Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre

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Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE   # 109

                             Basculer à la rue :
                             la peur post-Covid

Oct. 2020 ı 1 €
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
« et les autres ? » ı #109 ı                                                                                 02

                                                                         08.
                                                                          Basculer à la rue :
                                                                          la peur post-Covid
07.                                                                       Jérôme Fourquet : « Davantage
Une clé pour                                                              de personnes vont passer
sortir de l’exclusion                                                     sous la ligne de flottaison »

Sommaire

07. La Fondation agit                                                    17. La Fondation observe
Une clé pour sortir de l’exclusion                                       « Il faut un vrai plan de prévention
                                                                         des expulsions »

08. La Fondation analyse
Basculer à la rue : la peur post-Covid                                   18. Avec la Fondation
                                                                         Groupe Matmut : des salariés solidaires
Jérôme Fourquet : « Davantage                                            qui assurent !
de personnes vont passer
sous la ligne de flottaison »
                                                                         20. La Fondation se souvient
                                                                         Message de l’abbé Pierre
15. La Fondation réagit
Accès à l’eau, accès à la santé, à l’éducation,
il serait injustifiable et contreproductif
que ces efforts ne soient pas reconduits
dans la durée.

« et les autres ? » est édité par la Fondation Abbé Pierre pour le Logement des défavorisés :
3, rue de Romainville – 75019 Paris – Tél. : 01 55 56 37 00 – www.fondation-abbe-pierre.fr
ISSN : n° 1245-3420. Publication trimestrielle Commission paritaire n° 0518 H89713.
Abonnement annuel : 4 €, prix au numéro : 1 € / Service Donateurs : 01 55 56 37 25 /
Président : Laurent Desmard / Directeur de la publication : Christophe Robert /
Rédacteur en chef : Yves Colin / Journaliste et secrétaire de rédaction : Delphine Picard /
Maquette : Tiens Donc ! / Impression : Orient express 6, rue Bezout 75014 Paris / Routage : France Routage
2, av. Gutenberg 77600 Bussy-St-Georges – Ce numéro comporte un encart sur une partie de la diffusion.
© Couverture : Pierre Faure
                                                                                                                                   COMITE CHARTE                               ÉQUIVALENCE PANTONE   ÉQUIVALENCE QUADRI
                                                                                                                                   COM_12_0000_Don_Logo
                                                                                                                                   17/07/2012
                                                                                                                    24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE
                                                                                                                    Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87
                                                                                                                    Web : www.carrenoir.com                                    PANTONE 287 C         CYAN 100 % MAGENTA 90 %
                                                                                                                            Ce fichier est un document d’exécution créé sur
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Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
15.                                        Édito
Accès à l’eau, accès à                     NOUS SOMMES LÀ
la santé, à l’éducation,
il serait injustifiable et

                                          U
contreproductif que ces                               ne fois de plus, je souhaite profiter de cet éditorial pour
efforts ne soient pas                                 venir vous remercier, chers donateurs, chers lecteurs,
                                                      qui nous soutenez moralement, physiquement et finan-
reconduits dans la durée                              cièrement partout sur le territoire et souvent depuis de
                                                      nombreuses années.

                                          Sans vous, nous ne pourrions mener le combat qui est le nôtre et
                                          que nous poursuivons sans relâche, jour après jour. Sans vous, la voix
                                          des « sans-voix » ne pourrait être entendue, alors que la pauvreté et
                                          le mal-logement progressent en France et partout dans le monde.
                                          Dans ces mois particulièrement incertains et cette fin d’année au
                                          cours de laquelle le risque est grand que l’économie ne l’emporte sur
                                          l’humain, soyez certains que la Fondation partagera et portera votre
                                          inquiétude et témoignera de votre solidarité auprès des pouvoirs
                                          publics et jusqu’au plus haut sommet de l’État.

                                          Comme l’abbé Pierre et comme vous, la Fondation se tient au plus
                                          près de celles et ceux qui ont peur de ne pas pouvoir s’en sortir,
                                          d’être dans une situation encore plus précaire que celle qu’ils
Six mois inédits                          connaissent déjà.

                                          Sachez-le, la Fondation se tiendra toujours aux côtés des plus fragiles

6
     mois après son lancement, le         et elle continuera de dénoncer l’injustice encore plus fort s’il le faut.
     fonds d’urgence de la Fonda-         Oui, la Fondation est en ordre de bataille pour faire la guerre à la
     tion a aidé plus de 101 500 per-     misère et cela, grâce à votre soutien sans faille.
sonnes et d ist r i bué plus de
14 2 8 0 0 t ickets- ser v ice par tout   Je souhaite terminer ce texte en partageant avec vous ces mots de
sur le territoire, grâce à l’aide de      l’abbé Pierre et rappeler qu’ensemble, nous pouvons changer les
quelque 400 partenaires associatifs       choses : « La solidarité, c’est deux choses. C’est rendre l’autre solide
sur le terrain.                           et c’est être solide ensemble. ».

                                          Laurent Desmard,
                                          Président de la Fondation Abbé Pierre
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
La Fondation agit                                                                         « et les autres ? » ı # 109 ı   04

                                          Trois en un

      « Toits d’Abord » : + 3 !
             Renouvelé en mars 2020,
 le partenariat avec la région Ile-de-

                                          V
  France permettra aux associations             enir laver et sécher son linge         activités est notamment rendu pos-
           soutenues par la Fondation           à très bas pri x, cela fait plu-       sible grâce au soutien financier de la
          d’accéder à des subventions           sieurs années qu’un tel service        Fondation qui a permis « d’amorcer
         régionales majorées. Grâce à     est proposé aux habitants de Reme-           la pompe », précise K haled. Outre
         ce partenariat, les opérations   lange, quartier populaire de Fameck          l’achat de matériels professionnels
 financées par le programme « Toits       (57). Aujourd’hui, grâce à la régie de       de lavage et de couture, elle finance
      d’Abord » obtiennent un soutien     quartier, l’atelier couture/ laverie         également un poste de formatrice
       renforcé. Depuis 2017, année de    compte plus de 200 adhérents qui             pour animer l’atelier couture/laverie
  signature de la convention initiale,    bénéficient de services multiples et         jusqu’en juin 2021 prochain.
395 logements ont été soutenus par        très compétitifs :                           D’ores et déjà, 4 femmes en inser-
   la Fondation et le CRIF. Dans cette    « Nous voulons aller plus loin en pro-       tion bénéficient de l’accompagne-
 région où le marché immobilier est       posant plus qu’une simple aide écono-        ment professionnel de la formatrice.
    très cher, produire des logements     mique. Nous souhaitons faire du por-         À terme, la régie envisage de lancer une
  abordables pour les personnes les       tage de linge lavé et repassé à domicile     activité de confection de prêt-à-porter
plus démunies est un véritable défi.      car beaucoup de personnes âgées ne           accessible aux habitants et compte éga-
                                          peuvent se déplacer », précise Khaled        lement utiliser les bâches plastiques
                                          Benouadah, directeur de Remelange            obsolètes des entreprises locales pour
                La 5e édition             Services. Le développement de ces            créer des sacs et des pochettes.
       du festival « C’est pas
         du Luxe ! » reportée
        à une date ultérieure
                                          « 3 fers au feu »
   En raison de la situation sanitaire

