Syndicale - Union des Syndicats de Monaco

 
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nité
            U Syndicale
N°spécial
Juin 2021
                              Bulletin d’information de l’Union des Syndicats de Monaco

Nos droits, Nos syndicats, Nos libertés

Stop aux entraves syndicales
02 L’hôpital   05 Le CHPG dans 06 Derrière les libertés
public en      la crise Covid : syndicales le statut
questions      Témoignage       social
Syndicale - Union des Syndicats de Monaco
SO           MMAIRE                                                                       ED ITO
     02 L’hôpital public en questions                                                                           En pleine crise sanitaire, il nous faut dresser le
                                                                                                                bilan des régressions sociales.

     03 Un syndicat rassembleur dans                                                                            Tous les secteurs sont concernés ( commerce,
                                                                                                                transports, services à domicile...) Les Conventions

                         le viseur                                                                              Collectives, ne sont pas appliquées et les recours
                                                                                                                à l’Inspection du Travail sont souvent vains.
                                                                                                                Depuis quinze mois, le personnel du CHPG est
                                                                                                                en première ligne sur le front de la pandémie. La
                                                                                                                lassitude, l’épuisement, la souffrance au travail
     04-05 Témoignage : Le CHPG dans 		                                                                         s’ajoutent au découragement lié à l’activisme de
                                                                                                                la direction pour appliquer un management du

     		                         la crise covid, et demain ?                                                     privé avec ses conséquences sur l’organisation
                                                                                                                des services.

                                                                                                                La dégradation des conditions de travail n’est
                                                                                                                pas nouvelle et les représentants du Syndicat
     05 Naissance du premier syndicat                                                                           des Agents Hospitaliers (S.A.H.) subissent
                                                                                                                quotidiennement des entraves à l’exercice du

                         à l’hôpital                                                                            droit syndical parce qu’ils sont très présents sur
                                                                                                                le terrain. L’aggravation récente de ces entraves
                                                                                                                amènent le SAH et l'USM à soulever la grande
                                                                                                                interrogation, quel avenir pour le Chpg ? Service
                                                                                                                public de santé ou santé privatisée ?
     06 - Derrière les libertés syndicales                                                                      Le secteur privé n’est pas en reste : les remises en
                           le statut social                                                                     cause du droit syndical se multiplient également.
                                                                                                                Il est vrai qu’en matière de droit syndical, l’Etat
                         - «Les dix heures de la honte»                                                         monégasque ne se distingue pas particulièrement

                         - Syndicalisme sous covid                                                              par son progressisme social. Pour preuve, la
                                                                                                                création d’un syndicat est soumise à autorisation
                                                                                                                gouvernementale, contrairement aux autres
                                                                                                                pays démocratiques où une simple déclaration
                                                                                                                suffit. La crise du capitalisme s’aggrave. Le grand
     07 - Monaco à la traine                                                                                    patronat et les gouvernements, se cachant
                                                                                                                derrière le COVID, entendent la faire payer aux
                                                                                                                salariés. Si les libertés syndicales sont largement
                         - Reconnaissance                                                                       et insolemment remises en cause c’est bien parce
                                                                                                                qu’ils savent que les travailleurs ne l’entendent
                                                                                                                pas de cette oreille et que la révolte gronde.
       INFOS PRATIQUES

                                     L’appli mobile USM
                                     disponible pour tous !                                                    Présentation des activités de l’Union des
                                                                                                               Retraités de Monaco, une importante
                                                                                                               Association créée par l’Union des Syndicats
                                                                                                               de Monaco.

                                                                                                   L’nterview de son président Alex
                                                                                                   Falce par Monique FERRETE est
                                                                                                   disponible avec le QR code ci-après

