STREET ART, SUR LES MURS DE MARSEILLE - Signal paradoxal d'un renouveau urbain - AGAM
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Devanture de «La voie maltée», rue Crudère, Marseille (VI e). © Axel Le Bolzer - Agam 2021 Regards SOCIÉTÉ SEPTEMBRE 2021 | N°109 STREET ART, SUR LES MURS DE MARSEILLE Signal paradoxal d’un renouveau urbain Un temps symptôme pictural de la désindustrialisation des villes, parfois associé à leur déclin, le graff – et dans son acception plus large, le street art – semble aujourd’hui s’affirmer comme le signal de leur renaissance économique et urbaine. Un renversement de symbole donc, qui illustre le che- min parcouru par cet art urbain, spontané et éphémère, souvent vandale, mais désormais prisé des galeristes comme de la commande publique. Et ce n’est pas étonnant que ce soit à Marseille, ville ayant connu l’ensemble de ces cycles, que le street art trouve un terrain d’expression à sa hauteur : rebelle, alternative et en profonde mutation, la ville est pour des générations de graffeurs le support d’expression et la source d’inspiration. Si les politiques urbaines commencent à identifier les béné- fices de cet art, reste à comprendre plus précisément les liens qui le lient si profondément à la ville contemporaine.
Fresque, quartier du Panier, Marseille (II e). © Axel Le Bolzer - Agam 2021 Renouveau urbain Les confinements successifs, accompa- pression, à la fois sur les murs des villes, gnés de la fermeture des lieux culturels, mais surtout via les vecteurs plétho- L’ouverture complète de la L2 a permis de ont donné à l’art urbain en général, et au riques de la « pop culture » : clips vidéo, révéler au plus grand street art en particulier, une dimension séries, cinéma… Une pop culture qui a nombre la créativité nouvelle : celle d’un art accessible, pro- beaucoup associé la représentation de et le talent des artistes fondément attaché à la ville et en perpé- la ville, dans les clips notamment, au à qui on a confié la tuel recommencement. Graffs, collages street art, que ce soit dans la culture rap mission d’animer et fresques ont depuis plusieurs années mais aussi pop. le fonctionnalisme investi le bâti urbain, des friches indus- et la froideur d’une infrastructure autoroutière par un apport trielles faubouriennes aux quartiers UN VECTEUR D’IMAGE artistique mural. centraux animés. Si la tolérance semble ET D’ANIMATION CULTURELLE C’est une nouvelle étape franchie dans la mise aujourd’hui de mise dans certains quar- ET URBAINE en accessibilité du street art, au-delà du cercle tiers, l’image des autorités vis-à-vis de Si pendant longtemps les graffs étaient de plus en plus en large des familiers et des ce qui relève parfois d’une dégrada- activement chassés des nouveaux quar- connaisseurs de cette forme artistique dont tion, a lui aussi évolué. En témoignent tiers en construction comme de leurs l’espace urbain est le creuset et l’inspirateur. les initiatives publiques ou privées qui documents de communication, on ne Marseille se signale ainsi par sa capacité à sollicitent la communauté des graffeurs compte plus aujourd’hui les lieux d’ur- s’inscrire dans les nouveaux courants de l’art urbain, stimulée par des lieux inédits, des pour habiller un équipement, une in- banisme transitoire ou les secteurs de points de vue singuliers, des vues à couper frastructure, ou donner une image nou- renouvellement urbain, qui l’intègrent le souffle. Elle attire de nouveaux artistes velle à un quartier en reconversion. Ce dans leurs projets de développement qui voient en Marseille l’opportunité de mouvement d’institutionnalisation n’est et leurs stratégies de communication. développer leur art et de bénéficier d’un pas anecdotique, compte tenu du carac- Avec comme cible, une population écosystème qui s’étoffe de plus en plus et qui tère illégal de l’expression spontanée : il jeune, créative et diplômée, souvent leur permet de révéler leur talent. illustre la prise de conscience du carac- critique de l’urbanisme trop standardisé Dans la recherche de développement du tourisme urbain qui échappe à la contrainte tère irrésistible du street art et surtout du siècle passé, et en recherche de lieux de la saisonnalité et qui parie sur le permanent de son fort potentiel d’attractivité et de atypiques à forte densité culturelle, et et le pérenne, c’est un atout supplémentaire renouvellement urbain. Paradoxe pour en évolution permanente. À l’image pour conforter la destination Marseille. un art au départ associé aux friches, le des projets d’occupation temporaire, À travers ce Regards, l’Agam a cherché à street art semble faire partie intégrante dont la programmation urbaine est présenter et à expliquer cet engouement de l’arsenal de revitalisation urbaine des évolutive, permettant d’offrir aux rive- pour le street art à Marseille, comme un acteurs de l’urbanisme. rains des expériences sans cesse renou- clin d’œil aux enjeux de la ville créative déjà traités dans une publication précédente. Sans doute la raison est-elle à chercher velées, le street art accompagne aussi aussi du côté des générations nées à la recherche de l’effet « Whaou » dans Laure-Agnès Caradec partir des années 1980, familiarisées de- l’espace urbain. Les récents appels à Présidente de l’Agam puis leur plus jeune âge à ce mode d’ex- manifestation d’intérêt (AMI) portés 2 | REGARDS | N°109
