21/3/2018 Assemblée Nationale Réunion cabinet du Président des affaires économiques, Roland Lescure - France Clusters

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21/3/2018 Assemblée Nationale Réunion cabinet du Président des affaires économiques, Roland Lescure - France Clusters
1° mars 2018 - p 1

                          21/3/2018 Assemblée Nationale
    Réunion cabinet du Président des affaires économiques, Roland Lescure

    • Aigline de Ginestous, conseillère spéciale
    • Christopher Weissberg, conseiller politique

    Collectif ''Innovation 2017 - 2022
    • Patrice Noailles, SG du ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (Forum européen
        des politiques d’innovation)
    • Olivier Mousson, ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (Pdt de la Société
        d’encouragement pour l’industrie nationale, Cr maître à la cour des comptes)
    • Xavier Roy, ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (DG France-Clusters,
        association fédérative des Pôles de compétitivité et des clusters, membre
        fondateur du collectif Innovation’’)
    • Paul Robert, ‘’Collectif Innovation 2017 – 2022’’ (SG du comité ‘’Cluster’s
        InterRégions’’, Del. Gal de France clusters auprès du ‘’Collectif Innovation’’)

                                     Le COLLECTIF Innovation
              Centre d’analyse et de proposition pour une nouvelle politique d’innovation

  Le « COLLECTIF Innovation » a été créé pour donner une résonnance à l’innovation dans la
campagne électorale de 2017. Si le succès dans l’interpellation des candidats a été réel, il n’en est
malheureusement pas ressorti un grand débat sur le sujet. C’est pourquoi, nous avons décidé de
poursuivre en l’amplifiant cet effort de promotion de l’innovation.
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           Réflexions et propositions pour financer l’innovation française

                                                      Enjeux
Passer de 2 à 10 Milliards€ d'investissement dans le capital risque et de développement
        tout en améliorant le fonctionnement de l’écosystème des innovateurs français

    En dépit des efforts importants réalisés à ce jour (notamment le CIR), il faut constater
    deux déficiences majeures dans le financement de l’innovation en France :
          - Lors du lancement commercial on ne trouve pas d’argent pour financer le
              risque du « décollage industriel ». On manque de capital et de Fonds de
              roulement. Très tôt, également, le capital à risque fait défaut en volume
              (seed money et early stage)
          - Les PMEI , pour leurs part, peinent à trouver les financements nécessaires à
              la mise en marché de leurs innovation (Cf ''Le chaînon manquant/France-
              clusters'')

                                 Mesures proposées (Synthèse)
        1 - Projets en « early stages » : nous proposons de reprendre le système US du
     subchapter S1 dont le succès opérationnel démontre que c’est le prix à payer pour ce
     type de capital : Les investisseurs sont garantis de 50% de leur perte (entreprise par
     entreprise).

     Le subchapter S 2 a deux avantages : cela fonctionne déjà aux USA et le coût est
     déporté de 3 à 5 ans par rapport à un système type Madelin. De plus le système
     Madelin donne un avantage à ceux qui réussissent comme à ceux qui échouent.
     Personne n’a besoin d’aide quand on réussit mais tous ceux qui travaillent avec un
     gros risque, ont besoin d’être aidé lors de la réalisation du risque. Ce type d’avantage
     assez peu coûteux sera nécessaire si on veut atteindre 2 à 3 Milliards € apportés par
     les investisseurs privés.
     Le déplafonnement du crowdfunding contribuerait, pour sa part, à la réussite de cette
     politique.
        2 – Projets « late stages » des PME innovantes et start-up à maturité : nous
     proposons, pour répondre à l'importance en volume de la demande de faire appel à
     l’assurance-vie et d'orienter 5 à 10% de la collecte annuelle d’assurance-vie vers le
     capital-développement ayant un risque maîtrisable. Cela suppose qu’on résolve la
     divergence entre l’argent « garantie » de l’assurance vie et les placements à risque.

