COVID-19 - Ce que nous savons jusqu'à présent sur l'infection et la transmission asymptomatiques - Public Health ...

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SYNOPSIS
Le 22 mai 2020

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent
sur… l’infection et la transmission
asymptomatiques
Introduction
Santé publique Ontario (SPO) surveille, examine et évalue activement l’information pertinente sur la
maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). La série de documents « Ce que nous savons jusqu’à présent
sur… » offre une revue rapide des données sur un aspect précis de la maladie ou un enjeu émergent lié.

Sa rédaction repose sur une recherche systématique de la littérature publiée ainsi que de la littérature
scientifique grise (ex. : ProMED, CIDRAP, rapports de situation Johns Hopkins) et des rapports dans les
médias, au besoin. Les résultats pertinents sont examinés, et des données sont extraites aux fins de
synthèse. Tous les documents de la série sont revus avant leur publication par des experts de SPO.

Comme la pandémie de COVID-19 continue d’évoluer et que les données probantes se multiplient
rapidement, les renseignements contenus dans ces documents sont à jour jusqu’à la date de publication
seulement.

Éléments clés
Le présent document résume les données probantes sur l’infection et la transmission asymptomatiques
du SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la COVID-19. Aux fins de clarté, le terme « COVID-19 » servira à
désigner à la fois le virus et la maladie.

Infection asymptomatique

       Les données indiquent clairement que l’infection asymptomatique à la COVID-19 est possible.
        La proportion de cas asymptomatiques confirmés en laboratoire peut varier selon le groupe
        d’âge, le milieu d’étude et la méthodologie employée : elle a été estimée à 8,2 % chez des
        nourrissons de moins de un an1, à 18,2 % chez des participants à une réunion et leurs contacts2,
        à 36,7 % chez des voyageurs3, à 43,2 % dans une municipalité4, et à 87,8 % dans un refuge pour
        sans-abris5 (voir « Infection asymptomatique »). La méthode de dépistage des cas
        asymptomatiques (dépistage de masse ou chez les contacts) et la durée du suivi confirmant
        l’absence prolongée de symptômes pourraient également influencer cette proportion.

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques          1
Transmission asymptomatique

      Des données épidémiologiques et virologiques limitées indiquent que les personnes
       asymptomatiques (qui ne présentent et ne présenteront aucun symptôme) peuvent transmettre
       la maladie. Toutefois, un plus fort volume de données – et des conclusions tirées de la
       modélisation et des analyses statistiques – indiquent que la transmission chez les patients
       présymptomatiques (durant la période d’incubation) est possible. Des investigations
       épidémiologiques et des données virologiques, en particulier, semblent indiquer que la
       transmission pourrait survenir jusqu’à six jours avant le début des symptômes (possiblement
       plus tôt), même si on ne peut écarter d’autres sources d’infection non connues. Selon d’autres
       études, l’intervalle sériel (temps écoulé entre l’apparition des symptômes chez un cas et chez la
       personne infectée par ce cas) serait inférieur à la période d’incubation, ce qui semble indiquer
       une transmission présymptomatique (voir « Modélisation et analyses statistiques »).

Contexte
On parle d’infection asymptomatique lorsqu’une personne infectée ne présente aucun symptôme, et de
transmission asymptomatique lorsque cette personne transmet le virus à une autre. Cela peut se faire
de deux façons :

   1. Transmission en l’absence de symptômes – la personne infectée ne présente (et ne présentera)
      aucun symptôme, mais est tout de même contagieuse.

   2. Transmission durant la période d’incubation, soit avant l’apparition des symptômes.

Infection asymptomatique
Des cas d’infection asymptomatique ont été répertoriés dans des études sur la recherche des contacts,
des enquêtes épidémiologiques et des données de surveillance L’infection à la COVID-19 peut survenir
dans tous les groupes d’âge (en proportions différentes des cas confirmés dans différents milieux).
Plusieurs études ont montré qu’une proportion non négligeable des patients atteints de la COVID-19
étaient toujours asymptomatiques à la fin de leur période d’isolement.

Infection asymptomatique selon le milieu
La section suivante détaille les proportions de cas de COVID-19 asymptomatiques repérés lors de la
recherche de contacts, d’enquêtes épidémiologiques et d’activités de surveillance dans divers milieux.

MILIEUX DE SOINS
Certaines études font état du taux d’infection asymptomatique après une période d’isolement :

      La totalité des 138 cas détectés à Brunei du 5 mars au 24 avril 2020 ont été hospitalisés et suivis
       jusqu’à l’élimination du virus; 42 (30 %) étaient présymptomatiques au moment du diagnostic
       (ils ont donc présenté des symptômes plus tard), et 16 (12 %) sont restés asymptomatiques
       jusqu’à l’élimination du virus3.

      13 (57 %) des 23 cas repérés lors d’un dépistage de prévalence mené durant une éclosion de
       COVID-19 chez les résidents d’un établissement de soins infirmiers spécialisés de longue durée à

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Washington (États-Unis) étaient asymptomatiques; seuls 3 d’entre eux (13 %) l’étaient encore
       lors du deuxième dépistage, une semaine plus tard6.

