17 mars 1560 : l'échec de la Conjuration d'Amboise

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17 mars 1560 : l'échec de la Conjuration d'Amboise
Publié le 23 février 2021(Mise à jour le 23/02)
Par Louis Fraysse

17 mars 1560 : l’échec de la
Conjuration d’Amboise
L’échec de cette conspiration et la brutalité de sa répression préfigure les guerres
de Religion dans le royaume de France.

Lorsque le jeune François II monte sur le trône de France, en juillet 1559, après
la mort accidentelle de son père Henri II, la ferveur réformée s’est emparée du
royaume. Les missionnaires envoyés de Suisse par Calvin, à partir de 1555,
“dressent” partout des Églises : on en compte bientôt 2000 pour quelque deux
millions de fidèles. La fièvre gagne les plus hautes sphères de l’État : un prince du
sang, Louis de Condé, se convertit, tout comme l’amiral de Coligny.

Pour l’historien Denis Crouzet, cette percée du protestantisme se déroule dans
une sorte de “frénésie du désangoissement”, après des décennies marquées par
une très forte angoisse eschatologique. Causée par la conviction de l’imminence
de la fin des temps, cette dernière est accentuée par le pressentiment de la colère
de Dieu vis-à-vis d’une humanité “plus pécheresse que jamais”. La diffusion
rapide du protestantisme, dans cette optique, se déroule dès lors dans un climat
de “desserrement des peurs”. Car les convertis ont une certitude, note encore le
chercheur : après le temps des ténèbres, “celui de la lumière de l’Évangile
17 mars 1560 : l'échec de la Conjuration d'Amboise
accessible à tous et à toutes est venu”.

Un signe de la Providence
Alors que les assemblées clandestines et provocations iconoclastes se multiplient,
la mort de Henri II apparaît aux réformés les plus exaltés comme un signe de la
Providence, expliquent les historiens Hugues Daussy et Didier Boisson : “Dieu a
manifesté sa colère contre un prince déterminé à s’opposer au triomphe
inéluctable de la “vraie religion”.” L’avènement de François II semble alors
inaugurer une nouvelle ère… mais cet enthousiasme s’éteint rapidement. Le
pouvoir effectif est en effet aux mains du duc François de Guise et de son frère, le
cardinal Charles de Lorraine. Deux ultracatholiques qui ont acquis une réputation
de persécuteurs en Lorraine.

Confrontés à l’hostilité du pouvoir royal, les protestants s’interrogent. Doivent-ils
continuer d’obéir à un prince qui les opprime, et qui, ce faisant, va contre la
volonté de Dieu ? “Pour les réformés, il ne peut être question de se révolter
ouvertement contre le roi, surtout pour un motif confessionnel qui leur aliènerait
même les catholiques les plus modérés, notent Hugues Daussy et Didier Boisson.
Ce qu’il leur faut, c’est travestir leur opposition religieuse en une opposition
politique.”

L’influence des ducs de Guise
Dans le viseur du “parti huguenot” se trouvent les ducs de Guise, dont le lignage
n’a été naturalisé français qu’en 1506. Pour les réformés, il n’est pas normal que
ces “étrangers” disposent d’une telle influence à la tête de l’État ; le jeune roi
devrait plutôt s’appuyer sur les princes du sang pour gouverner. “Les Guise sont
de surcroît accusés d’exercer, au nom du roi qu’ils manipulent, un pouvoir
tyrannique et arbitraire, relatent les historiens. En se fondant sur ces arguments,
les réformés peuvent affirmer qu’ils ne luttent pas contre le roi, mais contre ceux
qui ont usurpé sa puissance, que le motif de leur révolte n’est pas religieux, mais
politique et donc qu’il peut être partagé par tous, catholiques comme
protestants.”

Reste que les princes du sang sur lesquels les réformés portent leurs espoirs,
Louis de Condé et son frère Antoine de Bourbon, roi de Navarre, ne semblent pas
prêts à conduire une action militaire. Afin de faire bouger les lignes, et malgré les
appels à la prudence lancés de Genève par Calvin et Théodore de Bèze, plusieurs
gentilshommes protestants décident alors de passer à l’action.

Le château royal d’Amboise
Le 17 mars 1560, sous la conduite de Jean du Barry, seigneur de La Renaudie, un
groupe de nobles réformés tente de prendre d’assaut une porte d’Amboise, où la
cour est installée. Le commando souhaite parvenir jusqu’au roi afin de lui
remettre un texte dénonçant la tyrannie des Guise, intitulé Les Estats de France
opprimez par la tyrannie de ceux de Guise, au Roy leur souverain seigneur. Par ce
coup de force, rapporte Denis Crouzet, l’objectif des nobles protestants était de
s’emparer par surprise de la personne du roi et simultanément de retirer toute
autorité au duc de Guise et à son frère le cardinal de Lorraine “assimilés à des
tyrans”.

Mais la “Conjuration d’Amboise”, ou “tumulte d’Amboise” est un fiasco, suivi
d’une répression particulièrement brutale. Certains conjurés sont noyés dans la
Loire, d’autres pendus ou décapités, leurs cadavres exposés aux créneaux de la
terrasse du château royal. Cette cruauté sera exploitée dans une campagne
contre les Guise, orchestrée notamment par le pamphlétaire réformé François
Hotman. Reste que pour l’historienne Arlette Jouanna, la Conjuration d’Amboise a
surtout eu pour effet de ternir l’image des protestants aux yeux des catholiques et
de rendre encore plus ardue la tâche des partisans de la paix dans le royaume.
Quant au thème du roi manipulé par ses favoris et prisonnier de ses mauvais
conseillers, il sera promis à une grande postérité, retracent Hugues Daussy et
Didier Boisson : “les réformés français ne cesseront de l’employer comme
bouclier jusqu’à la fin du siècle.”

