La Cobotique : un domaine pluridisciplinaire émergent utile à l'ergonome - Self
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. La Cobotique : un domaine pluridisciplinaire émergent utile à l’ergonome. Théo MOULIERES-SEBAN, David BITONNEAU, Jean-François THIBAULT, Jean- Marc SALOTTI, Bernard CLAVERIE Laboratoire IMS, 351 Cours de la libération, 33405 Talence cedex, theo.moulieres-seban@u-bordeaux.fr, david.bitonneau@u-bordeaux.fr, jean-marc.salotti@ensc.fr, bernard.claverie@ensc.fr SAFRAN, 46 rue Camille Desmoulins, 92130 Issy-les-Moulineaux, jean-francois.thibault@safran.fr Résumé. Dans l’industrie, l’optimisation des postes de travail pour améliorer la sécurité, la santé et la performance des opérateurs est un enjeu déterminant. Dans cette communication, la cobotique (robotique collaborative) est décrite comme une nouvelle solution au travers d’une démarche pluridisciplinaire de recherche appliquée, initiée et pilotée par le groupe SAFRAN. Cet article propose d’abord une grille de lecture des nouvelles technologies cobotiques comme une ré- ponse aux problématiques des situations de travail difficilement automatisables. Puis il pose les bases d’une démarche méthodologique issue à la fois de l’ergonomie dans les projets de conception, de la cognitique dans la conception des interactions homme-robot et de la robo- tique dans la conception du système mécatronique. Cette méthodologie est illustrée par un cas pratique pour lequel aucune solution d’amélioration n’avait été trouvée jusqu’alors. Mots-clés : Robotique collaborative, Ergonomie, Robotique industrielle, Conception de postes de tra- vail. Cobotics : an emerging multidisciplinary field useful for the ergonomist Abstract. In the industry, designing workstations to improve health, safety and performance for the operators is a major issue. In this paper, cobotics (collaborative robotics) is shown as a new solution through an innovative multidisciplinary approach developed by SAFRAN Group. This article firstly proposes keys for understanding how cobotics technologies can provide an answer when working situations cannot be automated. Then we lay the foundations of a methodology coming from ergonomics in design projects, from cognitics in designing human- robot interaction and from robotics in designing mechatronics systems. This methodology is illustrated with a practical case for which no solution could have been found before. Keywords: Collaborative robotics, Ergonomics, Industrial Robotics, Workstation design. *Ce texte original a été produit dans le cadre du congrès de la Société d’Ergonomie de Langue Française qui s’est tenu à Marseille du 21 au 23 septembre 2016. Il est permis d’en faire une copie papier ou digitale pour un usage pédagogique ou universitaire, en citant la source exacte du document, qui est la suivante : T héo MOULIERES-SEBAN, David BITONNEAU, Jean-François T HIBAULT , Jean-Marc SALOT T I, Bernard CLAVERIE (2016). La Cobotique : un domaine pluridisciplinaire émergent utile à l’ergonome, Actes du 51 ème Congrès de la SELF, Marseille, 21-23/09/16. 1 612 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. 1. INTRODUCTION son poste de travail. De nouvelles problé- L’optimisation des postes de travail est un matiques peuvent donc être traitées, comme enjeu déterminant dans l’industrie. Elle peut l’intervention d’un opérateur dans un envi- d’une part être motivée par des problèmes ronnement hostile en traitant en temps réel de santé, de sécurité pour les opérateurs liés les variabilités et aléas de la situation. Ainsi à des risques physiques : port de charge, sur un même poste en fonction de efforts, répétitivité, maintien statique de l’expertise et les capacités de chacun, cer- postures, vibrations, environnement dange- taines actions sont réalisées soit conjointe- reux (pyrotechnique, radioactif, risque de ment par l’opérateur et le système, soit par chute/collision, etc.) ; ou à des facteurs l’opérateur seul ou par le système en auto- d’ambiance physique (température, humidi- nomie. té, poussière, etc.). D’autre part, elle peut Par exemple, sur un poste de ponçage, la être motivée par le besoin ou la volonté pièce peut être positionnée par l’opérateur d’améliorer la performance au poste, en seul en utilisant un pont roulant, puis termes de rapidité, de force, de précision, l’opérateur se saisit d’un bras robotique d’amplitude de mouvement, mais aussi de muni d’une ponceuse et ponce la pièce. répétabilité, de qualité, et de fiabilité. L’opérateur applique l’effort qu’il souhaite, effectue le nombre de passages qu’il juge Sur ces postes, il y a plusieurs voies pos- nécessaire et suit la trajectoire la