Télétravail, salaires, prêts garantis les cinq sujets qui donnent des boutons aux petites entreprises

La page est créée Jean-Paul Faure
 
CONTINUER À LIRE
Télétravail, salaires, prêts garantis les cinq sujets qui donnent des boutons aux petites entreprises
Télétravail, salaires, prêts garantis… les
    cinq sujets qui donnent des boutons aux
               petites entreprises
 Pour les patrons d'entreprises de moins de 50 salariés, le parcours de sortie de crise est
   semé d'embûches. Dans une étude menée auprès de ses clients par le groupement
  d'experts-comptables Cercle Perspectives, que « Les Echos » révèlent, ils détaillent
                                 leurs principaux défis.

Contrairement à ce qui se passe dans les grands groupes, le télétravail, dopé par la crise sanitaire, est
loin d'être entré dans les moeurs des petites structures. (iStock)
Par Marion Kindermans [lesechos.fr]
Publié le 8 févr. 2022 à 8:34Mis à jour le 8 févr. 2022 à 11:39
L'horizon s'éclaircit pour les entreprises. La décrue de la cinquième vague, les bons chiffres de la
croissance, les carnets de commandes pleins et la vitalité de la reprise donnent le sourire aux dirigeants.
Pour autant, pour les plus petites structures, le chemin, aussi verdoyant soit-il, recèle nombre
d'embûches.

Voilà ce qui ressort d'une enquête ciblée sur les entreprises de moins de 50 salariés, menée par le Cercle
Perspectives - qui regroupe 17 cabinets d'expertise-comptable et 350.000 entreprises clientes -, et dont
« Les Echos » publient les résultats en exclusivité.

Après deux ans de crise sans précédent, les réponses de 4.400 dirigeants, recueillies en décembre 2021,
montrent d'abord un optimiste inédit. Pour les trois ans qui viennent, ils sont très confiants dans leur
croissance (67 %), leur solidité financière (74 %), et encore plus dans l'avenir de leur entreprise (79 %).

« Ce qui nous a le plus surpris, c'est l'optimisme qu'ils affichent [lesechos.fr] pour le long terme, une
façon heureuse de se projeter pas vraiment habituel chez les petits patrons », s'étonne Laurent Chapart,
président du Cercle Perspectives et PDG du cabinet Cogep. Pour autant, ils ne sont pas béats et
soulignent les nombreux défis qu'il leur faudra relever.
Télétravail, salaires, prêts garantis les cinq sujets qui donnent des boutons aux petites entreprises
1. Rembourser un PGE ? Compliqué

Les plus petites structures ont largement fait appel aux aides de l'Etat [lesechos.fr] pour tenir pendant la
crise sanitaire. Plus de six entreprises sur dix (67 %) en ont bénéficié. Sur ce panel, une grosse moitié
(54 %) a obtenu un prêt garanti par l'Etat (PGE), et/ou une allocation d'activité partielle (49 %). Vient
ensuite le fonds de solidarité, qui a bénéficié à 45 % d'entre eux (surtout l'hébergement, restauration et
commerces), le plan de relance n'étant cité que par 2 % des sondés.

En rentrant dans le détail du PGE, 16 % seulement l'ont déjà remboursé. Pour les autres, un tiers pense
avoir des difficultés à s'en acquitter.

Il faut noter que le sondage a été réalisé avant que le ministère de l'Economie et des Finances
n'annonce, à la mi-janvier, la possibilité d'étaler le remboursement sur dix ans (contre six auparavant)
pour les prêts inférieurs à 50.000 euros et de reporter la première échéance de six mois.

2. Le télétravail ? Oui mais…

Contrairement à ce qui se passe dans les grands groupes, le télétravail, dopé par la crise sanitaire
[lesechos.fr] , est loin d'être entré dans les moeurs des petites structures. Seuls 17 % l'ont mis en place,
et ce sont surtout les acteurs de la finance ou de l'assurance, ou celles ayant plus de 20 salariés, qui ont
répondu oui. Parmi les entreprises qui le pratiquent, 38 % déclarent que cette nouvelle organisation
leur pose des difficultés .
Télétravail, salaires, prêts garantis les cinq sujets qui donnent des boutons aux petites entreprises
« Moins l'entreprise a de salariés, plus c'est compliqué pour elle d'avoir des éléments à distance. Et puis
le télétravail est encore un fait des grandes agglomérations. Or nos clients sont aussi dans des villes
moyennes ou à la campagne », analyse Laurent Chapart.

Mais le télétravail sera assurément un enjeu d'attractivité : parmi celles qui recrutent [lesechos.fr] (53 %),
huit sur dix rencontrent des difficultés pour trouver les candidats, surtout dans le BTP et l'industrie.

3. Une hausse des salaires ? Plutôt non

Pour attirer les salariés, il faut aussi des fiches de paie attractives. Or, pour l'instant, ce n'est clairement
pas à l'agenda. Seuls 19 % prévoient d'augmenter les salaires dans les prochains mois et 23 %
envisagent même des salaires plus bas !

Comme le résume Alexandre Clame, directeur d'Init, l'institut qui a réalisé l'enquête : « Certes, les petites
entreprises ne sont pas prêtes car elles ont d'autres priorités et moins de marges que les grosses pour le
faire, mais elles savent qu'elles vont devoir y venir. »

4. La RSE ? On verra plus tard

A première vue, les politiques sociales et environnementales ne font pas partie des priorités des petits
patrons. Plus de huit sur dix (82 %) confient ne pas avoir déployé de mesures en ce sens. Parmi les freins
évoqués, celui de la priorité donnée à la relance de l'activité (59 %) suivi par le manque de moyens
(33 %).
Télétravail, salaires, prêts garantis les cinq sujets qui donnent des boutons aux petites entreprises
« Mais cela ne veut pas dire que c'est un non-sujet », relève Alexandre Clame, qui note que parmi les
thématiques qui comptent, 56 % évoquent la RSE [lesechos.fr] . Elle arrive toutefois en septième
position, loin derrière la structure financière (93 %) ou le développement commercial (84 %). Il faut aussi
noter, que 35 % des dirigeants avouent même ne pas se sentir concernés du tout.

5. Le surcoût des matières premières ? Répercuté

Dans l'étude, 84 % des entreprises interrogées estiment que la hausse des prix des matières premières
[lesechos.fr] a des conséquences importantes sur les coûts de production. Et huit sur dix (84 %)
envisagent sans ambages de répercuter ce surcoût sur les prix de vente. Même constat sur les ruptures
d'approvisionnement, que 68 % des dirigeants sondés constatent, principalement dans l'industrie et le
BTP. Mais une grande majorité des dirigeants (83 %) restent néanmoins confiants dans leur capacité de
production sur les trois ans qui viennent.

Mais la crise en laisse encore quelques-uns chancelants. Dans l'étude des experts-comptables, si 44 %
des sondés estiment que leur chiffre d'affaires sera en 2022 supérieur ou égal (29 %) à celui de 2019,
avant le Covid-19, un tiers d'entre eux anticipent une baisse. Il s'agit des TPE qui oeuvrent dans
l'hébergement et la restauration.
Vous pouvez aussi lire