Études des biomes terrestres - Forêt tropicale humide LBOE2121
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Études des biomes terrestres LBOE2121 Forêt tropicale humide Filipe Dias de Oliveira Jonathan Drugmand Master en biologie des organismes et écologie Année académique 2018-2019
Introduction générale Les forêts tropicales humides constituent le biome le plus riche en biodiversité sur Terre. Les surfaces appartenant à ce biome se trouvent entre le tropique du Cancer (23°27’N) et le tropique du Capricorne (23°27’S). Il est ainsi caractérisé par un climat chaud (~27°C) constant toute l’année. De plus, les précipitations y sont assez élevées, en moyenne 2000 mm par année rendant ces forêts constamment humides. La superficie totale des forêts tropicales humides s’étend sur environ 20 millions km2 et se concentre surtout dans 3 régions : Amérique du Sud, l’Afrique centrale et l’Asie du Sud-Est (voir figure 1). Figure 1. Carte représentant les différents biomes. Nous pouvons observer que les forêts s’étendent surtout sur l’Amérique du Sud, l’Afrique centrale et l’Asie du Sud-Est. (Source : https://en.wikibooks.org/wiki/HKDSE_Geography/M6/Tropical_Rainforests) La forêt tropicale humide est composée d’innombrables espèces de plantes, d’animaux, de champignons et microorganismes et forme ainsi un des biomes les plus complexes mais en même temps un des plus fragiles. Nous y trouvons cette grande immensité de biodiversité car la forêt vierge telle que l’on la connaît aujourd’hui ou pouvons encore la connaître dans quelques milieux isolés de la civilisation, est un écosystème qui évolue depuis 60 à 100 millions d’années et qui n’a pas subi les dernières glaciations. En revanche, aujourd’hui d’immenses perturbations sont en train de détruire ces forêts et la biodiversité y résidant. Dans le monde, l’état actuel des forêts tropicales est estimé comme étant composé de 24% de forêts intactes, 46% de fragmentées et 30% dégradées autrement (Lewis, Edwards, & Galbraith, 2015). L’impact de l’être humain sur les forêts tropicales humides aurait potentiellement commencé il y a de cela 45 000 ans. Depuis cette période, cet impact n’a fait que s’étendre que ce soit en surface ou en intensité (Roberts, Boivin, & Kaplan, 2018). Il y aurait 3 tendances qui influenceraient principalement la santé et les fonctions de la forêt tropicale dans un passé récent (Lewis et al., 2015) : - La déforestation principalement pour l’agriculture et les exploitations minières. - La dégradation des forêts restantes via la chasse, l’exploitation du bois sélective, les feux, la fragmentation et les effets de bord qui en découlent. - Régénération de la forêt secondaire. Ces tendances sont influencées par le domaine socioéconomique, s’effectuent à des niveaux locaux ou sur des marchés internationaux et se font de manière légale et illégale. Cela rend ainsi leur gestion et régulation difficiles (Lewis et al., 2015). Dans ce rapport nous allons d’abord essayer d’analyser les facteurs humains qui perturbent le plus fortement ce biome. D’un côté, nous allons essayer de distinguer entre les facteurs observables aujourd’hui et ceux potentiellement nuisibles dans futur proche. De l’autre côté, nous allons aussi essayer examiner quelques impacts que ces facteurs peuvent avoir sur chaque taxon et à la fin essayer de comprendre s’il existe des liens ou des renforcements (synergies) entre les différentes perturbations appliquées à ce biome. Par la suite, nous allons essayer de mettre en lien ces facteurs perturbateurs avec nos comportements quotidiens ici en Europe et plus précisément en Belgique. Grâce à cette analyse nous allons pouvoir proposer des solutions concrètes afin de diminuer ces perturbations et les effets désastreux sur la biodiversité dans les forêts tropicales humides. Ainsi dans nos analyses, nous allons surtout nous concentrer sur les 3 grandes régions de forêts tropicales, que sont la forêt amazonienne, la forêt du bassin du Congo et la forêt de l’Indonésie-Malaisie. 1
