Rapport 2018 sur le développement durable - Chiffres et faits concernant l'état de la forêt bernoise
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Rapport 2018 sur le développement durable Chiffres et faits concernant l'état de la forêt bernoise Office des forêts (OFOR) Direction de l'économie publique (ECO)
Avant-propos 3 Introduction 4 Ressources 5 Aire forestière 5 Structure de la forêt par classes d'âge 6 Volume sur pied 6 Essences 8 Santé et vitalité 9 Polluants 9 Organismes nuisibles 10 Incendies de forêt 12 Impact de la faune sauvage 14 Production de bois 15 Exploitation 15 Accroissement/potentiel d'exploitation 16 Biodiversité 18 Habitats forestiers particuliers 18 Interconnexion 19 Bois mort 20 Forêt protectrice 22 Socio-économie 25 Structures de gestion 25 Employés 27 Résultat 28 Digression: subventions d'encouragement 28 Loisirs et détente 30 Conclusion 32 Bibliographie et données 35
Avant-propos En 2018, nous considérons ce problème sous un autre angle: il est important d'exploiter suffi- samment la forêt, d'autant plus que le bois, actuellement à la mode, est très demandé. Nous constatons toutefois qu'une grande partie de cette demande La forêt sert d'habitat, d'espace est couverte par des importations. de détente, de lieu de travail, Pour que l'économie forestière de réservoir d'eau et de poumon indigène parvienne à réaliser son vert, elle fournit du bois et assure potentiel, elle doit gagner en la protection contre les dangers compétitivité. naturels. Ces prestations sont vitales pour nous. La forêt, par Des mesures s'imposent donc contre, n'a pas besoin de nous dans le domaine socio-éco- pour sa survie. nomique. L'Office des forêts a par conséquent développé des Comment se porte la forêt stratégies dans ce domaine et Là aussi, toutes les parties con- bernoise? Dans son rapport lancé, en collaboration avec cernées doivent collaborer au- 2018 sur le développement l'association Propriétaires de delà des limites forestières. durable, l'Office des forêts a forêts bernois, «l'Initiative bois réuni pour la troisième fois de- BE» et le programme «Eco- La forêt n'a pas besoin de nous, puis 2008 des chiffres et faits nomie forestière durable BE». mais nous avons besoin d'elle. sur l'état de la forêt bernoise. Dans le secteur forestier, la res- C'est pourquoi nous tenons à Si les défis rencontrés n'ont ponsabilité individuelle joue l'exploiter conformément aux guère évolué au cours des dix un rôle crucial: l'économie fo- principes du développement du- dernières années, la manière restière et l'industrie du bois rable. A cet effet, nous faisons de les affronter a changé. doivent adopter une orienta- appel à tous les acteurs concer- tion entrepreneuriale. Les pou- nés : aux propriétaires de forêts, Le rapport de 2008 était notam- voirs publics les soutiennent aux milieux de l'économie fores- ment consacré au grand volume dans cette tâche en leur offrant tière, aux industriels du bois, de bois sur pied des forêts ber- de bonnes conditions-cadres. aux pouvoirs publics ainsi qu'à noises: il préconisait une exploi- tous ceux et celles qui passent tation accrue de la forêt pour Il faut également améliorer la du temps en forêt pour s'y dé- permettre son rajeunissement. santé des forêts, qui souffrent tendre, cueillir des champignons, Cinq ans plus tard, ce volume a sous l'effet du changement cli- faire du sport, se promener, chas- certes baissé, mais il restait trop matique, des ravageurs et de la ser ou faire la fête. élevé. faune sauvage. Conseiller d'Etat Christoph Ammann Directeur de l'économie publique du canton de Berne
Introduction Le rapport se base également sur les évaluations de l'inventaire forestier na- tional (IFN), complétées par d'autres sources de données et études. Les in- exactitudes des données IFN ne sont pas mentionnées pour des questions de lisibilité, mais elles sont prises en Qu'en est-il du développement dura- compte dans les interprétations. Des ble dans les forêts bernoises? L'Office comparaisons avec les chiffres des des forêts s'est penché pour la première rapports précédents sont tirées lorsque fois sur cette question il y a dix ans dans la méthodologie le permet. En l'absence son «Rapport 2008 sur le développement de données spécifiquement bernoises, durable. Chiffres et faits concernant les données suisses sont utilisées pour l'état de la forêt bernoise». La deuxième illustrer des tendances générales. édition est parue en 2013. Chaque chapitre commence par un dia- A l'instar des précédents, le rapport gramme. Ce dernier doit donner un 2018 est structuré selon les critères dits aperçu des indicateurs pris en comp- d'Helsinki adoptés il y a vingt-cinq ans te et permettre une première pondé- lors de la Conférence ministérielle sur ration des actions à engager. Comme la protection des forêts en Europe (Res- le chapitre de conclusion, il propo- sources, Santé et vitalité, Production de se de répartir ces actions en trois ca- bois, Biodiversité, Forêt protectrice et tégories distinctes selon leur degré de Conditions socio-économiques). Recon- priorité (mesures de faible priorité/de nu au niveau international, cet ensemble seconde priorité/mesures prioritaires). de critères et d'indicateurs repose sur l'idée d'une gestion durable: la forêt doit Une série de portraits viennent illustrer être entretenue de manière à préserver les différents chapitres. Ces photos met- sa biodiversité, son potentiel de pro- tent à l'honneur les divers acteurs qui duction, sa capacité de régénération et s'engagent pour la forêt bernoise en dé- sa vitalité. fendant leurs intérêts respectifs.
