Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po

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Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
9 - 11 octobre 2012
Voyage
d'études
           Strasbourg
Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
S OMMAIRE
Introduction                                                p.4
Mme Brigitte Fouilland - Responsable du Master STU

Première journée : mardi 9 octobre 201 2
Des citoyens aux institutions
Présentation générale de la Communauté urbaine              p.6
M. Robert Herrmann, 1 er adjoint au maire et
Vice-Président de la CUS
La collectivité, des enjeux du mandat et des partenariats   p.8
M. Gérard Beliard, chargé de mission à la Direction
Générale des services
La démocratie locale à Strasbourg                           p.1 3
M. Luc Scheeck, Directeur de la démocratie locale et
de la proximité, et Mme Céline Tergau, membre de la
mission démocratie locale
Rencontre avec l'association Viaducq 67                     p.1 7
Mme Karine Klein, Directrice de l'association Viaducq 67

Deuxième journée : mercredi 1 0 octobre 201 2
Strasbourg et l'Europe
Le projet urbain de l'axe Strasbourg-Kehl                   p.21
 M. Eric Chenderowsky, Directeur de l'urbanisme, de
l'aménagement et de l'habitat à la CUS
Strasbourg, une capitale européenne en danger ?             p.28
 M. Guillaume Delmotte, Directeur par intérim des
relations europénnes et internationales à la CUS
L'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau                           p.32
 Mme Cordula Riedel, Secrétaire générale de
l'Eurodistrict
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Troisième journée : jeudi 11 octobre 201 2
Les acteurs du territoire : économie et société
Visite du quartier Neuhof                                   p.38
Mme. Nadia Alioua, Directrice de proximité Neuhof-
Meinau, et M. Jullien Mattei, Directeur du PRU Neuhof
L'économie sociale et solidaire                             p.46
M. Rémy Banuls, Directeur adjoint du développement
économique et de l'attractivité de la CUS
Une initiative culturelle strasbourgeoise : le TAPS         p.50
M. Olivier Chapelet, Directeur du TAPS
Maison de Santé du Neuhof                                   p.54
Dr. Catherine Jung, Médecin généraliste à la Maison de
Santé
ADEUS, l'agence de développement et d'urbanisme             p.56
strasbourgeoise
 M. Olivier Schmitt, Chargé d'études à l'ADEUS
La Chambre de Commerce et d'Industrie                       p.60
 M. André Hirtz, Directeur adjoint du service Industrie à
la CCI de Strasbourg, et Mme Tania Desfossez,
Directrice de l'aménagement du territoire à la CCI
Conseil régional d'Alsace                                   p.65
M. François Bouchard, Directeur général des services
de la région Alsace

Témoignages et souvenirs                                    p.70

Remerciements et crédits                                    p.74
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DU C   TI O N
                                 T R O
                            IN
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                                                       Brigitte Fouilland
                                                       Responsable du Master STU

            Strasbourg attire tous ceux                     se en place entre communes et
       qui s’intéressent aux villes, ai-                    communauté : les évolutions des
       ment l’histoire et l’architecture                    modes de gouvernance, les po-
       urbaines, observent les projets                      litiques publiques mises en œu-
       de mobilité et d’aménagement,                        vre témoignent d’une prise en
       apprécient aussi le dynamisme                        compte des nouveaux enjeux
       des acteurs qui font ce territoire.                  de société.
             Située au bord du Rhin,                              Nous voudrions ici tout
       Strasbourg est marquée par la                        particulièrement remercier les
       question de la frontière, et par                     représentants de la Commu-
       essence par les interrogations                       nauté Urbaine pour l’accueil et
       sur la valeur d’un territoire euro-                  l’appui efficaces qu’ils nous ont
       péen. Du fait peut-être de cette                     apportés dans l’organisation du
       expérience, ses habitants, ses                       voyage d’études effectué par le
       responsables, semblent en me-                        Master Stratégies territoriales et
       sure de réfléchir les enjeux terri-                  urbaines de Sciences Po en
       toriaux, de les envisager à leurs                    octobre 2012.
       différentes échelles, de mettre
       en œuvre des politiques inno-                        Ce séminaire est conçu, en dé-
       vantes.                                              but de cursus au Master, com-
                                                            me un temps de découverte
             Dans le cadre de la Com-                       d’un territoire dans ses diffé-
       munauté urbaine de Strasbourg                        rentes dimensions : visites de
       (la CUS), créée dès 1966, une                        quartiers, de projets d’aména-
       organisation politique et admini-                    gement, de lieux culturels, mais
       strative originale a été ainsi mi-                   aussi rencontres avec les acteurs

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Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
s o c i au x,        p o l i ti q u e s ,        écon om i -             çu s,     et    d on t     l es      p ré s e n tati o n s

q u es      qui      fo n t        le    te rri to i re ,       afi n    se     tro u ve n t      ré u n i e s     i ci ,    soi en t

de     c o m p re n d re            l e u rs    rô l e s        re s -   c h al e u re u s e m e n t          re m e rc i é s      de

p e c ti fs ,   l e u rs    i n te rre l ati o n s ,          et   la    l e u r d i s p o n i b i l i té !

m an i è re      d on t l es         p ro c e s s u s       d ’ ac -

ti o n    pu bl i q u e       son t       i n i ti é s   et     mis      N ou s      e s p é ro n s     que       ce    rap p o rt,

en     œ u vre .                                                         fru i t d ’ u n   travai l     c o l l e c ti f d e   to u s

                                                                         l es   é tu d i an ts ,    s e ra     pou r        eu x   un

          Le s     é tu d i an ts         on t    pu       com -         si g n e    de    re c o n n ai s s an c e          de    ce

p re n d re       au       fi l    de     l e u rs       vi s i te s ,   q u ’i l s on t su      tran s m e ttre .

l es     en j eu x     de         tran s p o rt,         d ’ u rb a-

                                                                         Brigitte Fouilland
n i sm e,       de    d é ve l o p p e m e n t               éco-

n om i q u e,        m ai s         au s s i      d ’ h ab i tat,

de     s an té ,     de    c i to ye n n e té .           Ils   on t

o b s e rvé         l es    l og i q u es        d es       d i ffé -

re n ts    ac te u rs ,       l es      n o u ve au x m o -

d es      de     g o u ve rn an c e                com m u -

n au tai re s ,      ré g i o n au x,         m ai s       au s s i

e u ro p é e n s ,          l es        é c h an g e s             et

p arte n ari ats           e n tre       pu bl i c        et    p ri -

vé ,     l es    i n i ti ati ve s        as s o c i ati ve s .