plus adap- sibles. La première, la plus classique, est la tée selon lui. Le bras robotique l’aide à por- transformation de la tâche réalisée par ter son outil et absorbe les vibrations. l’opérateur en modifiant ses outillages ou Cette nouvelle voie présente des spécifici- son poste ; et en maintenant l’ensemble de tés qui, au premier abord, peuvent com- son expertise. La seconde, de plus en plus plexifier le projet : empruntée du fait des progrès techniques et - Habituellement, la conception de des enjeux de productivité, est postes robotiques prend peu en compte l’automatisation (ou robotisation) du poste. l’opérateur et ses variabilités. Elle nécessite un transfert des savoirs et - Les solutions cobotiques (robots, sys- savoir-faire de l’opérateur vers un système tèmes de sécurité, moyens automatisé sur des postes généralement d’interaction) sont en perpétuelle évo- répétitif et/ou routiniers. lution . Ainsi l’étude de faisabilité est Cependant sur certains postes ou dans cer- souvent difficile à mener compte tenu tains contextes, les cycles de production ne du peu de retours d’expérience sur la permettent pas d’investir sur une automati- collaboration homme robot sur des sation complète pour plusieurs raisons. Par postes industriels exemple quand l’opération est ponctuelle et - Il faut intégrer les facteurs humains à complexe, l’automatisation s’avère souvent la simulation du poste robotique peu rentable. De plus, certains gestes pro- (Maurice, 2015), avec tout ce que cela fessionnels et traitements cognitifs réalisés implique en incertitude (variabilités in- par des opérateurs experts, en particulier ter et intra opérateur, divers moyens pour réguler les variabilités, sont difficiles à d’interaction avec le robot, etc.). automatiser. Depuis quelques années, une troisième A partir d’une démarche pluridisciplinaire voie est explorée : la cobotique. Le principe de recherche appliquée, initiée et pilotée par est d’apporter à l’opérateur une assistance le groupe SAFRAN, ce papier propose : a) robotique avec laquelle il peut interagir sur une grille de lecture des nouvelles techno- 2 613 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. logies cobotiques comme une réponse plu- techniques et en cognitique pour les IHR ridisciplinaire aux problématiques des situa- (Interactions Homme-Robot). tions de travail difficilement automati- L’expression « système cobotique » ne sables ; b) puis pose les bases d’une dé- couvre pas uniquement le type de robot marche méthodologique issue à la fois de appelé « cobot » par les industriels, il l’ergonomie dans les projets de conception, couvre tous les systèmes robotiques avec de la cognitique dans la conception des in- lesquels un opérateur peut interagir direc- teractions homme-robot et de la robotique tement ou à distance. dans la conception du système mécatro- nique. 3. LES TECHNOLOGIES COBO- TIQUES 2. DEFINITIONS Un robot peut prendre des formes très va- 2.1. Cobot riées suivant le besoin du poste de travail, le L’origine du mot est le terme « cobot » is- besoin technique et les besoins d’IHR : su de « collaborative » et « robot » (Peshkin - Robots séries : qui comportent classi- & Colgate, 1999), employé au départ pour quement entre 3 et 7 axes. Ils sont po- désigner un robot passif avec lequel un opé- lyvalents et permettent d’exécuter des rateur interagit dans le même espace de tâches de plus en plus complexes avec travail. Aujourd’hui, les industriels nom- rapidité, répétabilité et précision. Sui- ment « cobot » des systèmes robotiques ne vant les modèles, leur portée peut être nécessitant pas de barrière physique (carté- supérieure à 3 mètres et leur charge risation) empêchant la présence de utile peut dépasser la tonne. l’opérateur dans son espace de travail. - Robots parallèles : leur espace de tra- 2.2. Cobotique vail, plus limité que les robots séries, est compensé par de meilleures per- Le champ de la robotique couvre la con- formances en précision et rapidité. ception et la réalisation de robots. De la - Robots cartésiens : basés sur des dé- même manière, dans l’industrie, la cobo- placements linéaires, ils peuvent tra- tique désigne la conception et la réalisation vailler sur des espaces plus grands de système cobotiques, c’est-à-dire non (jusqu’à plusieurs dizaines de mètres) seulement du robot en lui-même, mais aussi et soulever des charges de plusieurs et surtout du futur poste de travail de tonnes. l’opérateur à partir des interactions homme- robot (Claverie, Le Blanc, & Fouillat, La - Robots mobiles/drones : terrestres (à roues, à chenille ou pattes), marins, Cobotique, 2013). De ce fait, l’ergonome sous-marins ou