21/3/2018 Assemblée Nationale Réunion cabinet du Président des affaires économiques, Roland Lescure - France Clusters
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1° mars 2018 - p 1 21/3/2018 Assemblée Nationale Réunion cabinet du Président des affaires économiques, Roland Lescure • Aigline de Ginestous, conseillère spéciale • Christopher Weissberg, conseiller politique Collectif ''Innovation 2017 - 2022 • Patrice Noailles, SG du ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (Forum européen des politiques d’innovation) • Olivier Mousson, ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (Pdt de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, Cr maître à la cour des comptes) • Xavier Roy, ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (DG France-Clusters, association fédérative des Pôles de compétitivité et des clusters, membre fondateur du collectif Innovation’’) • Paul Robert, ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (SG du comité ‘’Cluster’s InterRégions’’, Del. Gal de France clusters auprès du ‘’Collectif Innovation’’) Le COLLECTIF Innovation Centre d’analyse et de proposition pour une nouvelle politique d’innovation Le « COLLECTIF Innovation » a été créé pour donner une résonnance à l’innovation dans la campagne électorale de 2017. Si le succès dans l’interpellation des candidats a été réel, il n’en est malheureusement pas ressorti un grand débat sur le sujet. C’est pourquoi, nous avons décidé de poursuivre en l’amplifiant cet effort de promotion de l’innovation.
1° mars 2018 - p 2 Réflexions et propositions pour financer l’innovation française Enjeux Passer de 2 à 10 Milliards€ d'investissement dans le capital risque et de développement tout en améliorant le fonctionnement de l’écosystème des innovateurs français En dépit des efforts importants réalisés à ce jour (notamment le CIR), il faut constater deux déficiences majeures dans le financement de l’innovation en France : - Lors du lancement commercial on ne trouve pas d’argent pour financer le risque du « décollage industriel ». On manque de capital et de Fonds de roulement. Très tôt, également, le capital à risque fait défaut en volume (seed money et early stage) - Les PMEI , pour leurs part, peinent à trouver les financements nécessaires à la mise en marché de leurs innovation (Cf ''Le chaînon manquant/France- clusters'') Mesures proposées (Synthèse) 1 - Projets en « early stages » : nous proposons de reprendre le système US du subchapter S1 dont le succès opérationnel démontre que c’est le prix à payer pour ce type de capital : Les investisseurs sont garantis de 50% de leur perte (entreprise par entreprise). Le subchapter S 2 a deux avantages : cela fonctionne déjà aux USA et le coût est déporté de 3 à 5 ans par rapport à un système type Madelin. De plus le système Madelin donne un avantage à ceux qui réussissent comme à ceux qui échouent. Personne n’a besoin d’aide quand on réussit mais tous ceux qui travaillent avec un gros risque, ont besoin d’être aidé lors de la réalisation du risque. Ce type d’avantage assez peu coûteux sera nécessaire si on veut atteindre 2 à 3 Milliards € apportés par les investisseurs privés. Le déplafonnement du crowdfunding contribuerait, pour sa part, à la réussite de cette politique. 2 – Projets « late stages » des PME innovantes et start-up à maturité : nous proposons, pour répondre à l'importance en volume de la demande de faire appel à l’assurance-vie et d'orienter 5 à 10% de la collecte annuelle d’assurance-vie vers le capital-développement ayant un risque maîtrisable. Cela suppose qu’on résolve la divergence entre l’argent « garantie » de l’assurance vie et les placements à risque. 1 Créé en 1958, sur la base d’un premier rapport datant de 1946 2 Une tentative de transparence fiscale a été adoptée par le Parlement mais pas appliquée sous des prétextes réglementaires.