Qu e       to u s     ceu x         qui      l es        on t    re -

                                                                                                                                        5
Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
c i t o ye n s a u x i n s t i t u t i o n
                       D   es                                            s
                   E -
              NÉ
         UR
       JO

                                                PRÉSENTATION GÉNÉRALE
     RE
 MIÈ

                                                  DE LA COMMUNAUTÉ
P RE

                                                URBAINE DE STRASBOURG
     Robert Herrmann
     1 er Adjoint au maire et Vice-président
     de la CUS.
       La Ville de Strasbourg et sa com-                    Paris) associées au développe-
       munauté urbaine (CUS) partagent                      ment d’un maillage étroit de trans-
       leurs structures administratives                     ports collectifs, notamment grâce
       jusqu’à confondre la majorité de                     aux bus et tramways.
       leurs objectifs. Elles se trouvent
       confrontées à plusieurs préoccu-                        Par ailleurs, face au changement
       pations communes :                                   de perspective des décideurs sur
                                                            la ville (passage d’une conception
       ,,,•,,Pénurie de logements face à                    centrée sur la structure à une
       l’augmentation structurelle de la                    conception centrée sur l’usager),
       population (issue de l’immigration                   jumelée à la pression croissante
       et de son solde naturel positif).                    des citoyens, Strasbourg est
       ,,,•,,Topographie en cuvette qui la                  également amenée à impliquer
       rend extrêmement sensible à la                       ses habitants dans le processus
       pollution.                                           d’élaboration des politiques pub-
       ,,,•,,Étalement urbain et contraintes                liques urbaines, via la mise en
       énergétiques.                                        place de conseils de quartier,
                                                            groupes de travail, réunions publi-
            Pour faire face à ces enjeux,                   ques, ateliers de projets... Il con-
       Strasbourg est amenée depuis les                     vient de noter que la question de
       années 1990 à penser les évo-                        l’échelle est primordiale dans le
       lutions de son système de trans-                     cadre d’une telle participation ci-
       port : une piétonisation massive                     toyenne : la pertinence du dialo-
       du centre-ville (premier plan pié-                   gue public dépend de l’échelle du
       ton de France), la mise en place                     projet ou de la problématique
       d’un réseau important de pistes                      donnée.
       cyclables (10% des déplacements
       se font à vélo contre 30% à                          Afin d’éviter ce problème d’échelle,
       Copenhague et seulement 2% à                         la ville de Strasbourg s'interroge

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Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
aujourd’hui sur le       conception d’un nouveau projet
              bien fondé de passer       qui n’obstruerait pas la vue de-
          d’une logique territoriale à   puis les habitations.
    une logique thématique de la
concertation.                                  Le cas strasbourgeois nous
                                         pousse à avoir une réflexion de
    Plusieurs exemples démontrent        fond sur le service public local,
l’utilité que ces démarches de           d’autant plus que cette réflexion
démocratie locale revêtent aux           est absente des projets des prin-
yeux de la population stras-             cipaux partis politiques. Le sort
bourgeoise. Parmi ceux-ci, citons        des bains municipaux de la ville
celui du groupe Hammerson qui            illustre bien ce besoin. Face au
avait pour projet de construire          manque de fonds publics, la
dans les Halles de Strasbourg un         collectivité doit se poser la ques-
mur obstruant la vue de trois            tion du passage d’une gestion du
tours d’habitations et d’y peindre       bâtiment en régie propre à une
un arbre pour compenser le               gestion par délégation au privé,
désagrément. Devant le mécon-            ce qui induit le risque de perdre
tentement des habitants, la ville a      prise sur les activités d’intérêt gé-
alors mis en place un atelier de         néral des bains et ainsi de porter
projet, d’une durée d’un an,             atteinte à l’attachement de la
réunissant près de deux cent             communauté strasbourgeoise à
cinquante personnes. Ces der-            ce symbole historique de la ville.
nières ont réussi, par le dialogue       Flore Dupoux, Quentin Grand
avec Hammerson, à infléchir le
projet du groupe en obtenant la

                                                                                 7
Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
OBJECTIFS ET MOYENS DE
                                   L'ACTION MUNICIPALE ET
                                      COMMUNAUTAIRE
                               Gérard Béliard
                               Chargé de mission à la Direction
                               générale des services
    La communauté urbaine de Stras-        Au-delà des clichés : « Stras-
    bourg est la septième Commu-           bourg, symbole de la réconci-
    nauté urbaine de France sur le         liation franco-allemande »
    plan démographique, représen-
    tant 25% de la population alsaci-      Strasbourg est dans l’esprit com-
    enne. Parmi les vingt-neuf com-        mun le symbole de la réunion
    munes composant la communau-           franco-allemande. L’Eurodistrict est
    té urbaine de Strasbourg, seules       sans doute le reflet de cette vision.
    deux d’entre elles ont moins de        Et pourtant, le passé pèse encore
    vingt mille habitants.                 sur la région : en 1945, il a été
                                           difficile de « partager la mémoi-
    La ville de Strasbourg s'illustre de   re », de célébrer unanimement la
    trois manières. Tout d’abord, en       Libération, puisque les rapports à
    tant que capitale de la région         l’histoire n’étaient pas uniformes.
    Alsace. C’est la deuxième desti-       Cependant l’installation, à partir
    nation touristique urbaine de          de 1969 du Conseil de l’Europe, a
    France, après Paris. Strasbourg        permis à la cité de retrouver sa
    est aussi une capitale euro-           dignité.
    péenne, (dans laquelle se trouve
    une ambassade de France). Les          Les objectifs de l’action
    capacités d’organisation et d’équi-    municipale et communautaire
    pement de la ville lui ont permis
    d’accueillir en 2009 le sommet de      Il est important, avant de définir
    l’OTAN. Enfin, Strasbourg est le       les stratégies de la ville, de rappe-
    siège d’une université historique,     ler que la CUS et la ville de Stras-
    première université unique, c'est-     bourg ont décidé dès 1972 de
    à-dire réunifiée, en 2009. Elle pré-   confier la gestion des activités re-
    sente, à l’image de la ville, une      levant des compétences munici-
    dimension internationale mar-          pales à la communauté urbaine,
    quée : ses cinquante-deux mille        la ville lui versant une compensa-
    étudiants sont issus de cent natio-    tion annuelle.
    nalités.
8
Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
Premier axe d’action : renforcer
les fonctions européennes et le
rôle international de Strasbourg     .

