Voyage d'études Strasbourg 9 - 11 octobre 2012 - Sciences Po
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S OMMAIRE Introduction p.4 Mme Brigitte Fouilland - Responsable du Master STU Première journée : mardi 9 octobre 201 2 Des citoyens aux institutions Présentation générale de la Communauté urbaine p.6 M. Robert Herrmann, 1 er adjoint au maire et Vice-Président de la CUS La collectivité, des enjeux du mandat et des partenariats p.8 M. Gérard Beliard, chargé de mission à la Direction Générale des services La démocratie locale à Strasbourg p.1 3 M. Luc Scheeck, Directeur de la démocratie locale et de la proximité, et Mme Céline Tergau, membre de la mission démocratie locale Rencontre avec l'association Viaducq 67 p.1 7 Mme Karine Klein, Directrice de l'association Viaducq 67 Deuxième journée : mercredi 1 0 octobre 201 2 Strasbourg et l'Europe Le projet urbain de l'axe Strasbourg-Kehl p.21 M. Eric Chenderowsky, Directeur de l'urbanisme, de l'aménagement et de l'habitat à la CUS Strasbourg, une capitale européenne en danger ? p.28 M. Guillaume Delmotte, Directeur par intérim des relations europénnes et internationales à la CUS L'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau p.32 Mme Cordula Riedel, Secrétaire générale de l'Eurodistrict
Troisième journée : jeudi 11 octobre 201 2 Les acteurs du territoire : économie et société Visite du quartier Neuhof p.38 Mme. Nadia Alioua, Directrice de proximité Neuhof- Meinau, et M. Jullien Mattei, Directeur du PRU Neuhof L'économie sociale et solidaire p.46 M. Rémy Banuls, Directeur adjoint du développement économique et de l'attractivité de la CUS Une initiative culturelle strasbourgeoise : le TAPS p.50 M. Olivier Chapelet, Directeur du TAPS Maison de Santé du Neuhof p.54 Dr. Catherine Jung, Médecin généraliste à la Maison de Santé ADEUS, l'agence de développement et d'urbanisme p.56 strasbourgeoise M. Olivier Schmitt, Chargé d'études à l'ADEUS La Chambre de Commerce et d'Industrie p.60 M. André Hirtz, Directeur adjoint du service Industrie à la CCI de Strasbourg, et Mme Tania Desfossez, Directrice de l'aménagement du territoire à la CCI Conseil régional d'Alsace p.65 M. François Bouchard, Directeur général des services de la région Alsace Témoignages et souvenirs p.70 Remerciements et crédits p.74
DU C TI O N T R O IN D' T S S M O UE ELQ QU Brigitte Fouilland Responsable du Master STU Strasbourg attire tous ceux se en place entre communes et qui s’intéressent aux villes, ai- communauté : les évolutions des ment l’histoire et l’architecture modes de gouvernance, les po- urbaines, observent les projets litiques publiques mises en œu- de mobilité et d’aménagement, vre témoignent d’une prise en apprécient aussi le dynamisme compte des nouveaux enjeux des acteurs qui font ce territoire. de société. Située au bord du Rhin, Nous voudrions ici tout Strasbourg est marquée par la particulièrement remercier les question de la frontière, et par représentants de la Commu- essence par les interrogations nauté Urbaine pour l’accueil et sur la valeur d’un territoire euro- l’appui efficaces qu’ils nous ont péen. Du fait peut-être de cette apportés dans l’organisation du expérience, ses habitants, ses voyage d’études effectué par le responsables, semblent en me- Master Stratégies territoriales et sure de réfléchir les enjeux terri- urbaines de Sciences Po en toriaux, de les envisager à leurs octobre 2012. différentes échelles, de mettre en œuvre des politiques inno- Ce séminaire est conçu, en dé- vantes. but de cursus au Master, com- me un temps de découverte Dans le cadre de la Com- d’un territoire dans ses diffé- munauté urbaine de Strasbourg rentes dimensions : visites de (la CUS), créée dès 1966, une quartiers, de projets d’aména- organisation politique et admini- gement, de lieux culturels, mais strative originale a été ainsi mi- aussi rencontres avec les acteurs 4
s o c i au x, p o l i ti q u e s , écon om i - çu s, et d on t l es p ré s e n tati o n s q u es qui fo n t le te rri to i re , afi n se tro u ve n t ré u n i e s i ci , soi en t de c o m p re n d re l e u rs rô l e s re s - c h al e u re u s e m e n t re m e rc i é s de p e c ti fs , l e u rs i n te rre l ati o n s , et la l e u r d i s p o n i b i l i té ! m an i è re d on t l es p ro c e s s u s d ’ ac - ti o n pu bl i q u e son t i n i ti é s et mis N ou s e s p é ro n s que ce rap p o rt, en œ u vre . fru i t d ’ u n travai l c o l l e c ti f d e to u s l es é tu d i an ts , s e ra pou r eu x un Le s é tu d i an ts on t pu com - si g n e de re c o n n ai s s an c e de ce p re n d re au fi l de l e u rs vi s i te s , q u ’i l s on t su tran s m e ttre . l es en j eu x de tran s p o rt, d ’ u rb a- Brigitte Fouilland n i sm e, de d é ve l o p p e m e n t éco- n om i q u e, m ai s au s s i d ’ h ab i tat, de s an té , de c i to ye n n e té . Ils on t o b s e rvé l es l og i q u es d es d i ffé - re n ts ac te u rs , l es n o u ve au x m o - d es de g o u ve rn an c e com m u - n au tai re s , ré g i o n au x, m ai s au s s i e u ro p é e n s , l es é c h an g e s et p arte n ari ats e n tre pu bl i c et p ri - vé , l es i n i ti ati ve s as s o c i ati ve s . Qu e to u s ceu x qui l es on t re - 5
