Les anticoagulants oraux directs - (AOD) Guide d'utilisation - Institut ...
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Guide d’utilisation Les anticoagulants oraux directs (AOD) Guide NACO édition 2.0 (octobre 2017) Inhibiteur direct de la thrombine DABIGATRAN P r adaxa md Capsules 110 et 150 mg Inhibiteur direct du facteur Xa RIVAROXABAN 101010 151515 202020 Xarelto md Comprimés 10, 15 et 20 mg Inhibiteur direct du facteur Xa APIXABAN E l iquis md Comprimés 2,5 et 5 mg Inhibiteur direct du facteur Xa ÉDOXABAN Lixiana md Comprimés 30 et 60 mg - Les feuillets d'informations de chaque molécule sont disponibles pour impression en cliquant sur le nom de l'anticoagulant prescrit. Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière- Appalaches Faculté de médecine
TABLE DES MATIÈRES 03-04 Indications, posologies, codes d’exception et critères de remboursement à la RAMQ 05 Tableau d’initiation et d’ajustement des doses selon la fonction rénale 06 Précautions et contre-indications 07 Triple thérapie antithrombotique 08 Obésité/chirugie de l’obésité 09 Paramètres pharmacocinétiques 10 Interactions 11-12 Interactions médicamenteuses Impact sur les concentrations plasmatiques des AOD 13 Administration du médicament 14 Enseignement des patients sous AOD 15 Suivi des patients sous AOD 16 Passage d'un agent anticoagulant vers un AOD 17 Passage d’un AOD vers un autre agent anticoagulant 18-19 Gestion des AOD avant & après une chirurgie / intervention 20 Gestion des saignements 21 Mesure de l’effet anticoagulant 22 Recommandations CCS 2016 (traitement de la FA): score CHADS-65 23 Comparaison score CHA2DS2VASC, CHADS2 et HAS-BLED
INDICATIONS, POSOLOGIES, CODES D’EXCEPTION ET CRITÈRES DE REMBOURSEMENT À LA RAMQ N.B.: Selon les lignes directrices canadiennes de la FA et l’ACCP pour la thromboembolie veineuse, les AOD sont la première option de traitement recommandée. Prévention de l’AVC et de l’embolie systémique chez les patients présentant de la fibrillation auriculaire (FA) non valvulaire1 MÉDICAMENT DABIGATRAN RIVAROXABAN APIXABAN ÉDOXABAN ET 150mg PO BID 20 mg PO DIE 5 mg PO BID 60 mg PO ID POSOLOGIE2 Administrer Administrer 15 mg Administrer 2,5 mg Administrer 30 mg PO ID 110 mg PO BID si PO DIE si Clcr PO BID si DEUX des si présence de l’UN des - risque 30-49 ml/min4 critères suivants4 : critères suivants4 : hémorragique - ≥ 80 ans - insuffisance rénale élevé3 OU - poids ≤ 60 kg modérée Clcr: 30-50 ml/min - âge 80 ≥ ans OU - créatinine ≥ 133 µmol/L - poids ≤ 60 kg - utilisation concomitante - poids < 50 kg4 d’un inhibiteur de la P-gp (à l’exception de l’amiodarone ou du vérapamil. Voir page 11-12) CODE D’EXCEPTION CV-155 Critères de Pour la prévention de l'accident vasculaire cérébral et de l'événement remboursement embolique systémique chez les personnes qui présentent de la FA non (RAMQ) valvulaire nécessitant une anticoagulothérapie. Période d'autorisation: long terme Prévention de la thromboembolie veineuse (TEV) chez les patients ayant subi une arthroplastie élective de la hanche ou du genou MÉDICAMENT DABIGATRAN RIVAROXABAN APIXABAN ET 110mg STAT, 10mg PO DIE 2,5 mg PO BID POSOLOGIE2 puis 220mg PO DIE - Hanche : - Hanche : - Hanche : pour 32 à 38 jours pour 28 à 35 jours pour 35 jours - Genou : pour 10 à 14 jours - Genou : - Genou : pour 10 jours pour 10 à 14 jours CODE CV-127 (hanche) D’EXCEPTION CV-126 (genou) Critères de CV-127: Période d’autorisation : 35 jours remboursement CV-126: Période d’autorisation : 14 jours (RAMQ) 1 Les AOD sont préférables à la warfarine en présence de FA non valvulaire (ABSENCE de prothèse valvulaire mécanique, sténose mitrale rhumatismale ou sténose mitrale (modérée à sévère) non rhumatismale). Voir page 6 du présent Guide. 2 Il n’est pas recommandé d’initier un AOD chez les patients présentant une fonction rénale altérée avec une clairance à la créatinine (Clcr) < 30 ml/min. 3 Considérer un risque hémorragique élevé avec le dabigatran si présence d’une Clcr 30-49 ml/min, d’un ulcère gastro-intestinal, d’une chirurgie récente, d’une interaction significative, etc. 4 Dose ajustée selon la monographie du produit. Dans le traitement de la FA, la dose de dabigatran 110 mg et d'édoxaban 30 mg ont démontré une non infériorité par rapport à la warfarine dans les études randomisées. 03
INDICATIONS, POSOLOGIES, CODES D’EXCEPTION ET CRITÈRES DE REMBOURSEMENT À LA RAMQ N.B.: Selon les lignes directrices canadiennes de la FA et l’ACCP pour la thromboembolie veineuse (TEV), les AOD sont la première option de traitement recommandée. Traitement de la thrombose veineuse profonde (TVP) OU de l’embolie pulmonaire (EP) MÉDICAMENT DABIGATRAN RIVAROXABAN APIXABAN ÉDOXABAN 150mg PO BID 15 mg PO BID5 10 mg PO BID5 60 mg PO ID ET x 3 sem., x 7 jours, POSOLOGIE1-2 puis 20 mg PO DIE puis 5 mg PO BID Débuter APRÈS un Aucun ajustement Réduire la dose à 2.5 mg PO Débuter après un traitement de dose requis lorsque BID si le traitement doit se traitement anticoagulant anticoagulant Clcr : 30-49 ml/min. poursuivre au delà-de 6 mois. (HBPM3 ou hépanine IV) (HBPM3 ou Aucun ajustement administré par voie héparine IV) N.B. : il n’est pas nécessaire de dose requis lorsque parentérale pendant administré par voie de débuter le traitement Clcr : 30-49 ml/min. 5 à 10 jours. parentérale pendant initial par un anticoagulant 5 à 10 jours. administré par voie N.B. : il n’est pas nécessaire Administrer 30 mg PO ID parentérale de débuter le traitement si présence de l’UN des Administrer 110 mg (HBPM3 ou héparine IV). initial par un anticoagulant critères suivants: PO BID si administré par voie - insuffisance rénale - risque hémorragique parentérale modérée Clcr: 30-50 ml/min élevé4 OU ≥ 80 ans (HBPM3 ou héparine IV). - poids ≤ 60 kg OU poids < 50 kg. - utilisation concomitante d’un inhibiteur de la P-gp (à l’exception de l’amiodarone ou du vérapamil. Voir page 11-12). CODE CV-157 (TVP) CV-169 D’EXCEPTION