                                                                        A
   actuelle et pour ne pas mettre en                                            vec cette formule, Michel Pedron résume
   danger le public, les participants,                                          bien son activité de bénévole à la Fondation.
     les artistes, les bénévoles et les                                         À l’heure de la retraite, en 2017, alors que
   salariés, le comité d’organisation                                    la question de la précarité énergétique avait fait
    du festival a décidé, à regret, de                                   partie de son champ professionnel, Michel a sou-
 reporter ce temps de rencontres et                                      haité poursuivre son action en faveur du logement.
   de partage à une date ultérieure.                                     « Sans hésiter, je me suis engagé dans les chantiers
                                                                         solidaires que mène la Fondation sur le territoire
                                                                         breton. Finaliser un chantier, achever d’embellir une
                                                                         salle de bains, une chambre, c’est permettre aux per-
                                                                         sonnes de vraiment tourner la page et de repartir. »
                                                                         L’été dernier, pas moins de 4 chantiers solidaires
                                                                         se sont enchainés. « La Fondation a monté un parte-
                                                                         nariat très intéressant : elle fait l’intermédiaire entre
                                          les promoteurs locaux qui ont régulièrement des biens vides, parfois plusieurs
                                          années avant d’être démolis, et les associations qui cherchent des logements. »
                                          Pas besoin de demander à Michel s’il compte poursuivre son bénévolat : « Quand
                                          on repasse devant les maisons et qu’elles sont habitées ; quand on partage un café
                                          avec l’habitant, une fois les travaux finis, on se dit que c’est vraiment important
                                          que la Fondation permette tout ça ! »
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
05 ı « et les autres ? » ı octobre 2020                                             La Fondation agit

Préparer la fin de vie

D
       epu i s 2015, la Pension de
       Famille « le Pari », à Voiron (38)
       réf léchit au vieillissement de                                                      En régions
ses habitants. À partir de 2 enquêtes
sociologiques menées pendant 2 ans                                                         Compte tenu du contexte sanitaire
puis d’une étude collaborative finan-                                                      actuel, les éclairages régionaux sur
cée à hauteur de 32 % par la Fonda-                                                        le mal-logement feront l’objet de
tion, elle a créé la plateforme VIP,                                                       communiqués de presse enrichis
Viei l l issement et précar ité, avec                                                      et seront mis en ligne sur le site
4 autres Pensions de famille iséroises       professionnels du social et de la géria-      de la Fondation le 16 septembre
et l’Institut de Formation en Travail        trie, groupes de parole et art-théra-         pour l’Auvergne-Rhône-Alpes, le
Social. L’objectif de cette plateforme       pie… 5 ateliers sont animés tous les          23 septembre pour l’Occitanie,
est de faire évoluer les pratiques en        mois avec des habitants, des hôtes            puis les 8 et 13 octobre pour la
termes de prévention et d’accompa-           de Pensions, mais aussi un médecin            Nouvelle-Aquitaine et la Bretagne.
gnement jusqu’à la fin de vie.               gériatre et une formatrice, en vue
Formation qualifiante des accompa-           d’apporter des réponses pratiques aux
gnants, accès à l’information et aux         questions et aux besoins de plus en
outils, immersion dans les champs            plus nombreux dans les lieux de vie.

« Je sens bien que je vais mieux »

À
       65 ans, Martine ne pensait pas avoir ce ressenti. Les travaux réalisés
       dans sa maison au cœur du plateau picard ont vraiment changé sa vie.                 Liban
       Elle et son mari se sont installés il y a plus de 40 ans dans une longère, à
Bulles, petit village de l’Oise. « La toiture fuyait, ça sentait l’humidité, le moisi et   En soutien aux sinistrés des zones
quand je chauffais, tout partait dehors. J’avais une cuisinière à bois et un poêle         touchées par l’explosion du 4 août
à fuel qui me servaient pour me chauffer. Comme je ne suis pas frileuse, je ne me          à Beyrouth, la Fondation a débloqué
plaignais pas, mais c’est vrai que maintenant je vois la différence, c’est plus sain       immédiatement 40 000 euros d’aide
et je me sens vraiment mieux chez moi ! C’est isolé partout et ça fait vraiment            supplémentaire auprès de son
plus propre. Je ne pensais pas que ce serait possible… »                                   partenaire PUI (cf p. 6) pour financer
La Fondation Abbé Pierre a participé à hauteur de 14 % à la phase deux de la               une intervention de protection
rénovation de cette maison de 90 m2, dans le cadre de son programme « SOS                  d’urgence et réhabiliter au plus vite
Taudis ». Depuis 3 ans, elle a soutenu de la même manière quelque 20 familles              les centres de santé détériorés.
dans leur projet d’amélioration de logements dans le département de l’Oise.

                                                                                           « Moi si j’étais Maire »

Le droit à la santé                                                                        Suite au contrat d’engagement
                                                                                           pour lutter contre le mal-logement

D
                                                                                           qu’elle a proposé aux Maires
      epuis janvier dernier, « Déclic »,     soin. Ouverture de droits, séances de
                                                                                           fin juin, la Fondation organise
      la Boutique Solidarité de Mantes-      vaccination, couverture et suivi médi-
                                                                                           du 1er octobre au 7 novembre à
      la-Jolie, a mis en place des actions   cal, écoute du corps, prise en compte
                                                                                           Saint-Denis de La Réunion, une
en faveur de l’accès à la santé des          du déni de santé, orientation et accom-
                                                                                           exposition photographique qui
personnes en errance pour répondre           pagnement physique vers l’hôpital…
                                                                                           souligne l’engagement de tous les
à leurs besoins et les amener vers le        Chaque semaine, une infirmière et un
                                                                                           citoyens pour combattre ce fléau.
                                             travailleur social chargé de réaliser
                                                                                           L’exposition devrait par la suite
                                             des bilans de santé se succèdent en
                                                                                           se déplacer dans les villes où les
                                             matinée à la Boutique. Issu d’un parte-
                                                                                           Maires ont signé cet engagement.
                                             nariat avec l’ARS, ce projet est financé
                                             par la Fondation Abbé Pierre à hauteur
                                             de 19 %. Plus de 100 personnes ont
                                             d’ores et déjà bénéficié de ces entre-
                                             tiens collectifs ou individuels.
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
La Fondation agit                                                                     « et les autres ? » ı # 109 ı   06