      14 (74 %) des 19 cas repérés durant une éclosion lors de dépistages de prévalence à points
       multiples chez les résidents et 4 (50 %) des 8 cas repérés chez le personnel d’un établissement
       de soins spécialisés de longue durée en Californie (États-Unis) étaient asymptomatiques; 6 des
       19 résidents (31,6 %) le sont restés après au moins 17 jours d’observation7.

      29 (87,9 %) des 33 femmes enceintes ayant obtenu un résultat positif au dépistage du SRAS-
       CoV-2 dans deux centres d’obstétrique à New York étaient asymptomatiques au moment de
       l’accouchement; 26 (78,8 %) le sont restées jusqu’à leur congé8. Un autre rapport, réalisé
       durant la semaine précédant et suivant la mise en œuvre du dépistage universel dans ces deux
       centres, indique que 14 (32,6 %) des 43 femmes enceintes atteintes du SRAS-CoV-2 (12 cas
       déterminés par dépistage, et 2 en raison de l’apparition subséquente de symptômes) étaient
       asymptomatiques à leur admission; 4 (9,3 %) le sont restées durant toute la
       période postpartum9.

      28 (21,4 %) des 131 cas confirmés de COVID-19 chez les patients sous hémodialyse de
       65 centres à Wuhan (Chine) sont restés asymptomatiques tout au long de l’infection10.

      30 (3 %) des 1 012 personnes admises du 7 au 12 février dans un hôpital de fortune pour les
       patients non gravement malades atteints de la COVID-19 à Wuhan (Chine) étaient
       asymptomatiques à leur arrivée; 14 (1,4 %) le sont restés après une durée médiane de 24 jours
       suivant l’exposition (écart interquartile [EI] : 22-27)11.

      9 (29,0 %) des 31 patients asymptomatiques admis dans un hôpital de Guangzhou (Chine) le
       sont restés tout au long de leur hospitalisation12. La charge virale était plus élevée chez les
       personnes qui ont présenté des symptômes par la suite que chez celles qui sont restées
       asymptomatiques12.

      13 (4,0 %) des 328 patients admis dans un centre de santé publique de Shanghai (Chine) étaient
       asymptomatiques; 10 (3,0 %) le sont restés de 5 à 21 jours après leur arrivée. Il convient
       toutefois de noter que tous, sauf un, présentaient des anomalies radiologiques à la
       tomodensitométrie pulmonaire13.

      13 (18,3 %) des 71 patients admis dans un hôpital de la Corée du Sud étaient asymptomatiques
       à leur arrivée; 10 (14,1 %) le sont restés durant toute la période de quarantaine, et les trois
       autres ont présenté des symptômes dans les deux jours suivant leur admission14.

MILIEUX D’HÉBERGEMENT COLLECTIF
On a constaté une forte prévalence des cas asymptomatiques au moment du dépistage dans certains
milieux collectifs :

      Les cas asymptomatiques constituaient 87,8 % des 147 cas de COVID-19 dépistés chez les
       adultes hébergés dans un refuge pour sans-abri à Boston5.

      Ils constituaient plus de 350 (57 %) des 615 cas dépistés sur le porte-avions
       Theodore Roosevelt15.

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques        3
   3 des 4 cas dépistés chez les résidents d’une collectivité pour aînés autonomes et semi-
        autonomes de Seattle (Washington) ont indiqué bien se sentir dans les 14 jours précédant le
        dépistage, et dans les 14 à 21 jours suivants16.

       Les cas asymptomatiques constituaient 410 (58,9 %) des 696 cas confirmés à bord du paquebot
        de croisière Diamond Princess17. À l’aide d’un modèle statistique permettant de tenir compte de
        l’apparition future des symptômes, Mizumoto et ses collaborateurs ont estimé la proportion
        réelle de cas asymptomatiques à 17,9 % (intervalle de crédibilité à 95 % : 15,5 % à 20,2 %).

ÉTABLISSEMENTS COMMERCIAUX
Deux rapports d’éclosion ont fait état de cas qui sont restés asymptomatiques durant toute la période
de suivi :

       4 (4,1 %) des 97 cas confirmés dans un centre d’appel à Séoul étaient présymptomatiques, et
        4 (4,1 %) autres cas sont restés asymptomatiques durant une période d’isolement de
        14 jours19.

       2 (17 %) des 12 participants infectés ayant assisté à une réunion à Munich (Allemagne) sont
        restés asymptomatiques après des semaines de suivi2.

COLLECTIVITÉ
Plusieurs rapports de surveillance régionale et nationale attestent de la présence de cas
asymptomatiques dans la collectivité :

       Selon un rapport de surveillance nationale du Centre chinois de contrôle et de prévention des
        maladies, 899 (2 %) des 45 561 cas confirmés en laboratoire en date du 11 février étaient
        asymptomatiques au moment du dépistage20.

       94 (12,9 %) des 728 cas (chez des enfants) confirmés en laboratoire rapportés au Centre chinois
        de contrôle et de prévention des maladies du 16 janvier au 8 février 2020 étaient
        asymptomatiques, dans une proportion de 8,2 % chez les enfants de moins de 1 an (7 sur 85) et
        de 17,6 % chez les 6 à 10 ans (30 sur 170) 1.