CV-165 (EP) CV-170 CV-157 : Pour le traitement des CV-169 : pour le traitement des Critères de personnes présentant une TVP. patients atteints d’une TEV (TVP ou EP). remboursement Ce code donne accès au Ce code donne accès au remboursement d'une dose de 15 remboursement d'une dose de 10 mg (RAMQ) BID X 7 jours, suivie d'une dose de 5 mg mg BID X 3 semaines, suivie d'une dose de 20 mg DIE. BID pour un maximum de 6 mois. Période d'autorisation: 6 mois CV-170 : pour la prévention des (toute demande d’autorisation pour un récidives de TEV (TVP ou EP) chez les traitement au-delà de 6 mois doit être patients ayant été traités avec une transmise en utilisant le formulaire du anticoagulothérapie pendant au moins patient d’exception ou par Internet) 6 mois pour un épisode aigu de TEV idiopathique. Ce code donne accès au CV-165 : Pour le traitement des remboursement d'une dose de 2,5 mg personnes présentant une EP. BID tant que la condition clinique du Ce code donne accès au patient correspond à l'indication remboursement d'une dose de 15 reconnue de paiement. mg BID X 3 semaines, suivie d'une Période d'autorisation: 12 mois dose de 20 mg DIE. N.B l'usage de l'apixabn en prévention des Période d'autorisation: long terme récidives de TEV dont la cause a été identifiée ne correspond pas à l'indication de paiement. Une demande doit être transmise en utilisant le formulaire du patient d’exception ou par Internet. 1 Il n’est pas recommandé d’initier un AOD chez les patients présentant une fonction rénale altérée avec une clairance à la créatinine (Clcr) < 30 ml/min. 2 La durée minimale de traitement de la TEV est de 3 mois et ce, particulièrement en présence d'un facteur de risque temporaire (ex: intervention chirurgicale récente, traumatisme, immobilisation, etc). Par la suite, la durée de traitement doit être évaluée en fonction de l'état clinique du patient et de son risque de saignement. Un traitement à long terme est recommandé pour les TEV idiopathiques. 3 HBPM : héparine de bas poids moléculaire. 4 Considérer un risque hémorragique élevé avec le dabigatran si présence d’une Clcr 30-49 ml/min, d’un ulcère gastro-intestinal, d’une chirurgie récente, d’une interaction significative, etc. 5 La dose de charge n’est pas nécessaire si le patient n’est pas en phase aiguë d’un événement thromboembolique (soit 3 semaines pour le rivaroxaban et 7 jours pour l’apixaban). 04
TABLEAU D’INITIATION ET D’AJUSTEMENT DES DOSES SELON LA FONCTION RÉNALE Toutes les recommandations canadiennes recommandent de ne pas initier un AOD avec une fonction rénale altérée (Clcr < 30ml/min). Toutefois, la monographie de l’apixaban indique que la molécule peut être administrée jusqu’à une Clcr à 25 ml/min. Afin de s'assurer de l'efficacité de l'AOD prescrit, il est important de respecter TOUS les critères d'ajuste- ment de dose et d'administrer la pleine dose de l'agent lorsque la condition clinique le permet. FONCTION RÉNALE (Clcr) 1 50 ml/min 30-49 ml/min < 30 ml/min < 25 ml/min 150 mg BID 2 Diminuer à 110 mg PO DABIGATRAN BID si - risque hémorragique élevé OU - 80 ans OU - poids < 50 kg RIVAROXABAN FA : 20 mg DIE FA : diminuer à 15 mg DIE TVP/EP : 15 mg BID TVP/EP : dose X 3 sem., puis inchangée 20 mg DIE FA : 5 mg BID 3 FA : diminuer à 2,5 mg PO BID si DEUX des critères suivants présents3 APIXABAN TVP/EP : 10 mg - 80 ans BID X 7 jours, - poids 60 kg puis 5 mg BID X - créatinine 133 µmol/L 6 mois TVP/EP : dose inchangée 60 mg ID Diminuer à 30 mg PO DIE si présence de l’ UN des critères suivants: ÉDOXABAN - insuffisance rénale modérée (Clcr 30-50 ml/min) - poids ≤ 60 kg - utilisation concomitante d’un inhibiteur de la P-gp (à l’exception de l’amiodarone ou du vérapamil. Voir page 11-12) 1 Le calcul de la clairance à la créatinine (Clcr) s’éffectue selon la formule de Cockroft-Gault. 2 Il est parfois nécessaire (patients ≥ 80 ans,
PRÉCAUTIONS ET CONTRE-INDICATIONS RIVAROXABAN WARFARINE DABIGATRAN APIXABAN ÉDOXABAN Insuffisance rénale sévère (Clcr < 30 ml/min) OU Insuffisance rénale aiguë 1 AVC hémorragique récent Consulter spécialiste Saignement actif récent Consulter spécialiste Prothèse valvulaire mécanique OU Sténose mitrale rhumatismale OU Sténose mitrale (modérée à sévère) non rhumatismale2 Maladie hépatique active OU Enzyme hépatique > 2 à 3 X LSN 3 Prudence ! Chirurgie de l’obésité voir information page 8 Prudence ! Obésité morbide voir information page 8 Interaction MAJEURE avec un inducteur ou un inhibiteur puissant du CYP 3A4 et/ou de la P-gp (voir pages 10-12) Triple association avec ASA et Prudence ! antiplaquettaire (clopidogrel, voir information page 7 prasugrel et ticagrelor) Syndrome antiphospholipide Cancer 4 Favoriser HBPM Grossesse 5 Consulter spécialiste Légende Médicament de choix Contre-indiqué Médicament de choix mais prudence Non-évalué dans cette population 1 Il n’est pas recommandé d’initier un AOD chez les patients présentant une fonction rénale altérée avec une Clcr < 30 ml/min. 2 Pour les patients porteurs de bioprothèse ou en présence de réparation de la valve mitrale, il existe peu de données cliniques concernant les AOD. Vous référer à un spécialiste. 3 LSN : limite supérieure normale. 4 Très peu de données chez les patients atteints de cancer. Référer à un spécialiste. 5 Toujours s'assurer d'un méthode contraceptive efficace lors du traitement avec un AOD ou la warfarine (contraceptif oral, méthode barrière et/ou stérilet). Consulter rapidement un spécialiste si grossesse envisagée ou présente. 06