                  Les Bravos Démasqués
BATAFUËGOU

                  On t'appelle soignant !... Toi qui soigne ceux qui ont mal, les blessés du corps et de l’esprit, les malades du cœur et du covid, les malades tout
                  court !...Il fallait bien un jour te dire merci, et ce fut les Bravos !
                  Tous les soirs à 20h nous t'applaudissions. C'est formidable, c'est généreux et c'est gratuit ! ...Des Bravos, mais pas d'euros !
                  Et puis le temps est passé, on a pris l'habitude, et avec toi, nous avons partagé le confinement et le masque.
                  Le masque, tu connais, il fait partie de ta vie, de ton travail, de ton quotidien. Mais pour nous les gens, c'est l'horreur !...
                  La fin des sourires, des bises, des conversations murmurées, de l'intime. Nous avons mis le masque et aussi la distance, avec ça nous perdons
                  les autres, et l'Astra Zeneca a bien du mal à réparer les cœurs meurtris.
                  Toi, tu travailles toujours autant, même plus encore, confronté aux restrictions de tout ordre, dirigé par les géomètres accros à la calculette.
                  Plus de bravos, et toujours pas d'euros ! Toi, tu souffres et tu résistes derrière ton masque, malgré les contraintes et les brimades, toi tu
                  soignes ! Qu'ils sont loin et dérisoires les bravos !... Rejetons l'hypocrisie du masque des paroles et des belles promesses. Avec vous, résistons !
                  Nous avons besoin des soignants, ils ont besoin de nous. Soignants, je vous soutiens, je vous respecte, je vous admire, je vous aime.

                  Batafuëgou
Syndicale - Union des Syndicats de Monaco
L’Hôpital public en questions

Q
        uel service public au Centre
        Hospitalier Princesse Grace ?
        Quel pôle de santé publique pour
        Monaco ? Et avec quelle gestion
du personnel digne d’un service public ?

Depuis longtemps l’Union des Syndicats
de Monaco et le Syndicat des Agents
Hospitaliers posent cette problématique,
hélas, sans succès. Il serait temps, pourtant,
de prendre sérieusement en compte
cette donnée essentielle, autant pour la
réputation et l’attractivité du CHPG, que
pour le respect dû aux agents hospitaliers,
acteurs incontournables de la qualité des
soins. Car, depuis de très nombreuses
années l’USM et le SAH alertent sur de
multiples problèmes : durabilité jamais prise
en charge du phénomène de souffrance au
travail, conséquences du « management »
appliqué à l’hôpital public et de critères de
gestion calqués sur ceux du privé, effets de
dispositions statutaires peu protectrices
ou contournées par les directions
successives. Les choix de gestion au cœur
de ce questionnement ne manquent pas
d’interpeller. Et ce, d’autant plus, que la
situation s’aggrave considérablement depuis
quatre ans, générant un climat anxiogène et
délétère. Que dire du sentiment d’insécurité
dont souffre la plupart des agents ?
Changements de postes ou d’établissement
dans la même journée nécessitant
adaptation et concentration décuplées,
menaces sur le déroulement de carrière,
voire sur la pérénité de l’emploi, crainte,
instabilité, pression constante,... suscitant
un déploiement d’énergie considérable pour
assumer la prise en charge des patients.
Que dire de la fréquence en constante
progression des mises en invalidité, le plus
souvent pour dépression, voire de mises à
la retraite pour raison de santé ?... Que dire
du rappel au travail au détriment de la vie
privée ? Et que dire du nombre, jusqu’ici
inégalé, de conseils de discipline, synonymes
de sanction ou de licenciements ?... De la
chasse aux représentants du SAH, à peine
masquée, et pourtant délictuelle ?... De
la culpabilisation des agents, des rappels
à l’ordre répétés quant à leurs devoirs, à
l’ignorance de leurs droits ? Que dire de ces
invraisemblables tentatives d’atteinte au
droit syndical ?... Que dire ?... Que dire ?...   Action interprofessionnelle, 22 Juin 2017

 En vérité, pour les 3000 membres du               correspondre aux besoins. D’autre part, les          statut ? Autant de questions cruciales
 personnel de l’hôpital, la garantie               conditions d’accueil seraient améliorées,            jusqu’ici sans réponses, avec la question
 d’effectuer une mission de service public à       avec des chambres à lit unique pour                  centrale totalement ignorée et négligée :
 l’abri d’un statut tend à disparaître, tant le    l’ensemble de l’hôpital, tout en poursuivant         quelle consultation des représentants
 poids de la privatisation de l’hôpital se fait    l’objectif de perfectionner la qualité du            syndicaux quant aux besoins des agents
 sentir. Dans ce contexte de dégradation,          service rendu aux usagers. Perspective dont          actuels ou futurs, quelle consultation quant
 se pose la question du devenir de l’hôpital       tout le monde se réjouit. Mais quid des              aux dispositions protectrices à inclure dans
 public au regard des projets de construction      agents hospitaliers ? Quel ratio de personnel        les clauses statutaires ? Et quels moyens,
 en cours d’un nouvel hôpital. Il semble que       par patient ? Et surtout quelles conditions          quels droits pour les syndicats, afin d’assurer
 l’activité hospitalière sera développée pour      de travail, quelle rémunération, et quel             une défense optimale des agents ?