       La surveillance intégrée de la COVID-19 en Italie indique que 28,6 % des 33 189 cas appuyés par
        des données cliniques étaient asymptomatiques en date du 20 mai21.

       Les données de surveillance régionale recueillies en une journée en Lombardie (Italie) indiquent
        que 17 (4,5 %) des 380 cas recensés étaient asymptomatiques22.

       35 (43,2 %) des 81 cas recensés par un dépistage de prévalence à deux points réalisé sur tous les
        habitants de la municipalité de Vò (Italie) étaient asymptomatiques au moment du dépistage4.

       30 (26,8 %) des 112 cas recensés dans le cadre d’une éclosion chez des participants à des cours
        de danse cardio en Corée du Sud étaient asymptomatiques au moment du dépistage23.

Des études font également état de cas d’infection communautaire restés asymptomatiques après un
certain temps :

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques         4
   50 (4,9 %) des 1 015 cas confirmés (41 adultes et 9 enfants) à Huangshi (Chine) sont restés
       asymptomatiques pendant une période d’isolement d’au moins 14 jours, selon les données
       publiques du comité de santé provincial du Hubei disponibles le 27 mars 202024.

      5 (10,4 %) des 48 cas recensés chez les contacts rapprochés de personnes infectées à Zhuhai
       (Chine) sont restés asymptomatiques durant un suivi de 21 jours25.

      R. Wan et coll. ont décrit le cas de deux contacts rapprochés de patients confirmés. Le premier
       contact, infecté au travail, a été diagnostiqué 16 jours plus tard par RT-PCR. Il est resté
       asymptomatique jusqu’à la fin de la période d’isolement, 25 jours après l’exposition; deux
       radiographies pulmonaires effectuées durant cette période ont renvoyé un résultat négatif. Le
       deuxième cas, fils adulte d’un patient atteint de la COVID-19, a été isolé le jour suivant le
       diagnostic de son père, et est resté asymptomatique durant ses 26 jours d’isolement. Deux
       radiographies pulmonaires effectuées durant cette période ont également renvoyé un
       résultat négatif26.

VOYAGEURS
Quelques pays ayant testé les voyageurs et passagers rapatriés de zones à haut risque pour la COVID-19
ont également signalé des cas d’infection asymptomatique :

      40 (5,1 %) des 783 passagers rapatriés en Grèce du 20 au 25 mars 2020 ayant obtenu un résultat
       positif au dépistage de la COVID-19 ont mentionné n’éprouver aucun symptôme général ni
       respiratoire27.

      2 (1,8 %) des 114 passagers rapatriés en Allemagne le 1er février étaient asymptomatiques, et
       étaient restés afébriles sept jours après leur diagnostic, même si l’un d’entre eux a développé
       une éruption cutanée peu visible et une pharyngite bénigne28.

      Sur les 30 arrivants à Brunei ayant obtenu un résultat positif au dépistage de la COVID-19 entre
       le 21 mars et le 24 avril, 11 (36,7 %) étaient présymptomatiques, et 3 (10 %), asymptomatiques3.

      Sur 6 voyageurs et 6 cas secondaires au Vietnam (12 au total), 1 (8,3 %) est resté
       asymptomatique, mais de l’ARN viral a été détecté par RT-PCR durant les 9 jours de suivi29.

Imagerie pulmonaire anormale
L’imagerie pulmonaire des patients asymptomatiques atteints de la COVID-19 peut révéler des
anomalies.

      Z. Hu et coll. ont indiqué que les radiographies pulmonaires de 12 des 19 adultes et enfants
       asymptomatiques étudiés présentaient des anomalies30.

      J. F. Chan et coll. ont décrit les anomalies observées sur la radiographie pulmonaire d’un enfant
       de 10 ans asymptomatique31.

      Y. Wang et coll. ont remarqué que les radiographies pulmonaires de 37 des 55 cas
       asymptomatiques à leur admission présentaient des signes de pneumonie. Il convient de noter
       que la totalité des 55 cas ont développé des symptômes durant leur hospitalisation : ils étaient
       légers chez 14 patients, modérés chez 39 patients et graves chez 2 patients32.

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques          5
   X. Zhou et coll. ont indiqué que 9 des 10 patients asymptomatiques hospitalisés dans un centre
       de santé publique présentaient des signes de pneumonie selon les radiographies pulmonaires13.

      R. Zhou et coll. ont observé des anomalies bilatérales typiques de la pneumonie dans les
       radiographies pulmonaires de 4 des 9 patients restés asymptomatiques durant leur
       hospitalisation12.

      S. Inui et coll. ont indiqué que les radiographies pulmonaires de 41 (54 %) des 76 passagers
       asymptomatiques du Diamond Princess présentaient des anomalies indicatrices de
       pneumonie33.

Transmission asymptomatique
Il existe des preuves limitées que les personnes asymptomatiques (qui ne présentent et ne présenteront
aucun symptôme) peuvent transmettre la maladie, et des preuves plus abondantes qu’il y a
transmission chez les patients présymptomatiques (durant la période d’incubation).