Ressources Nécessité d'agir grande moyenne faible Les ressources de la forêt bernoise sont globale- ment intactes. Les outils proposés par la législa- tion sur les forêts sont suffisants pour contenir la pression croissante exercée sur l'aire forestière. Si les peuplements âgés de plus de 120 ans res- tent nombreux, le rajeunissement a progressé Aire forestière ces dernières années. Bien qu'il reste important, Selon l'inventaire forestier national, le le volume de bois sur pied a légèrement diminué. canton de Berne compte 183 200 hec- tares de forêt. Au cours des 30 derniè- res années, la part de forêt a légèrement augmenté dans le canton, passant de densifier le tissu bâti représente une me- forêt chaque année. Des mesures de 28,6 pour cent dans les années 80 à nace pour les forêts environnantes. La protection de la nature et du paysage 30,7 pour cent aujourd'hui. Cette pro- nouvelle politique agricole et son système y tiennent lieu de compensation. Dans gression s'est toutefois ralentie durant de paiements directs, qui favorisent les une perspective à long terme, aucune la dernière décennie. paysages ouverts, la biodiversité et la tendance précise ne ressort des de- qualité du paysage, exercent également mandes de défrichement. Alors qu'il y a La forêt progresse sur les surfaces agri- une pression accrue sur la forêt, en par- quelques années, ces dernières étaient coles vouées à l'abandon, en particulier ticulier sur les lisières. surtout déposées pour la construction dans les Préalpes et les Alpes. Par ail- de routes, les transports publics et la leurs, la limite supérieure de la forêt Les autorisations de défrichement, en desserte d'agglomérations, elles relè- s'élève constamment sous l'effet du revanche, n'ont qu'une faible influence vent aujourd'hui plutôt des domaines changement climatique, augmentant sur l'aire forestière totale. Dans le canton de la production et de l'acheminement lentement mais sûrement la surface de Berne, le défrichement est autorisé d'énergie, de la protection contre les colonisable par les arbres. sur une surface légèrement inférieure à crues et de la revitalisation des cours 40 hectares chaque année. Sur 80 pour d'eau. Dans les zones densément peuplées du cent de cette dernière, les défrichements canton de Berne, la pression sur la forêt sont temporaires, si bien qu'un reboise- Les défrichements les plus importants reste forte, lorsqu'elle n'augmente pas ment est possible au même endroit; sur restent générés par l'extraction de tout simplement. La nouvelle politique 10 autres pour cents, le reboisement matières premières dans les gravières d'aménagement du territoire limite cer- a lieu ailleurs. Il ne reste donc que 10 et les carrières, ainsi que par l'aménage- tes la création de zones à bâtir et de zo- pour cent de la surface défrichée (soit ment de décharges. La plupart de ces nes d'affectation, mais l'obligation de moins de 4 hectares) perdue pour la surfaces sont reboisées ultérieurement.
Répartition des surfaces par classes d'âge (%) 1983/85 2009/13 Structure de la forêt par arbres de plus de 120 ans et les peuple- volume sur pied de 347 mètres cubes classes d'âge ments inéquiens représentent presque par hectare. La moyenne suisse se Depuis le premier recensement effectué 50 pour cent de la forêt bernoise. situe à 350 mètres cubes, ce qui re- dans le cadre de l'inventaire forestier présente la valeur la plus élevée parmi national, la forêt bernoise a connu un Volume sur pied les pays européens. Le volume sur pied changement marquant: la proportion Le volume sur pied des forêts bernoises bernois reste donc très élevé. de surface couverte par de jeunes a légèrement baissé au cours des 20 arbres (moins de 40 ans) a presque dernières années (les raisons de cette Dans le cas d'une gestion forestière pro- doublé : elle se monte aujourd'hui à 19 évolution sont expliquées au chapitre fessionnelle et durable, le volume sur pied pour cent, contre 11 pour cent en 1980. consacré à la production de bois en dépend des spécificités locales et des La part des peuplements âgés de 80 à page 15). Selon les chiffres définitifs du objectifs d'exploitation. Les peuplements 120 ans a au contraire baissé. Il s'agit là quatrième inventaire forestier national, présentant un volume sur pied important d'une évolution réjouissante. Pour pou- il se monte à 401 mètres cubes par hec- croissent avec moins de vigueur et cou- voir remplir durablement ses fonctions, tare. La Division forestière Préalpes et le rent plus de risques. Ils subissent notam- une forêt doit en effet se renouveler en Jura bernois présentent des volumes de ment davantage de dommages biotiques permanence. bois sur pied particulièrement importants et abiotiques, ce qui réduit leurs perfor- (respectivement 440m³/ha et 416m³/ha). mances et leur valeur. Les dommages Les peuplements inéquiens représen- Dans la Division Plateau, ce volume abiotiques sont notamment causés par tent toujours la part la plus importante atteint 385 mètres cubes par hectare, les tempêtes, et les dommages biotiques de l'aire forestière (29%). Ils présentent et dans les Alpes, 379 mètres cubes. par les bostryches. une structure étagée et ne peuvent être attribués à aucune catégorie d'âge. On A titre de comparaison, les forêts do- les trouve surtout dans les forêts jardi- maniales bernoises, qui jouissent d'un nées de l'Emmental et les forêts de mon- mode de gestion durable, présentent un tagne jardinées de l'Oberland, qui ont besoin de cette structure pour fournir durablement leurs prestations. Volume sur pied (m³/ha) Canton de Berne Suisse Aucune tendance claire ne se dessine pour les peuplements âgés de plus de 120 ans. Ils occupent aujourd'hui encore 19 pour cent de l'aire forestière totale – un chiffre supérieur à celui d'il y a 30 ans mais inférieur aux résultats de recense- ments plus récents. Pris ensemble, les
