BURUNDI CADRE D'INVESTISSEMENT POUR LES ADOLESCENTS - ESTIMATION DES IMPACTS D'INVESTISSEMENT DANS LES SECTEURS SOCIAUX - UNICEF
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Cadre d’investissement pour les adolescents Burundi Estimation des impacts d’investissement dans les secteurs sociaux
Cadre d’investissement pour les adolescents Burundi Estimation des impacts d’investissement dans les secteurs sociaux Décembre 2019
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents Remerciements L’étude sur le Cadre d’investissement pour les adolescents au Burundi est le fruit d’un processus participatif entre le Gouvernement du Burundi et l’UNICEF, en collaboration avec le UNFPA et avec la contribution de l’ONU Femmes et du PNUD. Cette étude est le résultat d’un processus conduit par les membres du Comité Technique de Suivi, sous le leadership du ministère de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’Information. Ce rapport n’aurait pu aboutir sans un engagement continu de tous les membres du Comité, venus des ministères sectoriels dont le Ministère de l’Éducation, de la Formation Technique et Professionnelle ; le Ministère des Droits de la Personne Humaine, des Affaires Sociales et du Genre ; le Ministère des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Économique ; le Ministère de l’Intérieur, de la Formation Patriotique et du Développement Local; l’Institut de Statistiques et d’Études Économiques du Burundi, les agences des Nations Unies impliquées, et d’autres parties prenantes dans la question de l’adolescence au Burundi. Le Victoria Institute for Strategic Economic Studies (VISES), institut de recherche de l’Université de Victoria, en Australie, a été recruté pour réaliser cette étude. Nos remerciements vont à l’équipe : Peter Sheehan, Bruce Rasmussen, Kim Sweeny,John Symons, Alison Welsh, Margarita Kumnick et Neelam Maharaj. Cette étude a bénéficié également des commentaires des collègues de l’UNICEF Burundi, du Bureau Régional de l’Afrique orientale et méridionale de l’UNICEF (ESARO), du Bureau de recherche Innocenti de l’UNICEF, ainsi que des collègues des bureaux du UNFPA, de l’ONU Femmes et du PNUD. Nos remerciements vont à tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la production de ce document qui va servir à orienter et guider les investissements pour les adolescents au Burundi. v
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents PrÉface Au Burundi, les adolescents représentent un quart de la population. La réalisation de leurs droits est essentielle. Ils sont un élément crucial du développement socio-économique du Burundi. Les adolescents burundais font face à des défis importants, notamment un niveau élevé de vulnérabilité, des risques sanitaires élevés et un niveau d’éducation et de compétences relativement bas. L’adolescence est aussi une période de la vie pendant laquelle tout est possible. C’est le moment où l’être humain acquiert les ressources physiques, cognitives, émotionnelles, sociales et économiques qui l’accompagneront tout au long de sa vie d’adulte. La jeune génération représente un élément essentiel dans les décisions et la définition des politiques et stratégies de développement. C’est pour cette raison, et dans l’objectif de susciter plus d’attention sur cette tranche de la population, que l’UNICEF – en collaboration avec le UNFPA et avec des contributions de l’ONU Femmes et du PNUD – a appuyé le Gouvernement du Burundi dans la réalisation de cette étude. Nous en profitons pour remercier le Gouvernement burundais, l’Institut de Statistiques et d’ Etudes Economiques du Burundi (ISTEEBU), ainsi que le ministère de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’Information, pour son leadership et son excellente collaboration. En outre, pour cette importante étude, nous avons eu le plaisir de travailler avec le Victoria Institute for Strategic Economic Studies (VISES), l’Institut de recherche de l’Université de Victoria, en Australie. Non seulement cette étude fournit une analyse profonde et pertinente sur l’importance des investissements en faveur des adolescents, mais elle suggère également des interventions concrètes. Le Cadre d’investissement permet d’analyser, pour chaque domaine d’intervention proposé, le ratio coûts-bénéfices. Tous ces éléments nous permettent d’orienter nos efforts en vue d’accroître les investissements dans les secteurs de la santé et de l’éducation (enseignement scolaire et éducation non-formelle et continue) en faveur des adolescents. En donnant à tous les adolescents les outils dont ils ont besoin pour mener une vie meilleure, et en les engageant dans des efforts pour améliorer leurs communautés, nous investissons dans ce qui constitue la force et l’avenir de la société burundaise. Nous encourageons tous les partenaires – Nations Unies, Gouvernement, société civile, partenaires de développement – à exploiter les éléments probants contenus dans ce rapport pour éclairer leur processus décisionnel et l’élaboration des programmes en faveur des adolescents, afin d’accompagner le Burundi et lui permettre d’atteindre ses Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Jeremy Hopkins Garry Conille Représentant de l’UNICEF au Burundi Coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Burundi vii
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents Avant-Propos Le Burundi s’est engagé sur la voie de son émergence politico-économique à travers l’adoption du Plan National de Développement du Burundi 2018-27. L’une de ses priorités est d’assurer l’implication de la jeunesse dans tous les processus de son développement et de l’appuyer par des politiques et des programmes. Ensemble avec nos partenaires – nationaux, internationaux et bilatéraux –, nous partageons les préoccupations des jeunes et souhaitons faire en sorte que leur supériorité numérique ne constitue pas un poids pour le pays, mais plutôt un facteur de développement, dans la mesure, bien entendu, où nous parviendrons à canaliser ce potentiel. Plus de 12 millions d’habitants vivent au Burundi et ce chiffre pourrait atteindre 14,9 millions en 2030. Or cette population est caractérisée par son extrême jeunesse, puisque plus de 65 % des Burundais ont moins de 25 ans. L’objectif de ce rapport est de mettre à la disposition des décideurs et des partenaires du Burundi un cadre modélisé pour investir dans des interventions, principalement dans les secteurs