,,,•,,En confortant Strasbourg
comme capitale européenne :
les traités ont désigné Stras-
bourg comme étant une capitale
européenne, alors même qu’elle
n’est pas une capitale nationale.
Ainsi, pour être en adéquation
avec ce statut, la CUS reçoit des
aides de l’Etat, de la région Alsace
et du département du Bas-Rhin.
Cela permet de garantir, dans le
cadre de contrats triennaux
(financés de plus en plus par la
ville mais encore principalement
par l’Etat), l’accessibilité interna-
tionale du lieu, les conditions
d’accueil, ainsi que d’assurer la
visibilité internationale de l’univer-
sité et le rayonnement culturel          ,,,•,,En faisant de l’Eurodistrict
européen de la ville. La réalisation     Strasbourg-Ortenau un labora-
de ces objectifs passe par exem-         toire de l’Europe au quotidien :
ple par la réfection du Parlement        le lien entre Strasbourg et
Européen, l’organisation du Fo-          l’Allemagne se traduit plutôt par
rum Mondial de la Démocratie,            l’axe Strasbourg Kehl. C’est dans
ou encore à travers le soutien des       ce but que la façade sur le Rhin
lignes de TGV vers Lyon et Mu-           doit être aménagée sous peu,
nich.                                    notamment avec la construction
                                         d’un tramway. Strasbourg béné-
,,,•,,En soutenant le développe-         ficierait énormément de l’établis-
ment et la modernisation de l’uni-       sement d’un interlocuteur comme
versité et des grandes écoles :          Karlsruhe, ville de taille compara-
la première téléchirurgie a été          ble, et située à peine à une heure
pratiquée entre l'Université de          en voiture.
Strasbourg et la ville d’Atlanta. De
plus, un partenariat a été passé         Deuxième axe d’action : ren-
avec Karlsruhe et Friebourg, deux        forcer l’attractivité de Strasbourg
universités d'excellence  .
                                         par le développement économi-

                                                                               9
Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
Le nouveau,,                                       ,, Troisième axe
     Président de la,,                                        ,, d’action :
     CUS a fait du dé-,,                                      ,,poursuivre une
     veloppement éco- ,,                                      ,,politique de dé-
     nomique le point,,                                       ,, veloppement res-
     central de son,,                                         ,,ponsable
     discours d’inves-,,
                                                                          :

     titure.
     ,,,•,,Une situation économique en        ,,,•,,Contribution à la lutte contre
     voie de fragilisation :                  les changements climatiques     :

     l'activité économique du territoire      la CUS s’est fixé des objectifs
     strasbourgeois étant multisecto-         environnementaux exigeants : éco-
     rielle, les effets de la crise ont été   nomiser 30% d’énergie et attein-
     limités, mais la reprise a été ra-       dre 30% d’énergies renouvelables
     lentie.                                  dans les sources. Elle a égale-
                                              ment arrêté le traitement chimi-
     ,,,•,, Une stratégie économique par-     que des espaces verts.
     tagée :                                  Il existe en outre un projet expé-
     la stratégie « Eco 2020 » soutient       rimental portant sur le Rhin : la
     plusieurs secteurs : les technolo-       réalisation d’une éco-cité.
     gies médicales et les thérapies
     nouvelles, qui représentent dix          ,,,•,,Poursuite de la mise en œuvre
     mille emplois et une cinquantaine        d’une politique de développement
     d’entreprises.                           urbain respectueuse de l’environ-
     La ville encourage également la          nement :
     recherche dans le secteur des            notamment avec le projet d'éco-
     mobilités innovantes et multimo-         cité, qui s'inscrit également dans
     dales.                                   la dimension transfrontalière de
     Enfin, la stratégie comprend le          Strasbourg .

     soutien au secteur tertiaire supé-
     rieur international, comme le sec-       ,,,•,,Exemplarité de Strasbourg en
     teur bancaire, et les secteurs           matière de mobilité durable :
     créatifs de l’art et de l’artisanat.     le tramway est bien sûr une
     Tous ces objectifs trouvent leur         réalisation phare dans la ville.
     concrétisation dans différents pro-      Quant aux nouveaux projets pour
     jets : le parc d’innovation interna-     la mobilité durable, ils incluent la
     tional, le pôle des technologies à       création de lignes de train reliant
     l’hôpital, la pépinière d’entre prises   Strasbourg à d’autres villes.
     franco-allemande, ou encore le
     quartier d’affaires international.

10
Les moyens de l’action                  qui hérite des compétences trans-
municipale et communautaire             férées par les communes pré-
                                        sentes sur son périmètre. Cette
Comment les compétences de la organisation est régie par le prin-
ville et de la CUS sont- Strasbourg est en passe cipe d’exclusivité qui
elles prises en charge de devenir une métropole rappelle que la com-
par le budget de cha- européenne si elle sait pétence est totale-
cune des deux collec- tirer les effets de ses ment dévolue et ne
tivités ?                                            revient donc plus à la
                           "complémentarités avec
Les conseils de la                                   commune, et le prin-
                             d’autres territoires"
CUS se réunissent                                    cipe de spécialité qui
une fois par mois pour examiner assure que l’EPCI ne gère que les
les rapports préparés par cha- compétences qui lui ont été trans-
cune des entités. Les décisions férées.
sont prises par voie de délibéra-
tion des deux conseils, parfois Les compétences que la CUS
même avec l’avis des conseils de exerce du fait de la loi du 13
quartiers.                              décembre 1966 sont la gestion
                                        des plans d’urbanisme, le dé-
,,,•,, les principales compétences      veloppement économique et la
exercées par la ville de                gestion des ZAC, la rénovation
Strasbourg                              urbaine, le logement, les services
La ville bénéficie de la clause d’incendie et de secours, les
générale de compétence. Elle transports et déplacements, l’eau
exerce, en plus de ses compé- et l’assainissement, la création et
tences traditionnelles, les compé- l’extension des cimetières, la ges-
tences sociales du département, tion des abattoirs et marchés
ce qui comprend la protection d’intérêt national, les parcs de
maternelle et infantile, le service stationnement, ainsi que le dé-
d’action sociale, l'aide éducative, veloppement social et culturel
l’organisation du RSA. Par ailleurs, depuis la loi Chevènement de
la ville de Strasbourg a signé une 1999.
convention avec l’Etat lui permet- S’ajoutent à cela les compé-
tant de gérer la médecine sco- tences transférées par les com-
laire et la veille du 115.              munes, comme les grands équi-
                                        pements culturels et sportifs, l’hé-
,,,•,, les compétences exercées bergement d’urgence, la gestion
par la CUS                              des petits cours d’eau, la gestion
Il s’agit d’un établissement public de la prévention du bruit, les
de coopération intercommunale coulées vertes.

