STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN

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STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
REPUBLIQUE DU CAMEROUN                      REPUBLIC OF CAMEROON
  PAIX-TRAVAIL-PATRIE                     PEACE-WORK-FATHERLAND
       ---------------                                   ---------------
 MINISTERE DES FORETS                         MINISTRY OF FORESTRY
    ET DE LA FAUNE                                AND WILDLIFE

        ------------                                       -----------

  STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION
  DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN
                         2011 - 2020

                          RAPPORT FINAL

                         BOI – MOA ENGINEERING
        BME              Civil Engineering Consultants
                             B.P. 301, Bamenda

                               Janvier 2011                                1
STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
PREFACE
La conservation de la faune d’Afrique Centrale est une préoccupation de grande importance
exprimée par les Chefs d’État d’Afrique Centrale au cours des deux sommets tenus
respectivement à Yaoundé en mars 1999 et à Brazzaville en février 2005. Ils se sont engagés ainsi
« à mettre en place en place des actions concertées en vue d’enrayer le grand braconnage et toute
autre exploitation non durable dans la sous-région en y associant toutes les parties prenantes
notamment, les opérateurs économiques et les populations ». C’est dans cette optique que la
composante 3 du Programme Sectoriel Forêt et Environnement a comme résultat « Dans un cadre
de planification régionale et nationale, la faune et un réseau représentatif des sites de conservation
de la biodiversité sont durablement gérées et contribuent significativement à l’économie locale et
nationale ».
Toujours à l’avant-garde de la conservation de la biodiversité en Afrique Centrale, le Cameroun a
été le tout premier pays à élaborer en 1997 une stratégie nationale de gestion durable des
éléphants. S’il n’a ménagé aucun effort au          niveau national et international pour ériger la
conservation des éléphants au rang des priorités nationales, force est de constater que cet effort
n’a pas suffi. Malheureusement, les statistiques disponibles confirment la baisse des effectifs des
populations d’éléphants du Cameroun et un braconnage accru, en particulier en zone forestière,
par rapport à la situation de référence de 1998 présentée par le Groupe des Spécialistes de
l’Eléphant d’Afrique. Aujourd’hui, l’éléphant est une espèce sérieusement menacée au Cameroun.
En réponse à cette situation inquiétante, il nous est apparu urgent non seulement de tirer des
enseignements des résultats mitigés de la mise en œuvre du plan national de gestion des
éléphants de 1997 mais d’élaborer une stratégie de gestion durable de l’espèce et un programme
à moyen terme afin de stabiliser les effectifs, renforcer leur protection et sécuriser leurs habitats.
Cette stratégie constitue, pour le Cameroun, le socle de l’exécution de la Stratégie Sous-Régionale
de Conservation des Eléphants d’Afrique Centrale.

L’élaboration de cette stratégie a largement sollicité l’expertise des spécialistes en la matière tant
au niveau national qu’international. Conscient qu’une telle stratégie ne pouvait être l’affaire ni d’une
seule direction au sein du Ministère des Forêts et de la Faune ni de ce seul département
ministériel, nous avons tenu à impliquer dans sa formulation tous les acteurs de la filière faune
relevant aussi bien du secteur public, du secteur privé et de la société civile.

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STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
Les documents produits au terme de cet exercice sont donc conformes à la vision camerounaise
de la conservation de la biodiversité exprimée dans le PSFE et sont en parfaite adéquation avec la
Stratégie Sous-Régionale de Conservation des Eléphants d’Afrique Centrale. Cette nouvelle
planification est mieux adaptée au contexte dynamique de la gestion de la biodiversité en Afrique
Centrale, tient compte des questions émergentes, est axée sur l’atteinte des résultats au travers
d’approches ou d’actions plus efficientes. La réalisation des activités majeures permettra sans nul
doute de :

    -   Réduire le braconnage de l’éléphant et le commerce de ses produits ;
    -   Assurer la connectivité des habitats des populations d’éléphants;
    -   Améliorer la connaissance des populations d’éléphants et de leurs habitats ;
    -   Obtenir l’adhésion du grand public vis-à-vis des éléphants ;
    -   Mobiliser des financements durables en faveur de la conservation des éléphants.
Notre département en charge de la faune et conséquemment de la conservation de l’éléphant
mettra tout en œuvre pour assurer la mise en œuvre des activités retenues dans le cadre de cette
stratégie, et s’appesantira sur l’efficacité du mécanisme de suivi-évaluation. Persuadé que la
conservation de l’éléphant, espèce emblématique, espèce phare et patrimoine commun est une
affaire de tous, nous invitons toutes les bonnes volontés (bailleurs de fond, organisations non
gouvernementales, entreprises privées, etc.) à s’associer à notre combat par leurs appuis
techniques, matériels et financiers, indispensables à la mise en œuvre de cette stratégie.

L’élaboration de cette stratégie de gestion durable des éléphants du Cameroun a été rendue
possible grâce a l’effort conjugué des experts nationaux et à la collaboration des communautés
locales, des élus locaux, de la société civile, et des ONGs nationales et internationales impliquées
dans la gestion des ressources naturelles. Le Gouvernement camerounais adresse ses
remerciements à tous.

