Symptômes musculaires associés aux statines : quelle prise en charge en 2018 ? - Revue ...

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REVUE MÉDICALE SUISSE

           Symptômes musculaires associés
          aux statines : quelle prise en charge
                         en 2018 ?
                Drs CHRISTOPHE KOSINSKI a, CHRISTEL TRAN b, Prs THIERRY KUNTZER c, NICOLAS RODONDI d et Dr TINH-HAI COLLET a

                                                                   Rev Med Suisse 2018 ; 14 : 462-9

Les statines représentent la première ligne de traitement en cas                        Depuis plusieurs décennies, les inhibiteurs de la 3-hydroxy-
d’hypercholestérolémie, que ce soit en prévention primaire ou                           3-méthylglutaryl coenzyme-A (HMG-CoA) réductase, appelés
secondaire des maladies cardiovasculaires. C’est l’une des                              communément statines, sont le traitement de première ligne
classes médicamenteuses les plus prescrites au monde, mais qui                          de l’hypercholestérolémie, que ce soit en prévention primaire
fait l’objet de controverses médiatisées. De nombreux effets                            ou secondaire des maladies CV. Malgré les bénéfices démon-
­indésirables ont été attribués à la prise de statines, notamment                      trés par des études robustes, avec une réduction à long terme
 les symptômes musculaires associés aux statines (SMAS). On                            de la mortalité CV et non CV, ainsi que des événements CV,1
 relève différents types d’atteinte, d’intensité croissante (de
 ­                                                                                     les statines font l’objet d’une controverse menant souvent les
 myalgies fréquentes à une myosite sévère mais rare, voire une                         patients à l’arrêt du traitement. Dans une récente étude
 rhabdomyolyse), pouvant mener à l’arrêt du traitement. Au vu                          ­italienne, seuls 55 % des patients à haut risque CV, traités en
 du défi que représentent les SMAS dans la pratique courante                            prévention primaire, prenaient encore leur statine après six
 ­ambulatoire, cet article donne au praticien un aperçu de la litté-                    mois.2 Une des raisons principales de l’arrêt est la présence
  rature récente, ainsi qu’une proposition de prise en charge à                        d’effets indésirables à prédominance musculaire,3 touchant
  ­partager avec le patient.                                                            de 5 à 20 % des patients selon les études.4 Le degré d’atteinte
                                                                                        varie de douleurs ou crampes musculaires, parfois des fai-
                                                                                        blesses musculaires, à des myalgies invalidantes, jusqu’à de
      Statin-associated muscle symptoms : Current                                       rares atteintes systémiques (rhabdomyolyse), hépatique et/
                  management in 2018                                                    ou rénale.5
Statins are the first line treatment in hyperlipidemia, either in
­primary or secondary prevention of cardiovascular diseases. One                       Les statines ont également souvent mauvaise réputation
 of the most prescribed drug class worldwide, this drug class is                       dans la population générale, phénomène probablement vé-
 ­often the focus of highly publicized drug controversies. Various                     hiculé par certains médias et Internet, ainsi que l’avis néga-
  adverse effects have been attributed to statins, in particular sta-                  tif de certains professionnels de santé, renforçant des
  tin-associated muscle symptoms (SAMS ). This condition varies in                     craintes et un certain ressentiment. Cependant, une adhé-
  severity (from frequent isolated myalgia to rare severe myositis,                    rence diminuée au traitement est associée à un moins bon
  even rhabdomyolysis) and often leads to treatment termination.                       pronostic CV.6
  Because SAMS are a daily challenge in clinical practice, we review
  here the recent medical literature on this topic and suggest a                       Cet article propose une mise à jour sur les symptômes muscu-
  ­management strategy to be shared with the patient as an active                      laires associés aux statines (SMAS), ainsi qu’une proposition
   partner.                                                                            de prise en charge de cette problématique fréquente dans la
                                                                                       pratique ambulatoire.