Transmission chez les personnes restées asymptomatiques
Des investigations épidémiologiques et virologiques publiées indiquent que les personnes qui n’ont
jamais développé de symptômes après l’infection peuvent tout de même transmettre le virus.

DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES SUR LA TRANSMISSION ASYMPTOMATIQUE
Plusieurs auteurs ont cité des données épidémiologiques semblant indiquer une possibilité de
transmission par des patients asymptomatiques dans des foyers d’infection en Chine.

      J. Zhou et coll. ont relevé deux cas de transmission asymptomatique à ZhuZhou (Chine)34.

            Une femme de 37 ans a été isolée et placée en observation après son retour de Wuhan le
             22 janvier 2020. Seul son 5e prélèvement, fait le 15 février, contenait de l’ARN viral, et la
             patiente est restée asymptomatique jusqu’au 2 mars, date à laquelle elle a obtenu un
             résultat négatif au test diagnostique; ses radiographies pulmonaires sont également
             restées normales. Pourtant, son père a reçu un diagnostic de COVID-19 le 12 février, soit
             trois jours avant la détection d’ARN viral chez sa fille.

            Une patiente asymptomatique de retour de Wuhan semble avoir infecté son beau-père et
             sa belle-mère.

       Zhou et coll. ont conclu que les porteurs du SRAS-CoV-2 peuvent transmettre le virus avant
       même la détection d’ARN viral; ils n’ont toutefois pas étudié les autres sources d’infection
       potentielles ni la fiabilité du test effectué.

      J. Zhang et coll. ont mentionné le cas d’une famille de Beijing dont cinq membres ont été
       infectés. Le patient index était le seul du groupe à avoir séjourné à Wuhan; il est retourné à
       Beijing en janvier et a invité son neveu (H/32) à dîner le même jour. Le neveu est tombé malade
       trois jours plus tard et a obtenu un diagnostic deux jours après l’apparition des symptômes.
       Durant cette période, la femme du cas index (F/45) a présenté de la fièvre, et la famille a été
       informée qu’un de leurs proches à Wuhan avait la COVID-19. Elle s’est donc rendue à l’hôpital
       pour subir un dépistage. Résultat : le patient index et quatre membres de la famille (incluant le

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neveu et la femme) ont obtenu un résultat positif. Le cas index et un membre de la famille sont
       restés asymptomatiques jusqu’à la fin du mois de février, soit durant toute la période
       d’observation. Les radiographies pulmonaires du patient index ont révélé des nodules en verre
       dépoli, mais celles des autres membres asymptomatiques étaient normales. Les auteurs croient
       que le patient a transmis le virus à sa famille même s’il n’avait aucun symptôme. Toutefois,
       comme les détails des contacts des autres membres de la famille n’ont pas été précisés, on ne
       peut exclure la possibilité que l’infection vienne d’une autre source35.

      Une étude de Y. Bai et coll. a analysé le cas d’une personne ayant transmis la COVID-19 à cinq
       membres de sa famille, à Anyang. Elle a obtenu un résultat positif le 18e jour après son
       exposition présumée, après un résultat négatif le 16e, puis a obtenu deux résultats négatifs aux
       jours 26 et 29. Bien que les auteurs avancent que la patiente asymptomatique aurait infecté les
       membres de sa famille, ces derniers avaient également été à l’hôpital, qui pourrait être une
       autre source d’infection même si aucun cas de COVID-19 n’y avait été déclaré à ce moment36.

      Z. Hu et coll. ont étudié un cas asymptomatique qui semble avoir contracté la maladie dans la
       province du Hubei et l’avoir transmise à sa femme, à son fils et à sa belle-fille, qui vivaient avec
       lui à Nanjing. Les membres de la famille ont indiqué n’avoir été exposés à aucun autre cas de
       COVID-19 confirmé ou soupçonné, à leur connaissance30.

      E. Lavezzo et coll. ont étudié trois cas qui semblent avoir contracté la maladie de personnes
       asymptomatiques. Ces cas ont été recensés lors du deuxième dépistage de prévalence effectué
       à la fin d’un isolement de deux semaines dans la municipalité de Vò, en Italie. Le premier avait
       été exposé à quatre proches infectés qui ne présentaient aucun symptôme au moment du
       contact; le deuxième avait rencontré un cas asymptomatique avant la période d’isolement; et le
       troisième vivait dans le même appartement que deux proches asymptomatiques. Les auteurs
       notent que les patients asymptomatiques n’ont jamais présenté de symptômes durant
       l’isolement de deux semaines4.