       1
         Créé en 1958, sur la base d’un premier rapport datant de 1946
       2
         Une tentative de transparence fiscale a été adoptée par le Parlement mais pas appliquée sous des
    prétextes réglementaires.
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       Pour y parvenir nous proposons d’organiser une modalité de garantie en fonction de
       la qualité des entreprises (avec un système de notation des entreprises) par exemple,
       à partir de la grille ''Innovation'' de la BEI ou bien des critères FCPI ou encore sur la
       base d'une notation à construire en partenariat avec un organisme spécialisé comme
       Vigèo (Filiale de la CDC) : Le remboursement de 50% des échecs contre 10% des succès
       à reconstruire sur une forme adaptée à la nouvelle réglementation et avec des taux à
       réévaluer. (Cette proposition prend en compte les faiblesses des fonds euro-
       croissance de l'assurance vie destinés aux investissements dans les entreprises non
       cotées)

          3 – Mesures d’accompagnement

          1 : Éviter une bulle financière : La montée en puissance d’un tel système peut
       générer la constitution d’une bulle si les flux varient de façon imprévue ou si la qualité
       des projets n’est pas au niveau attendu Il sera donc nécessaire de prendre des
       mesures d’accompagnement pour susciter des vocations des entrepreneurs et un
       système de suivi permettant de réguler les flux.

          2 – Augmenter le flux de dirigeants d’envergure et minimisant le risque social pris
       par les entrepreneurs (système de coaching) et en amoindrissant le risque
       financier (modification du calcul des retraites principalement), le tout étant financé
       par les entrepreneurs ayant réussi.

                                                            www.cgpme.fr
                             www.instituts-carnot.eu                                                        www.franceangels.org
   www.franceinvest.eu

    www.asso-conseils-            www.afas.fr                www.afpc.eu
                                                                                        www.asrc.fr          www.capintech.com
     innovation.org

      www.cybel.fr           www.forumatena.org        politiques-innovation.org   www.forumdufutur.fr     www.france-biotech.org

                                                                                   www.valeursvertes.com   www.croissanceplus.com
     franceclusters.fr       www.retis-innovation.fr   www.industrienationale.fr

www.finance-innovation.org        www.avrist.fr        www.lafabriquedufutur.org      Ulysse Institute
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ANNEXE
      Financer l’innovation française par l’assurance-vie ?
                    Réflexion et propositions

   Une comparaison rapide des efforts d’investissement dans le domaine du capital-
développement au capital-risque entre la France et les USA conduit à annoncer un
déficit de financement du capital-risque de l’ordre de 10 Milliards €. Pour combler ce
déficit, la particularité de notre assurance-vie qui constitue un équivalent financier
des caisses de retraite anglo-saxonnes (néanmoins plus modeste) incite à faire
basculer ces fonds vers le financement de l’innovation française.
   Pour avancer dans ce débat et pour bien comprendre l’enjeu qui n’est pas une
simple relance économique mais un changement de nature de notre économie, il faut
préciser quelques ordres de grandeur et définitions.

   1 – Définitions
   L’innovation est souvent imaginée comme le résultat d’efforts de recherche qui
permettrait rationnellement de découvrir et développer des produits ou services. La
réalité de cette relation est infiniment plus complexe. La recherche n’est pas une
garantie d’innovation comme l’ont montré dans le passé les échecs de l’URSS, pays
officiellement dédié au progrès et du PARC de Xerox projet dédié à l’innovation en
Californie.
   Schumpeter écrivait que ‘innovation était une modification de la fonction de
production d’un pays ; nous rajoutons : un changement de son TEI. Plus
généralement, l’innovation est en première apparence le développement d’un
nouveau paradigme social, globalement et durablement plus performant que les
précédents. C’est aussi l’outil des grandes civilisations pour assurer leur
développement. C’est enfin le moyen pour l’Homme de sortir de sa condition animale
de soumission à la Nature.
   L’innovation se caractérise par la valeur créée qui se mesure assez bien par la
« rente technique » dont la meilleure évaluation est la différence entre l’ancien et le
nouveau prix. Lorsque cet écart devient très important (facteur 10 ?), il s’agit d’une
innovation de rupture qui s’impose et provoque des ruptures économiques. Pour les
« petites » innovations dites incrémentales, les améliorations sont réalisées sans
rupture économique.
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   La succession de petites innovations conduit parfois à des ruptures. Ainsi dans la
micro-électronique, le rythme est un doublement tous les 18 mois
(approximativement) ce qui conduit à un facteur 10 tous les 5 ans et donc un facteur
mille tous les 15 ans !
   Il faut aussi remarquer qu’une petite amélioration incrémentale sur un objet de
grande diffusion a un impact économique global immédiat qui peut être très
important. Ainsi, un abaissement du coût de fabrication d’une automobile de 100 €
(soit 0,5% du prix moyen) provoque une économie globale annuelle de 10 Milliards €.
(pour une production automobile de l’ordre de 100 Millions de véhicules par an).
   A l’inverse, de nombreuses innovations de rupture nécessitent de longues années
de développement avant d’atteindre le volume de marge de 10 Milliards par an !
   La multiplicité des approches ci-dessus et leur mise en perspective économique et
historique ci-après, est nécessaire pour bien comprendre la portée des mesures
proposées dans cette note.