                                                                                              Unité n° spécial - Union des Syndicats de Monaco 2
Syndicale - Union des Syndicats de Monaco
Un syndicat rassembleur dans le viseur

    A
                 u CHPG comme dans tous les secteurs de la santé en général, les agents qui s’affairent au
                 quotidien sont des passionnés, des amoureux de leur profession qui ont décidé de venir
                 en aide à tous ceux qui sont dans le besoin. Ils n’ont pas le droit à l’erreur et ils savent bien
                 que leurs actes peuvent souvent décider d’une vie !

     Alors, pour être dans l’excellence,
     ils agissent aussi chaque jour
     pour faire en sorte que chaque
     agent soit en capacité d’exercer
     ses missions dans les meilleures
     conditions possibles. En tout
     cas c’est dans ce principe
     fondamental que le Syndicat
     des Agents Hospitaliers a défini
     sa ligne de conduite et son
     activité syndicale. Tout comme
     dans leurs services respectifs,
     les militants, de ce syndicat pas
     vraiment comme les autres, se
     donnent à cent pour cent pour
     venir en aide à leurs collègues de
     travail. Il ne se passe pas un seul
     jour sans que ce syndicat soit
     sollicité par de nombreux agents
     en détresse. La permanence du
     SAH ouverte au personnel deux
     jours par semaine tourne à plein
     régime : appels téléphoniques,
     mails,        visites    inopinées,
     rendez-vous,          consultations
     des dossiers administratifs des
     agents,           accompagnement,
     élaboration de communications
     et information sur le terrain. A
     tout ceci s’ajoutent les différentes
     réunions institutionnelles         :
     commission crèche, commission
                                                                                            Tous les coups sont permis, jusqu’à aller
     logement, commission parking,          « Une efficacité au service                     remettre en cause unilatéralement
     commission formation.
                                               du collectif et de son                       un accord collectif qui donnait aux
     Tout comme les participations           bien être qui visiblement                      Syndicats les moyens de s’organiser
                                                                                            et     de    fonctionner      librement.
     aux malheureuses commissions              ne convient pas à la                         Pour obtenir un nouvel accord -
     de discipline en voie d’expansion
     galopante, l’organisation des             nouvelle direction de                        contestable et contesté - qui divise par
     différentes     élections    pour          l’établissement ! »                         deux les droits conquis, la direction
                                                                                            a pu compter sur la collaboration
     représenter le personnel, la
                                                                                            de trois syndicats concurrents.
     sous-commission des ressources
                                                                                            Derrière les belles phrases et les beaux
     humaines, et tout dernièrement
                                                                                            clichés repris par la presse locale, se
     les réunions de travail sur le           Alors que les hauts cadres du CHPG            cache finalement un management
     SEGUR. C’est une vraie petite            devraient tout mettre en œuvre pour           obsédé par la rentabilité, l’excédent
     fourmilière qui est organisée,           perfectionner cet outil d’utilité publique,   budgétaire. Comme un bon élève qui
     structurée, qui est proche des           ils n’ont vraisemblablement qu’une            cherche à tout prix à impressionner
     agents. C’est un Syndicat vivant,        seule obsession : limiter les libertés        son instituteur. Pourtant, ce procédé
     actif, réactif, qui rassemble et         syndicales et surtout détériorer l’activité   manque cruellement d’humanisme.
     auquel le personnel du CHPG est          débordante du Syndicat des Agents             Il place le bénéfice bien avant
     très attaché, ce qui se démontre à       Hospitaliers qui est affilié à l’Union des    l’être humain. Un comble pour un
     chaque fois dans les urnes.              Syndicats de Monaco. Alors que le bon         centre Hospitalier. Finalement les
     Une efficacité au service du             sens voudrait que tout le monde s’entraide    « essentiels » d’hier applaudis au
     collectif et de son bien être            pour faire rayonner cet établissement         balcon, deviennent les opprimés
     qui visiblement ne convient              public, la direction a décidé de mettre       du jour d’après ! Le Syndicat des
     pas à la nouvelle direction de           le paquet pour museler les représen-          Agents hospitaliers, avec l’appui des
     l’établissement !                        tants des personnels quoi qu’il en coûte.     personnels, entend ne pas laisser faire !

3      Union des Syndicats de Monaco - Unité n° spécial
Syndicale - Union des Syndicats de Monaco
TÉMOIGNAGE   Le CHPG dans la crise Covid, et demain ?