1° mars 2018 - p 3 Pour y parvenir nous proposons d’organiser une modalité de garantie en fonction de la qualité des entreprises (avec un système de notation des entreprises) par exemple, à partir de la grille ''Innovation'' de la BEI ou bien des critères FCPI ou encore sur la base d'une notation à construire en partenariat avec un organisme spécialisé comme Vigèo (Filiale de la CDC) : Le remboursement de 50% des échecs contre 10% des succès à reconstruire sur une forme adaptée à la nouvelle réglementation et avec des taux à réévaluer. (Cette proposition prend en compte les faiblesses des fonds euro- croissance de l'assurance vie destinés aux investissements dans les entreprises non cotées) 3 – Mesures d’accompagnement 1 : Éviter une bulle financière : La montée en puissance d’un tel système peut générer la constitution d’une bulle si les flux varient de façon imprévue ou si la qualité des projets n’est pas au niveau attendu Il sera donc nécessaire de prendre des mesures d’accompagnement pour susciter des vocations des entrepreneurs et un système de suivi permettant de réguler les flux. 2 – Augmenter le flux de dirigeants d’envergure et minimisant le risque social pris par les entrepreneurs (système de coaching) et en amoindrissant le risque financier (modification du calcul des retraites principalement), le tout étant financé par les entrepreneurs ayant réussi. www.cgpme.fr www.instituts-carnot.eu www.franceangels.org www.franceinvest.eu www.asso-conseils- www.afas.fr www.afpc.eu www.asrc.fr www.capintech.com innovation.org www.cybel.fr www.forumatena.org politiques-innovation.org www.forumdufutur.fr www.france-biotech.org www.valeursvertes.com www.croissanceplus.com franceclusters.fr www.retis-innovation.fr www.industrienationale.fr www.finance-innovation.org www.avrist.fr www.lafabriquedufutur.org Ulysse Institute
1° mars 2018 - p 4 ANNEXE Financer l’innovation française par l’assurance-vie ? Réflexion et propositions Une comparaison rapide des efforts d’investissement dans le domaine du capital- développement au capital-risque entre la France et les USA conduit à annoncer un déficit de financement du capital-risque de l’ordre de 10 Milliards €. Pour combler ce déficit, la particularité de notre assurance-vie qui constitue un équivalent financier des caisses de retraite anglo-saxonnes (néanmoins plus modeste) incite à faire basculer ces fonds vers le financement de l’innovation française. Pour avancer dans ce débat et pour bien comprendre l’enjeu qui n’est pas une simple relance économique mais un changement de nature de notre économie, il faut préciser quelques ordres de grandeur et définitions. 1 – Définitions L’innovation est souvent imaginée comme le résultat d’efforts de recherche qui permettrait rationnellement de découvrir et développer des produits ou services. La réalité de cette relation est infiniment plus complexe. La recherche n’est pas une garantie d’innovation comme l’ont montré dans le passé les échecs de l’URSS, pays officiellement dédié au progrès et du PARC de Xerox projet dédié à l’innovation en Californie. Schumpeter écrivait que ‘innovation était une modification de la fonction de production d’un pays ; nous rajoutons : un changement de son TEI. Plus généralement, l’innovation est en première apparence le développement d’un nouveau paradigme social, globalement et durablement plus performant que les précédents. C’est aussi l’outil des grandes civilisations pour assurer leur développement. C’est enfin le moyen pour l’Homme de sortir de sa condition animale de soumission à la Nature. L’innovation se caractérise par la valeur créée qui se mesure assez bien par la « rente technique » dont la meilleure évaluation est la différence entre l’ancien et le nouveau prix. Lorsque cet écart devient très important (facteur 10 ?), il s’agit d’une innovation de rupture qui s’impose et provoque des ruptures économiques. Pour les « petites » innovations dites incrémentales, les améliorations sont réalisées sans rupture économique.