© Axel Le Bolzer - Agam 2021 par la Ville de Paris, comme « Embel- lir Paris », lui accordent une place cen- trale. Sans doute, cet impact en termes d’image est-il aussi à chercher du côté des réseaux sociaux, Instagram en tête, dont les utilisateurs ont depuis long- temps plébiscité le partage de photos d’œuvres street art, et donnant sans le savoir, une visibilité nouvelle à certains 2013 espaces urbains, souvent méconnus mais supports d’une activité « graffs » importante. Ces nouveaux médias sont pour beaucoup depuis une dizaine d’an- Marseille nées dans le renforcement du lien entre Collage, quartier du Panier, Marseille (II ). e Capitale européenne de la Culture visibilité des projets urbains et le graff. À titre d’exemple, le « #streetart » cumule en 2021, 60 millions de publications, et DE QUOI LE STREET ART reste un des hastag (#) les plus utilisés EST-IL LE NOM ? dans l’espace urbain. Symbole artistique de la gentrification Les offices de tourisme l’ont bien com- pour les uns, vecteur d’une culture et pris, en proposant des parcours street art aux nouveaux touristes urbains, à la recherche de lieux « en dehors » des de messages accessibles à tous pour les autres, le street art semble dans tous les cas s’imposer comme une identité 24 000 photos sous le hastag #streetartmarseille circuits classiques et souvent loin des picturale incontournable de la ville sur Instagram cartes postales. Les associations qui or- contemporaine. À l’heure des réseaux ganisent des visites de sites sont aussi sociaux, des plateformes et d’une de plus en plus présentes pour faire dé- presse largement dématérialisée, les couvrir les œuvres aux habitants ou aux murs des villes sont devenus en une dé- touristes. cennie, les supports d’une expression libre protéiforme, renouant avec des 5ans tendances anciennes, du muralisme au Pilier autopont, Gênes, Italie. tag, en passant par le collage à carac- tère sociétal ou politique. Cette prolifération de messages en mi- de réalisation des fresques de la L2 © Christophe Trinquier - Agam 2021 lieu urbain, renvoie à la visibilité retrou- (2014-2019) vée des centralités des grandes villes, lieux incontournables dans les parcours professionnels, résidentiels, touristiques ou culturels. Si la ville « créative » a long- temps recherché l’attractivité des indus- tries dites « culturelles » pour accompa- gner le renouveau de ces centres, elle leur a aussi donné une dimension artis- tique à son image : spontanée, évolutive 8 itinéraires street art identifiés dans et connectée. le centre-ville élargi de Marseille C’est sans doute dans ces évolutions so- cio-économiques récentes que ce lien est à trouver. Et si, au côté du patrimoine monumental et architectural, le street art était aussi le signe des mutations incessantes et plurielles des villes, sym- bole de leur vitalité et de leur force créa- trice ? Les villes, berceaux des cultures et des mouvements artistiques, semblent 2024 Livraison prévue du tiers-lieu désormais prêtes à une diffusion de l’art « street art » dans le quartier des Crottes « sur les murs ». (Euromed 2) STREET ART, SUR LES MURS DE MARSEILLE | 3
La diversité des formes et des représentations du Street Art Le street art est un mouvement artistique ayant émergé dans les années 60 aux États-Unis. C’est un art qui, à l’origine, s’exprime dans la rue et sur les murs. Il se présente sous diverses formes et occupe des espaces urbains variés. Nous nous intéresserons ici aux représentations murales. Le tag Signature réalisée rapidement. Le Flop Le Graff La Fresque Signature accompagnée d’un travail sur la Signature accompagnée d’un travail sur la Forme de graffiti occupant un espace consé- couleur et les volumes. couleur et les volumes, intégrant une décom- quent (souvent sur des murs ou pignons position et une réinvention des formes. aveugles). Son temps de réalisation est éga- lement plus long. Le pochoir Le collage et le sticker La mosaïque Utilisation de matériaux rigides en bois, car- Papier autocollant réalisé en amont et collé Carrés de faïence colorée apposés sur un mur ton, plastique, métal, représentant un dessin. sur un mur. Tout comme le pochoir, ils sont fa- afin de former une mosaïque représentant Cet outil permet ensuite de peindre la forme. ciles à transporter et rapides à poser. une forme particulière. Il présente l’avantage d’être facile à trans- porter tout en permettant de réaliser l’œuvre rapidement. 4 | REGARDS | N°109
