2004 l'insécurité alimentaire dans le monde - L'état de - Food and Agriculture ...
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L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 Suivi des progrès accomplis en vue de la réalisation des objectifs du Sommet mondial de l’alimentation et de la Déclaration du Millénaire
Remerciements nutrition; et Jorge Mernies, Division de la formation (SD); et Andrew MacMillan, Cette sixième édition de L’état de la statistique. Division des opérations de terrain (TC). l’insécurité alimentaire dans le monde est le fruit d’une collaboration menée Des contributions techniques ont Les principales estimations de la dans toute l’Organisation sous l’égide du été apportées par les fonctionnaires consommation alimentaire et de la Département économique et social (ES). suivants: Josef Schmidhuber, Unité sous-alimentation utilisées dans le SOFI des études prospectives globales (ES); 2004 émanent, respectivement, de la Cet ouvrage a été réalisé sous la Jennifer Nyberg, Bureau du Sous- Sous-Division des données de base et direction générale de Hartwig de Directeur général (ES); Cinzia Cerri, du Service d’analyse statistique de la Haen, Sous-Directeur général (ES), Haluk Kasnakoglu, Seevalingum Division de la statistique (ES). avec l’aide de Kostas Stamoulis, Chef Ramasawmy et Ricardo Sibrian, du Service du secteur agricole dans Division de la statistique (ES); Luca La FAO remercie tout particulièrement le développement économique, qui a Alinovi, Sumiter Broca, Gero Carletto, l’équipe de Banson (Cambridge, présidé l’équipe technique. Andrew Benjamin Davis, Margarita Flores, Royaume-Uni) pour la conception et Marx, de KnowledgeView Ltd, a apporté Amdetsion Gebre-Michael, Guenter la présentation du document, l’appui un précieux concours à la conception Hemrich, Naoki Horii, Madelon Meijer et rédactionnel et la préparation des et à la mise en forme rédactionnelle de Prabhu Pingali, Division de l’analyse du graphiques. cette publication. développement agricole et économique (ES); Terri Ballard, Gina Kennedy et Guy Le Groupe de la conception et de la Les autres membres de l’équipe Nantel, Division de l’alimentation et de production éditoriales de la Division de technique étaient: Jelle Bruinsma, la nutrition (ES); Maarten Immink et l’information a été chargé de l’édition, Unité des études prospectives globales; Jenny Riches, Unité de coordination du du contrôle de qualité et de la Randy Stringer, Division de l’analyse du SICIAV (ES); Concepción Calpe et Henri production; les traductions ont été faites développement agricole et économique; Josserand, Division des produits et du par le Groupe de la traduction, Division Ali Arslan Gurkan, Division des produits commerce international (ES); Lavinia de la Conférence, du Conseil et du et du commerce international; Prakash Gasperini et Ester Zulberti, Division de Protocole (GI). Shetty, Division de l’alimentation et de la la recherche, de la vulgarisation et de Publié en 2004 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie Les appellations employées dans cette publication et la sans l’autorisation écrite du détenteur des droits d’auteur. Les présentation des données qui y figurent n’impliquent de la demandes d’autorisation devront être adressées au Chef du part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et Service de la gestion des publications, Division de l’information, l’agriculture aucune prise de position quant au statut juridique FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00100 Rome, Italie ou, par des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni courrier électronique, à copyright@fao.org quant au tracé de leurs frontières ou limites. © FAO 2004 La mention ou l’absence de mention de sociétés spécifiques, de leurs produits ou de leurs marques commerciales dans ces ISBN 92-5-205178-3 pages n’impliquent pas de préférence ou de jugement de la part de l’Organisation. Imprimé en Italie Tous droits réservés. Les informations ci-après peuvent être reproduites ou diffusées à des fins éducatives et non commerciales sans autorisation préalable du détenteur des Photographies droits d’auteur à condition que la source des informations soit En couverture (de gauche à droite): clairement indiquée. Ces informations ne peuvent toutefois pas Thi ha Thein Nyan/PNUE/Topham; Claudio Marcozzi/ PNUE/ être reproduites pour la revente ou d’autres fins commerciales Topham; Felix O Granmakou/ PNUE /Topham.
L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 Suivi des progrès accomplis en vue de la réalisation des objectifs du Sommet mondial de l’alimentation et de la Déclaration du Millénaire
À propos de ce rapport L’ état de l’insécurité alimentaire de personnes souffrant de sous-alimen- des exemples de problèmes ainsi que d’ini- dans le monde 2004 dresse un tation, parallèlement aux calculs prélimi- tiatives indispensables à la réalisation du bilan des progrès accomplis et naires du fardeau économique imposé par Plan d’action du SMA et des Objectifs du des revers subis dans la poursuite de la faim et par la malnutrition. Millénaire pour le développement qui l’ac- l’objectif fixé par le Sommet mondial de L’Article spécial de cette année explore compagnent. l’alimentation (SMA) en 1996: diminuer de les répercussions de la croissance des vil- Les tableaux présentent des indica- moitié, d’ici 2015, le nombre de personnes les et des revenus dans les pays en déve- teurs détaillés donnant un état des lieux souffrant de la faim dans le monde. loppement sur le phénomène de la faim et décrivant les progrès accomplis dans La première section du rapport, intitulée et sur la sécurité alimentaire. les pays en développement et dans les La sous-alimentation dans le monde, pré- La section Progrès accomplis dans la pays en transition. sente les dernières estimations du nombre réalisation des objectifs du Sommet donne Systèmes d´information et de cartographie sur l´insécurité alimentaire et la vulnérabilité Le temps vole pour bon nombre d’entre nous, et j’ai du mal à croire Composition du GTI-SICIAV que voici un an déjà, je me préparais à rédiger l’introduction de