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R E S E A R C H Tendances et perspectives sur le transport sanitaire. Janvier 2022
0 0 s i a - p a r t n e r s .c o m @SiaPartners
0 0 Sommaire 5 • 1. L e système actuel ne répond que partiellement aux enjeux des différentes parties prenantes 5 Pour les Pouvoirs Publics, le système actuel pourrait être plus efficient 7 Pour les établissements de santé, le système actuel nécessiterait une plus grande disponibilité de la part des transporteurs sanitaires et plus de ponctualité dans l’exécution des prestations 9 Pour les transporteurs sanitaires, le système actuel nécessiterait une meilleure planification de la part des établissements de santé et une fluidification des parcours 11 • 2. A u-delà des difficultés, des solutions pragmatiques et concrètes peuvent pourtant être dessinées 11 Le pilotage de l’activité de transport sanitaire est diffus et réparti entre plusieurs acteurs au niveau national, ce qui engendre plus de complexité dans les échanges, les prises de décision et le contrôle des dépenses 13 Les acteurs d’un même territoire ne communiquent pas suffisamment et ne sont pas soumis à des engagements réciproques 14 À l’échelle des établissements de santé, un dispositif et une culture du partenariat « gagnant – gagnant » serait à coconstruire avec les transporteurs sanitaires 16 • 3. L a profession des transporteurs sanitaires, plurielle, diverse et complémentaire est pleinement investie dans la résolution des défis de l’écosystème, pour le bien du patient 16 De nouveaux défis, démographiques, territoriaux, numériques et écologiques émergent, incitant les Pouvoirs Publics à accélérer la transformation du système de santé 18 Pour accélérer cette dynamique de transformation, les Pouvoirs Publics peuvent compter sur les transporteurs sanitaires 21 • Le mot de Roland de Barbentane - Président de Keolis Santé 22 • À propos de Keolis Santé
0 0 Préambule. L’épidémie de COVID-19 a joué le rôle d’un puissant révélateur social. L’extrême fragilité d’une partie de la population, exacerbée par l’incertitude, est apparue au grand jour. Ces incertitudes ont été nourries par les différentes facettes de la crise. Crise sanitaire, bien évidemment, dont l’ampleur met en exergue les fragilités de notre système de santé ; crise économique de l’offre, du fait de l’arrêt de certaines chaînes de production ; crise économique de la demande, du fait de la chute de la consommation engendrée par les mesures de confinement ainsi que les pertes de revenus de nombreux salariés et entreprises ; et crise institutionnelle, du fait de la remise en cause du tropisme jacobin de notre conception de l’action publique. Pourtant, en dépit de ces multiples fragilités structurelles, notre modèle a tenu dans la tempête. Et, même si l’action de l’Etat a pu être critiquée, force est de reconnaître qu’il a joué un rôle de rempart face à cette crise protéiforme en instaurant de nom- breux dispositifs d’exception pour protéger les populations. L’Etat a ainsi engagé, de l’administration centrale à l’administration déconcentrée, une palette d’actions visant à endiguer l’épidémie et à favoriser la préservation du tissu économique et la reprise d’activité. Sur le front sanitaire, si l’Etat s’est mobilisé avec détermination, force est aussi de reconnaître que notre système a pu tenir grâce au dévouement remarquable des soignants dans cette période, palliant ainsi certaines faiblesses du système de santé. Notre modèle a pu, également, bénéficier de la mobilisation de nombreux métiers jusqu’ici mal ou peu considérés. Parmi ces-derniers, les professionnels ambulanciers ont été essentiels dans cette crise en permettant, à leur niveau, le meilleur fonctionnement possible de notre système de soins. En amont et en aval des établissements de santé, ils constituent, en effet, un maillon essentiel dans la performance globale de la chaîne de soins. Et pendant cette crise, ils ont participé à la résilience de notre modèle grâce à leur dévouement, leur professionnalisme et leur agilité au service des patients. Toutefois, même si notre système de soins a tenu, vaille que vaille, grâce au dé- vouement des soignants, l’engagement des Pouvoirs Publics et la mobilisation de tous les acteurs, notamment ceux du transport sanitaire, force est de reconnaitre, également, que cette crise a révélé des fragilités structurelles persistantes et in- hérentes au secteur. Sans occulter les prouesses des différents acteurs au cours de la crise sanitaire, cette étude a pour ambition de prendre un peu de hauteur pour révéler les fai- blesses structurelles du secteur du transport sanitaire et tenter d’apporter des éléments de solutions qui seront amenés à être débattus1. En effet, malgré la rési- lience du système, l’organisation globale du transport sanitaire doit être améliorée. Elle est aujourd’hui insatisfaisante pour ses parties prenantes : les Pouvoirs Publics, les établissements de santé et les transporteurs sanitaires (I). Sur le terrain, de nombreuses pierres d’achoppement persistent alors que des solutions concrètes et pragmatiques peuvent, pourtant, être dessinées (II). La profession des transpor- teurs sanitaires, plurielle, diverse et complémentaire est pleinement investie dans la résolution des défis de l’écosystème, pour le bien du patient (III). (1) Cette étude pourra contribuer au livre blanc de la profession, comme celle annoncée par la Chambre Nationale des Services d’Ambulance (CNSA) et la Fédération Nationale de la Mobilité Sanitaire (FMNS).