Dialogue entre l’urbanisme et le street art La relation souvent contrariée entre nistes, pour améliorer l’intégration ur- La peinture murale semble être un bon le street artiste et l’urbaniste, le graf- baine d’infrastructures, d’équipements, outil pour « défricher », occuper l’espace feur et l’architecte, semblait pourtant de sites en mutation, ou simplement ou l’architecture dans l’attente d’un pro- écrite d’avance : spontanéité et éphémère pour donner une visibilité nouvelle aux jet, rendre utile les parois d’un immeuble comme moteurs créatifs pour le premier, grands projets urbains. Avec parfois, un vétuste dont la démolition est program- réglementation et recherche de péren- risque de standardisation, qui inquiète mée, ou « colorier » des lieux réinvestis nité pour les seconds. Mais c’était sans une partie de la communauté graff. par l’économie (villages de marques, compter sur leur lieu favori d’expression : pépinières de startups) dans l’espoir de la ville. Car, si les formats et techniques LE STREET ART COMME capitaliser l’effet médiatique obtenu. De- du street art ont évolué depuis les deux SUPPORT DU PROJET URBAIN puis 2015, le Conseil municipal de Vigo dernières décennies, l’urbanisme et les Pour beaucoup de décideurs et d’amé- (Galice, Espagne) organise chaque été usages des villes ont eux aussi connu nageurs, le street art est devenu un un festival d’art nommé Vigo-City of Co- de profondes mutations : occupations outil de « marketing urbain », un levier lour pour redynamiser l’image de la ville temporaires, hybridations des lieux, d’attractivité touristique « dans l’air du (fresques XXL sur les murs pignons). La industries créatives et recherches d’ex- temps ». Comme les amateurs sont de Ville de Toulon fait appel à des collectifs périences, sont venues bouleverser les plus en plus nombreux à visiter cer- (œuvres inscrites dans la programmation schémas d’une ville fonctionnelle, dans taines villes spécialement pour admirer du Théma Liberté #37 - Passion bleue / Art laquelle l’art urbain devait être néces- les œuvres qui ornent leurs murs, les dans la ville, fresque monumentale de sairement planifié. Et, paradoxalement, établissements privés et les institutions Michael Beerens, installation de Tadashi c’est par ce fonctionnalisme du siècle locales cherchent à attirer de nouveaux Kawamata). Le festival K-LIVE à Sète per- dernier, dont les objets urbains, tou- visiteurs en créant des images urbaines met aux visiteurs de voir à l’œuvre les jours présents, cherchent aujourd’hui souvent « Instagramables ». Les grandes graffeurs, peintres, colleurs et sculpteurs à gagner en « supplément d’âme », par marques n’hésitent plus à faire appel à et d’échanger avec eux sur leurs tech- la couleur, le récit, l’imaginaire que le des artistes pour peindre des façades niques ; le MaCO, le musée à ciel ouvert street art s’exprime le plus. C’est donc placées aux endroits stratégiques (Bi- qui s’est constitué au fil des éditions, se naturellement vers cette communauté bendum de Michelin sur Portobello découvre ensuite toute l’année avec des que se tournent aujourd’hui les urba- Road à Londres). visites guidées proposées par la Ville. L’année 2013 a donné un coup de projecteur les Archives départementales, le Théâtre de la Paroles d’acteur culturel à Marseille avec le label « Capitale Minoterie, le Fonds régional d’art contempo- « Des potentialités française de la culture ». Cette visibilité a per- mis de montrer que la ville était un lieu de rain (FRAC), le musée Regards de Provence ou encore le Pôle culturel de la Belle de Mai. L’in- de projets collectifs » création et de diffusion d’une offre culturelle tention concernant Euromed 2 est différente. pluridisciplinaire. L’explosion du courant de On est passé d’une stratégie d’installation de street art a été fortement accélérée par les grands objets culturels à une stratégie d’ani- réseaux sociaux. Le street art est devenu plus mation et d’inclusion, entre autre culturelle, formel au moment où il a été reconnu comme avec le projet MOVE (Massalia Open Village vecteur de communication, d’attractivité et Experience). S’inscrivant sur un territoire de d’animation urbaine. Ce qui diffère entre Mar- 170 ha, Euroméditerranée a pour ambition seille et d’autres villes de la Méditerranée, ce d’offrir les conditions favorables au dévelop- sont les potentialités de projets collectifs, re- pement d’une offre, dans un quartier en mu- groupant une diversité culturelle importante. tation où les enjeux urbains sont importants. Bien que n’ayant pas de compétence culturelle Par ailleurs, un appel à projets a été lancé dans ses statuts, Euroméditerranée a toujours sur l’ancienne savonnerie La Tulipe-Moncada Alexandre SORRENTINO œuvré pour créer les conditions du développe- pour la création d’un lieu de vie, au cœur Directeur des Relations extérieures et de ment d’une offre culturelle sur son périmètre du noyau villageois des Crottes, qui devrait la communication - Établissement Public et donner naissance à de grands ensembles comprendre un espace culturel, un musée du d’Aménagement Euroméditerranée culturels : le Musée des civilisations de l’Eu- street art, un atelier des artisans, une école de rope et de la Méditerranée (MuCEM), le Silo hip-hop, une salle de spectacles ainsi qu’un d’Arenc, le Centre régional de la Méditerranée, espace en plein air. STREET ART, SUR LES MURS DE MARSEILLE | 5