L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2003. Mais pour Organismes d’aide bilatérale et d’assistance technique Agence australienne pour le développement international (AusAID) les centaines de millions de personnes tenaillées par la faim et qui Agence canadienne de développement international (ACDI) se demandent quand elles auront leur prochain repas, l’année, une Office de coopération EuropeAid (EuropeAid) fois de plus, a été longue et pénible. Cette publication nous rappelle Office allemand de la coopération technique (GTZ) que le nombre des personnes affamées dans le monde demeure Département du développement international (DFID) du Royaume-Uni intolérablement élevé, que les progrès accomplis pour leur venir en Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) aide sont d’une lenteur impardonnable et que le prix à payer en vies Département de l´agriculture des États-Unis (USDA) brisées et en ressources gaspillées dépasse l’entendement. Certes, Organisations des Nations Unies et de Bretton-Woods pour les enfants et pour les adultes que notre action a pu atteindre, Organisation des Nations Unies pour l´alimentation et l´agriculture (FAO) la vie a changé du tout au tout; mais pour tant d’autres, l’existence Fonds international de développement agricole (FIDA) demeure rivée dans l’étau de la faim et de la pauvreté. Organisation internationale du travail (OIT) Dans le rapport de l’an dernier, je citais l’évaluation indépendante Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies que s’attachait alors à réaliser le Groupe de travail interinstitutions (UNDESA) Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) sur les systèmes d´information et de cartographie sur l´insécurité Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) alimentaire et la vulnérabilité (GTI-SICIAV), évaluation dont les résul- Programme des Nations Unies pour l´environnement (PNUE) tats nous ont, depuis, été présentés sans ambages: tout en prenant Fonds des Nations Unies pour l´enfance (UNICEF) acte de certaines initiatives et réalisations tout à fait positives, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) Groupe conclut que les SICIAV sont loin d’avoir répondu aux atten- Banque mondiale (BM) tes. Nos membres se sont engagés à trouver de nouvelles façons de Programme alimentaire mondial (PAM) travailler ensemble pour répondre à un besoin encore plus urgent Organisation mondiale de la santé (OMS) Organisation météorologique mondiale (OMM) aujourd’hui que lors de la création des SICIAV. En avril 2004, à notre Comité permanent de la nutrition du Système des Nations Unies (SCN) réunion annuelle, nous avons adopté un nouvel organigramme; nous nous employons actuellement à mettre au point notre plan d’activités Organisations internationales pour la recherche agricole futures, en veillant notamment à identifier les domaines hautement Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) prioritaires pour les deux prochaines années. Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) Notre objectif reste inchangé: aider les pays à mettre sur pied des Service international pour la recherche agricole nationale (SIRAN) Centre international d’agriculture tropicale (CIAT) systèmes d’information de qualité sur l’insécurité alimentaire, afin d’obtenir en temps utile les données nécessaires à la formulation Organisations internationales non gouvernementales de politiques efficaces et au suivi des progrès accomplis dans la Helen Keller International (HKI) réalisation des objectifs, à l’échelle mondiale, nationale et locale. Fondation Rockefeller Nous ne devons pas nous contenter de faire un monde de différence Save the Children Fund – Royaume-Uni (SCF-UK) pour une poignée d’affamés; nous nous devons d’édifier un monde Institut mondial pour les ressources (WRI) différent, un monde dans lequel le fléau de la faim ne sera plus Organisations régionales qu’un mauvais souvenir. Communauté du développement de l´Afrique australe (SADC) Lynn R. Brown (Banque mondiale) Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel Présidente, GTI-SICIAV (CILSS) 2 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004
Table des matières 4 Avant-propos Vers l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation: affronter les coûts écrasants de la faim 6 La sous-alimentation dans le monde 6 Dénombrement des victimes de la faim: dernières estimations 8 Le coût humain de la faim: des millions de décès prématurés et de vies détruites par l’invalidité 11 Le fardeau économique de la faim: des milliards perdus en productivité, revenu et potentiel de consommation 14 La mesure de la faim: des estimations plus justes pour une intervention plus efficace 16 Les «points chauds» de la faim 18 Cas particulier 18 Mondialisation, urbanisation et systèmes alimentaires en mutation dans les pays en développement 20 Incidences de la modification des systèmes alimentaires sur les petits agriculteurs des pays en développement 22 Le nouveau profil de la faim et de la malnutrition 24 Sur la voie des engagements du Sommet 24 Combattre activement la faim 26 Intégrer la résilience des systèmes alimentaires et des communautés à la réaction aux crises prolongées 28 Éducation des populations rurales et sécurité alimentaire 30 Le riz et la sécurité alimentaire 32 Prochaine étape: accélérer l’action pour ralentir la faim 34 Tableaux 40 Sources L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 3