                                                                               11
On notera les grands projets de la      pole européenne si elle sait tirer
     CUS qui sont de sa compétence :         les effets de ses « complémen-
     cinq projets de rénovation urbai-       tarités avec d’autres territoires »,
     ne, le financement de la LGV Est,       d’après la DATAR.
     et le soutien de pépinières d’en-
     treprises.                              Une feuille de route du pôle
                                             métropolitain Strasbourg-
     Les moyens financiers                   Mulhouse
     disponibles                             Strasbourg et Mulhouse à elles
                                             seules représentent 40% de la po-
     La ville dispose d’un budget de         pulation alsacienne et 45% des
     476,2 millions d'euros (355,4 mil-      emplois de la région. Ces deux
     lions d'euros en fonctionnement         villes sont donc en train de s’as-
     et 120,8 millions d'euros en inves-     socier pour créer un pôle métro-
     tissement) et la CUS dispose d’un       politain. Les objectifs de cette en-
     budget de 1,61 milliard d'euros         tité sont la formation en masse
     (759 millions d'euros en fonction-      critique augmentant la visibilité
     nement et 302 millions d'euros en       européenne, la construction d’une
     investissement).                        offre métropolitaine pour l’Alsace,
                                             et enfin le regroupement en une
     Conclusion : quelles                    seule unité représentative face
     perspectives en matière de              aux autres collectivités territoria-
     métropolisation ?                       les et à l’Etat dans le périmètre
                                             des enjeux communs.
     Un positionnement favorable             Hélène Poli
     pour accéder au statut de
     métropole européenne
     La DATAR envisage d’inclure
     Strasbourg dans son programme
     stratégique visant les régions trans-
     frontalières métropolisées françai-
     ses. Au niveau européen, Stras-
     bourg se situe à la deuxième
     place du classement des aires
     urbaines dont la valeur ajoutée
     des services avancés aux entre-
     prises est supérieure à la moyen-
     ne parmi les trois cent cinquante
     sept aires urbaines européennes
     identifiées. Ainsi, Strasbourg serait
     en passe de devenir une métro-

12
DÉMOCRATIE LOCALE ET
         PROXIMITÉ
                                 Luc Scheeck
       Directeur de la démocratie locale et de
                                  la proximité
                                Céline Tergau
      Membre de la mission démocratie locale

Mardi après-midi, nous avons as-       décisionnel » selon différents mo-
sisté à l’une des présentations les    des : consultation, réflexion sur
plus attendues par les étudiants.      l’expérience et l’usage de la ville
Nous avons abordé le principe de       par ses habitants. Les élus gar-
démocratie locale et sa mise en        dent toujours leur pouvoir de dé-
place concrète au sein de la ville     cision mais ils le font en prenant
de Strasbourg. Nos intervenants,       connaissance des réflexions des
Luc Scheeck, directeur de la           techniciens et des habitants qui
démocratie locale et de la             interviennent dans les instances
proximité et Céline Tergau, mem-       de la démocratie locale.
bre de la mission démocratie
locale (Ateliers Territoriaux de       Dans la communauté urbaine de
Partenaires), nous ont fait part de    Strasbourg, la démocratie locale
leur enthousiasme à propos de          détient une place à part entière
ce programme et de leurs raisons       dans le pôle « culture, territoire et
de croire en l’efficacité et à la      démocratie locale ». Strasbourg
pérennité des dispositifs qu’ils       se place vraiment en innovateur
mettaient en place.                    dans ce domaine, grâce à ses
                                       nombreuses instances allant de
En 2008, la nouvelle majorité          la proximité à la prospective (voir
(PS/EELV) a basé en partie son         schéma). Pour la proximité, on
programme politique sur le dé-         retrouve les Conseils de quartier
veloppement de cette démocratie        et les Ateliers Territoriaux de
locale. L’objectif est de faire des    Partenaires. En ce qui concerne
habitants des acteurs importants       les grands projets qui impactent
de la vie municipale en les as-        la ville entière, Strasbourg déve-
sociant aux grandes décisions et       loppe les Ateliers de projet.
en développant le dialogue pu-
blic, c'est-à-dire l’implication des
habitants dans le « processus

                                                                               13
Enfin, pour la prospective, qui
     imagine la ville de demain, des
     Ateliers urbains sont mis en place
     comme celui sur la « silhouette
     urbaine ». En parallèle, il existe
     des structures spécifiques à cer-
     taines populations : le Conseil des
     résidents étrangers hors UE et le
     Conseil des jeunes (par exemple
     l'organisation d’un grand concert
     « Stars en Scènes »).
                                           aléatoirement n’acceptent pas
     Il existe donc une vraie complé-      toujours de participer, le tirage au
     mentarité des instances de démo-      sort est d’une ampleur suffisante
     cratie locale. La mise en place de    pour qu’il y ait une composition
     ces dispositifs demande un ap-        équilibrée entre les volontaires et
     prentissage de la part des élus,      les autres.
     des habitants et des techniciens,     ,,,•,,il n’y a pas d’élus dans les
     les uns devant s’adapter aux          conseils car l’expérience des gou-
     autres, à leurs compétences et        vernements précédents a montré
     leur langage, mais c’est justement    que cela retenait les citoyens de
     ce qui peut permettre de faire        réellement s’exprimer.
     évoluer les positions de chacun.      ,,,•,,ces conseils sont animés par
                                           un professionnel rémunéré par la
     Les conseils de quartier              municipalité. Le conseil définit lui-
                                           même son ordre du jour et a la
     Le conseil de quartier reste          possibilité de solliciter un élu pour
     l’instance la plus importante de la   s’exprimer sur un sujet en par-
     démocratie locale. Il existe dix      ticulier.
     conseils de quartier à Strasbourg.    ,,,•,,les décisions des conseils de
     Ils sont dessinés sur la base des     quartier sont toujours annexées
     cantons.                              aux questions discutées en con-
     Les innovations de Strasbourg         seil municipal. Il y a donc une
     sont les suivantes :                  réelle prise en compte ainsi
     ,,,•,,dans la composition des con-    qu’une obligation de retour sur
     seils de quartier : 50% des mem-      ces avis des conseils de quartiers.
     bres sont élus sur une liste de       La démocratie locale génère des
     volontaires et les autres membres     contraintes pour les techniciens
     sont tirés au hasard sur les listes   et les élus qui doivent faire
     électorales pour plus de diversité.   évoluer leurs pratiques.
     Même si les personnes choisies