savoir Bon à Baisse du volume d'épicéas sur pied Plusieurs facteurs expliquent la baisse du volume d'épicéas sur pied: 1) L'épicéa est l'essence la plus demandée et donc la plus utilisée. 2) La part importante d'épicéas que compte la forêt ber- noises provient surtout de plantations effectuées il y a longtemps. Au cours des dernières décennies, en effet, la priorité a été don- née au rajeunissement naturel. 3) Les racines de l'épicéa crois- sent plutôt à l'horizontale, si bien qu'il offre moins de résistance aux tempêtes que d'autres essences. 4) Il est l'hôte principal du bostryche typographe, le ravageur le plus répandu dans la forêt Mélange d'essences 2009/13 Part de résineux: 72% bernoise. Part de feuillus: 28% Les propriétaires de forêts se trouvent ainsi face à un véritable dilemme: d'un côté, les besoins et la demande de l'industrie du bois incitent toujours à miser sur l'épicéa ; de l'autre, la produc- tion de cette essence présente des risques qui tendent à aug- Essences menter avec le changement climatique. Les deux aspects doivent Depuis les années 80, le mélange d'es- être pris en compte : sur les sites qui s'y prêtent, il faut continuer sences s'est modifié dans le canton de à promouvoir l'épicéa moyennant des concepts sylvicoles Berne: la part de résineux est passée de adéquats. 78 à 72 pour cent, au profit des feuillus. Cette évolution s'explique par la baisse de l'épicéa, gagne-pain du monde fo- restier: il y a 30 ans, 53 pour cent des arbres bernois étaient des épicéas, con- tre 46 pour cent actuellement. L'épicéa reste néanmoins l'essence la plus repré- Part de résineux sentée dans la forêt bernoise, devant le 0 – 20% sapin blanc (23%) et le hêtre (20%). 20 – 50% 50 – 80% La proportion de résineux est particulière- 80 – 100% ment élevée dans les Préalpes. Dans certaines parties du Jura bernois et du Seeland, par contre, les forêts sont composées à plus de 50 pour cent de feuillus. La composition naturelle des forêts dé- pend de leur emplacement, c'est-à-dire de la constitution du sol, de l'altitude et du climat. A basse altitude, les forêts compteraient davantage de feuillus si elles étaient laissées à l'état naturel et non exploitées. Avec le changement cli- matique, les limites de végétation se dé- calent vers le haut, si bien que la propor- tion de feuillus devrait encore augmenter.
Santé et vitalité Nécessité d'agir grande moyenne faible La santé de la forêt est préoccupante: des mesures s'imposent de toute urgence. Les interactions entres apports élevés d'azote, changement climatique et attaques de ra- vageurs décuplent les effets de ces nuisan- ces. L'impact de la faune sauvage reste aussi élevé que les années précédentes. Enfin, les risques d'incendies de forêt liés à la sécheresse s'intensifient toujours. Polluants Dépôts d'azote (kg N/ha/a) L'évolution récente des forêts suisses _ 60 témoigne de l'influence croissante du changement climatique sur la santé des arbres, laquelle se détériore sous l'effet combiné du stress lié au climat et de la pollution. C'est du moins le _0 principal constat dressé par le rapport «34 ans d'observation permanente des forêts» (2018) commandé par la Confé- dération et plusieurs cantons, dont celui de Berne. La forêt bernoise souffre tout particuliè- rement de l'apport élevé d'azote. Le Plateau est le plus touché par ce pro- blème, alors que les Alpes sont la ré- gion la plus épargnée. Environ deux tiers de l'apport d'azote sont imputa- bles à l'agriculture, le dernier tiers pro- venant de l'industrie et des transports.
Les dépôts d'azote influencent notam- magnésium des hêtres sont clairement Organismes nuisibles ment l'accroissement des tiges. Si 25 insuffisantes. Il est probable que ce dé- Dans la protection phytosanitaire, on dis- kilogrammes maximum d'azote par hec- séquilibre nutritionnel rend les arbres tingue les nuisibles dangereux (OND) tare et par année peuvent stimuler lé- touchés moins résistants aux parasites des nuisibles particulièrement dangereux gèrement la croissance, des valeurs et à la sécheresse. Les populations (ONPD). Les OND sont des espèces in- plus élevées freinent cette dernière chez d'épicéas exposées à de forts apports digènes et exotiques tellement répandues le hêtre et l'épicéa. Les concentrations d'azote présentent en effet un taux de qu'il n'est plus possible de les éradiquer élevées d'azote renforcent en outre les mortalité accru en cas de sécheresse. complètement, alors que les ONPD sont effets négatifs de la sécheresse sur De ce fait, l'azote les rend également des espèces exotiques qui présentent les hêtres. Cette interaction entre séche- plus vulnérables aux bostryches. Le taux un potentiel de nuisance très élevé pour resse et azote pourrait expliquer pour- de mortalité est aussi plus élevé chez les la faune et la flore indigènes et ne se ren- quoi les troncs des hêtres croissent de hêtres dont le feuillage comporte peu contrent pas encore en Suisse, ou alors moins en moins bien depuis 30 ans. de phosphore. seulement très localement. Les autorités ont ordonné des mesures de protection Toutes les essences accusent une bais- Les analyses effectuées au cours des (p. ex. contrôles aux frontières) pour en se du taux de phosphore dans leurs 34 dernières années ont en outre révélé empêcher l'introduction et la propagation. feuilles ou aiguilles. Chez les hêtres, il une plus grande acidité du sol. S'ils apparaissent malgré tout, ils doi- en va de même pour le potassium et Selon les recherches effectuées en la vent être signalés aux autorités phyto- le magnésium. Il devrait là aussi s'agir matière, les arbres poussant sur des sanitaires et combattus. d'une conséquence de l'apport exces- sols pauvres en bases résistent moins sif d'azote. Actuellement, les concen- bien aux tempêtes: leurs racines sont Dans le canton de Berne, le nuisible le trations de phosphore des épicéas et tellement affaiblies que toute l'assiette plus dangereux est un organisme indi- des hêtres ainsi que la concentration de racinaire peut être arrachée par le vent. gène: le bostryche typographe. Ce ra- vageur attaque l'épicéa, soit l'essence de loin la plus importante pour les forêts protectrices. Au cours des dernières années, il a surtout infesté l'Ouest de l'Oberland et l'Emmental. S'il se multi- savoir plie trop, le bostryche typographe peut anéantir des pessières entières. Or Bon à la destruction des peuplements purs d'épicéas, présents naturellement en Changement climatique forêt d'altitude, représente un grand Le changement climatique joue un rôle complexe et toujours plus danger pour les forêts protectrices. important pour la forêt bernoise: les périodes de sécheresse et la hausse des températures influencent la croissance et la physiologie des arbres. De plus, la sécheresse et la chaleur ren- dent souvent les arbres plus vulnérables aux insectes, maladies fongiques et microorganismes. Sur les sites exposés aux condi- tions extrêmes, les essences présentant les meilleures capacités d'adaptation supplantent les autres. En outre, des espèces exotiques peuvent prendre possession des lieux.