c i t o ye n s a u x i n s t i t u t i o n D es s E - NÉ UR JO PRÉSENTATION GÉNÉRALE RE MIÈ DE LA COMMUNAUTÉ P RE URBAINE DE STRASBOURG Robert Herrmann 1 er Adjoint au maire et Vice-président de la CUS. La Ville de Strasbourg et sa com- Paris) associées au développe- munauté urbaine (CUS) partagent ment d’un maillage étroit de trans- leurs structures administratives ports collectifs, notamment grâce jusqu’à confondre la majorité de aux bus et tramways. leurs objectifs. Elles se trouvent confrontées à plusieurs préoccu- Par ailleurs, face au changement pations communes : de perspective des décideurs sur la ville (passage d’une conception ,,,•,,Pénurie de logements face à centrée sur la structure à une l’augmentation structurelle de la conception centrée sur l’usager), population (issue de l’immigration jumelée à la pression croissante et de son solde naturel positif). des citoyens, Strasbourg est ,,,•,,Topographie en cuvette qui la également amenée à impliquer rend extrêmement sensible à la ses habitants dans le processus pollution. d’élaboration des politiques pub- ,,,•,,Étalement urbain et contraintes liques urbaines, via la mise en énergétiques. place de conseils de quartier, groupes de travail, réunions publi- Pour faire face à ces enjeux, ques, ateliers de projets... Il con- Strasbourg est amenée depuis les vient de noter que la question de années 1990 à penser les évo- l’échelle est primordiale dans le lutions de son système de trans- cadre d’une telle participation ci- port : une piétonisation massive toyenne : la pertinence du dialo- du centre-ville (premier plan pié- gue public dépend de l’échelle du ton de France), la mise en place projet ou de la problématique d’un réseau important de pistes donnée. cyclables (10% des déplacements se font à vélo contre 30% à Afin d’éviter ce problème d’échelle, Copenhague et seulement 2% à la ville de Strasbourg s'interroge 6
aujourd’hui sur le conception d’un nouveau projet bien fondé de passer qui n’obstruerait pas la vue de- d’une logique territoriale à puis les habitations. une logique thématique de la concertation. Le cas strasbourgeois nous pousse à avoir une réflexion de Plusieurs exemples démontrent fond sur le service public local, l’utilité que ces démarches de d’autant plus que cette réflexion démocratie locale revêtent aux est absente des projets des prin- yeux de la population stras- cipaux partis politiques. Le sort bourgeoise. Parmi ceux-ci, citons des bains municipaux de la ville celui du groupe Hammerson qui illustre bien ce besoin. Face au avait pour projet de construire manque de fonds publics, la dans les Halles de Strasbourg un collectivité doit se poser la ques- mur obstruant la vue de trois tion du passage d’une gestion du tours d’habitations et d’y peindre bâtiment en régie propre à une un arbre pour compenser le gestion par délégation au privé, désagrément. Devant le mécon- ce qui induit le risque de perdre tentement des habitants, la ville a prise sur les activités d’intérêt gé- alors mis en place un atelier de néral des bains et ainsi de porter projet, d’une durée d’un an, atteinte à l’attachement de la réunissant près de deux cent communauté strasbourgeoise à cinquante personnes. Ces der- ce symbole historique de la ville. nières ont réussi, par le dialogue Flore Dupoux, Quentin Grand avec Hammerson, à infléchir le projet du groupe en obtenant la 7
OBJECTIFS ET MOYENS DE L'ACTION MUNICIPALE ET COMMUNAUTAIRE Gérard Béliard Chargé de mission à la Direction générale des services La communauté urbaine de Stras- Au-delà des clichés : « Stras- bourg est la septième Commu- bourg, symbole de la réconci- nauté urbaine de France sur le liation franco-allemande » plan démographique, représen- tant 25% de la population alsaci- Strasbourg est dans l’esprit com- enne. Parmi les vingt-neuf com- mun le symbole de la réunion munes composant la communau- franco-allemande. L’Eurodistrict est té urbaine de Strasbourg, seules sans doute le reflet de cette vision. deux d’entre elles ont moins de Et pourtant, le passé pèse encore vingt mille habitants. sur la région : en 1945, il a été difficile de « partager la mémoi- La ville de Strasbourg s'illustre de re », de célébrer unanimement la trois manières. Tout d’abord, en Libération, puisque les rapports à tant que capitale de la région l’histoire n’étaient pas uniformes. Alsace. C’est la deuxième desti- Cependant l’installation, à partir nation touristique urbaine de de 1969 du Conseil de l’Europe, a France, après Paris. Strasbourg permis à la cité de retrouver sa est aussi une capitale euro- dignité. péenne, (dans laquelle se trouve une ambassade de France). Les Les objectifs de l’action capacités d’organisation et d’équi- municipale et communautaire pement de la ville lui ont permis d’accueillir en 2009 le sommet de Il est important, avant de définir l’OTAN. Enfin, Strasbourg est le les stratégies de la ville, de rappe- siège d’une université historique, ler que la CUS et la ville de Stras- première université unique, c'est- bourg ont décidé dès 1972 de à-dire réunifiée, en 2009. Elle pré- confier la gestion des activités re- sente, à l’image de la ville, une levant des compétences munici- dimension internationale mar- pales à la communauté urbaine, quée : ses cinquante-deux mille la ville lui versant une compensa- étudiants sont issus de cent natio- tion annuelle. nalités. 8