DONNÉES VIROLOGIQUES SUR LA TRANSMISSION ASYMPTOMATIQUE
Diverses études ont rapporté des charges virales élevées (mesurées par RT-PCR en temps réel) chez des
personnes asymptomatiques :

      M. M. Arons et coll.37 ont mis en culture les échantillons positifs à la RT-PCR en temps réel en
       temps réel issus de deux études de prévalence menées dans un établissement de soins
       infirmiers spécialisés lors d’une enquête sur une éclosion, comme décrit par A. Kimball et coll.6
       ci-dessus. Une croissance virale a été observée pour 13 des 20 résidents symptomatiques, 17
       des 24 résidents présymptomatiques et 1 des 3 résidents asymptomatiques. Le virus viable a
       été isolé sur une période allant de six jours avant l’apparition des symptômes jusqu’à neuf
       jours après. Qui plus est, des charges élevées d’ARN viral ont été détectées dans tous les
       groupes, avec une valeur de cycle seuil médiane de 24,8 chez les personnes présentant des
       symptômes typiques, et de 23,1 chez les personnes asymptomatiques. Ces chiffres semblent
       indiquer qu’il pourrait y avoir une excrétion virale non négligeable chez les cas
       asymptomatiques. Aucune corrélation n’a été observée entre la valeur du cycle seuil et le temps
       écoulé depuis l’apparition des symptômes37.

      L. Zou et coll. ont noté que des personnes asymptomatiques avaient une charge virale
       semblable à celle des personnes symptomatiques, selon des écouvillonnages nasaux et de gorge
       de 17 patients symptomatiques38.

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques             7
   A. C. Roxby et coll. ont noté que, chez trois résidents généralement asymptomatiques (un a
        développé une faible toux) d’un centre pour personnes autonomes, la charge virale était très
        semblable à celle des malades hospitalisés16.

       K. Kam et coll. ont observé une charge virale élevée dans un échantillon nasopharyngien prélevé
        sur un bébé généralement bien portant. Les échantillons nasopharyngiens sont restés positifs
        16 jours, et un échantillon de selles était également positif39.

       S. Hoehl et coll. ont observé la présence du virus à l’origine de la COVID-19 dans une culture
        cellulaire d’échantillons prélevés dans la gorge de deux passagers rapatriés qui ont obtenu un
        résultat positif à la RT-PCR. L’un d’entre eux a développé une légère éruption cutanée et une
        pharyngite bénigne le jour après son dépistage, mais les deux sont restés bien portants et
        afébriles durant les sept jours suivant l’isolement à l’hôptital28.

       D. Cereda et coll. ont noté que les quantités médianes d’ARN viral dans les écouvillonnages
        nasaux de 295 cas obstétriques symptomatiques et de 17 cas obstétriques asymptomatiques ne
        présentaient aucune différence statistique : 5,0 log10 copies d’ARN par ml (écart : 1,7 à 10,1)
        contre 4,7 log10 copies par ml (écart : 2,1 à 7,1), (P = 0,51).

Transmission pendant la période d’incubation
Des données épidémiologiques et virologiques, ainsi que des inférences issues des travaux de
modélisation et d’analyse statistique, indiquent que la transmission du virus serait possible avant
l’apparition des symptômes.

DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES SUR LA TRANSMISSION PRÉSYMPTOMATIQUE
Plusieurs études décrivent des cas de transmission potentielle avant l’apparition des symptômes, c’est-
à-dire pendant la période d’incubation. Dans la plupart des cas, les sujets-contacts qui ont été infectés
n’ont signalé aucune autre source d’exposition connue à part un cas en période d’incubation ou au
stade symptomatique précoce.

       D. Hijnen et coll. ont rapporté une éclosion touchant au moins 11 des 13 personnes (une
        personne n’ayant pas subi de dépistage) de sept pays différents qui ont participé à une réunion
        de deux jours à Munich (Allemagne) en février, quand le pays comptait moins de 20 cas de
        COVID-19 diagnostiqués. Le cas index (un médecin qui aurait été infecté lorsqu’il a examiné un
        patient en Italie deux jours avant le début de la rencontre) n’a développé des symptômes
        qu’après son retour2.

       C. Rothe et coll. ont décrit une éclosion survenue en Allemagne après un rendez-vous d’affaires
        qui a eu lieu fin janvier40. M. M. Böhmer et coll. ont reconstitué le fil de la transmission en
        effectuant une analyse épidémiologique et un séquençage du génome entier pour 13 des 16 cas
        subséquents41. Le cas index était une résidente de Shanghai (en Chine), qui avait été en contact
        avec ses parents originaires de Wuhan avant de se rendre en Allemagne en janvier pour des
        raisons professionnelles. Il y a probablement eu transmission présymptomatique du patient 4
        (apparition des symptômes le 24 janvier) au patient 5, car le patient 5 n’a pas rencontré le cas
        index, mais il a rencontré le patient 4 le 22 janvier : tous deux étaient assis dos à dos à la
        cantine, et le patient 5 s’est tourné vers le patient 4 pour lui emprunter la salière. D’après
        M. M. Böhmer et coll., la transmission présymptomatique est fortement étayée par le

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques           8
séquençage du virus. Il pourrait en outre y avoir eu transmission de ce type dans au moins cinq
        autres cas41.