                                        Sud Liban : un soutien à 100 %

                                        D
                                               epuis novembre dernier, la Fon-       appuient « Première Urgence Interna-
                                               dation soutient financièrement        tionale » pour identifier les familles
                                               l’intervention de l’association       bénéficiaires. Chaque ménage loca-
                                        « Première Urgence Internationale »          taire repéré se voit verser une aide
                                        dans les quartiers insalubres de la          f inancière af in qu’i l puisse faire
                                        région de Saida où vivent dans la            réaliser les travaux nécessaires à
                                        plus grande précarité de nombreuses          la réhabilitation de son logement et
                                        familles syriennes, palestiniennes           parallèlement, en contrepartie de
                                        et libanaises. Pendant un an, grâce          la réhabi litation du logement, un
                     Territoires        à l’intervention d’artisans locaux,          contrat est signé avec le propriétaire
                                        4 0 0 per son nes v u l néra bles vont       pour maintenir – voire baisser – le
   La Fondation publie fin octobre      bénéf icier de travau x af i n d’être        montant du loyer.
     un document de synthèse sur        logées dignement. Au total, 100 loge-        Face à la crise sanitaire mondiale
      les inégalités territoriales en   ments insalubres situés sous les stan-       qui a fragilisé encore plus fortement
     matière de logement, suite au      dards humanitaires minimaux et               62 familles bénéficiaires de ce pro-
 colloque qu’elle avait organisé en     loués principalement aux réfugiés,           gramme, la Fondation a renforcé son
    novembre dernier sur ce sujet.      vont être réhabilités.                       soutien financier dans le cadre de son
                                        Des acteurs locaux (municipalités,           fonds d’urgence Covid.
                                        comités populaires, associations)

                                        De mots et de chairs

         Montpellier et Sète
                à l’honneur
       3 ans après le lancement du
        plan « Logement d’abord »,
    Emmanuelle Wargon, ministre
         du Logement découvrait le

                                                                                                                                   © Mélio Lannuzel
     10 septembre deux structures
       soutenues par la Fondation.
        Christophe Robert et Sylvie
Chamvoux-Maître, respectivement
      délégué général et directrice

                                        L
    régionale de la Fondation l’ont
                                             a compagnie marseillaise « Rara         psychologue, cuisinier,
     accueillie avec l’ensemble des
                                             woulib » qui devait participer à la     chercheur… les dix acteurs
partenaires à la Pension de Famille
                                             5e édition du festival « C’est pas du   professionnels de la troupe ont tous
        « L’Atelier de Montpellier »,
                                        Luxe ! » a préparé une œuvre unique          des parcours de vie différents et
      puis dans des logements très
                                        née d’un travai l ar t ist iq ue mené        certains poursuivent leur carrière
    sociaux à Sète, restaurés grâce
                                        depuis 2018 dans la cité phocéenne.          en parallèle.
   au programme « Toits d’Abord »
                                        « Écrire avec les gens, s’immerger dans      En situation de précarité ou concer-
     et l’investissement de Solifap.
                                        la cité et s’inscrire dans la ville pour     nées par des problématiques de
                                        casser les barrières physiques et men-       santé mentale, dix autres personnes,
                                        tales qui nous séparent de l’autre, c’est    rencontrées au fil du temps dans les
                                        notre objectif », précise Julien Mar-        structures médico-sociales marseil-
                                        chaisseau, pilote du projet.                 laises, se sont associées à la créa-
                                        Pour vivre et faire vivre ce travail         tion de 2020. Co-auteurs de l’œuvre
                                        ar tistiq ue, une v i ng tai ne de per-      artistique, les non-comédiens ont été
                                        son nes se sont ret rouvées rég u-           rémunérés pour leur travail d’écri-
                                        lièrement à Marseille. Infirmière,           ture par la compagnie.
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
07 ı « et les autres ? » ı octobre 2020                                          La Fondation agit

 La Ferme du Rail

 Une clé pour sortir de l’exclusion
Quand l’hébergement propose plus qu’une mise à l’abri.

  D
              epuis juillet, le restaurant   règlement intérieur que les étudiants      rythme et de la dignité de chacun,
              de « la Ferme du Rail » est    et donc les mêmes obligations. Notre       qu’il s’agisse du parcours de soins,
              ouvert à tous. La dernière     site met à disposition des espaces pri-    de la mobilisation personnelle, ou
              étape de ce projet unique      vés et collectifs qui leur permettent de   encore de l’ouverture de leurs droits.
en son genre qui a commencé à sor-           se remobiliser et de rentrer dans une      Les activités agricoles développées
tir de terre en 2017. Située dans le         dynamique. Elles ont également accès       par « la Ferme du Rail » permettent
19e arrondissement de Paris, née du          au restaurant et sont des clients comme    à ces personnes éloignées de l’em-
désir d’habitants et d’associations          tout le monde. Ici, nous voulons créer     ploi de se voir proposer des contrats
du quartier, « la Ferme du Rail » a          un mouvement auquel elles puissent         d’heures travaillées et/ou de bénéfi-
développé des activités agricoles de         s’accrocher », précise Fabienne Lan-       cier de formation qualifiante si elles
maraîchage, permaculture et com-             deroin, membre du projet.                  choisissent de participer au chantier
postage autour de 2 bâtiments, dont                                                     d’insertion.
l’un compte 15 places d’hébergement
pour des personnes en grande diffi-                                                     Ce projet inédit dans lequel l’héber-
culté d’insertion et 5 logements étu-                                                   gement fait partie intégrante du suivi
diants répartis sur 3 étages.                « Il y a une véritable                     des personnes en grande difficulté,
En 2018, la Fondation Abbé Pierre a          part d’investissement                      inclut également la mixité sociale.
financé en partie la construction de                                                    Outre la présence de 5 étudiants qui
ce centre d’hébergement et de réin-          des personnes hébergées                    bénéficient d’un loyer particulière-
sertion sociale atypique et perfor-          dans le collectif.                         ment modeste à la porte de la capitale,
mant énergétiquement (l’isolation                                                       de nombreux salariés qui travaillent
en paille a été mise en œuvre par un                                                    au restaurant, au jardin ou dans la
chantier d’insertion) qui place les          Dans un cadre exceptionnel ouvert          serre viennent de l’extérieur. Plu-
personnes au centre de l’espace de           sur la petite ceinture parisienne, les     sieurs partenaires gravitent autour
vie, à l’intérieur comme à l’extérieur.      personnes hébergées aux parcours           de ce projet, initialement et princi-
« Il y a une véritable part d’investisse-    de vie souvent chaotique, bénéfi-          palement porté par « Réhabail » qui
ment des personnes hébergées dans le         cient en effet d’un accompagnement         fédère plusieurs associations.
collectif. Elles ont, par exemple, le même   global respectueux des besoins, du
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
La Fondation agit                                                             8
                                                        « et les autres ? » ı #106 ı

Crise Covid :

8 millions de salariés en chômage partiel

2,5 millions potentiellement en difficultés
pour payer leur loyer ou leur prêt immobilier

4,5 millions de logements Hlm
où le taux d’impayés de loyer était de 4,8 % en avril
(contre 4 % en temps normal)
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
09                                           La Fondation analyse
                       L’activité économique reprend doucement depuis mai dernier,
                       sous l’ombre menaçante du virus. Pendant le confinement,
                       les plus fragiles, livrés à eux-mêmes, ont été les plus exposés.
                       Puis, très vite, les plus modestes, fragilisés par le ralentissement
                       économique, se sont vus menacés par les impayés de loyer.