Premier axe d’action : renforcer les fonctions européennes et le rôle international de Strasbourg . ,,,•,,En confortant Strasbourg comme capitale européenne : les traités ont désigné Stras- bourg comme étant une capitale européenne, alors même qu’elle n’est pas une capitale nationale. Ainsi, pour être en adéquation avec ce statut, la CUS reçoit des aides de l’Etat, de la région Alsace et du département du Bas-Rhin. Cela permet de garantir, dans le cadre de contrats triennaux (financés de plus en plus par la ville mais encore principalement par l’Etat), l’accessibilité interna- tionale du lieu, les conditions d’accueil, ainsi que d’assurer la visibilité internationale de l’univer- sité et le rayonnement culturel ,,,•,,En faisant de l’Eurodistrict européen de la ville. La réalisation Strasbourg-Ortenau un labora- de ces objectifs passe par exem- toire de l’Europe au quotidien : ple par la réfection du Parlement le lien entre Strasbourg et Européen, l’organisation du Fo- l’Allemagne se traduit plutôt par rum Mondial de la Démocratie, l’axe Strasbourg Kehl. C’est dans ou encore à travers le soutien des ce but que la façade sur le Rhin lignes de TGV vers Lyon et Mu- doit être aménagée sous peu, nich. notamment avec la construction d’un tramway. Strasbourg béné- ,,,•,,En soutenant le développe- ficierait énormément de l’établis- ment et la modernisation de l’uni- sement d’un interlocuteur comme versité et des grandes écoles : Karlsruhe, ville de taille compara- la première téléchirurgie a été ble, et située à peine à une heure pratiquée entre l'Université de en voiture. Strasbourg et la ville d’Atlanta. De plus, un partenariat a été passé Deuxième axe d’action : ren- avec Karlsruhe et Friebourg, deux forcer l’attractivité de Strasbourg universités d'excellence . par le développement économi- 9
Le nouveau,, ,, Troisième axe Président de la,, ,, d’action : CUS a fait du dé-,, ,,poursuivre une veloppement éco- ,, ,,politique de dé- nomique le point,, ,, veloppement res- central de son,, ,,ponsable discours d’inves-,, : titure. ,,,•,,Une situation économique en ,,,•,,Contribution à la lutte contre voie de fragilisation : les changements climatiques : l'activité économique du territoire la CUS s’est fixé des objectifs strasbourgeois étant multisecto- environnementaux exigeants : éco- rielle, les effets de la crise ont été nomiser 30% d’énergie et attein- limités, mais la reprise a été ra- dre 30% d’énergies renouvelables lentie. dans les sources. Elle a égale- ment arrêté le traitement chimi- ,,,•,, Une stratégie économique par- que des espaces verts. tagée : Il existe en outre un projet expé- la stratégie « Eco 2020 » soutient rimental portant sur le Rhin : la plusieurs secteurs : les technolo- réalisation d’une éco-cité. gies médicales et les thérapies nouvelles, qui représentent dix ,,,•,,Poursuite de la mise en œuvre mille emplois et une cinquantaine d’une politique de développement d’entreprises. urbain respectueuse de l’environ- La ville encourage également la nement : recherche dans le secteur des notamment avec le projet d'éco- mobilités innovantes et multimo- cité, qui s'inscrit également dans dales. la dimension transfrontalière de Enfin, la stratégie comprend le Strasbourg . soutien au secteur tertiaire supé- rieur international, comme le sec- ,,,•,,Exemplarité de Strasbourg en teur bancaire, et les secteurs matière de mobilité durable : créatifs de l’art et de l’artisanat. le tramway est bien sûr une Tous ces objectifs trouvent leur réalisation phare dans la ville. concrétisation dans différents pro- Quant aux nouveaux projets pour jets : le parc d’innovation interna- la mobilité durable, ils incluent la tional, le pôle des technologies à création de lignes de train reliant l’hôpital, la pépinière d’entre prises Strasbourg à d’autres villes. franco-allemande, ou encore le quartier d’affaires international. 10
Les moyens de l’action qui hérite des compétences trans- municipale et communautaire férées par les communes pré- sentes sur son périmètre. Cette Comment les compétences de la organisation est régie par le prin- ville et de la CUS sont- Strasbourg est en passe cipe d’exclusivité qui elles prises en charge de devenir une métropole rappelle que la com- par le budget de cha- européenne si elle sait pétence est totale- cune des deux collec- tirer les effets de ses ment dévolue et ne tivités ? revient donc plus à la "complémentarités avec Les conseils de la commune, et le prin- d’autres territoires" CUS se réunissent cipe de spécialité qui une fois par mois pour examiner assure que l’EPCI ne gère que les les rapports préparés par cha- compétences qui lui ont été trans- cune des entités. Les décisions férées. sont prises par voie de délibéra- tion des deux conseils, parfois Les compétences que la CUS même avec l’avis des conseils de exerce du fait de la loi du 13 quartiers. décembre 1966 sont la gestion des plans d’urbanisme, le dé- ,,,•,, les principales compétences veloppement économique et la exercées par la ville de gestion des ZAC, la rénovation Strasbourg urbaine, le logement, les services La ville bénéficie de la clause d’incendie et de secours, les générale de compétence. Elle transports et déplacements, l’eau exerce, en plus de ses compé- et l’assainissement, la création et tences traditionnelles, les compé- l’extension des cimetières, la ges- tences sociales du département, tion des abattoirs et marchés ce qui comprend la protection d’intérêt national, les parcs de maternelle et infantile, le service stationnement, ainsi que le dé- d’action sociale, l'aide éducative, veloppement social et culturel l’organisation du RSA. Par ailleurs, depuis la loi Chevènement de la ville de Strasbourg a signé une 1999. convention avec l’Etat lui permet- S’ajoutent à cela les compé- tant de gérer la médecine sco- tences transférées par les com- laire et la veille du 115. munes, comme les grands équi- pements culturels et sportifs, l’hé- ,,,•,, les compétences exercées bergement d’urgence, la gestion par la CUS des petits cours d’eau, la gestion Il s’agit d’un établissement public de la prévention du bruit, les de coopération intercommunale coulées vertes. 11
