Ateliers d'écoute musicale - Musicosophia
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Ateliers d’écoute musicale Les samedis : de 14h15 à 18h à L’ATELIER DU VERBE 17 rue Gassendi Paris 14ème M° Denfert Rochereau/Raspail/Gaité 06 26 24 90 59 / 01 71 60 00 35 01 39 50 33 45 chez Marie-Antoinette MAUGEAIS, 17 Boulevard Saint Martin 75003 Paris, M° République et chez Georges Morer, , 46 rue de Lagny 75020 Paris, M° Nation Samedi 10 octobre 2020 (chez Marie-Antoinette), animé par Michel Poulain SEMINAIRE SAMEDI 7et DIMANCHE 8 novembre 2020 avec Gebhard von Gültlingen Samedi 21 novembre 2020 (chez Georges Morer), animé par Franco Salvini Samedi 28 novembre 2020 (à l’Atelier du Verbe), Franco Salvini Samedi 19 décembre 2020 (à l’Atelier du Verbe), Franco Salvini Samedi 23 janvier 2021 à l’Atelier du Verbe), Michel Poulain Samedi 20 février 2021 (à l’Atelier du Verbe), Michel Poulain Samedi 13 mars 2021 (à l’Atelier du Verbe), Michel Poulain Samedi 17 avril 2021 (à l’Atelier du Verbe), Michel Poulain Samedi 15 mai 2021 (à l’Atelier du Verbe), Michel Poulain Samedi 12 juin 2021 (à l’atelier du Verbe), Michel Poulain Des ateliers pour comprendre la musique classique grâce à l’étude de la structure d’une œuvre dans un langage accessible à tous et sous la forme d’une écoute attentive et réitérée. Les mélodies sont identifiées sous la forme de dessins. Les ateliers permettent de prendre conscience de la richesse et de la beauté des pièces abordées, d’appréhender la vie d’un compositeur et une œuvre d’une façon accessible, d’enrichir sa relation à la musique. Animateurs : Franco SALVINI et Michel POULAIN Participation 15 à 20 euros Gratuit la première séance de découverte Renseignements et inscriptions Georges Morer: 06 12 30 64 67 - email: georges.morer@gmail.com Franco Salvini Enseignant et psychopédagogue, il a étudié la psychologie à l’Université de Florence et il collabore à l’Institut de Psychosynthèse de cette ville et à celui de Paris. Il a étudié le piano et la composition et s’est voué à la recherche éducative et musicale en Italie, en Suisse, en Amérique, en Afrique, en France et en Allemagne. Il a été initié à la méthode de l’Écoute Musicale, il y a plusieurs années, par le musicologue George BALAN, fondateur de MUSICOSOPHIA, l’École Internationale de l’Auditeur en Allemagne. Michel Poulain Il a suivi la formation Musicosophia de trois ans en Allemagne ainsi que, durant de nombreuses années, des cours d’analyse musicale. Il est membre de deux associations musicales britanniques : l’ « English Music Festival » spécialisée dans la musique classique anglaise des années 1840 à nos jours, et la « Ralph Vaughan Williams Society » dont le président est le chef d’orchestre Sir Andrew Davis. Il a organisé en 2011, en collaboration avec la présidente de l’ « English Music Festival », un concert de musique anglaise en Seine et Marne. 1
Samedi 10 octobre 2020 (chez Mariantoinette) Gabriel Fauré (1845-1924) : un compositeur exigeant Second mouvement (Andantino) du Trio pour piano, violon et violoncelle opus 120 Version choisie : le Trio Hochelaga. Atma ACD 2 2355 - Animateur : Michel Poulain Le Requiem de Fauré constitue l’œuvre phare, emblématique du compositeur. D’autres pièces sont assez régulièrement entendues : l’Élégie pour violoncelle et piano, la Sicilienne (extrait de Pelléas et Mélisande) la Berceuse et la Romance pour violon. Si Gabriel Fauré s’est illustré dans plusieurs genres musicaux, il a surtout écrit des œuvres pour piano, des mélodies et plus généralement de la musique de chambre (sonates, trio, quatuor, quintette) Si l’on exclut les morceaux évoqués ci-dessus, relativement accessibles, Fauré est considéré comme étant un compositeur élitiste. A l’exact opposé des pièces à succès, « Fauré s’est montré ainsi le compositeur le plus exigeant qui soit, pour lui-même, pour l’auditeur. ( ) Fauré se refuse à toute facilité et conquiert peu à peu des territoires sonores inouïs où il n’est pas toujours aisé de le suivre». (Jacques Bonnaure) Le Trio pour piano, violon et violoncelle opus 120 est une œuvre tardive : le musicien est âgé de 77 ans et souffrait alors de diverses infirmités. Le mouvement lent (Andantino) que nous étudierons comporte une idée mélodique qui constitue « l’une des inspirations les plus émouvantes du musicien » Nous sommes alors en présence d’un « dialogue presque amoureux des instruments à cordes sur un lent battement d’accords au piano ». Fauré saura toutefois faire preuve de pudeur « face à ce moment de grande sensibilité qui visiblement l’embarrasse. (F.R.Tranchefort et J.M. Nectoux). 2