                       Basculer à la rue :

LA PEUR
POST-COVID
                       U
                                   ne personne handicapée sans allo-       de l’association « Consommation Logement et
                                   cation pendant 4 mois, un père          Cadre de Vie » (CLCV), qui travaille en étroite
                                   isolé sans pension d’invalidité ; une   collaboration avec la Fondation sur les pro-
                                   femme de ménage sans travail pen-       blématiques de mal-logement dans le Finis-
                                   dant 3 mois… À Quimper, pendant         tère. « On commence à vraiment ressentir une
                       la crise sanitaire, des ménages se sont privés      tension sur le marché du logement. Bien sûr,
                       de nourriture pour payer leur loyer et leurs        ce n’est pas Paris ! Mais, de plus en plus de
                       charges malgré tout, sans pouvoir tenir très        ménages modestes n’ont pas accès au logement
                       longtemps. « Avec le Covid, nous avons eu une       social. Les situations de précarité sont en aug-
                       augmentation de 20 % des personnes fréquen-         mentation », poursuit-elle.
                       tant notre permanence et toutes avaient des dif-    En plein centre de Quimper, la petite maison
                       ficultés financières et alimentaires. Nous avons    de Marie-Joseph. Victime de violence conju-
                       distribué plus de 2 000 euros de tickets-service    gale pendant le confinement, elle a dû fuir son
                       pendant la crise sanitaire, cela ne nous était      domicile plusieurs semaines. C’est la CLCV
                       jamais arrivé et, pour certains, ces tickets ont    qui lui a trouvé un hébergement d’urgence
                       été d’une importance vitale. Mais ça n’a pas        et qui a découvert à cette occasion sa dette de
                       réglé la question du loyer. Dès l’été, des pro-     loyer et l’insalubrité de son logement. « Dépo-
                       blèmes d’impayés ont commencé à apparaître.         ser plainte contre mon compagnon, faire un
                       D’ailleurs, les offices hlm du département avec     dossier Dalo et un dossier de surendettement…
 © Ljubisa Danilovic

                       lesquels nous sommes en relation estimaient         sans l’aide de Chrystelle, je n’aurais jamais
                       alors à 10 % l’aug mentation des impayés            réussi à faire toutes ces démarches. Je suis enfin
                       de loyer due au Covid », précise Chrystelle         chez moi et à l’abri. En plus, j’ai pu signaler
                       Anvroin, salariée de l’antenne quimpéroise          l’état d’insalubrité de mon logement.
Basculer à la rue : la peur post-Covid - LE JOURNAL DE LA FONDATION ABBÉ PIERRE # 109 - Fondation Abbé Pierre
La Fondation analyse                                                                                                    10
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                                                                             © Séb ! Godefroy

« Le confinement, ça a été
la goutte d’eau de trop »
Marie-Joseph

   Je ne savais pas qu’on pouvait m’aider pour
tout ça. Quand j’ai reçu le courrier de l’huissier
                                                                              © Séb ! Godefroy

qui me disait que je devais quitter les lieux, j’ai
vraiment eu peur… J’allais finir dans la rue à
mon âge ? Sans rien ? »
Ancienne femme de ménage, Marie-Joseph
est retraitée depuis 5 ans. Quand Chrystelle
lui a parlé de la circulaire Denormandie qui
a stoppé temporairement les expulsions sans
relogement le 2 juillet dernier, elle s’est sen-      touchés de plein fouet par le chômage total            P Un rendez-vous
tie un peu rassurée. « Mais pas totalement.           ou partiel, celles et ceux qui dépendaient des         dans l’une des
Entre mon compagnon et l’huissier, j’ai vrai-         aides sociales et de petits boulots, sans oublier      permanences
ment passé des heures bien noires… heureu-            que de nombreuses personnes, par dignité,              de prévention
sement que j’avais l’un de mes fils avec moi.         ont bien souvent attendu le dernier moment             des expulsions
Mais j’ai encore peur car je sais très bien que       pour venir chercher de l’aide. En Seine-Saint-         et d’accès aux droits
si je ne trouve pas un logement moins cher, je        Denis, département le plus pauvre de France,           de la Fondation.
n’arriverai pas à m’en sortir à nouveau. Le           des mesures exceptionnelles ont été mises en
confinement, ça a été la goutte d’eau de trop.        place, notamment l’aide pour le paiement des
Aujourd’hui, c’est sûr, je ne veux plus avoir de      loyers annoncée le jour de la fin de la trêve
dette de loyer. Je me suis trop privée de tout,       des expulsions locatives, le 10 juillet. « Elle
j’ai souffert, je me suis battue, je ne veux plus     va permettre à tous les habitants qui ont perdu
continuer comme ça. »                                 plus de 20 % de revenus à cause de la crise du
                                                      Covid d’avoir un soutien financier, c’est très
                                                      important », précise Emmanuelle Cheneau,
« On a déjà sorti l’artillerie lourde »               conseillère en économie sociale et familiale
                                                      à Emmaüs Habitat, qui suit 230 familles à
La crise économique a fragilisé brutalement           l’année, dont 65 % en impayés de loyer.
et profondément les plus modestes, parfois            Au niveau national, si la France n’a pas créé
déjà en équilibre précaire. Celles et ceux            de fonds d’urgence d’aide au paiement des
11 ı « et les autres ? » ı octobre 2020                                                 La Fondation analyse