On notera les grands projets de la pole européenne si elle sait tirer CUS qui sont de sa compétence : les effets de ses « complémen- cinq projets de rénovation urbai- tarités avec d’autres territoires », ne, le financement de la LGV Est, d’après la DATAR. et le soutien de pépinières d’en- treprises. Une feuille de route du pôle métropolitain Strasbourg- Les moyens financiers Mulhouse disponibles Strasbourg et Mulhouse à elles seules représentent 40% de la po- La ville dispose d’un budget de pulation alsacienne et 45% des 476,2 millions d'euros (355,4 mil- emplois de la région. Ces deux lions d'euros en fonctionnement villes sont donc en train de s’as- et 120,8 millions d'euros en inves- socier pour créer un pôle métro- tissement) et la CUS dispose d’un politain. Les objectifs de cette en- budget de 1,61 milliard d'euros tité sont la formation en masse (759 millions d'euros en fonction- critique augmentant la visibilité nement et 302 millions d'euros en européenne, la construction d’une investissement). offre métropolitaine pour l’Alsace, et enfin le regroupement en une Conclusion : quelles seule unité représentative face perspectives en matière de aux autres collectivités territoria- métropolisation ? les et à l’Etat dans le périmètre des enjeux communs. Un positionnement favorable Hélène Poli pour accéder au statut de métropole européenne La DATAR envisage d’inclure Strasbourg dans son programme stratégique visant les régions trans- frontalières métropolisées françai- ses. Au niveau européen, Stras- bourg se situe à la deuxième place du classement des aires urbaines dont la valeur ajoutée des services avancés aux entre- prises est supérieure à la moyen- ne parmi les trois cent cinquante sept aires urbaines européennes identifiées. Ainsi, Strasbourg serait en passe de devenir une métro- 12
DÉMOCRATIE LOCALE ET PROXIMITÉ Luc Scheeck Directeur de la démocratie locale et de la proximité Céline Tergau Membre de la mission démocratie locale Mardi après-midi, nous avons as- décisionnel » selon différents mo- sisté à l’une des présentations les des : consultation, réflexion sur plus attendues par les étudiants. l’expérience et l’usage de la ville Nous avons abordé le principe de par ses habitants. Les élus gar- démocratie locale et sa mise en dent toujours leur pouvoir de dé- place concrète au sein de la ville cision mais ils le font en prenant de Strasbourg. Nos intervenants, connaissance des réflexions des Luc Scheeck, directeur de la techniciens et des habitants qui démocratie locale et de la interviennent dans les instances proximité et Céline Tergau, mem- de la démocratie locale. bre de la mission démocratie locale (Ateliers Territoriaux de Dans la communauté urbaine de Partenaires), nous ont fait part de Strasbourg, la démocratie locale leur enthousiasme à propos de détient une place à part entière ce programme et de leurs raisons dans le pôle « culture, territoire et de croire en l’efficacité et à la démocratie locale ». Strasbourg pérennité des dispositifs qu’ils se place vraiment en innovateur mettaient en place. dans ce domaine, grâce à ses nombreuses instances allant de En 2008, la nouvelle majorité la proximité à la prospective (voir (PS/EELV) a basé en partie son schéma). Pour la proximité, on programme politique sur le dé- retrouve les Conseils de quartier veloppement de cette démocratie et les Ateliers Territoriaux de locale. L’objectif est de faire des Partenaires. En ce qui concerne habitants des acteurs importants les grands projets qui impactent de la vie municipale en les as- la ville entière, Strasbourg déve- sociant aux grandes décisions et loppe les Ateliers de projet. en développant le dialogue pu- blic, c'est-à-dire l’implication des habitants dans le « processus 13
Enfin, pour la prospective, qui imagine la ville de demain, des Ateliers urbains sont mis en place comme celui sur la « silhouette urbaine ». En parallèle, il existe des structures spécifiques à cer- taines populations : le Conseil des résidents étrangers hors UE et le Conseil des jeunes (par exemple l'organisation d’un grand concert « Stars en Scènes »). aléatoirement n’acceptent pas Il existe donc une vraie complé- toujours de participer, le tirage au mentarité des instances de démo- sort est d’une ampleur suffisante cratie locale. La mise en place de pour qu’il y ait une composition ces dispositifs demande un ap- équilibrée entre les volontaires et prentissage de la part des élus, les autres. des habitants et des techniciens, ,,,•,,il n’y a pas d’élus dans les les uns devant s’adapter aux conseils car l’expérience des gou- autres, à leurs compétences et vernements précédents a montré leur langage, mais c’est justement que cela retenait les citoyens de ce qui peut permettre de faire réellement s’exprimer. évoluer les positions de chacun. ,,,•,,ces conseils sont animés par un professionnel rémunéré par la Les conseils de quartier municipalité. Le conseil définit lui- même son ordre du jour et a la Le conseil de quartier reste possibilité de solliciter un élu pour l’instance la plus importante de la s’exprimer sur un sujet en par- démocratie locale. Il existe dix ticulier. conseils de quartier à Strasbourg. ,,,•,,les décisions des conseils de Ils sont dessinés sur la base des quartier sont toujours annexées cantons. aux questions discutées en con- Les innovations de Strasbourg seil municipal. Il y a donc une sont les suivantes : réelle prise en compte ainsi ,,,•,,dans la composition des con- qu’une obligation de retour sur seils de quartier : 50% des mem- ces avis des conseils de quartiers. bres sont élus sur une liste de La démocratie locale génère des volontaires et les autres membres contraintes pour les techniciens sont tirés au hasard sur les listes et les élus qui doivent faire électorales pour plus de diversité. évoluer leurs pratiques. Même si les personnes choisies 14