       S. Jang et coll. se sont penchés sur les résultats d’une surveillance active menée auprès d’un
        foyer de COVID-19 associé à des cours de danse cardio. Le 15 février 2020 à Cheonan, en Corée
        du Sud (à quelque 200 km de Daegu, parallèlement à l’émergence d’un foyer d’éclosion), a eu
        lieu un atelier de quatre heures auquel ont participé 27 instructeurs de conditionnement
        physique. Après la découverte à Cheonan de cas liés à des cours de danse cardio, l’atelier a fait
        l’objet d’une enquête. Résultat : 8 des 27 instructeurs avaient été infectés par le SRAS-CoV-2.
        Comme l’une des personnes venait de Daegu, on suppose que c’est elle qui est à l’origine de
        l’éclosion. Elle a développé des symptômes le 18 février 2020, soit trois jours après l’atelier23.

       Du 15 janvier au 18 mars 2020, H.-Y. Cheng et coll. ont mené une étude prospective sur les
        100 premiers cas confirmés à Taïwan et leurs 2 761 contacts étroits. Tous les contacts étroits ont
        été en quarantaine chez eux pendant 14 jours après leur dernière exposition au cas index et ont
        fait l’objet d’un dépistage dès l’apparition de symptômes typiques. Les contacts les plus
        vulnérables (membres du ménage ou contacts de l’hôpital) ont été testés systématiquement.
        Aucun cas clinique secondaire n’a été détecté parmi les 91 contacts étroits des 9 patients
        asymptomatiques. Cheng et coll. ont recensé 22 cas secondaires, dont 18 avaient des
        symptômes. Ils ont déterminé que le risque d’infection clinique secondaire chez les
        2 761 contacts étroits était de 0,7 % (intervalle de confiance [IC] de 95 % : 0,4 % à 10 %). Chez
        les 299 contacts ayant exclusivement eu une exposition présymptomatique au cas index, le
        taux d’attaque clinique secondaire était de 0,7 % (IC de 95 % : 0,2 % à 2,4 %). Les auteurs ont
        noté que, comme ils n’avaient pas identifié tous les contacts avant l’apparition des symptômes
        chez les cas index, le taux de transmission précoce pourrait être en réalité supérieur à celui
        indiqué42.

       W. E. Wei et coll. ont examiné les données cliniques et épidémiologiques des 243 cas survenus à
        Singapour pour déterminer s’il y avait potentiellement eu transmission présymptomatique. Sur
        ces 243 cas, 157 étaient des cas de transmission locale, dont 10 (6,4 %) étaient attribuables à
        une transmission présymptomatique dans sept foyers d’infection où aucune autre source
        d’infection potentielle n’a été décelée. D’après les auteurs, même si certaines infections
        auraient pu être causées par une source non connue, vu la très faible prévalence de la COVID-19
        pendant la période visée et les systèmes de surveillance rigoureux, la transmission
        présymptomatique est considérée comme le mode de transmission le plus probable. Les auteurs
        précisent par ailleurs que le biais de rappel concernant la date d’apparition des symptômes
        pourrait ajouter de l’incertitude à la durée de la période présymptomatique43.

Plusieurs auteurs ont aussi fait état de foyers d’infection en Chine où, d’après l’historique de
transmission, il semblerait y avoir eu transmission présymptomatique. Notons toutefois que comme le
virus circulait en Chine à cette époque, il est possible qu’il y ait eu une autre source d’infection non
connue en plus des cas recensés.

       Dans Y. Gao et coll., il est question d’un groupe de 15 personnes infectées à Wuxi avec quatre
        générations de transmission et six cas asymptomatique. À l’exception du cas index, aucun des
        15 cas n’avait d’antécédents d’exposition suspecte, à part le contact avec un ou plusieurs cas de
        la génération précédente. Dans ce groupe, on pense que l’infection s’est transmise d’une
        génération à l’autre avant l’apparition des symptômes dans la génération d’origine, comme
        suit : 2 à 7 jours avant l’apparition (de la 1re à la 2e génération), 6 à 7 jours avant l’apparition (de

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques              9
la 2e à la 3e génération) et 3 à 9 jours avant l’apparition (de la 3e à la 4e génération). D’après les
       auteurs, la 2e génération pourrait aussi avoir été infectée par d’autres sources lors de son
       passage au Japon. L’historique de transmission des autres générations étaie toutefois
       l’hypothèse d’une transmission présymptomatique44.

      S.-H. Luo et coll. font état d’un groupe de quatre adultes infectés à Anqing. D’après les données
       épidémiologiques, une de ces personnes aurait été infectée par son mari au stade
       présymptomatique. Ni la femme ni le mari ne s’étaient rendus dans la région de Wuhan ou
       n’avaient récemment été exposés à des animaux sauvages. En revanche, le mari a probablement
       été infecté par un proche qui était au stade symptomatique45.

      L. Huang et coll. signalent un foyer d’infection de huit personnes âgées de 16 à 23 ans à Hefei,
       foyer causé par un jeune homme de 22 ans qui revenait de Wuhan. Six cas secondaires ont été
       infectés après un contact de plusieurs heures avec le cas index un jour avant l’apparition des
       symptômes chez ce dernier. Un autre cas secondaire a probablement été exposé trois jours
       avant l’apparition des symptômes chez le cas index. Aucun des cas secondaires n’a visité Wuhan
       ou n’a été exposé à un marché de produits frais, à un animal sauvage ou à un établissement
       médical au cours des trois mois précédents46.