0 0 1. Le système actuel ne répond que partiellement aux enjeux des différentes parties prenantes. Pour les Pouvoirs Publics, le système actuel pourrait être plus efficient. Les dépenses de transport sanitaire n’ont cessé d’augmenter depuis 2009 ; les pouvoirs publics tentent de contenir cette hausse par des évolutions règlemen- taires, en particulier l’article 80 du PLFSS 2017. Le système en place s’avère en effet coûteux pour les Pouvoirs Publics du fait d’un accroissement de la consommation de transports sanitaires et d’un recours accru aux modes de transport les plus coûteux. La consommation de transport sanitaire a augmenté de 4 % par an en moyenne entre 2009 et 2018 pour s’établir à 5,1 milliards d’euros en 20182. La forte baisse observée à partir de 2020 s’explique par un facteur conjoncturel, la crise sanitaire de la Covid-19 qui a engendré une importante déprogrammation des soins (rééducation, radiothérapie), et donc une diminution des demandes de prise en charge. CONSOMMATION TOTALE DE TRANSPORTS SANITAIRES (en millions d’euros) 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 3 572 3 749 3 852 4 074 4 288 4 413 4 604 4 806 4 987 5 117 5 051 4 647 1 000 0 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 (2) Les dépenses de santé en 2018 / édition 2019 - DREES.
0 0 Cet accroissement de la consomma- La règlementation stipule que le choix s’agisse d’un court ou d’un long trajet. tion de transport sanitaire s’explique du mode de transport dépend de Selon les données de la CNAM en par la conjonction d’un effet volume l’état de santé du patient5 (transport 2015, le coût moyen d’un trajet en VSL et d’un effet prix. Entre 2009 et 2018, assis, transport allongé, etc.) mais s’élevait à 32,8 € contre 48,9 € pour un l’effet volume est prépondérant, res- elle n’impose pas le choix du véhicule taxi conventionné. Si ces données ne ponsable de 72 % de la hausse de la entre un VSL et un taxi conventionné consommation en moyenne par an. pour les transports assis profession- Néanmoins, les volumes et les prix ap- nalisés (TAP). Or, selon le rapport de Coût moyen d’un trajet paraissent très volatiles, dépendants l’inspection générale des affaires so- à la fois de l’évolution des besoins en ciales (IGAS) de 2016 sur la revue des Véhicules sanitaires légers (VSL) 32,8 € déplacement (vieillissement de la po- dépenses relatives aux transports sa- pulation et augmentation concomitante nitaires, les taxis conventionnés sont Taxis conventionnés 48,9 € du nombre d’ALD, développement de plus onéreux pour les longs trajets en l’hospitalisation ambulatoire, etc.), des raison de leur part kilométrique plus im- revalorisations tarifaires et des évolu- portante dans la tarification par rapport tions règlementaires3. aux VSL. A l’inverse, ces derniers sont permettent pas de conclure directe- ment que le recours au taxi convention- né serait le plus coûteux, le libre choix TAUX D’ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE TRANSPORTS SANITAIRES (en %) du véhicule ainsi que les conclusions du rapport de Pierre Morange sug- gèrent que les transporteurs sanitaires 6 s’orientent vers les modes de transport les plus onéreux en fonction du type 5 0,1 de trajet. 0,8 1,5 4 4,2 4,3 Ainsi, les dépenses ont augmenté 4,1 0,2 1,9 en raison d’un accroissement de la 1,3 3,5 3 3,3 consommation de transport sanitaire, 3,2 3 2,7 expliquée par un effet volume et dans 0,7 2 0,7 une moindre mesure par un effet prix 2,1 1,4 1,9 et d’un essor du recours aux modes 1,5 1 de transports les plus coûteux. Deux rapports témoignent de l’intérêt des Pouvoirs Publics pour cette question. 0 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Le rapport de Pierre Morange en 2014 Volume Prix relatif à l’évaluation et au contrôle des lois de financement de la sécurité so- ciale sur le transport de patients met en L’augmentation de la consommation plus onéreux pour les courts trajets du lumière ces dérives. Plus récemment, de transport sanitaire n’est pas le seul fait de leur faible part forfaitaire. Dans une mission menée en 2016 par l’ins- facteur explicatif de la hausse des dé- le cadre d’un transport assis profes- pection générale des affaires sociales penses. Elle s’explique également par sionnalisé, les transporteurs sanitaires (IGAS) sur la revue des dépenses re- le recours accru aux transports les plus ont le libre choix du véhicule, entre latives aux transports sanitaires a fait coûteux4. un VSL et un taxi conventionné, qu’il état d’une « banalisation de l’acte de prescription de transport sanitaire, trop souvent considéré comme un simple CHOIX DU MODE DE TRANSPORT bon de transport »6. EN FONCTION DE L’ÉTAT DE SANTÉ DU PATIENT En réponse, des évolutions règlemen- taires ont été successivement mises en Établissement de santé place, dont l’article 80, première initia- tive pour un système plus vertueux. Ambulance Sa mise en œuvre intervient afin de Pour un transport Transport assis professionnalisé en position allongée Pour un transport en position assise réaffirmer « le caractère médical de la ou demi-assise prescription » d’après les conclusions du rapport de l’IGAS et d’aligner les Transporteur sanitaire intérêts des parties prenantes : Pou- voirs Publics, établissements de santé Ambulance Taxi conventionné Véhicule sanitaire léger et transporteurs sanitaires. (3) Les dépenses de santé en 2018 / édition 2019 - DREES. (4) Pierre Morange – Rapport d’information déposé en application de l’article 145 du règlement par la Commission des affaires sociales en conclusion des travaux de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale sur le transport de patients – 2014. (5) Arrêté du 23 décembre 2006 fixant le référentiel de prescription des transports prévu à l’article R. 322-10-1 du code de la sécurité sociale. (6) Rapport Inspection Générale des finances (IGAS) / Revue des dépenses relatives au transport sanitaire – 2016.