Sources :

Les protestants dans la France moderne
Didier Boisson et Hugues Daussy, Belin, 2006.

Humanisme, Réformes et conflits religieux
Denis Crouzet, La Documentation photographique, 2020.
À lire également :

  Protestantisme : qui était Gaspard de Coligny ?

  Iconoclasme : quand les protestants renversaient les statues

  Médecin, astrologue et prophète : qui était Nostradamus ?

Publié le 9 avril 2020(Mise à jour le 9/04)
Par Rédaction Réforme

Pour Jean Calvin, la résurrection
rend le corruptible incorruptible
Dans la partie de son grand œuvre, “L’Institution chrétienne”, qu’il consacre à la
résurrection, le réformateur Jean Clavin réaffirme sa foi en un Dieu capable de
restituer un corps à chacun.
“Et même Dieu a confirmé cela aux Pères anciens, sous la Loi, par une cérémonie
visible. La façon d’ensevelir a servi, comme nous l’avons vu, à montrer que les
corps étaient mis au repos en attendant une vie meilleure. Cela a été signifié par
les onguents aromatiques et autres figures d’immortalité ainsi que par les
offrandes et autres choses semblables, qui suppléaient à l’obscurité de
l’enseignement sous la Loi. La superstition n’a pas suscité cette coutume, puisque
nous voyons que le Saint-Esprit insiste aussi nettement sur les sépultures que sur
les principaux mystères de la foi.

Jésus-Christ apprécie l’humanité de l’ensevelissement et considère celui-ci comme
une chose digne d’être grandement recommandée (Matthieu 26,12); et cela, pour
la simple raison que, par ce moyen, les yeux sont détournés du tombeau, qui
engloutit et anéantit toutes choses et orientés vers le spectacle du
renouvellement à venir. L’observation si soigneuse qu’en ont eu les patriarches,
et dont on les loue, prouve bien que cela leur a été une aide précieuse pour
nourrir leur foi. (…) Je vous le demande, si Jacob avait dû être revêtu d’un
nouveau corps au dernier jour, son ordre d’avoir soin d’une masse de poussière
destinée à la décomposition n’aurait-il pas été ridicule ? C’est pourquoi, si
l’Écriture a envers nous l’autorité qu’elle mérite, il n’y aura aucune doctrine
mieux fondée que celle-ci.

Sobriété
De plus, les mots de “résurrection” et de “ressusciter” l’indiquent, même pour les
petits enfants, car nous ne dirons pas que ce qui est créé de nouveau ressuscite.
Autrement, la parole de Jésus-Christ n’aurait aucun sens : “Que je ne perde rien
de tout ce que le Père m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour” (Jean
6,39). Le mot “dormir”, qui ne peut s’appliquer qu’aux corps, indique la même
chose. De là vient le mot “cimetière”, qui signifie lieu où l’on dort. Je dois encore
évoquer la manière de ressusciter. Je me propose de n’en donner que quelques
petits éléments, parce que Paul, par le mot “mystère” nous exhorte à la sobriété
et freine la liberté de spéculer de façon arrogante ou subtile.

Tout d’abord, rappelons ce qui a été dit: nous ressusciterons avec la même chair
que celle que nous avons aujourd’hui quant à la substance, mais pas en ce qui
concerne la qualité. Cela sera comme pour la chair de Jésus-Christ: elle a été
offerte en sacrifice et, ressuscitée, elle a eu une autre dignité et une autre
excellence en elle-même, presque comme si elle avait été changée. Paul le dit à
l’aide d’exemples familiers : de même que la chair de l’homme et celle des
animaux sont d’une même substance, mais pas d’une même qualité, que la
matière des étoiles est une, mais leurs clartés différentes, de même, bien que
nous conservions la substance de nos corps, un changement interviendra qui leur
conférera une condition autre, plus noble. Ce corps corruptible ne périra donc pas
et ne s’évanouira pas, il ressuscitera, mais il sera dépouillé de sa corruption pour
recevoir l’incorruptibilité (I Corinthiens 15, 39-54).

Seconde vie
Comme Dieu a tous les éléments en son pouvoir, rien ne l’empêchera de
commander à la terre, à l’eau et au feu de rendre ce qui semble avoir été
consumé par eux. C’est ce qu’Ésaïe atteste: “Voici que l’Éternel sort de sa
demeure pour châtier la faute des habitants de la terre ; et la terre découvrira le
sang, elle ne couvrira plus ceux qui ont été tués” (Ésaïe 26, 21). II faut noter la
différence entre ceux qui sont morts autrefois et ceux qui seront trouvés vivants à
la parousie. “Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons changés” (1
Corinthiens 15, 51-52), c’est-à-dire qu’il n’y aura pas besoin de temps entre la
mort et le début de la seconde vie, car en une minute de temps, et même moins
que le temps d’un clignement d’œil, le son de la trompette s’entendra partout
pour appeler les morts à revêtir un état d’incorruptibilité et pour reconstituer les
vivants en une pareille gloire, par un changement soudain. Voilà comment, dans
un autre lieu, Paul console les croyants qui doivent mourir: “Nous les vivants
restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont
endormis”, mais “les morts en Christ ressusciteront les premiers” (I
Thessaloniciens 4.15-16).”
Publié le 30 octobre 2019(Mise à jour le 25/06)
Par Gabriel de Montmollin

Protestantisme : Luther et Calvin
sont-ils devenus des saints ?
Rompre avec les idolâtries, les vénérations d’images, de reliques ou autres objets
chrétiens. Tel était le souhait de la Réforme au XVIe siècle. Qu’en reste-t-il ?