21 novembre 2020 (chez Georges Morer) William Byrd (1543-1623) Ave verum corpus – CD Decca 478 36 22 - Animateur : Franco Salvini Définir les origines de la musique anglaise est une tâche difficile, car nous ne disposons que d'une documentation basée sur des ressources rares, fragmentaires et sibyllines. Il est également impossible de définir une chronologie musicale anglaise avant le IXe siècle. Les sources que nous avons appartiennent à la musique sacrée. L'Angleterre manifeste son originalité par l'existence de modifications locales du rite romain, dont la plus célèbre est celle établie à Salisbury entre le XIIIème siècle et la Réforme : Le "rite de Sarum". De polyphonie profane, la première œuvre anglaise significative est "Super is icumen in" (1240), qui se présente sous la forme d'un canon. L’Angleterre est en guerre contre la France (La guerre de Cent Ans). Le premier musicien anglais de premier plan est John Dunstable (v. 1390-1453), dont l'influence a contribué à la grandeur et à la supériorité de la musique franco-flamande. Avant la Réforme nous avons un compositeur remarquable de la Renaissance sous le règne des Rois Henry VII et VIII, Robert Fayrfax (1464-1521). Fait suite John Taverner (c.1490- 1545). Sous l'influence de la Réforme, nous avons Thomas Tallis (c.1505-1585) avec sa production abondante et brillante. Nous devons avec Thomas Morley (vers 1557-1630) en grande partie la merveilleuse naissance du madrigal. William Byrd (1543-1623) couvre tout le royaume d'Elizabeth 1ère. Élève de Tallis, la vie de Byrd est celle d'un musicien de génie et d'un artiste exemplaire de son époque. Organiste et professeur, il remplit l’office de gentilhomme de la Chapelle Royale. Spirituellement engagé, il manifeste publiquement ses préférences pour le catholicisme. Sont attribuées à William Byrd plus de 500 œuvres. L'Ave verum est un motet de grande intimité. Il a composé de la musique de chambre, ayant l'intuition de la rendre en tant qu'entité et non comme un succédané profane de la musique d'église. John Dunstable Robert Fayrfax John Taverner Thomas Tallis Thomas Morley (v 1390-1453) (1464-1521) (c.1490-1545) (c.1505-1585) (vers 1557-1630). 3
28 novembre 2020 (à l’Atelier du Verbe) Henry Purcell (1659-1695) : un compositeur anglais. King Arthur, or the British Worthy (1691), Act 4 – Passacaglia (Livret de John Dryden), Choir of the Englisch Concert, The English Concert – Trevor PINNOCK- disque: Archiv Produktion 474 672-2 Collectors Edition. Animateur: Franco Salvini On dit que Purcell composa dès l’âge de 10 ans ; mais l’œuvre la plus précoce qui peut lui être attribuée est une ode pour l’anniversaire du roi, écrite en 1670, alors qu'il avait 11 ans. Il a appris son métier en suivant les traces de Tallis et Byrd, tout en suivant la mode franco-italienne en cours. Bien qu'il ait incorporé des éléments stylistiques italiens et français dans ses compositions, Purcell a développé une forme proprement anglaise de musique baroque. Musicien complet, il éclipse par la qualité et la variété de son œuvre tout ce que ses contemporains ont pu écrire dans les genres qu'il a abordés : opéra, musique de scène (Dido and Aeneas, Dioclesian, The Fairy Queen, The Indian Queen, King Arthur, Oedipus, Pausania, Don Quixote, cantates profanes (Hail ! bright Cecilia, Music for the funeral of Queen Mary) et religieuses (Te Deum and Jubilate, O God, the King of glory), musique pour clavier ou musique de chambre (Abdelazer Suite, Chacony en sol mineur, Fantasias. Or il est un aspect moins connu de l’oeuvre vocale de Purcell, mais qui n’en témoigne pas moins de son plaisir à jouer avec les mots et les doubles sens, c’est son répertoire dit de taverne, d’auberge : une cinquantaine de chansons à boire, patriotiques ou paillardes. On les appelle les catches, elles se chantent à une ou plusieurs voix, a cappella, et traitent de sujets aussi simples et sérieux que le vin, les beaux paysages ou les conquêtes galantes. La grande Passacaille de l'Acte IV du King Arthur ("How happy the lover") est un évident hommage à Lully. La musique est hypnotique et ensorcelante, mais contient aussi une menace de mort voilée. Respectant le mouvement dramatique, Purcell évite de donner l'impression d'un final grandiose ou d'un crescendo de l'action : le dernier chœur est bref et de pure forme comme si nymphes et sylvains étaient découragés lorsqu'ils comprennent qu'Arthur est d'une trempe plus dure. Il s'agit de l'un des mouvements les plus longs qu'ait écrits Purcell et l'équilibre entre l'inspiration purement musicale et la nécessité de faire avancer le récit est admirablement respecté. Il faudra attendre le xxe siècle avec Edward Elgar, Ralph Vaughan Williams et Benjamin Britten pour qu'un compositeur d'origine anglaise égale la renommée de Purcell. 4
Samedi 19 décembre 2020 (à l’Atelier du Verbe) George Friedrich (Halle 1685 - Londres 1759) Concerto Grosso in B minor Op.6 No. 12 HWV330 – Neues Bachisches Collegium Musicum Leipzig, Max Pommer, Disque : Brilliant-Classics 95050/6. Animateur : Franco Salvini Georg Friedrich Haendel (Händel) est un compositeur anglais d’origine allemande du 18ème siècle. George Friedrich Haendel n'était pas seulement un génie de la musique, c'était aussi un grand homme. Sa vie a été une vie pleine de succès et de gloire, favorisée par son extraordinaire talent, mais aussi gagnée par son engagement et son travail inlassable. "Nous savons que sa vie a été une vie pleine de détermination, qu'il a dû soutenir des batailles héroïques et incessantes" (Lang). Il a également subi quelques défaites, mais toujours transitoires, sachant réagir avec énergie et caractère face à l'adversité. Contrairement à sa vie publique, qui est très bien documentée, il y a peu d'informations sur sa vie privée : Haendel a toujours été une personne très réservée. Nous savons qu'il était très intelligent, instruit et qu'il avait une excellente culture (il connaissait au moins quatre langues : l'anglais, le français, l'italien, ainsi que l'allemand, bien sûr). Il avait une forte personnalité, anticonformiste, sincère, franc, indépendant, incapable de se plier à la servilité des courtisans. Même si les anecdotes le dépeignent en colérique - un jour, Haendel reprocha également au roi de se présenter en retard à l'un de ses concerts : George II a encaissé sans sourciller - et avec un caractère un peu maussade, tous les gens qui l'ont fréquenté ont commenté "son inclination naturelle à l'intelligence et au sens de l'humour" (Burney), son bon caractère et sa bonne volonté, qui étaient appréciés et appréciés dans tous les milieux, dans toutes les classes sociales, au palais comme à la cour, à l'église comme dans une simple famille bourgeoise. .. Il était également très sensible au sort des plus malheureux : il s'occupait de l'entretien de nombreux orphelins et était sensible aux problèmes des prisonniers, dont beaucoup ont obtenu leur liberté grâce à son engagement. En tant que compositeur, il a réussi à être un créateur brillant, prolifique et fascinant de toutes les formes musicales pratiquées à son époque : il nous a laissé un total de plus de 600 œuvres ; plus de 40 opéras pour le théâtre, 30 oratorios, sérénades et odes, près de 300 chants de chambre et musique sacrée, ainsi qu'un grand nombre de compositions instrumentales. Haendel est l'un des plus grands compositeurs de musique de scène, grâce à sa maîtrise exceptionnelle du style de l'opera seria italien et à l'originalité de ses oratorios anglais. Il s'est distingué par sa capacité innée à assimiler tous les langages musicaux pratiqués en son temps, comme l'affirme effectivement Romain Rolland : "Tout ce qu'il touche, Haendel le fait sien". Mais son art n'a jamais manqué d'originalité, enrichi comme il l'était par l'invention mélodique, l'exubérance et une extraordinaire liberté créative. Haendel