0 0 Pour autant, l’introduction de l’article 80 a suscité des inquiétudes chez les professionnels de santé et les petites entreprises de transport sanitaire. La réforme a été momentanément sus- pendue, jusqu’au nouveau décret de juin 20198, clarifiant certaines moda- lités de prise en charge et les excep- tions à la règle. Les établissements de santé comme les professionnels ambulanciers soulignent aujourd’hui ses impacts positifs comme en té- moigne le Directeur du Pôle d’Intérêt Commun SCA SCB SMS au sein de La loi de financement de la sécurité so- près) n’est plus facturable à la Caisse l’AP-HP « Cela a permis aux hôpitaux ciale (LFSS) pour 2017, par son article Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de développer une politique de maî- 80, a acté le transfert du financement mais pris en charge par l’établissement trise des dépenses de transport sani- des transports inter-établissements prescripteur. taire à la fois en interne (prescriptions vers les établissements de santé, re- Le schéma ci-dessous présente la à la charge de l’établissement) et en présentant 10 % des prescriptions hos- répartition des rôles pour une presta- externe (prescriptions à la charge de pitalières exécutées en ville (PHEV) en tion de transport sanitaire relevant de l’assurance maladie) ». 20187. Les prescripteurs sont devenus l’article 80 : l’établissement de santé Si l’article 80 constitue une première payeurs d’une partie des transports qui commande la prestation de trans- étape dans la responsabilisation des sanitaires. Tout transport d’un patient port sanitaire est donc également son acteurs, certains écueils persistent tou- déjà hospitalisé (à quelques exceptions payeur. tefois dans le système actuel pour les établissements de santé et les trans- RÉPARTITION DES RÔLES POUR UNE PRESTATION DE TRANSPORT SANITAIRE porteurs sanitaires. ARTICLE 80 Pour les établissements de santé9, le système actuel nécessiterait une Verse un forfait transport plus grande disponibilité à l’établissement de santé de la part des transporteurs sanitaires et plus de ponctualité Établissement dans l’exécution des Assurance de santé prestations. Maladie Prescripteur et payeur Les établissements de santé et les pa- tients sont confrontés à un manque de disponibilité des professionnels ambu- lanciers sur certaines plages horaires Prestation et à des retards aux conséquences im- de transport sanitaire portantes sur leur organisation interne, principaux vecteurs d’évènements indésirables. Des difficultés pour trouver une solu- tion de transport sanitaire sont en effet constatées par les établissements de santé, avec des difficultés à pourvoir Transporteur certaines demandes, notamment la nuit Patient sanitaire et le weekend. Les impacts sont direc- Bénéficiaire Prestataire tement perçus par les patients, certains usagers n’auraient pas toujours accès aux soins faute de transport sanitaire disponible. (7) Ministère de la Santé et CNAM : Réforme de la prise en charge Article 80 de la LFSS 2017 – Présentation Générale : enjeux, objectifs, financement, juillet 2018. (8) Décret n° 2019-593 du 14 juin 2019 portant sur la prise en charge des transports de patients. (9) Établissements sanitaires et médico-sociaux.
0 0 Selon l’horaire de prise en charge demandé, les disponibilités des professionnels ambulanciers sont variables. En Nouvelle-Aquitaine , 13 % des missions non pour- vues ont lieu entre 18h et 8h, la nuit. Le créneau entre 11h et 15h, qui concentre les sorties d’hospitalisation, représente 52 % des missions non pourvues. Au total, ces deux plages horaires englobent 65 % des missions non pourvues. RÉPARTITION DES MISSIONS NON POURVUES SELON L’HORAIRE DEMANDÉ DONNÉES TRAJET SOLUTIONS SANTÉ 2 000 1 800 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 5% 10 % 9% 14 % 22 % 11 % 5% 4% 4% 4% 13 % 0 8h-9h 9h-10h 10h-11h 11h-12h 12h-13h 13h-14h 14h-15h 15h-16h 16h-17h 17h-18h 18h-8h Ces missions non pourvues représentent une part importante des évènements indésirables au sein des établissements de santé, au même titre que les retards. Au CHD Vendée La Roche-Sur-Yon, « les événements indésirables liés aux trans- ports sanitaires représentent environ 5 à 10 % du total des événements indési- rables remontés, dont 90 % concernent un retard », rapporte la responsable du Pôle Transport. Parmi ces mêmes établissements de Nouvelle-Aquitaine10, 31 % des événements in- désirables déclarés par les établissements de santé sont imputables à des retards, 23 % à des missions non pourvues et 11 % à une anticipation insuffisante. RÉPARTITION PAR MOTIF DES ÉVÈNEMENTS INDÉSIRABLES DÉCLARÉS PAR LES ÉTABLISSEMENTS DONNÉES TRAJETS SOLUTIONS SANTÉ Horaire de prise en charge non respecté 31 % Mission non pourvue 23 % Anticipation insuffisante 11 % Déclaration non valable 10 % Autre 10% Refus de prise en charge du patient 5% Incident technique et utilisation plateforme 5% Information erronée 2% Patient déjà parti 2% Matériel ou véhicule inadapté 1% Patient pas prêt 1% Mission non annulée sur la plateforme 1% 0 50 100 150 200 (10) Statistiques fournies par « Trajets Solutions Santé », issues de la plateforme régionale Nouvelle Aquitaine. Données Janvier 2021 à novembre 2021 portant sur 231 385 transports à la charge de l’Assurance Maladie.