Les facteurs d’activité humaine impactant la forêt tropicale humide La déforestation est le facteur le plus important auquel les forêts tropicales humides sont confrontées. Ainsi, entre 1990 et 2015, 240 millions ha de forêts dans le monde ont été perdus dont la majorité dans les régions tropicales. La transformation en terres agricoles serait à l’origine de 50% de ces pertes. Ainsi, la déforestation en tant que perturbateur des forêts peut être considérée plutôt comme une nécessité pour les diverses activités humaines qui elles à leur tour sont à l’origine de multiples autres facteurs impactant chacun différemment ce biome. Les dégradations de la forêt sont bien souvent plus difficiles à discerner et à quantifier que la déforestation. Nous allons ainsi dans la suite du rapport voir en détail quelques-uns d’entre eux : 1. Perte & fragmentation des habitats La déforestation est concomitante à la perte et à la fragmentation des habitats (Taubert et al., 2018). Des parcelles de forêt sont retirées entraînant la formation de plusieurs petites parcelles. C’est pourquoi la fragmentation est bien souvent inséparable de la destruction des habitats. Certaines des principales causes de la perte et fragmentation des habitats sont l’agriculture, l’exploitation forestière, la construction des routes, extraction des carburants minéraux et fossiles, minage et les barrages hydroélectriques (Malhi, Gardner, Goldsmith, Silman, & Zelazowski, 2014). La fragmentation a deux principaux impacts sur la santé de la forêt tropicale. Tout d’abord, la connectivité est réduite, ce qui perturbe la dynamique de métapopulations, entraînant plus de pertes dans les fragments plus petits (Lewis et al., 2015). Toutefois, bien que la théorie montre bien que les espèces présentes dans des habitats fragmentés se dirigent vers l’extinction, la persistance de certaines espèces face à ces conditions rendent difficiles les prédictions précises (Malhi et al., 2014). Ensuite, l’augmentation du nombre de fragments augmente l’effet de bord. Ces effets de bord peuvent pénétrer très profondément à l’intérieur des forêts et entraîner une plus grande mortalité des arbres et des changements de composition spécifique de la forêt (Lewis et al., 2015). Les zones en bordure possèdent des conditions plus difficiles étant plus chaudes et sèches que l’intérieur de la forêt. Ces effets peuvent se ressentir assez loin à l’intérieur, jusqu’à plusieurs centaines de mètres (Primack, 2012). Les plus grandes fluctuations entraînent plus de mortalité des grands arbres, plus de trous dans la canopée et la prolifération de plantes pionnières ou de mauvaises herbes. L’entretien des bords de route via les herbicides, feux et abatages entraîne encore plus de stress sur les bords des forêts (Laurance, Goosem, & Laurance, 2009). La fragmentation survient rarement indépendamment d’autres pressions exercées par les humains. D’ailleurs de nombreuses études commencent à montrer les effets synergiques avec l’exploitation forestière, les incendies et la chasse notamment (Malhi et al., 2014). Ainsi, 20% des forêts restantes au monde sont à moins de 100m de la civilisation humaine (champs agricoles, villes, etc.) et 70% le sont à 1km (Laurance et al., 2002). La figure 2 nous montre que cette distance par rapport au bord semble être beaucoup plus importante au niveau de la forêt atlantique brésilienne (90% était à plus de 2km du bord dans l’histoire contre 9% seulement aujourd’hui) que dans le cas de la forêt amazonienne où pour le moment la plus grande proportion de la forêt semble encore assez isolée (90% dans le passé et aujourd’hui encore 75% de la forêt se situe à 2 km du bord) (Haddad et al., 2015). Figure 2. Fragmentation de la forêt tropicale brésilienne et ses effets de bords. (C) Représentation graphique du taux de forêt amazonienne à une certaine distance du bord. (E) Représentation graphique du taux de forêt atlantique à une certaine distance du bord. (D) Nombre de fragments (103) par rapport à leur taille respectives pour la forêt amazonienne et (F) pour la forêt atlantique. (Haddad et al., 2015) 2
2. Défaunation En plus de la perte des arbres et donc des habitats via la déforestation notamment, les perturbations dans les communautés fauniques ont aussi des impacts néfastes sur la biodiversité des forêts tropicales humides. Ces perturbations surviennent via la chasse, la fragmentation des habitats, les épidémies de maladies, et leurs synergies (Malhi et al., 2014). Il n’y aurait plus que 12% de forêts tropicales denses avec peu de perturbations de leurs écosystèmes et peu de défaunation (Malhi et al., 2014). L’intensité de la défaunation est directement liée à la pression des populations humaines proches des forêts. Les espèces d’invertébrés terrestres montrent un déclin en abondance de près de 25% en moyenne ; chez les invertébrés, 67% des populations surveillées montrent un déclin de l’ordre de 45% (Dirzo et al., 2014). La perte de grands invertébrés a un impact important aussi sur les plantes, ceux-ci ont en effet des interactions écologiques vitales telles que l’herbivorie ou encore la dispersion des graines. De plus, les effets combinés de la chasse et de la fragmentation des habitats entraîneraient de grandes pertes chez les petites espèces. Près de 90% des espèces de plantes tropicales doivent obligatoirement avoir une dispersion ou une pollinisation animale, par conséquent