Densité d'infestation par le bostryche typographe _ élevée Le bostryche s'attaque de préférence _ faible aux arbres endommagés par les tem- pêtes ou stressés par la sécheresse. Il faut donc évacuer les chablis soigneu- sement et rapidement pour éviter qu'ils servent de site de reproduction et de nourriture à ce ravageur. Cette mesure permet de réduire une infestation consé- cutive. La palette de stratégies mises en place pour lutter contre le bostryche après l'ouragan Lothar en 1999 et la canicule de 2003 a fait ses preuves. Le frêne est lui aussi menacé par un dangereux nuisible, le champignon Cha- lara Fraxinea. Originaire d'Extrême-Ori- ent, ce champignon importé en Europe s'est vite répandu en Suisse au cours des dernières années. Il cause le flétris- sement du frêne, une maladie entraînant le dépérissement des extrémités situées Cette évolution est d'autant plus critique Jusqu'à présent, le canton de Berne au-dessus de la zone contaminée, puis que les champignons peuvent également est resté épargné par ce coléoptère, de l'arbre lui-même. Le frê- s'en prendre aux épicéas et une infestation constatée à proximi- ne est le feuillu le plus lorsque la quantité de té de sa frontière a pu être éradiquée. répandu dans le spores est importan- La zone tampon définie après ce cas canton de te. Autre ravageur s'étendait jusqu'à notre canton; elle a Berne ap- particulièrement été supprimée en 2018. Jusqu'à pré- rès le hêtre dangereux, le ca- sent, quatre foyers d'infestation ont et l'érable. pricorne asiatique été recensés en Suisse. Le capricor- attaque les feuil- ne asiatique arrive en Suisse dans La maladie des lus et cause leur des palettes en bois non traitées. bandes rouges et dépérissement. celle des taches brunes, qui sévissent également en ce moment, sont elles aussi cau- sées par un dangereux champi- gnon. Ces maladies s'attaquent surtout aux pins. Des foyers ont été détectés en divers endroits Maladies des bandes rouges et des du canton. Certains sont tel- taches brunes (zones de contamination lement étendus qu'il n'est avérée dans le canton de Berne) plus possible d'éradiquer Maladie des taches brunes totalement ces maladies Maladie des bandes rouges dans les zones concernées.
Bon à savoir Une conception basée sur les risques Le fait d'opérer une distinction entre les organismes dangereux et ceux qui sont particulièrement dangereux relève d'une conception basée sur les risques, qui met l'accent sur le potentiel de nuisance de ces ravageurs pour la forêt. Souvent utilisé dans le rapport 2013 sur le développement durable, le terme de «nouvelle espèce envahissante» désigne les organis- mes exotiques qui supplantent les espèces indigènes. Chez les plantes, on parle de néophytes. Certaines de ces espèces, telles la renouée du Japon ou le laurier-cerise, font également partie des organismes nuisibles dangereux. Ces espèces envahissantes sont souvent importées via des végétaux infectés utilisés pour le jardinage. Incendies de forêt Les incendies de forêt peuvent aussi Le thème des incendies de forêt a avoir des effets positifs. Du point de vue gagné en importance ces dernières de l'écologie du feu, par exemple, les années, ce qui s'explique aussi bien petits incendies peuvent contribuer au par de plus nombreuses périodes renouvellement naturel de la forêt. En de sécheresse (risques accrus 2017, le canton de Berne a même dé- d'incendie) que par l'engouement clenché, pour la première fois, un incen- croissant de la population pour die contrôlé sur une surface de 40 ares les loisirs en forêt. Dans le canton pour lutter contre la maladie des bandes de Berne, ces incendies font rouges qui touchait les épicéas dans le l'objet Diemtigtal. La plupart du temps, toute- d'un re- fois, les incendies de forêt ne sont pas cense- souhaitables. En effet, ils peuvent mena- ment cer la fonction de protection et d'autres systéma- prestations d'intérêt public de la forêt. tique depuis De plus, ils se soldent généralement par 2008. des dommages économiques considé- rables pour les propriétaires de forêts. Durant cette dernière décennie, quelques 300 incendies ont été enregis- Le canton de Berne a interdit les feux en trés, dont deux tiers au cours des cinq plein air à deux reprises depuis 2008 (en dernières années. Cette hausse découle avril 2011 et en juillet 2015). Dans les en partie d'un meilleur recensement des deux cas, ces interdictions générales Incendies de forêt recensés 2008 à 2017 incendies de forêt. L'ensemble du terri- étaient dictées par l'approche de festi- Surface incendiée (ha) toire cantonal est concerné. La plupart vités (Pâques et le 1er août). 0,0 – 0,1 0,1 – 0,5 des incendies s'étendent sur de petites > 0,5 surfaces (jusqu'à 10 ares). A deux repri- ses, toutefois, des surfaces forestières de plus d'un demi-hectare ont brûlé.