                                                     © Pierre Faure

loyers pendant la crise sanitaire ni instauré                         P Simon, étudiant       qu’à un moment, les critères d’aide risquent de
de moratoire, le groupe Action Logement                               à Nancy, a trouvé       se durcir. Beaucoup de familles risquent alors
(chargé de collecter la participation des entre-                      cet été un travail      de passer entre les mailles du filet. À Emmaüs
prises à l’effort de construction) et la CAF                          pour payer son loyer.   Habitat, c’est sûr, nous ne mettrons personne
ont quant à eux mis en place des aides finan-                         Mais à la rentrée ?     dehors, mais combien de personnes vont se
cières au niveau national, respectivement à                                                   retrouver dans une situation précaire ? »
hauteur de 150 euros renouvelables 1 fois et
650 euros en Seine-Saint-Denis. Ces sommes                                                    À Aulnay-sous-Bois, où les situations de pré-
ont constitué une aide précieuse : « On a eu                                                  carité sont nombreuses et particulièrement
beaucoup de cas de rupture totale de revenus                                                  accentuées, Marie Lou qui n’a toujours pas
sur 3, voire 4 mois et il a fallu monter des plans                                            touché sa pension d’invalidité depuis 5 mois,
d’apurement de dette dans l’urgence car à côté                                                scrute avec angoisse son compte bancaire. « Je
du loyer, des charges, de l’assurance habitation                                              regarde plusieurs fois par jour. Depuis la fin
non payés, il y avait aussi les frais de découvert                                            mars, je vis dans la misère. Je suis en découvert
venus s’ajouter au reste. Aujourd’hui, on sait                                                sur tout et sans les tickets-service, je crois que
très bien qu’il va falloir 6 mois à un an pour                                                je n’aurais pas tenu jusqu’à aujourd’hui. J’ai eu
que tout rentre dans l’ordre. La rentrée va être                                              une aide du CCAS pour mes charges, mais la
très dure, notamment pour les services sociaux                                                banque a tout pris pour payer le découvert…
qui vont être débordés. Ce qui me fait peur,                                                  Je vis ici depuis 13 ans, c’est la première fois
c’est qu’on a déjà sorti l’artillerie lourde, et                                              que je me trouve dans cette situation.
La Fondation analyse                                                                                                   12
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                                                                                                 Quels vont être les mois à venir, alors que le
                                                                                                 virus reste présent et que l’activité n’a repris
                   « Ce virus, il a vraiment pénalisé tout le monde.                             qu’au ralenti dans de nombreux secteurs ?
                                                                                                 « On s’interroge. Nous n’avons pour l’instant
                   Il a fait des morts, des malades et mis des gens dans
                                                                                                 que des intuitions et aucune certitude. Para-
                   la misère. On ne l’oubliera jamais. »                                         doxalement, des bailleurs comme nous, qui
                   Marie Lou                                                                     logeons des populations modestes – la plu-
                                                                                                 part de nos ménages sont bénéficiaires des
                                                                                                 minima sociaux ou sont retraités – ont été et
                                                                                                 sont encore moins impactés par l’arrêt de l’ac-
                      J’ai peur qu’on me jette dehors. Je dors un peu                            tivité économique. Mais on sait bien qu’il va y
                   quand même, parce que je sais qu’Emmanuelle                                   avoir des répercussions et qu’à ce moment-là,
                   connaît ma situation et qu’elle va m’aider dès                                la mutualisation des moyens des bailleurs ne
                   que le versement de ma pension aura été fait.                                 suffira pas. Il faudra que les pouvoirs publics
                   Mais j’ai appris mi-juillet que je n’allais pas                               nous soutiennent », précise Claire Lan ly,
                   toucher tout ce qu’on me doit d’un coup, je ne                                directrice générale d’Emmaüs Habitat qui
                   sais plus quoi faire… », avoue cette ancienne                                 compte 13 000 logements en Île-de-France et
                   ouvrière qui travaillait dans un centre de                                    50 000 locataires modestes.
                   tri. Âgée de 59 ans, Marie Lou a pratiquement                                 À la fin de l’été, le Collectif des Associations
                   élevé seule ses 7 enfants, après avoir perdu                                  Unies signalait que 24 % des alertes reçues
                   son mari en 1998. « Pendant 6 ans, je suis allée     P Fin août, nombre       pendant la veille estivale concernaient des
                   jusqu’au centre de tri d’Issy-les-Moulineaux,        de départements          expulsions locatives, recensées majoritai-
                   j’avais plus de deux heures de transport pour        observaient une          rement à Paris et en Seine-Saint-Denis et
                   y aller. Après toutes ces années, j’ai eu un pro-    augmentation             envoyait un courrier à la ministre E. Wargon
                   blème de genou. J’ai toujours travaillé dans         d’environ 10 % des       pour demander que les instructions du 2 juil-
                   ma vie. Avant le Covid, je n’ai jamais eu de         allocataires du revenu   let soient réaffirmées sans aucune exception.
                   problème avec mon loyer, je suis très fière de ça.   de solidarité active     « Ce virus, il a fait des morts, des malades et
                   Mais maintenant, qu’est-ce qui va se passer ? »      par rapport au début     mis des gens dans la misère. On ne l’oubliera
                   Marie Lou n’est pas la seule à s’interroger.         de l’année 2020.         jamais. » confie Marie Lou.
© Séb ! Godefroy
13 ı « et les autres ? » ı octobre 2020                                  La Fondation analyse

                                             Jérôme Fourquet

                                             « Davantage de personnes
                                             vont passer sous la ligne
                                             de flottaison »
                                            Jérôme Fourquet, politologue français et directeur
                                            du département « opinion et stratégies d’entreprise »
                                            de l’institut de sondages IFOP depuis 2011.