      C. Li et coll. décrivent une transmission dans un milieu familial et un hôpital à Xuzhou. On estime
       que le cas index a été infecté le 14 janvier 2020 lorsqu’il a attendu pendant six heures sa
       correspondance pour Xuzhou dans une gare ferroviaire de Wuhan, et qu’il a développé des
       symptômes le 19 janvier 2020. En s’occupant de son gendre à l’hôpital, il a interagi entre le 15 et
       le 18 janvier avec un autre patient et son fils (un à quatre jours avant l’apparition des
       symptômes chez le cas index), qui ont tous les deux été infectés. Le cas index a aussi infecté
       plusieurs membres de sa famille, avec qui il a été en contact avant et après l’apparition des
       symptômes. Il est possible qu’il y ait eu d’autres sources d’infection, surtout à l’hôpital, mais
       elles n’ont pas été mentionnées par les auteurs47.

      P. Li et coll. font état d’un foyer d’infection familial de quatre personnes à Zhoushan qui ont eu
       des contacts étroits avec un parent quatre à sept jours avant l’apparition des symptômes chez
       ce dernier. La famille n’aurait eu aucun contact avec des personnes autres que le cas index
       présentant de la fière ou des symptômes respiratoires à Wuhan ou dans un secteur marqué par
       une transmission persistante de COVID-19 dans les 14 jours précédant l’apparition de leurs
       symptômes, ni aucune exposition à des animaux sauvages ou à des volailles48.

      F. Ye et coll. décrivent un groupe de cinq personnes infectées dans deux familles de Luzhou. Les
       trois membres de la première famille se sont rendus le 22 janvier de Wuhan à Luzhou, où ils ont
       vu les deux membres de la deuxième famille entre le 23 et le 25 janvier, et le 30 janvier. La
       deuxième famille n’avait pas quitté Luzhou, et les seules personnes de Wuhan avec qui elle a été
       en contact étaient les membres de la première famille. Le premier et le dernier contact entre les
       deux familles ont respectivement eu lieu 13 et 6 jours avant l’apparition de symptômes chez le
       premier cas de la première famille, le 5 février. Les cinq personnes ont développé des
       symptômes; ceux du premier cas de la deuxième famille se sont manifestés le 1er février, soit
       quatre jours avant ceux de la première famille49.

      Dans P. Yu et coll., il est question d’un homme de 88 ans à Shanghai qui a développé des
       symptômes cinq jours après l’arrivée de deux visiteurs de Wuhan, qui pour leur part en ont
       développé subséquemment : la première manifestation de symptômes chez eux a eu lieu

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques 10
11 heures après celle de l’homme, ce qui porte à croire qu’au moins un des visiteurs aurait
        transmis l’infection pendant sa période d’incubation. En supposant que c’est le visiteur chez qui
        les symptômes sont apparus le plus tôt qui a transmis l’infection à l’homme, l’infection aurait
        pu survenir au plus tôt cinq jours avant l’apparition des symptômes chez le visiteur en
        question, d’après la date d’arrivée50.

       R. Huang et coll. décrivent le cas d’une patiente de la région de Wuhan qui a rendu visite à sa
        famille à Nanjing et qui n’a développé des symptômes que quatre jours après son départ de la
        ville. Elle a infecté six membres de sa famille : certains avec qui elle vivait, et certains avec qui
        elle a soupé une ou plusieurs fois, dont la veille de son départ. Deux personnes, qui semblent
        avoir été infectées à ce souper, ont soupé avec trois autres membres de leur famille le
        lendemain, soit trois jours avant l’apparition des symptômes chez la femme. Les trois membres
        ont ensuite développé des symptômes, et on a confirmé qu’ils avaient contracté la COVID-19.
        D’après ce cas, il pourrait y avoir transmission au moins cinq jours avant l’apparition des
        symptômes, et dès le jour qui suit l’exposition51.

       Z.-D. Tong et coll. relatent le cas d’une personne infectée de Wuhan qui a assisté à une
        conférence à Zhoushan trois jours avant l’apparition des symptômes. Deux collègues de
        Zhoushan, qui participaient aussi à la conférence, ont soupé avec la personne le lendemain (soit
        deux jours avant l’apparition des symptômes), en utilisant les mêmes assiettes de service.
        L’infection a par la suite été confirmée chez les deux collègues, ce qui porte à croire que le cas
        index a probablement infecté ses collègues au moins deux jours avant l’apparition de ses
        symptômes52.

DONNÉES VIROLOGIQUES SUR LA TRANSMISSION PRÉSYMPTOMATIQUE
En plus des études épidémiologiques selon lesquelles l’infection serait transmise par un patient au stade
présymptomatique de la COVID-19, nous avons trouvé un article où les auteurs ont détecté des virus de
COVID-19 viables dans des échantillons prélevés sur des patients avant l’apparition des symptômes, et
deux autres études où les chercheurs ont détecté, en recourant à la RT-PCR en temps réel, une charge
virale élevée chez des personnes présymptomatiques.