volants. Ils permettent doit travailler de concert avec d’autres spé- d’effectuer diverses opérations (ins- cialistes dans le processus de cobotisation pection, maintenance, etc.), dans des tout au long de la conduite du projet : de milieux dangereux ou difficilement ac- l’analyse préliminaire (analyse de l’activité cessibles à l’homme. des opérateurs dans les situations existantes - Exosquelettes : robots revêtus par et/ou de référence), aux simulations et ex- l’homme (cf. 3.3). périmentations (Thibault, 1998), en passant - Solutions hybrides : il est possible de par la conduite du projet et les choix tech- combiner les avantages des différentes niques de conception mécatronique du sys- architectures précédentes par des solu- tème. Dans une démarche cobotique, tions hybrides, notamment pour des l’ergonome peut ainsi s’appuyer sur des besoins en mobilité (augmenter compétences en robotique pour les aspects 3 614 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. l’espace de travail ou utiliser le sys- tif haptique, manipulation d’une ré- tème en différents lieux). Par plique du robot ou de son effecteur. exemple : - Des moyens tactiles : sur un écran ou o Un robot série monté sur un une simple surface. robot cartésien permet d’allier - Des moyens de capture du mouve- grandeur d’espace de travail ment : eyetracking, capture du doigt, avec polyvalence pour obtenir de la main, du bras, du corps entier. de grandes trajectoires com- - Des moyens visuels (retours visuels plexes, avec rapidité et préci- d’information) : écran, lunettes (réalité sion. virtuelle, augmentée ou mixte), comp- o Un robot série monté sur un teur, voyant. robot mobile peut donner une - Des moyens sonores : commande vo- troisième main capable de sou- cale, alarme, communication orale. lever des charges importantes et déplaçables entre les postes. Nous allons développer ci-dessous trois caractéristiques clés que l’on peut retrouver dans les systèmes cobotiques. 3.1. Le pilotage à distance (téléopé- ration) La téléopération est « un ensemble de techniques qui permettent à l’homme de transposer ses capacités d’action (observa- tion, manipulation) en temps réel à distance Figure 1 : Exemple de téléopération, manipulation d'une réplique du robot (source : cea.fr). grâce à des retours sensoriels » (Garrec, et al., 2010) (de type retours visuels, d’efforts 3.2. La manipulation directe (coma- et sonores). Elle peut être effectuée depuis nipulation parallèle) un poste de commande éloigné (ex. salle de Le terme comanipulation est employé pour commande, cf. Figure 1) mais aussi sur un désigner la manipulation directe du robot poste déporté dans l’atelier (ex. pupitre par l’opérateur. L’opérateur se saisit direc- dans l’atelier). Une donnée importante de la tement, à l’aide de poignées, ou par téléopération est comment l’opérateur va se l’effecteur (cf. Figure 2) du robot pour pou- représenter depuis son poste de pilotage, la voir le piloter. Le comanipulateur peut être tâche effectuée par le robot dans l’atelier. aussi équipé de moyens de contrôle comme Pour ce faire, il doit disposer des données des boutons de commande ou des écrans techniques et sensorielles, et des moyens de suivant le besoin. Un poste en comanipula- contrôle nécessaires au bon déroulement de tion nécessite une analyse des risques en la tâche. La téléopération a été explorée sécurité complexe pour éviter que notamment pour le nucléaire et la médecine l’opérateur subisse des chocs et des com- (Pennel, Ferrel, Coello, & Orliaguet, 2002; pressions. Le pilotage doit être conçu pour Barbé, 2008). être adapté à l’activité de l’opérateur : con- A distance, il existe divers moyens trôle visuel, manipulation simple et intui- d’interagir avec un robot comme : tive, position de confort, etc. Le plus sou- - Des moyens physiques : bouton, mo- vent, la comanipulation sert à augmenter les lette, joystick, souris, manette, disposi- efforts fournis par l’opérateur, à compenser le poids, les inerties ou à guider avec des 4 615 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. chemins et surfaces virtuelles (Maurice, 2015). Figure 3 : Exemple d'exosquelette d’aide au ponçage de la marque Lockheed M artin (source : lockheedmartin.com). 