Les lieux privilégiés 4 du graff Les friches industrielles 1 Espaces historiquement liés à la pratique du graff, symbole de la désindustrialisation des villes. Depuis, ces lieux sont des espaces de travail cachés, permettant aux graffeurs de s’entraîner, d’expérimenter de nouvelles techniques, à l’abri des regards, sans 2 contrainte de temps. Dans l’imaginaire collectif, ces lieux ne sont pas forcément bien perçus : des espaces peuvent parfois renvoyer à un déclin, et Les centres-villes le graff qui est venu s’apposer sur ces espaces y est souvent associé. Espaces centraux des villes fréquentés par un public large, disposant de surfaces Peu fréquentés mais souvent visibles dans l’espace urbain, les 5 de graffs fortement visibles et permetttant graffs viennent contrebalancer l’aspect d’abandon et donnent 3 aux graffeurs de bénéficier d’une visibilité plus une nouvelle visibilité qui pourrait être le point de grande : des passants, mais aussi des autres départ à des actions de rénovation / reconversion. graffeurs, afin de tenter de gagner en notoriété. Les lieux de passage comme les rues ou les Des lieux possibles : entrepôts, hangars, places fréquentées sont privilégiés. Les rues bâtiments logistiques et bâtiments militaires étroites augmentent la visibilité des graffs par désaffectés, ainsi que les bunkers, les silos et les passants, se retrouvant comme confrontés les cuves en reconversion. aux représentations sur les murs. Les surfaces en 4 Friche COFRAPEX, Marseille (15 e) hauteur comme les murs et pignons aveugles sont Crédits : Laurent Couture - Agam 2020 aussi prisés des artistes. 5 Piscine de Luminy, Marseille (9 e) Crédits : Made in Marseille, 2020 6 Dans les centres-villes, le graff permet d’apporter une animation et une 6 Friche COFRAPEX, Marseille (15 e) ambiance urbaine. Il permet également de souligner l’architecture de Crédits : Axel Le Bolzer - Agam 2021 certains bâtiments, de créer des perspectives et des cônes de vue. 1 Hôtel Dieu, Marseille (2e) - Crédits : Laurent Couture - Agam 2021 2 Le Panier, Marseille (2e) - Crédits : Axel Le Bolzer - Agam 2021 3 Croisement La Canebière - Rue Pavillon, Marseille (1er) - Crédits : Axel Le Bolzer - Agam 2021 7 Les infrastructures de mobilité et délaissés urbains Ces infrastructures renvoient à l’aspect traditionnel de la démarche du graff, par un rapport historique avec le métro new-yorkais dans les années 60-70. Les trains, les ponts et les bordures autoroutières, mais également les zones de transitions comme les arrêts de métro ou les gares, sont des espaces priviliégiés. Ce sont aussi des objets urbains rappelant un vocable familier pour les graffeurs : le temps, le mouvement, le flux, l’éphémère, la rapidité. Dans les centres-villes, ce sont des espaces à forte visibilité. 8 Des lieux possibles : les sous-faces des tabliers et les piles des autoponts (A7, passerelle de Plombières, échangeurs de la place de Pologne), les tunnels et les trémies (boulevard National, Le Merlan), les dalles de parking des hôpitaux... 7 Rocade L2 (A7), Marseille - Crédits : Axel Le Bolzer - Agam 2021 8 Cours Julien, Marseille (6 e) - Crédits : Axel Le Bolzer - Agam 2021 9 Pilier autopont, Gênes, Italie - Crédits : Christophe Trinquier - Agam 2021 9 6 | REGARDS | N°109
À Marseille, la commande d’art urbain se Comme beaucoup de graffeurs inter- perd son attrait d’avant-garde ou son déploie déjà sur des supports variés : les viennent sur le travail de leurs prédé- rôle de rupture dès le moment où la rideaux en fer de certains commerces, cesseurs (marquages territoriaux, su- société l’a consommé. les parois et dépendances des voies ra- renchères), les palimpsestes suscitent pides (appel à projet de la L2), les salles parfois des réactions de rejet chez les Pour échapper aux supports désignés, de bâtiments « prêtées » dans le cadre riverains ou les usagers de la rue (expres- aux passages obligés et à la suren- d’une occupation de transition (rési- sions de plus en plus tapageuses, satura- chère des œuvres murales « instagram- dence de l’atelier Juxtapoz au Couvent, tion, cacophonie ou pollution visuelle). mables », vite consommées et vite ou- rue Levat). bliées, pour retrouver la saveur de l’iné- Un secteur dédié au graff peut rapide- dit et l’insolence de la transgression, LE DÉFI D’ENCADRER ment perdre son attrait et être aban- certains artistes se sont tournés vers CE QUI EST SPONTANÉ donné au grand dam des initiateurs ou de nouveaux espaces de conquête. Les Les municipalités cherchent parfois im- des commanditaires. L’éphémère est performances XXL (sur un sol, un par- plicitement à « canaliser » cette créativité la base d’une forme d’art spécifique vis, un échangeur, un toit de parking avec une volonté d’accompagnement qui n’a pas toujours le temps de lais- ou de bâtiment industriel, un barrage et d’harmonisation. Il semble toutefois ser son empreinte ou un souvenir et voûte...) expriment des défis d’implanta- assez difficile de diriger l’art urbain vers qui peut donner, au