,,,•,,le conseil de quartier dispose des associations, des institutions, d’un budget de fonctionnement des acteurs clés de la ville (ex : propre. directeurs d’école, travailleurs so- ciaux…) et des habitants. La consultation se fait majoritaire- ment sur saisine du maire à Il existe environ six cents parte- propos d’un projet mais il y a naires (60% d’associations et 40% également possibilité d’autosai- d’institutions), qui travaillent sur sine du conseil (propositions à la des sujets très variés : accom- ville) et de motions (propositions pagnement vers l’emploi, forum à la ville hors du champ de job d’été, relations hommes/ compétence du conseil de quar- femmes, accès à l’espace public tier). Dans les faits, on observe pour tous, etc. Ces réflexions se que plus le mandat avance, traduisent par une multitude d’ac- moins le maire prend l’initiative de tions (cent à cent cinquante par consulter les habitants et plus ce an) de différente envergure. sont les conseils de quartiers qui se saisissent de sujets de fond, C’est un outil très riche pour plus sociologiques. Les motions identifier collectivement un pro- n’ont pour l’instant pas été utili- blème et le régler de façon inno- sées. vante grâce à la diversité des compétences réunies. Les ATP Dans la composition du conseil, sont aussi l’occasion de réinter- le but n’est pas la représentativité, roger les acteurs sur leur propre qui serait illusoire, mais la di- activité. versité des positions pour pouvoir sortir de l’idée de consensus et Les ateliers urbains faire émerger des idées ou pistes de réflexion innovantes. Ces ateliers permettent un travail Pour aider et donner plus d'auto- orienté autour du devenir de la nomie possible à ces instances, ville, de ses modes de transports, la mairie finance également des de la place de la nature ainsi que formations, un guide du conseiller des différentes formes d’architec- de quartier, des animations, des ture. L’atelier urbain du moment locaux équipés pour les réunions, est celui de la « silhouette urbaine des kits de communication (affi- » : le but est d’imaginer la forme ches, tracts…). de la ville de demain. Les réu- nions sont réalisées directement Les ateliers territoriaux de sur le terrain en petits groupes partenaires pour favoriser l’échange. Dans ce cadre, des élèves architectes a- Ils ont pour but de faire travailler vaient lancé un projet de mobilier ensemble des acteurs tels que éphé mère pour interpeler les ha- 15
bitants et les faire réfléchir à ce contre les habitants (selon un que le quartier et la ville pour- itinéraire préétabli) autour de dif- raient devenir. férentes thématiques propres au quartier. Ces rencontres peuvent Le Conseil des jeunes s’avérer assez conflictuelles pour le maire, car il s’expose aux cri- Créé en 1993 pour les jeunes de tiques directes des habitants. douze à dix-huit ans, il permet le Elles permettent toutefois un réel dialogue entre ces jeunes et les échange entre élus et citoyens élus, en même temps qu’il fa- sur des sujets complexes, ce qui vorise une meilleure connaissan- pousse le maire à favoriser ce ce des institutions. Il organise des type de visites. évènements comme le concert "Strasbourg en scène", qui sont En conclusion, dans un premier l’occasion de diffuser des messa- temps la démocratie locale était ges citoyens, sur la consomma- plutôt un processus de consul- tion d’alcool par exemple. tation pure, mais à présent, une réflexion commune semble s’être Le Conseil des résidents installée et les décisions des élus étrangers reflètent les ajustements du pro- cessus de réflexion. Même pour le Ce conseil existait antérieurement tramway, la mairie a été prête à mais avait été supprimé lors de la relancer une concertation, la pre- précédente mandature. Il a été mière n’ayant pas été jugée suffi- recréé en 2009 avec pour objectif sante pour les habitants. « Nous de travailler sur le thème de la di- répondons à la pression en réou- versité culturelle (réalisation d’une vrant la concertation » nous a exposition sur l’arrivée de ces po- confié Luc Scheeck, et non pas pulations immigrées et leurs cul- en suivant celui qui conteste le tures). Strasbourg a également plus fort. Les défenseurs de la dé- lancé une initiative visant à re- mocratie locale sont conscients grouper et permettre un échange des obstacles qu’il reste à sur- avec les conseils des résidents monter : faire s’exprimer les citoy- étrangers existant dans d’autres ens qui pensent ne pas avoir leur villes de France. mot à dire, développer ce concept de démocratie dans l’Eurodistrict En plus de toutes ces instances, et surtout sans cesse améliorer, la Direction de la démocratie grâce au retour d’expérience, les locale et de la proximité et les dispositifs existants pour assurer adjoints de quartier organisent leur pérennité. des visites du maire dans les Thomas Ladreyt, Roxane différents quartiers de Strasbourg. Martin, Joséphine Thomazo A cette occasion, le maire ren- 16
RENCONTRE AVEC L'ASSOCIATION VIADUQ 67 Karine Klein Directrice de l'association Viaduq 67 A Hautepierre, dans l’ouest de tourées par des rues à sens uni- Strasbourg, nous avons rencontré que censées faciliter la circula- Mme Klein, Directrice de l’asso- tion jusqu’au boulevard. ciation d’aides aux victimes "Via- Mais cela rend le quartier très dif- duq 67". ficile d’accès pour les personnes Elle nous a tout d’abord présenté extérieures. Pour remédier à cet le quartier, bâti dans les années enclavement, un programme de 1960 sous forme de nids d’abeil- rénovation urbaine a été lancé en les. 2009 (signature de la convention ANRU). Celui-ci prévoit le prolon- La situation d'Hautepierre gement de la ligne de tramway, la suppression des sens uniques et Les différentes mailles (portant la requalification de l’habitat. des noms de femmes) sont en- Plan du quartier d'Hautepierre et ses mailles Fourni par Mme Klein 17