atteint un tel degré de célébrité qu'il est honoré de son vivant, ce qui est unique parmi les compositeurs, avec une statue érigée en 1738 à Londres dans les jardins de Vauxhall et sa popularité ne décline pas après sa mort. Le concerto grosso, après son invention en Italie par Stradella, Grigori et Corelli à la fin du xvii siècle, s'est répandu en très peu de temps à travers toute l'Europe. Cette forme concertante, caractérisée par l'alternance entre concertino (premier et second violons, violoncelle) et tutti (ensemble instrumental plus important jouant le role de chœur) fut utilisée par Haendel pour la première fois en 1707 à Rome comme introduction au petit oratorio // trionfo del tempo e del disinganno. Pour la profondeur, le douzième concert n'a pas d'égal dans la collection. Elle commence par une Ouverture française inhabituelle, presque un récitatif instrumental expressif, plus que la pièce de cérémonie habituelle ; le rythme est fortement pointé, les intervalles sont "sauvages" (Burney) ; le pathos traditionnel intense est parsemé d'improvisations imaginatives. Suit un Allegro qui est une pièce de concert extraordinaire, débordante de santé, au même titre que l'Allegro final qui a un thème insolent, très ponctuel, gai et sautillant ; lorsque ce rythme marqué ne le satisfait plus, Haendel introduit également les triolets. Le premier Largo entre les deux mouvements rapides est comme un courant tranquille, avec des ondulations à peine perceptibles ; le second, au contraire, raconte une histoire tragique dans quelques bars. Le vrai chef-d'œuvre de Haendel en musique instrumentale, au point de les mettre parfois sur les mêmes sommets que les Concertos brandebourgeois de Bach, le musicien les écrivit intégralement en quatre semaines, du 29 septembre au 30 octobre 1739. 5
Samedi 23 janvier 2021 (à l’Atelier du Verbe) Edward Elgar (1857-1934) Les Variations sur un thème original « Enigma », opus 36. Animateur : Michel Poulain La musique britannique a fait l’objet d’une importante renaissance à partir des années 1870. Charles Hubert Hastings Parry (1848-1918) et Charles Villiers Stanford (1852-1924) en furent les premiers artisans. Edward Elgar fut toutefois le premier compositeur anglais de l’époque à acquérir une renommée internationale. Ses Variations Enigma pour orchestre, dont la création eut lieu le 18 juin 1899, lui permirent d’accéder du jour au lendemain à la célébrité. « Le titre de l’œuvre se justifie de deux façons, il y a deux « énigmes » : La première concerne le thème lui-même, fait de six mesures en sol mineur pour cordes seules (mettant l’accent sur les intervalles de tierces et de septième) suivies de quatre mesures en sol majeur puis d’une reprise du début (en sol mineur), le tout s’achevant par un accord en majeur. Ce thème est censé pouvoir servir de contrepoint à une mélodie très connus. Laquelle ? On a suggéré ‘God save the King’ et bien d’autres, mais sans trouver la solution ; et d’aucuns ont suggéré que l’énigme était Elgar lui-même. La seconde énigme, plus facile à résoudre mais qui a fait couler encore plus d’encre, concerne chacune des quatorze variations. Chaque variation est en effet dédiée, par des initiales ou par un pseudonyme, à un ami ou à un parent du compositeur, et l’œuvre, dans son ensemble l’est ‘à mes amis qui s’y trouvent portraiturés’. » Marc Vignal Tout au long des variations, Elgar dresse en effet des portraits d’auteurs et de poètes, de dignitaires locaux et de poètes, de parents, de proches, de musiciens. Dans le cas d’un musicien dont le nom est Sinclair, il ne portraitise pas le musicien lui-même mais son chien. On notera qu’en « dehors de la beauté intrinsèque et de la maitrise formelle de la musique, l’instrumentation [des variations Enigma] possède une clarté et une limpidité qui séduisent tout autant les exécutants que les chefs d’orchestre et les auditeurs. Michael Kennedy Nous écouterons l’ensemble de l’œuvre durant l’atelier : le thème initial et les quatorze variations. Nous nous attarderons toutefois plus particulièrement sur les variations I, V, IX et XIII en essayant à chaque fois de découvrir les transformations qu’Elgar fait subir au thème initial. Nous écouterons également des extraits d’une interprétation réalisée sous la direction… d’Edward Elgar lui-même. Interprétation : BBC Symphony Orchestra, direction : Leonard Bernstein. DG 413 490-2 6