INTRODUCTION
                                                                                       DÉFINITION DES SYMPTÔMES MUSCULAIRES
L’hypercholestérolémie est l’un des facteurs de risque ma-
jeurs d’événements et de mortalité cardiovasculaires (CV).
                                                                                       ASSOCIÉS AUX STATINES
                                                                                       Les atteintes musculaires peuvent être d’intensité variable
                                                                                       et touchent de préférence les groupes musculaires proxi-
                                                                                       maux. Différentes définitions existent ; nous retiendrons la
                                                                                       classification plus récente et détaillée du groupe d’experts
a Consultation spécialisée des lipides, Service d’endocrinologie, diabétologie         de l’European Atherosclerosis Society (EAS, tableau 1).7 Le
et métabolisme, CHUV, Avenue de la Sallaz 8, 1011 Lausanne,                            diagnostic de SMAS est souvent difficile en raison du carac-
b Service de médecine génétique, CHUV, Avenue de Beaumont 29, 1011                     tère subjectif des symptômes, mais également du jugement
Lausanne, c Unité Nerf-Muscle, Service de neurologie, CHUV, Rue du Bugnon 46,          du clinicien dont le biais cognitif peut influencer son éva-
1011 Lausanne, d Consultation des Lipides, Policlinique médicale, Clinique             luation. De plus, le seul paramètre de laboratoire facile-
universitaire de médecine interne générale, Hôpital de l’Ile, et Berner Institut für
Hausarztmedizin (BIHAM), Université de Berne, 3000 Berne
                                                                                       ment évaluable (créatine kinase, CK) est le plus souvent
Christophe.Kosinski@chuv.ch | Tinh-Hai.Collet@chuv.ch                                  normal chez les patients avec des SMAS, alors que d’autres
Christel.Tran@chuv.ch | Thierry.Kuntzer@chuv.ch | Nicolas.Rodondi@insel.ch             patients asymptomatiques peuvent présenter une élévation

                                                                                       WWW.REVMED.CH
                                                                        462              28 février 2018
REVUE MÉDICALE SUISSE

                   TABLEAU 1         Définition des symptômes musculaires associés aux statines (SMAS)
Adaptée du consensus 2015 du groupe d’experts de l’EAS.7
CK : créatine kinase (taux total par opposition aux CK-MB spécifiques, anciennement utilisées dans le diagnostic d’infarctus du myocarde) ; EAS : European
Atherosclerosis Society ; LSN : limite supérieure de la norme ; ↓ : diminution.
Entité                 Myalgies     Myopathie modérée             Myopathie sévère     Myosite                                            Rhabdomyolyse

Symptôme(s)            Symptômes variables :                                           Symptômes :                                        Symptômes musculaires
associé(s)             douleurs musculaires, crampes, raideur                          douleurs généralisées, typiquement                 similaires
                                                                                       proximales, crampes, raideur, faiblesse, fatigue   ± symptômes liés à l’atteinte
                                                                                                                                          rénale
Biomarqueur(s)         CK           CK élevée :                   CK élevée :          CK élevée :                                        CK très élevée :
et leur suivi          normale      1 à 4 × LSN                   4 à 10 × LSN         > 10 × LSN                                         > 40 × LSN
                                                                                                                                          et
                                    Suivi des CK                  Suivi des CK         Compléter par un bilan rénal                       ↓ de la fonction rénale
                                                                                                                                          ± myoglobinurie/-émie
Commentaires                        Souvent liée                  Souvent liée         Appelée « myopathie » par d’autres classifica-
                                    à une activité physique       à une activité       tions, l’EAS propose cette appellation
                                    augmentée, travail            physique             pour en distinguer la sévérité
                                    de force                      augmentée, travail
                                                                  de force             Incidence estimée à 1:10 000                       Incidence estimée < 1:10 000