TRIPLE THÉRAPIE ANTITHROMBOTIQUE Éléments à retenir • Lorsqu’un patient doit recevoir une double thérapie antiplaquettaire suite à un SCA1 et/ou l’implan- tation de tuteurs, l’anticoagulant de choix est un AOD2. • La durée de la double thérapie antiplaquettaire NE DOIT PLUS être modulée par le type de tuteur. La littérature suggère une double thérapie antiplaquettaire minimale d’un mois avec les nouveaux tuteurs médicamentés. • La durée de la double thérapie antiplaquettaire DOIT plutôt être modulée par le contexte clinique du patient (électif OU SCA) et son risque de saignement. • Molécule à favoriser en triple thérapie : clopidogrel >> ticagrelor. Ne JAMAIS utiliser le prasugrel. • Les monographies des AOD ne recommandent pas de réduction de dose particulière en présence d’une double ou d’une triple thérapie3. 1 SCA= Syndrome Coronarien Aigu. 2 Pour le traitement de la FA non valvulaire, de la TVP et de l’EP à moins de contre-indication OU d’une autre raison d’anticoaguler le patient. 3 Dans le traitement de la FA les faibles doses de dabigatran (110 mg BID) et d’édoxaban (30 mg DIE) ont été démontrées non-inférieures à la warfarine: elles sont à privilégier si le risque hémorragique est élevé et que le contexte clinique le permet. Quant à elle, la dose de rivaroxaban peut être réduite à 15 mg DIE à la discrétion du médecin: cette dose a été démontrée sécuritaire dans l’étude PIONEER, mais sa non-infério- rité VS la warfarine n’a pas été démontrée. RECOMMANDATION CANADIENNES CCS 20164 Critères pour évaluer le risque hémorragique (RH) • Poids < 60 kg • Âge > 75 ans • Clcr < 50 ml/min • Hémorragie récente ou anémie (Hb < 100) • ATCD d'AVC Aucun critère: Risque bas 1 critère: Risque modéré ≥ 2 critères: Risque élevé Patient nécessitant une anticoagulation orale (ACO) Électif à faible risque SCA OU électif à de thrombose de tuteur haut risque de thrombose Durée RH bas RH modéré RH élevé RH bas RH modéré RH élevé Triple Triple 1 mois Triple thérapie Triple thérapie thérapie Triple thérapie ACO + 3 mois thérapie ACO + A-plq5 ACO + A-plq5 A-plq5 6 mois ACO + ACO + A-plq5 A-plq5 12 mois ACO + ACO seule ACO seule ACO seule A-plq5 > 12 mois ACO seule ACO seule 4 Cet algorithme a été élaboré par des cardiologues de la grande région de Québec. Il s’inspire de l’algorithme proposé par le CCS tout en y incluant les subtilités du texte qui recommandent de considérer les risques hémorragiques VS thrombo-emboliques dans la prise décisionnelle. 5 A-plq = antiplaquettaire, soit ASA OU clopidogrel selon contexte clinique. 07
OBÉSITÉ ET CHIRURGIE DE L’OBÉSITÉ OBÉSITÉ Il existe très peu de données chez les patients présentant un poids > 120 kg et l’impact de l’obésité sur la pharmacocinétique et l’efficacité clinique des AOD1-3 est difficile à prévoir (doses optimales d’AOD à administrer restent à être validées) favoriser l’utilisation de la warfarine. CHIRURGIE de l’OBÉSITÉ 1- Dérivation bilio-pancréatique (avec gastrectomie pariétale et commutation duodénale) OU dérivation gastrique en Y-de roux : L’absorption d’un AOD est hautement imprévisible lors de ce type de chirurgie, favori- ser l’utilisation de la warfarine. 2-Gastrectomie (pariétale seule) : L’absorption du dabigatran pourrait être réduite après une gastrectomie, puisque ce dernier a besoin d’un milieu acide pour être absorbé. De plus, l’absorption du rivaroxaban peut être réduite de façon significative lorsque l’apport alimentaire diminue. Pour ces raisons, favoriser la warfarine, l'apixaban ou l'édoxaban4. 1 L’étude RELY a démontré une diminution de 20% des concentrations plasmatiques de dabigatran chez les patients présentant un poids > 100 kg. L’impact clinique de cette diminution n’a pas été évalué, mais la prudence est de mise. De plus, des rapports de cas avec l’utilisation du dabigatran indiquent une augmentation des événements thromboemboliques chez les obèses présentant un IMC > à 40 kg/m2. 2 Une sous-étude d’ARISTOTLE indique que l’apixaban semblerait sécuritaire et efficace chez les patients en FA présentant un IMC > à 30 kg/m2 (poids maximal 96 kg). De plus, des données de pharmacocinétiques supportent l'utilisation de l'apixaban chez des patients de 120 à 175 kg (avec toutefois une diminution de l'ASC de 20%). L'impact clinique n'a pas été évalué: la prudence est de mise. 3 Des données de pharmacocinétique supportent l'utilisation du rivaroxaban chez des patients présentant un poids jusqu'à 140 kg et ce, sans altération des paramètres pharmacocinétiques. 4 Il est suggéré de favoriser la warfarine chez les patients qui présentent toujours une obésité sévère suite à la gastrectomie (voir ci-haut). 08
PARAMÈTRES PHARMACOCINÉTIQUES DABIGATRAN RIVAROXABAN APIXABAN ÉDOXABAN Pic d’effet 1-3 h 1 2-4 h 3-4 h 1-2 h Demi-vie 12-17 h 2 5-9 h 8-15 h 10-14 h (T1/2) (Adulte) 11-13 h (personne âgée) Élimination Rénale (85%) Métabolisme par Métabolisme Rénale (50%) le CYP3A4 (66%) mineur par le et élimination sous CYP3A4 (=25%), forme inchangée élimination rénale par voie rénale (=27%) (33%)3 et fécale Métabolisme P-gp CYP 3A4 / P-gp CYP 3A4 / P-gp P-gp Tolérance Dyspepsie n/a n/a n/a digestive 5-10 % 1 Le dabigatran a besoin d’un milieu acide pour être absorbé. 2 La demie-vie du dabigatran peut être prolongée en présence d’une fonction rénale altérée. 3 L’élimination rénale est dépendante des P-gp. N.B. : en raison de la courte T 1/2 des AOD, il est important de s’assurer de la bonne adhérence au traitement et de la réévaluer périodiquement. Conduite en cas d'omission de dose - En cas d’oubli d’une ou deux doses de dabigatran, de rivaroxaban donné DIE, d’apixaban ou d’édoxaban prendre la dose oubliée le + rapidement possible, jusqu’à 6 heures avant l’administration de la prochaine dose. Ne JAMAIS doubler la dose pour compenser une dose oubliée. - Lorsque le rivaroxaban est administré BID, le patient doit reprendre sa dose oubliée le + rapidement possible, afin que la dose quotidienne atteigne 30 mg. - En cas d’omission de doses d’un AOD pendant plus de 48 heures, reprendre immédiatement le traitement et aviser le médecin, au besoin, qui pourra réévaluer la situation (particulièrement pour les patients à haut risque thromboembolique ou en attente de cardioversion électrique). 09