Avant-propos Vers l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation: affronter les coûts écrasants de la faim L’ examen à mi-parcours des progrès Nous DEVONS faire mieux plusieurs de ces pays ont enregistré des accomplis en vue de la réalisation progrès constants dans la lutte contre la de l’objectif du Sommet mondial Selon les dernières estimations de la FAO, faim depuis le Sommet et ont obtenu des de l’alimentation n’est plus très loin. Dans le nombre d’habitants sous-alimentés dans résultats rapides depuis cinq ans. ce contexte, le dernier rapport de la FAO les pays en développement n’a baissé que Beaucoup de pays qui ont opéré ce sur l’état de l’insécurité alimentaire dans de 9 millions depuis la période de référence virage avec succès ont un autre point le monde met en lumière trois données du Sommet mondial de l’alimentation, en commun: leur agriculture est beaucoup irréfutables appelant trois conclusions dépit des engagements qui y ont été plus productive que la moyenne. Ainsi, les très nettes. pris. Plus troublant encore: au cours de 30 pays ayant de bonnes chances d’attein- Donnée numéro un: les efforts déployés la période de cinq ans pour laquelle on dre l’objectif du Sommet ont enregistré une à ce jour pour atténuer la faim chronique dispose de données récentes, le nombre croissance annuelle moyenne de 3,2 pour dans le monde en développement n’ont des victimes de la faim a même augmenté. cent de leur PIB agricole, près d’un point pas été suffisants, et de loin, pour per- En effet, dans trois des quatre régions en de pourcentage de plus que le monde en mettre de réduire de moitié d’ici 2015 le développement, il était plus élevé en développement pris dans son ensemble. nombre de personnes sous-alimentées 2000-2002 qu’en 1995-1997. La région Enfin, plusieurs de ces États ont résolu- (voir le graphique). Nous devons faire de l’Amérique latine et des Caraïbes est ment mis en œuvre une stratégie sur deux mieux. la seule à avoir fait reculer légèrement fronts de lutte contre la sous-alimentation, Donnée numéro deux: en dépit de le nombre de personnes souffrant de la visant d’une part à élargir les mesures de progrès lents et mal assurés à l’échelle faim. protection sociale − pour assurer aux plus mondiale, un grand nombre de pays, dans démunis de quoi se nourrir − et, d’autre toutes les régions en développement, ont Nous POUVONS faire mieux part, à s’attaquer aux causes profondes de prouvé que la réussite est possible. Plus la faim par le biais d’interventions propres de 30 pays (population totale: plus de Plus de 30 pays comptant ensemble près à stimuler la production vivrière, à relever 2,2 milliards de personnes) ont réduit de de la moitié de la population totale du les niveaux d’employabilité et à réduire la 25 pour cent la prévalence de la sous- monde en développement démontrent pauvreté. alimentation sur leur territoire, ce qui que des progrès rapides sont possibles Dans certains cas, les deux fronts représente un grand pas vers la concré- et nous indiquent la voie à suivre. d’action peuvent converger dans un tisation de l’objectif du Sommet. Nous Ces pays forment un groupe remarqua- «cercle vertueux» qui associe meilleure pouvons faire mieux. ble à plusieurs égards. Toutes les régions alimentation, accroissement des dispo- Donnée numéro trois: l’inaction, en développement y sont représentées, et nibilités vivrières, hausse des revenus et c’est-à-dire l’absence d’interventions non pas seulement celles qui ont affiché amélioration de la sécurité alimentaire. immédiates et vigoureuses pour réduire une forte croissance économique. L’Asie Voilà ce qu’a montré le programme Faim la faim partout sur la planète comporte est loin devant les autres pour le recul de Zéro institué au Brésil, où les achats de des coûts stupéfiants. Voilà l’essentiel la sous-alimentation. Mais l’Afrique sub- nourriture destinée aux repas à l’école et du message que j’adresse au lecteur. saharienne est la région où le plus grand à d’autres programmes sociaux sont faits Chaque année qui passe sans amélio- nombre de pays ont réussi à réduire la auprès des petites et moyennes exploita- ration de la situation coûte la vie à cinq prévalence de la faim d’au moins 25 pour tions agricoles locales. millions d’enfants et le coût pour les pays cent (même si le niveau de départ était en développement, en termes de perte souvent très élevé). Nous ne pouvons pas renoncer de productivité et de revenu, se chiffre à D’autre part, une importante leçon à faire mieux, nous n’en avons pas des milliards de dollars. Or, le coût des ressort de l’expérience africaine, à savoir les moyens interventions qui pourraient faire reculer que les guerres et les troubles civils doi- la faim de manière sensible est minime vent être considérés comme des causes Sur le plan moral, la seule pensée d’un en- par comparaison. Nous ne pouvons pas majeures, non seulement des urgences fant qui meurt toutes les cinq secondes de renoncer à faire mieux, nous n’en avons alimentaires ponctuelles mais égale- faim ou des conséquences de la sous-ali- pas les moyens. ment de la faim chronique généralisée. mentation devrait suffire à nous convaincre À peine sortis du cauchemar des conflits, que nous ne pouvons pas laisser ce fléau 4 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004
Nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en développement: La courbe des progrès ordres de grandeur sur la base d’observations et de projections, comparaison Nombre de personnes sous-alimentées dans la avec l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation trentaine de pays qui ont fait de réels progrès vers la réalisation de l’objectif du Sommet Millions Millions mondial de l’alimentation 1 000 1 000 Millions 500 900 900 450 400 800 800 350 700 700 300 Fourchette des estimations ponctuelles 250 600 présentées lors du Sommet mondial 600 de l’alimentation 200 Fourchette estimative pour l’année 150 500 500 du Sommet mondial de l’alimentation (1996) 100 Objectif du Sommet mondial de l’alimentation 400 400 50 Poursuite normale Estimations ponctuelles établies en 2004 0 de la progression 1980 1990 2000 2010 2020 300 300 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 Fourchette des estimations pour la période Source: FAO de référence du Sommet mondial de l’alimentation Fourchette pour la réduction de la faim poursuivre ses ravages. Il semblerait que sauver presque 900 000 vies d’enfants, et de 50% depuis la période de référence du Sommet mondial de l’alimentation tout soit dit. rapporterait à long terme plus d’un milliard En termes économiques, les données de dollars en gains de productivité. Estimations ponctuelles Source: FAO sont plus complexes, quoique tout aussi Dans le cadre d’une estimation des probantes. Chaque enfant dont le déve- coûts et des gains liés aux mesures à pren- loppement physique ou mental est retardé dre pour accélérer les