                                    Eventuel bilan thyroïdien     Stop statine         Parfois maladie musculaire sous-jacente,
                                    pour le diagnostic            (au moins            biopsie pas obligatoire pour ce diagnostic
                                    différentiel, autres causes   transitoirement)
                                                                                       Arrêt définitif de la statine utilisée             Hospitalisation urgente

des CK pour d’autres raisons (activité physique, travail de
                                                                                                                                  Facteurs de risque
force ou hypothyroïdie). Un autre groupe d’experts pro-                                                       TABLEAU 3         de développer un SMAS
pose un score clinique qui permet d’explorer la probabilité
de myalgies due aux statines, mais qui n’est pas validé                                 IMC : indice de masse corporelle (kg/m2) ; CK : créatine kinase (taux total par
                                                                                        opposition aux CK-MB spécifiques, anciennement utilisées dans le diagnostic
(­tableau 2).8                                                                          d’infarctus du myocarde).

Finalement, il existe de nombreux facteurs de risque pour                               Facteurs liés au traitement
les SMAS (tableau 3).9‑11 Relevons surtout que le risque de                             X Posologie élevée de statines
développer des SMAS augmente avec le dosage de statine                                  X Interactions avec d’autres médicaments, surtout les inhibiteurs ou les substrats
et l’âge.                                                                               du CYP3A4 :
                                                                                          - Autres hypolipémiants : fibrates, acide nicotinique
                                                                                          - Médicaments cardiaques : amiodarone, vérapamil, diltiazem
                                                                                          - Anti-infectieux : antifongiques, macrolides, inhibiteurs de la protéase
                                    Score clinique de symptômes                           - Warfarine
                 TABLEAU 2            musculaires associés aux                            - Ciclosporine
                                                                                        X Polypharmacie (risque d’interactions augmenté)
                                          statines (SMAS )
Score proposé dans une revue,8 purement indicatif et non validé, mais                   Facteurs liés au patient
permettant d’explorer les symptômes musculaires nouveaux ou augmentés de
façon inexpliquée.
                                                                                        X   Facteurs démographiques
                                                                                            - Age avancé (prudence après 75 ans)
Caractéristiques                                                           Points           - Sexe féminin
                                                                                            - IMC bas
Localisation des myalgies                                                                   - Origine asiatique
X Cuisses, symétrique                                                            3
X Mollets, symétrique                                                            2      X   Maladies
X Membre supérieur, proximale, symétrique                                        1          - Myopathies préexistantes
X Non spécifique, asymétrique, intermittente                                     0          - Maladie aiguë ou systémique
                                                                                            - Atteinte de la fonction hépatique ou rénale, y compris cholestase
Temporalité                                                                                 - Hypothyroïdie, diabète, déficit en vitamine D
X Début < 4 semaines                                                             3          - Chirurgie importante ou traumatisme sévère
X Début 4‑12 semaines                                                            2          - Post-transplantation
X Début > 12 semaines                                                            1          - Antécédents personnels ou familiaux de myopathies (en lien avec les
                                                                                            hypolipémiants ou pas) ou tendinopathies
Evolution à l’arrêt du traitement (dechallenge)                                             - Antécédents d’augmentation des CK
X Amélioration à l’arrêt en < 2 semaines                                         2          - Crampes inexpliquées
X Amélioration à l’arrêt en 2‑4 semaines                                         1
X Pas d’amélioration à l’arrêt                                                   0      X   Variations génétiques (polymorphismes) des cytochromes
Nouvel essai avec une autre statine (rechallenge)
X Récidive des mêmes symptômes en < 4 semaines                                   3
                                                                                        X   Habitudes de vie
X Récidive des mêmes symptômes en 4‑12 semaines                                  1          - Consommation excessive d’alcool
                                                                                            - Consommation de jus de pamplemousse ou de canneberge (induction de
Score clinique                                                                              cytochromes, voir ci-dessous)
X 9‑11 points      =      SMAS probable                                                     - Activité physique intense
X 7‑8 points       =      SMAS possible                                                     - Usage de drogues (cocaïne, amphétamines, héroïne)
X < 7 points       =      SMAS peu probable
                                                                                        (Adapté des réf.9‑11).