4. DEMARCHE METHODOLOGIQUE DE COBOTISATION Figure 2 : Exemple de comanipulation avec le bras cobo- L’objectif de cette démarche méthodolo- tique Kuka LWR (source : kuka-robotics.com). gique n’est en aucun cas de concevoir un 3.3. L’assistance par un exosquelette système cobotique quel que soit le besoin et Un exosquelette est un robot revêtu par le contexte de l’étude. Au contraire, l’opérateur. Généralement, ils assistent les l’objectif est, à partir d’une analyse du membres inférieurs, les membres supérieurs poste existant, de déterminer quelle solution ou les deux (cf. Figure 3). Le plus souvent, d’amélioration est la plus adaptée, en envi- ils sont utilisés pour diminuer les efforts sageant potentiellement la cobotique fournis par les opérateurs, lors de manuten- comme opportunité. Dans cette partie, les tions par exemple. Ils peuvent également étapes du processus de conception sont dé- servir pour aider au maintien statique de crites, de l’analyse préliminaire à la mise en l’opérateur. Par contre, ils ne sont actuelle- service (cf. Figure 4). ment pas utilisés pour guider l’opérateur sur les bonnes trajectoires. Ce type de système cobotique est celui qui est à ce jour le moins mature et le plus complexe à mettre en œuvre. La première raison est l’absence de connaissance sur les potentiels effets de leur utilisation à long terme, qui peuvent être problématiques no- tamment du point de vue du report de charge sur le corps de l’opérateur (Atain Kouadio, Sghaier, & Picot, 2014). Il y a en outre des problématiques complexes comme par exemple l’attache de l’exosquelette sur le corps, la batterie, les articulations qu’il faut adapter à celles de l’homme (Sylla, Bonnet, Venture, Armande, & Fraisse, 2014a; 2014b), le temps mis pour le revêtir ou encore le cali- Figure 4 : Processus global de conception d’un système brage de l’assistance. cobotique industriel. 5 616 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. Nous allons illustrer chaque étape métho- Ainsi, à partir des connaissances en ergo- dologique de la démarche à partir d’un pro- nomie, cognitique et robotique, des solu- jet Safran de « cobotisation » qui servira de tions peuvent être directement écartées et fil conducteur. Ce projet de cobotisation est d’autres sérieusement envisagées sans im- le nettoyage d’une cuve cylindrique, souil- médiatement opter pour une seule solution lée de produit visqueux et collant. précise. Bien que les compétences en robo- 4.1. Analyse de l’existant tique soient précieuses pour dégager des contraintes techniques sur le poste et son Analyse de l’activité de l’opérateur contexte, il faut éviter d’opter trop tôt pour au(x) à poste(s) une solution ou un emplacement dans La première étape est bien entendu l’atelier par exemple. Par exemple, on pour- l’analyse de l’activité de l’opérateur au(x) ra connaître les besoins du poste en ampli- poste(s) de travail concerné(s). Une série tude de mouvement, en mobilité, en ca- d’entretiens et d’observations permettent de dence, mais aussi en termes de gestes pro- dégager un synoptique précis de l’activité, fessionnels (précision, variabilités, etc.) et qui comprend l’intégralité des opérations en termes de complexité des traitements avec les déterminants et conséquences pour cognitifs (anticipation, prise d’informations, chacune d’elles, et qui intègre autant que etc.). Il convient d’aborder le problème plus possible l’ensemble des variabilités (dues globalement en intégrant à l’étude tech- au produit, au matériel, à l’environnement nique des données mises en valeur par les et au contexte de travail, mais aussi les va- compétences en ergonomie et cognitique. riabilités intra et inter opérateurs). Ainsi Ainsi, le système peut finalement être placé tous les modes de fonctionnement du poste dans un autre atelier pour des raisons logis- doivent être pris en compte, non seulement tiques, ou effectuer la tâche de manière to- le fonctionnement nominal, mais aussi les talement différente compte tenu des capaci- modes transitoire (phases de nettoyage et de tés nouvelles du système homme robot. maintenance) et dégradé (dysfonctionne- Le résultat de cette première étape ment d’un outil par exemple). Les étapes de d’analyse est la formalisation de tous les production en amont et en aval du(des) éléments dans un cahier des charges fonc- poste(s) étudié(s) doivent également être tionnel, ce qui permettra de démarrer les incluses dans le périmètre de l’analyse. échanges avec des experts extérieurs à De plus, lors de cette étape, il est impor- l’équipe projet. tant d’identifier les attentes de la hiérarchie Analyse de situations de référence et des opérateurs sur l’amélioration du poste, et de les compléter avec les résultats L’analyse de situations de référence est un de l’analyse de l’activité. Avec ces élé- retour d’expérience sur des postes de travail ments, l’ergonome va pouvoir reformuler ayant des similarités avec le probable futur les objectifs du projet. poste. Cela peut être, par exemple, l’analyse En effet, tout au long de l’analyse de de postes de commande dans la même