   2 – Notre modèle d’innovation :
   Depuis 10 siècles, l’Occident a développé un modèle original d’innovation qui est
principalement laissé à l’initiative des entrepreneurs privés alors que l’empire romain
comme l’empire chinois avaient des modèles plus étatiques.
   Ce modèle s’est structuré tout d’abord en Occident, aux USA pendant la seconde
Guerre Mondiale et sous la direction de Vanevaar Bush, conseiller du Président
Roosevelt. En France, ce sont les travaux du congrès de Caen en 1956 repris par le
Général de Gaulle pour créer la DGRST en 1960.
   Depuis la disparition des pays socialistes, le modèle de la quasi-totalité des grands
pays est un « mélange » entre une politique étatique (dirigée par la DARPA aux USA,
Le Miti au Japon ou l’Académie des sciences en Chine) et une politique
entrepreneuriale elle-même divisée entre les start-ups, les grandes entreprises et ETI.
   La France a une complexité structurelle qui ne simplifie pas la question du
financement.
   L’État, au travers du financement des grands instituts de recherche et des
systèmes d’aides contrôle l’essentiel de la recherche. Avec un basculement progressif
vers des financements de programmes au détriment des financements de
laboratoires.
   Le CIR est un financement de projet décidés par les entreprises. Il profite
essentiellement aux grandes entreprises (75%)
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   Les entreprises financent l’innovation, c’est-à-dire le passage du concept au
paradigme économique. Et depuis 10 ans, la France s’efforce de développer une
« classe » d’entrepreneurs dont la fonction est double être des machines à innover et
créer des emplois.

   3 – Le déficit financier :
   Dans ce cadre général résumé ci-dessus, il convient d’examiner les flux financiers
qui donnent la mesure des efforts de la société pour innover.
   En rappelant ici les réserves sur l’identification des efforts de recherches comme
des efforts d’innovation, il faut constater aujourd’hui que les ordres de grandeur des
grands flux semblent être :
   - Dépenses de R&D : 45 Milliards € (DNRDA + DNRDE) dont 25 Milliards € par les
entreprises, généralement pour des innovations incrémentales. La partie étatique
étant orientée majoritairement vers le fondamental, parfois utilisables pour les
ruptures.
   - L’effort d’innovation pour faciliter les innovateurs indépendants se résume à un
seul flux financier des investisseurs dans le capital-risque, soit moins de 2 milliards
par an sur les 5 dernières années alors que les usa sont largement au-dessus de 50
Milliards $ / an. Sans parler du coût du SubchapterS.
   Il est vrai qu’il faudrait ajouter les dépenses d’aide sous forme du Fonds
« d’urgence » de la DGA et quelques dispositifs d’amélioration de l’environnement
des innovateurs (leur « écosystème »).
   Malgré tous les efforts réalisés à ce jour (notamment le CIR), il faut constater deux
déficiences majeures dans le financement de l’innovation en France, notamment
pour les start-ups innovantes :
   - très tôt, on manque de capital à risque en volume (seed money et early stage)
   - et assez tard au début du lancement commercial on ne trouve pas d’argent pour
financer le risque du « décollage industriel ». On manque de capital et de Fonds de
roulement.
   Mesures proposées :
   1 - Pour les projets en « early stages », nous proposons de reprendre le système
US du subchapter S dont le succès opérationnel (graphique ci-dessous) démontre que
c’est le prix à payer pour ce type de capital : Les investisseurs sont garantis de 50%
de leur perte (entreprise par entreprise).
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   Le subchapter S3 a deux avantages : cela fonctionne déjà aux USA et le coût est
déporté de 3 à 5 ans par rapport à un système type Madelin. De plus le système
Madelin donne un avantage à ceux qui réussissent comme à ceux qui échouent.
Personne n’a besoin d’aide quand on réussit mais tous ceux qui travaillent avec un
gros risque, ont besoin d’être aidé lors de la réalisation du risque. Ce type d’avantage
assez peu coûteux sera nécessaire si on veut atteindre 2 à 3 Milliards € apportés par
les investisseurs privés.
   Le déplafonnement du crowdfunding peut être un élément annexe de cette
politique.
   2 – Pour les « late stages », la demande est plus importante en volume et il faut
utiliser la seule ressource volumineuse : l’assurance-vie. Il faut orienter 5 à 10% de la
collecte annuelle d’assurance-vie vers le capital-développement ayant un risque
maîtrisable. Cela suppose qu’on résolve la divergence entre de l’argent « garantie »
de l’assurance vie avec des placements à risque. Pour y parvenir nous proposons
d’organiser un système d’assurance en fonction de la qualité des entreprises (avec un
système de notation) sur le modèle de la garantie ANVAR des années 90 : Le
remboursement de 50% des échecs contre 10% des succès à reconstruire sur une
forme adaptée à la nouvelle réglementation et avec des taux à réévaluer.
   3 – Mesures d’accompagnement
   1 : Éviter une bulle financière : La montée en puissance d’un tel système peut
générer la constitution d’une bulle si les flux varient de façon imprévue ou si la
qualité des projets n’est pas au niveau attendu Il sera donc nécessaire de prendre des
mesures d’accompagnement pour susciter des vocations des entrepreneurs et un
système de suivi permettant de réguler les flux.
   2 – Augmenter le flux de dirigeants d’envergure et minimisant le risque social pris
par les entrepreneurs (système de coaching) et en amoindrissant le risque