                                                                                       WWW.REVMED.CH
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REVUE MÉDICALE SUISSE

PHYSIOPATHOLOGIE                                                     de statine permet d’atteindre une baisse de 21,3 % du LDL-
                                                                     cholestérol (vs 8,3 % chez les patients l’ayant arrêtée), pas si
Plusieurs hypothèses sont proposées pour la pathogenèse des          éloignée de l’effet de la prise quotidienne (baisse de 27,7 %).16
SMAS, mais aucune ne se démarque pour l’instant. Parmi les
plus fréquemment avancées, la dysfonction mitochondriale             L’intolérance aux statines est également coûteuse : en cas
ou l’altération de l’utilisation de l’énergie cellulaire par         d’arrêt du traitement, les patients à haut risque CV sont
­déplétion en coenzyme Q10 (CoQ10) pourrait être induite             ­susceptibles de développer des événements CV non fatals,
 par la prise de statine. La CoQ10 agit comme transporteur            entraînant un coût moyen augmenté de 20 % dans les 24 mois
 d’électrons dans la chaîne respiratoire, étape essentielle de la     suivant l’événement.17 Dans les analyses de sous-groupes, ce
 synthèse d’ATP (adénosine triphosphate). Cependant, le lien         ratio était significativement plus élevé chez les patients avec
 entre déplétion en CoQ10 et SMAS n’est pas clairement               un syndrome coronarien aigu (59 %), mais aussi en préven-
 ­établi. La dysfonction mitochondriale liée à la prise de statine    tion primaire (13 %). Finalement, dans une étude récente de
  apparaîtrait aussi chez le sujet sain ou asymptomatique,            près de 105 000 patients sous statines d’intensité modérée à
  ­remettant en question cette association.12,13                      haute, suite à un infarctus du myocarde, 1,65 % ont présenté
                                                                      une intolérance aux statines.18 Comparés aux patients avec
D’autres pistes intéressantes sont la diminution du contenu          une bonne adhérence aux statines (définie par ≥ 80 % de
en cholestérol dans les myocytes résultant en une déstabilisa-       prise), ceux avec une intolérance avaient un plus haut risque
tion des membranes, une altération de l’homéostasie calcique         de récurrence d’événement CV.
augmentant l’expression des ryanodine receptor 3 localisés
dans la membrane des tubules T musculaires, ou une diminu-           En raison de leur caractère très subjectif, les SMAS sont par-
tion de la biodisponibilité des isoprénoïdes (farnésyl-pyro-         fois mis en doute, évoquant un potentiel effet nocebo (effet
phosphate et géranyl-pyrophosphate) lesquels diminuent le            négatif non directement lié à la molécule). Dans une méta-
risque d’apoptose ainsi qu’une augmentation de l’expression          analyse ne comprenant que les études randomisées de > 1000
de l’atrogine-1, associée à l’atrophie musculaire.14                 patients suivis pendant > 1 an, les 125 000 patients sous sta-
                                                                     tines versus placebo ont eu des taux d’arrêt de traitement et
Les interactions médicamenteuses jouent un rôle important.           de myopathies similaires entre les deux groupes.19 Néan-
Certaines statines (simvastatine, atorvastatine, lovastatine)        moins, ces résultats ne doivent pas inciter le clinicien à bana-
sont métabolisées par le cytochrome 3A4 (CYP3A4), une voie           liser la symptomatologie rapportée par le patient. Un effet
métabolique empruntée par de nombreux médicaments et                 ­nocebo peut être suspecté en cas de localisation ou de symp-
donc source d’un plus grand risque d’effets indésirables,             tomatologie atypique, en l’absence d’anomalie biologique
