) est la plus importante des huit commissions spécialisées de l’UICN (plus de 8000 experts). En 2008, la CSS a élaboré les des lignes directrices pour l’élaboration des plans de conservation des espèces. Dans ces directives, l’on note l’évolution de la notion de « plan de gestion des espèces » à celle de « stratégie et programme d’action » en raison de l’amélioration des méthodes et techniques de planification de la gestion des espèces et d’une meilleure intégration de ces dernières dans le contexte socio-économique local, national et régional (IUCN/SSC, 2008). La stratégie et le programme de gestion durable des éléphants au Cameroun permettront de structurer l’action publique et faciliter les partenariats entre les autorités en charge de la gestion 13
des éléphants et les autres acteurs de la conservation. Ce document constitue également un outil de mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre des actions de conservation retenues. Il est articulé autour de quatre points essentiels. Le premier fait l’état des lieux de la gestion de l’espèce au Cameroun et le deuxième expose la stratégie nationale de gestion. Les deux derniers points sont consacrés au programme d’action pour la gestion durable des éléphants du Cameroun. 14
1 CONTEXTE GENERAL DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE AU CAMEROUN 1.1 GENERALITES SUR LE SECTEUR FORESTIER 1.1.1 Brève présentation du Cameroun Le Cameroun est un pays tropical situé au-dessus de l’équateur. Il couvre une superficie de 475 650 km² et s’étire du Sud au Nord (du Golfe de Guinée jusqu’au Sud du Lac Tchad) sur 1 200 Km, de l’Ouest à l’Est (de l’océan Atlantique à la frontière avec la République Centrafricaine) sur 800 km environ. Le relief varie significativement en altitude, du niveau de la mer au sommet du mont Cameroun (4100 m), point le plus élevé d’Afrique Centrale. Le pays dispose d’une façade maritime longue de plus de 300 km et regorge d’importants sites ayant servi de refuge aux espèces de faune et de flore au cours du pléistocène. Ces facteurs biophysiques ont fortement contribué au développement des processus écologiques et à la diversification des écosystèmes et des espèces biologiques. Cette biodiversité se caractérise par la présence des forêts, des mangroves, des savanes, de forêts de montagne et des steppes qui abritent de nombreuses espèces de faune et de flore ainsi qu’une forte concentration d’espèces animales endémiques, rares et/ou menacées d’extinction (éléphants, gorilles, chimpanzés, etc.). A cette diversité biologique s’associe une forte diversité socioculturelle qui fait du Cameroun, une véritable Afrique en miniature. Elle s’illustre par l’existence d’environ deux cent cinquante (250) groupes ethniques pour une population de près de 19 millions d’habitants avec un taux de croissance annuel moyen de 2,7%. La plupart de cette population, qui vit en milieu rural, est en étroite interaction avec le milieu naturel où elle puise l’essentiel des ressources nécessaires à sa survie. 15
1.1.2 Etat actuel du secteur forestier Les forêts denses humides du Cameroun s’étendraient sur une superficie comprise entre 19,6 et 22,5 millions ha (selon les évaluations), soit plus de 45% du territoire national, dans la partie méridionale qui comprend également des savanes arborées et des galeries forestières couvrant environ 4,3 millions d’hectares. Les forêts denses et les boisements de savane auraient une superficie de 210 697 km² (soit 45 % du territoire national) suivant l’évaluation globale des superficies effectuée dans le cadre du Plan National de Gestion de l’Environnement (1996). La filière bois représente environ 8 à 10% du PIB du pays et se place au troisième rang des sources de devises après les exportations agricoles et les produits pétroliers. Elle est fortement génératrice d’emplois : plus de 15.000 personnes dans le secteur formel et 150.000 dans le secteur informel. En dehors des UFA (Unités forestières d’aménagement) et des aires protégées, la forêt dense camerounaise subit des perturbations majeures, soit par une exploitation forestière non planifiée de type minier – source d’écrémage et de perturbation de l’écosystème – soit par l’agriculture itinérante. La surface de forêts tropicales humides du Cameroun régresse annuellement de 37.000 ha (0,19 % par an). Le patrimoine forestier est organisé par un plan de zonage, distinguant le Domaine Forestier Permanent (DFP), affecté à la forêt et/ou à l’habitat de la faune et, le Domaine Forestier non Permanent (DFnP), ou domaine national à vocations multiples. 