Sur particules - Pour la Science

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Sur particules - Pour la Science
À LA RECHERCHE DE NOUVELLES PARTICULES

                                              Si son étude n’avait dépendu
                                              que de nos yeux, le modèle standard
                                              serait bien vide. Heureusement,
                                              les outils de détection, en progrès
                                              croissants depuis un siècle, ont ouvert
                                              une fenêtre sur l’invisible.

       Chambres avec vue
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                                                               Les données, voilà les amies des physiciens. Cette
                                                         photographie, artistiquement colorisée, saisit l’interaction
                                                              entre particules dans la grande chambre à bulles
                                                          européenne, mise en service en 1973. En onze années
                                                                d’exploitation au Cern, cet instrument a enregistré
                                                           6,3 millions d’événements. Aujourd’hui, dans ce même
                                                         Cern, une expérience au Grand collisionneur de hadrons
                                                              (LHC) en capte autant en… moins de deux heures !

                                                                            Pour la Science Hors-Série n° 114/Février-mars 2022
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© CERN/Science Source

                        Pour la Science Hors-Série n° 114/Février-mars 2022
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À LA RECHERCHE DE NOUVELLES PARTICULES

                                                  ⟵ Particule dans la brume
                                                    Photo historique ! Ce cliché, que l’on doit au physicien Carl D. Anderson,
                                                     montre la trace (flèche) laissée par le premier positron, l’antiparticule
                                                      de l’électron, jamais observé. C’était en 1932, à l’institut de technologie
                                                      de Californie (Caltech), dans une chambre à brouillard. L’enceinte contient
                                                     de la vapeur d’eau sursaturée. Quand des particules chargées la traversent,
                                                     elles ionisent la vapeur, qui se condense autour des ions pour former
                                                    des traînées de gouttelettes visibles le long de leur trajectoire.

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     Gargamelle et les neutrinos
     Les années 1950 voient l’essor des chambres
     à bulles, dans lesquelles un liquide surchauffé,
     souvent du dihydrogène, est sur le point de
     bouillir. Sur le passage d’une particule chargée,
     la température d’ébullition est atteinte et des
     bulles se forment. De la sorte, la chambre à bulles
     Gargamelle, du Cern (ci-dessus), met en évidence
     un courant neutre, interaction prédite par la
     théorie mais jamais observée, entre un neutrino et
     d’autres particules (ci-contre). Limites du procédé :
                                                                                                                                                           © Photothèque IN2P3/CNRS

     la cadence des photographies est ralentie
     par les réglages de température et de pression.
     Et une légion de techniciens est nécessaire pour
     éplucher les clichés à la recherche des très rares
     événements intéressants pour la recherche.

                                                                                                     Pour la Science Hors-Série n° 114/Février-mars 2022
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Chambres avec vue sur particules

                                                                                                                                                                           53

                                                Mieux que le fil d’Ariane, le multifils de Georges
                                                Pour aller plus loin, la physique des    En 1968, il développe la chambre          est multipliée par 1 000,
                                                particules exige vitesse et précision.   proportionnelle multifils (ci-dessous,    les opérations sont automatisables,
                                                La chambre à étincelles est une étape.   à gauche), enceinte remplie de gaz et     gérables par ordinateur, bientôt
                                                Mais la technologie de rupture arrive    tendue de nombreux fils de détection      visibles sur écran. En 1983, au Cern,
                                                avec le physicien français Georges       parallèles, mis sous tension électrique   l’expérience UA1, complétée par UA2,
                                                Charpak (ci-dessous, à droite),          et connectés à des amplificateurs         détecte les bosons W et Z, vecteurs
                                                prix Nobel de physique en 1992.          à transistors. La rapidité de comptage    de l’interaction faible (ci-dessus).
© CERN et Photothèque IN2P3/CNRS

                                   Pour la Science Hors-Série n° 114/Février-mars 2022
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                                              Pour la Science Hors-Série n° 114/Février-mars 2022
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Chambres avec vue sur particules

                                                               Une carte Michelin à l’échelle subatomique
                                                               Désormais, des centaines de millions de collisions
                                                               proton-proton se produisent en 1 seconde dans le LHC :
                                                               impossible de tout enregistrer, les détecteurs géants              55
                                                               comme CMS (ci-dessus) n’en conservent que 1 000 par seconde.
                                                               Chaque événement est une superposition de dizaines
                                                               de collisions simultanées, qu’il faut séparer et trier
                                                               par informatique, à la recherche du bon « événement candidat ».
                                                               Visualiser ce maelström est aussi devenu un processus
                                                               très complexe, nécessitant des logiciels qui convertissent
                                                               les données en objets graphiques, eux-mêmes retravaillés grâce
                                                               à une application dédiée. Les caractéristiques choisies (angles,
                                                               couleurs, événement qui doit apparaître) varient
                                                               selon l’utilisation prévue : à gauche, capté par Atlas,
                                                               voici l’événement candidat de la désintégration d’un boson
                                                               de Higgs en deux taus, eux-mêmes désintégrés en électron
                                                               (ligne bleue) et en muon (ligne rouge). Comme une carte
                                                               vis-à-vis d’un paysage, ces représentations simplifient
                                                               les traits du monde quantique pour le rendre lisible
                                                               et permettre de s’y repérer.
© CERN

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