             N
                   ous voyons régulièrement la Directrice de l’hôpital Mme Benoîte de Sevelinges dans la
                   presse pour toucher mot de la situation Covid au CHPG. Dans les derniers articles nous avons
                   pu relever trois thèmes particulièrement redondants : La détermination et l’implication des
             équipes, la modification de l’organisation de travail des équipes et le manque de soutien de la
             population. Nous avons souhaité savoir au travers de la rencontre d’un des travailleur du CHPG
             quelle était sa vision du terrain et sa réalité au quotidien de cette crise.

        Cette façon de louer l’implication de ses braves
        petits soldats tout en reprochant à la population un
        manque de soutien populaire néfaste est-elle un                     « L’augmentation de la durée
        ressenti global ?
        « Le CHPG a réagi comme une armée ! » (1)
                                                                            du temps de travail a abouti
        Deux visions s’opposent dans cette affirmation. On peut y voir le      à une réorganisation des
        Général menant ses troupes, l’idée a été utilisée par M. MACRON
        avec son « Nous sommes en guerre », les effectifs se sont donc
                                                                              tâches individuelles avec
        mis en ordre de bataille par patriotisme sous l’égide de la         pour effet l’augmentation de
        Principauté, obéissant aux ordres. Mais de manière plus terre        la charge de travail et de la
        à terre, l’identité soignante est caractérisée par l’abnégation,
        le sens du devoir et le don de soi. Il était naturel que nous
                                                                                  charge mentale »
        réagissions d’un même mouvement face à la crise. En ce qui
        concerne le manque de soutien de la population je me dois
        d’être plus nuancé car même s’il n’y a plus les applaudissements
        à 20h, des dons en nature ont afflué. Et il y a probablement eu
        des dons en espèces pour le CHPG par des associations.
                                                                            Quels sont les impacts réels sur l’organisation du
                                                                            travail au quotidien ?
        Comment vivez-vous la crise sanitaire ?
        Lors de la 1ère vague, le CHPG a su se réinventer, s’adapter en     L’augmentation de la durée du temps de travail a abouti à
        réduisant drastiquement l’activité « traditionnelle », en créant    une réorganisation des tâches individuelles avec pour effet
        le service COVID, via le parcours spécifique pour les admissions    l’augmentation de la charge de travail et de la charge mentale
        par les urgences. Il y a eu modification des horaires de travail,   en lien notamment avec les protocoles sanitaires. Les agents
        le passage des journées de 10H à 12H tout en maintenant les         de nuit effectuaient jusqu’à 37h30 sur 3 jours consécutifs ce qui
        congés annuels, ainsi que les cycles de de travail (petites et      représente l’équivalent d’un temps de travail hebdomadaire
        grandes semaines). Tout ceci encadré d’une demande d’accord         pour un agent administratif. On a dû se rendre disponibles pour
        nominative pour les 12h, signée individuellement. Pas de            remplacer les agents absents. Donc cela a engendré une grande
        demande d’accord en revanche pour la deuxième vague…La              fatigue, tant physique que psychologique avec les risques
        1ère vague a également été l’objet d’un système de réserve mais     qui y sont liés. La Direction a de grandes difficultés, pour leur
        qui n’a pas été mis en place à la deuxième vague, où l’activité     octroyer des récupérations, par manque d’agents disponibles
        traditionnelle a été un semblant maintenue. Et il y a quand         et les embauches réalisées n’arrivent à couvrir que les rotations
        même eu quelques « cafouillages », ex : manque de matériel          diurnes.
        pour les EPI*, ordre et contre-ordre sur les prises en charges
        COVID, et on peut regretter un certain manque d’anticipation.