­surtout en cas de polypharmacie. La rosuvastatine et la flu-         concomitante. Il faut toutefois aborder ce sujet avec tact, au
 vastatine étant métabolisées par le CYP2A9, elles seraient           risque de remettre en question la relation thérapeutique avec
 théoriquement moins à risque d’interactions médicamen-               les patients.
 teuses,15 ainsi que la pravastatine et la pitavastatine qui sont
 éliminées sans l’action des cytochromes ; cependant, toutes          La communication est cruciale, les patients étant assaillis par
 les statines ont été associées à des cas de rhabdomyolyse.           divers avis dans leur entourage, les médias et les réseaux
 Enfin, notons l’émergence d’aspects pharmacogénétiques,
 ­                                                                    ­sociaux. Une étude danoise de 675 000 patients sous statines
 notamment des polymorphismes des cytochromes précités.15              a analysé l’impact des nouvelles relayées par les médias sur
                                                                       les statines.20 En cas d’informations négatives, les auteurs ont
                                                                     noté un arrêt précoce du traitement (odds ratio (OR) : 1,09 ;
APERÇU DE LA LITTÉRATURE RÉCENTE                                     IC 95 % : 1,06‑1,12), ce qui n’était pas le cas lors d’informations
                                                                     à caractère positif (OR : 0,92 ; IC 95 % : 0,90‑0,93). Les auteurs
Longtemps ignorés, plusieurs études ont récemment exploré            relèvent également que le nombre d’articles par année sur les
les effets secondaires associés aux statines, dont les SMAS.         statines dans les médias danois a plus que décuplé en 15 ans,
Dans un collectif de 110 000 patients,4 les symptômes étaient        passant de 30 par an en 1995 à 400 par an en 2009. Une autre
très variables avec environ 5 % de myalgies ou myopathies,           étude récente en Grande-Bretagne21 a montré que chaque
mais seulement 0,9 % d’élévation des CK et 0,006 % de rhab-          parution controversée dans la presse (médicale et grand
                                                                     ­
domyolyse. Les autres causes principales d’arrêt étaient mus-        ­public) sur les risques et bénéfices des statines était suivie
culosquelettiques (spasmes musculaires, arthralgies, 2,5 %),          d’une augmentation transitoire de l’arrêt des statines, qu’elles
générales (asthénie, douleurs, 2,3 %), hépatobiliaires (2,1 %)        soient prescrites en prévention primaire ou secondaire.
ou gastro-intestinales (1,6 %). Cependant, la grande majorité
des patients (> 90 %) ayant eu un effet indésirable avec une
statine ont pu en tolérer une autre par la suite.4                   ALTERNATIVES THÉRAPEUTIQUES
En cas d’intolérance menant à l’arrêt complet des hypolipé-          Coenzyme Q10 (CoQ10 ou Q10)
miants, le risque d’événement CV est augmenté.11 Il est donc         La réduction en CoQ10 a été proposée comme possible méca-
nécessaire de bien informer les patients des potentiels effets       nisme dans le développement des SMAS (voir ci-dessus). Elle
indésirables et surtout de l’attitude à adopter. En effet, la        existe sur le marché sous différentes formes galéniques pour
­statine incriminée ne doit pas forcément être complètement          la substitution, mais aucun effet bénéfique n’a été trouvé dans
 arrêtée : le dosage peut être diminué ou la prise se faire de       une récente méta-analyse.22 De plus, ce traitement n’est pas
 ­façon intermittente sur une courte période. Une étude rétro­       pris en charge par les caisses maladie et son prix peut avoisi-
  spective de 1 600 patients a montré que la prise intermittente     ner une centaine de francs par mois.