de la santé et l’éducation, afin d’améliorer le bien-être des adolescents, filles et garçons. Un Comité Technique de Suivi, composé de différents ministères sectoriels, dont le Ministère de l’Éducation, de la Formation Technique et Professionnelle, le Ministère des Droits de l’homme, des Affaires Sociales et du Genre, le Ministère des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Economique, le ministère de l’Intérieur, La Formation Patriotique et le Développement Local, présidé par le Ministère de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’Information, avec l’appui de l’UNICEF, a été mis en place et a suivi le travail tout au long de cette étude. C’est donc avec un réel plaisir que le Ministère de la Jeunesse, des Postes et des Technologies de l’Information présente les résultats de cette étude sur le Cadre d’investissement pour les adolescents au Burundi. Ce travail est d’une importance capitale, car l’investissement dans la jeunesse est l’une des plus grandes opportunités de l’Afrique, et plus spécifiquement du Burundi, compte tenu de ses caractéristiques démographiques. Les investissements devraient jouer un rôle déterminant pour le développement du Burundi au cours des années à venir. Il appartient à notre jeunesse de réaliser la vision de “l’Afrique que nous voulons», une Afrique qui agit et devient actrice et partenaire influente sur la scène internationale, comme le préconise l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Que tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à la réalisation de cette étude, en particulier les membres du Comité Technique de Suivi et les agences des Nations Unies (UNICEF et UNFPA), trouvent ici l’expression de la gratitude du Ministère de la Jeunesse, Postes et des Technologies de l’Information. Hon. Evelyne Butoyi Ministre de la Jeunesse,des Postes et des TIC ix
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents Table des matières Liste des Tableaux xii Liste des Graphiques xvi Liste des acronymes xvii Termes clés xviii 1. Introduction 1 1.1 Contexte économique et social 2 1.1.1 La conjoncture économique au Burundi 4 1.2 Pourquoi les adolescents ? 7 1.3 Pourquoi un Cadre d’investissement ? 9 1.4 Harmonisation avec les actions nationales, régionales et internationales 11 1.5 Conclusions 13 2. Interventions de santé en faveur des adolescents 15 2.1 Contexte sanitaire 15 2.2 Modèle pour la santé 16 2.2.1 Tuberculose 18 2.2.2 VPH 18 2.2.3 Conséquences physiques des accidents de la route 19 2.3 Coûts 19 2.4 Résultats 20 2.5 Dividende démographique et bénéfices économiques et sociaux 22 2.5.1 Bénéfices économiques 22 2.5.2 Dividende démographique 23 2.5.3 Bénéfices sociaux 23 2.6 Retour sur investissement 24 2.6.1 Définir un cadre d’investissement pour la santé à l’aide de l’OHT 24 2.6.2 Programme de vaccination contre le VPH 27 2.6.3 Accidents de la route 28 2.6.4 Tuberculose 30 2.7 Discussion 34 2.7.1 Limites 35 3. Éducation, formation et emploi 37 3.1 Éducation et formation : interventions pour les adolescents 37 3.1.1 Introduction 37 3.1.2 Éducation et formation : le contexte actuel 37 3.1.3 Modèle pour l’éducation 39 3.1.4 Interventions en éducation formelle 43 3.1.5 Interventions dans les domaines de l’éducation non-formelle et de la formation 48 3.1.6 Récapitulatif des interventions 49 3.1.7 Coûts des interventions 51 3.1.8 Résultats 57 3.1.9 Récapitulatif des résultats pour l’éducation non-formelle 62 3.2 Modèle pour l’emploi et résultats des investissements pour les initiatives en éducation et en formation 63 3.2.1 Modèle pour l’emploi et la formation 63 3.2.2 Application du modèle pour estimer la rentabilité des interventions en éducation et en formation 69 xi
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents 4. Financer le programme d’interventions pour les adolescents 73 Liste des Tableaux 4.1 Coûts du Programme 73 4.2 Les dépenses actuelles en matière de santé et d’éducation 74 4.3 Options pour stimuler les dépenses en faveur des adolescents 75 4.3.1 Ressources intérieures 75 Tableau 1.1 Taux de fécondité et usage de la contraception, 2017 3 4.3.2 Aide financière extérieure 76 Tableau 1.2 Variables de l’inégalité de genre dans les pays sélectionnés, à différentes années 3 4.3.3 Innover dans le financement de l’aide au développement 79 Tableau 1.3 Part du PIB et emploi total, en %, 1970-2016 5 4.4 Conclusion 81 Tableau 1.4 Valeur ajoutée par travailleur par secteur, pour les différents pays, en USD constants de 2010, 5. Conclusion : Investissement social et résurgence du Burundi 83 2000-2016 6 5.1 Contexte du programme d’investissement social 84 5.2 Résultats 84 Tableau 1.5 Proportion de la population ayant accès à l’Internet, mars 2019 6 5.2.1 Investir dans la santé des adolescents 84 Tableau 2.1 Coût des scénarios basique, intermédiaire et élevé, modèle de santé principal avec l’OHT, 5.2.2 Investir dans l’éducation et la formation 85 en millions de USD 19 5.3 Corrélation entre initiatives et résultats 86 Tableau 2.2 Coûts des autres programmes, modèles de santé complémentaires, en millions de USD 20 5.4 Structuration du programme d’investissement social 87 Tableau 2.3 Taux estimé de prévalence contraceptive, Burundi, filles 15-19 ans 20 Annexes 92 Tableau 2.4 Taux de fécondité, Burundi, filles 15-19 ans, 2019-2030 21 Annexe 1 Mortalité et morbidité au Burundi 92 Annexe 2 Interventions et taux de couverture pour la modélisation OHT 102 Tableau 2.5 Réduction des naissances par rapport au cas de référence, Burundi, filles 15-19 ans, 2019-2030 21 Annexe 3 Modélisation de la santé des adolescents à l’aide de l’Outil OneHealth (OHT) 107 Tableau 2.6 Décès évités chez les adolescents et autres, scénario élevé comparé au basique, A3.1 Interventions 107 Burundi, 2019 à 2030 21 A3.2 Estimation des coûts 109 A3.3 Résultats 110 Tableau 2.7 Réduction du nombre des adolescentes anémiques, scénario élevé comparé au basique, 2019 à 2030 22 A3.4 Bénéfices 110 Annexe 4 Interventions pour la lutte contre la tuberculose 114 Tableau 2.8 Réduction du nombre de nouveau-nés rachitiques nés de mères adolescentes, Annexe 5 Le Programme de vaccination contre le VPH 115 scénario élevé comparé au basique, 2019 à 2030 22 A5.1 Introduction 115 Tableau 2.9 Bénéfices, RCB, modèle de la santé principal avec utilisation de l’OHT, A5.2 Estimation des coûts et bénéfices du programme de vaccination contre le VPH 117 croissance du PIB modérée, en millions