La Réforme au XVIe siècle a voulu abolir le culte des saints considéré
comme une superstition. Mais cette révolution culturelle a-t-elle été
entendue dans toutes les couches des sociétés réformées ? Le regard
distancié de Gabriel de Montmollin sur quelques paradoxes.

Les Réformateurs n’abolissent pas la sainteté. Ils la démocratisent. Chacun peut
être qualifié de saint dans son rapport à Dieu, à condition que sa foi admette la
toute-puissance du Père, la seule médiation de Jésus-Christ et son propre statut
d’imperfection. La Toussaint ne trouve pas grâce aux yeux de Luther, Zwingli ou
Calvin. Pas de canonisation en régime protestant, ni martyrs, ni tous ces saints
anonymes auxquels vont les prières de la communauté catholique le 1er novembre
de chaque année.

La dénonciation du commerce des indulgences par Luther, le 31 octobre 1517, a
voulu porter le coup de grâce, si l’on peut dire, à une compréhension du monde
où les vivants et les morts entretiennent des relations régulières, où l’on paye
pour abréger le temps de purgatoire des défunts et où les saints interviennent
pour activer ici-bas l’administration de la providence.
Relation personnelle avec Dieu
La Réforme a pensé mettre un terme à ces échanges, non pas en abolissant
l’existence de la communauté des morts mais en confessant que sa destinée est
exclusivement entre les mains de Dieu.

De là, cette lutte au début acharnée de la Réforme contre toutes ces médiations
symboliques et rituelles qu’effectuent les images, les portraits, les objets ou les
reliques dans l’Église romaine. Une grande majorité concernait les saints locaux.
Leur suppression devait permettre l’avènement d’un nouveau régime religieux
purifié de toute superstition et privilégiant désormais l’accès direct aux relations
personnelles entre Dieu et le fidèle. Sur le papier, tout du moins, car dans les
faits, la réalité a pris des libertés paradoxales.

De son vivant, par exemple, Martin Luther (1483-1546) a été représenté plus de
500 fois par l’atelier des Cranach, à Wittenberg. Les tableaux le représentant ont
pu ainsi essaimer dans l’Allemagne entière, s’accrocher aux murs des palais et
des salons privés, mais aussi dans des églises, à la place de précédentes icônes
évacuées au cours des premières campagnes iconoclastes.
Vignettes de Réformateurs, regroupées lors d’une exposition au MIR

Le bois de lit de Luther
Après sa mort, la production de ses portraits a pris des proportions industrielles
au point que le Réformateur serait la figure la plus représentée de l’histoire
allemande, largement devant… Hitler ! Et cet engouement mémoriel ne s’est pas
arrêté là. Dès son décès, s’est intensifié le commerce de ses petits billets
manuscrits sur lesquels il notait des versets bibliques. On prêtait à ces dédicaces
des vertus spirituelles et médicales. Dans le même ordre d’idée, on a réduit en
poudre le bois de son lit de mort pour en faire un médicament utilisé pendant
longtemps… contre les rages de dents.

Pour l’historienne Marion Deschamp, auteure d’un ouvrage passionnant consacré
aux Mythologies luthériennes, si les lettrés protestants rejetaient clairement le
culte des saints et la superstition, il n’en était pas de même des simples croyants,
quand bien même convertis consciemment et dûment chapitrés.

Du côté de Calvin et de la Réforme suisse, on partageait aussi le souci d’abolir les
médiations surnuméraires et les risques de nourrir les pratiques religieuses
traditionnelles de l’Église romaine. On connaît l’extraordinaire Traité des reliques
du Réformateur de Genève où il déplore qu’“au lieu de chercher le Christ en sa
Parole, en ses Sacrements et en sa Grâce, on s’amuse à ses robes, ses cheveux et
ses drapeaux”. Pour prévenir des pèlerinages sur sa tombe après sa mort, Calvin
insista pour être enterré anonymement dans une fosse commune au cimetière de
Plainpalais. À proximité se dressait un saule. Peu après son décès, les Genevois se
mirent à concocter des tisanes bienfaisantes à partir du feuillage d’un arbre
sanctifié par un tel voisinage. Chassez le surnaturel, il revient au triple galop.

Dessin de Mix & Remix, tiré du livre de Chistopher Elwood, Calvin sans trop se
fatiguer (Labor et Fides)

Les Icones de Théodore de Bèze
De son côté, la deuxième génération des Réformateurs comprit, qu’il fallait
permettre aux fidèles de méditer la vie et les paroles des pionniers du
protestantisme en utilisant, tout en les encadrant, les médiations traditionnelles.
Ainsi, Théodore de Bèze publia en 1580 les Icones, 90 petites biographies des
figures les plus importantes de la Réforme, dont 36 accompagnées de portraits
gravés. On y reconnaît Martin Luther, Jean Calvin, Guillaume Farel et Ulrich
Zwingli, mais également Jan Hus, Savonarole et Érasme, ou encore François Ier
et Michel de l’Hospital…

Pour faire partie de cette dream team de la Réforme, une condition impérative :
ne plus être de ce monde. Et afin de prévenir toute prière adressée à de telles
icônes, le successeur de Calvin à Genève insista pour qu’aucun visage représenté
ne regardât le spectateur dans les yeux. Il ne fallait pas que ce dernier eût d’autre
bénéfice de sa contemplation que celui de méditer la modestie des Pères
fondateurs et leurs combats contre la superstition.

