Tremblement de terre du 14 août 2021 Entre besoin de solidarité internationale et vigilance pour ne pas répéter l'erreur post 12 janvier 2010 - CARDH
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15 août 2021
Tremblement de terre du 14 août 2021
Entre besoin de solidarité internationale et vigilance pour ne pas répéter
l’erreur post 12 janvier 2010
1. 941 décès - 9.900 blessés – 16 disparus -
12.194 maisons détruites et 10.785 autres
endommagées. (17 août 2021, 6h p.m.)
I. En guise d’introduction
1. Le samedi 14 août 2021, vers 8h 29 du
matin, les départements du Sud, des
Nippes et de la Grand’Anse ont été
sauvagement frappés par un tremblement
de terre de magnitude 7.2 sur l’échelle de
Richter. Ce séisme a eu lieu à 13 km au
sud- sud-est de Petit Trou de Nippes et à
10 kilomètres de profondeur. Tout le pays
en a ressenti les premières secousses.
D’autres répliques en ont suivi.
©Météo Média
2. Vu l’ampleur des dégâts et le besoin de solidarité, le même jour le président américain, Joe
Biden, a nommé l’administratrice de l’USAID, Madame Samantha Power, coordonnatrice
de l’aide américaine pour Haïti. Le Canada, le Venezuela et la République dominicaine
ont exprimé leur solidarité et ont promis leur soutien.
3. Face à l’incapacité de l’État haïtien à y
apporter des réponses, le Centre
d’analyse et de recherche en droits de
l’homme (CARDH) soutient la solidarité
et l’aide internationales. Cependant, la
société doit être vigilante, vu l’expérience
malencontreuse faite après la catastrophe
du 12 janvier 2010 où plus de 11
milliards de dollars américains avaient
été mobilisés « au nom du peuple haïtien
et pour reconstruire le pays », mais ont
été, en réalité, utilisés à d’autres fins. On essaye de dégager une victime sous les gravats (Photo ©EPA)
4. Cela devrait aussi être considéré comme l’une des raisons expliquant les dégâts de ce
séisme du 14 août, les infrastructures n’étant pas renforcées.
5. Tout en étant attaché à sa mission de dénoncer les violations de droits humains, de suivre
l’action humanitaire post 14 août 2021 qui doit être réalisé dans le respect de la dignité
des Haïtiens, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) exige la
transparence dans le processus et dénoncera la grande corruption qui, fort probablement,
en découlera.
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II. Décès ; blessés , familles sinistrées…
6. Selon le bilan provisoire du Centre d’opération d'urgence nationale (COUN), il y a eu :
• 1.941 décès dont : 1. 597 dans le Sud ; 137 dans les Nippes ; 205 dans la Grand
’Anse ; deux (2) dans le Nord-Ouest ;
• 9.900 blessés (informations actualisées le dimanche 17 août 2021, 6h p.m.) ;
• 7902 Maisons détruites et 5238 autres endommagées ;
• 136. 800 familles sinistrées ;
• 684. 400 personnes ont besoin d’assistance humanitaire.
III. Infrastructures détruites1
7. Les dégâts matériels enregistrés concernent surtout les infrastructures routières, sanitaires
et éducatives des trois départements les plus impactés.
1. Département de la Grand’Anse
8. Pour le département de la Grand’Anse, les dégâts suivants ont été enregistrés :
• Trois centres de santé et une église endommagés ;
• Trois écoles détruites.
2. Département des Nippes
• Le sous-commissariat de Changeux à Baradères est détruit.
• Le tribunal de paix de Changeux, la prison et le commissariat sont endommagés.
• Une église et une école se sont effondrées à Baradères,
• A l’Asile, le bloc administratif de l’hôpital et au moins sept établissements
scolaires sont endommagés, dont l’ école nationale et l’École fondamentale
d’application et centre d’appui professionnel (EFACAP) et l’école presbytérale.
• à Grand Boucan, deux phares ont été renversés dans la mer.
• l’Asile, tous les points d’eau sont turbides.
• A Miragoâne, l’ancien bâtiment de la douane est endommagé ;
• A hauteur de Saint-Marc à Petite-Rivière de Nippes, une route communale est
endommagée.
• A l’étang Rey (Paillant), plusieurs éboulements et glissements de terrain sont
signalés ; à Petit-Trou-de-Nippes et à la carrière de sable à Brody ( Plaisance),
un camion se trouve sous les décombres.