en- l’activité, les solutions pour l’amélioration treprise pour en connaître les standards, les doivent être envisagées afin de recueillir au avantages et les inconvénients, ou encore mieux tous les éléments nécessaires à la l’analyse d’un poste dans une autre usine conception. L’expertise de l’opérateur, pour lequel le procédé utilisé est très proche constituant le cœur de son activité, doit être du probable futur procédé. L’analyse de mise en valeur, et les phases de l’activité où situations de référence permet, que ce soit il n’y a pas de valeur ajoutée également. sur le plan organisationnel, technique, et des interactions homme/système, d’obtenir 6 617 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. des indications sur ce qui fonctionne ou d’anticiper ses problématiques et de gérer non, sur des bonnes pratiques et sur des les risques associés. points de vigilance. Exemple projet cobotique Safran : Exemple projet cobotique Safran : Le premier essai technique réalisé a été L’analyse de l’existant du nettoyage des celui de l’hydrogommage, une technolo- cuves a permis de dégager un ensemble gie jamais utilisée jusqu’alors pour ce de variabilités concernant par exemple le type de problématique. L’essai a révélé produit et son état, l’état des cuves lors que l’hydrogommage décolle bien le pro- de leur arrivée, et les différentes mé- duit, mais que son utilisation n’est pas thodes employées par les opérateurs pour compatible avec le cycle de production et le nettoyage. Plusieurs technologies ont la géométrie de la cuve. Ainsi des essais été envisagées suite à cette étude, dont de raclage robotique, technique similaire principalement le raclage robotique et à celle employée manuellement par les l’hydrogommage (projection d’eau et de opérateurs, ont permis de dimensionner la granules sur les parois de la cuve). solution technique en termes de force, d’amplitude de mouvement, et d’obtenir 4.2. Essais techniques des éléments sur les trajectoires de ra- En parallèle de l’analyse de l’activité et clage. tout au long de la conception, des essais techniques jalonnent le processus de con- 4.3. Options générales de concep- ception. Ces essais sont liés : tion soit aux procédés industriels utili- Après les principaux essais techniques et sés sur le poste de travail : traite- l’analyse de l’activité, il convient, notam- ment de surface, peinture, net- ment par la consultation d’experts (de four- toyage, polissage, soudage, assem- nisseurs potentiels, par exemple), de conce- blage, découpe, démoulages, voir un principe de solution, c’est-à-dire de broyage, mélange, contrôles non déterminer la forme globale de la solution destructifs, etc. ; et son fonctionnement sommaire. soit aux outils et technologies envi- La méthodologie n’a pas pour but de pré- sagés sur le futur poste : visseuse coniser l’installation d’un système cobo- dynamométrique, contrôleur phy- tique quel que soit le besoin, mais sique à retour d’effort, écran de ré- d’envisager l’ensemble des possibilités alité augmentée, préhenseur, effec- (automatiques, mécaniques, robotiques, teur robotique, etc. organisationnelles, et cobotiques plus spéci- Le but de ces essais est de déterminer les fiquement) et d’opter pour celles qui répon- possibilités d’automatisation des procédés dent le mieux à la problématique du poste. industriels ou d’évaluer l’apport d’outils et Dans le cas d’une orientation vers un sys- technologies alternatives à celles employées tème cobotique, une attention particulière sur le poste actuel. Ils permettront doit être portée à la répartition des tâches d’orienter les futurs choix de conception entre l’homme et le robot en fonctionne- technique en donnant des éléments de fai- ment nominal, transitoire et dégradé, afin de sabilité technique. réguler les variabilités de façon optimale Pour un système industriel, la maturité suivant les capacités et l’expertise de cha- technique est déterminante. A l’issu de cette cun. Cette répartition des tâches s’appuie étape, le système technique doit être suffi- sur les compétences de l’ergonome pour la samment éprouvé pour permettre prise en compte de l’activité de l’opérateur, 7 618 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. du cogniticien pour la conception des IHR rents modes de fonctionnement, issus de et du roboticien pour la faisabilité technique l’analyse de l’activité et des options géné- de la solution. rales de conception. Les compétences en A cette étape, pour convaincre les déci- jeu peuvent également servir à réaliser les deurs et avoir une représentation commune maquettes numériques, notamment en robo- et rapide de la solution, il peut être oppor- tique pour la partie informatique et simula- tun de réaliser une maquette numérique tion numérique du robot. De nombreuses sommaire du poste (qui peut par exemple pistes existent en ce qui concerne la réalisa- être réalisée par le roboticien) afin de dé- tion de maquettes : la maquette sur plan, crire les grands principes de la solution. 