1.1.3 Politique forestière, institutions et systèmes de gestion Le secteur forestier camerounais, depuis près d’une dizaine d’années, a fait l’objet de réformes profondes tant sur le plan institutionnel que législatif. Il s’agit notamment de l’adoption d’un nouveau code forestier en 1994, la création en 1992 d’un Ministère en charge de l’environnement et des forêts (MINEF), de l’adoption d’un code de l’environnement en 1996, et de la scission en 2004 du MINEF en deux ministères : le Ministère des Forêts et de la Faune, et le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature. Les nouvelles politiques forestière et environnementale consacrent un cadre politique et stratégique qui s’articule autour des axes suivants : 16
- Gestion durable des forêts avec l’exploitation des forêts productives du domaine permanent dans le cadre de plans d’aménagement qui assurent la pérennité de l’écosystème par une rotation de 30 ans ; - Contribution à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté à travers la production des recettes fiscales dont une partie est rétrocédée aux communes et communautés, la création d’emplois dans la filière-bois, et la mise en place des forêts communautaires directement gérées par les communautés elles-mêmes ; - Gestion participative avec implication de toutes les parties prenantes : concertation avec la société civile et le secteur privé dans les processus de décision, responsabilisation des populations rurales dans la gestion des forêts du domaine national, ouverture au dialogue permanent avec la communauté internationale ; - Conservation de la biodiversité dans un réseau national d’aires protégées aménagées et dans les forêts de production ; - Renforcement du secteur public sur ses fonctions essentielles et délégation des fonctions productives au secteur privé par des relations contractuelles, l’Etat gardant ainsi la maîtrise d’ouvrage pour déléguer la maîtrise d’œuvre ; - Mise en place d’un cadre réglementaire favorable au développement du secteur privé : conventions de long terme, industrialisation ; - Mise en cohérence du système foncier par l’affectation des terres à des usages prioritaires à travers la définition d’un plan de zonage ; - Amélioration de la gouvernance avec la clarification et la simplification des règles, la lutte contre la corruption, l’augmentation de la transparence, le recours systématique à l’information publique. Le Cameroun a également signé des conventions internationales relatives la forêt et à la biodiversité, notamment : - Convention sur la protection de l’héritage culturel et naturel (Paris, novembre 1972) - Convention sur le commerce international d’espèces menacées d’extinction (CITES - Washington, mars 1973) - Convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone (Vienne, mars 1985) - Protocole de Montréal sur le contrôle des chlorofluorocarbones (Montréal, septembre 1987) - Convention sur les changements climatiques (juin, 1992) - Convention sur la diversité biologique (Paris, octobre 1994) - Accord International sur les bois tropicaux (Vienne, 1983) - Organisation africaine du bois (OAB - Bangui, 1974) 17
- Convention sur la conservation de la nature et des ressources naturelles (Alger, 1968) - Accord sur portant création de la Commission sur le Bassin du Lac Tchad (1964) - Accord sur la régulation conjointe et la flore dans le Bassin du Lac Tchad (Enugu, décembre 1977) - Accord de coopération des pays d’Afrique centrale relatif à la conservation de la faune sauvage (Libreville, avril 1983). En 1994, le pays s’est doté d’une politique forestière dont la mise en œuvre a été assurée par l’élaboration en 2003 d’un instrument de gestion durable du patrimoine forestier: le Programme sectoriel Forêts – Environnement (PSFE), conduit par le Ministère des Forêts et de la faune (MINFOF), d’une part, et le Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature (MINEP), d’autre part. L’orientation générale de la politique forestière du Cameroun vise « la pérennisation et le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts, dans le cadre d’une gestion intégrée, assurant de façon soutenue et durable la conservation et l’utilisation des ressources et des écosystèmes forestiers ». Sur un tout autre plan, le pays s’est doté de nouvelles lois de décentralisation, marquant une forte volonté de transfert de responsabilités importantes aux collectivités territoriales. Il s’agit d'améliorer la transparence dans la gestion des collectivités et la participation des acteurs de la société civile. Ces lois fixent aussi les fondations pour le développement d’une gestion harmonieuse et rigoureuse de la biodiversité. Malgré les réformes récentes et le cadre législatif et réglementaire avant-gardiste, un décalage remarquable existe avec la réalité du terrain caractérisée par une dégradation visible des ressources naturelles du pays. Ce décalage s’explique davantage, d’une part, par le manque de capacité qui caractérise actuellement les institutions forestières et d’autre part, part la mauvaise gouvernance forestière. 