                                                               Pr Elvis Ngolle Ngolle
                                                         Ministre des Forêts et de la Faune

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STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
SOMMAIRE
LISTE DES ILLUSTRATIONS ...........................................................................................................6
LISTE DES TABLEAUX ....................................................................................................................6
ACRONYMES ...................................................................................................................................7
RESUME ...........................................................................................................................................8
INTRODUCTION.............................................................................................................................12
1 CONTEXTE GENERAL DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE AU CAMEROUN...15
    1.1 GENERALITES SUR LE SECTEUR FORESTIER .............................................................15
        1.1.1         Brève présentation du Cameroun............................................................................15
        1.1.2         Etat actuel du secteur forestier ................................................................................16
        1.1.3         Politique forestière, institutions et systèmes de gestion ..........................................16
        1.1.4         Gestion de la faune .................................................................................................18
    1.2 SITUATION ACTUELLE DE LA CONSERVATION DE L’ELEPHANT AU CAMEROUN....19
        1.2.1         Présentation des habitats de l’éléphant...................................................................19
        1.2.2         Situation de l’espèce ...............................................................................................21
        1.2.3         Bilan sommaire de la mise en œuvre du PNGE de 1997 ........................................38
2       STRATEGIE DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN ........................41
    2.1       METHODOLOGIE ...........................................................................................................41
        2.1.1         Comité de rédaction ................................................................................................41
        2.1.2         Collecte et synthèse des informations .....................................................................41
        2.1.3         Analyse ...................................................................................................................42
    2.2       PRESENTATION DU CADRE LOGIQUE .......................................................................53
        2.2.1         Objectif global .........................................................................................................53
        2.2.2         Objectifs spécifiques ...............................................................................................53
        2.2.3         Résultats .................................................................................................................53
        2.2.4         Activités ...................................................................................................................53
        2.2.5         Indicateurs ...............................................................................................................53
        2.2.6         Sources de vérification ............................................................................................54
        2.2.7         Hypothèses importantes ..........................................................................................54
3       CADRE DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN ................................56
    3.1       PRINCIPES DIRECTEURS.............................................................................................56
        3.1.1         La reconnaissance de l’éléphant comme un patrimoine national ............................56

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STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
3.1.2 L’inscription de l’éléphant dans les dynamiques socio-économiques locales .............56
        3.1.3         La définition d’une situation de référence de la situation des éléphants ..................56
        3.1.4         L’intégration de l’éléphant dans les priorités sous-régionales .................................56
    3.2       APPROCHES..................................................................................................................56
        3.2.1         Privilégier l’approche paysage ................................................................................57
        3.2.2         Privilégier l’approche participative ...........................................................................57
        3.2.3         Promouvoir l’approche programme .........................................................................57
        3.2.4         Assurer la pérennisation des acquis........................................................................57
4  CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION
DURABLE DES ELEPHANTS POUR LA PERIODE 2011- 2019 .................................................58
    4.1       CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE .......................................................58
        4.1.1         Dispositions institutionnelles et organisationnelles ..................................................58
        4.1.2         Dispositions juridiques.............................................................................................59
        4.1.3         Dispositions budgétaires .........................................................................................59
        4.1.4         Dispositif de suivi-évaluation ...................................................................................59
    4.2       PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS 2010 - 2019 .....................59
        4.2.1         Outils et durée .........................................................................................................59
        4.2.2- Evaluation des coûts ....................................................................................................67
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................70
ANNEXES .......................................................................................................................................73
    Annexe 1 : Modèle de fiche utilisée pour la collecte des données sur le terrain .........................73
    Annexe 2 : Valorisation de l’éléphant au Cameroun ...................................................................76
    Annexe 3 : Liste de présence à l’atelier de validation de la stratégie nationale de gestion durable
               des éléphants par les experts d’éléphants (05 et 06 août 2010) ..............................79

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STRATEGIE ET PROGRAMME DE GESTION DURABLE DES ELEPHANTS AU CAMEROUN - IUCN
LISTE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1         Parcs Nationaux et Réserves du Cameroun (WWF, 2009) ........................................ 20
Figure 2         Distribution actuelle des éléphants au Cameroun (WWF, 2009) ............................ 26
Figure 3         Mouvements des éléphants étudiés dans divers sites au Cameroun (WWF, 2009)... 29
Figure 4    Mouvement des éléphants au sein de la TNS (WWF, 2009) ...................................... 31
Figure 5    Circuit de commercialisation la viande de brousse, de l’ivoire et du matériel de chasse
au sud-est Cameroun (WWF, 2009) .............................................................................................. 34

                                               LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1      Aires de distribution et effectif des populations d’éléphants dans différentes
catégories d’habitats au Cameroun ..............................................................................................................23
Tableau 2 Estimation des effectifs des populations d’éléphants dans divers écorégions au
Cameroun 24
Tableau 3        Nombre d’éléphants bagués par zone au Cameroun ...............................................................27
Tableau 4        Nombre d’éléphants abattus dans le cadre de la chasse sportive............................................32
Tableau 5        Synthèse de l’analyse des dépositaires d’enjeux .....................................................................44
Tableau 6        Cadre logique ...........................................................................................................................55
Tableau 7        Principales activités ..................................................................................................................61
Tableau 8        Cadre temporel des différentes activités ..................................................................................62