la perte de vertébrés entraîne une plus faible capacité de dispersion des graines de ces arbres (Malhi et al., 2014). Il pourrait ainsi y avoir un fort changement de composition des forêts à l’avenir sauf pour l’Asie où ce sont principalement des espèces de la famille des Diptérocarpacées qui dominent (fruits secs dispersés à faible distance et dispersion par le vent) (Blanc P., 1997; Lewis et al., 2015). Finalement, les changements dans les communautés fauniques pourraient avoir un impact sur la structure des forêts avec de possibles baisses en nombre d’individus et en biomasse. Ainsi, en Afrique, une étude comparant une forêt non perturbée à une forêt subissant la chasse montre une perte de près de 34% de la biomasse (Poulsen, Clark, & Palmer, 2013). 3. Plantations (Exemple de l’huile de palme) Il existe différents types de plantations. Cela peut aller des petits agriculteurs locaux qui cultivent leur subsistance jusqu’à de larges cultures agro-industrielles et pastoralisme (huile de palme, soja, bétail) destinés à l’export. Ces dernières sont régulées par les connections économiques aux marchés régionaux et globaux ainsi que par les investissements et les infrastructures de transport (Laurance, Sayer, & Cassman, 2014; Malhi et al., 2014). Ce sont surtout les plantations à but industriel qui ont de grands impacts sur la biodiversité, on peut citer par exemple le cas de l’huile de palme. Ainsi, entre 1990 et 2005 les surfaces Figure 3. Photographie montrant la différence flagrante entre les plantations d’huile de palme allouées aux plantations de l’huile de palme sont passés de 1,8 et la forêt vierge. (Source : nopalm.org) million d’ha à 4,2 millions d’ha en Malaisie et de 4,4 millions d’ha à 6,1 millions d’ha en Indonésie (Fitzherbert et al., 2008). Les plantations d’huile de palme ont remplacé de grandes zones de forêts en Asie du sud-est notamment. Ces plantations peuvent accueillir moins d’espèces et surtout moins d’espèces spécialistes que les forêts vierges et même moins que d’autres cultures (comme le café ou le caoutchouc) (Fitzherbert et al., 2008). En tout, seulement 15% des espèces rencontrés dans la forêt vierge peuvent être aussi observé dans les plantations (Fitzherbert et al., 2008). Ainsi, dans ces plantations on trouve surtout des espèces généralistes non-forestières voire des espèces invasives. Par exemple, dans des plantations d’huile de palme en Malaisie on peut trouver 40 % d’espèces de fourmis non-natives comme Anoplolepis gracilipes mais aussi beaucoup de rongeurs attirant des pythons comme Python brongersmai (Fitzherbert et al., 2008). Il est dorénavant possible de conclure que les plantations de l’huile de palme (mais on peut le considérer aussi pour les autres plantations à grande échelle) sont très pauvre en biodiversité, mais en plus favorisent la fragmentation des habitats, l’effet de bord, voire la pollution aux insecticides et herbicides qui à leur tour constituent une menace pour cet écosystème fragile (Fitzherbert et al., 2008). En revanche, selon les dernières estimations, 410 à 570 millions d’ha de forêts sont potentiellement adaptés à la cultivation de l’huile de palme à travers le monde (Fitzherbert et al., 2008). 3
4. Les infrastructures linéaires Les infrastructures linéaires (routes, ligne électrique, canalisations, etc.) sont typiques chez l’homme et ont un impact significatif sur les écosystèmes. Elles semblent avoir un impact plus important sur les forêts tropicales que sur d’autres biomes (Trombulak & Frissell, 2000). En effet, premièrement, la forêt tropicale recèle un grand nombre d’espèces spécialisées pour la vie à l’intérieur de la forêt avec une luminosité amoindrie et une forte humidité. Ainsi beaucoup d’espèces possèdent des caractéristiques uniques et leur biotope est extrêmement fragile face à l’apparition des routes et ouverture du milieu. Deuxièmement, d’un point de vue socioéconomique, les forêts tropicales humides se situent principalement dans des pays en voie de développement. Ceux-ci sont sujets à une forte augmentation démographique, un développement économique élevé et une exploitation intense des ressources naturelles. Il y a un besoin croissant de voies de déplacement à travers les forêts notamment pour les chasseurs, mineurs et exploitants de la forêt (Laurance et al., 2009). La formation des axes routiers a un impact sur les sols, l’hydrologie et sur les écosystèmes aquatiques (Kleinschroth & Healey, 2017). Ainsi dans certains cas, il peut y avoir des problèmes de drainage de l’eau dans le sol menant à des inondations en amont et donc à la mort de groupes de végétation. En aval, l’eau ne descendant plus, ce sont des sécheresses auxquelles est confrontée