       M. M. Arons et coll. ont mis en culture les échantillons positifs à la RT-PCR en temps réel issus de
        deux études de prévalence menées dans un établissement de soins infirmiers spécialisés lors
        d’une enquête sur une éclosion (voir aussi la partie Données virologiques sur la transmission
        asymptomatique). Le virus viable a été isolé sur une période allant de six jours avant
        l’apparition des symptômes jusqu’à neuf jours après. Qui plus est, des charges élevées d’ARN
        viral ont été détectées dans tous les groupes, avec une valeur de cycle seuil médiane de 24,8
        chez les personnes présentant des symptômes typiques, et de 23,1 chez les personnes
        présymptomatiques. Ces chiffres semblent indiquer qu’il pourrait y avoir une excrétion virale
        non négligeable chez les cas présymptomatiques. Aucune corrélation n’a été observée entre la
        valeur du cycle seuil et le temps écoulé depuis l’apparition des symptômes37.

       S. E. Kim et coll. ont détecté une charge virale très élevée (valeur du cycle seuil < 20) dans des
        prélèvements faits sur deux patients présymptomatiques deux jours avant l’apparition des
        symptômes14.

       R. Zhou et coll. ont décelé une charge virale nettement plus élevée dans des prélèvements
        nasopharyngiens faits sur des patients présymptomatiques (valeur médiane du cycle seuil : 34,5

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques 11
[EI : 32,2 à 37,0]) que dans les échantillons prélevés sur des patients asymptomatiques (valeur
        médiane du cycle seuil : 39,0 [EI : 37,5 à 39,5])12.

MODÉLISATION ET ANALYSES STATISTIQUES
Nous avons trouvé une étude de modélisation selon laquelle l’infectiosité débuterait deux ou trois
jours (IC de 95 % : 0,8 à 3,0 jours) avant l’apparition des symptômes et atteint un pic à 0,7 jour (IC de
95 % : de 2,0 jours avant l’apparition des symptômes jusqu’à 0,2 jour après). En outre, plusieurs auteurs
ont comparé la période d’incubation de la COVID-19 à son intervalle sériel. L’intervalle sériel est le délai
entre l’apparition des symptômes chez un cas et l’apparition des symptômes chez le cas suivant. Si cet
intervalle est inférieur à la période d’incubation, c’est qu’il y a probablement eu transmission avant
l’apparition des symptômes.

       X. He et coll. ont analysé la charge d’ARN viral de 414 échantillons prélevés dans la gorge de
        94 patients, de l’apparition des symptômes jusqu’à 32 jours plus tard. D’après la RT-PCR, la
        charge virale observée a augmenté rapidement après l’apparition des symptômes, avant de
        décliner. Les auteurs ont ensuite recensé 77 paires de transmission à partir de sources
        internationales publiques. En se basant sur une période moyenne d’incubation de 5,2 jours, ils
        ont estimé que l’intervalle sériel médian était de 5,2 jours (IC de 95 % : 4,1 à 6,4 jours), et que
        cet intervalle était négatif dans 7,6 % des cas (quand il y a apparition de symptômes chez le cas
        secondaire avant le cas primaire). La proportion estimée de transmission présymptomatique
        était de 44 % (IC de 95 % : 25 à 69 %)53.

       À partir de 22 paires de transmission issues de 100 cas confirmés à Taïwan, H.-Y. Cheng et coll.
        ont estimé que la période médiane d’incubation était de 4,1 jours (intervalle de crédibilité de
        95 % : 0,4 à 15,8) et que l’intervalle sériel médian était de 4,1 jours (intervalle de crédibilité de
        95 % : 0,1 à 27,8)42.

       En analysant 18 paires de transmission issues d’articles publiés où figurait clairement la date
        d’apparition des symptômes, H. Nishiura et coll. ont estimé que l’intervalle sériel médian était
        de 4,6 jours (intervalle de crédibilité de 95 % : 3,5 à 5,9), un chiffre inférieur à la période
        moyenne d’incubation d’environ 5 jours, d’après d’autres sources publiées54.

       À partir de 16 cas dans quatre générations de transmission, M. M. Böhmer et coll. ont estimé
        que la période médiane d’incubation était de 4,0 jours (EI : 2,3 à 4,3) et que l’intervalle sériel
        médian était de 4,0 jours (EI : 3,0 à 5,0)41.

       En partant de l’hypothèse qu’il y avait une seule source d’infection par ménage, J. Wu et coll.
        ont analysé 48 cas secondaires issus de cas index de 35 ménages à Zhuhai (Chine) et ont estimé
        que la période médiane d’incubation était de 4,3 jours (IC de 95 % : 3,4 à 5,3) et que l’intervalle
        sériel médian était de 5,1 jours (IC de 95 % : 4,3 à 6,2)25.

       Chez un groupe de sept personnes (une adolescente et six jeunes adultes) infectées par un
        jeune homme de 22 ans à Hefei (Chine), L. Huang et coll. ont estimé que la période médiane
        d’incubation était de 2 jours (1 à 4) et que l’intervalle sériel médian était de 1 jour (0 à 4)46.

COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques 12
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COVID-19 – Ce que nous savons jusqu’à présent sur… l’infection et la transmission asymptomatiques 14
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