                                                                                                                                              6
ACRONYMES

-   AFD : Agence Française de Développement
-   CCPO : Cameroon Country Programme Office
-   CDB: Convention sur la Diversité Biologique
-   CI : Conservation International
-   CITES : Convention on Illegal Trade of Endangered Species of fauna and flora
-   CMS :
-   COVAREF : Comité de valorisation des ressources fauniques
-   CSS : Commission pour le Survie des Espèces
-   FEM : Fond pour l’Environnement Mondial
-   GEF : Global Environment Facility
-   GSEAF : Groupe des Spécialistes de l'Eléphant d'Afrique
-   KFW : Banque Allemande de Développement
-   KZ : Kudu Zombo
-   MIKE : Monitoring the Illegal Killing of Elephant
-   MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune
-   NSSF: National Shooting Sports Foundation
-   ONG : Organisation Non Gouvernementale
-   PN : Parc National
-   PNGE: Plan National de Gestion des Eléphants
-   RB : Réserve de Biosphère
-   RCA : République Centre Africaine
-   TNS : Tri-National de la Sangha
-   UFA : Unité Forestière d’Aménagement
-   IUCN : Union mondiale pour la Nature
-   USAID : Agence des Etats-Unis pour le Développement International
-   WCS : World Conservation Society
-   WWF : World Wide Fund for nature
-   ZICGC : Zone d’Intérêt Cynégétique à Gestion Communautaire
-   ZOPP : Ziel Orientierte Project Planung (Planification des Projets par Objectifs)

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RESUME

Le secteur forestier camerounais, depuis près d’une dizaine d’années, a fait l’objet de réformes
profondes tant sur le plan institutionnel que législatif. Il s’agit notamment de l’adoption d’un
nouveau code forestier en 1994, la création en 1992 d’un Ministère en charge de l’environnement
et des forêts (MINEF), de l’adoption d’un code de l’environnement en 1996, et de la scission en
2004 du MINEF en deux ministères : le Ministère des Forêts et de la Faune, et le Ministère de
l’Environnement et de la Protection de la Nature. Les nouvelles politiques forestière et
environnementale consacrent un cadre politique et stratégique fondé principalement sur une
gestion durable des forêts avec une contribution significative à la croissance économique et à la
lutte contre la pauvreté, une gestion participative avec implication de toutes les parties prenantes,
une responsabilisation des populations rurales dans la gestion des forêts du domaine national, la
conservation de la biodiversité dans un réseau national d’aires protégées aménagées et
l’amélioration de la gouvernance forestière.

        En 1994, le pays s’est doté d’une politique forestière dont la mise en œuvre a été assurée
par l’élaboration en 2003 d’un instrument de gestion durable du patrimoine forestier: le
Programme sectoriel Forêts – Environnement (PSFE), conduit par le Ministère des Forêts et de la
faune (MINFOF), d’une part, et le Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature
(MINEP), d’autre part. L’orientation générale de la politique forestière du Cameroun vise « la
pérennisation et le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts,
dans le cadre d’une gestion intégrée, assurant de façon soutenue et durable la conservation et
l’utilisation des ressources et des écosystèmes forestiers ».

Malgré la signature de nombreuses conventions internationales, les réformes récentes et le cadre
législatif et réglementaire avant-gardiste, un décalage criard existe avec la réalité du terrain
caractérisée par une dégradation visible des ressources naturelles du pays. L’éléphant ne fait pas
exception à cette situation.

La problématique de la gestion durable des éléphants au Cameroun a conduit le gouvernement et
ses partenaires stratégiques à l’élaboration d’un plan national de gestion des éléphants en 1997.
Bien que le plan de gestion de 1997 n’ait pas été formellement évalué pour apprécier son niveau
de mise en œuvre et son impact réel sur la conservation des éléphants au Cameroun, il s’est avéré

                                                                                                   8
nécessaire d’élaborer une nouvelle stratégie et un programme de gestion durable des éléphants au
Cameroun cohérente et arrimée à la Stratégie Régionale pour la Conservation des Eléphants en
Afrique Centrale. Il était également important de tenir compte de l’évolution du contexte
institutionnel et réglementaire, de l’adoption de nouvelles approches (conservation à l’échelle du
paysage) et de l’émergence de nouvelles menaces.

La population totale d’éléphants du Cameroun est estimée à environ 21 000 individus. Au stade
des connaissances actuelles, l’aire de répartition de l’éléphant au Cameroun couvre une superficie
de 126 862 km² soit 26% de la superficie totale du Cameroun. 33% de cette aire de distribution est
contenue dans les parcs nationaux et réserves qui abritent près de 56% de la population totale
des éléphants. Les forêts de production qui représentent 50% de l’aire distribution ne comptent
 que 39% de la population des éléphants. Les zones de chasse sportive des savanes (17% de
l’aire de répartition) quant à elles, comptent 5% de la population totale.
Les menaces qui pèsent sur les populations d’éléphants et nuisent à la gestion durable de l’espèce
sont liées et peuvent agir soit directement (braconnage, fragmentation de l’habitat) soit
indirectement (faiblesses institutionnelles). La stratégie de gestion durable des éléphants au
Cameroun vise à réduire ces menaces et contraintes.
La stratégie de gestion durable des éléphants au Cameroun s’est fixée pour objectif global, de
conserver et utiliser de façon durable la diversité biologique du Cameroun et pour objectif
spécifique l’augmentation du nombre d’éléphants et la préservation de leurs habitats.
La présente stratégie vise les résultats suivants :
    -   Réduction du braconnage ;
    -   Réduction des conflits Homme-éléphant ;
    -   Amélioration de l’habitat ;
    -   Collecte des données fiables pour une gestion durable des éléphants ;
   - Renforcement et application de la loi ;
   - Valorisation de l’éléphant ;
   - Renforcement des capacités institutionnelles ;
   - Renforcement de la coopération sous-régionale de gestion des éléphants.
Pour chaque résultat, des activités à mettre en œuvre pour atteindre ce résultat, ont été identifiées
de manière participative.
La présente stratégie est élaborée pour une durée de 10 ans (2011-2020) avec un budget indicatif
de huit milliards trois cent trente quatre millions F CFA (8 334 000 000 F CFA) pour sa mise en
œuvre.