la végétation. Il faut citer aussi les problèmes d’érosion et de sédimentation causés par les travaux et qui impactent les écosystèmes aquatiques (Laurance et al., 2009). Les routes relâchent beaucoup de polluants (poussière, métaux lourds, nutriments, ozone et molécules organiques) qui impactent principalement les cours d’eau et zones humides alentours. La pollution de l’eau va impacter les invertébrés et vertébrés aquatiques et l’augmentation en nutriments peut mener à l’eutrophisation des cours d’eau (Laurance et al., 2009). Beaucoup d’espèces sont sujettes à la mortalité sur les routes. Ce sont souvent des espèces vivant sur le sol et se déplaçant lentement (amphibiens, reptiles et petits mammifères) qui ont le plus de chances d’être écrasées. Mais beaucoup d’autre organismes sont impactés, comme des espèces volantes ou même des espèces arboricoles. Outre la mortalité par le passage de véhicules qui se limite à la route et à ses alentours immédiats, la chasse a un impact sur une région bien plus grande (pouvant s’étaler sur plusieurs km) avec les chasseurs qui ont accès grâce aux routes à plus de zones de chasses (pour chasser des primates qui rapporte gros grâce aux développement de la viande de brousse par exemple) (Kleinschroth & Healey, 2017; Laurance et al., 2009). De plus, les méthodes utilisées pour la construction de ces structures linéaires, comme le défrichage, les feux de forêts favorise l’apparition successive d’espèces opportunistes souvent invasives qui souvent posent des problèmes à la faune et flore indigène (Laurance et al., 2009). Figure 4. Aujourd’hui le seul moyen pour lutter contre les accidents semblent les différents panneaux de signalisations (a, b & c) et les contournements des routes (d & e). (Laurence et al., 2009) 5. Les espèces invasives Les activités humaines ont sélectivement retiré des espèces des forêts mais elles en ont aussi introduit. Un grand nombre d’espèces invasives et de maladies ont été introduites et ce principalement dans les îles océaniques. Cela a entraîné l’extinction de beaucoup d’espèces et a mené à des dégradations dans la pollinisation, la dispersion et chez les prédateurs qui permettent à la forêt de survivre (Lewis et al., 2015). Ces espèces invasives sont nombreuses et très diversifiées allant des fourmis aux vertébrés et en passant par les plantes. Certaines ont des impacts très négatifs sur les espèces indigènes et en causent la disparition ou des fortes pertes démographiques des populations. Les forêts tropicales sur les petites iles sont particulièrement sensibles à ces phénomènes. En effet, étant plus isolées, elles possèdent plus d’espèces endémiques qui ont peu de prédateurs naturels (Malhi et al., 2014). Un 4
exemple connu est le cas de Boiga irregularis, un serpent relâché accidentellement sur le territoire de Guam. Ce serpent s’est très bien acclimaté et en se répandant a causé la presque extinction de la plupart des espèces natives d’oiseaux, de chauve-souris et de lézards. Il aurait aussi eu un impact sur les plantes natives (Fritts, Frittsusgsgov, & Rodda, 1998; Mortensen, Dupont, & Olesen, 2008). Les forêts continentales ou les plus larges îles sont moins impactées par les espèces invasives. C’est surtout sur les bords des forêts et via les routes que se propagent les espèces invasives. L’intensification de l’exploitation des zones forestières va surement permettre une plus grande expansion des espèces invasives. Dans les plantations d’huile de palme notamment, il y a eu le cas de la fourmi Anoplolepis gracilipes (voir plus haut) (Bos, Tylianakis, Steffan-Dewenter, & Tscharntke, 2008). 6. Feux (Incendies) Les incendies naturels sont très rares dans les forêts tropicales humides. Cependant, les incendies d’origine anthropogénique sont devenus fréquents. Ceux-ci se déclenchent à cause des débris de bois coupés laissés sur place, des conditions plus sèches et plus chaudes dans les zones où la canopée est mise à nu, et les sources d’allumage comme les humains (Lewis et al., 2015). Avant la période industrielle les incendies de grande ampleur ne se développaient que 1 à 2 fois par millénaire dans les forêts tropicales humides. Ces incendies sont maintenant courants dans certaines zones et principalement à proximité des fortes populations humaines. Par conséquent, les forêts humides ne sont pas adaptées pour faire face à ces incendies et même des feux de faible intensité peuvent avoir un impact important sur l’écologie de la forêt (Malhi et al., 2014). 