1.1.4 Gestion de la faune La gestion durable des espèces fauniques est assurée à travers les plans d’aménagement des aires protégées, ainsi que les plans de gestion des espèces fauniques. C’est ainsi qu’à ce jour, ont été élaborés 11 plans d’aménagement et 04 plans de gestion spécifiques (Lions, Grands singes, éléphants et pithacarte chauve). 18
1.2 SITUATION ACTUELLE DE LA CONSERVATION DE L’ELEPHANT AU CAMEROUN 1.2.1 Présentation des habitats de l’éléphant Domaine forestier permanent • Aires protégées Conscient du rôle actuel et potentiel de sa diversité biologique pour les générations présentes et futures, des menaces qui pèsent sur cette diversité, des engagements pris à l’échelle sous- régionale et régionale en vue de la conservation, des prescriptions de la Vision biologique nationale, le Cameroun a cristallisé ses efforts de conservation autour de la création des aires protégées. Le réseau actuel d’aires protégées couvre une superficie d’environ 9.124.463 ha soit plus de 19,20 % du territoire national et regroupées sous plusieurs statuts à savoir : 18 Parcs nationaux, 06 Réserves de faune, 03 Sanctuaires de faune 01 Sanctuaire de flore, 03 Jardins zoologiques, 47 Zones d’intérêt cynégétique, 23 Zones d’intérêt cynégétique à gestion communautaire. De manière générale, les superficies protégées sont en constante évolution depuis le sommet de Yaoundé de mars 1999 qui a donné une véritable impulsion aux efforts de conservation dans les pays et la sous région. La figure 1 présente le réseau d’aires protégées au Cameroun. Parmi les principales difficultés de gestion que connaissent ces aires protégées, l’on cite généralement l’absence et /ou la mise en œuvre insuffisante des plans d’aménagement pourtant prévus par la loi N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche et le décret N°95/466 fixant les modalités d’application du régime de la faune. 19
Figure 1 Parcs Nationaux et Réserves du Cameroun (WWF, 2009) 20
• Les Unités forestières d’aménagement (UFA) et les forêts communales C’est depuis 1997 que le Cameroun s’est résolument engagé dans la gestion durable des forêts de production avec la planification 113 UFA couvrant une superficie totale d’environ 7 millions d’hectares. De 1997 à 2006, 98 de ces UFA ont été attribuées parmi lesquelles 69 disposent d’un plan d’aménagement. Les 15 UFA non encore attribuées couvrent les 9 UFA de conservation de la zone de Ngoila-Mintom, qui font aujourd’hui l’objet de négociation avec les partenaires pour être conservées à l’état dans le cadre des mécanismes REDD et 6 autres dont la procédure d’attribution a été engagée. Il faut noter que les UFA jouxtent les aires protégées de la zone forestière et de ce fait prolongent le domaine vital de l’éléphant. Les forêts communales participent de la volonté du pays de décentraliser la gestion des ressources forestières pour maximiser leurs contributions à l’amélioration du niveau de vie des populations à l’échelle locale. Plusieurs de ces forêts abritent des populations d’éléphants. En 2010, 11 forêts communales couvrant une superficie de plus de 150 000 ha ont été classées. Domaine forestier non permanent La partie du domaine non permanent abritant les éléphants est constituée des forêts communautaires. En octobre 2009, on comptait 255 forêts communautaires avec plan simple de gestion approuvé parmi lesquelles 171 avaient des conventions de gestion signées. 1.2.2 Situation de l’espèce 1.2.2.1- Technique de collecte et d’analyse des informations La collecte et la synthèse des informations disponibles se sont faites en trois phases. La première phase consistait en la planification des sites à visiter, en la conception des fiches d’enquêtes (Annexe 2), et la revue de la littérature pour apprécier les données existantes. La deuxième phase a été la collecte de données proprement dite sur le terrain. Les zones susceptibles d’abriter des populations d’éléphants ont été visitées et à l’occasion on a profité pour également consulter la documentation existante auprès de l’administration forestière (chefs de postes forestiers, délégations départementales, délégations régionales du MINFOF), des sociétés d’exploitation forestière (cellule d’aménagement) et des chasseurs professionnels. Les autorités administratives et traditionnelles étaient également consultées. La troisième phase a consisté en une retraite pour la compilation de l’ensemble des données disponibles. Au cours de cet exercice, les données 21