                                                                                                   9
ABSTRACT
In the past ten years, the forestry sector in Cameroon has experienced major institutional and
legislative reforms. These include the 1994 forestry law, the creation of in a Ministry in charge of
the environment and forestry in 1992, the adoption of the environment code in 1996 and the further
split in 2004 of the Ministry of the Environment and Forestry into two separate ministries: The
Ministry of Forestry and Wildlife and the Ministry of the Environment and Protection of Nature. The
new forestry and environmental reforms define a clear policy and strategic framework based mainly
on the sustainable management of the forests with a significant contribution to economic growth
and poverty alleviation, forest governance, the participatory management of natural resources with
the involvement of all stakeholders, a more active participation of the local communities in forest
management, biodiversity conservation through a network well managed protected areas.

In 1994, the country was equipped with a forestry sector policy, the implementation of which was
assured by the elaboration in 2003 of a sound tool for the sustainable management of its forests
heritage: The Environment and Forestry Sector Program (PSFE) implemented by the Ministry of
Forestry and Wildlife (MINFOF), on one hand and the Ministry of the Environment and Protection of
Nature on the other hand. Cameroon’s forestry policy is geared towards “the consolidation and the
development of the social, economic and ecological functions of the forests in an integrated
management framework, which ensures in a sustainable manner, the conservation of biodiversity
and the use of resources and forest ecosystems”

Despite the signing of several international conventions, the adoption of new reforms and the
avant-gardist legal and regulatory framework, there exists a huge gap on the field with a rapid
depletion of the country’s natural resources. The elephant is no exception to this situation.

Faced with the urgent need for clear actions to ensure a sustainable management of the elephant
population in Cameroon, the government and its strategic partners developed a national elephant’s
management plan in 1997. Although the 1997 management plan has not yet been critically
assessed to see the level of implementation and its real impact on elephant conservation in
Cameroon, it appeared urgent to develop a new strategy and a sustainable and coherent elephant
management program that is in line with the Central Africa Regional Elephant Conservation
Strategy. It was also important to take into account the evolution of the institutional and regulatory

                                                                                                   10
context, the adoption of new approaches (conservation at landscape level) and the emergence of
new threats.

In Cameroon, the total elephant population is estimated at about 21 000. Current data indicate that
the elephant distribution site covers a surface area of 126 862 km² that is, 26% of the total
country’s surface area. 33% of the distribution area is found in national parks and wildlife reserves
which shelter about 56% of the country’s total elephant population. Production forests which make
up 50% of the distribution area harbor about 39% of the elephant population. Game hunting zones
(17% of the distribution area), can only boost of 5% of the total elephant population.
The threats to elephant population and which hamper their proper management are linked up and
can act either directly (poaching, habitat fragmentation) or indirectly (weak institutional capacities).
The sustainable elephant management strategy in Cameroon seeks to address these threats and
constraints.
The sustainable elephant management strategy has as main objective to conserve and to
sustainably use the country’s biological diversity and as specific objective to increase the
elephant population and preserve their habitat
The present strategy seeks to achieve the following results:
    -   Reduction of poaching;
    -   Reduction of human-elephant conflicts;
    -   Improvement of their habitat;
    -   Gathering of reliable data for a sustainable management of elephant;
    -   Law enforcement and implementation;
    -   Valorization of the elephant ;
    -   Strengthening of institutional capacity;
    - Strengthening of regional cooperation in view of the sustainable management of elephants.
Activities that will be carried out to achieve each result have been identified using a participatory
approach.
This strategy is elaborated for a period of ten years (2011-2020) with a tentative budget of eight
billions three hundred and thirty three millions F CFA (8 334 000 000 F CFA) for its implementation.

                                                                                                     11
INTRODUCTION

L’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) est le plus grand mammifère terrestre de la planète. De
par sa taille, ses ivoires, sa force et sa puissance, l’éléphant occupe une place particulière dans les
croyances traditionnelles des peuples africains. Les qualificatifs les plus prestigieux sont attribués
à ce pachyderme et en font une des attentions les plus élevées de la conservation de la
biodiversité dans le monde : espèce phare, espèce clef, espèces parapluie, espèce
emblématique…

L’éléphant joue un rôle écologique très important dans la préservation de la diversité de la faune et
de la flore. Considéré comme « ingénieur de l’écosystème » (Nasi, R. et Al, 2008) il renverse les
arbres, ouvre le sous-bois, creuse des salines et transporte des graines, influençant ainsi la
structure et la composition de la flore et de la faune (White, 1992 ; Blake, 2002). La régénération
de certaines espèces végétales à forte valeur économique (pollinisation, dissémination des
graines) est fortement dépendante de l’activité des éléphants. Ces               espèces sont dites
« Loxodontocore », c’est à dire donc la régénération naturelle est facilitée par le transit dans le
tube digestif de l’éléphant. L’avenir desdites espèces serait donc fortement compromis par la
disparition des éléphants.