7. Changements climatiques Les températures des forêts tropicales humides ont augmenté d’environ 0.25°C par décade depuis les 1970’s, il est prévu que la température moyenne augmente de 3 à 6°C durant le 21ème siècle (Malhi et al., 2009). Dans les zones déforestées, le réchauffement s’accroit encore plus dû à une baisse de surface capable d’évapotranspiration, et la formation de moins de nuages et donc de moins persistance et de réflectance (Malhi et al., 2014). Les espèces tropicales semblent avoir des niches thermales plus étroites et seraient donc plus sensibles à une hausse de température. Cela aurait été montré chez des insectes, lézards et oiseaux (Araújo et al., 2013; Malhi et al., 2014). Par contraste, beaucoup de taxa des arbres modernes des forêts tropicales trouvent leur origine dans des périodes plus chaudes d’environ 3°C, cela pourrait suggérer qu’ils peuvent s’acclimater à des températures plus élevées (Dick, Lewis, Maslin, & Bermingham, 2012). Le point le plus important de ce réchauffement est sa vitesse, celle-ci est bien plus rapide que tous les précédents réchauffements dans les forêts tropicales (Malhi et al., 2014). La plupart des modèles prédisent qu’avec une augmentation de la concentration en CO2, la productivité des forêts tropicales augmenterait. Cette productivité aurait augmenté de 18% depuis la période préindustrielle et pourrait atteindre les 60% dans le cas d’un scénario avec une concentration de 800ppm en CO2 en 2100 (IPCC, 2014; Malhi et al., 2014). L’augmentation en CO2 pourrait avoir un impact sur la composition des forêts, certaines espèces pouvant plus facilement capter de grandes quantités de CO2 et se développant aux dépens d’autres espèces. Un exemple est le cas des lianes tropicales qui augmentent en abondance et biomasse (cela est lié aussi à la fragmentation, incendies, chasse et autres perturbations) et qui est lié à l’augmentation de la mortalité des arbres qui luttent pour l’accès à la lumière (Schnitzer & Bongers, 2011). Les précipitations globales vont se faire plus importantes dans le futur, seulement il y aura plus de variabilité et des périodes de sécheresse plus longues (IPCC, 2014; Malhi et al., 2014). Ces changements de précipitation auront des impacts sur la végétation notamment mais aussi sur la faune et les interactions biotique telles que l’herbivorie, la pollinisation et les pressions des pathogènes (Malhi et al., 2014). 8. Synergies entre les facteurs Nous venons de voir toute une série de facteurs affectant sévèrement les forêts tropicales humides. En effet, les impacts sont largement documentés dans la littérature scientifique. En revanche, on trouve rarement l’impact de facteurs pris ensemble. On parle très peu d’effet synergiques ou antagonistes dans la littérature scientifique alors que c’est un phénomène important à prendre en compte. En effet, si nous voulons quantifier la perte en biodiversité dû au facteur le plus important qui est la destruction et la fragmentation de l’habitat, nous devons aussi prendre en compte que ce facteur facilite l’accès aux espèces invasives, facilite l’accès au chasseur (marché de la viande de brousse en expansion), change les microclimats et les conditions physico-chimiques des sols. 5
Le défrichement provoque un assèchement du milieu provoquant des feux ou un changement dans les précipitations. C’est ainsi qu’au Costa Rica, pendant les années 80, 40% des 50 espèces endémiques se sont éteintes (Pounds et al., 1999). Aujourd’hui ce désastre écologique trouve son origine dans l’impact synergique du réchauffement climatique et de la propagation de maladies (Pounds et al., 2006). Mais est-ce que ces effets synergiques sont dans sa globalité et surtout au futur, en comparant avec les autres biomes, très importants à prendre en compte ? En effet, en analysant l’influence des perturbateurs les plus importants sur la biodiversité dans tous les biomes, nous pouvons considérer que les forêts tropicales humides sont largement menacées surtout par la destruction (fragmentation, perte, conversion) des habitats (voir figure 5) et que par conséquent d’un point de vue synergique l’impact reste largement dominé par l’influence de ce seul facteur (Sala et al., 2000). En revanche, comme le biome méditerranéen est impacté par plusieurs facteurs à la fois de manière équivalente, leur synergie rendra l’impact global encore plus important (Sala et al., 2000). Figure 5. Figure à gauche montre l’impact de chaque facteur sur les différents biomes (de gauche à droite : Destruction de l’habitat, changement climatique, déposition en azote, espèces invasives, CO2 atmosphérique). Figure en haut, représentation de l’impact des synergies entre les différents facteurs sur les différents biomes à travers le monde (Rouge : synergie importante ; bleu : synergie pas importante). (Sala et al., 2000). Nos comportements quotidiens et quelles solutions existent-t-il ? Ainsi