INTERACTIONS 1- AUGMENTATION DU RISQUE DE SAIGNEMENT Les médicaments suivants augmentent les risque de saignement associés à l'utilisation d'un AOD. La prudence est de mise et il faut limiter le plus possible leur durée d'utilisation: - AINS. - Antiplaquettaires (voir section page 7 sur la triple thérapie). - Aspirine (ASA) • Utiliser la plus petite dose efficace, soit 80 mg IDE en prévention des maladies coronariennes. • Chez le patient coronarien stable (qui n'a présenté aucun événement au cours de la dernière année) anticoagulé, l'ASA devrait être cessée après 12 mois d'utilisation. Une protection gastrique à base d'un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) est d'ailleurs suggérée durant toute la durée de la prise concomi- tante d'ASA et d'anticoagulant. 2- MÉCANISMES POSSIBLES D’INTERACTION Impact sur le CYP3A4 : Un médicament peut être un substrat, un inhibiteur ou un inducteur du CYP 3A4. TOUS les AOD sont des substrats du CYP3A4, mais l’affinité diffère selon la molécule. Degré d’affinité pour le CYP 3A4 edoxaban < dabigatran
INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES IMPACT SUR LES CONCENTRATIONS PLASMATIQUES DES AOD* MÉCANISME IMPLIQUÉ DABIGATRAN RIVAROXABAN APIXABAN ÉDOXABAN Amiodarone P-gp 12-60 % Effet mineur Absence de données PK 4 40 % substrat mineur Antiacides 1 absorption GI 12-30 % Pas effet Pas effet Pas effet Atorvastatine P-gp & CYP3A4 20 % Pas effet Absence de données PK4 15 % Digoxine P-gp Pas effet Pas effet Pas effet Pas effet Diltiazem P-gp Absence de données PK4 Absence de données PK4 40 % Absence de données PK4 CYP3A4 faible Dronédarone P-gp & CYP3A4 114-136 % Absence de données PK4 Absence de données PK 4 85 % Fluconazole CYP3A4 Absence de données PK 4 42 % Absence de données PK4 Absence de données PK4 Vérapamil 2 P-gp Absence de données PK4 12-180 % Absence de données PK4 50 % CYP3A4 faible Clarithromycine P-gp & CYP3A4 15-20 % 30-54% Absence de données PK4 85 % Erythromycine Cyclosporine P-gp Absence de données PK4 Absence de données PK4 73 % Tacrolimus Inhibiteur de la protéase P-gp Jusqu’à 153 % Forte Jusqu’à 200 % (traitement du VIH) 3 CYP3A4 inhibiteur majeur Kétoconazole Itraconazole P-gp 140-150 % Jusqu’à 150 % 100 % 87 % Voriconazole CYP3A4 inhibiteur majeur Posaconazole Rifampicine Carbamazépine 5 P-gp Phénytoine 5 66 % Jusqu’à 50 % 54 % 34 % CYP3A4 inducteur majeur Phénobarbital 5 Millepertuis 5 PRUDENCE! Jus de pamplemousse CYP3A4 inhibiteur mineur Pas effet Effet mineur Pas effet Éviter association. 1 Dexlansoprazole, esoméprasole, lansoprazole, oméprazole, pantoprazole, rabéprazole, ranitidine, * Ce tableau n’est pas exhaustif. Il est important de tenir compte du nombre de substrats du cimétidine, antiacides liquides (ex : Maaloxmd), etc. CYP 3A4 et de la fonction rénale du patient pour évaluer l’impact clinique réel de l’interaction. 2 Espacer le prise du dabigatran de 2 hres avec le vérapamil afin d’éviter l’interaction. Légende 3 Ritonavir, atazanavir, darunavir, fosamprenavir, indinavir, lopinavir, nelfinavir, saquinavir, tipranavir, etc. : Utilisation contre-indiquée. Éviter l’administration concomitante. 4 Absence de données pharmacocininétiques (PK). Interaction clinique peu probable OU n'ayant pas démontré d'impact clinique significatif dans la littérature scientifique. : Diminuer la dose d’édoxaban à 30 mg ID. 5 Aucune interaction avec les anticonvulsivants suivants: lévétiracétam, lacosamide, lamotrigine, acide valproique et oxcarbazépine. 11 12
ADMINISTRATION DU MÉDICAMENT DABIGATRAN Pradaxa md - Prendre avec ou sans aliment. - Ne pas briser, ouvrir ou mastiquer les capsules (exposition accrue de 75 %). - Ne pas administrer par tube naso-gastrique (TNG), tube naso-entérique, gastrostomie ou jéjunostomie. - Ne pas saupoudrer les granules sur de la nourriture. - Capsule sensible à l’humidité. Idéalement, les garder dans leur emballage d’origine1. RIVAROXABAN Xarelto md 101010 151515 202020 - Comprimé de 10 mg : prendre avec ou sans aliment. - Comprimé de 15 et 20 mg : DOIT être pris avec des aliments, idéalement le plus gros repas de la journée, pour augmenter la biodisponibilité. - Biodisponibilité inchangée si écrasé et administré par tube naso-gastrique (TNG) ou gastrostomie. - Ne pas administrer par tube naso-entérique ou jéjunostomie puisque la biodisponibilité pourrait être diminuée (diminution de l'ASC de 29%). APIXABAN Eliquis md - Prendre avec ou sans aliment. - Biodisponibilité inchangée si écrasé et administré par tube naso-gastrique (TNG). Administration possible via gastrostomie. - Aucune donnée pour l'administration par tube naso-entérique ou par jéjunostomie. ÉDOXABAN Lixiana md - Prendre avec ou sans aliment. - Biodisponibilité inchangée si écrasé et administré par tube naso-gastrique (TNG). Administration possible via gastrostomie. - Aucune donnée pour l'administration par jéjunostomie ou tube naso-entérique. 1 Une étude a démontré qu'il n'y a pas de perte de principe actif lorsque mises dans un pilulier (Dispill). 13
Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière- Appalaches ENSEIGNEMENT DES PATIENTS SOUS AOD Enseignement initial (éléments à retenir) ❏ Expliquer l’indication de l’anticoagulothérapie et vérifier la compréhension du patient. ❏ Expliquer les principales caractéristiques de l’AOD prescrit (ex : prise une ou deux fois par jour, avec ou sans aliments, etc). ❏ Effectuer un renforcement positif sur l’observance au traitement et l’impact négatif dans le cas contraire. ❏ Expliquer les raisons qui sous-tendent l'absence de tests de coagulation avec les AOD comparativement à la warfarine et les impacts que cela peut avoir. ❏ Mentionner les risques de saignement et indiquer au patient quand consulter. ❏ Suggérer au patient de toujours porter sur lui une identification (carte, collant, carnet-santé ou bracelet). ❏ Planifier les prises de sang et le suivi clinique du patient (minimum annuelle- ment et plus souvent si fonction rénale altérée ou selon le contexte clinique (ex : risque de saignement élevé)). ❏ Remettre un feuillet d’informations relatif à l’AOD prescrit. Les feuillets d'infor- mations destinés aux patients se retrouvent sur la page principale du présent Guide. 14