• Un hôtel endommagé.
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Centre d’opérations d’urgence nationale (COUN) : « Tremblement de terre Samedi 14 août 2021 -
Rapport de situation #2 »
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3. Département du Sud
• Deux hôtels et trois églises sont détruits.
• Le tronçon de route allant vers Port-à-Piment et le pont de Damassin sont
endommagé.
• La route nationale #7, reliant les Cayes et Jérémie, est coupée à hauteur de la
rivière Glace en raison d’un glissement de terrain provoqué par le tremblement de
terre.
IV. Actions mises en œuvre
9. Les actions suivantes ont déjà été posées:
• Activation du Centre d’opérations d’urgence départemental (COUD) Sud ;
• Activation des Centre d’opérations d’urgence communal (COUCs) ;
• Installation de tentes à l’hôpital OFATMA ;
• Déploiement des volontaires en vue d’observations rapides et de sauveteurs pour
déblayer les maisons effondrées ;
• Déploiement des équipes dans les communes pour vérifier les dégâts ;
• Mobilisation des partenaires pour l’organisation de la réponse d’urgence ;
• Monitoring dans les communes pour observer la situation.
V. Besoins identifiés
4. Besoins immédiats
10. D’abord il y a les besoins matériels qui devaient être disponibles immédiatement après la
catastrophe. En ce sens, les matériels suivants ont été énumérés :
•Tentes et bâches ;
•Eau, nourriture ;
•Lampes de poche ;
•Bottes ;
•Besoin d’urgence pour une action du TPTC ;
•Vérin électrique;
•Back-up recharge ;
•Vêtements ;
•Personnel de santé ;
•Sauveteurs-secouristes (10 par communes * 20 = 200) ;
•Kits d’hygiène incluant baby kits (600.000) – serviettes, savons, gels, dentifrice, brosses
à dents, couverture de laine ;
•Familles d’accueil ;
•Terrains/espaces libres pour abris provisoires ;
•Matériels de premiers secours (médicaments, trousses de premiers soins)
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•Carburant;
•Véhicules et motocyclettes ;
•Cartes de recharge pour téléphones ;
•Réparation.
11. En outre, il y a aussi un besoin d’appui psychosocial pour reconstituer les familles des
victimes et les déplacés dans leur dimension humaine.
5. Besoins à moyen terme
12. Après l’acheminent des matériels ci-dessus, il faudra entamer le processus d’assistance
identitaire et économique.
•État civil : acte de naissance ; carte d’identité ; extrait des archives ; passeport.
•Recapitalisation.
•Valorisation et renforcement de l’économie locale.
VI. Conclusion
6. Besoin humanitaire
13. Frappée par ce tremblement de terre de magnitude 7.2, la population du Sud, des Nippes
et de la Grande-Anse était déjà dans une grande précarité socio-économique avec
notamment le blocus causé par la systématique guerre des trois gangs de Martissant depuis
près de trois mois. L’aide humanitaire est incontournable.
7. Rappel de l’expérience post 12 janvier 2010
14. Cependant, il est important de rappeler qu’aucune information n’a été fournie sur la
manière dont les 11 milliards de dollars américains mobilisés au nom du peuple haïtien
après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 ont été dépensés. Les conditions socio-
économiques de la population ne se sont pas améliorées.
8. L’aide humanitaire doit respecter la dignité humaine
15. L’aide humanitaire doit respecter la dignité des victimes afin de corriger les erreurs du
passé, notamment celles post 12 janvier 2010. Pendant des années, les victimes étaient
dans des camps dans l’indignité la plus totale.
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9. Nécessité de coordonner l’aide internationale
16. Le gouvernement Haïti de facto doit s’assurer d’une bonne coordination de l’aide
humanitaire en vue de son efficacité. De concert avec le système humanitaire, il doit
identifier les besoins et orienter les ONG qui veulent aider. Cela permettra d’éviter qu’une
kyrielle d’ONG intervient dans un même secteur, alors que d’autres ont des besoins
urgents.
10. Mise en garde
17. Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) met en garde ceux qui
se frottent les mains pour s’enrichir au détriment des victimes, comme ce fut le cas après
le séisme du 12 janvier 2010 ainsi que d’autres catastrophes en Haïti et aussi ceux qui
avaient dépouillé les structures de l’État de ses ressources par la corruption, le vol… mais
qui vont en profiter pour faire campagne politique.
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