progrès en vue de parce qu’il ne mange pas à sa faim perdra, la réalisation de l’objectif du Sommet, la Les progrès et leurs résultats au cours de sa vie, entre 5 et 10 pour cent FAO a calculé qu’un investissement public Augmentation de l’investissement public pour de ses possibilités de revenu. À l’échelle annuel de 24 milliards de dollars EU axé accélérer les progrès et atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation, 2002-2015: planétaire, chaque année sans progrès sur la protection de la vie et de la santé des estimation des coûts et avantages sur le front de la faim provoquera des populations, conjugué à des fonds complé- Milliards de dollars décès et des invalidités coûtant aux pays mentaires de source privée, conduirait à 2 000 en développement, en valeur actualisée, une hausse annuelle du PIB équivalant à la somme de 500 milliards de dollars EU, 120 milliards de dollars EU. voire davantage, du fait des pertes de pro- En termes plus simples, la question 1 500 ductivité correspondantes. n’est pas de savoir si nous avons les Cet écrasant fardeau échoit à ceux qui, moyens d’adopter les mesures urgentes précisément, n’ont pas les moyens de le qui s’imposent pour atteindre ou dépas- 1 000 supporter, des gens qui survivent avec ser l’objectif du Sommet mondial de l’ali- moins d’un dollar par jour, des pays dont mentation, mais plutôt de savoir si nous l’économie et le développement sont minés avons les moyens de ne pas le faire. Et 500 ou freinés par le manque de productivité la réponse, haute et claire, est non. Les et une pénurie de ressources. personnes souffrant de la faim ne peu- Les études de l’Academy for Educational vent pas attendre. Le reste de la famille 0 Development dont fait état la présente pu- humaine non plus. Coûts – augmentation Avantages – blication indiquent que, contre la modeste des investissements augmentation publics du PIB somme de 25 millions de dollars EU par Source: FAO année, 15 pays d’Afrique et d’Amérique latine pourraient réduire de moitié les carences en protéines de leur popula- tion d’ici 2015. Prolongé sur 10 ans, un investissement de cet ordre couvrirait Jacques Diouf des interventions ciblées permettant de Directeur général de la FAO L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 5
La sous-alimentation dans le monde Dénombrement des victimes de la faim: dernières estimations L a FAO estime le nombre de person- nes sous-alimentées dans le monde La sous-alimentation dans les pays en transition à 852 millions pour la période 2000- 2002, soit 815 millions de personnes dans Dans les pays en transition, le nombre de les pays en développement, 28 millions personnes sous-alimentées a grimpé de 23 CEI dans les pays en transition et 9 millions millions à 28 millions depuis le démantèlement dans le monde industrialisé. de l’Union soviétique, de la Tchécoslovaquie Pays Dans les pays en développement, le et de la Yougoslavie en 1991-1993. baltes nombre de victimes de la faim chronique En effet, c’est dans la Communauté des 1993-1995 n’a diminué que de 9 millions entre 1990- États indépendants (CEI) que l’augmentation Europe 2000-2002 orientale 1992, période de référence du Sommet et la prévalence de la sous-alimentation sont mondial de l’alimentation, et 2000-2002. les plus fortes; dans ces pays, elle touche 0 2 4 6 8 10 Durant la deuxième moitié de la décen- non plus 7 pour cent mais 9 pour cent de la Population sous-alimentée, en pourcentage nie, ce nombre a grimpé annuellement population. Source: FAO de presque 4 millions, annulant aux deux tiers la réduction de 27 millions enregistrée au cours des cinq années augmentation de 34 millions du nombre cinq premières années les reculs affichés précédentes. des gens sous-alimentés dans le reste du ailleurs, la performance mitigée des deux Ce renversement de tendance à mi-par- monde en développement. Toutefois, dans géants asiatiques durant les cinq années cours s’explique principalement par l’évo- la deuxième moitié de la période décennale, suivantes cache une amélioration ap- lution de la situation en Chine et en Inde. le rythme de cette réduction a ralenti en préciable des tendances dans les autres La Chine a fait des pas de géant durant la Chine, n’atteignant plus que quatre mil- pays en développement. Ainsi, après avoir première moitié de la décennie, soustrayant lions. Pendant ce temps, en Inde, le nombre grimpé de près de 7 millions par année, le presque 50 millions de personnes des rangs des victimes de la faim chronique faisait un nombre des victimes de la faim chronique des sous-alimentés. En Inde, le chiffre cor- bond de 18 millions. dans les pays en développement, Chine respondant est de 13 millions. Les progrès Mais le tableau n’est pas complète- et Inde exclues, s’est stabilisé durant la combinés de ces deux pays ont poussé à la ment sombre. Tout comme les gains en deuxième moitié de la période décennale baisse le total mondial, cela en dépit d’une Chine et en Inde ont masqué durant les et ne représentait plus que 18 pour cent Proportion de la population sous-alimentée dans les pays en développement, 1990-1992 et 2000-2002 < 2,5% 2,5-4% 5-19% de sous-alimentés de sous-alimentés de sous-alimentés 80 60 40 20 0 Mexique Koweït Algérie Indonésie Myanmar Gabon Maurice Maroc Jordanie Brésil Nigéria Jamaïque Guyana Mauritanie Chine El Salvador Suriname Trinité-et-Tobago Lesotho Colombie Pérou Ghana Paraguay Côte d’Ivoire Bénin Népal Venezuela Viet Nam Ouganda Swaziland Burkina Faso Tunisie Jamahiriya arabe libyenne Rép. de Corée Argentine Émirats arabes unis Malaisie Cuba Liban Turquie Costa Rica Chili Équateur Uruguay Iran, Rép. islamique d’ Arabie saoudite Égypte Rép. arabe syrienne % Quatre pays pour lesquels les données de 2000-2002 étaient insuffisantes − Afghanistan, Iraq, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Somalie − ne sont pas inclus dans ce graphique. 6 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004