0 0 Le manque de disponibilité et les ter aux besoins des établissements de durée de séjour à raisons médicales retards entraînent des dysfonction- santé est en effet très exigeante en constituent un premier écueil. Cela nements dans la gestion de l’activité termes de ressources. modifie en effet l’heure ou la date de des établissements de santé, notam- sortie du patient, et engendre in fine ment pour les entrées et les sorties Pour les transporteurs l’annulation ou le report d’une pres- d’hospitalisation11 : sanitaires, le système tation de transport sanitaire pourtant ● À l’entrée : temps médical passé à la actuel nécessiterait une planifiée. recherche de lits, délais d’attente pour meilleure planification de un lit d’hospitalisation ; la part des établissements ● À la sortie : manque d’anticipation et de santé et une de planification des sorties, pics d’acti- De janvier à novembre 2021, fluidification des parcours. vité difficilement absorbables. au sein des établissements Les transporteurs sanitaires consi- utilisateurs de la plateforme Si les difficultés dans l’optimisation des dèrent que le système actuel est in- régionale Nouvelle Aqui- flux des établissements de santé ne satisfaisant en raison d’un manque taine, 29 589 missions de sont pas uniquement imputables aux de planification dans l’organisation transport sanitaire ont été transporteurs sanitaires, les retards des activités des établissements de annulées sur un total de ont un impact sérieux sur les services santé et d’un manque de fluidité du 126 826 ; 12 % de ces annu- et établissements de zones sous ten- lations s’expliquent par une parcours patient au sein des établis- sion. À l’AP-HP par exemple, « les pro- modification de l’horaire, ce sements de santé. blèmes de retards et les modifications qui représente le second de dernière minute par les entreprises Les difficultés liées à la planification poste d’annulation le plus prenant en charge le patient entraînent impactent négativement la gestion des important après l’absence de sérieux dysfonctionnements, no- flux des professionnels ambulanciers, de prise en charge par un tamment aux urgences, en gériatrie, à la fois les déprogrammations ino- transporteur sanitaire (16 %) en psychiatrie et pour les transferts pinées, le manque d’anticipation dans et l’annulation de ren- de court séjour vers les soins de suite. la commande de transport sanitaire et dez-vous par l’établis- Ces quatre spécialités concentrent l’es- la concentration des sorties d’hospita- sement (31 %). sentiel des réclamations et des signa- lisation sur une plage horaire limitée. lements d’évènements indésirables. » Si les premières sont essentiellement imputables à des raisons médicales De la même manière, les problèmes et donc difficilement anticipables, les En outre, le manque d’anticipation de gestion des flux des établissements deux autres, liées à des raisons organi- de santé impactent directement les des commandes de transports sani- sationnelles sont perfectibles. activités des transporteurs sanitaires, taires par les établissements de san- notamment celles liées à la planifica- Les annulations par les établissements té engendre une diminution du taux tion. L’hyper-flexibilité demandée aux de santé pour des examens complé- d’occupation des véhicules de trans- transporteurs sanitaires afin de s’adap- mentaires ou un allongement de la port sanitaire avec une incidence sur (11) ANAP / Gestion des lits : vers une nouvelle organisation – Mai 2016.
1 1 l’optimisation de leurs flux. Un ancien en charge les patients de manière passé au sein des établissements, et responsable de la fonction transports optimale. d’améliorer in fine le taux d’occupation patients au CHU de Dijon et expert des véhicules. Selon la situation géographique locale technique pour l’ANAP sur le thème et les aménagements de l’établisse- Ce taux d’occupation, et donc la dis- des plateformes hospitalières de ré- ment, le stationnement des véhicules ponibilité des transporteurs sanitaires gulation des transports de patients, peut être générateur de difficultés. souligne que « les soignants doivent pour répondre à un besoin est direc- Outre le temps perdu dans la recherche aussi comprendre qu’un transporteur tement lié à sa capacité à enchaîner de places de stationnement, l’éloi- sanitaire doit s’organiser et qu’il faut les prises en charge de manière effi- gnement de ces espaces implique un un minimum d’anticipation dans les cace, et, par extension, à réduire ses temps de brancardage des patients en commandes pour qu’elles puissent être temps d’immobilisation. L’optimisation extérieur plus ou moins long, qui peut optimisées ». des flux de patients au sein des éta- s’accompagner d’inconfort et de risque Les sorties d’hospitalisation sont par lié aux conditions météorologiques. blissements de santé reste donc un ailleurs concentrées sur des plages enjeu majeur, alors même que la cir- De même, la circulation interne des horaires limitées, entre la fin de ma- culaire DHOS/SDO/O1/2003/277 du patients peut générer des pertes de tinée et le début d’après-midi, ce qui 10 juin 2003 relative aux relations entre temps. Des solutions pragmatiques représente une seconde difficulté. établissements de santé publics et pri- telles qu’une priorité aux files d’attente Elles sont conditionnées par les visites vés et transporteurs sanitaires privés ou la mise à disposition de badges quotidiennes des médecins dans les avait pour objectif d’adresser cette d’accès aux ascenseurs par exemple différents services hospitaliers pour problématique. permettraient de diminuer le temps acter d’une sortie d’hospitalisation ou d’un prolongement du séjour. Cette forte demande sur un créneau très li- HORAIRES DE DÉPART DES PATIENTS DEMANDÉS PAR LES ÉTABLISSEMENTS mité crée un goulot d’étranglement à la DONNÉES TRAJET SOLUTIONS SANTÉ sortie avec une importante sollicitation des professionnels ambulanciers, gé- 35 000 nérant un risque de pénurie de trans- 30 000 port sanitaire. Le graphique ci-contre met en avant 25 000 cette réalité, 57 %12 des prestations 20 000 de transport sanitaire se concentrent entre 11h et 15h avec une forte préva- 15 000 lence pour les sorties entre 12h et 13h. Outre les écueils liés à l’organisation 10 000 interne des établissements de santé, les transporteurs sanitaires soulignent 5 000 que des problématiques logistiques 6% 12 % 7% 13 % 24 % 14 % 6% 4% 3% 2% 8% 0 entravent leur capacité à prendre 8h-9h 9h-10h 10h-11h 11h-12h 12h-13h 13h-14h 14h-15h 15h-16h 16h-17h 17h-18h 18h-8h (12) Statistiques fournies par « Trajets Solutions Santé », issues de la plateforme régionale Nouvelle Aquitaine. Données Janvier 2021 à novembre 2021 portant sur 231 385 transports à la charge de l’Assurance Maladie.