« Nous autres forestiers, nous nous engageons pour la santé de la forêt. Markus Rüfenacht, » forestier, triage de Schwarzenegg-Röthenbach
Impact de la faune sauvage Impact de la faune sauvage sur la surface forestière bernoise La faune sauvage fait partie de la forêt Expertise des dégâts Expertise des dégâts Expertise des dégâts du gibier 2013 du gibier 2015 du gibier 2017 au même titre que les arbres. Afin que la forêt reste suffisamment résistante et performante pour remplir ses fonctions d'intérêt public, un équilibre naturel doit s'instaurer entre elle-même et les popu- lations d'ongulés. Dans cette optique, l'économie forestière et la chasse sont nécessaires. De plus, il conviendrait que le gibier subisse le moins de perturba- tions humaines possibles, avant tout en hiver. L'influence que trois espèces d'ongulés sauvages (chevreuil, chamois et cerf noble) exercent sur la forêt est évaluée tolérable critique intolérable tous les deux ans dans le cadre d'une expertise des dégâts du gibier. En 2017, ces dégâts étaient tolérables sur les deux tiers de l'aire forestière (65%), mais intolérables sur 10 pour cent de cette qu'une grande variété d'essence per- dernière. Sur le dernier quart, la situation met de mieux répartir les risques dans Evolution de l'impact de la faune était considérée comme critique. Depuis l'optique du changement climatique en sauvage 2013 – 2017 Tendance 2015, ces pourcentages sont restés sta- cours. Souvent, les forêts protectrices Amélioration bles sur tout le territoire bernois. Au fil souffrent elles aussi de dégâts critiques Statu quo des années, un déplacement des zones ou intolérables: lorsqu'ils sont trop Détérioration présentant des dégâts tolérables, cri- dérangés par les activités de loisirs, tiques ou intolérables est toutefois per- les ongulés sauvages ont ceptible. Une certaine dynamique géo- tendance à se retirer graphique se fait jour, qui est notamment dans des zo- liée à une modification de l'offre alimen- nes plus taire. calmes. S'ils n'y La situation s'avère problématique dans trouvent les zones où la faune sauvage cause pas l'alimentation des dégâts intolérables depuis un certain dont ils ont besoin temps. Dans le canton de Berne, il s'agit dans la strate herbacée, surtout des régions du Napf, du Honegg ils se rabattront sur les et du Brienzergrat, où le gibier entrave bourgeons, pousses et feuil- la croissance des jeunes arbres et, par- les de jeunes arbres. Les me- tant, le développement du mélange sures cynégétiques, sylvicoles d'essences souhaité. De ce fait, un ra- ou autres (p.ex. relevant des jeunissement naturel n'est possible que domaines de l'agriculture, moyennant des mesures particulières et du tourisme ou de des investissements conséquents. En l'aménagement du terri- effet, les forêts trop homogènes ne peu- toire) peuvent contribuer vent remplir leurs fonctions d'intérêt pu- au rajeunissement des blic: elles n'ont pas la stabilité requise forêts et leur permettre pour jouer leur rôle protecteur, et la bio- d'assurer durablement diversité y est trop faible. Sans compter leurs précieuses fonctions.
Production de bois De manière générale, les mesures à prendre en matière de production de bois sont de seconde priorité. Au cours des dix dernières années, l'exploitation sylvicole a baissé tout en restant légèrement supérieure Nécessité d'agir grande à l'accroissement du volume de bois, ce qui a permis de réduire le volume sur pied comme souhaité. moyenne Cette baisse d'exploitation s'ex- plique avant tout par celle du prix du bois. Ceci démontre que la ca- faible pacité concurrentielle sur le marché du bois constitue le défi essentiel. Exploitation Les données de l'inventaire forestier na- Indice des prix des bois bruts et exploitation du bois BE 2002 – 2016 (%) tional fournissent un aperçu global de l'exploitation et de la mortalité naturelle des arbres au cours des 30 dernières années: en 1980/90, le volume total d'arbres abattus et de bois mort se mon- tait à 1,28 million de mètres cubes par année. Avec l'ouragan Lothar, ce volu- me a culminé à 1,88 million de mètres cubes en moyenne par année lors du changement de millénaire. Depuis, il a juste légèrement baissé pour se stabili- ser à environ 1,85 million de mètres cu- bes en moyenne par année. Les données de l'inventaire forestier national ne fournissent aucune indica- tion sur l'exploitation annuelle. A cet égard, il est plus concluant de consul- ter la statistique forestière, qui ne re- cense toutefois que le bois coupé, et non le bois mort. Une rétrospecti- ve des 15 dernières années montre Indice des prix des bois bruts Exploitation par les propriétaires publics que le volume de bois exploité a at- Exploitation par les propriétaires de forêts privés Exploitation totale teint sa valeur maximale en 2007.