contraire, un sen- tion (« battles » à distance). Les créations un support ou un lieu précis. C’est un timent d’inachevé. À l’inverse, le mar- sont appréhendées d’un seul coup d’œil art qui présuppose d’échapper à toute quage d’un lieu prévu à l’origine pour grâce aux drones et à Google Earth et forme de contrainte. La démarche se être temporaire peut devenir durable elles sont diffusées instantanément sur veut provocatrice, poétique, sarcastique, (rue très investie qui devient un « hot toute la planète. Vite salies et dégradées ironique, revendicatrice, transgressive, spot », municipalité qui hésite à mettre par les intempéries, elles restent fidèles contradictoire... L’habillage graphique fin à l’expérience pour des raisons de à la démarche originelle (Ella & Pitr, des- des rues échappe à la règle du support communication). L’image du graff peut sin de 2,5 hectares sur les toits d’un pa- conventionnel et traditionnel (la toile coller longtemps à la peau des villes en villon du Parc des expositions de la porte clouée au mur, l’art légitime opposé à transition économique qui l’adoptent de Versailles, 2019). Les lacérations et les l’art populaire), à la règle de l’exposition pour changer le regard qui est porté sur grattages de surface au burin ou au mar- (la galerie « bourgeoise » contre l’espace elles et attirer les investisseurs (Sessions teau-piqueur du Portugais Vhils (alias public ouvert à tous, l’art qui s’adresse à du « Festival mur murs » de Decazeville Alexandre Farto) révèlent les différentes l’homme initié et cultivé), à la règle du dans l’Aveyron). L’image de « quartier couches qui constituent la surface d’un marché de l’art (sauf quand un mur est créatif » peut se révéler à la longue peu mur (« archéologie de la rue »). fragmenté et commercialisé tel le Mur valorisante pour les investisseurs et les de Berlin) et également la règle de la loi acheteurs potentiels (image trop liber- Le « Reverse graffiti » consiste à dessiner (respect du bien commun et / ou de la taire, impression d’un entre-soi reven- en enlevant de la saleté ou de la mousse propriété privée). diqué, perpétuation d’une image de sur un mur ou un sol ou en projetant Les street artistes sont attachés à leur décrépitude...). Le choix du graff peut de l’eau haute-pression sur un pochoir liberté de création et de localisation, donc se révéler contre-productif quand (« cleen tags » de l’Anglais Paul « Moose » et tous ne veulent pas jouer un rôle la modernisation d’îlots entiers est en Curtis et du Brésilien Alexandre « Osa- d’animateur de ville pour des villes en jeu (réhabilitations reportées, rénova- rio » Orion). Issu de la culture du graffiti quête de retombées média (« buzz mar- tions ajournées). illégal, Bordalo II (alias Artur Bordalo) keting ») ou des tours-opérateurs en réalise depuis 2013 des installations en mal de nouveautés (« street art tour »). UN ART EN MUTATION grand format en extérieur. Les graffeurs privilégieront plutôt la PERMANENTE, PAR LES LIEUX semi-clandestinité, la reconnaissance ET LES TECHNIQUES Alors que l’œil des spectateurs s’accli- par le bouche-à-oreille et l’information Les collectivités et les institutions fe- mate, s’habitue (inflation, mondialisa- par les réseaux sociaux (lieux connus ront-elles le bon choix en misant sur un tion, institutionnalisation), il s’agit pour des initiés) et les endroits cachés qui se mode d’expression volatile ? La concur- ces artistes de surprendre encore, de découvrent. Sinon, les emplacements rence entre les capitales autoprocla- ne pas se laisser enfermer, de se démar- de prédilection pour être vus ou pour mées du graff est rude, et le succès quer du néo-muralisme surmédiatisé, afficher son audace restent le mur mi- éphémère. Actuellement, pour certains d’échapper au street art devenu « trop toyen, la souche de cheminée, le pont, spécialistes, l’art urbain serait en train bankable » (artiste Epsylon), de conser- le mur anti-bruit... La « localisation préfé- de s’épuiser, voire de disparaître, du ver leur « street credibility » (expression rentielle » peut avoir des conséquences moins dans sa forme originelle. En cela, employée par les graffeurs des États- inattendues. La mise à disposition d’une il ne dérogerait pas au processus de Unis). Pour tout cela, la liberté de choisir surface crée souvent un effet d’entraîne- tout courant artistique qui s’épanouit le support, l’endroit et le moment est ment, un afflux. rarement au-delà d’une génération et essentielle. STREET ART, SUR LES MURS DE MARSEILLE | 7