1 1 2. Au-delà mobilité sanitaire, par bassin de santé, et d’actions concrètes mises en œuvre au niveau des établissements de santé. des difficultés, Le pilotage de l’activité de transport sanitaire est diffus et réparti entre plusieurs acteurs des solutions au niveau national, ce qui engendre plus de complexité dans les échanges, les prises de pragmatiques décision et le contrôle des dépenses. Afin de répondre à l’injonction de et concrètes l’IGAS qui préconise dans son rapport de 2016 de « faire émerger des pilotes clairs, ayant l’autorité et la capacité de mobiliser l’ensemble des acteurs sur le peuvent plan national », l’identification par l’en- semble des parties prenantes d’un pi- lote pour impulser les grandes orienta- tions stratégiques apparaît nécessaire. pourtant être En effet, le déficit actuel d’alignement stratégique entre les différents pi- lotes nationaux entrave la définition et la mise en œuvre des orientations dessinées. du secteur. Il génère un manque de lisibilité aux lacunes visibles dans le déploiement opérationnel de certains outils, notamment digitaux, et dans la maîtrise des dépenses. Les prescriptions médicales de trans- port sanitaire sont essentiellement faites sur papier. Le rapport de l’IGAS de 2016 souligne sanitaires et déterminent les priorités qu’au niveau national, d’abord, aucun locales qui permettent d’arrêter ou de des acteurs ne dispose d’une vision modifier le nombre de véhicules de globale et n’est en mesure d’agir seul transport sanitaire ; 98 % sur l’efficience de l’activité : la CNAM ● Les CPAM assurent les paiements déploie une politique de gestion des transporteurs sanitaires et ef- Plus de 98 % des prescriptions du risque, la DSS pilote le dispositif fectuent l’essentiel des missions de médicales de transport sanitaire contractuel avec les établissements contrôle et de lutte contre la fraude. sont faites sur papier. de santé tandis que la DGOS est en charge, notamment, du suivi des pro- Pour pallier la dispersion des responsa- jets de plateformes de centralisation. bilités et le manque de visibilité, un pi- L’utilisation massive de PMT papier a Au niveau local, ensuite, les politiques lote unique au niveau national pourrait un impact à plusieurs étapes adminis- de transport sanitaire impliquent de être identifié afin de piloter la mise en tratives d’une prestation de transport nombreux acteurs. Le pilotage de la place d’un contrat de filière13 et s’assu- sanitaire : la prescription faite par politique est par ailleurs partagé entre rer de sa bonne application. Un tel dis- l’établissement de santé, la facturation deux régulateurs : positif serait de nature à structurer une réalisée par le professionnel ambulan- ● Les ARS, Agences Régionales de vraie démarche globale en vue d’une cier et/ou le personnel administratif, la Santé, agréent les entreprises de montée en performance de la réponse demande de remboursement initiée transport sanitaire, délivrent les autori- ambulancière. Sa déclinaison locale par le patient et le contrôle mené par sations de mise en service de véhicules pourra prendre la forme de schéma de le régulateur. (13) La définition d’un contrat de filière, à l’image du « contrat stratégique de filière des industries et technologies de la santé » signé par le Conseil National de l’industrie et les Ministres de la Santé, de l’Enseignement et des Finances et les syndicats de salariés, pourrait permettre de fixer les objectifs et plans d’action entre l’Etat et les acteurs du secteur.