de USD 25 Annexe 6 Cadre d’investissement pour réduire les conséquences physiques des accidents Tableau 2.10 Bénéfices, RCB, modèle de la santé principal avec utilisation de l’OHT, de la route pour les adolescents au Burundi 119 croissance du PIB modérée, en milliards de BIF 25 A6.1 Introduction 119 A6.2 Méthodes 121 Tableau 2.11 Bénéfices, RCB, modèle de la santé principal avec utilisation de l’OHT, A6.3 Résultats 129 croissance du PIB élevée, en millions de USD 26 A6.4 Discussion 132 Tableau 2.12 Programme de vaccination contre le VPH, bénéfices, RCB, croissance du PIBmodérée, Annexe 7 Résultats complets de la modélisation pour les secteurs de la santé et de l’éducation 133 en millions de USD 27 Références 135 Tableau 2.13 Programme de vaccination contre le VPH, bénéfices, RCB, croissance du PIBélevée, en millions de USD 27 Tableau 2.14 Conséquences physiques des accidents de la route, bénéfices, RCB, croissance du PIB modérée, en millions de USD, 2019 à 2030 29 Tableau 2.15 Conséquences physiques des accidents de la route, bénéfices, RCB, croissance du PIB élevée, en millions de USD, 2019 à 2030 29 Tableau 2.16a Modélisation pour la tuberculose, bénéfices, RCB, croissance du PIB modérée, en millions de USD 30 Tableau 2.16b Modélisation pour la tuberculose, bénéfices, RCB, croissance du PIB élevée, en millions de USD 31 Tableau 2.17a Bénéfices, RCB, croissance du PIB modérée, en millions de USD 32 Tableau 2.17b Bénéfices, RCB, croissance du PIB modérée, en millions de USD 32 Tableau 2.18a Bénéfices, RCB, croissance du PIB élevée, en millions de USD 33 Tableau 2.18b Bénéfices, RCB, croissance du PIB élevée, en millions de USD 33 xii xiii
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents Tableau 2.19 Résumé des coûts annuels et des ratios coûts-bénéfices, croissance du PIB modérée et élevée 34 Tableau A1.7 Principales causes de décès chez les adolescents, Burundi, filles,15-19 ans, étude GBD 2017 97 Tableau 3.1 Types d’interventions et cinq résultats d’éducation (Apprentissage scolaire AS; Tableau A1.8 Principales causes de décès chez les adolescents, Burundi, garçons,15-19 ans, étude GBD 2017 97 Cognition Cg; Abandon scolaire Ab S; Achèvement A et Scolarisation S), écart-type 44 Tableau A1.9 Principales causes d’EVCI chez les adolescents, Burundi, filles, 10-14 ans, étude GBD 2017 98 Tableau 3.2 Récapitulatif de l’efficacité des interventions adoptées 50 Tableau A1.10 Principales causes d’EVCI chez les adolescents, Burundi, garçons, 10-14 ans, étude GBD 2017 99 Tableau 3.3 Récapitulatif des coûts et de l’efficacité des interventions adoptées 52 Tableau A1.11 Principales causes d’EVCI chez les adolescents, Burundi, filles, 15-19 ans, étude GBD 2017 100 Tableau 3.4 Les interventions adoptées, éducation non-formelle 54 Tableau A1.12 Principales causes d’EVCI chez les adolescents, Burundi, garçons, 15-19 ans, étude GBD 2017 101 Tableau 3.5 Coût de base et coût des interventions pour l’éducation, trois groupes d’interventions, Tableau A2.1 Principales causes d’EVCI chez les adolescents, Burundi, garçons, 15-19 ans, étude GBD 2017 102 en millions de USD 55 Tableau A3.1 Estimation des taux de prévalence contraceptive, Burundi, filles 15-19 ans 113 Tableau 3.6 Estimation des bénéfices procurés par une année de scolarité supplémentaire, Burundi, 2014 66 Tableau A3.2 Taux de fécondité, Burundi, filles 15-19 ans 113 Tableau 3.7 Estimation de l’augmentation des revenus en pourcentage pour une augmentation de l’écart-type dans les compétences cognitives 66 Tableau A3.3 Réduction du nombre de naissances au Burundi, comparé au cas de référence, filles 15-19 ans 114 Tableau 3.8 Résultats pour l’emploi améliorés grâce à la formation et à l’incitation à l’entrepreneuriat, Tableau A6.1 Étendue de l’efficacité des interventions 124 pays à faible et moyen revenus 68 Tableau A6.2 Récapitulatif des hypothèses utilisées dans la modélisation sur l’efficacité Tableau 3.9 Résultats obtenus sur la productivité et le PIB grâce aux initiatives en matière d’éducation des interventions, d’ici 2030 126 et de formation, cohortes successives âgées de 20 à 24 ans, différence avec cas de référence en Tableau A6.3 Fourchette des coûts des quatre interventions visant des changements pourcentage, groupe d’interventions prioritaires, cas de croissance économique élevée 70 de comportement, en dollar international ou USD* 128 Tableau 3.10 Ratio coûts-bénéfices des interventions prioritaires en éducation et en formation Tableau A6.4 Décès et atteintes physiques graves causés par les accidents de la route, professionnelle, selon divers taux d’actualisation, dans un scénario de croissance économique au Burundi, chez les jeunes de 10 à 24 ans 130 élevée, pour les périodes indiquées 71 Tableau A6.5 Décès et atteintes physiques graves causés par les accidents de la route, Tableau 4.1 Coûts du programme d’interventions dans la santé et l’éducation, en millions de USD 73 au Burundi, chez les jeunes de 10 à 19 ans 130 Tableau 4.2 Dépenses d’éducation et de santé du Burundi, comparées avec celles de ses voisins Tableau A6.6 Coûts et bénéfices des interventions portant sur les accidents de la route, Burundi, en millions de l’Afrique de l’Est, en % du budget de l’État, 2016 et 2017 (dernières données disponibles) 74 de USD, valeur actuelle nette (VAN), jusqu’en 2030 et 2050, taux d’actualisation 3 %, jeunes de 10 à 24 ans 131 Tableau 4.3 Dépenses militaires du Burundi comparées à celles de ses voisins d’Afrique de l’Est, Tableau A6.7 Coûts et bénéfices des interventions portant sur les accidents de la route, Burundi, en millions en % du budget de l’État, 2018 75 de USD, valeur actuelle nette (VAN), jusqu’en 2030 et 2050, taux d’actualisation 3 %, jeunes de 10à 19 ans 131 Tableau 4.4 Revenu fiscal du Burundi comparé à celui de ses voisins d’Afrique de l’Est, % du PIB, 2017 76 Tableau A6.8 RCB des interventions portant sur les accidents de la route, jusqu’en 2030 et 2050, Tableau 4.5 Taux d’augmentation de l’aide extérieure reçue par le Burundi et ses voisins d’Afrique de l’Est, Burundi, jeunes de 10 à 24 ans 131 de 2000 à 2010 et de 2010 à 2017 77 Tableau A6.9 RCB des interventions portant sur les accidents de la route, jusqu’en 2030 et 2050, Tableau 5.1 Ratio coûts-bénéfices pour les initiatives en matière de santé, 2019-30, selon deux Burundi, jeunes de 10 à 19 ans 132 scénarios de croissance, à un taux d’actualisation de 3% 81 Tableau 7.1 Récapitulatif