1° mars 2018 - p 5 La succession de petites innovations conduit parfois à des ruptures. Ainsi dans la micro-électronique, le rythme est un doublement tous les 18 mois (approximativement) ce qui conduit à un facteur 10 tous les 5 ans et donc un facteur mille tous les 15 ans ! Il faut aussi remarquer qu’une petite amélioration incrémentale sur un objet de grande diffusion a un impact économique global immédiat qui peut être très important. Ainsi, un abaissement du coût de fabrication d’une automobile de 100 € (soit 0,5% du prix moyen) provoque une économie globale annuelle de 10 Milliards €. (pour une production automobile de l’ordre de 100 Millions de véhicules par an). A l’inverse, de nombreuses innovations de rupture nécessitent de longues années de développement avant d’atteindre le volume de marge de 10 Milliards par an ! La multiplicité des approches ci-dessus et leur mise en perspective économique et historique ci-après, est nécessaire pour bien comprendre la portée des mesures proposées dans cette note. 2 – Notre modèle d’innovation : Depuis 10 siècles, l’Occident a développé un modèle original d’innovation qui est principalement laissé à l’initiative des entrepreneurs privés alors que l’empire romain comme l’empire chinois avaient des modèles plus étatiques. Ce modèle s’est structuré tout d’abord en Occident, aux USA pendant la seconde Guerre Mondiale et sous la direction de Vanevaar Bush, conseiller du Président Roosevelt. En France, ce sont les travaux du congrès de Caen en 1956 repris par le Général de Gaulle pour créer la DGRST en 1960. Depuis la disparition des pays socialistes, le modèle de la quasi-totalité des grands pays est un « mélange » entre une politique étatique (dirigée par la DARPA aux USA, Le Miti au Japon ou l’Académie des sciences en Chine) et une politique entrepreneuriale elle-même divisée entre les start-ups, les grandes entreprises et ETI. La France a une complexité structurelle qui ne simplifie pas la question du financement. L’État, au travers du financement des grands instituts de recherche et des systèmes d’aides contrôle l’essentiel de la recherche. Avec un basculement progressif vers des financements de programmes au détriment des financements de laboratoires. Le CIR est un financement de projet décidés par les entreprises. Il profite essentiellement aux grandes entreprises (75%)
1° mars 2018 - p 6 Les entreprises financent l’innovation, c’est-à-dire le passage du concept au paradigme économique. Et depuis 10 ans, la France s’efforce de développer une « classe » d’entrepreneurs dont la fonction est double être des machines à innover et créer des emplois. 3 – Le déficit financier : Dans ce cadre général résumé ci-dessus, il convient d’examiner les flux financiers qui donnent la mesure des efforts de la société pour innover. En rappelant ici les réserves sur l’identification des efforts de recherches comme des efforts d’innovation, il faut constater aujourd’hui que les ordres de grandeur des grands flux semblent être : - Dépenses de R&D : 45 Milliards € (DNRDA + DNRDE) dont 25 Milliards € par les entreprises, généralement pour des innovations incrémentales. La partie étatique étant orientée majoritairement vers le fondamental, parfois utilisables pour les ruptures. - L’effort d’innovation pour faciliter les innovateurs indépendants se résume à un seul flux financier des investisseurs dans le capital-risque, soit moins de 2 milliards par an sur les 5 dernières années alors que les usa sont largement au-dessus de 50 Milliards $ / an. Sans parler du coût du SubchapterS. Il est vrai qu’il faudrait ajouter les dépenses d’aide sous forme du Fonds « d’urgence » de la DGA et quelques dispositifs d’amélioration de l’environnement des innovateurs (leur « écosystème »). Malgré tous les efforts réalisés à ce jour (notamment le CIR), il faut constater deux déficiences majeures dans le financement de l’innovation en France, notamment pour les start-ups innovantes : - très tôt, on manque de capital à risque en volume (seed money et early stage) - et assez tard au début du lancement commercial on ne trouve pas d’argent pour financer le risque du « décollage industriel ». On manque de capital et de Fonds de roulement. Mesures proposées : 1 - Pour les projets en « early stages », nous proposons de reprendre le système US du subchapter S dont le succès opérationnel (graphique ci-dessous) démontre que c’est le prix à payer pour ce type de capital : Les investisseurs sont garantis de 50% de leur perte (entreprise par entreprise).