Nombre de personnes Variations de la proportion des personnes sous-alimentées sous-alimentées, 2000-2002 dans les sous-régions en développement (millions) 1990-1992 à 1995-1997 (en pourcentage) 1995-1997 à 2000-2002 (en pourcentage) Pays en Pays transition industrialisés Chine Proche- 28 9 Inde Réduction Orient / Asie du Sud-Est (progrès) Afrique Afrique de l’Ouest du Nord Inde Amérique du Sud Augmentation 39 221 Afrique australe (recul) Amérique Afrique de l’Est latine / Afrique du Nord Caraïbes 53 Amérique du Nord Pays en Autres Asie du Sud développement: 815 Amérique centrale Afrique MONDE: 852 Chine subsaharienne 142 Caraïbes 204 Proche-Orient Asie et Pacifique* Autres Asie de l’Est 156 Afrique centrale * Chine et Inde exclues Source: FAO –5 0 5 10 15 20 -10 –5 0 5 Source: FAO Proportion des personnes Variations du nombre de personnes sous-alimentées dans les sous-régions sous-alimentées, par région en développement 1990-1992 à 1995-1997 (millions) 1995-1997 à 2000-2002 (millions) Pays en transition 1990-1992* Chine 2000-2002 Inde Proche-Orient/ Asie du Sud-Est Réduction Afrique du Nord Amérique du Sud (progrès) Afrique de l’Ouest Amérique latine/ Afrique du Nord Augmentation Caraïbes Amérique du Nord (recul) Amérique centrale Asie et Pacifique Caraïbes Afrique australe Autres Asie de l’Est Afrique subsaharienne Autres Asie du Sud Proche-Orient 0 10 20 30 40 Afrique de l’Est % de sous-alimentés Afrique centrale * 1993-1995 pour les pays en transition Source: FAO –50 –40 –30 –20 –10 0 10 20 –10 0 10 20 Source: FAO de la population totale, comparativement l’Afrique subsaharienne. Entre 1995-1997 ce qui correspond à 33 pour cent de la à 20 pour cent. et 2000-2002, le nombre d’habitants sous- population totale au lieu des 36 pour cent La bonne nouvelle, c’est que le virage alimentés du continent a augmenté de affichés de manière à peu près constante le plus net dans les tendances concerne 1 million par an contre 5 millions par an, de 1990-1992. Bandes grises: 1990-1992 Bandes colorées: 2000–2002 Pays regroupés en fonction de la prévalence de la sous-alimentation en 2000-2002 20-34% * 35% de sous-alimentés de sous-alimentés 80 60 40 20 0 Thaïlande Pakistan Inde Bolivie Rép. dém. pop. lao Philippines Sri Lanka Namibie Honduras Guatemala Sénégal Rép. dominicaine Panama Cameroun Guinée Togo Soudan Gambie Mongolie Nicaragua Mali Bangladesh Botswana Cambodge Kenya Malawi Tchad Niger Rép. pop. dém. de Corée Yémen Rwanda Madagascar Congo Angola Rép. centrafricaine Rép.-Unie de Tanzanie Zimbabwe Libéria Haïti Éthiopie* Mozambique Zambie Sierra Leone Burundi Rép. dém. du Congo Érythrée* % * L’Éthiopie et l’Érythrée ne constituaient pas des entités séparées en 1990–1992. L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 7
La sous-alimentation dans le monde Le coût humain de la faim: des millions de décès prématurés et de vies brisées par l’invalidité L a faim et la sous-alimentation mourir en bas âge, d’éprouver durant l’en- comme l’insuffisance pondérale, est liée font des ravages parmis les êtres fance un retard de croissance physique ou non seulement à une prévalence accrue de humains, les ménages, les col- mentale et, une fois adultes, de présenter maladies et de décès, de difficultés d’ap- lectivités et les nations. Le manque de une capacité limitée de travail et de gain; prentissage et d’absentéisme scolaire nourriture et les carences en vitamines quant aux filles, elles sont menacées de durant l’enfance, mais, plus tard et pour et minéraux essentiels coûtent la vie à mettre au monde, plus tard, des enfants de le reste de l’existence, à une productivité 5 millions d’enfants chaque année; dans poids insuffisant (voir le diagramme). et à des revenus moindres. les pays en développement, ils coûtent Comparés à la normale, les nouveau- Lorsque le retard de croissance se l’équivalent de 220 millions d’années de nés de moins de 2,5 kg ont quatre fois plus manifeste avant l’âge de cinq ans, les vie productive aux familles touchées par les de chances de mourir à la naissance, et dommages infligés au corps et à l’esprit décès prématurés et les incapacités liés à 18 fois plus s’ils pèsent moins de 2,0 ki- sont généralement irréversibles (voir le la sous-alimentation; enfin, ils coûtent au logrammes. Ils afficheront également des graphique). Leurs conséquences − santé monde en développement des milliards de taux bien plus élevés de sous-alimentation ruinée, avenir détruit − ne frappent pas dollars en potentiel de productivité et de et de petite taille aux stades ultérieurs de seulement les victimes elles-mêmes mais consommation ruiné. leur vie. Une étude menée au Guatemala se répercutent sur la génération suivante, révèle que les bébés de sexe masculin de les mères sous-alimentées donnant à leur Le cercle vicieux de la pauvreté poids insuffisant à la naissance présen- tour naissance à des bébés de poids in- tent à l’adolescence un déficit de 6,3 cm suffisant. La petite taille maternelle est Chaque année, plus de 20 millions de (taille), et de 3,8 kg (poids); chez les filles, d’ailleurs, avec l’insuffisance pondérale bébés de poids insuffisant voient le jour les données correspondantes sont de 3,8 et la faible prise de poids durant la gros- dans les pays en développement. En Inde centimètres et de 5,6 kg. sesse, l’un des meilleurs indicateurs de et au Bangladesh, ils comptent pour plus Près du tiers des enfants du monde en risque d’insuffisance pondérale chez le de 30 pour cent des naissances. développement ont un retard de croissance nouveau-né. Ces nouveau-nés partent perdants dans suffisant pour mettre en cause la sous- La sous-alimentation et le retard de la vie. Ils courent des risques certains de alimentation chronique. Or, la petite taille, croissance sont fréquemment accompa- Impact de la faim et de la sous-alimentation à tous les stades de l’existence Taux de mortalité Capacité élevé Développement diminuée à prendre cognitif retardé Risque accru soin des enfants de maladie chronique à l’âge adulte PERSONNES ÂGÉES BÉBÉS insuffisance pondérale Sevrage inopportun/ sous-alimentées problématique à la naissance Croissance Infections récurrentes Sous-alimentation de rattrapage Manque Manque de nourriture, du fœtus insuffisante de nourriture, soins sanitaires soins sanitaires insuffisants insuffisants ENFANTS retard de croissance FEMMES Aptitudes sous-alimentées ENCEINTES mentales gain pondéral insuffisant réduites ADOLESCENTS retard de croissance Manque de nourriture, soins sanitaires insuffisants Mortalité Manque de nourriture, Capacités physiques maternelle soins sanitaires diminuées, masse maigre élevée insuffisants insuffisante Source: Seres, CAC/SCN 8 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004