des résultats pour les ratios coûts-bénéfices, sur toutes les périodes Tableau 5.2 RCB pour les initiatives prioritaires en éducation et en formation, pour deux scénarios modélisées, pour les initiatives en matière de santé, de formation et d’éducation, selon un scénario de croissance, sur des périodes d’interventions allant de 2019 - 2030, 2019-2040 - 2019-2050, de croissance élevée, avec un taux d’actualisation de 3 % 133 à un taux d’actualisation de 3 % 86 Tableau 5.3 Coût annuel moyen et ratio coûts-bénéfices, 2019-2030 d’initiatives individuelles dans le secteur de la santé et dans le secteur de l’éducation pour les périodes 2019-2030, 2019-2040 et 2019-2050, scénario de croissance élevée, taux d’actualisation de 3 % 88 Tableau 5.4 Récapitulatif des résultats les plus optimistes pour la santé et l’éducation, séries prioritaires, scénario de croissanceélevée, taux d’actualisation de 3 % 91 Tableau A1.1 Répartition des décès dans les hôpitaux, par cause et tranche d’âge, Burundi, 2016 92 Tableau A1.2 Répartition des décès dans les centres de santé par cause, Burundi, 2016 93 Tableau A1.3 Répartition des principales causes de morbidité dans les hôpitaux et cliniques, Burundi, 2016 94 Tableau A1.4 Répartition par âge et par cause des cas de morbidité dans les centres de santé, Burundi, 2016 95 Tableau A1.5 Principales causes de décès chez les adolescents, Burundi, filles,10-14 ans, étude GBD 2017 96 Tableau A1.6 Principales causes de décès chez les adolescents, Burundi, garçons,10-14 ans, étude GBD 2017 96 xiv xv
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents Liste des Graphiques Liste des acronymes Graphique 1.1 Croissance du PIB au Burundi (en USD constants), en %, 2010-18, en % 4 APD Aide publique au développement Graphique 1.2 Taux de croissance de la population adolescente comparé à celui des autres groupes d’âge 7 AVI Années vécues avec de l’incapacité (YLD Years Lost Due to Disability) Graphique 1.3 Causes majeures de la charge de morbidité chez les adolescents du Burundi, par genre, EVCI pour 100 000 personnes, 2017 9 BAD Banque Africaine de Développement Graphique 2.1 Ratios coûts-bénéfices, modélisation OHT, croissance du PIB modérée et élevée, BIF Franc burundais taux d’actualisation de 3 % 26 Graphique 2.2 Ratios coûts-bénéfices, programme contre le VPH, croissance du PIB modérée BM Banque Mondiale et élevée, taux d’actualisation de 3 % 28 CAD Comité d’aide au développement (OCDE) Graphique 2.3 Ratios coûts-bénéfices, conséquences physiques des accidents de la route, croissance du PIB modérée et élevée, taux d’actualisation de 3 % 30 CEM Centre d’enseignement des métiers Graphique 2.4 Ratios coûts-bénéfices, modélisation pour la tuberculose, croissance du PIB CFP Centre de formation professionnelle modérée et élevée, taux d’actualisation de 3 % 31 DD Dividende démographique Graphique 3.1 Structure du système éducatif du Burundi, parcours scolaire à partir de l’année 2013/14 38 Graphique 3.2 Structure du modèle pour l’éducation 40 DMS Différence moyenne standardisée Graphique 3.3 Variation de la moyenne de l’écart-type 42 DS Déviation standard ou écart-type Graphique 3.4 Coûts de la formation non-formelle, en milliers de USD 54 EDS Enquêtes démographiques et de santé Graphique 3.5 Coût total des interventions en éducation formelle jusqu’en 2040, hommes et femmes, EFTP Enseignement et formation technique et professionnels en millions de USD 56 Graphique 3.6 Coûts des interventions modélisées en éducation formelle et non-formelle, en millions de USD 56 EVCI Espérance de vie corrigée de l’incapacité (DALY Disability-Adjusted Life Year) Graphique 3.7 Répartition scolaire des adolescentes de 15 à 19 ans 57 FMI Fonds monétaire international Graphique 3.8 Répartition scolaire des adolescents de 15 à 19 ans 58 GAVI Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (Global Alliance for Vaccines and Immunization) Graphique 3.9 Répartition scolaire des jeunes femmes de 20 à 24 ans 58 GBD Charge mondiale de morbidité (Global Burden of Disease) Graphique 3.10 Répartition scolaire des jeunes hommes de 20 à 24 ans 59 GFF Mécanisme de financement mondial (Global Financing Facility) Graphique 3.11 Les filles en abandon scolaire par classe 59 Graphique 3.12 Les garçons en abandon scolaire par classe 60 IDH Indice de développement humain Graphique 3.13a Nombre moyen d’années de scolarisation des femmes 60 IHME Institute for Health Metrics and Evaluation Graphique 3.13b Nombre moyen années de scolarisation des hommes 61 IIG Indice d’inégalité de genre Graphique 3.14 Scolarisation en lycée professionnel 61 ISTEEBU Institut de statistiques et d’études économiques du Burundi Graphique 3.15 Effectifs dans l’éducation et la formation non-formelles 62 Graphique 4.1 Montants nets de l’aide publique extérieure versée au Burundi et aux pays voisins, MEFTP Ministère de l’Éducation, de la formation technique et professionnelle (Burundi) 2010-2017, en millions de USD 77 MMK Méthode Mère kangourou Graphique 4.2 Aide extérieure versée par secteur, Burundi, 2000-2014, en millions de USD 78 MNT Maladie non transmissible Graphique 4.3 Total de l’aide extérieure publique et privée pour la santé, en millions de USD, 2007-20 79 MPDC Ministère du Plan et du Développement communal (Burundi) Graphique A6.1 Taux de décès par accident de la route, pour 100 000 jeunes de 10 à 24 ans, par type de pays, 2015 et 2016 120 MSPLS Ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le SIDA (Burundi) Graphique A6.2 Décès causés par accidents de la route, ventilés par type de véhicules impliqués 120 NAEP Programme d’évaluation des progrès dans le système éducatif américain Graphique A6.3 Ratios de décès/atteintes physiques graves chez les jeunes de 10 à 24 ans, (National Assessment of Education Program (US)) ventilés par type de véhicule et par genre, 2016 121 NEET Ni étudiant, ni employé, ni stagiaire (Not in employment, education or training) Graphique A6.4 Cadre général de modélisation 121 Graphique A6.5 Résumé de nos recherches dans la littérature scientifique et dans le Web of Science 125 OCDE Organisation de coopération et de développement économiques ODD Objectif(s) de développement durable xvi xvii