De tout temps l’éléphant a fait l’objet d’une chasse effrénée à la fois pour son ivoire, pour sa
viande, et pour le commerce international. La situation d’instabilité économique, politique et sociale
qui caractérise la sous-région d’Afrique Centrale n’a fait qu’exacerber le braconnage de l’éléphant.
La pénétration des industries extractives (forestières et minières), le développement des grandes
infrastructures (barrage, routes, chemin de fer) et l’impact de la crise financière internationale sur
le secteur bois contribuent aux menaces pesant sur les populations d’éléphants en Afrique
Centrale.

En 2005, les Etats de la sous-région accompagnés par les partenaires au développement ont
élaboré une stratégie régionale pour la conservation des éléphants en Afrique centrale dont le but
est d’assurer la conservation des éléphants et de leurs habitats. La mise en œuvre de cette
stratégie repose essentiellement sur l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de gestion
durable des éléphants au niveau de chacun des 7 pays concernés.

                                                                                                    12
La contribution attendue du Cameroun dans la conservation des éléphants en Afrique centrale est
importante car c’est le seul pays ou l’aire de répartition de l’éléphant couvre à la fois les zones
sèches subsahariennes, les savanes herbeuses, les savanes boisées, les forêts de montagne, les
zones marécageuses, et les fortes denses humides. Le Cameroun abrite sur son territoire, les
deux sous-espèces de l'éléphant d’Afrique à savoir: l’éléphant de savane Loxodonta africana
africana, et l'éléphant de forêt Loxodonta africana cyclotis.

La problématique de la gestion durable des éléphants au Cameroun a conduit le gouvernement et
ses partenaires stratégiques à l’élaboration d’un plan national de gestion des éléphants en 1997.
Ce plan était une réponse aux diverses menaces qui pesaient sur cette espèce. Ce plan de gestion
de l’éléphant marquait la volonté du gouvernement du Cameroun d’être toujours à l’avant-garde
des réformes et mesures visant la conservation des éléphants en Afrique centrale. Il mettait
l’accent sur l'application de la loi pour réduire au minimum le braconnage, le suivi de la population
et sa dynamique, le suivi des mouvements des éléphants, les enquêtes sur les conflits homme
éléphant et la mise en œuvre à court terme des mesures d'atténuation appropriées. Bien que le
plan de gestion de 1997 n’ait pas été formellement évalué pour apprécier son niveau de mise en
œuvre et son impact réel sur la conservation des éléphants au Cameroun, il s’est avéré nécessaire
d’élaborer une nouvelle stratégie et un programme de gestion durable des éléphants au Cameroun
cohérente et arrimée à la Stratégie Régionale pour la Conservation des Eléphants en Afrique
Centrale. Il était également important de tenir compte de l’évolution du contexte institutionnel et
réglementaire, de l’adoption de nouvelles approches (conservation à l’échelle du paysage) et de
l’émergence de nouvelles menaces.

La Commission pour la Survie des Espèces (CSS) est la plus importante des huit commissions
spécialisées de l’UICN (plus de 8000 experts). En 2008, la CSS a élaboré les des lignes directrices
pour l’élaboration des plans de conservation des espèces. Dans ces directives, l’on note l’évolution
de la notion de « plan de gestion des espèces » à celle de « stratégie et programme d’action » en
raison de l’amélioration des méthodes et techniques de planification de la gestion des espèces et
d’une meilleure intégration de ces dernières dans le contexte socio-économique local, national et
régional (IUCN/SSC, 2008).

La stratégie et le programme de gestion durable des éléphants au Cameroun permettront de
structurer l’action publique et faciliter les partenariats entre les autorités en charge de la gestion

                                                                                                   13
des éléphants et les autres acteurs de la conservation. Ce document constitue également un outil
de mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre des actions de conservation
retenues. Il est articulé autour de quatre points essentiels. Le premier fait l’état des lieux de la
gestion de l’espèce au Cameroun et le deuxième expose la stratégie nationale de gestion. Les
deux derniers points sont consacrés au programme d’action pour la gestion durable des éléphants
du Cameroun.

                                                                                                 14
1   CONTEXTE GENERAL DE LA CONSERVATION DE LA
                     BIODIVERSITE AU CAMEROUN

1.1 GENERALITES SUR LE SECTEUR FORESTIER

1.1.1 Brève présentation du Cameroun

Le Cameroun est un pays tropical situé au-dessus de l’équateur. Il couvre une superficie de
475 650 km² et s’étire du Sud au Nord (du Golfe de Guinée jusqu’au Sud du Lac Tchad) sur 1 200
Km, de l’Ouest à l’Est (de l’océan Atlantique à la frontière avec la République Centrafricaine) sur
800 km environ.

Le relief varie significativement en altitude, du niveau de la mer au sommet du mont Cameroun
(4100 m), point le plus élevé d’Afrique Centrale. Le pays dispose d’une façade maritime longue de
plus de 300 km et regorge d’importants sites ayant servi de refuge aux espèces de faune et de
flore au cours du pléistocène.