Exploitation – assortiments (%) savoir Bon à Inventaire forestier national (IFN) versus statistique forestière Le rapport 2013 sur le développement durable a fait état d'une ex- ploitation de 1,46 million de mètres cubes par année sur la base de l'IFN4a. Cette valeur ne comprenait pas le bois mort. Selon les don- nées IFN4b, plus précises, le volume d'exploitation (bois mort exclu) se monte à 1,64 million de mètres cubes par année. Grumes La statistique forestière fournit elle aussi des indications sur l'exploi- Bois d'industrie tation. Ses méthodes de recensement différant de celles de l'IFN, Bois-énergie elle parvient à d'autres chiffres que lui. Selon une étude de l'Office fédéral de l'environnement, les données de l'IFN seraient légèrement Le graphique le la page 15 se base donc trop élevées, et celles de la statistique forestière beaucoup trop sur cette valeur (qui équivaut en l'occur- basses. Dans ce chapitre, la statistique forestière n'est donc utilisée rence à 100%) pour établir ses pourcen- que pour exposer des évolutions basées sur des valeurs relatives. tages. En hausse jusqu'en 2007, la ten- dance est repartie à la baisse ensuite. Cette évolution suit celle du prix du bois. Au cours des dernières années, les re- cettes liées à l'économie forestière Accroissement/potentiel d'exploitation ont en outre baissé plus fortement que l'indice des prix des bois bruts en raison Exploitation (m³/année) d'un report des parts de bois exploités vers des assortiments moins chers. Les 1,28 Mio propriétaires de forêts privés sont parti- culièrement réactifs aux fluctuations de 1,88 Mio prix: si le prix du bois monte, ils abattent plus d'arbres, et s'il baisse, ils réduisent 1,85 Mio leurs travaux d'exploitation. Chez les pro- priétaires publics, l'exploitation sylvicole ne dépend pas autant du facteur prix. Accroissement brut (m³/année) En 2016, le volume d'arbres récoltés 1,85 Mio comprenait 53 pour cent de grumes, 33 pour cent de bois-énergie et 14 pour 1,67 Mio cent de bois d'industrie. La part de bois-énergie a beaucoup augmenté au 1,72 Mio cours des 15 dernières années, au dé- triment des grumes. Le pourcentage de bois d'industrie est pour sa part resté relativement stable. Cette évolution dé- Depuis les années 90, l'exploitation coule de changements survenus sur le (bois mort incl.) est légèrement su- marché du bois, mais aussi d'une utili- périeure à l'accroissement brut, ce sation accrue du bois de feuillus. Les qui explique la légère baisse de vo- parts des divers assortiments sont dif- lume sur pied constatée. Etant don- férentes chez les feuillus et chez les rési- né que dans les forêts bernoises, ce neux; les premiers produisent moins de volume est supérieur à la moyenne, bois de qualité grume. il s'agit d'une évolution positive.
« Pour les entrepreneurs comme moi, la compétitivité passe par l'innovation. Marc Walther, » directeur de l'entreprise «Woodex AG»
Biodiversité La forêt représente un habitat important pour de nombreuses espèces d'animaux, de plantes et de champignons. Une gestion forestière respectueuse de la nature est primordiale pour la biodiversité. Les espèces vivant dans les vieux arbres et le bois mort ont besoin de forêts où les phases de vieil- lissement et de décrépitude sont tolérées. Dans le canton de Berne, des mesures s'imposent pour protéger ces habitats particuliers. Nécessité d'agir grande Habitats forestiers particuliers moyenne En Suisse, environ 40 pour cent des es- pèces animales, végétales et fongiques faible dépendent de la forêt pour leur survie. Une part importante des espèces fores- tières menacées vivent dans de vieux peuplements. Or, il est rare de trouver des habitats où les arbres restent en place jusqu'à leur belle mort, en parti- culier dans les forêts utilisées à des fins économiques. Il est d'autant plus impor- tant de les promouvoir. Dans le canton de Berne, la nature est prioritaire sur une surface de 7250 hectares; elle y est protégée au moyen d'un contrat ou d'un arrêté durant une période précise. Sur cette surface, quelque 4200 hecta- res sont couverts de forêts. Les 3000 hectares restants sont occupés entre Habitat Surface dont surface But Degré de totale forestière protection autres par des marais, étangs, mares, ainsi que par des clairières situées dans Les réserves contiennent 7250 4200 • tolérer les phases de protection ces forêts. Les surfaces boisées des • des réserves forestières 4850 2450 vieillissement et de contractuelle sur réserves représentent 2,2 pour cent de totales décrépitude une période de l'aire forestière bernoise. La Confédé- • des réserves forestières 1950 1450 • promouvoir les espèces 50 ans au moins ration souhaite que 10 pour cent au partielles rares moins de l'aire forestière soit transfor- • des réserves naturelles 450 300 • préserver les formes mée en zones durablement protégées à caractère de réserve d'exploitation parti- d'ici à 2030. Il y a 20 ans, seuls 420 forestière culières hectares étaient protégés. Forêts non exploitées -- 18 200 • permettre le développe- aucune protection Le canton de Berne abrite 73 réserves ment naturel de la forêt garanties par voie contractuelle. La • préserver la forêt des plupart de ces objets se trouvent dans perturbations (accès les Alpes, alors que le Plateau est la difficile) région qui doit le plus s'améliorer dans ce domaine. Sur les 7250 hectares Inventaire des objets -- 36 800 • établir un catalogue des aucune protection, protégés, 38 pour cent (soit la plus naturels en forêt habitats forestiers et des mais prise en grosse proportion) font partie de réser- associations forestières compte dans la ves forestières totales. particulièrement précieux gestion forestière