1° mars 2018 - p 7 Le subchapter S3 a deux avantages : cela fonctionne déjà aux USA et le coût est déporté de 3 à 5 ans par rapport à un système type Madelin. De plus le système Madelin donne un avantage à ceux qui réussissent comme à ceux qui échouent. Personne n’a besoin d’aide quand on réussit mais tous ceux qui travaillent avec un gros risque, ont besoin d’être aidé lors de la réalisation du risque. Ce type d’avantage assez peu coûteux sera nécessaire si on veut atteindre 2 à 3 Milliards € apportés par les investisseurs privés. Le déplafonnement du crowdfunding peut être un élément annexe de cette politique. 2 – Pour les « late stages », la demande est plus importante en volume et il faut utiliser la seule ressource volumineuse : l’assurance-vie. Il faut orienter 5 à 10% de la collecte annuelle d’assurance-vie vers le capital-développement ayant un risque maîtrisable. Cela suppose qu’on résolve la divergence entre de l’argent « garantie » de l’assurance vie avec des placements à risque. Pour y parvenir nous proposons d’organiser un système d’assurance en fonction de la qualité des entreprises (avec un système de notation) sur le modèle de la garantie ANVAR des années 90 : Le remboursement de 50% des échecs contre 10% des succès à reconstruire sur une forme adaptée à la nouvelle réglementation et avec des taux à réévaluer. 3 – Mesures d’accompagnement 1 : Éviter une bulle financière : La montée en puissance d’un tel système peut générer la constitution d’une bulle si les flux varient de façon imprévue ou si la qualité des projets n’est pas au niveau attendu Il sera donc nécessaire de prendre des mesures d’accompagnement pour susciter des vocations des entrepreneurs et un système de suivi permettant de réguler les flux. 2 – Augmenter le flux de dirigeants d’envergure et minimisant le risque social pris par les entrepreneurs (système de coaching) et en amoindrissant le risque 3 Créé en 1958, sur la base d’un premier rapport datant de 1946
1° mars 2018 - p 8 financier (modification du calcul des retraites principalement), le tout étant financé par les entrepreneurs ayant réussi. 4 – L’argent ne suffit pas, il faut aussi un modèle français d’innovation : A côté de ce développement quantitatif, il faut une organisation de notre société qui lui permette d’avoir une dynamique d’innovation qui corresponde au « génie français ». Des idées circulent sur le partage des risques et des bénéfices, mais aucun travail solide n’a été réalisé et aucun consensus n’est établi. C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place un système de co-gouvernance publique-privée chargée de mettre en place les institutions françaises de l’innovation (au sens de l’économie institutionnelle), sous la forme d’un Conseil National de l’Innovation rassemblant les représentants de l’écosystème français. Les textes du Secrétariat Général qui n’ont pas encore été approuvés par l’Assemblée du Collectif, sont des documents de travail émis sous la responsabilité du SG. Patrice Noailles-Siméon, Secrétariat général du Collectif Innovation 2017 www.ci2017.org - @CI_2017 - Bureaux : 9 avenue Franklin Roosevelt (B4) - 75008 Paris- Tél. +339 51 63 99 22 - tél. mobile +337 82 23 32 65 Association des Instituts Carnot - IESF (Ingénieurs et de scientifiques de France), CPME (Confédération des PME), Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, France Angels, France Clusters, France Biotech, Association des Structures de Recherche sous Contrat, Association Française des Investisseurs pour la Croissance, Capintech, Croissance Plus, Retis Innovation, AFPC (Pôles de compétitivité), Forum Aténa, Association des Conseils en Innovation, la Revue du Financier, Valeurs Vertes, l’Association Française pour l’Avancement des Sciences, Forum européen des politiques d’innovation, Pôle Finance Innovation, AVRIST, la Fabrique du Futur. PLUS d'un Million de citoyens motivés par l'innovation.