Luther en Playmobil
En 2017, 750.000 exemplaires de la figurine à l’effigie de Martin Luther avaient
été vendus par l’entreprise de jouet Playmobil®. Au Musée international de la
Réforme (MIR) qui finance une partie de ses charges par les ventes de sa
boutique, cet article a été providentiel cette année-là. Il suffit de se promener
quelques heures à Wittenberg, ville emblématique de Luther au sud de Berlin,
pour observer la fortune dégagée par la “mémorialisation” du “Grand” homme :
bières, articles de sport, parapluies, eau-de-vie… Rien n’échappe à la créativité
des marketers du lieu.

Qu’aurait dit le Réformateur de cette sanctification, lui qui fut représenté par son
ami Lucas Cranach en 13e participant de la sainte cène sur son magnifique
retable dans l’église Sainte-Marie de Wittenberg ? “On peut se demander,
s’interroge Marion Deschamp, ce qu’est devenu son message qui s’attaquait à
l’ancienne économie de la foi et à la marchandisation des biens du salut,
notamment à travers le trafic des indulgences, dans la réification de son image en
article, non de foi, mais de vente…”

Gabriel de Montmollin est directeur du Musée international de la Réforme à
Genève

  La Toussaint, une fête catholique

  Le 1er novembre correspond à la Toussaint. Ce jour fait partie des principales
  fêtes du calendrier liturgique catholique avec Noël, Pâques, l’Ascension, la
Pentecôte et L’Assomption. C’est la fête de tous les saints, qu’ils figurent ou
  non dans le calendrier. La Conférence des évêques de France précise que c’est
  aussi « l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté,
  par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous
  accessibles ». Depuis qu’il est pape, François a autorisé la béatification de plus
  de 1 200 personnes à travers le monde.

  Le jour des morts, le 2 novembre, est dédié au souvenir des morts de la famille.
  Dans la tradition catholique, c’est l’occasion de faire un tour au cimetière pour
  fleurir les tombes. Tout comme la Toussaint, ce jour des morts n’est pas un
  concept protestant même si certaines familles se rendent au cimetière. Pour
  autant, des protestants ont gardé l’idée de commémorer leurs chers disparus.
  C’est le dernier dimanche de l’année liturgique, celui qui précède le 1er
  dimanche de l’Avent. Il est consacré à la mémoire des défunts autour du thème
  de la “Cité éternelle”. Ce jour-là, lors du culte, on fait mention des personnes
  décédées durant l’année écoulée, en proclamant l’espérance de la Résurrection.
  Quant au 31 octobre, c’est le jour de la Réformation.

  Nathalie Leenhardt

Publié le 24 septembre 2019(Mise à jour le 26/09)
Par Lauriane Vofo Kana
Jean Calvin honoré à Strasbourg
Vendredi 20 septembre, le maire de Strasbourg, Roland Ries, et le président de
l’EPRAL Christian Krieger, ont dévoilé des plaques en mémoire de Jean Calvin.

Les rues de la Petite France, quartier historique de Strasbourg, arborent
désormais des plaques commémorant les séjours strasbourgeois de l’une des plus
grandes figures du protestantisme. Au niveau du presbytère du Bouclier, du
presbytère de Saint-Thomas et d’une maison dans la ville, les passants pourront
suivre les traces de Calvin. « Le projet n’est pas neuf, la Ville y travaille depuis
plusieurs mois déjà », raconte Christian Krieger.

Le réformateur picard a résidé dans ces trois lieux à quelques années
d’intervalle. De 1538 à 1540, le pasteur Martin Bucer a accueilli Calvin dans sa
maison rue de Salzmann. En visite en mai 1545, le réformateur installé à Genève,
loge chez le doyen du chapitre Saint-Thomas. À quelques pas, située face à
l’église du Bouclier, se trouve la maison où Calvin et son épouse Idelette de Bure
auraient vécu de 1540 à 1541.

Une figure européenne
“La Ville, et notamment Jean-François Kovar en charge du patrimoine, était à
l’initiative du projet. Elle nous a associé dans un second temps”, précise Christian
Krieger. Le conseil synodal de l’Église protestante réformée d’Alsace et de
Lorraine (EPRAL) a de ce fait rédigé le texte des plaques. “La mairie voulait
valoriser la mémoire de Calvin. Durant les trois années de son séjour, il
était acteur de l’histoire de la cité, estime le président de l’EPRAL. Chacun peut
reconnaître le caractère décisif de ce séjour dans le devenir du réformateur
français.”

Autre motif de fierté pour lui, “Dans sa charge pastorale auprès de la
communauté des réfugiés de langue française, Calvin a découvert et expérimenté
bien des choses. Il a vécu sa première expérience comme chef de communauté ici
à Strasbourg, il s’y est marié. Il a versifié des psaumes pour le chant de
l’assemblée, rédigé des prières, prêché… Historiquement, la première paroisse
calviniste de France se trouve à Strasbourg.”