14
,,,•,,le conseil de quartier dispose    des associations, des institutions,
d’un budget de fonctionnement           des acteurs clés de la ville (ex :
propre.                                 directeurs d’école, travailleurs so-
                                        ciaux…) et des habitants.
La consultation se fait majoritaire-
ment sur saisine du maire à             Il existe environ six cents parte-
propos d’un projet mais il y a          naires (60% d’associations et 40%
également possibilité d’autosai-        d’institutions), qui travaillent sur
sine du conseil (propositions à la      des sujets très variés : accom-
ville) et de motions (propositions      pagnement vers l’emploi, forum
à la ville hors du champ de             job d’été, relations hommes/
compétence du conseil de quar-          femmes, accès à l’espace public
tier). Dans les faits, on observe       pour tous, etc. Ces réflexions se
que plus le mandat avance,              traduisent par une multitude d’ac-
moins le maire prend l’initiative de    tions (cent à cent cinquante par
consulter les habitants et plus ce      an) de différente envergure.
sont les conseils de quartiers qui
se saisissent de sujets de fond,        C’est un outil très riche pour
plus sociologiques. Les motions         identifier collectivement un pro-
n’ont pour l’instant pas été utili-     blème et le régler de façon inno-
sées.                                   vante grâce à la diversité des
                                        compétences réunies. Les ATP
Dans la composition du conseil,         sont aussi l’occasion de réinter-
le but n’est pas la représentativité,   roger les acteurs sur leur propre
qui serait illusoire, mais la di-       activité.
versité des positions pour pouvoir
sortir de l’idée de consensus et        Les ateliers urbains
faire émerger des idées ou pistes
de réflexion innovantes.                Ces ateliers permettent un travail
Pour aider et donner plus d'auto-       orienté autour du devenir de la
nomie possible à ces instances,         ville, de ses modes de transports,
la mairie finance également des         de la place de la nature ainsi que
formations, un guide du conseiller      des différentes formes d’architec-
de quartier, des animations, des        ture. L’atelier urbain du moment
locaux équipés pour les réunions,       est celui de la « silhouette urbaine
des kits de communication (affi-        » : le but est d’imaginer la forme
ches, tracts…).                         de la ville de demain. Les réu-
                                        nions sont réalisées directement
Les ateliers territoriaux de            sur le terrain en petits groupes
partenaires                             pour favoriser l’échange. Dans ce
                                        cadre, des élèves architectes a-
Ils ont pour but de faire travailler    vaient lancé un projet de mobilier
ensemble des acteurs tels que           éphé mère pour interpeler les ha-
                                                                               15
bitants et les faire réfléchir à ce     contre les habitants (selon un
     que le quartier et la ville pour-       itinéraire préétabli) autour de dif-
     raient devenir.                         férentes thématiques propres au
                                             quartier. Ces rencontres peuvent
     Le Conseil des jeunes                   s’avérer assez conflictuelles pour
                                             le maire, car il s’expose aux cri-
     Créé en 1993 pour les jeunes de         tiques directes des habitants.
     douze à dix-huit ans, il permet le      Elles permettent toutefois un réel
     dialogue entre ces jeunes et les        échange entre élus et citoyens
     élus, en même temps qu’il fa-           sur des sujets complexes, ce qui
     vorise une meilleure connaissan-        pousse le maire à favoriser ce
     ce des institutions. Il organise des    type de visites.
     évènements comme le concert
     "Strasbourg en scène", qui sont         En conclusion, dans un premier
     l’occasion de diffuser des messa-       temps la démocratie locale était
     ges citoyens, sur la consomma-          plutôt un processus de consul-
     tion d’alcool par exemple.              tation pure, mais à présent, une
                                             réflexion commune semble s’être
     Le Conseil des résidents                installée et les décisions des élus
     étrangers                               reflètent les ajustements du pro-
                                             cessus de réflexion. Même pour le
     Ce conseil existait antérieurement      tramway, la mairie a été prête à
     mais avait été supprimé lors de la      relancer une concertation, la pre-
     précédente mandature. Il a été          mière n’ayant pas été jugée suffi-
     recréé en 2009 avec pour objectif       sante pour les habitants. « Nous
     de travailler sur le thème de la di-    répondons à la pression en réou-
     versité culturelle (réalisation d’une   vrant la concertation » nous a
     exposition sur l’arrivée de ces po-     confié Luc Scheeck, et non pas
     pulations immigrées et leurs cul-       en suivant celui qui conteste le
     tures). Strasbourg a également          plus fort. Les défenseurs de la dé-
     lancé une initiative visant à re-       mocratie locale sont conscients
     grouper et permettre un échange         des obstacles qu’il reste à sur-
     avec les conseils des résidents         monter : faire s’exprimer les citoy-
     étrangers existant dans d’autres        ens qui pensent ne pas avoir leur
     villes de France.                       mot à dire, développer ce concept
                                             de démocratie dans l’Eurodistrict
     En plus de toutes ces instances,        et surtout sans cesse améliorer,
     la Direction de la démocratie           grâce au retour d’expérience, les
     locale et de la proximité et les        dispositifs existants pour assurer
     adjoints de quartier organisent         leur pérennité.
     des visites du maire dans les
                                             Thomas Ladreyt, Roxane
     différents quartiers de Strasbourg.     Martin, Joséphine Thomazo
     A cette occasion, le maire ren-

16
RENCONTRE AVEC
                                                         L'ASSOCIATION
                                                           VIADUQ 67
                                                 Karine Klein
                                                 Directrice de l'association Viaduq 67
A Hautepierre, dans l’ouest de                  tourées par des rues à sens uni-
Strasbourg, nous avons rencontré                que censées faciliter la circula-
Mme Klein, Directrice de l’asso-                tion jusqu’au boulevard.
ciation d’aides aux victimes "Via-              Mais cela rend le quartier très dif-
duq 67".                                        ficile d’accès pour les personnes
Elle nous a tout d’abord présenté               extérieures. Pour remédier à cet
le quartier, bâti dans les années               enclavement, un programme de
1960 sous forme de nids d’abeil-                rénovation urbaine a été lancé en
les.                                            2009 (signature de la convention
                                                ANRU). Celui-ci prévoit le prolon-
    La situation d'Hautepierre                  gement de la ligne de tramway, la
                                                suppression des sens uniques et
Les différentes mailles (portant                la requalification de l’habitat.
des noms de femmes) sont en-