SUIVI DES PATIENTS SOUS AOD Fréquence Actions à poser Adhésion Chaque visite - Compléter l’enseignement si besoin. au traitement - Effectuer du renforcement positif. - Informer le patient des aides disponibles (dosette, dispill, etc). - S'assurer que le patient prenne bien son médicament 2 fois par jour s'il y a lieu. Chaque visite - S’assurer que le patient ait son carnet du patient de santé à jour avec sa liste complète anticoagulé de ses médicaments. - Encourager le patient à porter un bracelet « Médic-Alerte » ou à posséder une carte identifiant qu’il est anticoagulé. - Indiquer au patient qu’il doit toujours aviser ses professionnels de la santé (médecin, pharmacien, infirmière ou dentiste) du fait qu’il est anticoagulé. Apparition Chaque visite - Questionner sur les symptômes suggérant d’un évènement un AVC ou ICT, une TVP ou une EP. thromboembolique Saignement Chaque visite - Réévaluer l’indication, la dose ou l’agent selon la situation clinique. - Valider si présence de rectorragie, méléna, hématurie, saignement gynécologique, etc. - Mettre à jour le score HAS BLED. Effets indésirables Chaque visite - Changer l’agent au besoin. - Envisager la warfarine si besoin. Interactions Chaque visite - Réviser la liste complète de la médication médicamenteuses du patient. - Tenir compte des médicaments de vente libre (ex : millepertuis, anti-inflammatoires, etc.). Tests sanguins1 Bilan de - Valeurs de base de Hb, fonction base AVANT rénale et hépatique à titre de valeurs l’instauration de références. du traitement Annuellement - Vérifiier Hb, fonction rénale pour TOUS et hépatique. les patients sous AOD Aux 6 mois - Valider fonction rénale si • Clcr 30-60 ml/min • patient sous dabigatran • patient > 75 ans. Aux 3 mois - Valider fonction rénale si (minimum) • Clcr 30 ml/min • changement état clinique (ex : insuffisance cardiaque décompensée). 1 Suite aux tests sanguins, il est important de prévoir le prochain suivi et bien en informer le patient. 15
PASSAGE D’UN AGENT ANTICOAGULANT VERS UN AOD Passage héparine IV Passage HBPM1 Passage AVK2 vers AOD vers AOD vers AOD Débuter l’AOD à Débuter l’AOD Arrêter l’AVK et l’arrêt de la perfusion à l’heure prévue débuter le dabigatran DABIGATRAN d’héparine. de la prochaine dose lorsque RNI < 2.0. d’HBPM. Débuter l’AOD à Débuter l’AOD Arrêter l’AVK et l’arrêt de la perfusion à l’heure prévue débuter le RIVAROXABAN ÉDOXABAN d’héparine. de la prochaine dose rivaroxaban / édoxaban d’HBPM. lorsque RNI 2.5. Débuter l’AOD à Débuter l’AOD Arrêter l’AVK et l’arrêt de la perfusion à l’heure prévue débuter l’apixaban APIXABAN d’héparine. de la prochaine dose lorsque RNI < 2.0. d’HBPM. 1 L’ensemble des recommandations de ce tableau s’applique à l’utilisation d’une HBPM utilisée à dose thérapeutique. En présence de doses prophylactiques d’HBPM, se référer au pharmacien qui déterminera le moment optimal d’administration du médicament. Ces recommandations sont basées sur les données pharmacocinétiques des molécules et non sur des évidences cliniques. 2 AVK : Anti-vitamine K (warfarine ou nicoumalone). 16
PASSAGE D’UN AOD VERS UN AUTRE AGENT ANTICOAGULANT Passage AOD Passage AOD vers héparine IV vers AVK2 ou HBPM1 Clcr ≥ 30 ml/min : débuter l’héparine Clcr 50 ml/min : débuter l’AVK DABIGATRAN IV ou HBPM 12 h après la dernière 3 jours avant l’arrêt du dabigatran. dose de dabigatran. Clcr : 30-49 ml/min : débuter l’AVK Clcr < 30 ml/min : débuter l’héparine 2 jours avant l’arrêt du dabigatran. IV ou HBPM 24 h après la dernière dose de dabigatran. Débuter l‘héparine IV ou HBPM Poursuivre le à l’heure prévue de la prochaine dose rivaroxaban / édoxaban jusqu’à RIVAROXABAN ÉDOXABAN de rivaroxaban / édoxaban. l’atteinte d’un RNI ≥ 2.0 puis cesser. Débuter l‘héparine IV ou HBPM Poursuivre l’apixaban jusqu’à à l’heure prévue de la prochaine dose l’atteinte d’un RNI ≥ 2.0 puis cesser. APIXABAN d’apixaban. Tous les AOD peuvent augmenter la valeur de RNI. Par contre, il est impossible d’évaluer l’état d’anticoa- gulation d’un patient basé sur la valeur du RNI. Néanmoins, durant la phase concomitante du passage d’un AOD à un AVK, il est recommandé de mesurer le RNI juste avant la dose prévue de AOD (creux). Une fois l’AOD cessé, il faut attendre pour que le RNI reflète de façon fiable l’effet de l’AVK : - 48 h après la dernière dose de dabigatran - 24 h après la dernière dose de rivaroxaban et d'édoxaban - 12 h après la dernière dose d’apixaban. 1 la prudence est de mise lors de l'utilisation d'une HBPM en présence d'une Clcr < 30 ml/min. Un ajustement de dose de l'HBPM peut être souhaitable selon le contexte clinique. 2 Les AOD ne devraient jamais être cessés avant de débuter un AVK. Si tel est le cas, évaluer la condition clinique du patient afin de déterminer si l’utilisation d’un anticoagulant parentéral de relais (héparine IV ou HBPM) est nécessaire dans l'attente d'un RNI thérapeutique. 17