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents OHT Outil OneHealth (OneHealth Tool) Termes clés OIT Organisation internationale du travail OMS Organisation mondiale de la santé Ratio coûts/bénéfices C’est le moyen d’exprimer le taux de retour sur investissement qu’a choisi PASEC Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Confemen (RCB) ce rapport. Le RCB s’obtient en divisant l’estimation des bénéfices par PIB Produit intérieur brut l’estimation des coûts. S’il est supérieur à 1, cela signifie que les bénéfices d’un programme d’action sont plus élevés que son coût. Ainsi, par exemple, PIRLS Programme international de recherche en lecture scolaire un RCB de 10 signifie que, pour chaque dollar, euro ou franc burundais PISA Programme international pour le suivi des acquis des élèves dépensé, il y aura un bénéfice de 10 dollars, euros ou francs burundais (BIF). (Program for International Student Assessment) Dividende Quand les taux de fécondité diminuent et que la croissance de la population PND Plan national pour le développement (Burundi) démographique non encore active se ralentit, divers facteurs entrent en jeu pour augmenter PNUD Programme des Nations unies pour le développement les taux de croissance per capita. Ainsi, au lieu de devoir couvrir les besoins PTE Plan transitoire de l’éducation (Burundi) liés à un accroissement rapide de la population, les ressources de la société peuvent être distribuées plus favorablement au sein de la population PTME Prévention de la transmission de la mère à l’enfant existante, et la proportion de la population en âge de travailler s’accroît. Ces RCB Ratio coûts-bénéfices effets, qui entraînent une croissance plus rapide du produit intérieur brut (PIB) par habitant, sont appelés dividende démographique. RMNCH Santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile (Reproductive, maternal, newborn and child health) Espérance de vie corrigée Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, l’EVCI pour une maladie ou un SIDA Syndrome d’immunodéficience acquise de l’incapacité handicap physique se calcule en additionnant les années de vie perdues (EVCI, ou DALY (YLL en anglais) en raison d’une mortalité précoce dans la population aux SSA Afrique subsaharienne (Sub-Saharian Africa) en anglais) années perdues à cause du handicap (YLD) pour les personnes souffrant TAR/ARV Traitement antirétroviral d’un handicap physique ou de ses conséquences. On peut considérer que l’EVCI est une année de vie en bonne santé perdue. La somme de ces TB Tuberculose EVCI dans la population, ou la charge de morbidité, peut être vue comme TFR Taux de fécondité total (Total Fertility Rate) une mesure du fossé existant entre l’état sanitaire actuel et une situation TIC Technologies de l’information et de la communication idéale où toute la population vivrait jusqu’à un âge avancé sans souffrir de maladies graves ou de handicaps. TIMMS Étude internationale consacrée aux mathématiques et aux sciences (Trends in International Mathematics and Science Study) Taux d’actualisation Le taux d’actualisation est le taux qui permet de rendre comparable un TPC Taux de prévalence contraceptive revenu ou une dépense futurs à un revenu ou une dépense immédiats. L’actualisation est calculée en intérêts composés sur la base d’un taux TRI Taux de rentabilité interne annuel. UNESCO Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture Taux de rentabilité interne Autre méthode pour calculer le retour sur investissement, exprimé dans ce UNFPA Fonds des Nations unies pour la Population (TRI) rapport en pourcentages, qui compare bénéfices et coûts. UNICEF Fonds des Nations unies pour l’enfance Valeur actuelle nette Lorsqu’on calcule le ratio coûts-bénéfices, il est courant d’exprimer les (VAN) bénéfices en VAN. Les bénéfices et les coûts des années à venir sont VAN Valeur actuelle nette généralement considérés comme ayant une valeur plus faible que ceux VEM Modèle de l’éducation VISES de l’année en cours, en raison d’un taux d’actualisation annuel. Ce taux VET Enseignement professionnel et formation (Vocational Education and Training) d’actualisation est appliqué à ces bénéfices et ces coûts à venir afin d’exprimer ceux-ci en valeurs actualisées (VAN) la première année. Le RCB VIH Virus de l’immunodéficience humaine est le rapport de la VAN des bénéfices sur celle des coûts. VISES Victoria Institute of Strategic Economic Studies Écart-type L’écart-type est la mesure de la variation, ou dispersion, d’une série de VPH Virus du papillome humain valeurs par rapport à leur moyenne. Un écart-type faible indique que les YPLL Années potentielles de vie perdues (Years of potential life lost) valeurs sont proches de la moyenne de la série, tandis qu’un écart-type élevé indique que les valeurs s’étendent sur un spectre plus large. xviii xix
1. INTRODUCTION Le Burundi se trouve à un moment clé de son développement. Il fait face à une importante pression démographique avec la croissance rapide de sa population, qui vit à 90 % en zone rurale, son économie largement agricole et sa population active qui travaille en majorité dans le secteur informel. Du fait que les adolescents de 10 à 19 ans constituent près d’un quart de la population croissante, leur santé, leur éducation et leurs perspectives d’occuper un emploi intéressant et rémunérateur seront critiques pour l’avenir du pays. Or les adolescents burundais rencontrent de nombreux defis, parmi lesquelles un haut degré de vulnérabilité, d’importants risques sanitaires et et un niveau d’éducation et de compétences qui doit etre relevé. Pour y parvenir, le Burundi doit développer le potentiel représenté par ses adolescents. En termes d’emploi, la majorité de la population active travaille dans le secteur informel, pour des entreprises qui n’ont pas de rentrées régulières, dirigées par des personnes non formées, [qui] desservent des consommateurs peu nantis et font appel à peu de capital (Banque mondiale 2019, p.94). Pour pouvoir prospérer économiquement, le Burundi doit accroître la productivité de son secteur agricole, développer la filière du traitement en aval de ses produits agricoles, renforcer le secteur des services, les industries manufacturières et le secteur des emplois formels. Pour cela, il lui faut améliorer la santé et le niveau d’éducation des adolescents et aider cette population à acquérir les compétences nécessaires au vingt-et-unième siècle, notamment la culture numérique et l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Afin de développer le potentiel des adolescents burundais, il est nécessaire d’effectuer des investissements substantiels dans leur santé, ainsi