  3
      Créé en 1958, sur la base d’un premier rapport datant de 1946
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financier (modification du calcul des retraites principalement), le tout étant financé
par les entrepreneurs ayant réussi.
    4 – L’argent ne suffit pas, il faut aussi un modèle français d’innovation :
    A côté de ce développement quantitatif, il faut une organisation de notre société
qui lui permette d’avoir une dynamique d’innovation qui corresponde au « génie
français ». Des idées circulent sur le partage des risques et des bénéfices, mais aucun
travail solide n’a été réalisé et aucun consensus n’est établi.
    C’est pourquoi il est nécessaire de mettre en place un système de co-gouvernance
publique-privée chargée de mettre en place les institutions françaises de l’innovation
(au sens de l’économie institutionnelle), sous la forme d’un Conseil National de
l’Innovation rassemblant les représentants de l’écosystème français.

       Les textes du Secrétariat Général qui n’ont pas encore été approuvés par
                                l’Assemblée du Collectif,
           sont des documents de travail émis sous la responsabilité du SG.

Patrice Noailles-Siméon, Secrétariat général du Collectif Innovation 2017
www.ci2017.org - @CI_2017
- Bureaux : 9 avenue Franklin Roosevelt (B4) - 75008 Paris- Tél. +339 51 63 99 22 - tél.
mobile +337 82 23 32 65
Association des Instituts Carnot - IESF (Ingénieurs et de scientifiques de France), CPME (Confédération des PME),
Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, France Angels, France Clusters, France Biotech, Association
des Structures de Recherche sous Contrat, Association Française des Investisseurs pour la Croissance,
Capintech, Croissance Plus, Retis Innovation, AFPC (Pôles de compétitivité), Forum Aténa, Association des
Conseils en Innovation, la Revue du Financier, Valeurs Vertes, l’Association Française pour l’Avancement des
Sciences, Forum européen des politiques d’innovation, Pôle Finance Innovation, AVRIST, la Fabrique du
Futur. PLUS d'un Million de citoyens motivés par l'innovation.
19 février 2018 - p 9
                        « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus / L’Homme
                                                                                                       révolté)

                                           Le COLLECTIF Innovation
                    Centre d’analyse et de proposition pour une nouvelle politique d’innovation

    Le « COLLECTIF Innovation » a été créé pour donner une résonnance à l’innovation dans la campagne
électorale de 2017. Si le succès dans l’interpellation des candidats a été réel, il n’en est malheureusement pas
ressorti un grand débat sur le sujet. C’est pourquoi, nous avons décidé de poursuivre en l’amplifiant cet effort de
promotion de l’innovation.
                                                              *
    Au début du XXe siècle, juste avant la Première Guerre mondiale, la France était pionnière dans les grandes
industries innovantes de son temps, comme l’aviation, l’automobile, la photo, le cinéma ou le nucléaire ; et quand
elle n’était pas la première, elle était dans le trio de tête, en compétition avec les États-Unis, l’Allemagne ou le
Royaume-Uni.
    Dans les grands classements internationaux, la France apparaît rarement dans les vingt premières nations
innovantes au monde, tandis que ces mêmes palmarès soulignent la pérennité de l’excellence européenne,
plaçant six ou sept pays dans les dix premiers mondiaux, dont certains « petits » États, comme la Suède ou la
Suisse, sans oublier Israël, qui est lié à l’Europe par de nombreux accords.
    Le recul technologique et économique de la France est visible, mais pas irréversible. Le pays peut retrouver sa
fonction d’innovateur et sa place de leader s’il s’engage dans une révolution de son organisation et de sa pensée.
Le texte ci-après, esquisse le cadre général d’une société française dans laquelle une action publique dynamique
permettrait d’engager et d’accompagner une telle révolution. C’est d’abord un plan de travail pour les politiques
mais aussi pour la recherche académique qui devra évaluer, vérifier ou corriger un certain nombre d’hypothèses
ou d’assertions. C’est enfin une démarche distincte des approches économiques4, voire d’économie industrielle,
qui se focalisent sur des mesures économiques alors que nous centrons nos recommandations sur la volonté de
construire une société innovante dans le cadre d’une approche globale, politique, économique, anthropologique
et philosophique.
(Extrait de « Esquisse d’une France innovante »)
19 février 2018 - p 10
                      « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus /
                                                                                L’Homme révolté)