                                                                                Unité n° spécial - Union des Syndicats de Monaco                4
Comment ont évolué les relations entre collègues ?                           dans les mœurs, nombre de nouvelles embauches l’intègrent
     Le clivage jour/nuit s’est creusé, il y a un manque de reconnaissance        contractuellement.
     vécu par ceux de nuit et une fatigue extrême due au manque de
     repos suffisant. A noter que ces travailleurs n’ont pu bénéficier            Comment envisagez-vous la vie au CHPG à moyen terme
     de la mise en réserve de la 1ère vague ce qui a généré d’autant              ? Dans 1 an par exemple ?
     plus de fatigue. Il y a cependant des élans de solidarité, certains          Je l’ignore. Il nous est difficile de nous projeter. Force est de
     employés se sont portés volontaires pour faire des nuits au sein de          constater que techniquement nous ne sommes plus en période
     leur service. A situation exceptionnelle, moyens exceptionnels …             de crise et qu’il nous faut réfléchir à la gestion des périodes à forte
     Nous aurions souhaité que les cadres reprennent du service et leurs          affluence COVID et aux périodes creuses. La première vague aurait
     caquettes de soignant !                                                      pu servir d’enseignement afin de mieux appréhender la deuxième.
                                                                                  De bonnes choses structurelles ont été mises en place ; cependant
     Ces modifications ont-elles une incidence sur votre vie                      plus de concertation sur la gestion du personnel semble nécessaire
     privée ?                                                                     ainsi qu’un chantier poussé sur l’attractivité dans le cadre
     Tout changement horaire de travail implique une modification de              du recrutement.
     l’organisation familiale. Pour un couple avec enfants scolarisés, sur
     une journée de 10h on prévoit la garderie du matin ou du soir. Avec          Y a-t-il des points ou sujets que vous souhaitez mettre
     les journées de 12h il faut prévoir la garde le matin et le soir. Nous       en lumière ?
     avons, semble-t-il, une augmentation du « burn-out » ! La fatigue            Nous avons des inquiétudes sur l’éventuelle obligation vaccinale
     encore, déborde dans le cadre familial, on est plus irritable, la            imposée au personnel du CHPG, pour la COVID-19 dans les années
     situation est anxiogène au travail comme à la maison.                        à venir.

     Il est fait mention d’une cellule de soutien                                 En parallèle de cet échange, le SAH et l’USM s’interrogent sur la
     psychologique, l’avez-vous déjà sollicitée, des collègues                    durabilité des accords et statuts régissant la vie salariale au CHPG.
     ? Joue-t-elle un rôle efficace ?                                             Cette crise fait l’effet d’une boîte de Petri, d’un test grandeur
     Nous avons été informés de la création d’une cellule psychologique           nature pour mettre en application de nouvelles façons de gérer
     par la presse. C’est une bonne idée mais quelque peu tardive,                et d’encadrer le personnel du CHPG. Le Syndicat des Agents
     beaucoup de collègues se sont fait suivre en externe.                        Hospitaliers (SAH) aurait aimé être consulté afin d’établir des plans
                                                                                  d’actions avec la direction face à cette situation si particulière.
                                                                                  Débriefer en post crise sur les points positifs comme négatifs. Mais
     Pensez-vous que ces modifications structurelles et                           aucune décision n’a été inclusive jusqu’à présent. Les dénonciations
     organisationnelles vont perdurer après la Covid ?                            d’accords syndicaux et l’agrandissement du CHPG actuels ainsi que
     Non nous sommes sereins grâce à nos statuts juridiques. Certains             son ouverture massive au secteur privé, on pense notamment à
     services ont commencé à reprendre leurs horaires habituels                   l’IM2S, ne laissent rien présager de bon pour l’avenir des travailleurs
     et la Direction a commencé à se projeter sur la sortie de crise.             de l’hôpital.
     Malheureusement,l’amplitude journalière de 12h est rentrée
                                                                                  (1)Benoîte de Sevelinges : « Le CHPG a réagi comme une armée » Monaco Hebdo 10/02/2021
                                                                                  *EPI : Équipement de Protection Individuel
                                                                                  *CTE : Comite Technique d’Etablissement

    Naissance du premier syndicat à l’hôpital

               L
    HISTOIRE

                       e syndicalisme est officiellement né à Monaco le
                       6 Octobre 1944 avec la création de l’Union des
                       Syndicats de Monaco. Au début de l’année 1945, « le
                       syndicat du personnel hospitalier et des professions
               connexes » est créé à l’hôpital. Ce syndicat affilié à l’USM
               sera le premier créé au sein du CHPG. En 1947, il signe avec
               l’administration hospitalière une convention collective de
               droit privé, accordant aux personnels nombre d’avantages
               sociaux. Fort des valeurs qu’il défend, le syndicat n’a de cesse
               de mener des actions revendicatives. Il suscite de plus en
               plus l’intérêt du personnel hospitalier et tout naturellement
               son nombre d’adhérents augmente. En 1952, à l’initiative du
               gouvernement, un syndicat autonome est créé, mais il ne
               fera pas long feu. En 1963, le Gouvernement promulgue un
               statut du personnel qui abroge la convention collective et qui
               commence à revenir en arrière sur les avantages sociaux des
               personnels. Après un passage à vide, en 1969, les contestations
               et les mobilisations grondent en France et Monaco n’y
               échappe pas. Sous l’impulsion de jeunes militants arrivés
               au C.H.P.G, le syndicat reprend vie. Durant toutes les années
               70, une forte bataille, y compris devant la justice, oppose les
               militants et les alliés du syndicat des infirmières, autonomiste
               et corporatiste. Au début des années 80, ils décident
               de repartir sur de nouvelles bases et créent un nouveau
               syndicat : le syndicat des agents hospitaliers dit le S.A.H,
               affilié à l’U.S.M. Depuis 25 ans, le SAH est continuellement
               résolu à lutter sans compromission dans l’intérêt de tout
               le personnel du C.H.P.G et du service public hospitalier.