que dans l’éducation et la transmission de compétences. Toutefois, le retour sur investissement sera tout aussi substantiel en termes de qualité de vie et de contribution à la vie économique et sociale du pays. Pour quantifier la valeur de cet effort d’investissement, le Gouvernement et l’UNICEF ont sollicité une équipe d’économistes indépendants dont la mission est d’en évaluer la pertinence. Ce rapport vise à mettre à la disposition des décideurs et des partenaires du Burundi un cadre modélisé pour investir dans les interventions, principalement dans les domaines de la santé et de l’éducation, en vue d’améliorer le bien-être des adolescentes, notamment les plus vulnérables. L’un des objectifs de l’approche du “retour sur investissement”, fondée sur les résultats de l’analyse coûts-bénéfices, est d’appuyer et de promouvoir, auprès du gouvernement burundais, des fondations privées et des agences internationales, des investissements plus importants dans les programmes sanitaires et éducatifs. Lors du lancement de l’Initiative Generation Unlimited, qui s’inscrit dans la stratégie « Youth 2030 », « Unis pour la jeunesse » (ONU 2018), stratégie de l’ONU pour compléter et construire sur les programmes déjà existants en faveur des adolescents et des jeunes adultes, la Directrice Générale de l’UNICEF Henrietta Fore déclarait : En raison de l’évolution démographique mondiale et des progrès technologiques très rapides que nous connaissons, nous nous trouvons à un moment clé de l’Histoire. Si nous agissons judicieusement et rapidement, nous pouvons former une génération de jeunes compétents, mieux préparés pour créer des économies durables et des sociétés pacifiques et prospères. Les jeunes représentent peut-être 25 % de la population mondiale, mais 1
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents ils représentent 100 % de l’avenir. Nous ne pouvons pas nous permettre de leur faire défaut. (UNICEF 2018) Tableau 1.1 Taux de fécondité et usage de la contraception, 2017 La plateforme partenariale, établie par Generation Unlimited, se concentrera sur trois domaines clés : Burundi Kenya Rwanda République-Unie Ouganda l’enseignement secondaire ; les compétences d’apprentissage, l’employabilité et les emplois décents ; de Tanzanie l’autonomisation. Taux de fécondité, total (nombre 5,5 3,8 3,8 5 5,5 d’enfants par femme) Comme l’a indiqué l’ex-directeur de la Banque mondiale Jim Yong Kim dans le Rapport sur le développement dans le monde 2019 : Taux de fécondité des 58 80 26 115 107 adolescentes (naissances pour … les pays en développement vont devoir prendre des mesures rapides pour être à même de soutenir la 1000 femmes de 15 à 19 ans) concurrence dans l’économie du futur. Ils vont devoir investir dans leur population avec un profond sentiment d’urgence — particulièrement dans la santé et l’éducation, qui sont les pierres angulaires du capital humain Prévalence contraceptive, toutes 29 61 53 38 42 — afin de cueillir les fruits de l’évolution technologique et de minimiser les perturbations les plus graves que méthodes confondues celle-ci pourrait engendrer. Pour l’instant cependant, trop nombreux sont les pays qui ne réalisent pas ces (% de femmes de 15 à 49 ans) investissements essentiels (Jim Yong Kim, Banque mondiale 2019, p. vii) Source: Enquête démographique de santé (2016/17) ; autres pays, Banque mondiale (2019a). Notre modèle de référence quantifie les bénéfices substantiels que rapporteraient ces investissements, Les disparités hommes-femmes sont moins grandes au Burundi que dans de nombreux autres pays de même déterminants pour l’avenir du Burundi. Il entend ainsi aider le Burundi à atteindre les objectifs de son Plan niveau de développement. Pour l’Indice d’inégalité de genre (IIG), le Burundi est à la 114e place sur 160. L’IIG national de Développement 2018-2027 (PND) qui, à son tour, contribuera à réaliser les Objectifs reflète les inégalités de genre sur trois plans : de Développement Durable (ODD) et l’Agenda 2063 de l’Union africaine. • santé reproductive, mesurée par le taux de mortalité maternelle et le taux de natalité parmi les Cette analyse montre que, pour chaque dollar investi dans des actions de santé en faveur des adolescentes ; adolescents, le Burundi récoltera 16,4 USD. Pour chaque dollar investi dans l’éducation formelle, il en • autonomisation, mesurée par la proportion de sièges parlementaires occupés par des femmes, et celle de obtiendra 10 en retour. Et chaque dollar investi dans l’éducation non-formelle lui rapportera 15,3 USD. femmes et d’hommes adultes de 25 ans et plus ayant fréquenté l’enseignement secondaire au moins en partie ; Cette introduction : • statut économique, exprimé en présence sur le marché du travail et mesuré par le taux de participation à la population active des hommes et des femmes de 15 ans et plus. • expose le contexte économique et social ; • justifie la nécessité de se concentrer sur l’adolescence ; Comme le montre le Tableau 1.2, l’IIG pour le Burundi est de 0,471 ; il est inférieur (donc, moins inégalitaire) • examine le besoin d’un cadre d’investissement ; à ceux du Kenya (0,549), de la République-Unie de Tanzanie (0, 537) et de l’Ouganda (0, 523). • analyse l’alignement de ce projet sur d’autres initiatives internationales. Au Burundi, environ 37,8 % des sièges parlementaires sont occupés par des femmes ; par ailleurs, quoique les deux taux soient assez bas, il faut souligner que 7,5 % des femmes ont fréquenté l’enseignement secondaire (contre 1.1 Contexte économique et social 10,5 % des hommes), et que leur taux de participation à la vie active est de 80,2 % (contre 77,5 % des hommes). Le contexte économique et social du Burundi représente en lui-même un défi, comme le montre l’indice de Table 1.2 Variables concernant les inégalités de genre dans les pays sélectionnés, développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui mesure à différentes années la dimension de la santé, de l’éducation et du revenu au moyen de l’espérance de vie, du nombre d’années de la scolarisation et du produit national brut par habitant. L’IDH place le Burundi à la 185e place, sur 189 pays et IIG Sièges Taux de Pop. Avec au Mortalité territoires (2018). En 2017, l’IDH du Burundi ne s’élève qu’à 0,417, un chiffre inférieur à ceux de voisins comme 2017 parlementaires participation à moins quelques maternelle l’Ouganda (0,516) ou la République-Unie de Tanzanie (0,538). En