                                                                     WWW.REVMED.CH
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PRÉVENTION
                                                                                                                        CARDIOVASCULAIRE

Vitamine D                                                              PROPOSITION DE PRISE EN CHARGE
 Un déficit en vitamine D pouvant induire des myalgies                  En cas de SMAS, il est nécessaire d’effectuer une anamnèse
 ­aspécifiques, plusieurs études se sont penchées sur l’éven-           détaillée (chronologie des symptômes par rapport à l’intro-
  tuel lien avec les SMAS avec des résultats contradictoires.           duction et l’arrêt de(s) statine(s), historique des posologies,
  Certaines études ont montré que la plupart de ces patients            caractéristiques des douleurs, impact dans la vie quoti-
  avaient des taux de vitamine D abaissés,23 alors que d’autres         dienne…) et un examen clinique ciblé. Un bilan biologique est
n’ont pas montré de lien entre déficit en vitamine D et                 nécessaire, afin d’évaluer la fonction rénale et hépatique, les
SMAS.24 De ce fait, en l’absence de comorbidité avec une                CK et la TSH. La vitamine D peut également être mesurée au
­indication validée (rénale, osseuse, malabsorption…), nous             cas par cas.
 ne proposons pas de mesurer, ni de substituer la vitamine D
 de routine.                                                            En l’absence de diagnostic différentiel mis en évidence avec
                                                                        une intolérance à la statine prescrite, différentes alternatives
Levure de riz rouge (Monascus purpureus)                                thérapeutiques se présentent. Il est possible de diminuer la
                                                                        dose, de prendre le traitement de manière intermittente (un
Il n’est pas rare que les patients sollicitent l’avis des prati-        jour sur deux ou deux fois par semaine) sur une courte
ciens quant à l’utilisation de la levure de riz rouge, considé-         ­période (pas de bénéfice CV démontré à long terme) ou de
rée comme un « produit naturel ». En effet, cette levure a               changer de molécule. En prévention primaire, il est aussi
montré une baisse de 20‑30 % du LDL-cholestérol à court                  ­possible de proposer une fenêtre thérapeutique durant deux à
terme,25 dû à la présence de monacoline K, similaire à la                 six semaines, afin que les symptômes récupèrent et que le
 lovastatine, une des anciennes statines. Ce produit est
 ­                                                                        ­patient puisse distinguer d’éventuels nouveaux symptômes
 ­associé aux mêmes effets indésirables que les statines. De               lors d’un futur essai avec une autre statine. En cas de rhabdo-
  plus, il n’est plus disponible en Suisse depuis 2014, notam-             myolyse, ou en cas de CK supérieures à 5 fois la limite supé-
ment en raison du risque de néphrotoxicité due à des                       rieure de la norme, le traitement devrait être stoppé jusqu’à
­contaminants et de la variabilité de sa concentration et de               normalisation des CK. L’apparition d’un déficit moteur avec
 ses effets.                                                               limitation à la montée ou descente des escaliers devrait faire
                                                                           rechercher les auto-anticorps anti-HMG-CoA-réductase asso­
Chélateurs des acides biliaires, niacine et fibrates                       ciés aux myopathies nécrosantes auto-immunes. L’exposition

Les deux premières classes de molécules n’étant quasiment                                            Proposition d’algorithme de prise
plus utilisées dans notre pratique courante, et les fibrates                           FIG 1            en charge en cas de SMAS
­surtout en cas d’hypertriglycéridémie, nous n’aborderons pas
 ce sujet dans cet article.                                                                    Symptômes musculaires associés aux statines