Samedi 20 février 2021 (à l’Atelier du Verbe) La mélodie anglaise années 1870 à 1940 Animateur : Michel Poulain La mélodie anglaise (English song), genre musical qui allie poème et musique (et qui correspond au lied allemand et à la mélodie française) a suscité un engouement significatif outre-manche. Nous nous limiterons toutefois durant l’atelier aux compositeurs les plus représentatifs de ce genre. Nous écouterons ainsi une ou plusieurs mélodies de Charles Hubert Parry (1848-1918), Charles Villiers Stanford (1852-1924), Edward Elgar (1857-1934), Frederick Delius (1862-1934), Ralph Vaughan Williams (1872-1958), Gustav Holst (1874-1934), George Butterworth (1885-1916), Yvor Gurney (1990- 1937) et John Ireland (1890-1937). Nous lirons à chaque fois les poèmes qui ont été mis en musique. On notera ici que Frederick Delius a vécu la majeure partie de sa vie en France, que Gustav Host est l’auteur d’une œuvre célèbre « Les Planètes » et qu’Yvor Gurney était tout autant un excellent poète qu’un très bon compositeur. Un même poème a pu par ailleurs être mis en musique par plusieurs compositeurs. Ainsi en est-il d’ « Is my team ploughing ? » (Ma charrue laboure-t-elle ?) d’après un texte d’A.E. Housman. Il est ici question d’un homme qui se débat avec sa conscience. Le narrateur, l’homme, met des mots dans la bouche de son ami décédé, accolant des guillemets lors de chacune des interventions de ce dernier. Nous pouvons de ce fait considérer par extrapolation, que nous avons affaire à une conversation entre un mort et un vivant. Cette conversation débute sur deux sujets de la vie quotidienne, conversation normale, presque anodine. Mais les échanges se font peu à peu plus personnels jusqu’à la révélation finale dont nous dévoilerons la teneur que lors de l’atelier. Nous écouterons et étudierons trois adaptations différentes de ce poème : l’adaptation qu’en a fait George Butterworth, la version de Ralph Vaughan Williams et celle d’Yvor Gurney. Nous verrons ce qui unit ou inversement différencie chacune des trois versions. Nous effectuerons également une étude comparative du poème « Weep you no more sad fountains » (Séchez vos larmes tristes fontaines) mis notamment en musique par Charles Hubert Hastings Parry (1848-1918), Arthur Somervell (1863-1937), Roger Quilter (1877-1953) et Ernest John Moeran (1894- 1950). Ce poème, dont l’auteur est anonyme, se veut réconfortant et, pour adoucir les pleurs, montre le bon coté de la vie. « Séchez vos larmes, tristes fontaines. Pourquoi vous répandre si vite ? Regardez comme le divin soleil doucement embellit les monts enneigés. Son coucher le soir n’évoque-t-il pas la beauté ? » Pour terminer, nous étudierons une mélodie du compositeur Gerald Finzi intitulée : « Fear no more the heat of the sun » (Ne crains plus la chaleur du soleil). Ce beau poème, d’un auteur inconnu, décrit la paix que devrait éprouver celui que la mort a attend, à l’abri de toutes les vicissitudes de la vie. Les paroles se veulent consolantes. L’adaptation musicale qu’en à fait Finzi est d’une dignité et d’une tendresse appropriée. Ralph Vaughan Williams considérait cette mélodie comme l’une des plus ravissantes qui soit. La structure de l’œuvre est la suivante : a- a1-b et coda Cet atelier, nous le voyons, nous permettra de nous familiariser avec près d’une dizaine de compositeurs qui ont joué un rôle significatifs dans la musicale britanniques. 7