gnés de carences en vitamines et minéraux, ce pondérale a fait reculer de 16 pour cent Le coût de la faim exprimé en EVCI lesquelles touchent près de deux milliards les décès d’enfants en Amérique latine, et d’êtres humains. Une insuffisance même de 27 pour cent en Asie, au Proche-Orient Les personnes qui survivent à la sous- légère de ces nutriments accroît sensi- et en Afrique du Nord. En Afrique subsa- alimentation durant l’enfance sont nom- blement les risques de maladies graves harienne, les programmes de vaccination, breuses à souffrir d’incapacités physiques et de décès. Elle peut aussi entraîner des les antibiotiques et d’autres améliorations et intellectuelles permanentes. L’un des déficiences cognitives permanentes chez apportées à la prestation des soins de santé moyens de mesurer l’incidence de la sous- les enfants et une perte de productivité ont suffi à redresser la situation en dépit alimentation sur la santé et l’espérance de irréversible chez les adultes. On sait, par d’une hausse du taux d’insuffisance pon- vie est l’indicateur EVCI (Espérance de vie exemple, que la carence en fer est liée chez dérale. Mais si la région avait progressé au corrigée de l’incapacité); celui-ci mesure la mère au risque de mourir en couches, même rythme que les autres à ce chapitre, la somme des années de vie perdues pour chez l’enfant, aux handicaps moteurs ou les décès d’enfants auraient diminué bien cause de mort prématurée ou d’incapacité, intellectuels, et chez l’adulte, à une capa- davantage, à savoir de 60 pour cent plutôt somme pondérée en fonction de la gravité cité de travail limitée. Or, elle concerne que de 39 pour cent. Quant à l’avenir, les de certaines maladies. quelque 1,7 milliard de personnes sur la auteurs estiment qu’une réduction de 5 Une étude parrainée par l’OMS et la planète, dont la moitié souffrent d’anémie points de pourcentage de la prévalence de Banque mondiale, la Global Burden of pour cette raison. l’insuffisance pondérale pourrait se tra- Disease Study, fait état des années de duire par une baisse de quelque 30 pour vie saine perdues attribuables à toutes Dénutrition cent de la mortalité chez les enfants. sortes de maladies ou de maux, évaluant et mortalité infantile Selon d’autres résultats de recher- leur pourcentage par facteur de risque che récents, des interventions réalisa- − dont la sous-alimentation juvénile et Plus des trois quarts des décès d’enfants bles aujourd’hui, et qu’il serait possible maternelle. Dans la dernière édition de ont pour origine des maladies néonatales concrètement d’étendre aux pays en cette publication, l’insuffisance pondé- ou infectieuses peu nombreuses et qui ré- développement, permettraient de réduire rale est en tête des facteurs de risque à pondent aux traitements, en particulier la des deux tiers environ le nombre des décès l’échelle mondiale (voir le graphique page diarrhée, la pneumonie, la malaria et la d’enfants. Dans les 42 pays où plus de 90 suivante); dans les pays en développement rougeole. Une forte moitié de ces décès pour cent de ces décès surviennent, il suf- à taux de mortalité élevé – groupe de près sont imputables à la vulnérabilité parti- firait de quelques mesures alimentaires de 70 pays avec une population globale culière des enfants sous-alimentés et de efficaces et peu coûteuses – allaitement dépassant 2,3 milliards de personnes − poids insuffisant (voir le graphique). Les maternel, complément d’alimentation, elle arrive première tant pour les décès carences en oligo-éléments aggravent suppléments de vitamine A et de zinc prématurés que pour l’EVCI. d’ailleurs le péril des maladies infantiles. – pour abaisser le taux de 25 pour cent, Six des 10 principaux facteurs de risque C’est ainsi qu’une carence en vitamine A c’est-à-dire pour sauver 2,4 millions de touchant l’EVCI dans ces pays sont liés à la augmente de 20 à 24 pour cent le risque de jeunes vies chaque année. faim et la sous-alimentation. Mentionnons mourir des suites d’un accès de diarrhée, de pneumonie, ou de malaria. Selon les estimations de l’Organisation Persistance à l’âge adulte Mortalité infantile dans le monde, mondiale de la santé (OMS), plus de 3,7 du déficit de taille infantile par cause millions de décès dans le monde étaient Retard de croissance à 5 ans Maladies liés en 2000 à l’insuffisance pondérale, et Léger Moyen Important néonatales 0 de 750 000 à 850 000 autres, à une ca- Nombre de centimètres sous la moyenne, à 18 ans Diarrhée rence dans l’un des trois oligo-éléments essentiels que sont le fer, la vitamine A -5 Pneumonie et le zinc. Malaria Une étude menée dans 59 pays en développement sur les tendances de la -10 Autre sous-alimentation et de la mortalité in- fantile entre 1966 et 1996 a révélé qu’une SIDA réduction des taux d’insuffisance pondé- -15 Rougeole Guatemala rale entraîne une importante chute de Hommes Maladie la mortalité infantile, quelles que soient Femmes inconnue les variations des autres facteurs socio- -20 Inde 0 5 10 15 20 25 30 35 économiques ou de politique publique Hommes % des décès d’enfants en cause. Femmes Proportion de décès dus à -25 l’insuffisance pondérale On apprend dans cette étude qu’une Source: Martorell, Khan et Schroeder Source: Black, Morris et Bryce baisse de 60 pour cent du taux d’insuffisan- L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 9