Ces facteurs biophysiques ont fortement contribué au développement des processus écologiques
et à la diversification des écosystèmes et des espèces biologiques. Cette biodiversité se
caractérise par la présence des forêts, des mangroves, des savanes, de forêts de montagne et des
steppes qui abritent de nombreuses espèces de faune et de flore ainsi qu’une forte concentration
d’espèces animales endémiques, rares et/ou menacées d’extinction (éléphants, gorilles,
chimpanzés, etc.).

A cette diversité biologique s’associe une forte diversité socioculturelle qui fait du Cameroun, une
véritable Afrique en miniature. Elle s’illustre par l’existence d’environ deux cent cinquante (250)
groupes ethniques pour une population de près de 19 millions d’habitants avec un taux de
croissance annuel moyen de 2,7%. La plupart de cette population, qui vit en milieu rural, est en
étroite interaction avec le milieu naturel où elle puise l’essentiel des ressources nécessaires à sa
survie.

                                                                                                 15
1.1.2 Etat actuel du secteur forestier

Les forêts denses humides du Cameroun s’étendraient sur une superficie comprise entre 19,6 et
22,5 millions ha (selon les évaluations), soit plus de 45% du territoire national, dans la partie
méridionale qui comprend également des savanes arborées et des galeries forestières couvrant
environ 4,3 millions d’hectares. Les forêts denses et les boisements de savane auraient une
superficie de 210 697 km² (soit 45 % du territoire national) suivant l’évaluation globale des
superficies effectuée dans le cadre du Plan National de Gestion de l’Environnement (1996).

La filière bois représente environ 8 à 10% du PIB du pays et se place au troisième rang des
sources de devises après les exportations agricoles et les produits pétroliers. Elle est fortement
génératrice d’emplois : plus de 15.000 personnes dans le secteur formel et 150.000 dans le
secteur informel.

En dehors des UFA (Unités forestières d’aménagement) et des aires protégées, la forêt dense
camerounaise subit des perturbations majeures, soit par une exploitation forestière non planifiée
de type minier – source d’écrémage et de perturbation de l’écosystème – soit par l’agriculture
itinérante. La surface de forêts tropicales humides du Cameroun régresse annuellement de 37.000
ha (0,19 % par an).

Le patrimoine forestier est organisé par un plan de zonage, distinguant le Domaine Forestier
Permanent (DFP), affecté à la forêt et/ou à l’habitat de la faune et, le Domaine Forestier non
Permanent (DFnP), ou domaine national à vocations multiples.

1.1.3 Politique forestière, institutions et systèmes de gestion

Le secteur forestier camerounais, depuis près d’une dizaine d’années, a fait l’objet de réformes
profondes tant sur le plan institutionnel que législatif. Il s’agit notamment de l’adoption d’un
nouveau code forestier en 1994, la création en 1992 d’un Ministère en charge de l’environnement
et des forêts (MINEF), de l’adoption d’un code de l’environnement en 1996, et de la scission en
2004 du MINEF en deux ministères : le Ministère des Forêts et de la Faune, et le Ministère de
l’Environnement et de la Protection de la Nature.

Les nouvelles politiques forestière et environnementale consacrent un cadre politique et
stratégique qui s’articule autour des axes suivants :

                                                                                               16
-   Gestion durable des forêts avec l’exploitation des forêts productives du domaine
        permanent dans le cadre de plans d’aménagement qui assurent la pérennité de
        l’écosystème par une rotation de 30 ans ;
    -   Contribution à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté à travers la
        production des recettes fiscales dont une partie est rétrocédée aux communes et
        communautés, la création d’emplois dans la filière-bois, et la mise en place des forêts
        communautaires directement gérées par les communautés elles-mêmes ;
    -   Gestion participative avec implication de toutes les parties prenantes : concertation avec la
        société civile et le secteur privé dans les processus de décision, responsabilisation des
        populations rurales dans la gestion des forêts du domaine national, ouverture au dialogue
        permanent avec la communauté internationale ;
    -   Conservation de la biodiversité dans un réseau national d’aires protégées aménagées et
        dans les forêts de production ;
    -   Renforcement du secteur public sur ses fonctions essentielles et délégation des fonctions
        productives au secteur privé par des relations contractuelles, l’Etat gardant ainsi la
        maîtrise d’ouvrage pour déléguer la maîtrise d’œuvre ;
    -   Mise en place d’un cadre réglementaire favorable au développement du secteur privé :
        conventions de long terme, industrialisation ;
    -   Mise en cohérence du système foncier par l’affectation des terres à des usages prioritaires
        à travers la définition d’un plan de zonage ;
    -   Amélioration de la gouvernance avec la clarification et la simplification des règles, la lutte
        contre la corruption, l’augmentation de la transparence, le recours systématique à
      l’information publique.
Le Cameroun a également signé des conventions internationales relatives la forêt et à la
biodiversité, notamment :

    -   Convention sur la protection de l’héritage culturel et naturel (Paris, novembre 1972)
    -   Convention sur le commerce international d’espèces menacées d’extinction (CITES -
        Washington, mars 1973)
    -   Convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone (Vienne, mars 1985)
    -   Protocole de Montréal sur le contrôle des chlorofluorocarbones (Montréal, septembre
        1987)
    -   Convention sur les changements climatiques (juin, 1992)
    -   Convention sur la diversité biologique (Paris, octobre 1994)
    -   Accord International sur les bois tropicaux (Vienne, 1983)
    -   Organisation africaine du bois (OAB - Bangui, 1974)