ce qui concerne l’espérance de vie à la naissance, (%) occupés la population années de (décès pour elle passe de 48,1 ans en 1990 à 57,9 ans en 2017, ; quant au PIB par habitant, il diminue et n’est plus que de 275 par des active (% 15 ans scolarisation 100 000 USD, contre 643 USD en Ouganda et 1 020 USD en République-Unie de Tanzanie (ISTEEBU et PNUD 2018). femmes) et plus) secondaire (% de naissances 2017 2017 25 ans et plus) vivantes) Depuis 2010, la croissance démographique est d’environ 3 % par an ; la population est ainsi passée à 11,8 2017 2015 millions d’habitants en 2018 (dont environ 23 % d’adolescents) (ISTEEBU 2017). La densité de la population (435 H F H F habitants au km2), l’une des plus fortes au monde pour un pays largement agricole (Banque mondiale 2019a), impose une pression considérable sur les terres agricoles disponibles. Comme le montre le Tableau 1.1, le taux Burundi 0,471 37,8 77,5 80,2 10,5 7,5 712 de fécondité est élevé, à 5,5 enfants par femme (contre 3,8 au Kenya et 5,5 en Ouganda). Le taux de prévalence Kenya 0,471 23,3 68,5 62,2 36,6 29,2 510 de la contraception est bas, à 29 % pour les femmes de 15 à 49 ans, alors qu’il atteint 42 % en Ouganda et République-Unie 38 % en République-Unie de Tanzanie. La fécondité des adolescentes est de 58 naissances pour 1 000 jeunes 0,537 37,2 87,4 79,5 16,9 11,9 398 de Tanzanie filles de 15 à 19 ans, ce qui signifie que chaque cohorte de filles de 15 à 19 ans donnera naissance à 5,8 enfants. Quoiqu’élevé par rapport à la moyenne mondiale, ce taux de fécondité est faible comparé à celui de pays voisins Rwanda 0,381 55,7 86,3 86,0 17,0 12,6 290 comme la République-Unie de Tanzanie, où il s’élève à 115. Ouganda 0,523 34,3 74,9 66,6 32,4 26,7 343 Source : UNDP (2019). (H : Hommes F : Femmes) 2 3
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents 1.1.1 La conjoncture économique au Burundi Tableau 1.3 Part du PIB et emploi total, en %, 1970-2016 1970 1980 1990 2000 2010 2016 L’économie du Burundi a été défavorablement affectée par la crise sociopolitique et économique de 2015. Comme le montre le Graphique 1.1, le PIB a chuté, passant de + 4,2 % en 2014 à – 0,4 % en 2015. Il remonte Valeur ajoutée réelle doucement, mais n’était encore que de 3,8 % en 2018 (données nationales), contre 5-6 % par an en République- Secteur Unie de Tanzanie et en Ouganda (Banque mondiale 2019b). Primaire 65,3 57,6 48,6 44,1 38,4 30,6 Services 17,8 23,2 23,3 32,1 37,0 49,1 Graphique 1.1 Croissance du PIB au Burundi (en USD constants), 2010-18, en % Industrie 9,4 11,7 17,5 15,5 15,4 11,6 Total Emploi Secteur Primaire 91,7 92,3 91,3 91,4 Services 5,9 5,5 6,1 6,2 Industrie 2,3 2,2 2,6 2,4 Total 100 100 100 100 100 100 Source : Banque mondiale (2019a). Alors que le gouvernement projette qu’au cours de la prochaine décennie, la croissance la plus rapide concernera les secteurs de l’industrie et des services, la priorité immédiate est d’accroître la production agricole par hectare Source: Comptes nationaux en recourant de façon intensive aux nouvelles technologies et méthodes de cultures. Si l’augmentation du rendement agricole du Burundi, soit la valeur ajoutée par travailleur, est généralement limitée par la croissance de la population et des terres cultivables non extensibles, ce rendement ne s’élève actuellement qu’à environ un Le gouvernement espère voir se poursuivre la croissance économique. Le PND (République du Burundi 2018) tiers de celui des voisins immédiats. Une forte croissance de la production agricole entraînera des répercussions prévoit une progression moyenne de 10,7 % au cours de la période 2018-2027, et le PIB par habitant devrait en chaîne sur toute l’économie. Elle permettra à des ouvriers agricoles de se tourner vers (ou, au moins, de atteindre 810 USD en 2027, contre 302 USD en 2017. consacrer une partie de leur temps à) des emplois dans l’agroalimentaire, la distribution et, éventuellement, Les perspectives économiques du Burundi dépendent grandement du rendement de l’agriculture : non seulement d’autres activités du secteur formel. de l’activité agricole elle-même, mais aussi de l’industrie agroalimentaire en aval et des services associés. Les principaux produits d’exportation sont le café et le thé. Comme le montre le Tableau 1.3, entre 1990 et 2016, Comme l’indique le Tableau 1.4, la valeur ajoutée par ouvrier agricole est très faible au Burundi, comparée à celle presque tous les emplois agricoles concernaient la production et depuis, très peu de changements sont survenus de ses voisins. Pourtant, en 1991, elle était comparable à celle de la République-Unie de Tanzanie, à 463 USD dans la composition de l’emploi. En outre, le secteur primaire (l’agriculture), qui emploie plus de 90 % de la contre 504 USD, mais elle a connu un rapide déclin depuis, en raison d’une chute de production totale de 1059 à main-d’œuvre totale depuis 1990, a enregistré un déclin de la valeur ajoutée réelle, passée de 48,6 à 30,6 % en 758 millions de USD (en USD constants de 2010), associée à une augmentation rapide de la quantité de 2016 (Banque mondiale 2019a). En revanche, la valeur ajoutée des services, en pourcentage du PIB, est montée main-d’œuvre agricole. Une reprise de la productivité, mesurée en taux de production par travailleur, au de 23,3 à 49,1 %. moins jusqu’à ses niveaux précédents, puis jusqu’à ceux des pays voisins, aurait un effet significatif sur le PIB. Selon le PND, le secteur primaire devrait enregistrer une croissance annuelle moyenne de 8,3 % entre 2018 La production par employé dans l’industrie et les services a elle aussi décliné, mais reste comparable à celle et 2027 (République du Burundi 2018, Section 5.2.1, pp. 56-59). On devrait également assister à une forte des voisins (exception faite de la République-Unie de Tanzanie), en particulier pour le secteur tertiaire. Les croissance du secteur secondaire (industrie), qui décollera d’une base actuellement très faible pour augmenter perspectives économiques du Burundi sont donc liées à l’inversement de ces tendances et au retour à la hausse en moyenne de 19,2 % par an sur la même période. Cette performance serait essentiellement favorisée par une de la production par travailleur, au moins jusqu’à ses niveaux antérieurs. forte hausse attendue dans les industries de l’électricité, du gaz et de l’eau, avec un possible soutien du secteur minier (République du Burundi 2018, Section 5.2.1). Selon les projections, le secteur tertiaire enregistrera une augmentation moyenne de 7,9 %, principalement liée aux performances attendues des transports et télécommunications, du tourisme, du secteur bancaire et des assurances. 4 5