GESTION DES AOD AVANT UNE CHIRURGIE / INTERVENTION Évaluation du risque hémorragique AVANT la chirurgie ou la procédure. RISQUE TRÈS FAIBLE1 RISQUE FAIBLE RISQUE ÉLEVÉ • Colposcopie • Installation de • chirurgie cardiaque • Nettoyage et extraction cardiostimulateur (pontage, remplacement dentaire • Coronarographie valvulaire, etc) • Cataractes • Études • chirurgie • Biopsie moelle osseuse électrophysiologie et abdominale/intestinale • Vasectomie ablation2 (hépatectomie, • Varices • Colonoscopie/gastrosco- gastrostomie, colonoscopie AVEC • Biopsie cutanée. pie (incluant biopsie) polypectomie, • Chirurgie hémorroïdes colectomie, etc) • Ponction d’ascite • chirurgie • Chirurgie de paroi gynéco-oncologique (hernie) extensive • Cholécystectomie par • neurochirurgie, chirurgies laparoscopie spinales • Hystérectomie/ovariecto- • ponctions lombaires mie • péridurales • Autres chirurgies • amygdalectomie dentaires ou • chirurgie orthopédique ophtalmiques (prothèse totale de la • Infiltration articulaire hanche ou du genou, etc) • Arthrocentèse • chirurgie thoracique • Bronchoscopie (lobectomie, pneumonectomie, BTTA, • Biopsie thyroïde, bronchoscopie avec ganglions, etc. biopsie, etc) • chirurgie urologique (prostatectomie, néphrectomie, biopsie rénale, etc) • chirurgie vasculaire (anévrysme aorte abdominale, pontages, endartériectomie, etc). 1 En général, il n’est pas nécessaire d’arrêter le AOD avant une chirurgie à TRÈS faible risque de saignement. Il suffit de ne pas prendre la dose du matin, ou de procéder à l’intervention juste avant la prochaine dose (creux). 2 Bien qu’une ablation de flutter ou de fibrillation auriculaire soit classée à faible risque de saignement, il n’est pas recommandé d’arrêter l’anticoagulant avant la procédure en raison du risque d’AVC chez cette clientèle. N.B. : Cette liste n’est pas exhaustive et doit tenir compte du contexte clinique de chaque patient. Il est recommandé de faire évaluer le risque hémorragique par le spécialiste qui effectuera l’intervention. 18
GESTION DES AOD AVANT UNE CHIRURGIE ⁄ INTERVENTION1 (suite) ARRÊT pré-procédure2 Risque hémorragique FAIBLE Risque hémorragique ÉLEVÉ Dabigatran 3 Cl créat ≥ 50 ml/min Dernier jour de traitement = J -2 Dernier jour de traitement = J -3 (ne pas donner la veille) (ne pas prendre 2 jours avant) Cl créat 30-49 ml/min Dernier jour de traitement = J -3 Dernier jour de traitement = J -5 (ne pas prendre 2 jours avant) (ne pas prendre 4 jours avant) Cl créat < 30 ml/min Dernier jour de traitement = J -4 à -5 Dernier jour de traitement = J -6 (ne pas prendre 3-4 jours avant) (ne pas prendre 5 jours avant) Apixaban3 Edoxaban3 Rivaroxaban3 Cl créat ≥ 30 ml/min Dernier jour de traitement = J -2 Dernier jour de traitement = J -3 (ne pas donner la veille) (ne pas prendre 2 jours avant) Cl créat < 30 ml/min Dernier jour de traitement = J -3 à -5 Dernier jour de traitement = J -4 à -5 (ne pas prendre 2-4 jours avant) (ne pas prendre 3-4 jours avant) 1 Ces recommandations sont basées sur les données pharmacocinétiques des AOD. Le risque hémorragique et thromboembolique, ainsi que l’atteinte de l’hémostase doivent toujours être évalués par le spécialiste, particuliè- rement pour les chirurgies nécessitant une anesthésie péridurale. Dans certains cas, une période d’arrêt plus longue peut être souhaitable et le relais avec une HBPM peut être envisagé pour les patients à risque thromboembolique très élevé. 2 Chez certains patients ayant fait un événement thromboembolique très récent, il est souhaitable de discuter avec le médecin qui procédera à l’intervention élective afin d’établir le meilleur moment pour effectuer la procédure et la meilleure façon d’arrêter l'AOD s'il y a lieu. 3 Jour de chirurgie / intervention = J 0. GESTION DES AOD APRÈS UNE CHIRURGIE ⁄ INTERVENTION (suite) REPRISE post-procédure Risque hémorragique FAIBLE Risque hémorragique ÉLEVÉ Dabigatran Apixaban Reprendre le lendemain de la Reprendre le surlendemain de la Edoxaban procédure (J 1) procédure (J 2)4 Rivaroxaban 4 Considérer une reprise au jour 3 si risque de saignement très élevé. 19
GESTION DES SAIGNEMENTS SAIGNEMENT SAIGNEMENT SAIGNEMENT MINEUR MAJEUR MENAÇANT LA VIE + + Valider l’heure Mesures de support Pour le de la prise de la - Envisager mesure DABIGATRAN dernière dose et de contrôle locale: Considérer administration de estimer le temps compression, l'antidote: idarurucizumab de normalisation intervention (Praxbindmd 5g) en présence de l’hémostase endoscopique, de saignement menaçant la embolisation, etc) - Clcr 50-80 ml/ vie. Peut aussi être utilisé pour - Réplétion renverser l'effet lors d'une min : 24-36h liquidienne (pour chirurgie/procédure urgente. - Clcr 30-50 ml/ éviter l’insuffisance L’'idarucizumab ne doit par min : 36-48h rénale aiguë et être utilisé si la dernière dose - Clcr < 30 ml/ de dabigatran a été l'accumulation administrée il y a plus de 48 min : 48 h. du médicament) heures1. - Transfusion sanguine PRN Pour les autres AOD Évaluer la (ou pour le dabigatran si médication - Considérer : l’idarucizumab n’est pas concomitante dont concentré disponible). Considérer l’aspirine et les plaquettaire l’administration de complexe antiplaquettaires. si prise concentré de prothrombine d’antiplaquettaire (CCP) non activé sous recommandation de - Considérer : l’hématologue 2. Considérer plasma frais l’administration congelé si Exemple: orale de charbon de coagulopathie Bériplex 50 unités/kg bois activé en cas associée. Max: 5000 unités. de SURDOSAGE d'un AOD si la dernière Pour le N.B. La vitamine K, le plasma, dose a été ingérée DABIGATRAN et le DDAVPmd sont inutiles dans les 2 heures pour renverser un saignement précédentes. - Considérer la dialyse à un AOD.3 - Hémoperfusion sur peut être envisagée. 1 Vous référer au protocole /règle d'utilisation de votre établissement pour l'administration du Praxbindmd. 2 Il n’existe pas de données cliniques sur l’efficacité des CCP non activé. À réserver UNIQUEMENT pour les saignements menaçants pour la vie après évaluation des risques et bénéfices (risque thromboembo- lique possible). 3 Bien que le Cyklokapronmd peut être utilisé en traitement adjuvant lors de saignements muco-cutanés, il ne peut renverser l’effet d’un AOD. 20