5        Union des Syndicats de Monaco - Unité n° spécial
Derrière les libertés syndicales, le statut social
                                                                                 « Les dix heures
                                                                                  de la honte »
                                                                         La Constitution de Monaco a élevé le droit de

                                           Liberté
                                                                         se défendre par l’activité syndicale au rang de
                                                                         liberté fondamentale.Et pourtant cette liberté
                                                                         est considérablement malmenée au point

                                  d’expression                           que dans nombre de secteurs professionnels
                                                                         les moyens pour faire vivre le syndicat

                                       syndicale
                                                                         sont confisqués par le patronat, sous l’œil
                                                                         bienveillant des pouvoirs publics qui refusent
                                                                         d’agir. La honte ! Ainsi, sous prétexte que de
                                                                         vieux textes conventionnels n’ont pas fait l’objet
                                                                         d’un arrêté ministériel d’extension, nombre de
 Les cas de répressions et d’atteintes aux libertés                      bureaux syndicaux élus démocratiquement par
 syndicales se multiplient.                                              les adhérents sont empêchés de fonctionner,
 Qu’il s’agisse d’atteintes au droit de manifester et de faire           car aucune disposition n’a rendu obligatoire
 grève, ou d’entraves aux droits syndicaux. Le phénomène                 l’usage des heures de délégations syndicales
 n’est pas nouveau, mais il ne cesse de se développer. A                 dont ils devraient disposer (10 heures par mois
 Carrefour Monaco, la Sûreté Publique interdit aux grévistes             pour trois responsables du syndicat). Malgré
 le passage de leur cortège dans la galerie commerciale,                 cela, courageusement, les responsables en
 alors que depuis toujours ces salariés défilaient devant la             question prennent sur leurs jours de congé
 ligne de caisse afin d’exprimer leur mécontentements. La                et de loisir pour embrasser et respecter leurs
 Sûreté publique poussant le vice jusqu'à fermer les portes              responsabilités, engagements pris devant leurs
 de la galerie afin que le mécontentement ne s'exprime                   adhérents. L’USM, avec eux, agit et se bat pour
 qu'à l’extérieur. Gouvernement et Patronat considèrent                  leur rendre justice, exigeant que les heures
 probablement que le « business » doit être protégé des                  auxquelles ils ont droit leur soient restituées,
 salariés qui se soucient de leurs conditions de travail !               et que vive le droit constitutionnel à l’activité
 Sans scrupules, Carrefour Monaco a même fait travailler                 syndicale. À quand l’intervention vertueuse
 des salariés de la société de sous-traitance qui effectue le            des responsables gouvernementaux et du
 nettoyage des locaux, afin de remplir les rayons délaissés              Législateur ?
 par des grévistes.

 Où était donc passé l’Inspecteur du Travail ?
 Comme nous le lisons par ailleurs, des employeurs                  Syndicalisme sous covid
 entravent l’activité syndicale (les 10 heures de délégation).
 Par exemple la société Monaclean, Télé Monte Carlo,
 le C.A.D(*), ou encore la Compagnie des Autobus de
 Monaco, pourtant concessionnaire d’un service public.
 La Compagnie des Autobus organise aussi, sans fournir
 aucune preuve, la destitution des délégués du personnel
 en place. En dépit de cela, après 3 semaines de grève le
 personnel obtient de très bonnes avancées sociales pour
 les salariés. Le C.A.D., encore lui, se réveille plus d’un an
 après le début du mandat de la Secrétaire Générale et
 tente de contester sa fonction de déléguée syndicale.
 C’est le cas aussi de la société Astéria qui vient d’être
 désavouée par le juge de Paix. Comme vous le voyez, trop