Ezétimibe                                                                                      Anamnèse, examen clinique, bilan biologique
                                                                                                  (créatinine, tests hépatiques, CK, TSH)
L’ézétimibe est souvent utilisé en adjonction aux statines,
avec une baisse attendue du LDL-cholestérol d’environ 24 %
en association avec la simvastatine.26 En monothérapie, cette                 CK normales ou < 5 x la norme           CK > 5 x la norme ± rhabdomyolyse
baisse est plus modérée (diminution de 18,5 %),27 mais le bé-
néfice CV n’est pas démontré en monothérapie. La fréquence
et le type d’effets indésirables dus à ce traitement ne sont pas            Essai avec une posologie réduite
clairement documentés.                                                                                               Arrêt de la statine incriminée jusqu’à
                                                                                                                    normalisation des CK et des symptômes
                                                                                Persistance de symptômes
Inhibiteurs de la PCSK9
                                                                                               Essai avec une nouvelle statine à dose réduite
Les inhibiteurs de la proprotéine convertase subtilisine/                                       (ou jours alternés pour une courte période)
kexine de type 9 (PCSK9), évolocumab et alirocumab,28 sont
une nouvelle classe de molécules ayant montré une baisse
­importante du profil lipidique. Ces nouveaux traitements ont                échec ? Majoration progressive de la dose de la nouvelle statine
                                                                                        jusqu’à la dose maximale tolérée pour atteindre
 été évoqués comme alternative pour les patients avec intolé-                                       la cible de LDL-cholestérol
rance à de multiples statines, car ils seraient moins associés
avec les myalgies.29 Néanmoins, au vu de l’absence de données
                                                                             échec ?               Ajout de l’ézétimibe 10 mg si la cible
 sur la prévention des événements CV avec des inhibiteurs de
                                                                                                   de LDL-cholestérol n’est pas atteinte
 la PCSK9 sans statine et de leur coût très élevé (CHF 7000.-
 par an en Suisse), la charge pour le système de santé d’une
 prescription trop large est actuellement très controversé.30                   Si intolérance à 2, voire 3 statines et cible de LDL-cholestérol toujours
Toute prescription doit être faite par un médecin spécialisé                             pas atteinte “ référer à une consultation spécialisée,
avec une demande de prise en charge auprès de l’assurance                                  par exemple pour discuter d’inhibiteur de la PCSK9
maladie, que ce soit en prévention primaire ou secondaire, ou
en cas d’une hypercholestérolémie familiale, comme détaillé             (Adaptée des recommandations des experts de l’European Atherosclerosis Society7
dans une revue récente.31                                               et de notre pratique clinique en consultation spécialisée).

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REVUE MÉDICALE SUISSE

     aux statines reste un facteur causal majeur de myopathie                               dations actuelles de prise en charge. S’il faut remettre en
     ­nécrosante auto-immune. Le simple arrêt de la prise des                               question le traitement, différentes stratégies thérapeutiques
      ­statines ne suffit généralement pas pour enrayer la maladie et                       existent, menant parfois à l’arrêt provisoire des statines.
       le recours à un traitement immunosuppresseur est presque                             Néanmoins, en changeant de posologie, de s­ ubstance active
       toujours nécessaire, nécessitant la collaboration avec un neu-                       ou transitoirement de fréquence de prise du traitement, il est
       rologue. En cas d’atteinte rénale et/ou hépatique sévère, une                        presque toujours possible de trouver une statine tolérée par
       prise en charge spécialisée conjointe avec les néphrologues et                       le patient.
       hépatologues est nécessaire.
                                                                                            Pour les traitements adjuvants, il n’y a actuellement pas de
     Après amélioration des résultats et des symptômes, si le pa-                           preuves scientifiques pour proposer une supplémentation en
     tient accepte la démarche, un essai thérapeutique peut se                              CoQ10 ou vitamine D. L’ézétimibe peut être ajouté à la statine
     faire avec une statine différente à la plus petite dose. Selon la                      dans le but d’atteindre la cible de LDL-cholestérol en pré­
     littérature, il serait possible de trouver une statine à dose                          vention secondaire souhaitée sans devoir majorer de façon
     ­tolérable pour presque tous les patients, avec prise intermit-                        marquée la posologie de la statine. Enfin, il est surtout très
      tente du traitement à court terme, parfois même d’une à                               important d’informer le patient de manière ouverte concer-
      deux fois par semaine.7,16 En effet, une statine prise même à                         nant les différents effets indésirables et de partager les diffé-
     dose réduite est toujours meilleure que l’absence de statine                           rentes étapes de la démarche thérapeutique.
     chez des patients à (très) haut risque CV. De ce fait, il est
     également important d’expliquer et d’anticiper les potentiels
     effets indésirables avec le patient, avec une approche ouverte,
     en lui précisant qu’il existe plusieurs solutions si une intolé-
                                                                                            Conflit d’intérêts : Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation
      rance devait réapparaître. La figure 1 résume les proposi-                            avec cet article.
      tions discutées ci-dessus, basées sur les recommandations
      des experts de l’European Atherosclerosis Society,7 ainsi que
      notre pratique courante.
                                                                                                IMPLICATIONS PRATIQUES