Plan du quartier d'Hautepierre et ses mailles
Fourni par Mme Klein                                                                     17
Un grand pôle de services sera         - une aide juridique et psycho-
     également construit, comprenant        logique aux victimes. L’associa-
     une médiathèque, une ludothè-          tion reçoit notamment de nom-
     que, des locaux associatifs, une       breuses femmes victimes de vio-
     pharmacie, et un centre médico-        lences conjugales.
     social. Une pépinière d’entrepri-      - un accès au droit, avec des
     ses a été ouverte l’année dernière,    juristes généralistes qui accueil-
     et est déjà occupée à 100% par         lent les populations. Il s’agit d’in-
     une quarantaine d’entreprises,         formation et non de conseil, le but
     d'ateliers d’artisanat et de bureaux   n’étant pas de remplacer les
     pour les emplois de services. Des      avocats .

     jardins partagés sont prévus au        - une présence d’écrivains pu-
     pied des immeubles dans toutes         blics pour aider les personnes à
     les mailles pour que les habitants     monter des dossiers ou encore
     se réapproprient l’espace public.      intenter des recours .

     En effet, il faut noter que les        - une médiation pénale (alter-
     logements dans le quartier sont à      native à une poursuite judiciaire)
     70% des logements sociaux et           qui prévoit qu'un tiers rencontre
     constitués en majorité de copro-       les deux parties pour trouver un
     priétés dégradées du fait des          accord à l’amiable.
     difficultés financières de leurs
     propriétaires. Le quartier connait     L’association a réalisé huit mille
     une situation difficile avec 20% de    actions l’an dernier et fut saisie
     chômage, notamment chez les            mille deux cent soixante fois par
     femmes et les jeunes sans for-         les victimes. Elle possède diffé-
     mation.                                rents lieux de permanence pour
                                            prendre en charge le plus grand
                   Viaduq 67                nombre de victimes possible.
     L’association Viaduq 67 a été          L’accès est gratuit et l’association
     créée en 1967 par et pour les ha-      est financée par la CUS et l’Etat.
     bitants de Cronenbourg, où se          Viaduq 67 est consituée de huit
     situe toujours le siège de l’asso-     salariés et cinq bénévoles. Les
     ciation. Son action est aujourd’hui    associations strasbourgeoises sont
     départementale. Le nom de Via-         régies par le droit local déroga-
     duq a été choisi pour la symbo-        toire qui autorise les associations
     lique de l’obstacle franchi. L’asso-   de plus de sept membres à avoir
     ciation s’est fixée quatre missions    un but lucratif.
     principales :                          Alice Groux, Alix Ménard

18
19
b o u rg   e t l ' E u ro p e
                                tr a s
                          - S
                    E   E
                R N
       J   OU
     ME

                                                             LE PROJET URBAIN D'AXE
 XI È

                                                                STRASBOURG-KEHL
DEU

     Eric Chenderowsky
     Directeur de l'urbanisme, de
     l'aménagement et de l'habitat à la CUS
        Les fondements du                       développement des activités hu-
        développement urbain de                 maines. La structure hydraulique
        Strasbourg                              de la zone - Strasbourg étant
                                                située au confluent de la Bruche
        Le développement urbain de la et de l’Ill qui se divisent en de
        CUS est axé aujourd’hui autour de multiples canaux en centre ville -
        trois clés d’entrée principales : la est à l’origine même de l’implan-
        préservation et l’accroissement tation de la ville, et de son déve-
        des éléments environnementaux loppement économique par l'amé-
        structurants, le développement du nagement d’un port. L'établisse-
        tramway autour d’un es- "L'eau dans la cité ment de zones de com-
        pace à urbaniser limité, et                     merce grâce au dévelop-
        l’axe transfrontalier Stras- strasbourgeoise    pement des canaux au
        bourg-Kehl . Les thèmes      est un  élément    Moyen-Âge, puis d’un port
        de développement trans-            clé"         autonome qui s’est dépla-
        versaux sont au cœur des diffé- cé plusieurs fois a durablement
        rents projets et politiques urbains structuré la typographie de la ville.
        de la communauté.
                                                                 Ce potentiel hydraulique mar-
                                                                 que le territoire de façon systé-
        Strasbourg est bâtie sur un                              mique , 80% de l’agglomération
        environnement historique fragile                         étant situé sur une nappe phré-
                                                                 atique. Cette particularité est struc-
        La ville de Strasbourg est bâtie                         turante dans la réflexion immo-
        sur une zone historiquement hu-                          bilière, autant du point de vue de
        mide. Au fil de l’histoire et de                         la composition des sols et des zo-
        façon très précoce, cette pré-                           nes à risque d'inondation qui im-
        sence d’eau et notamment de                              pliquent des normes de construc-
        marécages a été maîtrisée pour le                        tion que dans l'attention à porter
20
pour protéger ces     La présence d’un patrimoine hy-
               zones. L’eau dans la     draulique est aussi un atout pour
           cité strasbourgeoise est     la ville si l’on considère l’angle
       un élément clé du paysage.       urbanistique et architectural. Ce
Il est inconcevable de quitter la       type d’aménagement urbain, déjà
ville sans avoir en mémoire les         mis en oeuvre dans d’autres villes
multiples canaux qui entourent le       de France et du monde remporte
centre-ville. Afin de rester fidèle à   beaucoup de succès auprès des
cette image, la mise en valeur des      populations et des visiteurs, qui
plans d’eau a été retenue dans          aiment se promener et réinvestir
les projets de rénovation urbaine       ces bords de bassins. “Construire
de ces dernières années. L’eau          la ville sur le Rhin” signifie donc
semble être aussi un élément de         mettre en avant l’environnement
liaison entre la ville icône histo-     alentour et l’histoire de la ville.
rique et les nouveaux quartiers à
réhabiliter et à réaménager.