3D, carton, en réalité virtuelle, réalité aug- Exemple projet cobotique Safran : mentée ou réalité mixte. Pour chacune d’entre elles, il faut faire des choix suivant Suite aux essais et échanges avec des les hypothèses à tester, sur l’interactivité de experts, le principe retenu pour nettoyer la maquette, la simulation ou non de les cuves est un bras robotique suspendu l’opérateur, du robot, de l’objet de la tâche sur une poutre robotisée au-dessus de la et de l’environnement. Il est donc important cuve. Le bras peut effectuer des cycles de réaliser la maquette ayant le meilleur semi-automatiques de nettoyage, où soit compromis entre le temps de mise en œuvre il est en autonomie complète, soit il est et de modification, la représentativité sou- piloté directement par l’opérateur (qui se haitée et les types d’hypothèses à valider trouve dans un poste de commande à dis- (Thibault, 1998). tance pour des raisons de sécurité pyro- La simulation sur maquette permet ainsi technique). Une maquette numérique non seulement de tester les hypothèses de sommaire a été réalisée pour présenter départ, mais aussi de discuter avec toutes ces principes de solution. les parties prenantes du projet sur une 4.4. Etude de base : conception même représentation du poste futur. Elle technique et maquettage améliore l’acceptabilité de la solution Dans cette étude, la conception passe par puisque tout le monde participe à son élabo- la réalisation de scénarios de l’activité fu- ration. ture et de maquettes souvent numériques Le résultat de l’étude de base est la consul- plus élaborées. Au départ, le scénario et la tation de fournisseurs sur la base d’un ca- maquette ne sont pas très détaillés, ils si- hier des charges d’un prototype qui servira mulent les situations de travail futures, et de démonstrateur et sera l’artefact central sont mis à l’épreuve par les différentes par- de l’étude de détail. ties prenantes du projet. La deuxième série Exemple projet cobotique Safran : est plus précise et ainsi de suite jusqu’à obtenir une maquette et un scénario précis, Les maquettes réalisées à cette étape validés par toutes les parties prenantes. pour le projet nettoyage de cuves sont dé- Pour l’élaboration des scénarios, les com- taillées au §5. La consultation de fournis- pétences en ergonomie, cognitique et robo- seurs pour le prototype est en cours au tique sont encore une fois essentielles, pour moment où cet article est rédigé. la prise en compte de l’opérateur, la con- 4.5. Etude de détail ception des IHR et la faisabilité (les con- L’étude de détail suit le même principe traintes techniques). La construction de que l’étude de base, elle en est la suite lo- scénarios cohérents et robustes passe par gique. Les simulations qui accompagnent l’intégration des variabilités et des diffé- l’étude de détail se basent sur un prototype 8 619 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. (version non définitive du système). Ce dispose de l’ensemble des données pour que prototype peut être installé dans les locaux la solution prenne en compte tous les résul- du fournisseur choisi suite à la consultation tats issus des études précédentes pour ré- de l’étude de base, en bénéficiant ainsi de pondre au besoin (l’ergonome a de ce point toute la logistique du fournisseur (outils de vue un rôle primordial). robotiques, compétences spécifiques, …). Enfin, le nouveau système cobotique est Pour mettre le prototype à l’épreuve, la par- installé, réglé et qualifié pour être mise en ticipation des opérateurs est une plus-value service. Les opérateurs utilisant le système déterminante pour l’évaluation des scéna- doivent obligatoirement être formés à son rios, de la pertinence de la solution face aux utilisation. La formation est à ce moment différents modes de fonctionnement, no- cruciale, en particulier dans l’acceptation du tamment les modes dégradés, et pour système par ses futurs utilisateurs. Par con- l’acceptabilité du système. séquent, elle ne doit pas se contenter de la Ainsi, il n’est pas nécessaire d’investir sur théorie, mais bien être centrée sur la pra- du matériel avant la réalisation. Le résultat tique à savoir la maîtrise des futures situa- de cette étude est un cahier des charges tions de travail. technique précis ainsi qu’une étude Si besoin, il doit être possible par le