Marseille, eldorado du graff ? Marseille est-elle aujourd’hui une place La raréfaction des espaces de graff dans © Laurent Couture - Agam 2021 forte du graff en France ? Les divers clas- le centre-ville de Marseille rend la tâche sements réalisés par des médias ou blo- plus complexe, mais garantit en revanche gueurs ne placent pas toujours la cité une plus grande longévité de la pièce. phocéenne en tête de liste. Pourtant cet Ainsi, on assiste à une confrontation art urbain spontané et éphémère se ré- entre la nature éphémère du graff et la pand sur les murs de la ville depuis les volonté de basculer dans une dimension années 90. Ville portuaire, porte d’entrée pérenne, faisant gagner en notoriété le de la Méditerranée et proche de l’Italie, graffeur ayant produit la pièce. l’Espagne, le Portugal, le Maghreb… ; au- Les délaissés urbains, comme les friches tant de critères qui permettent un bras- ou les infrastructures de mobilité, sont sage humain et artistique, et un rayon- également des espaces de représen- nement du graff marseillais. tation au sein de la communauté des graffeurs. À l’abri des regards, les artistes PRODUCTION D’UNE CULTURE peuvent venir s’entraîner sur ces espaces URBAINE À L’INTERFACE souvent de taille conséquente, où le ENTRE LA RUE ET LES LIEUX temps ne sera pas un frein. C’est le cas DE CRÉATION à Marseille des friches situées dans le Collage, Panier, Marseille (IIe). Les espaces de représentation du street quartier de La Cabucelle, ou encore dans art sont aujourd’hui nombreux et diver- l’ancienne piscine de Luminy. sifiés, autant par leur taille que par la nature de leur présence. Spontanéité, commande publique, espaces centraux Paroles d’acteur la création artistique et de fédérer autour ou périphériques, Marseille dispose d’un de projets pour aller à la rencontre de tous terrain de jeu conséquent. La ville attire les publics venus découvrir la richesse « L’accompagnement des les publics et faire se rencontrer des pu- blics qui ne se connaissent pas. L’art urbain du street art marseillais, autant qu’elle pouvoirs publics n’en permet d’apporter du dialogue à la ville : le attire les graffeurs eux-mêmes. Connu projet de la L2, mais aussi les programmes et perçu comme un territoire de plus est qu’à ses débuts » « Magiciens de la ville » et « Au bonheur de grande liberté, d’une plus grande tolé- l’autre » proposent des parcours d’art dans la rance, nombreux sont ceux qui viennent cité et viennent incorporer dans les différents graffer les murs du centre-ville ou des quartiers de Marseille du street art, associé délaissés urbains. à d’autres formes d’art ainsi que de la mé- diation et de l’insertion. L’accompagnement des pouvoirs publics dans ces initiatives n’en Marseille attire les est qu’à ses débuts. On essaie aujourd’hui de mettre toutes les personnes qui font la ville publics venus pour autour de la table : les services de la Ville de le street art autant Marseille, les urbanistes, les architectes (des Bâtiments de France) et aussi les habitants que les graffeurs Caroline SÉGUIER qui font la ville et leur quartier. La program- Directrice de l’association Planète Émergences mation de l’art urbain par les pouvoirs publics doit être décidée à l’échelle du territoire. Il Le quartier du Cours Julien ou du Panier serait intéressant que « Magiciens de la ville » sont bien connus des adeptes du street s’inscrive dans le programme « L’été marseil- art, publics comme graffeurs, participant L’association Planète Émergences a pour objet lais » (à l’image « d’un été au Havre »), afin de à l’image de Marseille, comme une ville du de créer, produire et diffuser des projets de ponctuer la ville d’œuvres, d’expositions pé- graff. Ce sont cependant des secteurs où créations artistiques alliées à la cohésion so- rennes ou éphémères, durant l’été, profitant l’espace pour « poser » se raréfie. La popu- ciale et à des enjeux de société. L’action se de la visite des touristes. Une initiative comme larité de ce secteur en fait un lieu privilégié décline autour de la création dans l’espace « Embellir Paris » à Marseille serait une oppor- pour les graffeurs, souvent à la recherche public, la transmission via des résidences, tunité intéressante également, elle permet- de visibilité, non pas du public, mais des des ateliers, des rencontres, de la médiation. trait de réunir autour de la table les artistes, autres membres de la communauté. Notre métier est de créer les conditions de les collectivités et les porteurs de projet. 8 | REGARDS | N°109
Les lieux privilégiés de représentation du street Art à Marseille Retrouver la ca rte des lieux de en flashant ce graf fs QR Code. Cette non exhaustiv carte est e et évolutive, proposer de no n’hésitez pas à uveaux lieux de nous graf fs. 9
© La Savonnerie Atelier Monchecourt and Co. DE LA RECONNAISSANCE ARTISTIQUE DU STREET ART À SON USAGE COMME OUTIL D’ATTRACTIVITÉ TERRITORIALE À Marseille, la culture est l’un des vo- lets ayant permis la valorisation du pro- jet comme l’OIN Euroméditerranée par l’installation de grands objets culturels comme le Mucem ou le musée Regards de Provence. L’extension Euromed 2 adopte une stratégie différente, avec le projet de la Savonnerie La Tulipe-Moncada, l’utilisation de l’art urbain, en l’occur- quartier des Crottes à Marseille rence le street art, pour aménager l’es- pace public et promouvoir les nouveaux Située dans le quartier des Crottes (XVe arrondissement) à Marseille, la Savonnerie La Tulipe projets en cours de réhabilitation. et la manufacture Moncada sont l’une des friches ayant fait l’objet d’un appel à projet