Les trois années strasbourgeoises de Calvin sont en effet fécondes. Enseignant de
théologie et de droit à la Haute-école, il partage son temps entre sa mission
pastorale, ses étudiants et la rédaction de nombreux ouvrages. On peut citer la
deuxième édition latine de l’Institution de la religion Chrétienne (1539) et la
première édition française (1541). L’installation de plaques commémoratives
rappelle l’horizon européen de la réforme strasbourgeoise ainsi que le caractère
hospitalier de la cité alsacienne, alors considérée comme ville refuge.

Une relation privilégiée
La démarche portée par la mairie témoigne également d’une relation apaisée avec
l’EPRAL. “Les Églises n’ont pas porté l’initiative à la mairie, elle en était
l’instigatrice. Cela montre combien le culte et la Ville peuvent se parler pour
valoriser l’histoire religieuse, “ souligne Christian Krieger. Il reconnaît volontiers
un lien privilégié : “La démarche en surprendrait plus d’un ailleurs en France.
Pour nous c’est une réalité auquel le régime concordataire n’est pas
étranger.” Pèlerins et touristes pourront découvrir les nouvelles plaques pour
s’élancer sur les pas de Jean Calvin. Avant de rejoindre un autre lieu symbolique
qui n’a pas été retenu, le Gymnase Jean Strum où se trouve la chaire de Calvin.

Publié le 4 septembre 2019(Mise à jour le 4/09)
Par Caroline Bauer
Série “La Bible et l’argent” (2/6) :
Jean Calvin et l’argent
La lecture de la Bible a donné lieu à différentes éthiques chrétiennes concernant
l’argent. Cette semaine, voyons la manière dont Jean Calvin envisageait la
question.

  “Celui qui aura reçu plus de dons de Dieu, s’il n’en rapporte un plus grand
  revenu au Seigneur, aura commis un abus en profanant la grâce de Dieu […] ;
  cela lui sera bien cher vendu.”

  Jean Calvin, Commentaires du Nouveau Testament sur Luc 12,48

Nous avons évoqué la semaine dernière la rencontre de Jésus avec le jeune
homme riche, et la façon dont ce texte a pu être interprété comme une invitation
à se dépouiller radicalement de ses biens.

Rappelons le passage, relaté par Matthieu, Marc et Luc. Jésus rencontre un jeune
homme cossu qui l’interroge sur ce qui lui manque pour avoir la vie éternelle. À
l’issue de la rencontre, Jésus répond : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu
possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens,
suis-moi ! » (Mt 19, 21)

Dans ses commentaires sur le Nouveau Testament, Jean Calvin (1509-1564) se
démarque de tout appel à renoncer aux richesses : « De laisser les richesses, ce
n’est pas une vertu en soi, mais plutôt une vaine ambition. »

Il prend pour l’exemple Cratès de Thèbes, philosophe cynique né au IVe siècle
avant J.-C. Ce dernier, dit-il, était respecté pour avoir jeté à la mer ses richesses
et tout son argent, et avoir choisi la pauvreté. Mais Calvin répond qu’il aurait
mieux fait de donner aux pauvres ce qu’il pensait lui être superflu : « Celui qui se
prive, et les autres aussi, de l’usage de quelque argent, ne mérite aucune
louange. »
Pas de pauvreté radicale
Pourquoi le laboureur, qui vit de son travail et en nourrit sa famille, devrait-il
vendre tout ce qu’il possède alors qu’aucune nécessité ne l’exige ? « Quand donc
nous garderons ce que le Seigneur nous a mis entre les mains, pourvu que nous
[nous] en nourrissions ainsi que notre famille sobrement et honnêtement, [et que]
nous en élargissions quelques portions aux pauvres, voilà une plus grande vertu
que de dissiper et abandonner tout. »

La critique de Calvin contre ceux qui choisissent une vie de pauvreté radicale est
double. D’abord il s’oppose à l’idée, courante à l’époque, que le moine, en
renonçant à l’insertion ordinaire dans la vie sociale, atteint un état de perfection
supérieur. Mais, plus pertinent encore pour notre propos, il s’attaque à une
attitude qui consiste à renoncer à toute responsabilité personnelle de participer à
la production des biens et des services nécessaires à tous : « Ils s’engraissent aux
dépens des autres sans travailler. »

Tout nous vient de Dieu
Lorsqu’il commente la parabole des talents (Mt 25 ou Lc 19), Calvin pose, comme
fondement, que tout nous vient de Dieu, les grâces spirituelles comme les biens,
les capacités, les moyens d’agir : « Il n’y a ni puissance, ni industrie ou dextérité,
qu’on ne doive reconnaître venir de Dieu. » Mais ces dons engagent l’être humain
à travailler pour qu’ils portent du fruit : « (…) quelques dons que le Seigneur nous
ait octroyés, sachons que cela nous est confié en garde comme de l’argent, afin
qu’il en revienne quelque gain et profit. » Dieu donne ainsi à chacun le moyen de
le servir en servant la société. « Il n’y a pas état plus louable devant Dieu que
celui qui apporte quelque profit à la société commune des hommes. » L’être
humain n’a aucune raison de se détourner de l’argent, mais il doit en tirer le
meilleur parti pour tous.