                 Notre Boite à Outils pour travailler de façon cohérente

   L’idée centrale de ces précisions sur les concepts est que l’innovation est fondée sur des
mécanismes principalement économiques, tout en étant un phénomène social, psychologique,
philosophique qui nécessite une approche globale de nature anthropologique. Les deux principales
caractéristiques de ce phénomène sont qu’il est « additif » (1) au point de permettre la modification
progressive de la condition humaine ET qu’il associe étroitement l’action d’un individu à l’évolution
de la société (2). Le public dénomme ce phénomène « le progrès ». Nous avons développé ou
réutilisé douze concepts fondamentaux pour décrire, caractériser et analyser l’innovation.

    1 – La nature de l’innovation :
     L’Innovation est le développement d’un nouveau paradigme social avec une efficacité
durablement supérieure à l’ancien paradigme. Ce phénomène est parfaitement additif. Telle est la
nature économique de l’innovation. (source : Schumpeter 1939, “Therefore, we will simply define
innovation as the setting up of a new production function.” In “Business Cycles”)
    Il y a aussi une nature philosophique et anthropologique résultant du caractère additif de
l’efficacité économique et cela a permis à l’humanité de prendre le contrôle de sa condition humaine
(au moins partiellement).
    Exemples : le DVD (1996), le « conteneur » (1955), le micro-ordinateur (1978), la machine à
vapeur (XVIII°) et l’imprimerie (XV°).

   2 – La fonction d’innovateur & les co-innovateurs (inventeur & entrepreneur) :
   L’innovateur est le créateur de l’innovation. Sa fonction est de définir ou de choisir le standard
technique et le modèle économique, puis de réaliser les premières ventes significatives démontrant
ainsi la justesse de ses choix. Cela peut aussi s’analyser comme le début du choix collectif
fragmentaire. Il est l’orchestrateur du process d’innovation (éventuellement de la gestion de son
« ouverture »). C’est souvent l’entrepreneur ou l’inventeur, voire l’intrapreneur ou un salarié.
   Exemples : Warren Lieberfarb pour le DVD; MacLean pour le conteneur; Steve jobs pour le micro-
ordinateur, le smartphone ou la clef USB; Newcomen et watt pour la machine à vapeur et
Gutemberg pour l’imprimerie.

    3 – L’écosystème de l’innovateur :
    Comme tous les êtres vivants, l’innovateur évolue dans un écosystème avec des ressources et des
régulations. Ces régulations sont pour l’essentiel des institutions au sens de l’économie
institutionnelles (voir les travaux de Douglass North , Violence and Social Orders). Les « piliers » de
l’écosystème sont le dispositif législatif et fiscal, le système de financement, la formation et
l’existence d’une main d’œuvre de haut niveau … et surtout l’état d’esprit.
    Exemples : La Silicon Valley, La route 128 à Boston, Tel-Aviv, mais aussi Triangle Park, New York,
etc.

   4 – Le standard technique et le modèle économique :
   C’est la caractérisation de l’innovation : définir les fonctions du nouvel « objet » ou l’organisation
du nouveau process et le modèle économique.
   Exemples : Le conteneur illustre bien la nécessité de définir un bon standard technique (il y a eu
des dizaines de brevets déposé sur des systèmes de conteneur – un seul a été développé !) et d’un
modèle économique (le modèle du brevet payant a permis une phase de démonstration de 1955 à
67), puis le modèle du brevet « gratuit » a permis d’assurer la généralisation. Pour les moteurs de
recherche sur internet, c’est le modèle « google » (gratuité pour les utilisateurs + publicité +
exploitation des données) qui s’est imposé.
19 février 2018 - p 11
                       « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus /
                                                                                    L’Homme révolté)
    5 – Le process de l’innovation (ouvert ?) :
    L’innovation a toujours été un process ouvert. Le fonctionnement actuel de l’économie pousse à
l’échange d’idées pendant la phase de conception. L’innovation, c’est l’arbitrage entre toutes les
possibilités techniques.