four- d’implantation et des changements organi- nisseur ou en interne dans l’entreprise, sationnels (dont l’accompagnement par les d’assurer des retouches finales vis-à-vis du formations). système cobotique et surtout de pouvoir le Exemple projet cobotique Safran : maintenir dans de bonnes conditions. En- core une fois l’ergonome s’assurera lors de Dans le cadre du prototype de net- l’étape de réglages et de qualification que le toyage, il est prévu, dans les locaux du poste est adapté à l’ensemble des opérateurs fournisseur, d’installer un robot racleur et (production, maintenance, …) aussi bien une réplique de cuve afin de tester plus d’un point de vue caractéristiques phy- finement scénarios et les interactions siques que sur les méthodes de travail à prévues lors de l’étude de base. Les at- mettre en œuvre. A ce stade, des formations tentes sur ce prototype sont d’obtenir la complémentaires peuvent être si besoin confirmation d’une faisabilité opération- implémentées. nelle de la solution, des spécifications techniques du moyen de nettoyage, avec 5. EXEMPLE DE SIMULATION LORS des séances de simulations intégrant les DES ETUDES DE BASE : CAS opérateurs. PRATIQUE 4.6. Réalisation et mise en œuvre Dans le cadre d’une démarche cobotique Cette dernière étape va permettre de réali- dans le groupe Safran, nous avons mis en ser une consultation de fournisseurs à l’aide œuvre une simulation qui illustre bien la du cahier des charges technique afin pluridisciplinarité et l’intérêt de la méthode. d’industrialiser le nouveau système cobo- Comme précédemment spécifié, le sujet est tique. Un fournisseur est choisi suivant plu- le nettoyage d’une cuve cylindrique, souil- sieurs critères (qualité de la solution, coût, lée de produit visqueux et collant. expérience sur le sujet, capacité à avoir un Suite à l’analyse de l’activité et à l’avant- suivi sur le long terme pour les mainte- projet sommaire, nous sommes arrivés au nances, etc.) dans le but d’industrialiser la principe de solution suivant : un bras robo- solution. L’équipe projet quant à elle suit la tique suspendu sur une poutre robotisée au- réalisation en s’assurant que le fournisseur dessus de la cuve. Le bras peut effectuer 9 620 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. des cycles semi-automatiques de nettoyage, lors desquels soit il est en autonomie, soit il est piloté directement par l’opérateur qui se trouve dans un poste de commande à dis- tance. Suite à cela, une maquette a été réalisée pour tester : - Le positionnement des caméras dans l’atelier - La pertinence et la réponse au besoin des données affichées à l’opérateur - L’organisation de ces données Figure 6 : Capture d’écran lors d’un test utilisateur sur la - Le moyen de pilotage du robot par maquette réalisée avec le logiciel V-REP®. l’opérateur - Un scénario complet de nettoyage con- 6. CONCLUSION tenant quelques situations singulières La démarche méthodologique présentée comme des dysfonctionnements dans cette communication préfigure une Tout en échangeant sur leur sujet à tout démarche globale dans le groupe Safran. moment au cours de la réalisation, le cogni- Elle mérite d’être affinée suivant le retour ticien et l’ergonome ont maquetté l’écran de d’expérience des projets en cours, en parti- retour d’informations, le moyen culier sur la formation des opérateurs, qui d’interaction (joystick et/ou interface hap- pourra débuter grâce au démonstrateur tique) et conçu les scénarios issus de avant la réalisation du système final. De l’analyse de l’existant. Le roboticien a pro- plus, au-delà du cas d’application de net- grammé un comportement pour un robot toyage des cuves, cette démarche méthodo- virtuel dans un environnement virtuel, et a logique va être appliquée sur un autre poste ajouté la possibilité de le piloter directe- de travail afin d’être éprouvée, complétée et ment par exemple avec un (cf. Figure 6 & améliorée. Figure 6). Au besoin, suivant les résultats Les résultats principaux de la démarche des tests utilisateurs, d’autres moyens de sont l’intérêt de la prise en compte pluridis- pilotage pourront être couplés à la maquette ciplinaire de l’activité de travail, la cons- pour être essayés, avec un temps truction mentale des futures situations de d’adaptation court. travail lors des simulations et l’élaboration en parallèle d’une faisabilité technique. L’interfaçage de l’ergonomie, de la cogni- tique et de la robotique nous apparaît dé- terminant dans la conception centrée hu- main de systèmes cobotiques (cf. Figure 7). En effet, l’ergonomie nous apparait fon- damentale (Barcellini, Van Belleghem, & Daniellou, 2013; Garrigou, Thibault, Jackson, & Mascia, 2001) dans : - la gestion du projet industriel, - l’analyse de l’activité, - la prise en compte de l’opérateur et de Figure 5 : Photographie de la maquette d'un système l’organisation du travail, cobotique en cours d'utilisation. 