de la part de l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée (EPAEM). Le projet, dans sa Le street art devient alors plus pérenne globalité, prendrait la forme d’un noyau villageois au cœur du quartier, proposant une mixité quand il est issu d’une commande. La fonctionnelle entre les différents lots. spontanéité dans la création artistique sur l’espace public laisse place à un cadre La manufacture Moncada (2 267 m²) intégrera 40 logements ainsi qu’une auberge de jeunesse. plus formel. La nature des œuvres évo- En parallèle, Euroméditerranée projette de faire de l’ancienne savonnerie La Tulipe (3 604 m²) lue également : la commande s’oriente un lieu culturel, orienté vers une culture urbaine street art. Ce pôle culturel serait exploité davantage sur des pièces occupant une par la société parisienne Maquis-art. Fondée en 1992, la société développe depuis sa création place conséquente comme les fresques. une activité de vente de matériel pour les artistes, d’événements, de décorations, et plus Les murs de la rocade de la L2 sont pro- récemment de tiers-lieux. bablement le projet de street art com- Créé en 2017 de manière éphémère, l’Aérosol était situé dans un espace de 8 000 m² dans une mandé le plus emblématique de Mar- friche industrielle de la SNCF, à Paris. Le tiers-lieu abritait un musée du street art ainsi que des seille. Longue de 9,7 km, cette rocade espaces de graffs libres en extérieur. C’est avec cette expertise en termes de culture urbaine et contourne le centre-ville de Marseille du d’animation que la société gérera ce nouveau lieu de vie marseillais, lieu de vie comprenant un nord à l’est. Projet de presque 30 ans, il atelier d’artisan, une école de hip-hop, une salle de spectacle ainsi qu’un espace en plein air. a été livré dans sa totalité en 2018. C’est Intégré dans le programme d’urbanisme transitoire MOVE d’Euroméditerranée, cette identité en 2014 que l’association Planète Émer- street art sera ici vecteur d’un projet à la fois économique, solidaire, mais aussi de vie, au sein gence fait la rencontre de la société de la du quartier des Crottes. La livraison est prévue en 2024. rocade L2 de Marseille. Dans une démarche art est aussi un prétexte pour créer du lien, entre les acteurs du territoire et les de commande, habitants, avec comme intermédiaire les l’attente est artistes. Le projet s’est achevé par une exposition intitulée « À l’échelle de la davantage tournée ville » (2018), qui s’est tenue au ministère vers la pérennité de la Culture à Paris, montrant une fois encore l’intérêt grandissant des pou- voirs publics pour l’art urbain. C’est sous la forme d’un partenariat qu’ils Outil de cohésion sociale et territoriale vont décider de la création d’un projet entre les quartiers de la ville, la péren- d’art urbain, venant couvrir les murs de la nité des œuvres semble ici souhaitable. rocade. 52 artistes vont être invités, dont La question de l’éphémère se pose alors. 80 % originaires de Marseille. Le projet Selon Caroline Séguier de Planète Émer- ne s’est pas seulement contenu sur les gences, « les lignes bougent du côté des murs de la rocade, mais aussi dans les artistes ». Dans une démarche de com- quartiers traversés par l’infrastructure, mande, l’attente est davantage tournée dans l’optique « d’irriguer » le territoire. vers la pérennité de l’œuvre, au contraire Outre une meilleure intégration du pro- d’une production spontanée qui sera jet dans le paysage, l’utilisation du street par nature plus éphémère. 10 | REGARDS | N°109
DES ESPACES DE CRÉATION leur permettant de bénéficier d’un lieu « HORS LES RUES » de production artistique pour un faible La production de cette culture urbaine, coût. 90 artistes travaillent actuellement plus encadrée spatialement, se fait éga- au couvent Levat. lement hors de la rue, dans des espaces Dans le XVe arrondissement, l’association de production et d’expérimentations pour la Cité des Arts de la Rue (ApCAR) artistiques bien définis. Depuis 2017 et occupe l’ancienne savonnerie l’Abeille jusqu’en 2021, la Ville de Marseille per- depuis maintenant plus de vingt ans. À met l’occupation temporaire du couvent l’image du couvent Levat, la Cité est un Levat à l’association Juxtapoz. Ce collec- lieu d’expérimentation artistique réunis- tif de graffeurs occupe les lieux, s’appro- sant peintres, graffeurs, sculpteurs, avec prie l’espace en réalisant des fresques comme dénominateur commun la créa- sur les murs du jardin, des événements tion dans l’espace public. Financée par la Collage Crooked City, Dock des Suds. autour de la culture du graff. Le couvent Ville de Marseille, la Cité a été inaugurée Marseille, Fiesta des Suds. est un espace d’accueil pour les artistes, en 2013. Elle est aujourd’hui un outil de développement culturel pour la Ville. Si le lieu est un espace privé, il est tout de même ouvert au public, lui permettant de venir assister à divers événements or- ganisés par les artistes présents. Le mur du fond est un espace de représentation graff présent in situ. À l’initiative de Ger- main Prévost (alias Ipin) et Stéphane Mos- cato, ce support au format 12 m x 4 m est en place depuis février 2018. Sur le même principe que le MUR présent dans diffé- © Stéphane Moscato, 2018 rentes grandes villes françaises et euro- péennes, le mur du fond est renouvelé à intervalles réguliers, par différents graf- feurs invités à venir exploiter cet espace de création murale. La Cité des Arts de la Rue est un espace privé pour effet un débordement des graffs dans Paroles d’acteur accueillant du public, dont le dénominateur les rues mitoyennes du secteur. Au cœur des « nous laisser commun est la création dans l’espace public. C’est un lieu qui nous permet de disposer d’un cités, on retrouve moins de tags, ils sont vus par les habitants comme une dégradation, un la spontanéité de panel de compétences offertes par les dif- signe de précarisation supplémentaire. férentes disciplines présentes, en ayant plus C’est compliqué d’y amener des projets de créer, de penser la de temps pour la production d’une œuvre en peinture parce que ce n’est pas dans les prio- pièce et notamment son résidence que si l’on était dans la rue. Quand on pratique cette forme d’art souvent « gra- rités des habitants : allouer un budget spé- cifique pour la culture sur un secteur ayant impact sur le public » tuite », la commande (publique ou privée) d’autres préoccupations est difficilement permet aux artistes de vivre convenablement. compréhensible. Quant à la culture hip-hop, Collage Iguane, La Plaine, Marseille (II e). © Stéphane Moscato, 2018 Cela dit, il est primordial qu’on nous laisse dont Marseille est l’une des villes fleuron, le la spontanéité de créer, de penser la pièce graffiti a clairement été associé à ce mou- et notamment son impact sur le public. Au- vement. Mais à l’époque, les graffeurs écou- jourd’hui, une fresque devient pérenne quand taient du rock, du disco ou du funk. C’est la elle est issue d’une commande. C’est moins télé, qui est ensuite venue répandre cette as- vrai quand on parle de graffiti. Marseille dis- sociation hip-hop / graffiti, et les clichés ont pose d’une certaine renommée pour les graf- la vie dure. Quand on regarde les « peintres » feurs, parce qu’on sait que tout est possible. marseillais, ils ne portent pas forcément des Stéphane MOSCATO Mais ça entraîne une raréfaction des meilleurs baskets et des casquettes sur le côté. Certains Peintre, co-organisateur du Mur du fond, spots. Dans le quartier du Cours Julien, par ne sont plus issus de la classe populaire, voire Cité des Art de la Rue exemple, les espaces sont très saturés, ayant ils ont fait les Beaux-Arts. STREET ART, SUR LES MURS DE MARSEILLE | 11
© Axel Le Bolzer - Agam 2021 PUBLICATIONS AGAM Les impacts du télétravail, Regards de l’Agam n°103 – Mars 2021 Réseaux sociaux et plateformes, Regards de l’Agam n°87 – Septembre 2019 Les nouveaux lieux de l’innovation, Regards de l’Agam n°62 – Août 2017 Marseille la nuit, quels enjeux pour la ville ?, Regards de l’Agam n°56 – Février 2017 Centre-ville de Marseille, pour un nouvel élan économique, Regards de l’Agam n°44 – Mars 2016 Fresque, Rue Pastoret, Marseille (VIe). DES MURS DE LA RUE AUX MURS D’EXPOSITION : UN MOTEUR ÉVÉNEMENTIEL IMPORTANT On retrouve à Marseille des galeries s’in- Le graff ne vient plus seulement habiller téressant en partie à la vente d’œuvres les murs des villes, il devient aussi un Retrouvez toutes les productions du issues de la rue : Undartground, David vecteur événementiel de diffusion d’une Lab’Urbain de ga Pluskwa, Artcan Gallery. culture. Si ces événements n’ont pas lieu en scannant le flaL’A m shcode Par ce biais, le street art devient aussi un dans des galeries ou des bars, ils se pro- élément fédérateur créant des événe- duisent dans des espaces de tiers-lieux ments. Les vernissages dans les galeries, ou transitoires, à l’image de la Friche de mais aussi dans les cafés ou les bars, ne la Belle de Mai ou du Couvent Levat dans sont plus juste l’occasion de présenter le IIIe arrondissement de Marseille. les œuvres en elles-mêmes, mais de dif- Cette identité peut aussi trouver son fuser la culture que le street art accom- public dans les salles d’exposition des pagne : workshop, démonstrations, jam, musées. En 2020, le Château de Forbin performances rap, hip-hop, et parfois a inauguré une exposition spécialement vente de vêtements « vintage » viennent dédiée aux graffs produits à New York animer les événements. dans les années 1980-90. Louvre & Paix - La Canebière CS 41858 - 13221 Marseille cedex 01 04 88 91 92 90 agam@agam.org Toutes nos ressources @ portée de clic sur www.agam.org Pour recevoir nos publications dès leur sortie, inscrivez-vous à notre newsletter Directeur de la publication : Christian Brunner Rédaction : Laurent Couture, Axel Le Bolzer, Christophe Trinquier - Conception / Réalisation : Pôle graphique Agam Photographie Laure-Agnès Caradec : Benjamin Bechet / Marseille - Septembre 2021 - Numéro ISSN : 2266-6257 © Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise
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