Réserves forestières 1999 (ha) Surfaces forestières avec statut de réserve (total) Réserves forestières 2018 (ha) Réserves forestières totales Réserves naturelles Surfaces forestières avec cant. à caractère de statut de réserve (total) réserves forestières Réserves forestières totales Réserves forestières partielles Réserves naturelles cant. à caractère de réserves forestières avec lesquels ils forment des mosaïques. Comme les réserves forestières totales, les îlots de sénescence sont importants pour les espèces xylophages ou xylophi- Ces dernières couvrent 4850 hectares. En principe, l'exploitation du bois pour- les. Ces îlots se distinguent des réserves Aucune intervention humaine ne vient rait y reprendre à tout moment. par leur petite surface. Il s'agit en premier y perturber le développement naturel lieu d'habitats à haute biodiversité, par de la forêt, les arbres restent intouchés L'Inventaire des objets naturels en exemple au sein d'une forêt exploitée. Ils jusqu'à leur décomposition. A ces ré- forêt du canton de Berne (IONF) contient permettent également d'interconnecter serves totales viennent s'ajouter 15 ré- des habitats forestiers particulièrement des réserves ou des arbres biotope. Ces serves forestières partielles au sein des- précieux du point de vue de la biodiver- petites structures servent de seuils aux quelles des espèces menacées et des sité. 2146 objets d'une surface totale réserves. Les surfaces couvertes par des formes d'exploitation d'intérêt culturel et de 36 800 hectares y sont actuellement contrats de renonciation d'exploitation historique (p.ex. pâturages boisés) sont répertoriés – soit 17 pour cent de l'aire sont elles aussi précieuses pour les es- préservées à l'aide de mesures ciblées forestière bernoise. 96 pour cent des pèces appréciant les vieux arbres et le (1950ha). objets IONF cartographiés (2056 objets) bois mort, car elles favorisent les interac- abritent une ou plusieurs associations tions entre ces espèces et leur répartition Les surfaces forestières inexploitées forestières rares présentant un boisement sur toute l'aire forestière. Ces surfaces depuis plus de 50 ans remplissent une proche de l'état naturel. Ces objets se contractuelles sont plus grandes que les fonction similaire à celle des réserves trouvent principalement sur des sites re- îlots de sénescence mais plus petites forestières totale. Les processus na- culés des Alpes et Préalpes (78%). que les réserves. Le canton de Berne turels n'y sont plus entravés depuis Sur le Plateau, ils sont plus rares et beau- abrite 174 objets de ce type totalisant longtemps, ce qui est particulièrement coup moins étendus qu'ailleurs. L'IONF 1000 hectares. précieux pour les espèces animales et revêt une fonction purement indicative: végétales spécialistes des vieux arbres les objets inventoriés ne bénéficient Les lisières sont des traits d'union im- et du bois mort. Ces forêts se trouvent d'aucune protection légale qui leur soit portants entre la forêt et les terres souvent dans des lieux reculés, voire propre. Ils peuvent toutefois englober ouvertes. Les lisières à haute valeur éco- inaccessibles, la plupart du temps dans des habitats et espèces protégés ou logique regorgent d'espèces animales les Alpes. Depuis les années 80, leur dignes de protection. et végétales photophiles, qui y trouvent part ne cesse d'augmenter: de 12 000 de la nourriture et un abri. De plus, elles hectares à l'époque, les surfaces inex- Interconnexion préservent le microclimat forestier, à con- ploitées sont passées à 18 200 hectares Les îlots de sénescence et les lisières dition qu'elles présentent l'étendue et aujourd'hui, ce qui représente 10 pour sont également considérés comme des la structure adéquates. Dans le canton cent de l'aire forestière bernoise. habitats particuliers. Bien répartis, ces de Berne, 420 kilomètres de lisière ont Ces surfaces ne sont pas protégées petits biotopes permettent de relier diffé- été revalorisés au cours de la dernière contractuellement. rents habitats proches de l'état naturel décennie.
Volume de bois mort (m³/ha) Canton de Berne Suisse Bois mort Un cinquième des espèces présentes en forêt ont besoin de bois mort. Ce dernier joue donc un rôle écologique important, en particulier dans les forêts utilisées à des fins économiques. Sans bois mort, les phases de vieillissement et de décrépitude des arbres manque- raient en grande partie dans ces forêts. De plus, le bois mort au sol est très im- portant pour la qualité du sol forestier: il exerce une influence positive sur le bilan nutritif, la rétention d'eau et le climat pé- dologique. La part de bois mort des forêts bernoises augmente constamment sous Forêts publiques du canton de Berne Forêts privées du canton de Berne l'effet d'une gestion respectueuse de la nature. Les tempêtes en accroissent également le volume. La hausse cons- tatée entre 1993/95 et 2004/06 est sur- tout imputable à l'ouragan Lothar. Le manque de rentabilité de l'exploitation sylvicole dans les régions difficiles d'accès contribue également à augmenter le vo- savoir lume de bois mort en forêt. Bon à Selon l'inventaire forestier national, le vo- lume de bois mort est passé de 8 mètres cubes à 28 mètres cubes par hectare au cours des 20 dernières années. Durant Approches intégrative et ségrégative cette période, il a connu la même évolu- Une gestion forestière respectueuse de la nature permet de promouvoir tion dans les forêts publiques bernoises, la biodiversité en forêt sur tout le territoire cantonal: les coupes de bois où il atteint aujourd'hui 21,2 mètres cubes sont profitables aux espèces photophiles et les branchages gisant au sol par hectare. Un léger fléchissement peut servent d'habitat à de nombreux être vivants. Dans la mesure du possible, être constaté de 2004/06 à 2009/13 les arbres hébergeant des pics doivent être préservés et le bois mort (-0.6m³/ha). Dans les forêts privées, le laissé sur place. Cette approche intégrative représente un bon moyen volume de bois mort reste en légère de concilier la gestion forestière avec la promotion de la biodiversité. Il hausse: après le passage au nouveau est également possible de délimiter çà et là des surfaces particulièrement millénaire, il se montait à 28,7 mètres importantes pour la biodiversité. L'approche ségrégative implique la créa- cubes par hectare, contre 33,1 actuelle- tion de réserves et de zones protégées ainsi que la conclusion de contrats ment. Avec 28 mètres cubes de bois garantissant une gestion respectueuse des objectifs de protection de la mort par hectare, le canton de Berne se nature fixés. A elles deux, ces approches permettent de créer une grande situe au-dessus de la moyenne suisse diversité d'habitats naturels pour les espèces les plus variées. (23,9m³/ha). Il accuse toutefois d'impor- tantes disparités régionales: dans les Dans le cadre d'une étude sur les propriétaires de forêts suisses publiée forêts du Jura et du Plateau, le volume par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), l'Office des forêts du can- de bois mort est inférieur à la moyenne ton de Berne a fait établir une évaluation spécifique. Cette dernière se suisse (< 20m³/ha), alors qu'il dépasse la base sur un sondage écrit des propriétaires de forêts. L'étude révèle que valeur cible fixée par la Confédération les propriétaires privés privilégient des mesures de préservation et de (>25m³/ha) dans les Préalpes et les promotion de la biodiversité qu'ils peuvent mettre en œuvre dans le cadre Alpes. de l'exploitation forestière, sans ou avec peu d'efforts supplémentaires.