                                                                    P
 régulièrement les militants syndicaux et les travailleurs en
 grève subissent des entraves, quand ils ne sont pas traînés                as facile d'être un syndicaliste actif dans les
 devant les tribunaux.                                                      circonstances actuelles, suite aux mesures
                                                                            gouvernementales pour lutter contre le Covid !
 Aurait-on peur des conquêtes sociales ?                                    Entre Assemblées Générales qui n'ont pas pu
 Car, si le patronat s’évertue à entraver les libertés syndicales   avoir lieu et difficultés de faire du terrain pour joindre des
 c’est bien qu’il redoute la colère et la volonté revendicative     salariés qui sont majoritairement en travail à distance, la
 des salariés lorsque ceux-ci s’organisent, se rassemblent,         mission de conseiller syndical pour rester en contact avec
 et s’unissent dans un syndicat. L’Union des Syndicats de           ses collègues est vraiment ardue. De plus, si les tableaux
 Monaco sera toujours aux côtés de ceux qui luttent pour            d'affichage syndical se trouvent dans les lieux de repas qui
 un avenir meilleur. Parce que les salariés qui ont décidé          sont pour la plupart fermés, l'information ne circule plus par
 de ne plus rester seuls face à leur direction et de se             écrit ! C'est notamment le cas dans la Fonction Publique.
 rassembler avec d’autres collègues dans un syndicat afin           Aussi le Syndicat des Agents de l'Etat et de la Commune
 de porter leurs revendications, aspirent tout simplement à         a adressé un courrier à ses syndiqués pour lui donner des
 mieux vivre dans et hors de l’entreprise.                          nouvelles de ses actions. Le travail à distance, entre autres
                                                                    conséquences, empêche les rencontres avec les salariés et
 (*) C.À.D : Coordinations des Aides à la Dépendance                les pouvoirs publics n'ont pas prévu de dispositions afin
                                                                    que l'activité syndicale puisse s'exercer dans ce contexte.

                                                                              Unité n° spécial - Union des Syndicats de Monaco       6
Monaco à la traîne ?

E
     n 1944, au sortir de la guerre, sous la poussée des éléments progressistes de la Résistance,
     fut arrachée la loi qui relégua le délit de coalition aux oubliettes, légalisant l’activité syndicale
     jusqu’ici clandestine à Monaco. Ce fut un événement considérable dans l’histoire contemporaine
     monégasque. En 1962, les salariés ont conquis ce droit au rang de liberté constitutionnelle, très
exactement au titre des libertés et droits fondamentaux. Un grand pas qui honore la Principauté de
Monaco, la faisant ainsi entrer au sein des nations respectueuses de l’état de droit. Un grand pas qui
reconnaît la contribution éminente des salariés à la prospérité de Monaco.

Un grand pas, oui, mais ... un pas                Espoir d’un changement... et                       De graves conséquences pour les salariés
purement formel !                                 luttes à venir                                     Dans tous les pays démocratiques les syndicats se
Devenu Liberté fondamentale de                    Cependant, grâce à la mobilisation                 constituent sur la base d’une simple déclaration
l’individu, ce droit, en vertu de l’article       du salariat en matière sociale, à                  par les membres fondateurs. C’est d’ailleurs aussi
97 de la Constitution, devait alors               l’obstination de l’USM et de ses 40                le cas à Monaco pour les associations, depuis la
s’émanciper des entraves et contraintes           syndicats, des discussions se sont                 ratification de la CEDH. Le syndicat jouit alors de
encore inscrites dans l’Ordonnance-loi            enfin engagées depuis deux ans                     la capacité de ses droits civils, dès la déclaration
promulguée à la Libération. Or, l’Etat            pour parvenir à une refonte de la loi.             effectuée, et il peut fonctionner immédiatement.
monégasque ne s’est jamais conformé à             Positif !... Positif, mais laborieux : des         Ceci le met à l’abri des ingérences de l’Etat, ou
cette obligation. Aussi, de nombreuses            progrès ont été réalisés ; cependant, à            d’éventuelles mesures de rétorsion émanant des
stipulations de la loi demeurent en               ce jour, les principales difficultés sont          employeurs. Car, en général, lorsqu’il y a création
contradiction avec les standards                  très loin d’être levées. Et les discussions        d’un syndicat c’est toujours dans l’urgence et
internationaux. Citons, notamment,                sont suspendues !                                  en situation de conflictualité avec le patronat.
des clauses discriminatoires eu égard             Exprimons, nous salariés, notre                    Si l’absence de clause déclarative a toujours
à la nationalité, les dispositions                volonté de conquête à cet égard. Et                constitué, à Monaco, une difficulté dans le passé,
attentatoires au choix des règles                 au-delà du texte proprement dit, «                 elle et devenue un obstacle très lourd depuis les
de      fonctionnement,        et     plus        tous ensemble », par l’action, sortons             années 2012, le gouvernement se servant de
gravement encore l’obligation d’une               le droit syndical de l’indigence dans              nombreuses dispositions discutables du texte de
approbation des statuts du syndicat               lequel il se trouve eu égard aux                   loi pour entraver la délivrance de l’autorisation,
par le gouvernement, ce qui revient               moyens humains nécessaires. Heures                 et nuire à la libre constitution des règles de
à l’obligation d’une autorisation pour            de délégation quasi nulles, nombre                 fonctionnement selon les besoins du syndicat. La
exister. Autant de clauses contraires             de délégués syndicaux ridicule, droits             mise en œuvre de la liberté constitutionnelle est
à la Constitution, à la Convention                restreints dans l’entreprise, droit de             devenue un véritable parcours du combattant,
Européenne des Droits de l’Homme                  réunion inexistant... Le droit syndical,           au point que le dernier syndicat créé a dû «
(CEDH) ratifiée par Monaco, et au Pacte           c’est le droit de revendiquer et                   galérer » pendant sept mois avant approbation
des droits économiques et sociaux                 d’exister. C’est notre dignité ! Partons à         des statuts et renoncer à la quasi-totalité de ses
(article8) de l’ONU également ratifié             sa conquête !                                      dispositions ! Ingérence.
par Monaco.