Samedi 13 mars 2021 (à l’Atelier du Verbe) Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : le plus grand compositeur anglais depuis Purcell « R. Vaughan Williams] est célèbre dans son pays et dans tout le monde anglophone, aux Etats-Unis en particulier. Il est joué en Russie et en Scandinavie. Mais en France, on n’entend pratiquement jamais sa musique ». Ainsi débute un article du musicologue Patrick Szersnovicz publié dans la revue Diapason de juin 2018. R. Vaughan Williams atteignît la maturité relativement tard : vers 30-35 ans. Il composa toutefois des chef-œuvres jusqu’à la fin de sa vie, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de 86 ans. Il s’illustra dans les genres les plus divers. Il écrivit cinq opéras. Le Voyage du pèlerin (The Pilgrim’s Progess), objet du présent atelier, est intitulé par l’auteur de ‘Moralité’. Il s’appuie sur un texte de John Bunyan (1628-1688) penseur et prédicateur baptiste réformé anglais. « Le fait d’avoir travaillé au Voyage du Pèlerin pendant au moins quarante-cinq ans montre la profondeur de compréhension et de l’affection que Vaughan Williams (pourtant agnostique) portait à l’allégorie de Bunyan. Il écrivit lui-même son livret, le décrivant comme une libre adaptation de l’allégorie de Bunyan ». (Stephen Connock) L’opéra conte l’histoire d’un homme (le Pèlerin) qui cherche à atteindre la paix de l’âme, plus précisément la ‘cité céleste’. Il traversera une série d’épreuves, sera en danger de mort. Il doit ainsi combattre un monstre dont il ne vient à bout qu’au terme d’un terrible combat. Plus tard, il est condamné à mort par des partisans du Prince Belzébuth, le père du mensonge. En prison, il finira toutefois par s’échapper. Nous écouterons durant l’atelier des extraits de l’ensemble de l’opéra afin d’en apprécier la trame générale. Nous nous attarderons toutefois plus particulièrement sur le début de l’œuvre : Au début, le Pèlerin, effrayé par un livre [la bible] qu’il tient à la main (« Je comprends à la lecture de ce livre que je suis condamné à mourir, et qu’ensuite je serai jugé, or je ne veux pas mourir, et je ne saurais faire face au jugement »), rencontre un évangéliste qui lui indique le chemin à suivre : il lui montre au loin un portillon. Le pèlerin s’y rend et, sur place, à l’entrée d’une demeure, rencontre « Trois lumières » qui l’invitent à ôter le fardeau qu’il porte (« Confie ton fardeau au Seigneur et il te soutiendra. »). Il rencontre également un homme qui le fait pénétrer dans la demeure (« Devant toi la porte sera toujours ouverte, et aucun homme ne pourra la refermer »). Celui-ci l’invite à y rester la nuit (« Une chambre a été préparée pour toi ; la fenêtre est orientée en direction du soleil levant, et le nom de cette chambre est paix »). Le dialogue, auquel s’adjoint un chœur, se poursuit ensuite. La musique est tout d’abord frénétique. Elle capture l’angoisse permanente du Pèlerin et son sentiment de lutte. Le Lento qui suit (qui correspond à l’arrivée devant le portique et l’entrée dans la maison) cite de nombreux fragments présents dans la cinquième des neuf symphonies composées par Vaughan Williams. C’est un superbe épisode où les Trois lumières chantent de manière magique, « Confie ton fardeau au Seigneur. » La structure du Lento est A, B et C et coda 8
Samedi 17 avril 2021 (à l’Atelier du Verbe) Frank Bridge (1879-1941) The Sea : La Mer Comme compositeur, Frank Bridge fut d’abord influencé par le postromantisme et par Brahms. La seconde guerre mondiale fut pour lui un choc et il orienta sa production vers un modernisme qui n’excluait ni la polytonalité ni certaines rencontres avec l’univers d’Alban Berg, et qui fit de lui, avec Ralph Vaughan Williams, le compositeur anglais le plus intéressant de sa génération. Son unique élève de composition fut Benjamin Britten. Dictionnaire de la musique, sous la direction de Marc Vignal. « The Sea » (La mer) que nous aborderons durant l’atelier consiste en une Suite pour orchestre, laquelle suite est en quatre mouvements. L’œuvre fut composée en 1910-1911. Nous nous attarderons plus particulièrement sur le premier mouvement intitulé « Seascape » (Marine). C’est avec cette Suite pour orchestre, achevée le 5 juillet 1911, que Bridge remporta son plus grand et plus durable succès. « The Sea » est la seule œuvre symphonique pour laquelle le compositeur a fourni son propre programme détaillé. Concernant « Seascape », il écrivit : « Ce mouvement dépeint la mer par une matinée d’été. Des hauteurs, on aperçoit une grande étendue d’eau au soleil. Des brises chaudes jouent sur la surface de l’eau. » Le premier thème, annoncé par les altos (l’alto était l’instrument