Certes la cupidité est dénoncée sans appel, comme une « peste mortelle » par
laquelle l’homme se soustrait à la souveraineté divine, car « l’avarice nous rend
toujours esclaves du diable », écrit-il en commentant Matthieu 6,24 : « Vous ne
pouvez servir à la fois Dieu et l’Argent. »
L’argent comme épreuve
Pourtant l’argent, parce qu’il représente un danger, est une forme d’épreuve, une
école pour apprendre la fidélité. « Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance
pour l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? » écrit Calvin au sujet
de la parabole de l’intendant habile (Luc 16,11). Celui qui ne sera pas fidèle à
Dieu avec les richesses de ce monde ne se montrera pas digne de l’Évangile.

Comme les richesses sont dangereuses et peuvent nous perdre, « il nous faut les
faire servir à une fin toute contraire », servir le bien, permettre le don et le
partage. Pour Calvin, il n’y a pas d’attitude neutre envers l’argent. Dans la
manière d’en faire usage, l’homme a une responsabilité propre.

Il doit faire en sorte que l’argent serve à une prospérité partagée, à une
communion entre les humains, à une reconnaissance commune de Dieu comme
source de toute grâce, tout en s’appliquant à rester soi-même sobre et modeste. Il
aura à rendre compte de la façon dont il s’est engagé dans cette voie.

L’éthique de la responsabilité
Nous pouvons retrouver des propositions concordantes dans la position défendue
par Jacques Ellul dans son ouvrage L’homme et l’Argent, publié dans les années

1950. L’auteur est marqué par la puissance que l’argent a acquis au XXe siècle et
son analyse est orientée par une nécessité d’un combat spirituel face à la toute-
puissance de l’argent.

Ses préconisations répondent à ce souci d’assumer notre responsabilité
individuelle pour que l’argent serve à profaner la puissance de Mamon : refus de
l’épargne lorsqu’elle est destinée à assurer notre sécurité et notre confort,
engagement fort dans le don par opposition à la logique du donnant-donnant,
introduction de la gratuité au cœur de la logique marchande.

Cette éthique de la responsabilité personnelle fait de l’argent un signe, un
marqueur de notre engagement envers Dieu et envers le prochain.

À lire :
Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament (tome 1),
Meyrueis, 1854.

L’Homme et l’Argent
Jacques Ellul
Delachaux et Niestlé, 1954.

Publié le 10 juillet 2019(Mise à jour le 26/07)
Par Roland Meyer

Jean Calvin naissait il y a 510 ans
Le 10 juillet 1509, il y a tout juste 510 ans, naissait Jean Calvin, père de la
Réforme protestante en France.

Le 10 juillet 1509, Jean Calvin naît à Noyon, en Picardie. Son père veut orienter le
jeune homme vers la prêtrise, mais c’est finalement des études de droit que le
jeune Calvin fera à Orléans puis à Bourges. Après la mort de son père, il se tourne
résolument vers la théologie. C’est en 1534 qu’il se sépare de l’Église catholique.
Exil en Suisse
                                                                     er
En 1534, sous les coups de la persécution de François I à l’égard des
protestants, il s’exile en Suisse. Sur la route, il séjourne à Genève, d’où il est aussi
chassé avec Guillaume Farel. Les deux hommes s’étaient opposés au
gouvernement de la ville pour des raisons liées à l’autorité de l’Église et de l’État.
Il s’établit alors à Strasbourg, où il est pasteur et professeur ; c’est là qu’il épouse
Idelette de Bure.

En 1541 paraît, en français, l’Institution chrétienne publiée jusque là en latin.
Pendant ce temps, le gouvernement de la ville de Genève change et Calvin est
rappelé afin d’y poursuivre son œuvre réformatrice.

L’affaire Michel Servet
Le caractère entier de Calvin ne tolère pas l’approche dogmatique non trinitaire
de l’espagnol Michel Servet (1511-1553). Ce médecin, théologien et humaniste
est recherché pour hérésie par l’Inquisition. Pensant trouver refuge à Genève, il y
est arrêté puis condamné. Il sera brûlé vif en 1553 et Calvin ne fera rien pour
l’empêcher.

Calvin crée l’Académie de Genève en 1559, que le français Théodore de Bèze
dirigera. Alors que Jean Calvin s’éteint suite à un travail difficile et épuisant, le 27
mai 1564, la Réforme se poursuit en terre genevoise et bien au-delà de ses
frontières.

La doctrine de la prédestination
À travers son œuvre, Calvin aura insisté sur le fait que le salut de l’humanité
dépend de Dieu et non des hommes. Il a développé le concept de la double
prédestination : les uns sont prédestinés au salut, les autres à la perdition : « Dieu
a une fois décrété par son conseil éternel et immuable, lesquels il voulait prendre
à salut, et lesquels il voulait vouer à la perdition » (1). Les autres réformateurs ne
suivent pas Calvin sur cette question, pensant plutôt que Dieu prédestine
l’homme au salut. L

En outre, les intuitions et réflexions de Calvin ont révolutionné l’organisation de
l’Église, la perception des sacrements, le statut des pasteurs et des laïcs, le rôle
des femmes, le mariage, la conception de la famille…

(1) Institution, III, XXI, 7.

Propos recueillis par Claire Bernole

Mieux connaître Calvin
Voici quelques uns des très nombreux articles publiés par Réforme sur le grand
homme, sur sa vie, ses intuitions, ses réalisations, ses controverses…

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Publié le 21 juin 2019(Mise à jour le 3/07)
Par Antoine Nouis

Luthériens et Calvinistes, quelles
différences ?
Au début du seizième siècle, nous assistons à un phénomène de synchronicité
étonnant. Deux mouvements analogues apparaissent en même temps, dans deux
lieux différents, sans aucun lien.