La Communauté Urbaine de Strasbourg
Source : CUS                                  ,,Du fait de l’importance de
                                              ,,la nappe phréatique, Stras-
                                              ,,bourg est localisée dans
                                              ,,un espace très vert. De
                                              ,,nombreuses terres agri-
                                              ,,coles fertiles composent
                                              ,,les environs proches de la
                                              ,,ville et les traces du lit du
                                              ,,Rhin sont toujours présen-
                                              ,,tes, comme en témoignent
                                              ,,la forêt de La Robertsau et
                                              ,,celle du Neuhof. Il s’agit là
                                              ,,encore d’un élément struc-
                                              ,,turant du paysage urbain
                                              ,,qui a toute sa place dans
                                              ,,les projets : préserver les
                                              ,,terres agricoles, la “trame
                                              ,,brune” de l’étalement ur-
                                              ,,bain et réserver des ter-
                                              ,,rains pour des espaces
                                              ,,verts diffus au cœur de la
                                              ,,ville - “ les coulées vertes”.

                                                                                 21
Il s’agit certes d’une contrainte       sé des creux dans l’utilisation du
     écologique supplémentaire pour          foncier qui depuis une vingtaine
     la ville de Strasbourg et son man-      d’années suscitent des projets
     que de terrains fonciers, mais une      d’envergure.
     contrainte que les aménageurs et
     les populations jugent nécessaire       Ces espaces sont le lieu de la
     pour garder une qualité de vie          réalisation de la politique de la
     propre à Strasbourg.                    ville, qui s’inscrit dans une volonté
                                             de limiter l’étalement urbain et
     Axe d’échange et échangeur              ainsi de réinvestir les espaces dé-
     frontalier                              laissés de la ville. Les quartiers pé-
                                             riphériques de cette ville fortifiée
     Le fait d’être à la frontière et dans   ont donc aujourd’hui une place
     une zone d’échange a été une im-        d’importance dans l’aggloméra-
     portante source de richesses pour       tion strasbourgeoise. Cependant
     la ville mais aussi un lieu d’affir-    la politique mise en place est coû-
     mation des identités qui a inten-       teuse et nécessite la réalisation
     sément marqué la ville à différen-      d’un travail préalable sur la dé-
     tes époques. On retrouve donc à         pollution des sols.
     Strasbourg autant les influences
     rhénanes qu'une volonté jacobine        Strasbourg, ville universitaire
     partagée par une frange de la
     population de réaffirmer l’apparte-     Un autre élément structurant de la
     nance française du territoire. Le       communauté est son université.
     centre-ville est représentatif,,de      Fortement ancrée dans l’histoire
     ces luttes : en,,                                           ,,de cette ville
     se promenant,,                                              ,,autonome,
     près de la pla- ,,                                          ,,el le représen-
     ce royale, on,,                                             ,,te un moyen
     trouve un style ,,                                          ,,d’échange ,
     néo-classique,,                                             ,, très important.
     alors que la,,                                              ,, Strasbourg est
     place de la,,                                               ,, ainsi devenue
     gare reprend,,                                              ,,un lieu de
     un style d’ar-,,                                            ,,confluence
     chitecture bis-,,                                           ,,avec l’arrivée
     marckien.                                                   ,,d'universitai-
     Mais Strasbourg a aussi été une         res germaniques.
     zone “tampon” de par sa position        Les bassins universitaires sont
     fontalière entre deux Etats belli-      souvent le lieu d’expériences et
     queux. Ces espaces ont donc lais-       d’innovations, et Strasbourg sem-

22
ble essayer de promouvoir cette         Tramway et urbanisation limitée :
dynamique. Après avoir été une          une place plus grande pour la
vitrine du développement urbain         réflexion
allemand à la fin XIXe siècle,
dans une logique d’affirmation du        La CUS est aujourd’hui à un
pouvoir, elle tente encore aujour-       moment critique de l’histoire de
d’hui d’impulser ses propres mo-         son développement urbain puis-
dèles de développement urbain,           que le potentiel de zones urbani-
qui restent marqués par des influ-       sables est devenu quasi nul.
ences d’outre-Rhin.                      Quelques zones restent encore
                                         urbanisables mais ces dernières
       De nouveaux objectifs             sont en général loin du centre, et
                                         par conséquent inaccessibles par
Projections démographiques et            tramway. Il en résulte que les
objectifs en matière de logement         principales zones de réflexion en
                                         termes d’aménagement urbain se
La CUS ne gagne pas, en concentrent sur Strasbourg et sa
comparaison d’autres commu- première couronne. Or la deuxiè-
nautés urbaines françaises, un me couronne de Strasbourg cons-
nombre important d’habitants par titue un grand territoire facilement
an. Elle doit pouvoir se doter urbanisable. Ainsi, l'enjeu du dé-
d’objectifs en phase avec une veloppement des trans ports en
augmentation de popula-                           commun de l'aggloméra-
tion de deux mille habi-     "La  CUS  parie  sur tion connaît une impor-
tants par an, essentielle-  une   augmentation    tance nouvelle. Le res-
ment due au solde natu-          de  50  000      pect de la trame verte
rel. La CUS anticipe ainsi       habitants  à     doit être au cœur de ces
une augmentation de cin-     l'horizon  2035   et réflexions. On observe dé -
quante mille habitants à        se  donne  un     jà un taux de seulement
l’horizon 2035 et se donne  objectif  de  25 000  46% de déplacements
un objectif de vingt-cinq         nouveaux        effectués en voiture sur
mille nouveaux loge-            logements    à    le territoire de l'agglomé-
ments à construire sur           construire"      ration. Elle est ainsi la
cette période. La typologie de ces seule métropole française avec
nouveaux logements répondra à Lyon à présenter un tel taux in-
une politique de diminution du férieur à 50%.
logement individuel allant plutôt
vers une densification de terrains
qui se font aujourd’hui rares sur la
communauté.