Un grand pôle de services sera - une aide juridique et psycho- également construit, comprenant logique aux victimes. L’associa- une médiathèque, une ludothè- tion reçoit notamment de nom- que, des locaux associatifs, une breuses femmes victimes de vio- pharmacie, et un centre médico- lences conjugales. social. Une pépinière d’entrepri- - un accès au droit, avec des ses a été ouverte l’année dernière, juristes généralistes qui accueil- et est déjà occupée à 100% par lent les populations. Il s’agit d’in- une quarantaine d’entreprises, formation et non de conseil, le but d'ateliers d’artisanat et de bureaux n’étant pas de remplacer les pour les emplois de services. Des avocats . jardins partagés sont prévus au - une présence d’écrivains pu- pied des immeubles dans toutes blics pour aider les personnes à les mailles pour que les habitants monter des dossiers ou encore se réapproprient l’espace public. intenter des recours . En effet, il faut noter que les - une médiation pénale (alter- logements dans le quartier sont à native à une poursuite judiciaire) 70% des logements sociaux et qui prévoit qu'un tiers rencontre constitués en majorité de copro- les deux parties pour trouver un priétés dégradées du fait des accord à l’amiable. difficultés financières de leurs propriétaires. Le quartier connait L’association a réalisé huit mille une situation difficile avec 20% de actions l’an dernier et fut saisie chômage, notamment chez les mille deux cent soixante fois par femmes et les jeunes sans for- les victimes. Elle possède diffé- mation. rents lieux de permanence pour prendre en charge le plus grand Viaduq 67 nombre de victimes possible. L’association Viaduq 67 a été L’accès est gratuit et l’association créée en 1967 par et pour les ha- est financée par la CUS et l’Etat. bitants de Cronenbourg, où se Viaduq 67 est consituée de huit situe toujours le siège de l’asso- salariés et cinq bénévoles. Les ciation. Son action est aujourd’hui associations strasbourgeoises sont départementale. Le nom de Via- régies par le droit local déroga- duq a été choisi pour la symbo- toire qui autorise les associations lique de l’obstacle franchi. L’asso- de plus de sept membres à avoir ciation s’est fixée quatre missions un but lucratif. principales : Alice Groux, Alix Ménard 18
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b o u rg e t l ' E u ro p e tr a s - S E E R N J OU ME LE PROJET URBAIN D'AXE XI È STRASBOURG-KEHL DEU Eric Chenderowsky Directeur de l'urbanisme, de l'aménagement et de l'habitat à la CUS Les fondements du développement des activités hu- développement urbain de maines. La structure hydraulique Strasbourg de la zone - Strasbourg étant située au confluent de la Bruche Le développement urbain de la et de l’Ill qui se divisent en de CUS est axé aujourd’hui autour de multiples canaux en centre ville - trois clés d’entrée principales : la est à l’origine même de l’implan- préservation et l’accroissement tation de la ville, et de son déve- des éléments environnementaux loppement économique par l'amé- structurants, le développement du nagement d’un port. L'établisse- tramway autour d’un es- "L'eau dans la cité ment de zones de com- pace à urbaniser limité, et merce grâce au dévelop- l’axe transfrontalier Stras- strasbourgeoise pement des canaux au bourg-Kehl . Les thèmes est un élément Moyen-Âge, puis d’un port de développement trans- clé" autonome qui s’est dépla- versaux sont au cœur des diffé- cé plusieurs fois a durablement rents projets et politiques urbains structuré la typographie de la ville. de la communauté. Ce potentiel hydraulique mar- que le territoire de façon systé- Strasbourg est bâtie sur un mique , 80% de l’agglomération environnement historique fragile étant situé sur une nappe phré- atique. Cette particularité est struc- La ville de Strasbourg est bâtie turante dans la réflexion immo- sur une zone historiquement hu- bilière, autant du point de vue de mide. Au fil de l’histoire et de la composition des sols et des zo- façon très précoce, cette pré- nes à risque d'inondation qui im- sence d’eau et notamment de pliquent des normes de construc- marécages a été maîtrisée pour le tion que dans l'attention à porter 20
pour protéger ces La présence d’un patrimoine hy- zones. L’eau dans la draulique est aussi un atout pour cité strasbourgeoise est la ville si l’on considère l’angle un élément clé du paysage. urbanistique et architectural. Ce Il est inconcevable de quitter la type d’aménagement urbain, déjà ville sans avoir en mémoire les mis en oeuvre dans d’autres villes multiples canaux qui entourent le de France et du monde remporte centre-ville. Afin de rester fidèle à beaucoup de succès auprès des cette image, la mise en valeur des populations et des visiteurs, qui plans d’eau a été retenue dans aiment se promener et réinvestir les projets de rénovation urbaine ces bords de bassins. “Construire de ces dernières années. L’eau la ville sur le Rhin” signifie donc semble être aussi un élément de mettre en avant l’environnement liaison entre la ville icône histo- alentour et l’histoire de la ville. rique et les nouveaux quartiers à réhabiliter et à réaménager. La Communauté Urbaine de Strasbourg Source : CUS ,,Du fait de l’importance de ,,la nappe phréatique, Stras- ,,bourg est localisée dans ,,un espace très vert. De ,,nombreuses terres agri- ,,coles fertiles composent ,,les environs proches de la ,,ville et les traces du lit du ,,Rhin sont toujours présen- ,,tes, comme en témoignent ,,la forêt de La Robertsau et ,,celle du Neuhof. Il s’agit là ,,encore d’un élément struc- ,,turant du paysage urbain ,,qui a toute sa place dans ,,les projets : préserver les ,,terres agricoles, la “trame ,,brune” de l’étalement ur- ,,bain et réserver des ter- ,,rains pour des espaces ,,verts diffus au cœur de la ,,ville - “ les coulées vertes”. 21