1 1 Le développement de nouveaux dispo- sitifs tels que le SPEI ou le SEFI se voit Pour autant, un dispositif existe pour accélérer la dématé- encouragé dans le cadre de la straté- rialisation. Le service de prescription électronique intégré gie d’accélération « Santé numérique » (SPEi), téléservice intégré dans les logiciels des profession- et de l’ensemble des travaux menés nels et établissements de santé14 offre la capacité d’élaborer et par l’Agence du Numérique en Santé d’accéder à des prescriptions électroniques de transport de manière (ANS). Par la suite, le ROC (Rembour- dématérialisée. À ce jour cependant, seulement 2 % des prescriptions de sement des Organismes Complémen- transport à la charge de l’assurance maladie sont réalisées de manière taires), dispositif technique intégré aux dématérialisée. Une incitation financière à l’utilisation de la prescription électronique a été récemment introduite dans le cadre des négociations logiciels de gestion administrative du de l’avenant 9 à la convention nationale organisant les rapports entre patient au sein des établissements de les médecins libéraux et l’assurance maladie15. Ce nouveau dispositif santé, pourrait être étendu aux trans- (volet 2 du forfait à partir de 2023) devrait positivement impacter le taux porteurs sanitaires. d’utilisation du service SPEI. Un meilleur pilotage de l’activité de transport sanitaire caractérisé par davantage de coordination entre les pilotes dans la définition des orienta- tions stratégiques doit donc être un sujet priorisé par les Pouvoirs Publics. L’émergence d’un pilote clairement De même, le système électronique de facturation intégrée identifié par l’ensemble des parties (SEFI)16 permet une facturation en temps réel et la numéri- prenantes faciliterait in fine la mise en sation de toutes les pièces justificatives papier, avec pour œuvre opérationnelle des décisions avantage une saisie simplifiée, fiabilisée et un gain de temps par les acteurs de terrain et permettrait dans le paiement des factures. d’exploiter des gisements d’efficience L’arrêté du 26 février 2021 portant approbation de l’avenant 10 à la et de réduire les coûts. convention nationale des transporteurs sanitaires privés, précise que « le Service Electronique de Facturation intégré (SEFI) au logiciel est Comme souligné par le rapport Mo- désormais le mode de facturation obligatoire17 » ayant permis l’accélé- range de 2014, le manque de coordina- ration du déploiement de l’outil avec 99 % des transporteurs sanitaires tion dans le pilotage de l’activité exerce utilisateurs en 2021. La dématérialisation du secteur, encouragée par une pression à la hausse sur les coûts, les Pouvoirs Publics, devrait ainsi s’accélérer compte tenu du potentiel notamment administratifs. offert par cet outil. 802 LES PRINCIPALES AMÉLIORATIONS ATTENDUES 64,5 ETP réalisent en moyenne DE CES DEUX DISPOSITIFS 802 factures par mois chez Keolis Santé. Création, consultation Édition Réalisation Traitement et gestion d’un exemplaire de la prestation des factures d’une prescription patient et facturation D’après les données produites par Keolis Santé, la durée moyenne pour Gain de temps Valeur de pièce Saisie simplifiée Numérisation produire une facture à l’issue d’une pour le professionnel justificative et fiabilisée des des pièces de santé. de l’exemplaire éléments de justificatives, prestation se situe entre 7,6 et 9,7 mi- patient, autorisant facturation grâce via le service SCOR, nutes, soit plus de 5 fois supérieure au Fiabilisation le remboursement à la récupération à l’issue de la journée des données de la prestation des informations de facturation. temps nécessaire à la commande. Par- par l’intégration de transport sanitaire. de contexte (adresses mi les 190 salariés du bassin d’activité du référentiel des structures Diminution des taux de prescription. de soin, informations de rejet permise Nord-Loire, ce sont ainsi 7,6 ETP qui par l’amélioration Contrôle a priori bénéficiaires, calcul de la qualité sont dédiés aux tâches administratives du taux de prise de la prescription des échanges avec et à la production de factures, ainsi que en charge, etc.). via son envoi au SI l’Assurance Maladie. Assurance Maladie. 2,7 ETP non dédiés participant égale- Délais de paiement ment au recouvrement, à la régulation des factures SEFi inférieurs à 3 jours. et à la prise de commande. (14) Pour les médecins de ville, les services de prescription électronique (SPE) de transport sont également proposés pour créer une prescription de transport en ligne et l’enregistrer dans une base de l’Assurance maladie. Le transporteur peut ensuite récupérer la prescription en ligne. Le SPE est généralisée depuis mai 2017 pour tous les médecins de ville via le portail Ameli pro. / Rapport au ministre chargé de la Sécurité sociale et au Parlement sur l’évolution des charges et produits de l’Assurance Maladie – 2019. (15) Article 5 de l’avenant 9 à la convention nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux et l’assurance maladie publié au Journal Officiel le 25 septembre 2021. (16) https://www.ameli.fr/transporteur-sanitaire/exercice-professionnel/facturation/sefi-service- electronique-facturation-integree/ (17) Cette obligation s’applique aujourd’hui uniquement aux VSL et ambulances et ne s’applique pas aux taxis conventionnés.