Luther en Allemagne et Zwingli en Suisse sont nés à un an de différence et ils ont
en commun de plaider pour un retour à l’Evangile en s’élevant contre le
commerce des indulgences et en s’opposant au célibat obligatoire des prêtres.

Les deux réformes, allemande et suisse, auraient pu se rejoindre. Un colloque est
organisé à Marbourg en 1529 auquel participent Luther et Zwingli. Une liste de
quinze questions est à l’ordre du jour. Les deux réformateurs se sont mis d’accord
sur quatorze d’entre elles, mais ils n’ont pas réussi à s’entendre sur le dernier
point qui concerne la cène.

Calvin après Zwingli
Suite à l’échec du colloque de Marbourg, les Églises luthériennes et réformées se
sont développées chacun dans sa tradition. Comme Zwingli meurt quelques mois
plus tard (1531), son mouvement est structuré théologiquement par Jean Calvin.
On ne parle pas d’Église calviniste, car Calvin n’est pas à l’origine du mouvement,
mais d’Église réformée. Aux États-Unis, elle prendra le nom d’Église
presbytérienne.

La théologie de la grâce
Luther d’un côté et Zwingli puis Calvin de l’autre sont proches théologiquement
et spirituellement, mais présentent des différences d’accentuation. Luther a été
bouleversé par la grâce de Dieu qui est à ses yeux le renversement de l’Évangile.
Dieu nous aime et nous voit juste, non parce que nous le méritons, mais parce que
Jésus-Christ nous rend justes. C’est à partir de cet a priori que nous pouvons
poser des actes de justice. La vie bonne et droite n’est pas la cause du salut, mais
sa conséquence. Luther relit toute la vie chrétienne à partir de ce principe
fondateur.

L’autorité des Ecritures
Le point de départ de Zwingli est un peu différent, c’est l’autorité des Écritures. Il
s’est appuyé sur la Bible pour s’opposer à l’Église de son temps. Après lui, Calvin
reconstruit toute une théologie qu’il déploie dans son livre principal, L’Institution
de la religion chrétienne, à partir de sa lecture de la Bible, Ancien et Nouveau
Testament.

Les deux approches sont voisines, mais la différence permet d’expliquer des
accentuations divergentes. Nous en pointerons trois.

Trois différences
Sur la cène, Luther est attaché à la présence du Christ dans le pain et le vin
comme signe du don de Dieu pour l’humain. Pour Calvin, la présence est plus
symbolique.

Sur la politique, les réformés sont plus soucieux de changer la société vers plus
de justice, selon les exigences de la Bible. Les luthériens insistent plus sur la piété
personnelle.

Sur la connaissance de Dieu, les réformés affirment que nous pouvons trouver
une pré compréhension de Dieu dans la nature et les autres religions. Les
luthériens pensent qu’en dehors du Christ, on ne peut rien dire de Dieu.

Ces différences d’accentuation relèvent d’une saine diversité qui ne remet pas en
cause le centre de la foi, ce qui permet aux luthériens et aux calvinistes de
pouvoir se retrouver sans problème dans la même Église. En France, il s’agit de
l’Eglise protestante unie de France, née en 2013.
Publié le 21 juin 2019(Mise à jour le 24/06)
Par Louis Fraysse

Les protestants fêtent–ils les
saints ?
Luther et Calvin ont tous les deux condamné le culte rendu aux intercesseurs
auprès de Dieu, dont les saints.

Les protestants refusent le culte des saints et ne souhaitent les fêtes liés aux
prénoms. Pour quelles raisons ?

Martin Luther, qui se fonde sur l’Épître de Paul aux Romains, affirme que
l’Homme est incapable d’œuvrer seul pour son salut, car il reste sous l’emprise du
péché originel.

La grâce seule
Pour le Réformateur protestant, seule la grâce de Dieu (sola gratia) décide du
salut des âmes. Luther est également influencé par les écrits de saint Augustin
sur l’action toute-puissante de la grâce divine.

Pour témoigner de sa confiance envers le dessein de Dieu, le chrétien n’a que la
foi (sola fide).
Pour Luther, celui qui reçoit la foi est donc prédestiné à être sauvé gratuitement ;
il lui est donc inutile de se préoccuper du salut de son âme. Il ne peut rien y faire,
il n’ a pas à “gagner” son paradis par les œuvres. Cette approche théologique doit
venir comme une réponse à l’angoisse des chrétiens, alors obsédés par leur salut,
comme le montrent l’augmentation du commerce des indulgences et la crainte du
purgatoire.

De Luther à Calvin
De cette conviction que la volonté de Dieu décide seule du salut des âmes, le culte
rendu aux intercesseurs – les saints et la Vierge – est donc inutile.

Il en va de même du culte des images, de celui des reliques et aussi des prières
pour les morts.

Jean Calvin nie lui aussi toute influence humaine dans le salut de l’âme et
dénonce le culte des saints. « De toutes telles fariboles, écrit-il dans l’Institution
de la religion chrétienne (1536 pour la première édition), on n’en trouvera point
une seule syllabe dans l’Écriture. »

Louis Fraysse

(Source : Les protestants dans la France moderne, Didier Boisson et Hugues
Daussy, Belin, 2006)
Publié le 12 juin 2019(Mise à jour le 14/06)
Par Louis Fraysse

Les protestants fêtent–ils les
saints ?
Luther et Calvin ont tous les deux condamné le culte rendu aux intercesseurs
auprès de Dieu, dont les saints.