Je m'engage pour la « biodiversité et souhaite que les forestiers et forestières bernois fassent de même. Nicole Imesch, » propriétaire du bureau d'experts en environnement «Wildkosmos»
Forêt protectrice De par sa topographie, le canton dispose d'une part supérieure à la moyenne de forêts protectrices. La protection contre les dangers naturels représente une fonction d'intérêt public non négligeable. L'entretien des forêts protectrices représente toutefois toujours un défi de taille: la société pose des exigences de protection toujours plus élevées alors que les risques en forêt augmentent sans cesse. Nécessité d'agir grande moyenne faible La répartition des forêts protectrices va- rie selon les régions: alors que dans l'Oberland, les trois quarts des forêts ont une vocation protectrice, cette pro- portion tombe à un cinquième environ sur le plateau. La surface occupée par les forêts protec- trices dans le canton de Berne est défi- nie à partir d'informations sur la forêt et le terrain ainsi que de modélisations des Dans le canton de Berne, 53 pour cent phénomènes naturels. Des spécialistes des forêts assurent une fonction de pro- vérifient ponctuellement l'exactitude de tection contre les dangers naturels. Ces ces calculs sur le terrain. Comparé à la forêts protègent la population et les biens première carte indicative des forêts pro- matériels contre les avalanches, les chu- tectrices établie en 2012, la surface oc- tes de pierre, les coulées de boue et les cupée par ces forêts s'est réduite dans glissements de terrain. Elles remplissent le canton de Berne. Cette réduction donc une mission d'intérêt public non s'explique en grand partie par l'édiction négligeable. de nouvelles prescriptions fédérales.
« Sans forêt protectrice, nous ne pourrions vivre dans notre magnifique village. Iris Wittwer-Wyler, » conseillère communale de Ringgenberg-Goldswil
Le canton de Berne compte deux caté- gories de forêts protectrices. Les forêts protectrices d'objet couvrent 25 pour cent de l'aire forestière bernoise. Ces forêts protègent directement quelque 50 000 personnes et leurs habitations, 125 installations touristiques, 126 kilo- mètres de lignes de chemin de fer et 2500 kilomètres de routes contre les dangers naturels (avalanches ou chutes de pierre dans 73% des cas, glissements de terrain ou coulées de boue dans 27% des cas). Les forêts protectrices de cours d'eau permettent pour leur part de réduire les risques de crue et d'éviter l'accumulation d'alluvions ou de bois dans les eaux courantes. Ces forêts savoir couvrent 27 pour cent de l'aire fores- tière bernoise. Bon à L'entretien des forêts protectrices Ouvrages de protection représente un véritable défi: les exigen- Lorsque la forêt protectrice ne peut à elle seule ramener les dangers ces posées à ces forêts ne cessent naturels à un niveau acceptable, des mesure techniques s'imposent. d'augmenter sous l'effet du tourisme, du Au cours des dernières décennies, des ouvrages d'une valeur de 280 mitage territorial, de la hausse démogra- millions de francs ont ainsi été érigés à des fins de protection contre phique et du développement de la mo- les avalanches, les chutes de pierre et glissements de terrain dans le bilité. Dans un même temps, le change- canton de Berne. La moitié de cette somme a été utilisée pour les ment climatique est synonyme de risques ouvrages paravalanches. Les personnes, habitations et infrastructures supplémentaires pour la forêt. Seules les sont protégées contre les avalanches par 66 kilomètres de murs et forêts capables de s'adapter aux change- galeries de protection, environ 29 000 trépieds et 1 700 000 arbres ments peuvent remplir durablement leurs plantés. En plus, les ouvragent sécurisent quelque 20 kilomètres de fonctions, y compris en matière de pro- routes et voies ferrées, ainsi que 28 hectares de zones résidentielles. tection. A cet effet, elles doivent être ra- jeunies et entretenues régulièrement, ce Les travaux de construction des ouvrages toucheront à leur fin dans qui requiert des structures d'exploitation quelques années, la plupart des lacunes de protection ayant été com- performantes. Il est probable que des blées sur le territoire bernois. Pour que ces ouvrages assurent pleine- retards perdurent en la matière. Actuelle- ment et durablement la protection voulue, il faudra toutefois les con- ment, le canton de Berne ne dispose trôler et les entretenir. toutefois d'aucune base solide indiquant l'ampleur des mesures d'entretien à prendre.
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