Burundi Cadre d’investissement pour les adolescents Tableau 1.4 Valeur ajoutée par travailleur par secteur, pour les différents pays, en USD Un indice du recours aux TIC (au gouvernement, en entreprise et chez les particuliers), réalisé en 2016 pour 139 constants de 2010, 2000-2016 pays par le Forum économique mondial, plaçait le Burundi en dernière position ; par ailleurs, le pays se classait au 134e rang pour son infrastructure informatique (électricité comprise), (FEM 2016, p. 17). Cependant, les données Agriculture, etc, Industrie Services établissant cet indice ont été recueillies en 2014 et 2015 ; or, 2015 ayant été une année très agitée au Burundi, ces 2016 Croissance 2016 Croissance 2016 Croissance rapports peuvent dans une certaine mesure sous-estimer les capacités informatiques du pays. Malgré tout, les 2000-16 2000-16 2000-16 chiffres de l’accès à l’Internet de 2019 témoignent d’une situation similaire (Tableau 1.5). Burundi 184 -4,2% 2,655 -3,9% 3,580 -1,5% L’infrastructure des TIC pose donc un défi supplémentaire au Burundi, où il manque un réseau électrique fiable Rwanda 539 4,2% 3,139 -0,4% 3,029 -0,3% et de nombreuses autres installations. Tout en améliorant les compétences de la population, notamment dans République-Unie de Tanzanie 669 1,6% 7,548 4,0% 3,186 1,0% le domaine des TIC, il sera nécessaire de procéder à de nouveaux investissements afin de générer les rentrées Kenya 2,013 1,9% 4,459 2,3% 3,441 n,a, économiques correspondantes. Le coût relativement faible de l’Internet dans le pays devrait jouer en sa faveur. Ouganda 575 -1,2% 5,042 4,4% 4,138 2,4% Selon nos renseignements, la transmission des données coûte moins cher au Burundi (environ 2 USD par Source : Banque mondiale (2019a). gigabyte) que dans la République-Unie de Tanzanie (5,93 USD), en Ouganda (4,69 USD) et au Kenya (2,73 USD). 1.2 Pourquoi les adolescents ? Dans le contexte d’évolution technologique rapide, la transition de l’agriculture à l’industrie et aux services, effectuée par les pays en développement est le sujet de deux études qui font autorité : le Rapport sur le Le respect des droits des adolescents est essentiel, voire incontournable, pour le développement socio- développement dans le monde de la Banque mondiale (Le travail en mutation), et celui de la Banque africaine économique du Burundi. La Commission du Lancet sur la santé et le bien-être des adolescents (Patton, Sawyer de Développement (BAD) (Création d’emplois décents : Stratégies, Politiques et Instruments), publiés en 2019. et al. 2016) a mis l’accent sur l’importance cruciale de la période de l’adolescence dans la vie d’un être humain Ces études s’attachent à différents aspects du problème, mais parviennent à des conclusions similaires. Comme pour réaliser tout son potentiel : le souligne le rapport de la BAD (2019), travailler dans l’agriculture n’est pas tentant en raison de la faible L’adolescence se caractérise par un développement dynamique du cerveau, dans lequel l’interaction avec rémunération ; la plupart des employés de ce secteur le font parce qu’il y a peu d’autres choix. l’environnement social forge les capacités d’un individu pour sa vie d’adulte. C’est le moment où l individu Quoi qu’il en soit, la Banque Mondiale et la BAD prônent l’une comme l’autre l’amélioration des compétences acquiert les ressources physiques, cognitives, émotionnelles, sociales et économiques sur lesquelles de la population active, soit pour faciliter la transition de l’agriculture vers les secteurs à plus forte productivité reposeront son bien-être et sa santé à venir. (p. 2423). comme l’industrie et les services, soit pour améliorer la productivité des employés restés dans l’agriculture. Investir dans les adolescents est nécessaire pour l’avenir de l’économie du Burundi. En effet, ces jeunes font face à Comme les nouveaux employés du secteur informel y resteront pour la plupart, il leur faudra des talents des défis plus importants que la moyenne, notamment un fort degré de vulnérabilité, des risques sanitaires élevés d’entrepreneur, des compétences dans les TIC, mais aussi des compétences personnelles (résolution de et un niveau d’éducation et de compétences très bas. problèmes, empathie et réflexion critique), ainsi que celles directement applicables au métier choisi. Une bonne maîtrise des TIC leur permettra de participer à l’économie mondiale (informations sur les marchés et sur la Près d’un Burundais sur quatre est un adolescent. Cette tranche d’âge connaît une croissance plus rapide que les chaîne d’approvisionnement), et d’assurer le transfert technologique aux agriculteurs qui bénéficieront alors des autres, une réalité qui, comme le montre le Graphique 1.2, devrait perdurer jusqu’en 2025. Entre 2010-2015 et informations sur les nouvelles semences et les techniques de plantation et de cultures. 2015-2020, on prévoyait une accélération du taux de croissance annuel de la population adolescente, qui devait passer de 2,0 % à 3,9 %, tandis que celui des autres catégories devait baisser de 3,2 à 2,0 (ISTEEBU 2017). Ces Ces recommandations soulèvent de nombreux problèmes supplémentaires pour le Burundi. Le taux de pénétration chiffres démontrent l’urgence qu’il y a à investir en faveur des adolescents. La cohorte des adolescents restera la de l’Internet, bien qu’en hausse rapide, reste très faible. Le nombre d’utilisateurs du Web ne dépasse pas 617 000 plus importante du Burundi au fil du temps, avec un pic à 24 % de la population totale vers 2025. personnes, soit 5,3 % de la population du pays (Tableau 1.5), au 4e rang le plus bas en Afrique. Le Burundi est donc très en retard par rapport à ses voisins, ce qui le met en position de désavantage concurrentiel considérable. Graphique 1.2 Taux de croissance de la population adolescente comparé à celui des autres Tableau 1.5 Proportion de la population ayant accès à l’Internet, mars 2019 groupes d’âge Pénétration de l’Internet, en % Burundi 8* Kenya 83,0 Rwanda 29,1 République-Unie de Tanzanie Ouganda 41,6 Source : Internet World Stats (2019) et *Agence de régulation et de contrôle des télécommunications, Burundi Source : ISTEEBU (2017).. 6 7
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