                                                                                23
Deux exemples de projet :            à la pollution des sols. Ce territoire
        les Deux Rives et le PRU du          était auparavant très peu attractif
                  Neuhof                     du fait de son caractère industriel,
                                             mais il l’est désormais beaucoup
     M. Chenderowsky a ensuite fait          plus, notamment grâce à la pré-
     part de deux projets phares pour        sence de grands équipements
     Strasbourg, le projet des Deux          comme le cinéma UGC construit
     Rives et le programme de réno-          en 2000, les archives communau-
     vation urbaine du Neuhof.               taires, l’implantation de la Cité de
                                             la Musique et de la Danse en
     Le projet « Deux Rives »                2004, et la Médiathèque Malraux
     La zone concernée représente            en 2008. Le but est de créer une
     deux cent cinquante hectares de-        nouvelle centralité, soit d’élargir le
     puis la Petite France jusqu’à la        centre-ville, grâce par exemple à
     gare de Kehl et comprend no-            des ponts piétons, de nouveaux
     tamment le canal sud et le port du      espaces ,publics.
     Rhin. L’ouverture sur le Rhin repré-
     sente pour la ville un fort potentiel   ,Sur 1.400.000 m² de ,,SHON (Sur-
     de développement, c’est pourquoi        face Hors Oeuvre Nette) prévue
     il est important de réaménager ce       au total, 590 000 m² ont déjà été
     territoire marqué par les infra-        construits dans le cadre de cin-
     structures routières et industrielles   quante opérations différentes. On
     imposées par le port autonome.          constate dans le temps une haus-
     Depuis le déménagement du port,         se de l’attractivité du territoire de
     la Communauté Urbaine de                par l’apport de financements de la
     Strasbourg a pris le renouvelle-        CUS. Sur la période 1997-2009,
     ment urbain de cette zone en            l’investissement public est à hau-
     main, malgré les coûts élevés liés      teur de 53% avec la construction
                                                      ,,de nombreux établisse-
                                                      ,,ments publics, mais ,,déjà
                                                      ,,sur la période suivante,
                                                      ,,2010-2015, les investis-
                                                      ,,seurs privés montrent leur
                                                      ,,intérêt, ce qui se traduit
                                                      ,,par une réduction de la
                                                      ,,part du financement pu-
                                                      ,,blic à 32%. Les logements
                                                      ,,représentent aujourd'hui
                                                      ,,62% des infrastructures
                                                      ,,concernées par le projet.

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Trois mille logements sont actuel-        quartiers. Cela n’était pas prévu
lement en construction sur l’axe,         initialement dans le projet, mais la
avec une mixité importante com-           présence de passerelles piéton-
me cela est prévu par le Pro-             nes entre le centre-ville et cet
gramme Local de l'Habitat. Il faut        espace a permis, par exemple,
cependant veiller à allier loge-          que les étudiants viennent y faire
ment et emploi , en redévelop-            leurs courses, ce qui dynamise le
pant notamment une activité di-           quartier et lui donne donc un ray-
versifiée sur l’ancienne zone por-        onnement très positif.
tuaire. Le projet se développe du
sud de Strasbourg vers Kehl, en           Quelques défauts de coordination
se concentrant d'abord sur un             et de prévision n’ont cependant
retour structuré de la ville autour       pas pu être évités, tel que le par-
de ses bassins et du port, puis sur       king souterrain du centre com-
le Rhin, en coopération avec la           mercial qui reste à moitié vide
ville de Kehl. Il faut avoir à l’esprit   puisque les prévisions des an-
que l’ouverture sur le Rhin dans le       nées 1990 n’avaient pas suffisam-
projet est relativement réduite,          ment anticipé le changement des
mais un enjeu fort se joue autour         habitudes des habitants quant à
du passage du tramway, de                 l’utilisation de la voiture. Un deu-
l’implantation de nouvelles activi-       xième exemple est la promenade
tés, et de coopération avec l’Alle-       au bord du bassin, qui est très
magne, Kehl ayant la responsabi-          agréable mais pourrait l’être en-
lité d’aménager les têtes de ponts        core plus si les commerces et
reliant les deux pays.                    restaurants se tournaient vers la
                                          berge plutôt que vers l’intérieur du
La visite de terrain a permis d’ob-       centre commercial. Au final, cette
                                          zone de promenade est tout de
server les aménagements mis en            même un succès car elle attire
place autour du bassin d’Auster-          une population nombreuse et di-
litz. La volonté était de conserver       versifiée.
le long des canaux le côté indus-
triel du site en construisant des         Le PRU du Neuhof
immeubles en briques et la mé-            Engagé en 2004, ce projet de
diathèque en style très brut, et en       rénovation urbaine mobilise 270
exposant deux anciennes grues             millions d’euros d’investissements
du port autonome. Cette zone fait         publics sur plus de cent cin quan-
office d ’interface entre le centre-      te opérations pour trans former
ville et le quartier de Neuhof            l’environnement et le cadre de vie
avec notamment le centre com-             de plus de vingt mille habitants.
mercial et la médiathèque utilisés        Le Neuhof était, dans les années
par les habitants de ces deux             1980, le quartier le plus en dif-

                                                                                 25
ficulté de l'agglomération stras-     considérations du projet. L’exten-
     bourgeoise. Il souffrait d'une mau-   sion du tram au quartier a été
     vaise desserte en transports en       aussi une initiative pour désecla-
     commun, d'un taux de chômage          ver cette partie de la ville, l’idée
     de près de 30% et d'une trop          étant de redonner de la valeur à
     faible activité économique. L'un      ces terrains pour inciter l’instal-
     des grands objectifs du projet du     lation d’investisseurs et d’entrepri-
     Neuhof a été de diversifier et        ses et ne pas laisser au Neuhof
     améliorer l'habitat par le renou-     qu’une fonction résidentielle .
     vellement des logements sociaux       Pour autant cette rénovation ur-
     les plus dégradés et le dévelop-      baine importante du quartier a
     pement d'une offre nouvelle de        suscité beaucoup d’interrogations
     plus de mille logements privés.       parmi les étudiants quant à la
     Dans ce projet, les logements semi-   possibilité pour les ménages les
     collectifs sont aussi mis en avant    plus modestes de pouvoir y res-
     pour pallier à l'impossibilité de     ter.
     proposer des logements indivi-
     duels.                                Enfin, le projet Neuhof est fondé
     Ce renouvellement, comme beau-        sur la référence de la “ville verte”
     coup d’autres sur une ville qui a     et les habitants du quartier ont été
     une forte tradition architecturale,   placés au cœur de la rénovation
     pose le dilemme de la recons-         urbaine grâce à l’organisation de
     truction ou de la réhabilitation .    réunions publiques de concerta-
     Les anciens logements ouvriers        tion.
     qui ont gardé des toits de tuiles
     typiques soulèvent la question de     Clément Doumic, Claire Melquiond,
     la mémoire des rénovations ur-        Alizée Michau-Bauchard, Béatrice
     baines. Beaucoup de concerta-         Nollet, Anaëlle Vandermeersch
     tion et de réflexion a été néces-
     saire avant de proposer une ligne
     architecturale aux toits pour les
     nouveaux bâtiments à construire.
     Le projet de rénovation du quar-
     tier du Neuhof constitue égale-
     ment un projet de réflexion d’en-
     semble pour renforcer l’échelle
     de proximité . Les services aux
     habitants, les initiatives associa-
     tives et la volonté de réduire le
     taux d’occupation des logements
     sociaux entrent ainsi dans les

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