En ce début septembre, on parle             grands groupes industriels tels que
beaucoup de la relance économique           PSA, Renault ou Airbus, mais quid            « Après les nombreuses
alors que les conséquences sociales         des centaines de sous-traitants ? Des
de la crise du Covid émergent               milliers de PME-PMI ? Le nombre de
                                                                                         perfusions, le moment
de plus en plus…                            personnes touchées va être énorme            de vérité arrive. »
Effectivement, l’on voit de plus en plus    car les pouvoirs publics ont déjà fait
la dualité de notre marché du travail :     beaucoup, soutenant à la fois les entre-     la merci du moindre pépin » et ce sont
ce sont les plus modestes (intérimaires,    prises et agissant aussi auprès des          ces personnes-là qui risquent de bas-
CDD, indépendants…) qui sont touchés        plus fragiles. Rappelons les 11 milliards    culer et de passer entre les mailles du
et qui vont l’être davantage dans les       débloqués avant l’été, puis le plan de       filet. Bien sûr, on aura les statistiques
mois à venir. Si nous revenons 2 ans        relance annoncé en septembre… C’est          du chômage, mais on ne connaîtra
en arrière, à l’époque des gilets jaunes,   maintenant, au fil de l’automne, que         pas l’augmentation du volume et la
toute une par tie de la population          l’on va mesurer pleinement l’effet de        situation des travailleurs pauvres et
(salariés et indépendants) exprimait        la crise du Covid sur les travailleurs       précaires. Les statistiques ne mesurent
sa difficulté à joindre les deux bouts      pauvres et tous les précaires. Après les     pas le degré de fragilité et d’exposition
face à l’augmentation continue des          nombreuses perfusions, le moment de          qui se sont considérablement renfor-
dépenses contraintes… ces personnes         vérité arrive.                               cés par la crise du Covid.
nous disaient : « Une fois que j’ai tout
payé, il ne me reste plus rien. »           L’IFOP va-t-elle lancer des enquêtes         Les jeunes risquent d’être eux aussi
Ce sont ces mêmes personnes qui             pour cerner et mesurer ces                   particulièrement touchés…
se trouvent depuis six mois en chô-         conséquences ?                               C’est en effet une population tou-
mage partiel, voir en chômage total ;       Oui, et nous avons déjà effectué des         chée de plein fouet et même si on ne
celles-là encore à qui l’on propose         sondages au début de la pandémie             peut comparer un étudiant qui sort
une réduction de 10 % de salaire pour       qui ont révélé une chose : les Fran-         de grande école à un intérimaire du
maintenir l’emploi dans une entreprise      çais ont anticipé la période actuelle et     même âge ou à un décrocheur scolaire,
de pièces aéronautiques, à Blagnac.         se sont très vite inquiétés des consé-       il est certain que pour les entrants sur
Autre exemple, à Sochaux où en atten-       quences économiques et sociales du           le marché du travail, la situation va
dant que les carnets de commande se         virus, davantage que de ses consé-           être très complexe et ce, de manière
remplissent, on fait d’abord travailler     quences sanitaires. Et ceux qui le           durable. Ceux qui le peuvent vont
les statutaires. Début septembre, 30 à      pouvaient ont tout de suite épargné.         jouer les prolongations en poursui-
40 % de la main d’œuvre intérimaire         Nous avons aujourd’hui une très forte        vant leurs études, mais les autres ? Ce
ne travaille toujours pas sur ce site de    hausse de l’épargne qui prouve bien          type de crise a un effet implacable et
PSA. Objectivement, cette catégorie         que la relance économique va prendre         injuste, elle frappe en premier et lour-
de population est déjà moins bien lotie     du temps. Les Français sont dans une         dement ceux qui sont fragiles.
sur le marché du travail et c’est elle      position attentiste. Selon moi, il va fal-
qui se trouve aujourd’hui fragilisée en     loir de nombreux mois pour relancer la       Jérôme Fourquet est l’auteur
première ligne.                             consommation. On entend aujourd’hui          de « L’archipel français ».
Rapidement, l’État a soutenu les            de plus en plus de gens dire : « On est à    Éditions du Seuil. 2019.
La Fondation réunit                                                                                                                                      « et les autres ? » ı #109 ı             14

M. J.T, donateur

Dernier d’une famille de quatre enfants, « le plus petit,
le plus gâté » précise-t-il avec une pointe d’humour, M. T
s’est toujours senti privilégié dans la vie et a bien voulu
témoigner de son engagement aux côtés de la Fondation.

 «
          Me s parent s m’ont i nc ulqué quelque s                                                      petites et moyennes entreprises, générant du chômage.
          grands principes : le courage, l’honnêteté,                                                   On ne peut pas laisser les personnes sans rien. Les
          la générosité. Modeste chef d’entreprise, j’ai                                                mesures gouvernementales ne suffiront pas, plus de
          été passionné par mon métier et le succès a                                                   solidarité dans notre société sera nécessaire pour
été au rendez-vous. Au fil des années, j’ai été de plus                                                 combattre cette grande misère. »
en plus sensible à la grande misère. Il est vraiment
insupportable de voir qu’à notre époque, dans notre                                                     « C’est pour tout cela que je soutiens la Fondation et
beau pays, des personnes n’ont pas de logement ou                                                       que je donne autant que je peux. Au-delà du don, il y
vivent dans des logements indignes, que des individus                                                   a cette conviction qu’il est de mon devoir d’aider ceux
ne mangent pas à leur faim !                                                                            qui vivent dans la souffrance.

Après la crise sanitaire, nous devrons faire face à                                                     Faire un don significatif pour soulager la grande
une crise économique et sociale qui va être terrible.                                                   misère donne du sens à ma vie. »
Il y aura une avalanche de dépôts de bilan parmi les

                                                                Bon de soutien et d’abonnement
                                            E10 9JB SAB O

                                                                À renvoyer à Fondation Abbé Pierre - Centre de Traitement des Dons - 59898 Lille Cedex 9

                                                                !   Oui, je décide de m’abonner au journal trimestriel de
                                                                la Fondation Abbé Pierre : « et les autres ? » pour connaître ses actions,
                                                                ses enjeux et ses résultats. 4 € pour 4 numéros par an.

                                                                !    O
                                                                      ui, je soutiens la Fondation Abbé Pierre
                                                                     par un don de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . €
                                                                !    Mme                            !     Mlle                         !     M.
                                                                Raison sociale : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                            Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                            Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                            Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                            ...........................................................................
                                                            Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . .                 Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                            Téléphone (facultatif) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                            !        Je préfère recevoir mon reçu fiscal par email et j’accepte de recevoir
                                                            des informations de la Fondation Abbé Pierre à cette adresse :
                                                            . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . @ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
                                                                Règlement : !              chèque bancaire ou postal
                                                                                           libellé à l’ordre de la Fondation Abbé Pierre

   La Fondation Abbé Pierre s’engage à protéger vos données personnelles et à les enregistrer dans un fichier informatisé en toute sécurité
   chez des prestataires de confiance. Leur traitement est réalisé par le service de la relation donateurs de la Fondation, pour gérer vos dons et
   envoyer vos courriers et reçus fiscaux. Vous pouvez exercer votre droit d’accès, de rectification et de suppression en contactant la Fondation
   Abbé Pierre - Centre de Traitement des Dons - 59898 Lille Cedex 9. Tél. : 01 55 56 37 25. Email : service.donateurs@fondation-abbe-pierre.fr
   Par notre intermédiaire, vous pouvez recevoir des courriers d’autres associations ou organismes partenaires, sauf si vous vous y opposez en
   cochant cette case : !
La Fondation réagit

       À
                   peine la fin de l’état d’urgence sanitaire était-elle offi-
                   cielle que, déjà, dans certaines villes, des places d’hôtels
                   commençaient à fermer sans anticipation suffisante pour
                   proposer des alternatives aux personnes ou aux familles
                   hébergées depuis plusieurs semaines.

        Pire encore, les expulsions de campements se sont multipliées depuis
        le 10 juillet. Plus de 500 personnes ont été expulsées de 11 squats et
        bidonvilles. Ces expulsions ne sont suivies d’aucune solution de loge-
        ment digne et durable et aujourd’hui, 33 lieux de vie sont menacés d’une
        expulsion prochaine, soit 1 990 personnes.

        Parmi elles, des familles avec des enfants, des femmes enceintes, des
        personnes âgées et des personnes malades, qui ont particulièrement
        souffert pendant le confinement.