10 621 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. - la conception des interactions lors des 229-244). Secaucus, NJ, USA: simulations ou directement sur le nou- Springer-Verlag New York, Inc. veau poste de travail. Aries, S., Le Blanc, B., & Ermine, J. De plus, la cognitique nous apporte des (2008). MASK : une méthode éclairages très pertinents (Boy, 2013; Lini, d'ingénierie des connaissances pour 2013; Claverie, 2005; Aries, Le Blanc, & l'analyse et la structuration des Ermine, 2008) vis-à-vis de : connaissances. Dans Traité IC2, - l’expertise de l’opérateur, de ses gestes Série Management et Gestion des professionnels, et des processus cogni- STIC. tifs mis en jeu, Atain Kouadio, J. J., Sghaier, A., & Picot, - l’élaboration des IHR ou des interac- D. (2014). Les Robots d'assistance tions homme/simulateur, physique : fonctionnement et modes - le développement conjoint de l’analyse d'utilisation en industrie. 50ème et de la solution technique pour assister Congrès de la SELF, (pp. 560-567). l’opérateur. Barbé, L. (2008). Téléopération avec Pour finir, les compétences en robotique retours d'efforts pour les (Angeles & Park, 2007; Naveen Kumar & interventions percutannées (Thèse Shivraj Narayan, 2011) permettent : de doctorat). Université Louis - l’analyse des besoins techniques et Pasteur - Strasbourg I, 2007. fonctionnels, Barcellini, F., Van Belleghem, L., & - le dimensionnement du système, Daniellou, F. (2013). Les Projets de - l’évaluation des solutions techniques en conception comme opportunité de fonction des possibilités technolo- développement des activités. giques, sur un secteur en perpétuelle Ergonomie Constructive, (pp. 191- innovation, 206). - la réalisation de simulations, Boy, G. (2013). Orchestrating Human- - le suivi technique du projet. Centered Design. Springer. Claverie, B. (2005). Cognitique : Science et pratique des relations à la machine à penser. L'Harmattan. Claverie, B., Le Blanc, B., & Fouillat, P. (2013). La Cobotique. Presses univ. de Bordeaux | « Communication & Organisation », vol.2 n° 44, 203- 214. Garrec, P., Measson, Y., Gelin, R., Friconneau, J. P., Desbats, P., & Figure 7 : Schéma des compétences mises en jeu dans la Riwan, A. (2010). Téléopération: les méthodologie de "cobotisation". applications en zone contrôlée. Techniques de l'ingénieur, S7812 1- 7. BIBLIOGRAPHIE S7812 15. Angeles, J., & Park, F. C. (2007). Garrigou, A., Thibault, J. F., Jackson, M., Performance Evaluation and Design & Mascia, F. (2001). Contributions Criteria. Dans B. &. Siciliano, et démarche de l'ergonomie dans les Springer Handbook of Robotics (pp. processus de conception. PISTES, vol.3 n°2. 11 622 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Archivé électroniquement et disponible en ligne sur : 51ème Congrès International Société d’Ergonomie de Langue Française https://www.ebscohost.com/corpor www.ergonomie-self.org ate-research/ergonomics-abstracts Texte original*. Lini, S. (2013). L’anticipation et sa représentation dans les interfaces homme-système en aéronautique (Thèse de doctorat). Université Bordeaux I. Maurice, P. (2015). Virtual Ergonomics for the design of collaborative robots (Thèse de doctorat). Université Pierre et Marie Curie, Paris IV. Naveen Kumar, P., & Shivraj Narayan, Y. (2011). Simulation in Robotics. National Conference on Recent Advances in Manufacturing Engineering & Technology, (pp. 24- 30). Pennel, I., Ferrel, C., Coello, Y., & Orliaguet, J. P. (2002). Contrôle sensori-moteur en situation de téléopération : données théoriques et perspectives ergonomiques. Le travail humain, vol.65 n°1, 29-58. Peshkin, M., & Colgate, J. (1999). Cobots. Industrial Robot: An International Journal, vol.26 n°5, 335-341. Sylla, N., Bonnet, V., Venture, G., Armande, N., & Fraisse, P. (2014a). Assessing neuromuscular mechanisms in human-exoskeleton interaction. 36th International Conference of Engineering in Medicine and Biology Society (pp. 1210-1213). Chicago, IL, USA: EEE, Engineering in Medicine and Biology. Sylla, N., Bonnet, V., Venture, G., Armande, N., & Fraisse, P. (2014b). Human arm optimal motion analysis in industrial screwing task. 5th International Conference on Biomedical Robotics and Biomechatronics (pp. 964-969). São Paulo, Brazil: IEEE RAS & EMBS. Thibault, J. (1998). Instrumenter les simulations. Performances n°97, 14- 22. 12 623 sciencesconf.org:self2016:95667 SELF 2016
Vous pouvez aussi lire