19 février 2018 - p 9 « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus / L’Homme révolté) Le COLLECTIF Innovation Centre d’analyse et de proposition pour une nouvelle politique d’innovation Le « COLLECTIF Innovation » a été créé pour donner une résonnance à l’innovation dans la campagne électorale de 2017. Si le succès dans l’interpellation des candidats a été réel, il n’en est malheureusement pas ressorti un grand débat sur le sujet. C’est pourquoi, nous avons décidé de poursuivre en l’amplifiant cet effort de promotion de l’innovation. * Au début du XXe siècle, juste avant la Première Guerre mondiale, la France était pionnière dans les grandes industries innovantes de son temps, comme l’aviation, l’automobile, la photo, le cinéma ou le nucléaire ; et quand elle n’était pas la première, elle était dans le trio de tête, en compétition avec les États-Unis, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Dans les grands classements internationaux, la France apparaît rarement dans les vingt premières nations innovantes au monde, tandis que ces mêmes palmarès soulignent la pérennité de l’excellence européenne, plaçant six ou sept pays dans les dix premiers mondiaux, dont certains « petits » États, comme la Suède ou la Suisse, sans oublier Israël, qui est lié à l’Europe par de nombreux accords. Le recul technologique et économique de la France est visible, mais pas irréversible. Le pays peut retrouver sa fonction d’innovateur et sa place de leader s’il s’engage dans une révolution de son organisation et de sa pensée. Le texte ci-après, esquisse le cadre général d’une société française dans laquelle une action publique dynamique permettrait d’engager et d’accompagner une telle révolution. C’est d’abord un plan de travail pour les politiques mais aussi pour la recherche académique qui devra évaluer, vérifier ou corriger un certain nombre d’hypothèses ou d’assertions. C’est enfin une démarche distincte des approches économiques4, voire d’économie industrielle, qui se focalisent sur des mesures économiques alors que nous centrons nos recommandations sur la volonté de construire une société innovante dans le cadre d’une approche globale, politique, économique, anthropologique et philosophique. (Extrait de « Esquisse d’une France innovante »)
19 février 2018 - p 10 « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus / L’Homme révolté) Notre Boite à Outils pour travailler de façon cohérente L’idée centrale de ces précisions sur les concepts est que l’innovation est fondée sur des mécanismes principalement économiques, tout en étant un phénomène social, psychologique, philosophique qui nécessite une approche globale de nature anthropologique. Les deux principales caractéristiques de ce phénomène sont qu’il est « additif » (1) au point de permettre la modification progressive de la condition humaine ET qu’il associe étroitement l’action d’un individu à l’évolution de la société (2). Le public dénomme ce phénomène « le progrès ». Nous avons développé ou réutilisé douze concepts fondamentaux pour décrire, caractériser et analyser l’innovation. 1 – La nature de l’innovation : L’Innovation est le développement d’un nouveau paradigme social avec une efficacité durablement supérieure à l’ancien paradigme. Ce phénomène est parfaitement additif. Telle est la nature économique de l’innovation. (source : Schumpeter 1939, “Therefore, we will simply define innovation as the setting up of a new production function.” In “Business Cycles”) Il y a aussi une nature philosophique et anthropologique résultant du caractère additif de l’efficacité économique et cela a permis à l’humanité de prendre le contrôle de sa condition humaine (au moins partiellement). Exemples : le DVD (1996), le « conteneur » (1955), le micro-ordinateur (1978), la machine à vapeur (XVIII°) et l’imprimerie (XV°). 2 – La fonction d’innovateur & les co-innovateurs (inventeur & entrepreneur) : L’innovateur est le créateur de l’innovation. Sa fonction est de définir ou de choisir le standard technique et le modèle économique, puis de réaliser les premières ventes significatives démontrant ainsi la justesse de ses choix. Cela peut aussi s’analyser comme le début du choix collectif fragmentaire. Il est l’orchestrateur du process d’innovation (éventuellement de la gestion de son « ouverture »). C’est souvent l’entrepreneur ou l’inventeur, voire l’intrapreneur ou un salarié. Exemples : Warren Lieberfarb pour le DVD; MacLean pour le conteneur; Steve jobs pour le micro- ordinateur, le smartphone ou la clef USB; Newcomen et watt pour la machine à vapeur et Gutemberg pour l’imprimerie. 3 – L’écosystème de l’innovateur : Comme tous les êtres vivants, l’innovateur évolue dans un écosystème avec des ressources et des régulations. Ces régulations sont pour l’essentiel des institutions au sens de l’économie institutionnelles (voir les travaux de Douglass North , Violence and Social Orders). Les « piliers » de l’écosystème sont le dispositif législatif et fiscal, le système de financement, la formation et l’existence d’une main d’œuvre de haut niveau … et surtout l’état d’esprit. Exemples : La Silicon Valley, La route 128 à Boston, Tel-Aviv, mais aussi Triangle Park, New York, etc. 4 – Le standard technique et le modèle économique : C’est la caractérisation de l’innovation : définir les fonctions du nouvel « objet » ou l’organisation du nouveau process et le modèle économique. Exemples : Le conteneur illustre bien la nécessité de définir un bon standard technique (il y a eu des dizaines de brevets déposé sur des systèmes de conteneur – un seul a été développé !) et d’un modèle économique (le modèle du brevet payant a permis une phase de démonstration de 1955 à 67), puis le modèle du brevet « gratuit » a permis d’assurer la généralisation. Pour les moteurs de recherche sur internet, c’est le modèle « google » (gratuité pour les utilisateurs + publicité + exploitation des données) qui s’est imposé.