Les protestants refusent le culte des saints et ne souhaitent les fêtes liés aux
prénoms. Pour quelles raisons ?

Martin Luther, qui se fonde sur l’Épître de Paul aux Romains, affirme que
l’Homme est incapable d’œuvrer seul pour son salut. Il reste en effet sous
l’emprise du péché originel.

Pour le Réformateur protestant, également influencé par les écrits de saint
Augustin sur l’action toute-puissante de la grâce divine, seule cette dernière (sola
gratia) décide du salut des âmes.

Pour témoigner de sa confiance envers le dessein de Dieu, le chrétien n’a que la
foi (sola fide).

Selon Luther, celui qui reçoit la foi est donc prédestiné à être sauvé gratuitement.
Il lui est donc inutile de se préoccuper du salut de son âme, puisqu’il ne peut rien
y faire. Cette approche théologique doit venir comme une réponse à l’angoisse
des chrétiens, alors obsédés par leur salut. Preuves de cette très vive inquiétude :
l’augmentation du commerce des indulgences et la crainte du purgatoire.
De Luther à Calvin
De cette conviction que la volonté de Dieu décide seule du salut des âmes, le culte
rendu aux intercesseurs – les saints et la Vierge – est donc inutile.

Il en va de même du culte des images, de celui des reliques et aussi des prières
pour les morts.

Jean Calvin nie lui aussi toute influence humaine dans le salut de l’âme et
dénonce le culte des saints. « De toutes telles fariboles, écrit-il dans l’Institution
de la religion chrétienne (1536 pour la première édition), on n’en trouvera point
une seule syllabe dans l’Écriture. »

Louis Fraysse ( sources : Les protestants dans la France moderne Didier
Boisson et Hugues Daussy, Belin, 2006)

Publié le 4 juin 2019(Mise à jour le 5/06)
Par Claire Bernole

Qui               sont             les            réformateurs
protestants ?
Martin Luther a initié la Réforme. Plusieurs autres grandes figures se sont
inscrites dans son prolongement.

Martin Luther (1483-1546) est un moine allemand. C’est aussi le plus important
des Réformateurs dans la mesure où il déclenche le mouvement. Il publie 95
thèses dans lesquelles il dénonce notamment les Indulgences (permettant
d’acheter son salut). Nous sommes alors en 1517.

Cet événement amène un esprit de liberté et d’indépendance vis-à-vis de la
hiérarchie catholique : l’être humain est seul responsable face à Dieu.

Un autre de ses apports qui démontrera son importance est le sacerdoce
universel. Luther reprend des passages de Paul affirmant que chaque être humain
est prêtre et n’a besoin d’aucun ecclésiastique pour connaître et comprendre la
parole de Dieu. Aussi, marié ou non, son état n’empêche pas sa vocation au
service de l’Église de s’accomplir. Le Réformateur centre tout sur Jésus, à la fois
rédempteur et sauveur.

La notion de grâce telle qu’il la conçoit – c’est-à-dire idée que tout homme est à la
fois pécheur et sauvé – est en rupture avec la logique catholique de l’époque.

Sa position vis-à-vis du judaïsme a malheureusement marqué son parcours. S’il l’a
considéré dans un premier temps comme la matrice du christianisme, il était
franchement antisémite durant ses dernières années. Ses théories ont été
                  e
utilisées par le III Reich.

Jean Calvin (1509-1564) est un théologien français. Son ouvrage le plus connu
est Institution de la religion chrétienne. C’est une somme qu’il a faite évoluer au
fur et à mesure des années. Calvin poursuit la réflexion de Luther en affirmant la
primauté de la grâce de Dieu sur toute autre chose. Il affirme aussi la primauté de
Dieu sur l’Église en tant qu’institution, sur la Tradition et même sur l’Écriture. La
rupture est alors totale avec le catholicisme. Calvin considérait le travail comme
une façon de rendre grâce à Dieu. Lui aussi a beaucoup centré son étude sur le
Christ sauveur. On parle de christologie.

Hélas, le conflit avec Michel Servet jette une ombre sur le portrait du
Réformateur. L’homme, qui était aussi de tradition protestante, affirmait qu’il n’y
avait pas de Trinité. Il a été condamné par l’Église catholique en France et s’est
réfugié à Genève. Quand il a été condamné à mort et brûlé, Calvin ne s’y est pas
opposé.

Ulrich Zwingli (1484-1531) est un réformateur protestant suisse. Dieu seul est
au centre de son propos. S’il y a un message à recevoir, c’est celui que Dieu
donne. Celui qui lit et commente la Bible doit penser que la vérité n’est révélée
que par Dieu, par le biais de son Esprit. Ni les prêtres ni les pasteurs n’ont à
intervenir. La place accordée à l’Esprit saint est donc grande. De son vivant, ses
idées ont connu un certain succès.

Martin Bucer (1491-1551), théologien, est d’origine alsacienne. Il rencontrera
d’ailleurs Calvin à Strasbourg. Ses réflexions le poussent à privilégier ce qui
semble évident : l’amour du prochain. Pour lui, être chrétien c’est avant tout
aimer son prochain. Il le dit et le répète. Il insiste également sur le fait que la foi
ne s’achète pas.

On pourrait citer aussi : Théodore de Bèze, John Knox, John Wyclif, Guillaume
Farel et d’autres encore.
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