                                                                                                   17
-   Convention sur la conservation de la nature et des ressources naturelles (Alger, 1968)
    -   Accord sur portant création de la Commission sur le Bassin du Lac Tchad (1964)
    -   Accord sur la régulation conjointe et la flore dans le Bassin du Lac Tchad (Enugu,
        décembre 1977)
    -  Accord de coopération des pays d’Afrique centrale relatif à la conservation de la faune
       sauvage (Libreville, avril 1983).
En 1994, le pays s’est doté d’une politique forestière dont la mise en œuvre a été assurée par
l’élaboration en 2003 d’un instrument de gestion durable du patrimoine forestier: le Programme
sectoriel Forêts – Environnement (PSFE), conduit par le Ministère des Forêts et de la faune
(MINFOF), d’une part, et le Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature (MINEP),
d’autre part. L’orientation générale de la politique forestière du Cameroun vise « la pérennisation et
le développement des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts, dans le cadre
d’une gestion intégrée, assurant de façon soutenue et durable la conservation et l’utilisation des
ressources et des écosystèmes forestiers ».

Sur un tout autre plan, le pays s’est doté de nouvelles lois de décentralisation, marquant une forte
volonté de transfert de responsabilités importantes aux collectivités territoriales. Il s’agit d'améliorer
la transparence dans la gestion des collectivités et la participation des acteurs de la société civile.
Ces lois fixent aussi les fondations pour le développement d’une gestion harmonieuse et
rigoureuse de la biodiversité.

Malgré les réformes récentes et le cadre législatif et réglementaire avant-gardiste, un décalage
remarquable existe avec la réalité du terrain caractérisée par une dégradation visible des
ressources naturelles du pays. Ce décalage s’explique davantage, d’une part, par le manque de
capacité qui caractérise actuellement les institutions forestières et d’autre part, part la mauvaise
gouvernance forestière.

1.1.4 Gestion de la faune

La gestion durable des espèces fauniques est assurée à travers les plans d’aménagement des
aires protégées, ainsi que les plans de gestion des espèces fauniques. C’est ainsi qu’à ce jour, ont
été élaborés 11 plans d’aménagement et 04 plans de gestion spécifiques (Lions, Grands singes,
éléphants et pithacarte chauve).

                                                                                                       18
1.2 SITUATION ACTUELLE DE LA CONSERVATION DE L’ELEPHANT AU
    CAMEROUN

1.2.1 Présentation des habitats de l’éléphant

Domaine forestier permanent

    •   Aires protégées
Conscient du rôle actuel et potentiel de sa diversité biologique pour les générations présentes et
futures, des menaces qui pèsent sur cette diversité, des engagements pris à l’échelle sous-
régionale et régionale en vue de la conservation, des prescriptions de la Vision biologique
nationale, le Cameroun a cristallisé ses efforts de conservation autour de la création des aires
protégées. Le réseau actuel d’aires protégées couvre une superficie d’environ 9.124.463 ha soit
plus de 19,20 % du territoire national et regroupées sous plusieurs statuts à savoir : 18 Parcs
nationaux, 06 Réserves de faune, 03 Sanctuaires de faune 01 Sanctuaire de flore, 03 Jardins
zoologiques, 47 Zones d’intérêt cynégétique, 23 Zones d’intérêt cynégétique à gestion
communautaire. De manière générale, les superficies protégées sont en constante évolution
depuis le sommet de Yaoundé de mars 1999 qui a donné une véritable impulsion aux efforts de
conservation dans les pays et la sous région. La figure 1 présente le réseau d’aires protégées au
Cameroun.

Parmi les principales difficultés de gestion que connaissent ces aires protégées, l’on cite
généralement l’absence et /ou la mise en œuvre insuffisante des plans d’aménagement pourtant
prévus par la loi N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche et
le décret N°95/466 fixant les modalités d’application du régime de la faune.

                                                                                                 19
Figure 1   Parcs Nationaux et Réserves du Cameroun (WWF, 2009)

                                                                 20
•    Les Unités forestières d’aménagement (UFA) et les forêts communales
C’est depuis 1997 que le Cameroun s’est résolument engagé dans la gestion durable des forêts de
production avec la planification 113 UFA couvrant une superficie totale d’environ 7 millions
d’hectares. De 1997 à 2006, 98 de ces UFA ont été attribuées parmi lesquelles 69 disposent d’un
plan d’aménagement. Les 15 UFA non encore attribuées couvrent les 9 UFA de conservation de la
zone de Ngoila-Mintom, qui font aujourd’hui l’objet de négociation avec les partenaires pour être
conservées à l’état dans le cadre des mécanismes REDD et 6 autres dont la procédure
d’attribution a été engagée. Il faut noter que les UFA jouxtent les aires protégées de la zone
forestière et de ce fait prolongent le domaine vital de l’éléphant.

Les forêts communales participent de la volonté du pays de décentraliser la gestion des
ressources forestières pour maximiser leurs contributions à l’amélioration du niveau de vie des
populations à l’échelle locale. Plusieurs de ces forêts abritent des populations d’éléphants. En
2010, 11 forêts communales couvrant une superficie de plus de 150 000 ha ont été classées.