1 1 Au sein des établissements de santé publics et privés, 147 225 ETP 18 sont consacrés aux tâches administratives soit près de 11 % du total des employés. Ce chiffre est en augmentation de près de 10 % depuis 2015, ils représentaient alors 133 620 ETP 19. Si ces chiffres ne permettent pas de conclure à l’aug- mentation de la charge administrative afférente au transport sanitaire au sein des établissements de santé, ils té- moignent d’une tendance à la hausse du nombre de personnel dédié aux les établissements de santé et les La création d’un schéma de mobilité tâches administratives. patients à trouver un transporteur sa- à l’échelle d’un bassin de santé et nitaire alors même que le taux de rem- adapté aux spécificités d’un territoire Les tâches administratives constituent plissage des véhicules est relativement permettrait de fédérer les acteurs, de également une part non négligeable faible. coconstruire un plan d’actions et de de l’activité des personnels soignants limiter les écueils pour les établisse- eux-mêmes et des professionnels ments de santé et les professionnels ambulanciers (rédaction de la pres- ambulanciers. Les réflexions menées cription pour les professionnels de dans le cadre de l’élaboration d’un tel santé, édition de la facture pour les ambulanciers, etc.). S’il est difficile de 40 % schéma pourraient inclure notamment : ● Le développement du transport si- chiffrer les impacts de ces activités, multané à l’échelle du bassin de santé ; elles constituent une perte de « temps Les ambulanciers parcourent en moyenne 40 %20 des kilomètres ● La fluidification des relations soignant » et de « temps ambulancier », à vide. inter-établissements ; leurs cœurs de métier respectifs. ● Le regroupement des consultations Un pilote unique au niveau national et examens sur des journées dédiées. pourrait se saisir de la problématique Le nombre important de trajets réalisés Plus largement, c’est tout l’environ- liée aux coûts administratifs pour les à vide, additionné à un temps d’attente nement de planification de transport établissements de santé et les trans- parfois conséquent lors d’une sortie sanitaire qui pourrait être repensé et porteurs sanitaires et insuffler une po- d’hospitalisation (en moyenne plus de organisé en fonction des besoins et litique de réduction des coûts, reprise 15 minutes selon l’enquête Keolis Santé des réalités d’un territoire : les spéci- opérationnellement par les différentes pour 2021) met en évidence un déficit ficités ne sont pas les mêmes en ter- parties prenantes. Ces orientations se- de coordination entre les acteurs d’un ritoire rural et urbain ou encore dans raient ainsi déclinées au niveau local même territoire. une zone en forte tension hospitalière. afin de prendre en compte les spécifi- L’ensemble des parties prenantes, éta- cités de chaque territoire. En outre, le temps important passé blissements de santé, transporteurs par les professionnels ambulanciers sanitaires et associations d’usagers au sein des établissements de santé Les acteurs d’un doivent être acteurs de cette concer- souligne le déficit de coordination même territoire ne tation pour assurer une amélioration entre les différents acteurs. Le sché- communiquent pas globale de la prise en charge. ma ci-dessous révèle que dans le cas suffisamment et ne de transports inter-hospitaliers, cela Les ambitions territoriales et le sché- sont pas soumis à des représente plus de 26 minutes (15 mi- ma de mobilité serviraient de base engagements réciproques. nutes de prise en charge et 11 minutes à l’élaboration de plans d’actions À l’échelon local, une meilleure coor- d’accompagnement), soit 38 % de la partagés par l’ensemble des parties dination entre les acteurs d’un même durée totale de la prestation. prenantes, concrets et assortis d’ob- territoire permettrait d’optimiser la prise en charge des patients. La dé- finition et l’élaboration d’un schéma DÉCOMPOSITION DES TEMPS MOYENS D’UNE PRESTATION de mobilité coconstruit par l’ensemble DE TRANSPORT SANITAIRE EN AMBULANCES (en minutes) des parties prenantes et d’un plan d’action concret matérialiseraient cette Approche Prise en charge Trajet Accompagnement Retour véhicule ambition. Le manque de coordination entre les 14,44 15,76 22,20 10,99 4,53 acteurs engendre des difficultés pour (18) Panorama de la DREES Santé / Les établissements de santé : chiffres 2018 – édition 2021. (19) Panorama de la DREES Santé / Les établissements de santé : chiffres 2015 – édition 2017. (20) Données Keolis Santé.
1 1 jectifs chiffrés. En effet, le manque l’interface entre les deux parties pre- néité des pratiques organisationnelles d’engagements concrets et d’objectifs nantes. À l’aide des contrats de pres- entre services est un constat fort. ». de résultats n’est pas suffisamment tation, l’article 80 a en effet permis, la La dilution du processus de demande responsabilisant. définition d’engagements mutuels et de transport peut être enrayée par une La mise en place d’un accord tripartite des objectifs de qualité. entre un pilote préalablement identi- formalisation du circuit et une centrali- Le manque de transparence et de sation des demandes grâce à la mise fié, les établissements de santé et les communication entre établisse - en place d’un interlocuteur unique au entreprises de transport sanitaire de ments de santé et transporteurs sein des établissements de santé. La chaque territoire permettrait de pour- sanitaires peut engendrer certaines mise en place d’un référent unique suivre cette dynamique via la mise en incompréhensions. permettrait en outre de « faire vivre » place d’objectifs : ● Pour les établissements de santé : Les demandes de prestations de trans- davantage la relation entre établisse- délais d’anticipation, étalement port sanitaire ne sont pas toujours cen- ments de santé et professionnels am- des demandes, temps de prise en tralisées au sein des établissements de bulanciers, et pourrait faire évoluer la charge, NPS patient, etc. santé. Une fois la prescription faite par perception des transporteurs sanitaires ● Pour les transporteurs sanitaires : un médecin, le circuit de demande de par le personnel des établissements de ponctualité à l’arrivée, taux de transport sanitaire fonctionne en silo, soins par des contacts privilégiés entre transport à vide, taux de conformi- en l’absence de plateforme de centra- les deux parties. té, taux de réponse à la demande, lisation. Le rapport de l’ANAP de 2013 NPS patient, etc. souligne que « le médecin prescrit [une Dans les deux cas, une évaluation des prestation de transport sanitaire, mais] atteintes des objectifs fixés doit être le choix entre deux modes de transport menée par l’acteur tiers pilotant le revient aux autres acteurs du circuit de 80 % processus. demande de transport (infirmière, se- crétaire ou agent d’accueil). ». Concrètement, la mise en place de 80 % des commandes de Le manque de communication in- transports sanitaires sont passées ce plan d’action local pourrait appor- par téléphone21. ter des solutions à certaines pierres terne entre services induit un manque d’achoppement dans la relation entre d’optimisation dans le processus de établissements de santé et transpor- demande de prestation. Le même rap- teurs sanitaires. Une nouvelle orga- port de l’ANAP indique : « au sein de la Ces missions chronophages réduisent nisation permettrait d’adresser les plupart des établissements impliqués le temps disponible pour les patients sujets à un niveau opérationnel et de dans le projet de l’ANAP, l’hétérogé- et peuvent générer des incompréhen- construire progressivement des solu- tions pragmatiques adaptées à chaque territoire. À l’échelle des établissements de santé, un dispositif et une culture du partenariat « gagnant – gagnant » seraient à coconstruire avec les transporteurs sanitaires. Une plus grande transparence entre les acteurs et une meilleure optimi- sation des flux, toutes deux permises par la mise en place d’un interlocuteur unique pour les transporteurs sani- taires au sein des établissements de santé, permettraient d’améliorer leur relation et de faciliter la planification des soins. La mise en place de l’article 80 et la logique de dialogue compé- titif induite apparaissent comme une première réponse à l’amélioration de (21) Reporting taux de digitalisation / Keolis Santé – Juin 2021.