Il s’agit certes d’une contrainte sé des creux dans l’utilisation du écologique supplémentaire pour foncier qui depuis une vingtaine la ville de Strasbourg et son man- d’années suscitent des projets que de terrains fonciers, mais une d’envergure. contrainte que les aménageurs et les populations jugent nécessaire Ces espaces sont le lieu de la pour garder une qualité de vie réalisation de la politique de la propre à Strasbourg. ville, qui s’inscrit dans une volonté de limiter l’étalement urbain et Axe d’échange et échangeur ainsi de réinvestir les espaces dé- frontalier laissés de la ville. Les quartiers pé- riphériques de cette ville fortifiée Le fait d’être à la frontière et dans ont donc aujourd’hui une place une zone d’échange a été une im- d’importance dans l’aggloméra- portante source de richesses pour tion strasbourgeoise. Cependant la ville mais aussi un lieu d’affir- la politique mise en place est coû- mation des identités qui a inten- teuse et nécessite la réalisation sément marqué la ville à différen- d’un travail préalable sur la dé- tes époques. On retrouve donc à pollution des sols. Strasbourg autant les influences rhénanes qu'une volonté jacobine Strasbourg, ville universitaire partagée par une frange de la population de réaffirmer l’apparte- Un autre élément structurant de la nance française du territoire. Le communauté est son université. centre-ville est représentatif,,de Fortement ancrée dans l’histoire ces luttes : en,, ,,de cette ville se promenant,, ,,autonome, près de la pla- ,, ,,el le représen- ce royale, on,, ,,te un moyen trouve un style ,, ,,d’échange , néo-classique,, ,, très important. alors que la,, ,, Strasbourg est place de la,, ,, ainsi devenue gare reprend,, ,,un lieu de un style d’ar-,, ,,confluence chitecture bis-,, ,,avec l’arrivée marckien. ,,d'universitai- Mais Strasbourg a aussi été une res germaniques. zone “tampon” de par sa position Les bassins universitaires sont fontalière entre deux Etats belli- souvent le lieu d’expériences et queux. Ces espaces ont donc lais- d’innovations, et Strasbourg sem- 22
ble essayer de promouvoir cette Tramway et urbanisation limitée : dynamique. Après avoir été une une place plus grande pour la vitrine du développement urbain réflexion allemand à la fin XIXe siècle, dans une logique d’affirmation du La CUS est aujourd’hui à un pouvoir, elle tente encore aujour- moment critique de l’histoire de d’hui d’impulser ses propres mo- son développement urbain puis- dèles de développement urbain, que le potentiel de zones urbani- qui restent marqués par des influ- sables est devenu quasi nul. ences d’outre-Rhin. Quelques zones restent encore urbanisables mais ces dernières De nouveaux objectifs sont en général loin du centre, et par conséquent inaccessibles par Projections démographiques et tramway. Il en résulte que les objectifs en matière de logement principales zones de réflexion en termes d’aménagement urbain se La CUS ne gagne pas, en concentrent sur Strasbourg et sa comparaison d’autres commu- première couronne. Or la deuxiè- nautés urbaines françaises, un me couronne de Strasbourg cons- nombre important d’habitants par titue un grand territoire facilement an. Elle doit pouvoir se doter urbanisable. Ainsi, l'enjeu du dé- d’objectifs en phase avec une veloppement des trans ports en augmentation de popula- commun de l'aggloméra- tion de deux mille habi- "La CUS parie sur tion connaît une impor- tants par an, essentielle- une augmentation tance nouvelle. Le res- ment due au solde natu- de 50 000 pect de la trame verte rel. La CUS anticipe ainsi habitants à doit être au cœur de ces une augmentation de cin- l'horizon 2035 et réflexions. On observe dé - quante mille habitants à se donne un jà un taux de seulement l’horizon 2035 et se donne objectif de 25 000 46% de déplacements un objectif de vingt-cinq nouveaux effectués en voiture sur mille nouveaux loge- logements à le territoire de l'agglomé- ments à construire sur construire" ration. Elle est ainsi la cette période. La typologie de ces seule métropole française avec nouveaux logements répondra à Lyon à présenter un tel taux in- une politique de diminution du férieur à 50%. logement individuel allant plutôt vers une densification de terrains qui se font aujourd’hui rares sur la communauté. 23
Deux exemples de projet : à la pollution des sols. Ce territoire les Deux Rives et le PRU du était auparavant très peu attractif Neuhof du fait de son caractère industriel, mais il l’est désormais beaucoup M. Chenderowsky a ensuite fait plus, notamment grâce à la pré- part de deux projets phares pour sence de grands équipements Strasbourg, le projet des Deux comme le cinéma UGC construit Rives et le programme de réno- en 2000, les archives communau- vation urbaine du Neuhof. taires, l’implantation de la Cité de la Musique et de la Danse en Le projet « Deux Rives » 2004, et la Médiathèque Malraux La zone concernée représente en 2008. Le but est de créer une deux cent cinquante hectares de- nouvelle centralité, soit d’élargir le puis la Petite France jusqu’à la centre-ville, grâce par exemple à gare de Kehl et comprend no- des ponts piétons, de nouveaux tamment le canal sud et le port du espaces ,publics. Rhin. L’ouverture sur le Rhin repré- sente pour la ville un fort potentiel ,Sur 1.400.000 m² de ,,SHON (Sur- de développement, c’est pourquoi face Hors Oeuvre Nette) prévue il est important de réaménager ce au total, 