Domaine forestier non permanent

La partie du domaine non permanent abritant les éléphants est constituée des forêts
communautaires. En octobre 2009, on comptait 255 forêts communautaires avec plan simple de
gestion approuvé parmi lesquelles 171 avaient des conventions de gestion signées.

1.2.2 Situation de l’espèce

1.2.2.1- Technique de collecte et d’analyse des informations

La collecte et la synthèse des informations disponibles se sont faites en trois phases. La première
phase consistait en la planification des sites à visiter, en la conception des fiches d’enquêtes
(Annexe 2), et la revue de la littérature pour apprécier les données existantes. La deuxième phase
a été la collecte de données proprement dite sur le terrain. Les zones susceptibles d’abriter des
populations d’éléphants ont été visitées et à l’occasion on a profité pour également consulter la
documentation existante auprès de l’administration forestière (chefs de postes forestiers,
délégations départementales, délégations régionales du MINFOF), des sociétés d’exploitation
forestière (cellule d’aménagement) et des chasseurs professionnels. Les autorités administratives
et traditionnelles étaient également consultées. La troisième phase a consisté en une retraite pour
la compilation de l’ensemble des données disponibles. Au cours de cet exercice, les données

                                                                                                21
quantitatives ont été mises dans une base de données géo-référenciées afin de faciliter la
production des cartes de distribution.

L’estimation des effectifs des populations d’éléphants s’est faite en utilisant la méthodologie du
Groupe Africain des Spécialistes de l’Eléphant d’Afrique (Blanc & al, 2007) qui classe les
populations en 5 groupes en fonction de la technique de collecte des données. Ces classes sont
les suivantes :

       Classe A : Les données ont été collectées à partir des comptages totaux aériens ou
       terrestres ;

       Classe B : Les données sont obtenues à partir d’un comptage de crottes par
       échantillonnage à 95% de limite de confiance avec utilisation d’une vitesse de
       pourrissement des crottes calculée sur le site d’étude ;

       Classe C : Les données sont obtenues à partir d’un comptage de crottes par
       échantillonnage à 95% de limite de confiance avec utilisation d’une vitesse de
       pourrissement des crottes calculée sur un autre site ;

       Classe D : Comptage aérien par échantillonnage, comptage terrestre par échantillonnage,
       comptage des crottes par échantillonnage, sans limites de confiance ; estimation faite par
       un expert et basée sur une bonne connaissance de la zone ;

       Classe E : Estimation faite par un non expert et/ou ayant une connaissance limitée de la
       zone.

L’analyse des mouvements des éléphants au Cameroun s’est faite sur la base des informations
collectées par le WWF depuis une dizaine d’années grâce à un programme conjoint MINFOF-
WWF-North Carolina Zoological Park de suivi satellitaire des éléphants.

1.2.2.2- Données sur les effectifs et la répartition

La population totale d’éléphants du Cameroun est estimée à 21 427 individus. Au stade des
connaissances actuelles, l’aire de répartition de l’éléphant au Cameroun (Figure 2), couvre une
superficie de 126 862 km² soit 26% de la superficie totale du Cameroun. 33% de cette aire de
distribution est contenue dans les parcs nationaux et réserves qui abritent près de 56% (11 918
individus) de la population totale des éléphants. Les forêts de production qui représentent 50% de

                                                                                               22
l’aire distribution ne comptent que 39% de la population des éléphants. Les zones de chasse
sportive des savanes (17% de l’aire de répartition) quant à elles, comptent 5% de la population
totale.

  Tableau 1      Aires de distribution et effectif des populations d’éléphants dans différentes catégories d’habitats au
                                                         Cameroun

                                                                               Estimation de la
                                                                                                          % de la
          Statut de la zone            Superficie (km²)       % de l’aire        population
                                                                                                         population
                                                                                 d’éléphants
      Parcs et Réserves                    41,644                33                11,918                    56
     Forêts de production                  63,473                50                 8,456                    39
  Zones de chasse de Savane                21,040                17                 1,053                    5
         Grand Total                       126,157               100               21,427                   100

Cette aire de distribution, nouvellement définie, diffère de celle présentée dans la base de données
du Groupe des Spécialistes de l’Eléphant d’Afrique, à savoir 118 571 km² (Blanc & al, 2007). En
effet, on note ici un accroissement de prêt de 10 000 km² de l’aire de répartition. L’explication
plausible est que les études récentes ont contribué à l’amélioration des connaissances sur l’aire
de distribution spatiale de l’éléphant au Cameroun.

La forte concentration des éléphants dans les Parcs et les Réserves (56% de la population totale)
peut se justifier par la présence des activités de conservation en général et de la surveillance
accrue en particulier. Ces aires protégées bénéficient le plus souvent des moyens importants
provenant des projets de conservation qui assurent des opérations de lutte anti-braconnage
régulières. Une autre explication possible pourrait être que c’est sur ces aires protégées que des
études scientifiquement acceptables ont été menées, alimentant ainsi une solide base de données
sur les populations d’éléphants. A titre d’exemple, un examen de la carte de distribution des
éléphants (Figure 1) montre que seul deux parcs nationaux sur les 11 du Cameroun abritant un
projet de conservation ont une population classée « Low ».

                                                                                                                           23
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