        Alors même que de bonnes décisions avaient été prises pendant la crise
        sanitaire et qu’un peu partout sur le territoire, plus ou moins rapidement,
        la puissance publique avait su prendre dans l’urgence des mesures qui
        avaient permis d’améliorer sensiblement la santé et les conditions de
        vie de ces personnes déjà fragilisées par leur situation.

     Accès à l’eau, accès à la santé, à l’éducation,

il serait injustifiable et contre-productif que ces
efforts ne soient pas reconduits dans la durée
        Partout en France, ces expulsions nient aussi le travail d’accompagne-
        ment vers la santé, l’emploi et l’insertion que fournissent depuis des
        mois de nombreuses associations, brisant net la dynamique d’inclusion
        dont bénéficient ces personnes particulièrement exclues.

        Mais ce n’est pas tout. Nombre d’associations s’inquiètent des évacua-
        tions de campements qui ont commencé elles aussi pendant l’été. Fin
        juillet, plus de 2 000 exilés ont été expulsés sans préavis d’un campe-
        ment installé le long du Canal Saint-Denis, à Paris. En Île-de-France, et
        particulièrement en Seine–Saint-Denis, des ménages sont expulsés sans
        proposition de relogement ni même parfois a minima d’hébergement.
        Lorsque des propositions d’hébergement sont faites, elles se font à
        l’hôtel pour quelques jours, une solution insatisfaisante et inadaptée
        pour les familles.

        Ces expulsions sont inacceptables et pour des milliers de personnes,
        dont des centaines d’enfants, l’angoisse et la peur sont à nouveau le
        lot quotidien.
                                                                                      ©Séb!Godefroy
La Fondation observe                                                                          « et les autres ? » ı #109 ı   16

                Loyers encadrés
             Les métropoles de Lyon,
             Montpellier et Bordeaux
                 devraient candidater
          à l’expérimentation d’ici le
            24 novembre prochain et

                                                                                                                                            ©Séb!Godefroy
     s’engager à encadrer les loyers
     sur leur territoire. Les bailleurs
       devraient ainsi respecter une
         fourchette de prix au mètre
   carré rendue obligatoire selon le
    type de logement et le quartier,               Pauvreté et logement social

                                                   U
         à la signature d’un nouveau
      bail ou à son renouvellement.                      n Collectif de 6 associations,     Ce rapport prouve que la réalité des
                                                         dont la Fondation Abbé Pierre,     situations des familles pauvres est en
                                                         a présenté un rapport sur les      contradiction flagrante avec la mise
                                                   difficultés d’accès au parc social des   en œuvre du droit au logement. Le
    Lutte contre la pauvreté                       ménages à faibles ressources dont        Collectif propose 15 propositions qui
                                                   l’une des conclusions est sans appel :   touchent donc à différents leviers,
             La Fondation et d’autres              plus un demandeur hlm est pauvre,        rassemblés en trois catégories : loyers
          associations ont déploré la              moins il a de chances d’obtenir un       et charges / parc social accessible /
           suppression du secrétariat              logement. Plus grave : dans les zones    accès au Droit au logement.
             d’État à la lutte contre la           tendues, des dizaines de milliers de
            pauvreté dans le nouveau               ménages dépourvus de logements
               gouvernement Castex,                                                         La synthèse du rapport est en ligne
                                                   ou mal logés restent en attente par      sur le site de la Fondation :
         constitué le 6 juillet dernier.           manque de logements sociaux finan-       https://www.fondation-abbe-pierre.fr/
                                                   cièrement accessibles.                   documents/pdf/synthese_du_rapport.pdf

                  À Mme Wargon
       Le 15 septembre, le Collectif
   des Associations Unies adressait                Convention Citoyenne pour le Climat
           une lettre à Emmanuelle

                                                   L
        Wargon, ministre auprès de                     a Fondation, avec l’Initiative citoyenne « Rénovons », soutient les conclu-
         la ministre de la Transition                  sions de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), qui propose
           écologique, déléguée au                     notamment une avancée beaucoup plus ambitieuse que tous les dispositifs
          Logement, pour dénoncer                  publics actuels en fixant une obligation de rénovation globale des logements
           la reprise des expulsions               énergivores dès 2024 pour les logements individuels mis en vente, puis pour
            dans les bidonvilles, les              tous les autres logements d’ici 2040.
         campements et les squats.                 La CCC confirme également la date d’obligation de rénover les 3 millions de
                                                   passoires énergétiques en location d’ici à 2028, conformément à la loi Éner-
                                                   gie-Climat votée l’an dernier, avec le double défi de réduire drastiquement les
                                                   émissions de CO2 tout en ne pénalisant pas les ménages modestes.

Un fonds d’aide pour les impayés de loyer

L
      e 10 juillet, avec la fin de l’état          exceptionnel de la trêve hivernale       être indemnisés en conséquence.
      d’u rgence sa n ita i re, les per-           jusqu’au 31 octobre, donnant ainsi       E n out re, la Fondat ion cont i nue
      s on ne s s ou m i s e s à de s pr o -       un répit à ces ménages déjà très en      de demander la mise en œuvre de
c é d u r e s d ’e x p u l s i o n o n t v u l a   difficulté et un temps supplémentaire    mesures fortes, dont la création en
protection de la trêve hivernale dis-              pour apporter des réponses alterna-      urgence d’un fonds d’aide au paie-
paraître. C’est pourquoi la Fonda-                 tives à l’expulsion. Parallèlement       ment des loyers et charges doté a
tion avait demandé un prolongement                 les propriétaires concernés doivent      minima de 200 millions d’euros.
17 ı « et les autres ? » ı octobre 2020                                  La Fondation observe

                                                                   Point de vue

                                                                   « Il faut un vrai
                                                                   plan de prévention
                                                                   des expulsions »
                                                                 Emmanuelle Wargon, ministre déléguée
                                                                 auprès de la ministre de la Transition
                                                                 écologique, chargée du Logement.
©TERRA