19 février 2018 - p 11 « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus / L’Homme révolté) 5 – Le process de l’innovation (ouvert ?) : L’innovation a toujours été un process ouvert. Le fonctionnement actuel de l’économie pousse à l’échange d’idées pendant la phase de conception. L’innovation, c’est l’arbitrage entre toutes les possibilités techniques. 6 – La diffusion & le choix collectif fragmentaire : La diffusion est le terme le plus couramment utilisé. C’est un concept descriptif qui ne permet pas de comprendre la logique de cette diffusion. C’est en fait un mécanisme fragmentaire du choix collectif qui s’exprime sur les marchés ouverts. - Ce choix est Collectif mais avec une régulation économique. - Ce choix est fragmentaire car il est progressif et toujours réversible. Le rôle de l’innovateur est de définir le bon standard technique et le modèle économique adapté qui rend possible le choix collectif. Ce choix est rationnel mais aussi influençable et modifiable dans le temps. Exemples : Le choix d’un standard de véhicule automobile avec un moteur thermique s’est progressivement établi de 1890 à 1925 (face à la vapeur et l’électricité). Ce choix technique est en cours de modification pour des raisons environnementales, notamment la pollution des villes, mais aussi la teneur en CO2 dans l’atmosphère. C’est dans le jargon économique, la rente de Ricardo. Malgré quelques problèmes techn 7 – La valeur d’Innovation : iques, cette rente peut être utilisé comme un système de mesure et par conséquent démontre le caractère « additif ». Exemples : La machine à laver le linge permet d’économiser environ deux heures par semaine et par habitant. 100 heures par an pour un prix de 200€ (usure et produits) alors que le temps représente une valeur de l’ordre de 1.000 € sur la base d’un SMIC à 10€. 8 – Financement de l’innovation : Le Financement est réalisé par les VC et l’innovateur. Il y a trois types d’intervenants : Early stage (financement à risque total), Late stage (après les premières ventes) et développement. Exemples : Les métiers du capital risque sont encore peu développés. En France on consacre environ 1 Milliard € / an à cette activité contre plus de 50 Milliards $ aux USA. Malgré la différence des contenus statistiques, nous estimons que le rapport réel (ramené à la population donne un rapport final compris entre 5 et 10. La France doit arriver à 10 Milliards € par an de flux d’investissement dans le capital-risque. 9 – L’innovation déflationniste : Une analyse monétaire de l’innovation montre qu’il existe un mécanisme déflationniste en raison de la répartition de la valeur (donnée de plus en plus rapidement aux clients) tandis que la croissance de la productivité est au-dessus de la croissance du marché. Exemples : l’arrivée de Free dans le téléphone fixe avec sa Box a provoqué une baisse de l’activité globale du secteur du téléphone avec une progression de 20% du nombre des abonnés.
19 février 2018 - p 12 « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus / L’Homme révolté) 10 – L’innovation inclusive : Par sa technicité, l’innovation est souvent exclusive car elle exige une qualification. Le progrès doit être partagé par tous et tous doivent en avoir conscience. 11 – Risques : La répartition de la valeur est réalisée immédiatement par le prix. Mais le risque est lui-même souvent repoussé dans le futur et supporté par des générations ultérieures. La gestion de la relation entre valeur et risque est le cœur de la politique d’innovation. Exemples : Le modèle « Google » avec ses conséquences sur la propriété des données privées illustre bien la problématique CT / LT. Les produits phytosanitaires ont une problématique comparable d’avantages apparents considérables à CT mais de pollution à LT. Les avantages à CT permettent une « sur-vente » mais conduisent à des corrections plus douloureuses. C’est ce qui provoque le sentiment « d’obligation technico-scientifique » dénommée « technoscience » par J. Ellul et le courant écologique. 12 – Gouvernance : L’innovation ne doit pas être « décidée » par une autorité centrale mais résulter d’innombrables décisions et actions individuelles, collectives et sur les marchés de biens & services. Les institutions qui seront mises en place pour accompagner l’évolution de notre société devront être « mixtes » entre le public et le privé, afin d’associer au mieux toutes les parties prenantes à cette évolution. *
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