    6 – La diffusion & le choix collectif fragmentaire :
    La diffusion est le terme le plus couramment utilisé. C’est un concept descriptif qui ne permet pas
de comprendre la logique de cette diffusion. C’est en fait un mécanisme fragmentaire du choix
collectif qui s’exprime sur les marchés ouverts.
    - Ce choix est Collectif mais avec une régulation économique.
    - Ce choix est fragmentaire car il est progressif et toujours réversible.
    Le rôle de l’innovateur est de définir le bon standard technique et le modèle économique adapté
qui rend possible le choix collectif. Ce choix est rationnel mais aussi influençable et modifiable dans
le temps.
    Exemples : Le choix d’un standard de véhicule automobile avec un moteur thermique s’est
progressivement établi de 1890 à 1925 (face à la vapeur et l’électricité). Ce choix technique est en
cours de modification pour des raisons environnementales, notamment la pollution des villes, mais
aussi la teneur en CO2 dans l’atmosphère.
    C’est dans le jargon économique, la rente de Ricardo. Malgré quelques problèmes techn
    7 – La valeur d’Innovation :
    iques, cette rente peut être utilisé comme un système de mesure et par conséquent démontre le
caractère « additif ».
    Exemples : La machine à laver le linge permet d’économiser environ deux heures par semaine et
par habitant. 100 heures par an pour un prix de 200€ (usure et produits) alors que le temps
représente une valeur de l’ordre de 1.000 € sur la base d’un SMIC à 10€.

    8 – Financement de l’innovation :
    Le Financement est réalisé par les VC et l’innovateur. Il y a trois types d’intervenants : Early stage
(financement à risque total), Late stage (après les premières ventes) et développement.
    Exemples : Les métiers du capital risque sont encore peu développés. En France on consacre
environ 1 Milliard € / an à cette activité contre plus de 50 Milliards $ aux USA. Malgré la différence
des contenus statistiques, nous estimons que le rapport réel (ramené à la population donne un
rapport final compris entre 5 et 10. La France doit arriver à 10 Milliards € par an de flux
d’investissement dans le capital-risque.

   9 – L’innovation déflationniste :
   Une analyse monétaire de l’innovation montre qu’il existe un mécanisme déflationniste en raison
de la répartition de la valeur (donnée de plus en plus rapidement aux clients) tandis que la croissance
de la productivité est au-dessus de la croissance du marché.
   Exemples : l’arrivée de Free dans le téléphone fixe avec sa Box a provoqué une baisse de l’activité
globale du secteur du téléphone avec une progression de 20% du nombre des abonnés.
19 février 2018 - p 12
                       « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus /
                                                                                       L’Homme révolté)
   10 – L’innovation inclusive :
   Par sa technicité, l’innovation est souvent exclusive car elle exige une qualification. Le progrès
doit être partagé par tous et tous doivent en avoir conscience.

    11 – Risques :
    La répartition de la valeur est réalisée immédiatement par le prix. Mais le risque est lui-même
souvent repoussé dans le futur et supporté par des générations ultérieures. La gestion de la relation
entre valeur et risque est le cœur de la politique d’innovation.
    Exemples : Le modèle « Google » avec ses conséquences sur la propriété des données privées
illustre bien la problématique CT / LT. Les produits phytosanitaires ont une problématique
comparable d’avantages apparents considérables à CT mais de pollution à LT. Les avantages à CT
permettent une « sur-vente » mais conduisent à des corrections plus douloureuses. C’est ce qui
provoque le sentiment « d’obligation technico-scientifique » dénommée « technoscience » par J.
Ellul et le courant écologique.

   12 – Gouvernance :
   L’innovation ne doit pas être « décidée » par une autorité centrale mais résulter d’innombrables
décisions et actions individuelles, collectives et sur les marchés de biens & services. Les institutions
qui seront mises en place pour accompagner l’évolution de notre société devront être « mixtes »
entre le public et le privé, afin d’associer au mieux toutes les parties prenantes à cette évolution.

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