590 000 m² ont déjà été territoire marqué par les infra- construits dans le cadre de cin- structures routières et industrielles quante opérations différentes. On imposées par le port autonome. constate dans le temps une haus- Depuis le déménagement du port, se de l’attractivité du territoire de la Communauté Urbaine de par l’apport de financements de la Strasbourg a pris le renouvelle- CUS. Sur la période 1997-2009, ment urbain de cette zone en l’investissement public est à hau- main, malgré les coûts élevés liés teur de 53% avec la construction ,,de nombreux établisse- ,,ments publics, mais ,,déjà ,,sur la période suivante, ,,2010-2015, les investis- ,,seurs privés montrent leur ,,intérêt, ce qui se traduit ,,par une réduction de la ,,part du financement pu- ,,blic à 32%. Les logements ,,représentent aujourd'hui ,,62% des infrastructures ,,concernées par le projet. 24
Trois mille logements sont actuel- quartiers. Cela n’était pas prévu lement en construction sur l’axe, initialement dans le projet, mais la avec une mixité importante com- présence de passerelles piéton- me cela est prévu par le Pro- nes entre le centre-ville et cet gramme Local de l'Habitat. Il faut espace a permis, par exemple, cependant veiller à allier loge- que les étudiants viennent y faire ment et emploi , en redévelop- leurs courses, ce qui dynamise le pant notamment une activité di- quartier et lui donne donc un ray- versifiée sur l’ancienne zone por- onnement très positif. tuaire. Le projet se développe du sud de Strasbourg vers Kehl, en Quelques défauts de coordination se concentrant d'abord sur un et de prévision n’ont cependant retour structuré de la ville autour pas pu être évités, tel que le par- de ses bassins et du port, puis sur king souterrain du centre com- le Rhin, en coopération avec la mercial qui reste à moitié vide ville de Kehl. Il faut avoir à l’esprit puisque les prévisions des an- que l’ouverture sur le Rhin dans le nées 1990 n’avaient pas suffisam- projet est relativement réduite, ment anticipé le changement des mais un enjeu fort se joue autour habitudes des habitants quant à du passage du tramway, de l’utilisation de la voiture. Un deu- l’implantation de nouvelles activi- xième exemple est la promenade tés, et de coopération avec l’Alle- au bord du bassin, qui est très magne, Kehl ayant la responsabi- agréable mais pourrait l’être en- lité d’aménager les têtes de ponts core plus si les commerces et reliant les deux pays. restaurants se tournaient vers la berge plutôt que vers l’intérieur du La visite de terrain a permis d’ob- centre commercial. Au final, cette zone de promenade est tout de server les aménagements mis en même un succès car elle attire place autour du bassin d’Auster- une population nombreuse et di- litz. La volonté était de conserver versifiée. le long des canaux le côté indus- triel du site en construisant des Le PRU du Neuhof immeubles en briques et la mé- Engagé en 2004, ce projet de diathèque en style très brut, et en rénovation urbaine mobilise 270 exposant deux anciennes grues millions d’euros d’investissements du port autonome. Cette zone fait publics sur plus de cent cin quan- office d ’interface entre le centre- te opérations pour trans former ville et le quartier de Neuhof l’environnement et le cadre de vie avec notamment le centre com- de plus de vingt mille habitants. mercial et la médiathèque utilisés Le Neuhof était, dans les années par les habitants de ces deux 1980, le quartier le plus en dif- 25
ficulté de l'agglomération stras- considérations du projet. L’exten- bourgeoise. Il souffrait d'une mau- sion du tram au quartier a été vaise desserte en transports en aussi une initiative pour désecla- commun, d'un taux de chômage ver cette partie de la ville, l’idée de près de 30% et d'une trop étant de redonner de la valeur à faible activité économique. L'un ces terrains pour inciter l’instal- des grands objectifs du projet du lation d’investisseurs et d’entrepri- Neuhof a été de diversifier et ses et ne pas laisser au Neuhof améliorer l'habitat par le renou- qu’une fonction résidentielle . vellement des logements sociaux Pour autant cette rénovation ur- les plus dégradés et le dévelop- baine importante du quartier a pement d'une offre nouvelle de suscité beaucoup d’interrogations plus de mille logements privés. parmi les étudiants quant à la Dans ce projet, les logements semi- possibilité pour les ménages les collectifs sont aussi mis en avant plus modestes de pouvoir y res- pour pallier à l'impossibilité de ter. proposer des logements indivi- duels. Enfin, le projet Neuhof est fondé Ce renouvellement, comme beau- sur la référence de la “ville verte” coup d’autres sur une ville qui a et les habitants du quartier ont été une forte tradition architecturale, placés au cœur de la rénovation pose le dilemme de la recons- urbaine grâce à l’organisation de truction ou de la réhabilitation . réunions publiques de concerta- Les anciens logements ouvriers tion. qui ont gardé des toits de tuiles typiques soulèvent la question de Clément Doumic, Claire Melquiond, la mémoire des rénovations ur- Alizée Michau-Bauchard, Béatrice baines. Beaucoup de concerta- Nollet, Anaëlle Vandermeersch tion et de réflexion a été néces- saire avant de proposer une ligne architecturale aux toits pour les nouveaux bâtiments à construire. Le projet de rénovation du quar- tier du Neuhof constitue égale- ment un projet de réflexion d’en- semble pour renforcer l’échelle de proximité . Les services aux habitants, les initiatives associa- tives et la volonté de réduire le taux d’occupation des logements sociaux entrent ainsi dans les 26
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