                                                                                                  Les symptômes musculaires associés aux statines (SMAS) sont
     CONCLUSION                                                                                fréquemment rencontrés dans la pratique médicale ambulatoire
     L’augmentation des SMAS va de pair avec celle de la prescrip-                                Ces symptômes sont responsables d’un coût supplémentaire et
     tion des statines, toujours dans l’optique d’obtenir un meilleur                          surtout d’un risque cardiovasculaire augmenté en cas d’arrêt du
     contrôle du LDL-cholestérol et de limiter les complications                               traitement
     CV. La prise en charge de cette symptomato­logie fréquente                                  Il n’y a actuellement pas de thérapie adjuvante reconnue pour
     représente un réel défi dans la pratique courante, en raison de                           diminuer les symptômes musculaires
     l’hétérogénéité des plaintes. Celles-ci peu­vent également être
     influencées par des perceptions ­personnelles ou relayées par                                Plusieurs stratégies thérapeutiques permettent d’éviter l’arrêt
     d’autres. De ce fait, le praticien devrait être a­ ttentif à la repré-                    définitif de statine : soit la réduction de la posologie, une prise
                                                                                               intermittente transitoire ou la rotation vers une autre statine
     sentation des statines qu’a le patient, ainsi que les recomman-

1 Ford I, Murray H, McCowan C, Packard         Adherence to cardiovascular therapy: a       12 van Diemen MPJ, Berends CL, Akram            18 Serban MC, Colantonio LD, Manthri-
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                                                                                            WWW.REVMED.CH
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PRÉVENTION
                                                                                                                                                       CARDIOVASCULAIRE

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                                                                                                                                                                                                     s le
                                                                                                                                                                                       Résultat
                                                                                                                                                                                          18
                                                                                                                                                                                  10.03.20

                                                                                                         L’étude ODYSSEY-OUTCOMES
                                                                                                         est la plus longue étude avec
                                                                                                         critère d’évaluation cardiovascu-
                                                                                                         laire d’un inhibiteur de PCSK9
                                                                                                         et examine plus de 18 000 patients
                                                                                                         à haut risque en ce qui concerne
                                                                                                         la réduction des événements cardio-
                                                                                                         vasculaires.

Praluent®. PA : alirocumab. I : en complément d‘un régime alimentaire et d‘une statine à la dose maximale tolérée +/- autre traitement hypolipémiant chez l‘adulte présentant une hypercho-
lestérolémie hétérozygote familiale sévère ou une maladie cardiovasculaire athérosclérotique cliniquement manifeste. P : dose initiale recommandée 75 mg, dose maximale 150 mg, injection s.c.
1x toutes les 2 semaines. CI : hypersensibilité au principe actif ou à l‘un des excipients. MP : réactions allergiques générales, y compris le prurit, l‘hypersensibilité, l‘eczéma nummulaire, l‘urticaire
et la vascularite d‘hypersensibilité ; en cas de réactions allergiques graves arrêter le traitement. IA : pas d‘effet pharmacocinétique sur d‘autres médicaments. Pas d‘influence sur l‘efficacité par
des thérapies qui accroissent PCSK9 (comme les statines et autres hypolipémiants). EI : réactions au site d‘injection, symptômes des voies aériennes supérieures, myalgie, douleurs musculos-
quelettiques, prurit, diarrhée, infection des voies urinaires. Pr : emballage d‘un mois WWW.REVMED.CH
                                                                                            avec 2 stylos pré-remplis à 75 ou 150 mg. Cat.rem. : B*. Tit.AMM : sanofi-aventis (suisse) sa, 1214 Vernier/
                                                                                                              469
                                                                                                                                                                                                              1008376

GE. MàJ : juin 2017 (SACH.ALI.17.07.0418). Pour de plus amples informations, voir l’information
                                                                                        28 février 2018 destinée aux professionnels sous www.swissmedicinfo.ch.
sanofi-aventis (suisse) sa, 3, route de Montfleury, C. P. 777, CH-1214 Vernier, Tel: +41 (0)58 440 21 00, Fax: +41 (0)58 440 31 00                                                    SACH.ALI.18.01.0035
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