nous venons de voir dans le chapitre sur les facteurs perturbants ce biome, que la déforestation de la forêt en elle-même n’est pas le facteur qui influence la biodiversité. En effet, la déforestation doit être considérée comme la perte et la fragmentation de l’habitat et est la majeure menace à laquelle la biodiversité fait face dans les forêts tropicales humides. En revanche, il ne faut pas oublier que la construction de routes, la pollution, les accidents avec des véhicules, etc. sont tous aussi des menaces qui pèsent sur la biodiversité. Ainsi, même si nous allons dans ce chapitre considérer que tous nos comportements affectant la biodiversité ont surtout comme conséquence la déforestation, il faut toujours garder à l’esprit que pleins d’autres menaces indirectes émergent de nos comportements. 1. Plantations agricoles Les biomes tropicaux possèdent le climat parfait pour faire croître toute une série de plantes comestibles. Ainsi, aujourd’hui seulement 5 types de plantations sont responsables de la déforestation de ces forêts à travers le monde : le soja pour 19%, le maïs pour 11%, l’huile de palme pour 8%, le riz pour 6% et la canne à sucre pour 5% (WWF, 2015). Ainsi, au total 22,4 millions d’ha de terres cultivées sont vendues au marché international dont 33%, soit 7,4 millions d’ha, sont importés et consommés par l’union européenne. Ainsi, la figure 6 nous montre bien l’importance que prennent l’importation du soja (provenant du Brésil) ou l’huile de palme (de l’Indonésie) dans la déforestation de forêts tropicales. Ainsi, nous allons dans la suite de ce paragraphe traitant des plantation agricoles, parler surtout le l’importation du soja en provenance du Brésil et de l’huile de palme de l’Indonésie. 6
Figure 6. Illustration des plantations les plus importées dans l’Union Européenne et son origine. Nous pouvons très nettement voir que la grande majorité du diagramme est remplit par le soja issu du Brésil et l’huile de palme en provenance de l’Indonésie (WWF, 2015). Les plantations de soja (Glycine max) ont vu leur rendement passer de 27 à 270 millions de tonnes par année et ceci en 50 ans ce qui équivaut à une surface de cultivation de 1 million de km2 (France, Allemagne, Belgique et Pays-Bas ensemble) (WWF, 2014). Ainsi, les principaux importateurs de soja sont la Chine et nous, l’Union Européenne ! En revanche où nous, en tant que citoyen, rentrons en jeu est dans l’utilisation du soja importé. En effet, même si une certaine quantité du soja importé est pour la consommation directe de l’humain, la grande majorité de celle- ci, est transformé en tourteau de soja qui est aujourd’hui l’alimentation principale du bétail que nous consommons car riche en protéines permettant une croissance rapide des animaux (Boucher et al., 2011). Ainsi, notre production d’aliments issu de bétails a crû en 40 ans : 711 % plus de volaille et 294 % celle de porc (FAO, 2011). Mais aujourd’hui le soja est présent dans tellement de nos aliments quotidiens sous différentes formes que le WWF dans son rapport de 2014 a ironisé et je cite : “ Un hamburger peut avoir été élaboré à partir de viande de bœuf élevé au tourteau de soja, de margarine à bas de de soja, de mayonnaise qui contient de la lécithine (émulsifiant) de soja et de pain qui comporte des additifs à base de soja”. Ainsi, l’Union européenne en tant que deuxième plus grand importateur de soja, est responsable du défrichement de 15 millions d’ha (WWF, 2014). A partir de ces 15 millions d’ha il y en a 13 qui sont défrichés en Amérique du Sud. En ce qui concerne la Belgique, nous ne sommes pas les plus gros importateurs de soja de l’Union Européenne qui sont largement dominés par la France, l’Allemagne, l’Italie, le Pays-Bas, l’Espagne et le Royaume-Uni. En revanche en allant plus en détail dans l’utilisation de surface pour la cultivation de soja par 100 habitants, le podium est partagé entre la Pays-Bas, le Luxembourg et le Portugal. La Belgique se place facilement en 7ème place sur 28. Une place honorable donc… (voir figure 7). Figure 7. Histogramme de la superficie nécessaire pour satisfaire les besoins en soja par pays de l’UE. Nous pouvons clairement y voir que le podium est partagé entre le Pays-Bas, le Luxembourg et le Portugal (WWF, 2015). 7