         Face à la crise du Covid, la Fondation        double peine, avec des factures éner-
         demande qu’un fonds d’aide au                 gétiques beaucoup trop lourdes et des
         paiement des loyers de 200 millions           logements mal isolés qui affectent         Grâce au « Logement
         d’euros soit mis en place.                    leur santé. Dans le plan de relance,       d’abord », depuis 2 ans,
         Que comptez-vous faire ?                      le système de crédit d’impôt pour
                                                                                                  150 000 personnes sans
         Je suis convaincue que la vraie ques-         travaux d’économies d’énergie (CITE)
         tion, c’est la fin de la trêve hivernale de   sera totalement et définitivement          domicile ou hébergées
         2021. Aujourd’hui, la circulaire de mon       remplacé par « MaPrimeRénov’ »             sont entrées dans
         prédécesseur qui stipule qu’il ne peut        dont le montant variera en fonction        le logement.
         y avoir d’expulsion sans relogement           des revenus et de l’étendue des tra-
         est appliqué. Nous surveillons cela           vaux. Cette prime va permettre à ceux
         département par département. D’ici            qui ont peu de moyens financiers de        hébergées sont entrées dans le loge-
         le printemps prochain, je souhaite-           pouvoir rénover leur logement. Nous        ment par ce biais. Il faut continuer et
         rais mettre en place un véritable plan        avons mis 500 millions sur cette aide      nous allons lancer un nouvel appel cet
         national de prévention des expulsions         cette année ; nous la doublerons l’an      automne pour que de nouveaux terri-
         et des impayés de loyer. À la rentrée,        prochain et nous l’augmenterons            toires entrent dans cette dynamique.
         je prendrai l’initiative de rencontrer les    encore l’année suivante. Nous allons       Nous avons pour objectif d’augmen-
         associations, dont la Fondation, sans         donc fortement inciter à la rénovation,    ter sensiblement l’accès au logement
         oublier les propriétaires, pour qu’une        mais nous renforcerons également           grâce à ce dispositif l’année prochaine.
         vraie concertation ait lieu sur le sujet.     les obligations, un prochain décret
         Faut-il un fonds d’aide ? Je n’écarte         précisera le seuil de consommation         Mais il faut aussi construire plus de
         aucune possibilité, toutes les options        d’énergie au-delà duquel un logement       logements accessibles, notamment
         sont sur la table.                            n’est plus considéré comme « décent ».     des logements très sociaux et des loge-
                                                                                                  ments intermédiaires. J’ai également
         Vous avez été nommée peu après                Dans l’actualité également, le plan        pour objectif de poursuivre la trans-
         les conclusions de la Convention              « Logement d’abord » qui produit           formation des bureaux en logements
         Citoyenne pour le Climat,                     des résultats positifs là où il est        initiée par mon prédécesseur et lutter
         la rénovation thermique des                   expérimenté…                               contre les logements vacants. Je sou-
         logements est-elle aussi une priorité ?       Oui, effectivement, dans les 23 terri-     haite également travailler sur l’étale-
         Bien sûr, la qualité des logements est        toires qui sont entrés dans l’expérimen-   ment urbain, en finançant notamment
         une de mes priorités. Il faut absolu-         tation du plan « Logement d’abord »        la réhabilitation des friches en zones
         ment réduire les passoires thermiques         lancée par l’État en mars 2018, il y a     urbaines. Nous allons mettre plusieurs
         sur notre territoire car locataires et        des résultats positifs. Depuis 2 ans,      centaines de millions d’euros pour
         propriétaires modestes subissent la           150 000 personnes sans domicile ou         reconstruire là où la ville existe déjà.
Avec la Fondation                                                                        « et les autres ? » ı #109 ı   18
           Naturalia solidaire
    Naturalia a apporté son soutien
     aux personnes sans abri durant
          la crise avec une opération
     d’arrondi en caisse menée dans
 les 182 magasins de l’enseigne sur
 tout le territoire : 22 339 euros ont
    ainsi été reversés pour le Fonds
          d’urgence de la Fondation.
   « Naturalia a souhaité soutenir la
    Fondation Abbé Pierre dans une
 crise sanitaire où personne n’a été
   épargné. Il était important de ne
 pas oublier les plus démunis. C’est
     pourquoi, du 1er au 31 mai, nous
  avons invité nos clients à arrondir
     leur panier en caisse. » Sidonie
     Tagliante, Directrice Marketing

                                                                                                                                      © Yann Levy
De plus, Naturalia a lancé l’initiative
      « masques solidaires » avec la
  vente de trois masques originaux

                                          Fondation SNCF
pendant un an à compter du 29 juin
      2020 ; la moitié des bénéfices
      étant reversée à la Fondation.
                                          La Fondat ion SNCF a appor té u n           destiné à l’hébergement et à l’alimenta-
                                          mécénat de 100 000 euros au fonds           tion d’urgence en faveur de personnes
                                          d’urgence de la Fondation pour aider        sans abri et des plus vulnérables. »
                                          les plus démunis dans le contexte de        À ce jour, le fonds d’urgence de la
                                          crise sanitaire.                            Fondation a permis de venir en aide
                                          Marianne Eshet, la déléguée géné-           à plus de 101 500 personnes.
                                          rale : « Notre soutien est en particulier

                                          Des salariés Matmut qui assurent !
                           Quadro         Le 6 juillet dernier, la Matmut annonçait un don de 1,2 million d’euros à 3 fon-
                                          dations, dont 25 % destinés à la Fondation Abbé Pierre pour soutenir la lutte
  Quadro (aménagement intérieur           contre le Covid-19. C’est grâce à la générosité d’un grand nombre des salariés
        de la maison) a organisé une      qui ont renoncé à une partie de leurs congés payés que ce don a été possible,
  opération « Libérez vos projets »       l’entreprise s’étant engagée en contrepartie à convertir ces journées en somme
   dans ses 50 magasins et reversé        d’argent et en abondant de 20 euros chaque journée offerte.
    15 euros pour toute commande          « La solidarité du Groupe Matmut trouve son évidence dans 60 ans d’engagement
 passée entre le 11 mai et le 30 juin.    mutualiste. En complément des engagements et des actions solidaires pris à
      Lors de la remise d’un chèque       l’égard des sociétaires et du monde de la santé, au cœur de cette crise inédite, je
   de 28 155 euros le 10 septembre,       suis fier que l’entreprise ait permis aux collaborateurs d’exprimer leur solidarité,
        Laurent Raymond, directeur        dans le cadre d’un accord d’entreprise signé avec les partenaires sociaux. Leur
    général a indiqué : « Nous nous       mobilisation, notamment au profit de la Fondation Abbé Pierre témoigne de la
      sommes sentis concernés à la        conception partagée de la solidarité qui nous anime et permet à notre entreprise
       fois par notre métier et par la    d’être au rendez-vous de l’effort national. » Nicolas Gomart, Directeur général
       clientèle que nous touchons ;      du groupe Matmut.
    un sentiment de responsabilité        Autre possibilité proposée aux salariés, poser un congé dit « solidaire » pen-
collective vis-à-vis des plus fragiles    dant le confinement entrainant automatiquement le versement de 12 euros
   s’est rapidement imposé à nous.        de la part du groupe d’assurances. « Ce dispositif de pose ou don de congés soli-
 Notre réseau a très favorablement        daires a permis aux salariés de poursuivre et d’amplifier l’esprit de solidarité,
    répondu à cette mobilisation et       valeur forte du Groupe Matmut, » souligne Olivier Ruthardt, Directeur général
        nous en sommes très fiers ».      adjoint Ressources Humaines et Relations Sociales du Groupe Matmut.
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