de Bridge), est modelé comme une vague – il s’élève lentement, avant de se désintégrer rapidement. Paul Hindmarsh. Un second thème est joué par un hautbois. La musique s’anime ensuite. Le tout est repris à la fin mais transformé après un épisode B central. En guise de conclusion se font entendre des cris d’oiseaux de mer – des tierces et des quartes descendantes –. « The Sea » de Frank Bridge n’a guère de points communs avec « La Mer » de Claude Debussy. Le rapport entre Bridge et Debussy est plus manifeste dans l’œuvre symphonique suivante de Bridge, « Dance Poem » qu’il composa durant la première moitié de l’année 1913. Benjamin Britten fut impressionné par « The Sea », lorsque, à l’âge de dix ans, il entendit l’œuvre au Festival de Norfolk et Norwich, en 1924. L’atelier sera également l’occasion de faire entendre des extraits d’autres pièces de Frank Bridge afin d’avoir une vision plus large de ses qualités compositionnelles. Nous ferons ainsi notamment entendre son poème symphonique « Summer » (Eté) écrit en 1914 et son Quintette avec piano en ré mineur (cette œuvre - 1905-1912 - qui a fière allure et est sans doute la plus fauréenne de son auteur). En fin d’atelier, nous ferons par ailleurs une incursion chez un autre compositeur : l’anglais William Alwyn (1905- 1985) Ses cinq symphonies, œuvres ambitieuses et profondes, se ressentent de l’influence de Sibelius et de Vaughan Williams. Nous écouterons le mouvement lent de la première symphonie lequel mouvement lent, caractérisé par un très beau thème, n’est pas dépourvu de tensions. Cette symphonie fut accueillie avec enthousiasme par le public et la critique, qui applaudirent sa fantaisie, son éloquence, sa brillante orchestration et la luxuriance de ses gracieuses mélodies. Nous écouterons également le début du troisième mouvement de la troisième symphonie du compositeur (où l’on note la présence d’un angoissant ostinato), le début du premier mouvement de son Concerto pour hautbois, orchestre à cordes et harpe et le dernier mouvement de son Concerto grosso n°3 pour bois, cuivre et cordes. 9
Samedi 15 mai 2021 (à l’Atelier du Verbe) Arthur Bliss (1881-1975) A colour symphony (Une symphonie des couleurs) Le vingtième siècle a vu fleurir un nombre important de compositeurs en Grande-Bretagne. Nous avons eu l’occasion d’aborder plusieurs d’entre eux durant les précédents ateliers. Celui-ci a pour finalité de compléter notre approche de la vie musicale britannique durant le vingtième siècle. Nous écouterons en un premier temps des extraits d’œuvres d’Arnold Bax (1883-1953), William Walton (1902-1983) et Mickael Tippett (1905-1998). Arnold Bax William Walton Mickael Tippett Nous nous concentrerons durant la seconde partie de l’atelier sur Arthur Bliss (1891-1975). Après avoir commencé à composer en écrivant des pièces novatrices et modernes, Bliss poursuivi sa carrière de manière plus conventionnelle et classique. « A Colour Symphony » est la première œuvre de grande envergure d’Arthur Bliss. Elle doit son instigation à Elgar qui avait encouragé Bliss après leur rencontre de 1912. Malheureusement Elgar n’aima pas du tout la symphonie. Nous nous concentrerons sur le mouvement lent de cette œuvre emblématique du compositeur. Chaque mouvement de «A Colour Symphony » est affublé d’une couleur et soit d’un titre soit d’indications de tempo. C’est ainsi que le mouvement lent est intitulé «Blue. Gently flowing » (Bleu. Coulant doucement). La couleur bleue du mouvement correspond en fait à l’Azur – la couleur des saphirs, de l’eau profonde, des cieux, de la loyauté et de la mélancolie - . Les instruments à vents prédominent dans ce mouvement. Bliss comparait le rythme constant qui le caractérise celui-ci « au clapotis de l’eau contre un bateau amarré ou une digue en pierre ». La structure du mouvement lent est de type A, B, A1 à laquelle s’ajoute une Coda. La symphonie dans son ensemble traduit chez Bliss la double influence d’Elgar et Stravinski qu’il ressentait à cette époque. La première exécution de la Symphonie fut donnée à la cathédrale de Gloucester le 7 septembre 1922 et suscita une forte impression sur la critique ce qui assura à Bliss une solide réputation de compositeur britannique dominant la jeune génération. L’auteur était âgé de 31 ans. On notera qu’un critique de l’époque écrivit au sujet de cette symphonie : « On a l’impression de voir à l’œuvre un esprit au bord de l’abime ». Ce qui est en fait le cas. Mais A Colour Symphony est la musique d’un jeune homme, « aussi printanière que tout ce que je peux écrire – en permanente évolution ». (Bliss) Cité par Andrew Burn. 10