L’huile de palme (Elaeis guineensis) est cultivée sur une surface de 13,5 millions d’ha (Corley et al., 2009) et provient à 80% de l'Indonésie (45%) et Malaisie (39%). Ainsi, l’huile de palme est présente dans 30 % de tous les aliments de notre quotidien (sans prendre en compte celui qui est utilisé pour nourrir le bétail) (WWF, 2011). L’autre pourcentage est surtout utilisé à travers les dérivés de l’huile et ceci dans plusieurs secteurs allant de la cosmétique au carburant. Comme déjà mentionné la majorité de l’huile de palme est utilisée dans une forme quelconque dans l’alimentation. En Europe en revanche, il y a quelques années, il y a eu un boom de biocarburants dans un prétexte de réduction des gazes à effet de serre. Les sols et la végétation sont les systèmes sur terre stockant le plus de carbone, 2,7 fois plus que l’atmosphère en stocke sous forme de CO2 (Fargione et al., 2008). Ainsi, la conversion des forêts vierges pour la plantation d’huiles végétales destinés à être brûlés dans les moteurs des européens, relâche une quantité énorme en CO2. Et cette quantité énorme, nous pouvons la considérer comme une « dette carbone » qui pourra prendre jusqu’à 50 ans voire plus à être « payée », car les voitures roulant avec du biodiesel produisent moins de CO2 que celles utilisant du carburant classique (Fargione et al., 2008). Mais jusqu’à ce moment précis, l’utilisation de biodiesel n’est pas du tout écologique comparée au diesel classique ou à l’essence. En revanche, si les plantations ne provoquent pas des conversions des forêts vierges, par exemple des plantations sur des terres abandonnées et dégradées, alors cette méthode pourrait être d’utilité. Bien sûr pas pour les producteurs, puisque de telles surfaces ne sont plus très fertiles et par conséquent les rendements médiocres. Dans le chapitre sur les facteurs impactant la forêt tropicale, nous expliquons en détail les impacts négatifs que ces cultivations peuvent avoir sur la biodiversité. Ainsi, se sentant responsable de cette problématique que peut un citoyen belge faire pour améliorer la situation ? Au niveau politique et global ou au niveau des entreprises important et utilisant ces produits il existe toute une série de mesures pouvant être entreprises. Ainsi, les politiciens doivent tout simplement exiger de pays producteurs des normes environnementales sévères à respecter, quitte à élever les prix ?! Sinon, les entreprises doivent avoir recours à de la marchandise respectant des normes environnementales. Pour ça ils peuvent avoir recours au “Consumer Goods Forum” ou à la certification de produits (RTRS - Round Table for Responsible Soja ; RSPO - Roundtable on Sustainable Palm Oil). Sinon au niveau citoyen, nous pouvons aussi faire plein d’actions. D’abord en tant que consommateur nous avons le choix d’acheter ce que nous voulons et nous avons le choix de manger ce que nous voulons. Par conséquent, il est important de réduire la consommation de viande et le gaspillage de nourriture. Plus on jette des aliments à base de soja ou huile de palme, plus de terres seront défrichées pour produire un soja qui à la fin finira à la poubelle. Préférez les aliments contenant du soja et huile de palme certifiés. Bannir les biocarburants qui sont ont un déficit carbone beaucoup trop long et un impact trop important sur la biodiversité pour pouvoir être utilisé à long terme. 2. Notre consommation en bois & papier Selon les dernières estimations du WWF en novembre 2018, la Belgique achète de l’ordre de 8,2 milliards € de matériaux issus du bois (bois brut, papier,) en sachant que les importations en papier est plus grande que celle en bois (voir figure 8). Figure 8. Graphique représentant les proportions de chaque matériau issu du bois importé en Belgique (moyenne annuelle entre 2012 à 2017). Nous pouvons remarquer que la Belgique importe surtout du papier dans toutes ces formes (WWF, 2018). 8
Ce bois provient de 171 pays différents et la surface nécessaire pour alimenter ce flux continu en matériaux issu du bois est de l’ordre de 4,46 millions d’ha en sachant qu’il y a eu une augmentation récente de la superficie nécessaire (entre 2016 et 2017) de l’ordre de 28 % (WWF, 2018). Pour avoir une idée de l’ordre de grandeur de nos besoins en matériaux issu du bois, il serait nécessaire d’avoir 6,5 fois la surface de nos propres forêts pour satisfaire nos besoins (WWF, 2018). La provenance du bois en revanche est très diverse. Le plus grand contributeur est la Russie avec 457 730 ha. La deuxième place est partagée entre le Brésil (106 173 ha) et la Chine (104 357 ha). L’Indonésie avec ces 59 361 ha et le Cameroun avec 24 404 ha restent aussi des gros contributeurs (WWF, 2018). Ainsi, il est important de mentionner que la moitié des importations semble issue de l’Europe (ce qui épargne déjà les forêts tropicales). De plus, il semble que de nombreux contrôles de légalité sont réalisés par les autorités belges sur les bois tropicaux, à l’opposé de ce qu’on trouve pour le bois en provenance de Russie ou de la Chine. En revanche aucun contrôle sur la productivité durable ou écologique n’est mené. Ainsi, selon les dernières