1 1 sions lors de la prestation de transport grande optimisation des flux de pa- meilleure anticipation des missions sanitaire. Les professionnels ambulan- tients et d’une meilleure anticipation de transport sanitaire réduiraient le ciers soulignent d’abord que l’inexacti- des missions. nombre de refus de missions et contri- tude des informations communiquées bueraient à l’efficacité globale du sys- Les horaires de sortie d’hospitalisation par les personnels soignants sur la tème. En effet, en Nouvelle Aquitaine21, sont concentrés sur une plage horaire prestation demandée peut engendrer les missions peu anticipées, deman- réduite, de 11h à 15h. un mauvais appareillement des véhi- dées 0 à 60 minutes avant l’heure de cules. Ivan LE GOAZIOU, régulateur la prestation, représentent 10 % des des transports sanitaires chez Jussieu demandes, mais 14 % des missions non Secours, souligne que « ce qui pose pourvues. majoritairement problème du point de En particulier, inscrire ces priorités vue du régulateur, c’est l’exactitude 57 % dans les plans d’actions territoriaux des données communiquées lors de la de chacun des acteurs, permettrait commande. Les informations erronées 57 % des missions sont d’optimiser l’organisation interne des peuvent donner lieu à d’importantes concentrées sur une plage établissements de santé et les flux des pertes de temps. ». horaire de 11h à 15h d’après les professionnels ambulanciers. données issues de la plateforme La mise en place de plateformes de régionale Nouvelle Aquitaine22 L’instauration d’un référent unique au gestion et de suivi des commandes de et 10 % des missions sont sein des établissements de santé par- insuffisamment anticipées (entre transport sanitaire permet de fluidifier ticiperait également à une plus grande 0 et 60 minutes). les échanges, d’accroître la transpa- optimisation des flux. rence et l’analyse a posteriori. Selon L’absence d’un tel référent dans cer- l’expert ANAP, « elles permettent de tains établissements est en partie Pour les transporteurs sanitaires, la piloter globalement l’activité de trans- responsable d’une décentralisation du demande sur cette plage horaire est port sanitaire » et notamment assurer processus de commande de transport difficilement absorbable. En retour, un suivi de la montée en charge des sanitaire, comme en témoigne la varié- les établissements de santé peuvent commandes de transport sanitaire, té d’acteurs passant les commandes. ne pas trouver de prestataires pour analyser les données statistiques ces missions, avec des répercussions Si des solutions pragmatiques et opé- (anticipation des commandes, éche- sur le taux d’occupation des lits et les rationnelles de court terme peuvent lonnement des horaires de sortie des soins à administrer en général. De être décidées, de nouvelles tendances patients, incidents, recours au tour de même, le manque d’anticipation lors et défis pour la prise en charge des rôle), analyser les incidents, etc. de la commande génère les mêmes patients sur le long terme affectent Ces plateformes intègrent par ailleurs problématiques. la profession des transporteurs sani- la gestion en temps réel de tous les Un élargissement de la plage horaire taires, qui se structure pour répondre transports sanitaires ainsi que des de sorties d’hospitalisation et une de manière efficiente. outils de géolocalisation permettant une plus grande transparence lors de la prestation. Enfin, la préadmission digitalisée qui consiste en la réalisation des dé- marches administratives directement depuis le véhicule sanitaire par le biais d’interfaces entre les systèmes d’infor- mation hospitaliers et les profession- nels ambulanciers, associé à une plate- forme de commandes, permettrait de mieux organiser la prise en charge du patient, notamment en optimisant les entrées et les sorties pour diminuer le coût global du séjour, et pour recen- trer les personnels sur leur cœur de métier. L’amélioration de la transparence dans la relation entre établissements de santé et transporteurs sanitaires doit également s’accompagner d’une plus (22) Données Trajets Solutions Santé. Missions à la charge de l’Assurance Maladie (hors urgences), de janvier à novembre 2021.
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