La sous-alimentation dans le monde Années de vie saine perdues, par facteur de risque lié à la nutrition, 2000 Maladies chroniques et sous-alimentation infantile, Insuffisance pondérale (1, 1*) Chine et Sri Lanka Insalubrité de l’eau et des installations sanitaires** (6, 3) Carence en fer (9, 6) Maladies coronariennes Chine Surpoids (10) Sri Lanka Pays en développement à taux de mortalité élevé Carence en zinc (11, 5) Pays en développement à faible taux de mortalité Diabète Pays développés Apport faible de fruits et légumes (12) * rang parmi les facteurs de risque, à l’échelle mondiale Accident Carence en vitamine A (13, 7) et dans les pays en développement à taux de mortalité élevé vasculaire ** inclut le manque d’hygiène cérébral Sédentarité (14) 0 10 20 30 40 0 30 60 90 120 150 % des cas de maladie chronique Années de vie saine perdues (millions) dus à la sous-alimentation infantile Source: OMS Source: Popkin, Horton et Kim braux et des maladies coronariennes (voir Facteurs de risque nutritionnels pour les enfants et les femmes en couches le graphique). dans les pays en développement à taux de mortalité élevé, 2000 Globalement, et sans compter son incidence sur les maladies chroniques Maladies diarrhéiques touchant les adultes, la dénutrition des Infections du système enfants et des mères entraîne, selon les respiratoire inférieur estimations, une perte de plus de 220 mil- Malaria lions d’années de vie saine dans le monde en développement. Quand on prend en Insuffisance pondérale Rougeole Carence en vitamine A compte les autres facteurs de risque liés Carence en zinc à la nutrition, ce nombre atteint presque Mortalité maternelle Carence en fer 340 millions, la moitié du total enregistré 0 20 40 60 80 100 dans tout le monde en développement. % d’années de vie saine perdues pour cause de sous-alimentation Ces chiffes représentent un déficit de Source: OMS productivité équivalent à celui que provo- querait la disparition ou la mise en état notamment l’insuffisance pondérale, les bas. Il n’empêche que, là aussi, les maux d’incapacité d’une population supérieure carences en zinc (au cinquième rang), en d’origine nutritionnelle sont à rattacher de à celle des États-Unis. Ils illustrent aussi fer (sixième) et en vitamine A (septième), près aux décès et incapacités. Dans cette l’incommensurable souffrance que la ca- ainsi que l’insalubrité de l’eau et les lacu- catégorie de pays, qui inclut la Chine, plu- tastrophe planétaire de la faim continue nes en matière d’installations sanitaires et sieurs autres pays d’Asie et presque toute de causer à des millions de familles, de d’hygiène (troisième rang). Ces dernières l’Amérique du Sud, l’insuffisance pondérale même que l’insupportable fardeau écono- aggravent la sous-alimentation en provo- et la carence en fer sont au nombre des 10 mique qui pèse sur l’ensemble du monde quant des infections qui entravent la diges- facteurs de risque les plus importants, à en développement. tion et la bonne assimilation des éléments côté du surpoids et de diverses autres dé- nutritifs (voir le graphique). ficiences nutritionnelles prédisposant aux La moitié des années de vie saine per- maladies chroniques non transmissibles dues imputables à la diarrhée, à la pneu- comme la maladie ischémique du cœur, monie et à la malaria dans les pays en l’hypertension artérielle et le diabète. développement à taux de mortalité élevé En général, ces maladies chroniques ont pour cause première une insuffisance sont liées non pas au manque, mais à de poids. Lorsque les carences en oligo- l’excès de nourriture. Les études mon- éléments figurent dans l’équation, la sous- trent cependant qu’un poids insuffisant alimentation explique non plus 60 pour à la naissance et la dénutrition en bas cent mais 80 pour cent des années perdues âge aggravent le risque de devenir obèse liées à ces maladies. à l’âge adulte ou d’être atteint d’une ma- Bien évidemment, l’insuffisance pon- ladie d’origine nutritionnelle (voir aussi dérale et les carences en oligo-éléments la page 23). En Chine, on attribue à la sont des facteurs de risque moins domi- dénutrition infantile plus de 30 pour cent nants dans les pays en développement plus des cas de diabète de même qu’environ 10 avancés où les taux de mortalité sont plus pour cent des accidents vasculaires céré- 10 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004
Le fardeau économique de la faim: des milliards perdus en productivité, revenus et potentiel de consommation Q uiconque fait le calcul du nombre portion des années de vie saine perdues Les enfants paient le prix de la faim de vies fauchées par la faim ou imputable à la faim, donne un total annuel leur vie durant brisées par l’incapacité qu’elle de quelque 30 milliards de dollars EU, plus engendre n’a aucun doute: la faim est de cinq fois les sommes engagées à ce jour Les estimations des coûts indirects de la moralement inacceptable. Et lorsqu’on dans le Fonds mondial de lutte contre le faim sont généralement basées sur des mesure le coût du déficit de productivité SIDA, la tuberculose et le paludisme. études déterminant l’impact de formes qui s’ensuit année après année, il devient Or, cela n’est rien à côté des coûts spécifiques de sous-alimentation sur le clair qu’elle est également intolérable du indirects que représente la perte de pro- développement physique et mental et le point de vue économique, non seulement ductivité et de revenus attribuable aux corrélant avec la diminution de la produc- pour les victimes mais pour les pays dont décès prématurés, aux incapacités, à tivité et des revenus (voir le schéma). Ces elle compromet le développement et la l’absentéisme scolaire et aux occasions études montrent notamment que: prospérité. manquées de s’instruire et de travailler. ■ Les adultes ayant souffert d’un retard Le coût de la faim prend plusieurs for- Selon des estimations provisoires, les coûts de croissance sont moins productifs et mes. La première, et la plus évidente, est indirects de la faim seraient de l’ordre de gagnent moins dans les métiers ma- le fardeau économique direct de dégâts centaines de milliards de dollars. nuels (les retards de croissance sont qu’il faut réparer. Pensons par exemple Ces coûts, directs ou indirects, sont causés par l’insuffisance pondérale à aux dépenses médicales liées au traite- le prix de la complaisance, le prix du la naissance et les carences en protéo- ment des grossesses à problème et des renoncement face à la persistance de la calories). accouchements de femmes anémiques faim parmi tant d’êtres humains. Ils sont ■ Chaque année scolaire ratée durant ou de poids insuffisant, et aux soins