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Birmanie - Myanmar A trois doigts de la liberté
PIERRE MARTIAL Birmanie - Myanmar A trois doigts de la liberté ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! "#$%$&'(!)$*%&+!,-!
« Maudites soient les dictatures, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient ! » Pierre Martial
$ Etat de choc… Ce 1 février 2021, d’abord personne n’y croit en Birmanie. Ou plus exactement, personne ne sait ! La nouvelle junte militaire, menée par l’ambitieux et vénal général Min Aung Hlaing, a décidé de la jouer « discrète ». De faire un coup d’État « en douce ». Sans démonstration trop visible et le moins spectaculairement possible. Certes, les télécommunications ont bien été coupées dans une grande partie du pays dès six heures du matin, mais cela n’émeut ni ne surprend personne dans un état où pannes et ennuis techniques sont légion, eu égard à l’état de vétusté et de retard technologique du pays. Du coup, il faudra attendre beaucoup plus tard l’annonce officielle du speaker de MRTV, la télévision officielle, pour prendre vraiment conscience de la situation. L’armée vient de prendre le pouvoir « pour urgence nationale face à l’incompétence du gouvernement » nous fait savoir le présentateur (en oubliant de préciser que ce même gouvernement démocrate – qualifié d’ « incapable » – vient d’être réélu il y a quelques semaines à peine à plus de 82% des sièges par le peuple birman…). Continuant la lecture du communiqué officiel de la junte, la « voix de son maître » annonce que tous les pouvoirs civils ont été !"#
transférés au chef des armées et que le pays est dorénavant sous état d’urgence. Alors seulement, la population birmane commence à comprendre. Le choc est immense. L’émotion considérable. Le peuple est comme KO debout. Il ne sait pas. Il ne sait plus… Reviennent par vagues déferlantes dans sa mémoire collective des dizaines et des dizaines d’années de terreur, d’humiliation, d’assassinats et d’horreur commis par les juntes militaires qui se sont succédées à la tête du pays depuis tant d’années. Certes, des rumeurs circulaient depuis quelques semaines sur l’éventualité d’un nouveau coup de force de l’armée mais personne n’y croyait vraiment. Elles et ils pensaient que ces sombres et sanglantes pages d’histoire étaient tournées à jamais… Et cela depuis qu’Aung San Suu Kyi et la Ligue Nationale pour la Démocratie, la NLD, avaient triomphalement gagné les élections en 2015 et conforté leur position en remportant encore plus massivement celles de novembre 2020 ! Peu à peu, la Birmanie commençait à sortir la tête hors de l’eau, découvrait une nouvelle façon de vivre et d’envisager l’avenir. La jeunesse s’était connectée au monde et, en quelques années, les jeunes Birmanes et les jeunes Birmans étaient devenus des spécialistes en matière de réseaux sociaux. Les échanges internationaux allaient bon train et les développements en matière d’éducation, de santé, de progrès technologiques et d’ouverture étaient en passe de transformer le pays en profondeur et de le sortir, !%#
progressivement de son isolement international et de sa pauvreté. Et voilà qu’en quelques heures, tout est en train de s’effondrer ! Peu à peu, les nouvelles circulent, de bouche à oreille et grâce aux réseaux sociaux qui fonctionnent encore. Alors tout cela n’est pas un mauvais rêve ? Non. C’est la triste et froide réalité… Outre Aung San Suu Kyi, le Président de la République, les députés, les membres du gouvernement démocrate et des centaines de personnes ont été arrêtés et conduits dans des lieux tenus secrets. Les dirigeants démocrates encore en liberté tentent de se cacher ici et là… Les leaders étudiants, comme ceux de la Génération 88 ont dû, de toute urgence, passer dans la clandestinité… Le peuple birman, des villes comme des campagnes et toutes ethnies confondues, est comme sonné, assommé, prostré, tétanisé. A partir de ce moment-là, plus personne n’est sûr de rien. Ni de sa vie. Ni de sa mort. Ni de ce qu’il faut faire ou ne pas faire… Non, plus personne ne sait… A part le dictateur et les chefs de la nouvelle junte militaire qui, très satisfaits de leur coup d’état-surprise, se congratulent et se disent que, finalement, ce n’est pas si difficile que cela de renverser une démocratie et de s’emparer d’un pays ! C’est du moins ce qu’ils pensent au crépuscule de ce 1 février 2021. Sans se douter un seul instant de la &'#
résistance populaire inimaginable à laquelle ils vont devoir très bientôt se confronter… ZOOM DE JUNTE EN JUNTE... Sur les soixante dernières années (de 1962 à nos jours), la Birmanie en a passées près de cinquante sous dictature militaire. Se sont ainsi succédées la junte du général Ne Win (de 1962 à 1988), puis celle du général Saw Maung (de 1988 à 1992) et celle du général Than Shwe (de 1992 à 2011). Après une parenthèse de 10 ans de démocratie relative, au sein de laquelle l’armée a gardé un important droit de véto au Parlement et l’entière maitrise de la défense nationale, de la sécurité intérieure et des frontières, c’est le général Min Aung Hlaing, commandant en chef des armées, qui s’est emparé du pouvoir le 1 février 2021 et y a installé une nouvelle junte… POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’HISTOIRE DE LA BIRMANIE : – Histoire de la Birmanie contemporaine - Renaud Egreteau - Fayard, 2010 - – Histoire de la Birmanie, - Antoine C. Sfeir - Tallandier, 2018 - &!#
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