études, seulement ¼ des importations de bois tropical est marqué avec un des certificats tels que le FSC (Forest Stewardship Council) ou le PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification). Ainsi, le gouvernement belge doit surtout avancer dans cette direction de 100% de bois issu des milieux tropicaux certifiés FSC qui est la certification la plus importante d’un point de vue écologique. Pour rappel ce certificat est une preuve que l’exploitation du bois n’a pas eu comme conséquence : la déforestation, la menace de peuples indigènes ou l’exploitation de travailleurs. Ainsi nous pouvons bien voir que l’état belge en matière d’importations de bois a encore du pain sur la planche. En même temps le consommateur peut tout à fait adapter son mode de consommation de bois en favorisant tout d’abord les matériaux recyclés. Puis opter seulement pour les matériaux certifiés (surtout FSC) et comme pour tout autre matériel éviter le gaspillage. 3. Quid du barbecue de l’été ? Le charbon de bois utilisé dans nos barbecues pendant l’été est un grand contributeur de la destruction des forêts tropicales (WWF, 2018). En dépit de ce constat, l’importation du charbon de bois issu de la déforestation, ne semble pas plus déranger l’Union Européenne car elle continue à importer ce matériel sans réglementation quelconque. C’est ainsi qu’encore une fois le WWF Belgique s’est lancé dans l’analyse de différents sacs à charbon afin de trouver l’origine du charbon. Le constat est effrayant : 61% ne donnaient aucune origine ; 50% de ceux qui mentionnaient l’origine, étaient en partie ou totalement du bois issu des forêts tropicales sans pour autant être certifié (WWF, 2018). Le pire c’est que le consommateur est totalement dépourvu et même un grand défenseur des forêts primaires, peut acheter sans le savoir, du charbon de bois issu de la déforestation ! Ainsi, la Belgique importe en moyenne 71 000 tonnes de charbon par an issu surtout à moitié du Nigeria (WWF, 2018). Mais une partie de ces importations est réexportée vers la France par exemple. En sachant que le Nigeria est le pays avec le plus haut taux de déforestation (5% de forêts sont perdues chaque année !) la Belgique a un rôle important à jouer dans ce domaine (FAO, 2016). Ainsi, l’UE semble contrôler l’origine du bois, en revanche, cette réglementation contient un défaut, celui de ne pas inclure le charbon de bois. Ainsi en guise de conclusion, comme pour l’achat du bois, le consommateur doit prendre l’initiative de favoriser les charbons certifiés FSC au risque de contribuer à la déforestation de forêts tropicales et tous ces impacts sur la biodiversité. 4. Nos rejets de gaz à effet de serre Comme expliqué dans la section sur les facteurs impactant ce biome, le réchauffement climatique est un perturbateur important de ce biome et le sera encore plus dans le futur. En revanche, nous n’allons pas nous pencher trop longtemps sur la question de nos habitudes quotidiennes sur le rejet des gaz à effet de serre qui provoque ce changement climatique. En effet, toutes nos activités liées à la consommation en énergie issue de la combustion fossile (chauffage, électricité, etc.) peuvent être drastiquement réduites par un changement de nos habitudes quotidiennes en matière d’énergie. Mais il faut se rappeler que consommer de la viande provoque aussi un rejet important de gaz à effet de serre au même niveau que conduire ou prendre des véhicules à moteur thermique. Mais consommer tous les autres produits qui ont contribué à la conversion des surfaces tropicales relâche aussi du CO2 (voir plus haut) par la perte du carbone que les forêts vierges stockent abondamment. 9
Conclusion En guise de conclusion, nous pouvons dire que la forêt tropicale humide est un biome très en danger de par les activités humaines. Le facteur le plus important semble être la destruction de l’habitat et la fragmentation qui en suit. En revanche, des effets synergiques pourront localement renforcer différents facteurs et ainsi ensemble être plus problématique à l’égard de la biodiversité. Nous en tant que citoyen avons une part de responsabilité dans cette destruction. Par nos habitudes quotidiennes nous avons, sans vraiment en prendre conscience, une grande influence sur la biodiversité des forêts tropicales humides si lointaines de chez nous. Mais des solutions existent. Que ce soit au niveau de nos habitudes quotidiennes ou des actions des hauts responsables nous pouvons encore faire inverser la situation et améliorer la situation de ce biome si riche en vie. Bibliographie Araújo, M. B., Ferri-Yáñez, F., Bozinovic, F., Marquet, P. A., Valladares, F., & Chown, S. L. 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