des inacceptables non seulement en termes l’enfance se traduit par une forte ré- enfants atteints gravement, et à répétition, absolus mais en comparaison de ce qu’il duction des revenus la vie durant. Le par la malaria, la pneumonie, la diarrhée en coûterait pour prévenir et éliminer la sous-poids à la naissance, le retard de ou la rougeole parce que leur organisme faim et la sous-alimentation. De nom- croissance et les carences en oligo- et leur système immunitaire sont affaiblis breuses études affirment que chaque éléments ont tous été liés à une dimi- par la faim. dollar investi dans des interventions cor- nution de la fréquentation scolaire. Un Un calcul très approximatif des coûts rectement ciblées sur la pénurie de suivi rigoureux d’enfants zimbabwéens médicaux directs associés à la sous-ali- nourriture et les carences en oligo-élé- touchés par la sécheresse a révélé que mentation infantile et maternelle dans les ments rapporterait l’équivalent de 5 à 20 la sous-alimentation durant les mois pays en développement, fondé sur la pro- dollars. critiques de développement avait réduit Impact de diverses formes de sous-alimentation sur la production et le gain d’une vie Formes de sous-alimentation Perte estimée de productivité ou de gain (%) Insuffisance pondérale à la naissance Malnutrition protéocalorique Avec retard de croissance modéré Pertes liées à un impact sur: La productivité dans les emplois manuels Avec retard Le développement cognitif de croissance aigu Carence en iode Carence en fer Travail manuel lourd Travail manuel léger 0 5 10 15 20 Source: Alderman et Behrman; Horton et Ross; Horton L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004 11
La sous-alimentation dans le monde leur taille de 4,6 cm en moyenne et leur intellectuel, mine la productivité et la durée de leur vie active soit inférieure à fréquentation scolaire de presque une capacité de gain. Selon les études, la la normale. année. Ces chiffres peuvent paraître carence en iode, qui atteint quelque 13 négligeables mais ils correspondent à pour cent de la population mondiale, se Estimation des pertes sur toute une vie une perte de revenu estimée à 12 pour traduirait par un écart de 10 à 15 points cent sur la durée de vie. dans les résultats de tests de quotient L’Academy for Educational Development ■ L’affaiblissement des aptitudes cogniti- intellectuel et réduirait la productivité (AED) a mis au point une méthodologie ves, mesurée par des tests de quotient de 10 pour cent. et des logiciels permettant de mesurer Conjugués aux statistiques disponibles les coûts de diverses formes de sous-ali- sur la prévalence de diverses formes de mentation et les avantages d’intervenir Estimation du gain que représente sous-alimentation, ces résultats permet- pour la réduire ou l’éliminer. À partir de un nourrisson sous-alimenté tent d’estimer de manière provisoire les données sur 25 pays obtenues de l’AED, en moins coûts de la faim à l’échelle des pays et de la FAO a calculé que, si les carences en Valeur estimée en fonction la planète. iode et la malnutrition protéocalorique d’un indice de pondération de 3% $EU Un examen détaillé de la question révè- persistaient à leur niveau actuel pendant 1 000 le, par exemple, que sur une vie complète, encore 10 ans, les dépenses qui leur sont Gains l’économie réalisée pour chaque nourris- liées atteindraient en valeur actualisée intergénérationnels 122,26 son échappant à l’insuffisance pondérale jusqu’à 15 pour cent du PIB annuel (voir Économies liées aux atteindrait près de 1 000 dollars EU (voir le le graphique). 800 maladies chroniques 73,83 graphique). Les bébés nés en sous-poids Parallèlement, on a estimé dans un chaque année dans les pays en dévelop- groupe de 10 autres pays les coûts annuels pement sont au nombre de 20 millions; à long terme rattachés à la persistance l’inaction sur ce front pendant une année des carences en fer à leur niveau actuel. Hausse de productivité 600 due à l’amélioration de plus coûterait donc quelque 20 milliards En pourcentage du PIB, les dépenses en des capacités 434,06 de dollars EU. valeur actualisée liées à l’anémie ferri- Ces économies s’appliquent tant aux prive varient entre 2 pour cent environ coûts directs des soins aux nourrissons, pour le Honduras et 8 pour cent pour le 400 aux malades et aux personnes souffrant Bangladesh (voir le graphique à la page de maladies chroniques, qu’aux coûts suivante). Mais en Inde, où le PIB en 2002 Hausse de productivité indirects liés à la perte de productivité dépassait 500 milliards de dollars EU, l’es- due au retard de croissance moindre 180,17 pour cause d’interruption de la vie active timation est plutôt de l’ordre d’au moins 30 200 ou de handicaps physiques ou mentaux. milliards de dollars EU. Morbidité moins élevée 38,83 Comme elles sont estimées à leur valeur Il s’agit là, comme pour les données de Économies liées aux soins néonataux 41,80 courante sur la base d’une augmentation l’AED, de coûts actualisés se rapportant à Baisse de la mortalité de la productivité la vie durant, un indice des formes spécifiques de sous-alimen- infantile 94,66 0 de pondération est appliqué pour tenir tation et calculés sur la durée d’une vie. Total: 985,61 compte de l’inflation et de la possibilité Si l’on estime, par exemple, que l’anémie Source: Alderman, Behrman et Hoddinott que les gens ne survivent pas ou que la coûte au Bangladesh l’équivalent de 8 pour Coûts de la malnutrition protéocalorique et de la carence en iode Estimation pondérée des coûts à long terme de la persistance aux niveaux actuels, pendant encore 10 ans, de la malnutrition protéocalorique et de la carence en iode, en pourcentage de la valeur annuelle du PIB, pour un choix de pays. % du PIB Malnutrition protéocalorique Carence en iode 20 15 10 5 0 n e na o e ire a ée a o ria r i e l nz ie ie a al ga ca ny al nd ivi s in th qu ni Ta Un an Fa in M wa Ivo bé Ch em né Bé so as l Ke bi ga Bo Gu de p.- Li ts na d’ am ag Le Sé Ou at Bo Ré ki te ad Gu oz r Cô M Bu M Source: FAO, à partir des données de l’AED 12 L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde 2004
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