Reconnaissance
                                                              D
                                                                         ès 1945 une loi concernant les conventions collectives était votée. La
                                                                         reconnaissance des salariés devenait gravée dans le statut ou la convention
                                                                         collective, c’était bien le minimum pour ceux qui créent la richesse et qui
                                                                         sont aujourd’hui malheureusement stigmatisés comme un poids ou une
                                                               charge par le discours dominant. Il faudra attendre près de 30 ans pour qu’en 1974
                                                               les délégués syndicaux puissent enfin être élus dans les entreprises de plus de
                                                               40 salariés. Aujourd’hui, les travailleurs subissent de nombreuses attaques sur le
                                                               droit de négocier et le droit des conventions collectives. Le patronat est toujours
                                                               déterminé afin de se réapproprier une plus grande part de la richesse que le salariat
                                                               crée. Prenons l’exemple du Commerce qui, malgré les applaudissements et la
                                                               gratitude de beaucoup de citoyens envers les salariés de ce secteur, n’a toujours pas
                                                               à Monaco l’application d’une Convention Collective pourtant signée par les acteurs
                                                               sociaux dans les années 70. Le 3 septembre, jour de la libération monégasque,
                                                               est un jour férié suivant l’accord entre l’USM et la Fédération Patronale. Ce jour,
                                                               pourtant mémorable, reste dans l’oubli, puisque la FPM (aujourd’hui FEDEM) refuse
                                                               de tenir ses engagements et appelle toutes les entreprises à ne pas respecter ce jour
                                                               national comme un jour férié. La chambre Patronale des Assurances refuse de se
                                                               mettre autour d’une table pour négocier une Convention Collective à la demande
                                                               du Syndicat des Employés de Bureau sous prétexte que… Non, ils n’ont même pas
                                                               de prétexte parce que les dirigeants de cette chambre Patronale sont tellement
                                                               méprisants qu’ils n’usent même plus d’excuses pour échapper à une négociation.
                                                               Cette liste, malheureusement non exhaustive, démontre l’acharnement Patronal,
                                                               avec la complicité des pouvoirs publics, afin de détruire toujours plus les droits
                                                               syndicaux et pouvoir ainsi beaucoup mieux imposer la loi du marché aux salariés.

                                        Union des Syndicats de Monaco - 28, Boulevard Rainier III - 98000 MONACO
                                                      Du lundi au jeudi : 9h - 18h / vendredi : 9h - 17h
                                   Contact: usm@usm.mc - rédaction: lena@usm.mc - tel. +377 93 30 19 30 - www.usm.mc
                                        Dir. de publication : Olivier CARDOT- Rédacteur en Chef : Léna HANNS

                                                                                                         Union
                                                    Association des Accidentés Mutilés du travail : +377 93       des Syndicats de Monaco - Spécial dimanche
                                                                                                            30 19 30                                           2
                                   Permanence de l’INCA : 09 82 45 63 20 - Union des Retraités de Monaco : +377 93 50 22 12
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