MESURE DE L’EFFET ANTICOAGULANT Aucun monitoring spécifique n’est recommandé pour ajuster les doses d’un AOD. Dans certaines situations cliniques (saignement, gestion périopératoire, non compliance, etc.) le monitoring pourrait être souhaitable. Les tests quantitatifs, permettant de mesurer la concentration des AOD, ne sont pas disponibles couramment. APIXABAN DABIGATRAN ÉDOXABAN RIVAROXABAN Pic plasmatique 2 h après l’ingestion 1 à 4 h après l’ingestion Creux 16 à 24 h après l’ingestion 12 à 24 h après l’ingestion plasmatique Temps de prothrombine Non utile Non utile rapporté en RNI1 Temps de Allongement prothrombine Peu utile variable selon les rapporté en sec 2 réactifs 5 Temps de Allongement Allongement céphaline variable selon variable selon activé (APTT les réactifs 3 les réactifs ou TCA) Temps de Trop sensible 4 Peu utile thrombine Temps de thrombine dilué Sensible Non utile (Hémoclotmd)6 Tests anti-Xa Non utile Utile si calibration spécifique 7 à la molécule 1 L’AOD peut faire légèrement augmenter le RNI. Lorsque l'état clinique du patient exige de mesure le RNI, s'assurer de le doser au creux de l'AOD. 2 Donnée rarement disponible dans les laboratoires. 3 Le degré d’allongement varie selon les réactifs et ne permet pas de prédire la concentration. 4 Le degré d’allongement ne permet pas de prédire la concentration. Si le test est normal, la quantité résiduelle de dabigatran est négligeable. 5 L’apixaban a moins d’effet sur le temps de prothrombine que le rivaroxaban. 6 L’Hémoclotmd est encore très peu disponible dans les laboratoires du Québec. 7 Nécessite une calibration spécifique (différente des HBPM) pour pouvoir être utilisé pour le monitoring des AOD de type anti-Xa. Ceci n’est pas disponible couramment. 21
RECOMMANDATIONS CCS 2016 (traitement de la FA): score CHADS-65 ÂGE ≥ 65 ANS OUI AOD > WARFARINE NON AVC OU ICT DANS LE PASSÉ OU HYPERTENSION OU INSUFFISANCE OUI AOD > WARFARINE CARDIAQUE OU DIABÈTE NON MALADIE ATHÉROSCLÉROTIQUE OU MALADIE ARTÉRIELLE OUI ASA VASCULAIRE Avant de débuter un traitement anticoagulant, toujours considérer NON saignement (HTA, antiplaquettaires, AINS et prise d'alcool) dont ceux qui sont PAS D’ANTITHROMBOTIQUE spécifiques aux AOD (fonction rénale altérée, âge > _ 75 ans et petits poids). Score CHADS2 : échelle d’évaluation du risque embolique. C Insuffisance cardiaque 1 point H Hypertension 1 point A Âge ≥ 75 ans 1 point D Diabète 1 point S2 AVC ou ICT dans le passé 2 points Score CHA2DS2VASC : échelle d’évaluation du risque embolique. C Dysfonction VG ou insuffisance cardiaque 1 point H Hypertension 1 point A2Âge ≥ 75 ans 2 points D Diabète 1 point S2AVC / ICT / Embolie dans le passé 2 points V Maladie vasculaire 1 point A Âge entre 65 ans et 74 ans 1 point SC Sexe féminin 1 point Score HAS-BLED : échelle d’évaluation du risque de saignement. H Hypertension (TAS > 160 mmHg) 1 point A Fonction rénale (Cr > 200 umol/L) ou hépatique altérée 1 ou 2 points S AVC 1 point B Saignement 1 point L RNI labiles 1 point E Âge > 65 ans 1 point D Interactions ou prise d’alcool (> 8 consommations/sem) 1 ou 2 points N.B.: Le score HAS-BLED est un outil qui a été développé pour la warfarine. Toutefois, il peut servir d'indicateur pour évaluer le risque de saignement avec les AOD. 22
COMPARAISON SCORE CHA2DS2VASC, CHADS2 ET HAS-BLED Score Risque AVC Score Risque AVC Score Risque hémorragique 1 CHA2DS2VASC (% / an) CHADS2 (% / an) HAS-BLED (par 100 patients/année) 0 0 0 1,9 0 1,1 1 1,3 1 2,8 1 1,0 2 2,2 2 4,0 2 1,9 3 3,2 3 5,9 3 3,7 4 4,0 4 8,5 4 8,7 5 6,7 5 12,5 5 12,5 6 9,8 6 18,2 6-9 > 12.5 7 9,6 8 6,7 9 15,2 1 Le risque hémorragique se défini par l'apparition de l'un des saignement majeur suivant : saignement intracrânien, hospitalisation pour saignement, chute de l'hémoglobine de plus de 2 g/L et/ou nécessité d'une transfusion. Document réalisé par Isabelle Taillon, pharmacienne IUCPQ-UL, en collaboration avec les professionnels suivants. Collaborateurs Dr Patrick Béliveau, Dr Isabelle Labonté, cardiologue, CHU de Québec-UL interniste, IUCPQ-UL Jean Bournival, Dr Ariane Mackey, pharmacien, CISSS Chaudière-Appalaches (HDL) neurologue, CHU de Québec-UL François Brouillette, Louis-Etienne Marchand, pharmacien, CHU de Québec-UL pharmacien, CISSS Chaudière-Appalaches (HDL) Dr Isabelle Bureau, Dr Isabelle Nault, interniste, CISSS Chaudière-Appalaches (HDL) cardiologue électrophysiologiste, IUCPQ-UL Dr Jean Champagne, Dr Gilles O’Hara, cardiologue électrophysiologiste, IUCPQ-UL cardiologue électrophysiologiste, IUCPQ-UL Lyne Charbonneau, Sébastien Perreault, infirmière clinicienne, IUCPQ-UL pharmacien, CHU de Québec-UL Dr Stéphanie Cloutier, Dr François Philippon, hématologue IUCPQ-UL et CHU de Québec-UL cardiologue électrophysiologiste, IUCPQ-UL Dr Christine Demers, Dr Michel Samson, hématologue, CHU de Québec-UL cardiologue, CHU de Québec-UL Dr Jean-Pierre Déry, cardiologue Dr Mathieu Simon, hémodynamicien, IUCPQ-UL pneumologue, IUCPQ-UL Dr Valérie Gaudreault, Dr Steve Verreault, cardiologue, CHU de Québec-UL neurologue, CHU de Québec-UL Dr Philippe Gilbert, Dr Pierre Voisine, cardiologue, CHU de Québec-UL chirurgien cardiaque, IUCPQ-UL Isabelle Giroux, pharmacienne IUCPQ-UL (révision de la conduite obésité/chirurgie bariatrique) Amélie Landry-Hould étudiante au PharmD en 4ième année à UL (révision des interaction) Avec le support financier sans restriction de la compagnie Bayer. 23
Références - Brulotte S, Cieza Lara TA, Déry J-P, Gilbert P, Joncas S et Plourde B: Algorithme pour la triple thérapie (adapté des recommandations CCS 2016). Juin 2017. - Connolly SJ, Ezekowitz MD, Yusuf S et al. Dabigatran versus Warfarin in Patients with Atrial Fibrillation (RELY Study). NEJM 2009; 361:1139-51. - Gibson CM, Mehran R, Bode C et al: Prevention of bleeding in patients with atrial fibrillation undergoing PCI (PIONEER AF-PCI study). NEJM 2016; 375: 2423-34. - Giugliano RP, Ruff CT, Braunwald E et al: Edoxaban versus warfarin in patients with atrial fibrillation. NEJM 2013; 369: 2093-2104. - Granger CB, Alexander JH, McMurray JJV. Apixaban versus Warfarin in Patients with Atrial Fibrillation (ARISTOTLE Study). NEJM 2011; 365 (11): 981-92 - Heidbuchel H, Verhamme P, Alings M et al. European Heart Rhythm Association Practical Guide on the use of new oral anticoagulants in patients with non-valvular atrial fibrillation. Europace 2013; 15:625-51 - Institut National d’Excellence en Santé et en Service Sociaux (INESSS). Anticoagulothérapie chez l’adulte : fibrillation auriculaire. Mise à jour mars 2014 - Macle L, Cairns J, Leblanc K et al. 2016 Focused update of the Canadian Cardiovascular Society Guidelines for the management of atrial fibrilllation. Can J Cardiol 2016 (32): 1170-85. - Monographie apixaban (Eliquismd) juin 2016. - Monographie dabigatran (Pradaxa md) août 2016. - Monographie edoxaban (Lixiana md ) janvier 2017. - Monographie rivaroxaban (Xarelto md) septembre 2016. - Patel MR, Mahaffey KW, Garg J et al. rivaroxaban versus warfarin in nonvalvular atrial fibrillation (ROCKET Study). NEJM 2011; 365:883-891. Limites d‘utilisation : Le Guide d’utilisation des anticoagulants oraux direct peut s’avérer un outil de travail pratique et de référence rapide pour les professionnels de la santé. Toutefois, son utilisation peut nécessiter des adaptations en fonction du jugement clinique du professionnel et du milieu de soins. En aucun cas le Guide d’utilisation des anticoagulants oraux direct ne remplace ou ne substitue aux indications ou instructions des fabricants ainsi qu’aux bonnes pratiques professionnelles. Malgré tous les soins apportés et les efforts déployés pour s’assurer que les renseignements contenus dans ce présent guide soient exacts au moment de la publication, les collaborateurs qui ont procédé à la réalisation de ce guide n’en garantissent pas l’opportunité ou le caractère exhaustif. Ainsi, l’utilisateur doit tenir compte de la date de publication et du fait que certaines des informations peuvent être désuètes. Droits d’auteurs : La préparation du Guide d’utilisation des anticoagulants oraux directs a été réalisée par Isabelle Taillon, pharmacienne, en collaboration avec plusieurs professionnels de la santé qui œuvrent dans les divers établissements universitaires de la région de Québec. Toute reproduction, ou en partie, doit faire l’objet de l’autorisation écrite préalable de Mme Isabelle Taillon. Version 2.0 - octobre 2017
Inhibiteur direct de la thrombine Pradaxamd (Dabigatran) Capsules 110 et 150 mg • Dose prescrite:_________ • Début de traitement:___________ • Première prise de sang:_________ 1- ACTION DU MÉDICAMENT : • Ce médicament aide à « éclaircir » votre sang. Il diminue la coagulation et prévient la formation de caillots. On l’utilise chez les patients atteints de fibrillation auriculaire (FA) OU ayant fait une thrombose veineuse profonde (TVP ou "phlébite") ou une embolie pulmonaire. 2- CONSEILS : • Ce médicament doit se prendre deux fois par jour. Il est important de prendre votre médicament régulièrement et de ne pas oublier de dose. Votre observance au traitement est essentielle. Sinon, vous risquez d'être moins bien protégé contre la formation d'un caillot. • Ce médicament peut être pris avec ou sans nourriture, sans égard aux repas ou aux collations. • Si vous oubliez de prendre une dose, prenez-la dès que vous vous en rendez compte. S’il est presque l’heure de votre dose suivante, laissez tomber la dose oubliée. Ne doublez jamais la dose pour tenter de vous rattraper. 3- PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES : • Ne pas briser, ouvrir ou mastiquer les capsules. • Ne pas saupoudrer les granules (contenus à l’intérieur de la capsule) sur de la nourriture. • Les capsules sont sensibles à l’humidité. Idéalement, les garder dans leur emballage d’origine. Il est cependant possible que votre pharmacien les place dans votre Dispill pour en faciliter la prise: garder-le dans un endroit frais et sec. • Ce médicament peut interagir avec d’autres médicaments, produits de vente libre ou produits naturels (ex : antiacides ou millepertuis). Vérifiez toujours auprès de votre pharmacien avant d’utiliser ce médicament en association avec d’autres produits. • Ce médicament peut augmenter les risques de saignement. Soyez prudent lorsque vous utilisez des instruments coupants ou lorsque vous effectuez des travaux manuels dangereux. • Toujours aviser les professionnels de la santé (pharmacien, médecin, infirmière ou dentiste) de la prise de ce médicament. Si vous devez être opéré, vous devez en aviser le médecin qui fera la procédure ou la chirurgie. Il est alors possible qu’on vous demande d’arrêter le médicament pendant quelques jours. Informez vous ensuite de la façon de le reprendre. • Il est important d’aller passer les prises de sang qui vous auront été prescrites afin de permettre à votre médecin et votre pharmacien de s’assurer que ce traitement est sécuritaire pour vous. Ces prises de sang doivent se faire au moins une fois par année. Dans certains cas, votre médecin ou votre pharmacien pourra vous prescrire des prises de sang plus fréquemment. • Avisez votre pharmacien et votre médecin si vous êtes enceinte (ou souhaitez le devenir) ou si vous allaitez. • Portez sur vous un bracelet ou ayez dans votre portefeuille une liste à jour de vos médicaments. Informez vos proches que vous êtes anticoagulé et connaissez le nom de votre anticoagulant et son dosage. 4- EFFETS QUE VOUS POURRIEZ NOTER : • Brûlures d'estomac, reflux acide : dans ce cas, prenez-le avec de la nourriture. • Des ecchymoses (bleus) en présence de coups. • Chez les femmes, des règles un peu plus abondantes qu’habituellement. 5- CONSULTEZ VOTRE MÉDECIN SI VOUS NOTEZ : • Des troubles digestifs sévères. • Du sang dans votre urine ou des selles noires ou rouges. • Des ecchymoses (bleus) exagérés sans raison particulière. • Des saignements de nez qui ne se résorbent pas spontanément. • Chez les femmes, des saignements anormalement abondants et prolongés lors des règles. • Des maux de tête inhabituels, de la faiblesse d'un bras ou d'une jambe, la bouche croche ou de la difficulté à parler. Révision octobre 2017 Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière- Appalaches
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