quantitatives ont été mises dans une base de données géo-référenciées afin de faciliter la production des cartes de distribution. L’estimation des effectifs des populations d’éléphants s’est faite en utilisant la méthodologie du Groupe Africain des Spécialistes de l’Eléphant d’Afrique (Blanc & al, 2007) qui classe les populations en 5 groupes en fonction de la technique de collecte des données. Ces classes sont les suivantes : Classe A : Les données ont été collectées à partir des comptages totaux aériens ou terrestres ; Classe B : Les données sont obtenues à partir d’un comptage de crottes par échantillonnage à 95% de limite de confiance avec utilisation d’une vitesse de pourrissement des crottes calculée sur le site d’étude ; Classe C : Les données sont obtenues à partir d’un comptage de crottes par échantillonnage à 95% de limite de confiance avec utilisation d’une vitesse de pourrissement des crottes calculée sur un autre site ; Classe D : Comptage aérien par échantillonnage, comptage terrestre par échantillonnage, comptage des crottes par échantillonnage, sans limites de confiance ; estimation faite par un expert et basée sur une bonne connaissance de la zone ; Classe E : Estimation faite par un non expert et/ou ayant une connaissance limitée de la zone. L’analyse des mouvements des éléphants au Cameroun s’est faite sur la base des informations collectées par le WWF depuis une dizaine d’années grâce à un programme conjoint MINFOF- WWF-North Carolina Zoological Park de suivi satellitaire des éléphants. 1.2.2.2- Données sur les effectifs et la répartition La population totale d’éléphants du Cameroun est estimée à 21 427 individus. Au stade des connaissances actuelles, l’aire de répartition de l’éléphant au Cameroun (Figure 2), couvre une superficie de 126 862 km² soit 26% de la superficie totale du Cameroun. 33% de cette aire de distribution est contenue dans les parcs nationaux et réserves qui abritent près de 56% (11 918 individus) de la population totale des éléphants. Les forêts de production qui représentent 50% de 22
l’aire distribution ne comptent que 39% de la population des éléphants. Les zones de chasse sportive des savanes (17% de l’aire de répartition) quant à elles, comptent 5% de la population totale. Tableau 1 Aires de distribution et effectif des populations d’éléphants dans différentes catégories d’habitats au Cameroun Estimation de la % de la Statut de la zone Superficie (km²) % de l’aire population population d’éléphants Parcs et Réserves 41,644 33 11,918 56 Forêts de production 63,473 50 8,456 39 Zones de chasse de Savane 21,040 17 1,053 5 Grand Total 126,157 100 21,427 100 Cette aire de distribution, nouvellement définie, diffère de celle présentée dans la base de données du Groupe des Spécialistes de l’Eléphant d’Afrique, à savoir 118 571 km² (Blanc & al, 2007). En effet, on note ici un accroissement de prêt de 10 000 km² de l’aire de répartition. L’explication plausible est que les études récentes ont contribué à l’amélioration des connaissances sur l’aire de distribution spatiale de l’éléphant au Cameroun. La forte concentration des éléphants dans les Parcs et les Réserves (56% de la population totale) peut se justifier par la présence des activités de conservation en général et de la surveillance accrue en particulier. Ces aires protégées bénéficient le plus souvent des moyens importants provenant des projets de conservation qui assurent des opérations de lutte anti-braconnage régulières. Une autre explication possible pourrait être que c’est sur ces aires protégées que des études scientifiquement acceptables ont été menées, alimentant ainsi une solide base de données sur les populations d’éléphants. A titre d’exemple, un examen de la carte de distribution des éléphants (Figure 1) montre que seul deux parcs nationaux sur les 11 du Cameroun abritant un projet de conservation ont une population classée « Low ». 23
Vous pouvez aussi lire