Samedi 12 juin 2021 (à l’atelier du Verbe) Benjamin Britten (1913-1976) Peter Grimes, opéra Benjamin Britten a composé quinze opéras. « Peter Grimes » est le premier d’entre eux. L’œuvre fut créée à Londres le 7 juin 1945, au lendemain de la Guerre. L’accueil sensationnel que reçoit celui-ci hissa Britten au premier rang des compositeurs britanniques, au grand dam de certains. La pièce est composée d’un prologue et de trois actes. Le personnage principal (Peter Grimes) est en fait un antihéros. Nous donnerons une vue complète de l’opéra durant l’atelier, nous arrêtant sur les moments clés. Afin de situer le contexte de l’ouvrage, nous reproduisons ici un résumé du prologue. « Dans la petite bourgade de Borough, on enquête sur la mort de William Spode, jeune apprenti du pécheur Peter Grimes. Peter, individu bourru et taciturne, affirme qu’au retour de Londres, où ils sont allés vendre leurs poissons, un vent mauvais, en mer, les a détournés de leurs cours, et pendant les trois jours le garçon est mort de soif. L’avocat Swallow, conclut à une mort accidentelle, tout en demandant à Grimes de ne plus prendre de jeune apprenti, mais de choisir plutôt quelqu’un de plus fort. Le village cache mal son hostilité à l’égard de Peter que celui-ci lui rend au quintuple. Une seule bonne âme soutient le farouche pêcheur : l’institutrice Ellen Orford, une veuve d’une quarantaine d’années, qui demande à Peter de quitter Borough avec elle. Mais Peter refuse de fuir comme un coupable. » Piotr Kaminski. On notera que « l’opéra comporte six interludes orchestraux, lesquels présentent un intérêt très particulier : ils unissent « descriptivement » les scènes Si, ainsi que nous l’avons précisé, nous donnerons une vue complète de l’opéra nous nous attarderons toutefois plus longuement sur trois extraits du premier acte. Dans le premier extrait, le procès de Peter Grimes semble avoir été oublié. Près d’une taverne, les habitants du village vaquent à leurs occupations et chantent. Il y a parmi eux Balstrode, le très respecté capitaine au long cour à la retraite qui signale l’approche d’une tempête, la veuve Sedley accompagné du révérant Horace Adams, Swallow ainsi que les deux nièces de la tenancière de la taverne qui produisent toute sorte de services aux clients de la taverne. Piotr Kaminski. Mélodiquement, « un chœur (qui représente les pécheurs et les villageois) chante à l’unisson une mélodie nette et régulière, et tout le temps nous entendons, en arpèges brisés, le clapotement de la mer calme contre les bateaux du port. A l’évocation de l’orage par Balstrode (le capitaine au long cour à la retraite), les trombones tiennent une septième majeure. Peu après le calme revient et les pécheurs continuent à chanter. Le rythme s’accélère un peu avec l’arrivée de la veuve Sedley et un thème saccadé évoque la bonne humeur facile de la tenancière. Edouard Sackwille-West Dans le second extrait, l’institutrice Ellen Orford, prend ouvertement et clairement fait et cause pour Peter Grimes, ce qui entraine la réprobation et même l’animosité des villageois et des pécheurs. Dans le troisième extrait, l’institutrice assume sa position et fait front au reste du village sous la forme d’un arioso passionné : « Que celle de vous qui est sans faute jette la première pierre et que les Pharisiens et les Saducéens restent sur leur positions. » La mélodie se dissous dans les registres les plus élevées, quand la veuve Sedley demande à un pharmacien, Ned Keene, son somnifère. Des plaisanteries de mauvais gouts, au dépend de la pauvre dame, sont alors soutenues par une flûte, un hautbois, une clarinette et un basson. 11
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